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Type d’enquête et échantillonnage

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Introduction

L

e risque annuel d’infection tuberculeuse (RAI) est consi- déré comme le meilleur indicateur isolé, c’est-à-dire per- mettant d’évaluer la situation de la tuberculose et son évolution (2, 3, 15). Il représente la probabilité pour un individu d’être infecté par Mycobacterium tuberc u l o s i s au cours d’une année.

Son intérêt réside aussi dans le fait qu’il reflète la prévalence des individus qui risquent de transmettre l’infection (8). Par ailleurs, une relation entre le RAI et le risque de développer une tuberculose a été proposée par STYBLO(11, 12) : pour les pays en développement, 1 % de RAI correspondrait à une

incidence de 50 à 60 cas de tuberculose pulmonaire à bacillo- scopie positive pour 100 000 habitants.

Le RAI est calculé d’après les résultats du test tuberc u l i n i q u e dans un échantillon représentatif de la population : le choix d’un échantillon d’enfants permet de calculer le risque annuel moyen dans une période de temps relativement courte entre l’âge moyen de naissance de l’échantillon et la période de l’enquête (3, 13). Le test tuberculinique est actuellement la seule méthode pour détecter une infection par M. tuberculosis ; c e p e n d a n t cette méthode n’est ni sensible ni spécifique à 100 % (5).

L’interprétation des résultats d’une enquête sur le RAI doit être p rudente et pre n d re en considération les très nombre u s e s sources possibles d’erreur pouvant survenir à tous les stades,

L e risque annuel d’infection tuberculeuse à Madagascar : étude réalisée de 1991 à 1994.

Summary:The annual risk of tuberculous infection in Madagascar:a study run from 1991 to 1994.

This article reports the results of a national tuberculin skin test survey of childhood age group. The s u rvey period was from december 1991 to june 1994. For the calculation of annual risk of tubercu - lous infection, 1544 schoolchildren, aged 6 to 10 years old, without scare related to BCG, were inclu - ded. The antigen used was tuberculin PPD Mérieux; in order to define a mode of positivity, this tuber - culin was first tested with 250 confirmed pulmonary tuberculous patients : the mode was 16 mm.

With the hypothesis of a cut-off point of positivity at 14 mm, the prevalence of tuberculous infec - tion was found at 9,6 % (with a confidence interval of 1,6 %) ; then, the annual risk of tubercu - lous infection was calculated at 1,21 % (from 1 % to 1,42 %).

With the hypothesis of a mode at 16 mm, the prevalence of tuberculous infection was found at 10,2% (with a confidence interval of 2,3 %) ; then, the annual risk of tuberculous infection was calculated at 1,29 % (from 0,97 % to 1,59 %). Considering separately two age groups, the annual risk was 1,25 % for 6-8 years old children and 1,32 % for 9-10 years old children.

In conclusion, the authors stress the important constraints in the achievement of such a survey in developping countries. Though the difficulties that arised, the standardised methodology used in this survey gives reliable information. These results could be compared with those of future surveys using the same methodological approach.

Résumé :

Cet article rapporte les résultats de l’enquête sur le risque annuel d’infection tuberculeuse (RAI) chez l’enfant à Madagascar. L’enquête a été réalisée du 1er décembre 1991 au 11 juin 1994. Pour le cal - cul du risque annuel d’infection tuberculeuse (RAI),1 544 élèves âgés de 6 à 10 ans, sans cicatrice vaccinale, ont été retenus . La tuberculine utilisée est la PPD Mérieux ; afin d’avoir une courbe de référence, cette tuberculine a été testée chez 250 malades tuberculeux pulmonaires à bacilloscopie positive : le mode de positivité est à 16 mm.

La prévalence de l’infection tuberculeuse est de 9,6 % (avec un intervalle de confiance de 1,6 %) pour un seuil de 14 mm, soit un RAI de 1,21 % (de 1 % à 1,42 %). La prévalence de l’infection tuberculeuse est de 10,2 % (avec un intervalle de confiance de 2,3 %) pour un mode de 16 mm, soit un RAI de 1,29 % (de 0,97 % à 1,59 %). Considérant toujours le mode à 16 mm, le RAI est de 1,25 % pour le groupe d’âge 6 à 8 ans, et de 1,32 % pour le groupe d’âge 9-10 ans.

