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Paul CHAUCHARD L'ACCUEIL. Psychophysiologie et éducation cérébrale de la réceptivité

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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L'accueil

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Paul CHAUCHARD

L'ACCUEIL

Psychophysiologie et éducation cérébrale de la réceptivité

« Pour mieux vivre » ditions Universitaires

115, rue du Cherche-Midi, PARIS 6e

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© Editions Universitaires - 1971

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« Lorsque vous saurez n'avoir que la sensa- tion des choses, votre cœur sera plus large et plus ouvert aux autres. »

Dr Vittoz

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INTRODUCTION

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apprentissage de l'accueil On aime accueillir, on aime être accueilli. Mais on n'a pas toujours envie d'accueillir ou d'être accueilli, d'être aimable ! Il y a les occupations, les soucis, la fatigue, les incompatibilités de caractère. Cet échange d'accueil entre qui reçoit et qui est reçu sera-t-il valable s'il est une mon- danité mensongère, un sourire forcé ? N'est-on pas libre de ses fréquentations, de ses amitiés ? Et si je me plais dans le calme de ma solitude, va-t-on me forcer, dois-je me forcer à accueillir, dois-je accepter la générosité de ceux qui veulent à tout prix m'accueillir ? Le plus accueil- lant, le plus sociable n'a-t-il pas besoin de se ressourcer dans la solitude précisément pour retrouver la force d'accueillir ?

Comment bien accueillir, comment être agréable à qui

on reçoit, à qui vous reçoit? On le demandait autrefois à

un précis de savoir-vivre, de civilité. Il s'agissait de préci-

ser des comportements. En réalité, on n'accueille pas par

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ce qu'on fait, mais par ce qu'on est. Mais savons-nous ce que nous sommes, ce qu'il y a derrière nos apparences ? La psychologie moderne psychanalytique nous a appris à nous méfier de notre spontanéité, aussi bien celle de l'accueil que du refus d'accueil. Nous ne sommes pas libres d'une modalité d'accueil liée à notre constitution hérédi- taire, mais notre capacité d'accueil s'est épanouie ou étouf- fée par la manière dont nous avons été accueillis dans notre milieu familial dans nos premières années. Dans l'accueil c'est plus notre personnalité inconsciente avec ses pulsions affectives irraisonnées qui se manifeste. Il ne faut pas nous y résigner, mais le savoir pour en tenir compte.

Derrière les paroles les plus superficielles, il y a souvent une détresse profonde dissimulée : il faut savoir saisir la demande réelle, ce qui exige de savoir se taire, de réfréner ses élans altruistes pour savoir écouter, laisser parler. Etre écouté avec sympathie c'est cela l'essentiel d'un accueil.

Mais qui reçoit ainsi autrui en lui-même au lieu de n'être occupé que de son moi généreux qu'il donne s'aperçoit qu'effectivement il reçoit quelque chose, il profite de la richesse d'autrui, si démuni soit cet autrui.

Accueillir n'est pas facile, cela s'apprend. On institue des exercices de dynamique de groupe nous éclairant pra- tiquement sur les motivations de nos réactions en nous apprenant à les contrôler. Ils sont spécialement nécessai- res pour tous ceux que leur compétence technique oblige à donner des conseils, ce qui rend plus difficile la relation.

Le conseillé est intimidé et infériorisé par son insuffisance

et son incompétence tandis que le conseilleur qui incons-

ciemment se sent insuffisant se drape dans une supériorité

intimidante refusant la vraie relation. Relation du médecin

et du malade où Balint fait sentir que l'essentiel n'est pas

le diagnostic et les médicaments, mais la relation inter-

personnelle du malade et du médecin. Relation du pro-

fesseur et de l'élève qui doit respecter l'autonomie per-

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sonnelle de l'élève, si jeune soit-il, pour être éducatrice c'est-à-dire personnalisante. Dans la relation à autrui nous avons tendance à instaurer une directivité autoritaire, inef- ficace voire dangereuse, qu'il ne faut d'ailleurs pas rem- placer par une non directivité absolue qui, à la limite, est un refus d'accueil, un désintérêt. S'il faut savoir se taire et écouter, il faut aussi savoir parler, être soi-même, être vrai : l'accueil est un échange. De ce que la directivité est mauvaise, il faut se garder d'en conclure qu'il n'y a pas de compétence qui puisse nous aider. Le malade n'est pas guéri comme un animal par le médecin vétérinaire, il par- ticipe à sa guérison avec l'aide du médecin et de ses médi- caments. L'élève s'autoéduque sous la direction d'un pro- fesseur.

