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L'espace du livre : le point de vue des éditeurs

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Academic year: 2022

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28

L ' ESPACE D U LIV RE

l e po in t de v ue des éd i teurs

Quiconque a vu un enlant, un jeune enfant surtout, s'emparer d'un livre, d'un album, mesure ce que vaut dire pour lui, BU sens concret du terme,

"prendre contact» avec la lecture. C'est bien par le plaisir de toucher les pages lisses, de les manipuler, de voyager à travers les images, les graphismes et les couleurs. que l'enfant s'approprie le livre avant d'en pénétrer le sens.

N'arrive·t-il pas aux adultes d'en faire autant? Au-delà de ce plaisir immédiat, la lecture proprement dite est étroite- ment liée à la disposition matérielle de l'écrit, aux rapports texte-imago, tex te- blanc.

Dans les ouvrages destinés aux enfants, la grosseur des ca ractères utilisés, le découpage des phrases, peuvent tout simplement faciliter la lec ture mais une mise en page peut, de surcroît. créer des accords subtils entre le tex te et sa forme matérielle qui agrancUssent le plaisir de lire. C'est vra i aussi pour les livres destinés aux adultes.

Les éditeurs pour ln jeunesse, depuis quelques a nnées, ont fa it de gros efforts dans ce domaine. Avec, pour certains,

le souci de faciliter la compréhension du tex te, pour d'autres, le désir de stimuler la lecture a u risque de la

rendre un peu plus dirricile. On trou- vera ici à travers quelques points de vue, un écho de ces dirré rentes préoccupations.

Les responsables des albums du Père Castor donnent un rôle pédagogique précis à l'image, rôle qui évolue à mesure que l'enfant grandit. Da ns l'Ima- gier, écUté pour les plus jeunes, «l'image

d oit

être

sen sibl e , li sible

par

le

jeune enfant. EUe respecte

la vérit é

dons Jes

f orm es

et

les

couleurs,

privilég ie les d é tail s indi spen s abl es à la

reconnais- sance, à l'identification. Les

album s

de

la

rie Premières images permettent

une seconde étape dons le déchiffrage de

l'ima ge :

le moment de l'identification des événements et des actions,

le

moment de

le ur

description. Puis

vie nt

une troisième étape dons le déchiffrage de

l'ima ge:

le moment où apparaît

' 9

'0 ,

&~ I •

dlo

1

,

- --

le

cit, né de

la lecture

d'une

s ucce s-

sion

d'a c tions . L' e nse mble

des images de

l'album

raconte une histoire avec un début et une fin. Bien

sar,

choque image garde sa propre

signification ,

mais une hiérarchie logique e t

c hr on olog iqu e

existe entre chacune d 'eUes, à

des

degrés divers

se l on les

histoires.»

Dans les Petits Costors, une phrase courte accompagne chaque image. L'en- fant pourra . lire» ou . relirelt l'album, lier et relier chaque image sans le secours du texte en suivant les étapes de l'lùstoire présenté. à choquo page.

Ailleurs le rapport tex te-image est saisi d'une autre façon.

(( Te xt e

et image n'ont pas de rapports de simple juxtaposition, de commentaire, l'image illustrant

le tex te,

mais ils agis- sent l'un sur l'outre comme

amplifi-

cateur ou

lat e ur .

Il

D'Au Editeur

«Pour qu'U y oit ha rmonie du

tex te

avec l'illustration, il

f aut

deux condi-

tians:

- Le

tex te

doit suggérer des images sans trop

les

décrire, el il

doit

pouvoir être

lu

et compris sans l'apport de l'image.

L'illustra tion ne doit pas être Iitté·

raI e ,

l'iJlustrateur doit donner sa propre interpréta tion du

tex t e

et chaque image doit raconter une histoire à eUe

se ul e.

Il

Bernard Girodroux, Hachette

«Le tex te e t J'illustra tion se répondent et remplissent chacun un rôle na rratif différent. L'un sert de contre-point à l'autre. Si l'illustra teur est

le

conteur, c'est

lui

qui trouve Je vrai

porta ge

entre ses deux instruments. Si dans j'espace d'un livre, un écrivain rencontre un illustrateur, chacun doit s 'exprimer

plein eme nt

et il n'est pas question d'imposer

à l'un

une priorité ou une

fid élité

a bsolue à J'a utre.»