En conclusion, cette étude montre les importantes contraintes qui peuvent exister dans la réalisa - tion d’une enquête sur le RAI dans un pays en développement. Malgré ces difficultés, la méthodo - logie rigoureuse utilisée dans la réalisation de l’enquête sur le RAI à Madagascar permet de fournir des informations intéressantes. Ces résultats pourront être comparés ultérieurement si une nouvelle enquête est réalisée avec une méthodologie comparable.

G. Champetier de Ribes (1), G. Ranaivoson (1), E. Rakotoherisoa (1), B. Andriamahefazafy (2) & S. Blanchy (3) (4)

(1) Direction de la lutte contre les maladies transmissibles, Ministère de la santé,Madagascar.

(2) Médecin,OMSMadagascar.

(3) Médecin inspecteur régional,DRASS région Centre, France.

(4) Manuscirt n°1857.“Santé publique”. Accepté le 12 novembre 1997.

Key-words: Tuberculosis - Surveillance - Annual risk of tuberculous infection -

Child - School - Madagascar

Mots-clés : Tuberculose - Surveillance - Risque annuel d’infection tuberculeuse (RAI)-- Enfant - Ecole - Madagascar

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de l’élaboration de la méthode d’enquête à sa réalisation, et du calcul à l’interprétation des résultats (10).

Dans la région Afrique, les données les plus récentes (années 1970-1980) et les plus fiables donnent des valeurs de RAI allant de 1 à 2 % (3).

La tuberculose à Madagascar est un problème de santé publique : elle est la sixième cause de morbidité hospitalière et la quatrième cause de mortalité hospitalière. Le pro g r a m m e national de lutte antituberculeuse s’est re s t ructuré depuis 1991, basé sur le dépistage passif des cas et le traitement de tous les cas confirmés par polychimiothérapie de 8 mois.

La politique nationale de vaccination depuis 1982 rend obli- g a t o i re la vaccination par le BCG au cours de la pre m i è re année de vie ; la couverture vaccinale par le BCG, à l’âge de 12 mois, était estimée à 56 % en 1989.

A Madagascar, le RAI avait fait l’objet d’une étude de 1980 à 1984, donnant un résultat de 2,8 % (service de lutte antitu- berculeuse, ministère de la santé) ; l’enquête avait été réalisée auprès d’un échantillon d’élèves de classes de T2 (le taux de scolarisation en classes primaires était estimé à l’époque à plus de 80 %). Cependant aucun rapport écrit de cette étude n’a pu être retrouvé.

L’enquête actuelle cherche à actualiser cet indicateur en appli- quant une méthodologie rigoureuse qui pourrait être ulté- r i e u rement re p roduite. Elle s’appuie, pour la méthode et la taille d’échantillonnage, sur une prévalence d’infection estimée à partir des données de l’enquête sur le RAI réalisée de 1980 à 1984 et sur l’estimation d’un taux de scolarisation élevé.

Matériel et méthode

Type d’enquête et échantillonnage

U

ne enquête à l’échelon national a été organisée en 1991, sur un échantillon représentatif d’enfants scolarisés en classes de T2 (équivalent du CP en France). Il s’agit d’un échantillon aléatoire stratifié (sur les 6 provinces du pays) en grappe, chaque grappe étant représentée par une école pri- m a i re publique avec classe de T2. La base de sondage est la liste des écoles primaires publiques avec l’effectif des élèves des classes de T2, fournie par le ministère de l’éducation.

La taille théorique de l’échantillon a été calculée à partir de l’es- timation la plus haute du taux de prévalence de l’infection chez les enfants de 7 ans à Madagascar, soit 21 %, avec une précision de 1,5 %, pour un risque d’erreur alpha de 5 % et un facteur correctif (effet grappe) de 2,5. Ceci donne un total de 7 370 élèves répartis par strate en fonction de la population de chaque strate. Le tirage au sort des écoles est alors réalisé à partir d’une table de nombres au hasard, ne prenant en compte que les écoles dont le nombre d’élèves de T2 est supé- rieur à 30, en cumulant au fur et à mesure le nombre d’élèves de chaque grappe tirée, jusqu’à atteindre pour chaque strate le nombre d’élèves prévus.