Après avoir vécu les erreurs du directivisme, nous ris- quons de tomber dans un véritable terrorisme non directif tout aussi négatif du véritable accueil. Si on se contente de se demander : faut-il ou non s'imposer aux autres ? c'est que l'accueil n'a pas été compris. On recherche une fusion, une identification totale dont l'échec nous conduit à affirmer l'incommunicabilité d'un autre totalement étran- ger.

Rien de plus ambigu que le mot égalité qui doit caracté- riser la situation de tous les hommes car on y voit une fausse identité, un idéal de nivellement égalitaire qui ferait une société invivable. Il faudrait plutôt une égalité de valeur humaine, d'individus tous différents, progressant dans leurs différences grâce au dialogue, et dans un senti- ment de commune appartenance à l'espèce humaine.

la nature humaine est une aptitude La nature humaine est à la fois dans la spécificité et l'individualité, dans la réalisation existentielle de l'essence.

Mais cette notion de nature humaine, n'ayant pu être jus-

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tement comprise autrefois, est aujourd'hui mise en ques- tion. Les philosophes modernes refusent l'essence de l'être pour nager dans le chatoiement superficiel de la phénomé- nologie psychique de la conscience : ils sont existentialis- tes, structuralistes, culturalistes. La nature est rabaissée à un niveau biologique élémentaire où l'âme métaphysique ou sociale n'apparaît plus dans un corps décapité et déspi- ritualisé. On va jusqu'à nous parler de la mort de l'homme qui ne serait dans sa vraie réalité qu'un reflet du social.

On croit pouvoir pour cela se fonder sur l'expérience naturelle des enfants sauvages, des enfants-loups inhu- mains. Or ce sont des enfants chez qui la coupure du cul- turel n'a pas permis d'épanouir leurs aptitudes naturelles, la nature humaine étant l'aptitude à se développer socia- lement par le culturel.

Il est impossible de comprendre quoi que ce soit d'humain, si on ne le replace pas dans cette nature d'unité psychosomatique de l'homme. En dehors de cette pers- pective le point de vue biologique devient un biologisme animalisant, les sciences humaines sont enfermées dans une analyse des comportements qui ne se pose pas la question du bon et du mauvais, un psychologisme ou un sociologisme. C'est particulièrement le cas quand il s'agit de l'accueil où il semblerait que la biologie n'a rien à nous dire. Tout au contraire puisque pour accueillir il faut être conscient et vigilant, l'accueil suppose que les cerveaux des deux partenaires soient conscients et vigilants : le cerveau est l'organe de l'accueil. On ne peut comprendre pleinement les lois d'un accueil correct que par cette science méconnue mais possible : la psychophysiologie de l'accueil. C'est ce point de vue qui sera le nôtre ici.

Il a le principal mérite de supprimer la coupure entre l'accueil et la personne : l'accueil n'est pas une activité extérieure ; il fait partie essentiel de nous-même ; nous sommes biologiquement et cérébralement des structures d'accueil et cela parce que ce qui nous fait vivant, nos

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cellules, sont des structures d'accueil. Aimer son pro- chain comme soi-même n'est pas un précepte de morale chrétienne, c'est la loi de notre équilibre. L'égoïsme est déséquilibrant parce qu'inhumain et contraire à notre nature. Mais l'altruisme total l'est tout autant car pour aimer comme soi-même, il faut s'aimer soi-même, savoir s'aimer en refusant l'égoïsme. En fait la psychophysiolo- gie de l'amour nous montre que l'amour du prochain fait partie de l'amour de soi. On ne s'aime bien que si on aime le prochain car l'amour du prochain ne nous annihile pas, mais nous épanouit à condition d'y voir un besoin social naturel de sympathie et non une contrainte moraliste contre-nature.

La connaissance biologique de l'homme et spécialement dans le dynamisme de sa genèse, montre que nous ne sommes qu'une aptitude, une vocation d'homme qui se réalise ou échoue suivant ce que nous recevons, ce que nous accueillons du milieu. Nous sommes le reflet du milieu, nous rayonnons la lumière que nous avons emma- gasinée. Cette conception confirme notre essence, car pour bien refléter, il faut être un bon miroir ; il ne suffit pas d'une bonne nourriture, il faut des structures internes d'assimilation. Mais ces structures internes, étant elles- mêmes le résultat d'un développement embryologique à partir d'une aptitude héréditaire ont aussi leur qualité en fonction du milieu qui a permis leur bon ou leur mauvais développement.