Colline Poirée, Hachette ccLes illustrations, selon

les c as ,

doivent imaginer certains temps

fort s

ou parti- culièrement visualisables du

tex te

ou doivent

fair e

dons d'autres cas partie intégrante du récit. Dans

le

premier cas, eHes sont

des halt es

à

la

respi- ration, dans

le

deuxième

cas , ils

se partagent à égalité le pouvoir de

l'a

Urac tian. 1)

Jean-Pierre Delarge

«Pour nous l'image doit

alle r

beaucoup

plu s loin

que sa

s impl e fon c tion

d'illustration (trop souvent simple redon- dance ou décoration ... ). Par une arti-

c ulati on,

par une

véritable

syntaxe du

te xte

et de l'image, nous essayons de donner

à

j'image toute sa

pl ace

nar-

rative. Chaque histoire est travaillée comme un scénario de

film :

plon par

plan, plan c he

par

plan c h e,

nou s essayons de peser ce qui

de vra

c(pas- serI) por

le

texte, par l'image, ou dons

le

contraste,

le

contrepoint,

l' é lu cidati on

réciproque ou au contraire

la poly sémi e

induite ... En trava monf en collaboration étroite, nous

voulon s

contribuer ou mouvement qui cherche à réhabiliter J'image dons

les cla sses

d'ôge

qu i

croient avoir dépassé

c ett e

approche

se nsibl e.

Nous croyons qu 'iJ y a une

lec tur e

de J'image aussi importante que

ceUe du

tex te.

1)

Le sourire qui mord Des recherches sont effectuées à propos des caractères utilisés e t de la mise en

page.

(c N'ayant

tr o uv é

a ucun caractère d'imprimerie dont Je tracé correspondail à

l' outillage actu el

des

en fa nt s,

nous avons créé · un caractère en nous appuyant sur

les co n seils

de psycho- logues. d'éducateurs

e t

de grapho-

thérapeutes. Les

boucl es,

hampes et

acc roc hages

ont été étudiés pour cor-

respondre

l e

mieux possible

a u x

gestes

les

plus naturels.

L 'e nfant

qui com- mence

à

lire et écrire trouvera un

tex te q u'il

peut reproduire

f ac ile me nt.

))

Le Père Castor ccEn typographie, nous

av ons

un grand souci d'adapter

le type

d'illustration et

le

caractère choisi. Par exemple,

le

Gill,

caract è re fin

et

é lancé

a ccompagne très bien

les

dessins de

Lion e l

Koechlin,

le

graphisme plus troppu d'un Philippe Coren lin demande, Jui, un caractère

plu s fort.

Quant à

la

mise en page, eUe est pour nous

primordial e.

Il s'agit de trouver un équilibre entre

le

dessin,

le

texte et

le bla nc

qui constitue ici J'espace e t donne toute son importance à

la pe rspec tiv e.

Le

blan c

permet au

lec te ur

de s 'introduire dans

le li v re ,

dans l'histoire.)l

Colline Poirée, Hachette Comment réagissent nos enfa nts deva nt cette invita tion au voyage à travers l'image e t l'écrit? Comment lisent-ils les images ? La diversité des recherches des auteurs et des illustra teurs per- mettent de mul tiples approches de l'image associée ou non au tex te e t, bien avant l'âge de la lecture, les enfants sont capables de lire très fine- ment une image, des e nsembles d'images et, selon les cas, d 'en pénétre r précisément le sens ou de l'inte rpréte r de façon très riche. Il est dommage qu'on néglige à l'âge scolaire de déve·

lopper ce pouvoir d'analyse.

y a-t-il une rela tion entre la lecture d'images et la lecture de l'écrit ? Impliquent-elles des comportements a nalogues? Le déba t n'est pas clos et il serait bien intéressant de conf t on ter nos observa tians à ce propos. .

Synthèse de Michèle DELCOS

,

,

,

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