Le choix de ne pre n d re en compte que les écoles avec de grands échantillons d’élèves de T2 (arbitrairement définis à 30 et plus) a été motivé par la multiplicité des écoles (10 666), leur grande dispersion et les difficultés de communication et d’ac- cessibilité à Madagascar, cherchant ainsi à diminuer le nombre de sites à atteindre. L’élimination de principe de ces classes à faible échantillon a écarté ainsi 60 % des écoles primaire s publiques, représentant 30 % des élèves de T2.

Les tests tuberculiniques

La tuberculine PPD Mérieux a été utilisée par voie intra-der- mique à l’aide de matériel à usage unique, à la dose de 10 UI pour un volume de 0,1 ml. La lecture est réalisée 72 heures plus t a rd, à l’aide d’une réglette transparente, en prenant en consi- dération le diamètre de l’induration. Deux médecins ont réa-

lisé l’ensemble des tests et leur lecture ; une formation préa- lable de ces deux opérateurs a permis d’homogénéiser la tech- nique d’injection et la lecture.

Validité de la tuberculine PPD Mérieux

La tuberculine PPD Mérieux a été testée chez 250 tuberc u l e u x p u l m o n a i res à bacilloscopie positive, en février-mars 1995, afin d’obtenir une courbe de référence et de définir, avec cette t u b e rculine, la sensibilité du test en fonction du seuil de posi- tivité choisi : les résultats figurent sur la figure n°1. Le mode est à 16 mm. Il a paru nécessaire d’élaborer cette courbe de réfé- rence car les courbes obtenues dans l’enquête ne perm e t t a i e n t pas, au vu de leur allure, d’identifier un seuil de positivité.

La sensibilité du test est de 73 % pour un seuil à 14 mm et de 1 0 0 % par la méthode en miroir avec le mode à 16 mm. Cette courbe est très proche des courbes obtenues habituellement avec la tuberculine de référence RT23 (7, 15).

Variables étudiées

Pour chaque élève entrant dans l’enquête étaient précisés : l’âge, le sexe, l’école et sa localisation, l’existence ou non d’une cicatrice vaccinale, la taille de l’induration en mm.

Les données ont été traitées sur logiciel EPI-INFO 5 du CDC d’Atlanta et sur Microsoft Excel.

Méthode de calcul des indicateurs

Deux seuils de positivité des tests tuberculiniques ont été re t e- nus et testés : seuil à 14 mm et un mode à 16 mm. Le choix de ces seuils prend en compte la répartition probable des réactions non spécifiques décrite par Hans RI E D E R( 1 0 ) : ces réactions non spécifiques peuvent en effet expliquer les faibles positivités telles qu’elles apparaissent dans la distribution des diamètre s de la réaction tuberculinique dans nos échantillons. Ces seuils c o rrespondent aux seuils habituellement utilisés dans les enquêtes sur le RAI (1, 10).

La prévalence de positivité a été calculée pour chaque strate selon le calcul suivant :

- pour le seuil 14 mm, en divisant le nombre d’élèves avec test supérieur ou égal à 14 par le nombre d’élèves testés, et en divi- sant le tout par 0,73 (sensibilité calculée du test tuberc u l i- nique par la PPD Mérieux) ;

- pour le mode à 16 mm, le nombre d’élèves considérés comme positifs est égal à 2 fois le nombre de tests supérieurs à 16 mm, plus le nombre de tests égal à 16 mm ; la prévalence est calculée en divisant ce résultat par le nombre d’élèves testés.

L’intervalle de confiance (Is) de la prévalence (Ps) est calculé pour chaque strate (s) selon la formule :

Is = 1,96√∑(Pi-Ps)2(ni/ ñ )2/(Gs)(Gs-1), où Pi est la prévalence dans l’école i, Ps est la prévalence moyenne de la strate s, ni le nombre d’élèves de la classe i, ñ le nombre moyen d’élèves par classe pour la strate s, Gs le nombre de grappes (écoles) dans la strate s.

Figure 1.

Résultats des tests tuberculiniques réalisés avec la tuberculine PPD Mérieux chez 250 sujets tuberculeux.

Diamètre de l'induration en mm

Nombre de cas

0 5 10 15 20 25 30

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32

diamètre de l’induration en mm

(3)

Le risque annuel d’infection tuberculeuse à Madagascar : étude réalisée de 1991 à 1994.