Pour être un homme équilibré - équilibre dynamique toujours fragile et remis en question - il ne s'agit pas de se draper dans une autonomie supérieure qui se défend contre le monde et les autres. Il faut avoir appris à accueillir le monde, à s'accueillir soi-même, à accueillir les autres, à participer à l'édification d'une société qui soit une communauté d'accueil où tous comptent et partici- pent. Le secret est de découvrir l'amour au cœur de notre être car, malgré les apparences, il est au cœur du monde

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dans une évolution qui a beau être un chemin de croix de lutte, de gaspillage, d'incohérence et de mort, n'en est pas moins, suivant l'expression de Teilhard, un «univers chargé d'amour dans son évolution ».

Nous sommes naturellement faits pour l'accueil de l'amour, pour rayonner l'amour, un amour qui a la chaude passion affective d'une pulsion érotique, mais qui grâce à sa dimension spirituelle n'en a pas l'aveuglement.

l'isolement Toujours, le pathologique aide à comprendre le normal, ainsi de l'isolement comme pathologie de l'accueil. L'iso- lement devient le plus grand fléau social de notre époque, un isolement d'autant plus traumatisant que l'isolé est perdu dans la foule indifférente de la ville inhumaine où n'existe plus de communauté à échelle humaine. Le névrosé est celui dont l'isolement subi l'a rendu incapa- ble de relations. Pour le guérir, le rééquilibrer, il faut le resocialiser, remettre en jeu ses structures d'accueil blo- quées. La névrose de l'isolement est une fermeture sur soi-même qu'il ne s'agit pas d'emblée d'ouvrir aux autres.

Il faut d'abord tenter de faire accueillir le monde exté- rieur et soi-même, de redonner un corps, présent au monde ce qui permettra ensuite de reprendre contact avec les autres et de se réinsérer dans la société à ré- humaniser.

Heureux isolés quand ils ont été guéris car ils ont appris à accueillir. Ils sont ainsi mieux équipés que les

« normaux » qui n'ont pas fait cet apprentissage. Car tous, devant autrui qui nous est nécessaire de par une pulsion instinctive de sympathie, nous avons peur, bloqués dans la timidité ou sa surcompensation agressive, fausse supério- rité. La peur est un désordre de nos centres nerveux affec- tifs ; des méthodes simples, physiques, de contrôle de soi

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permettent aisément d'y remédier en rétablissant lucidité et paix intérieure. La timidité est le problème humain, l'obstacle à l'équilibre le plus général. Quel que soit notre tempérament, nous sommes tous suivant le moment ou intimidés ou intimidants, donc isolés, à des degrés divers.

Participant de l'expérience du groupe de « Recherche et Rencontres », spécialisé dans la resocialisation psy- chophysiologique des « isolés » comme des « normaux », j'adresse mes remerciements à toute l'équipe d'ensei- gnants et d'enseignés et spécialement aux animatrices S. Nouvion et J. de Chevron-Villette qui m'ont donné l'expérience vécue permettant de construire cette psy- chophysiologie de l'accueil. Ce livre doit également beau- coup à l'expérience pratique de rééducatrice Vittoz de Jacqueline Chauchard.

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paul chauchard

Docteur en médecine, docteur ès sciences.

Directeur du laboratoire de neurophy- siologie de l'excitabilité de l'Ecole pra- tique des Hautes Etudes et professeur de psychophysiologie à l'Ecole de psy- chologues praticiens.

Ecrivain scientifique, auteur d'une soixan- taine d'ouvrages originaux ou de vulgari- sation qui visent à tirer de la psycho- physiologie humaine, un humanisme scientifique pratique d'épanouissement de l'homme, de ses relations et de la société.

Faut-il ou non être accueillant ? Qu'est-ce que bien accueillir ? Pourquoi est-ce si difficile ? Au moment où se généralisent des exercices de dynamique de groupe nous permettant de déceler les motiva- tions profondes de notre accueil, il impor- tait de situer l'importance de l'accueil pour notre personnalité. C'est la connais- sance biologique de l'homme qui nous précise la nécessité d'un accueil opti- mum. Nos cellules, notre cerveau sont des structures d'accueil. Nous avons be- soin d'ouvrir notre réceptivité sensorielle au monde et à notre corps, ce qui nous apprend à bien accueillir autrui. L'équi- libre individuel exige de bonnes relations : c'est la référence à autrui qui nous révèle à nous-même dans la jeune enfance. Les relations humaines ont une dimension civique et communautaire : la société de bonne consommation dont nous avons tant besoin serait une société d'accueil mutuel et de réalisation optima des besoins humains. Le but essentiel de l'éducation serait de former à cette péda- gogie de l'accueil et de la participation.

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