G. Champetier de Ribes, G. Ranaivoson, E. Rakotoherisoa, B. Andriamahefazafy & S. Blanchy

Pour l’ensemble de l’échantillon, une pondération des résultats de chaque strate a été nécessaire car, pour certaines strates, la taille prévue de l’échantillon n’a pas été atteinte (pondération en fonction du poids de chaque strate par rapport à la population générale et du poids des élèves testés dans chaque strate par r a p p o rt au nombre total d’élèves testés). L’ i n t e rvalle de confiance (I) de la prévalence (P) est donné par la formule :

I = 1,96√∑s∑i(Pi-Ps)2(ni/ñ)2/(G)(G-k), où G est le nombre total de grappes de l’échantillon et k le nombre de strates.

Le risque annuel d’infection est calculé selon la formule : RAI = 1-(1-P)1/ã, où ã est l’âge moyen de l’échantillon.

Résultats

D

ate moyenne de l’enquête : début : 1 déc 1991 = 1991,92 et fin : 11 juin 1994 = 1994,46. La date moyenne = (1991,92 + (1994,46-1991,92) )/2 = 1993,19), soit le 9 mars 1993.

On a visité 73 grappes, dans lesquelles 5 295 élèves âgés de 4 à 15 ans ont eu un test tuberculinique lu à 72 heures.

Seul le groupe d’âge 6-10 ans a été retenu pour le calcul du RAI : 4 374 élèves sont âgés de 6 à 10 ans. Parmi eux, 2 830 ont une cicatrice vaccinale (64,7 %) et 1 544 n’ont pas de cicatrice vaccinale (35,3 %).

L’âge moyen des élèves sans cicatrice vaccinale et la date moyenne du RAI ont été calculés d’après les données re c u e i l l i e s (tableau I).

âge nombre

6 ans 284

7 ans 366

8 ans 417

9 ans 296

10 ans 181

total 1544

L’âge moyen est de 7,8 + 0,50 = 8,3 ans. La date moyenne de naissance est donc de 1993,19 - 8,3 = 1984,89, soit octobre 1984. La date moyenne du RAI calculé se situe à mi-distance e n t re la date moyenne de l’enquête et la date moyenne de naissance (7,10), soit décembre 1988.

La distribution du diamètre de l’induration du test tuberc u l i n i q u e chez les élèves avec et sans cicatrice vaccinale est exposée sur les f i g u res n°2 et n°3. Le mode est à 7 mm chez les élèves sans cica- trice vaccinale et à 10 mm chez les élèves avec cicatrice vaccinale.

Prévalence en fonction du seuil de positivité - Le choix des seuils de positivité est difficile au vu des courbes 2 et 3. S’il existe un mode net à 7 ou 10 mm, pouvant faire évoquer l’exis- tence de réactions croisées avec des antigènes non spécifiques, il n’existe pas d’antimode. C’est pourquoi l’on prendra en compte la distribution de la courbe de référence sus-décrite (Matériel et méthode) : on a choisi ainsi d’une part le seuil de 14 mm en appliquant un facteur de correction de 1/0,73 pre n a n t en compte la sensibilité calculée, plutôt que la correction de 1/0,82 préconisée ailleurs (1) et d’autre part le mode de 16 mm.

L’interprétation des résultats montre une différence nette de la prévalence de positivité entre les élèves avec cicatrice vac- cinale (avec BCG) et les élèves sans cicatrice vaccinale.

prévalence

BCG+ BCG-

seuil de 14 mm 0,20 0,096 (I=0,016)

mode à 16 mm 0,18 0,102 (I=0,023)

(I est l’intervalle de confiance)

Risque annuel d’infection tuberculeuse en fonction du seuil chez les élèves sans cicatrice vaccinale. On a placé entre pare n t h è s e s les valeurs extrêmes du RAI en fonction des valeurs extrêmes de la prévalence (prenant en compte l’intervalle de confiance) :

seuil de 14 mm 1,21 % (de 1 % à 1,42 %)

mode à 16 mm 1,29 % (de 0,97 % à 1,59 %)

Le calcul, réalisé sur la seule tranche d’âge 6 à 8 ans, donne une prévalence d’infection à 0,088 pour le seuil de 14 mm, soit un RAI de 1,20 % (de 0,92 % à 1,48 %) et une prévalence d’in- fection à 0,092 pour le mode à 16 mm, soit un RAI de 1,25 % (de 0,84 % à 1,67 %).

Le calcul, réalisé sur la seule tranche d’âge 9 à 10 ans, donne une prévalence d’infection à 0,123 pour le seuil de 14 mm, soit un RAI de 1,32 % (de 0,87 % à 1,78 %) et une préva- lence d’infection à 0,123 pour le mode à 16 mm, soit un RAI de 1,32 % (de 0,69 % à 1,99 %).

Etant donnée la petite taille des échantillons par groupe d’âge (1067 pour les 6/8 ans et 477 pour les 9/10 ans), entraînant un large intervalle de confiance, il n’est pas possible d’interpré- ter statistiquement les diff é rences entre ces deux gro u p e s d’âge, même s’il semble que le groupe 9/10 ans (âge moyen de 9,88 ans) ait un RAI plus élevé que le groupe 6/8 ans (âge moyen de 7,64 ans).

Commentaires

Sur le déroulement de l’enquête et l’échantillonnage

Pour des problèmes socio-politiques survenus en 1991 et 1992 à Madagascar, la durée de l’enquête a été longue : elle s’est déroulée sur 2 ans et demi, alors qu’elle était prévue sur 1 an.

Pour ces mêmes raisons et pour d’autres, la taille théorique de l’échantillon n’a pas été atteinte.

Des problèmes logistiques et de disponibilité de carburant n’ont pas permis de réaliser tous les déplacements prévus dans ce grand pays de 580 000 km2. Par ailleurs, certaines écoles f u rent inaccessibles en saison des pluies ( plus de 10 km à pied auraient dû être pratiqués pour les atteindre), certaines écoles n’étaient pas fonctionnelles au moment du passage de l’équipe : dans ces cas-là, s’il existait une autre école primaire suff i s a m- ment accessible à proximité, elle était contactée.

D’autre part, la taille des grappes a été extrêmement variable, allant de 5 à 220 élèves de classe de T2 par grappe, avec une moyenne de 72 élèves par grappe. La taille des grappes a dif- féré nettement des effectifs fournis par le ministère de l’édu- cation nationale. L’âge des élèves de ces classes a varié de 4 à 15 ans, alors qu’ils étaient supposés avoir entre 6 et 8 ans.

Tableau I.

Tableau II.

Figure 2.

Distribution des résultats des tests tuberculiniques chez les 1544 élèves de Madagascar âgés de 6 à 10 ans, sans cicatrice vaccinale, testés avec la tuberculine PPD Mérieux.

Diamètre de l'induration en mm Nombre d'élèves

0 10 20 30 40 50

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30

Figure 3.

Distribution des résultats des tests tuberculiniques chez les 2830 élèves de Madagascar âgés de 6 à 10 ans, avec cicatrice vaccinale, testés avec la tuberculine PPD Mérieux.

Diamètre de l'induration en mm Nombre d'élèves

200 4060 10080 120140 160180

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30

diamètre de l’induration en mm

diamètre de l’induration en mm

(4)

A plusieurs reprises, des écoles n’ont pas ouvert le jour de la lecture du test ; par ailleurs certains élèves ne sont pas reve- nus pour la lecture du test. Le taux global d’abandon sur 5 884 élèves testés a été de 10 %, donnant un nombre total d’élèves testés et lus de 5 295. Parmi les élèves de 6 à 10 ans testés et lus, 64,7 % avaient une cicatrice vaccinale de BCG.

Finalement, l’échantillon retenu provient de 73 écoles (alors que le nombre théorique de grappes était de 140) et il est de 1544 élèves de 6 à 10 ans sans cicatrice vaccinale (alors que l’échantillon théorique était de 7 370 élèves âgés de 6 à 8 ans).

La taille théorique de l’échantillon (7 370 élèves) avait été cal- culée à partir d’une hypothèse très haute de prévalence de l’infection tuberculeuse de 21 % à 7 ans (avec une précision de plus ou moins 1,5 %). Si l’on avait pris une hypothèse plus basse de prévalence de 14 % et une précision de plus ou moins 2 % (ce qui correspond à un RAI théorique de 2,13 % plus ou moins 0,32 %) avec un facteur correctif de 2 pour l’effet grappe, la taille théorique de l’échantillon aurait été de 1204. Cette hypothèse plus basse correspond mieux à la réa- lité actuelle de Madagascar ; la taille de notre échantillon parait donc suffisante.

Sur la représentativité de l’échantillon

Le taux de scolarisation à Madagascar en école primaire est estimé, en 1993, à 70 %. On peut penser que les 30 % d’en- fants non scolarisés vivent dans des conditions plus difficiles que les enfants scolarisés et que les facteurs de risque de trans- mission de la tuberculose sont plus élevés dans la population où vivent ces 30 % d’enfants non scolarisés. Les résultats de l’étude du RAI chez les enfants scolarisés sous-estiment donc probablement la situation réelle du RAI de l’ensemble de la population. Par ailleurs l’élimination à priori des écoles pri- maires publiques étant censé avoir moins de 30 élèves de T2 a éliminé de l’enquête 30 % des élèves. Cependant, ces élèves étaient répartis sur l’ensemble du terr i t o i re, sans part i c u l a r i t é géographique.

La représentativité de l’ensemble des provinces du pays est assurée par une répartition aléatoire des 73 écoles entrant dans l’enquête, tant en zone urbaine que rurale.

Sur la tuberculine utilisée

La tuberculine disponible à Madagascar est la PPD Mérieux.

La courbe de référence de cette tuberculine chez des sujets t u b e rculeux à Madagascar (figure 1) a montré une courbe semblable à la RT23 de Copenhague habituellement utilisée comme tuberculine de référence (7, 9). La concordance des réactions de ces deux tuberculines avait déjà été rapport é e dans la littérature (6), bien que des études plus récentes don- nent des résultats contradictoires (4).

Sur la courbe réalisée à Madagascar, le mode est à 16 mm et ce mode est utilisé ici pour le calcul du RAI.

Sur les résultats du RAI et leur interprétation

Le seuil de 14 mm (avec la correction en fonction de la sen- sibilité estimée du test) donne un RAI de 1,21 % (1 % à 1 , 4 2 %) et le mode à 16 mm donne un RAI de 1,29 % (0,97 % à 1,59 %). Le RAI se situe probablement entre 1 % et 1,6 % . Si l’on prend par groupe d’âge, pour un mode à 16 mm, le RAI est de 1,25 % (0,84 % à 1,67 %) pour les 6 à 8 ans et de 1,32 % (0,69 % à 1,99 %) pour les 9/10 ans.

Le taux d’enfants non scolarisés en école primaire étant d’au moins 30 % dans le pays, la non représentativité de l’échan- tillon testé par rapport à la population générale sous-estime probablement le RAI applicable à la population générale. La comparaison de ces résultats avec ceux de 1981/1984 est impos- sible, car il ne persiste aucun document écrit sur le protocole et la réalisation de l’enquête faite à cette époque.

Conclusion

M

algré un certain nombre de contraintes, la méthodolo- gie utilisée dans la réalisation de l’enquête sur le RAI à Madagascar permet de fournir des informations fiables.

La date moyenne de l’enquête est le 9 mars 1993. L’ é c h a n t i l l o n retenu est celui des enfants scolarisés âgés de 6 à 10 ans : seuls les 1 544 enfants sans cicatrice vaccinale (35 % de l’échantillon) sont retenus pour le calcul du RAI. La date moyenne de nais- sance de ces 1 544 enfants est octobre 1984, leur âge moyen de 8,3 ans.

La tuberculine utilisée est la PPD Mérieux ; afin d’avoir une courbe de référence, cette tuberculine a été testée chez 250 malades tuberculeux pulmonaires à bacilloscopie positive : le mode de taille d’induration est à 16 mm.

Dans notre échantillon, le mode est à 8 mm, évoquant l’exis- tence de réactions croisées avec des infections non spécifiques.

La prévalence de l’infection tuberculeuse dans notre échantillon varie en fonction du seuil de positivité choisi ou du mode de r é f é rence : prévalence de 9,6 % (avec un intervalle de confiance de 1,6 %) pour un seuil de positivité de 14 mm, et prévalence de 10,2 % (avec un intervalle de confiance de 2,3 %) pour un mode de 16 mm. Les RAI correspondants sont de 1,21 % (de 1 % à 1,42 %) et de 1,29 % (0,97 % à 1,59 %).

Le calcul par groupe d’âge, pour un mode à 16 mm, donne un RAI de 1,25 % (0,84 % à 1,67 %) chez les 6 à 8 ans et de 1,32 % (0,69 % à 1,99 %) chez les 9/10 ans.

Ces résultats pourront être comparés ultérieurement si une nouvelle enquête est réalisée avec une méthodologie compa- rable, dans le cadre d’une étude de la tendance du risque.

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Références

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