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Analyse de livre. <i>Un bébé pour soi ? Assistance à la procréation et mutations familiales</i>, de Claire Squires et Sarah Bydlowski

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Journal Identification = IPE Article Identification = 1998 Date: September 19, 2019 Time: 1:59 am

Livres

L’Information psychiatrique 2019 ; 95 (7) : 578-81

Analyse de livre

Claire Squires et Sarah Bydlowski (dir.) Un bébé pour soi ?

Assistance à la procréation et mutations familiales Paris : Campagne première, 2019

Les questions qui s’attachent à la procréation médicalement assis- tée (PMA) sont très débattues et en font un sujet sensible. Avec des contributions de cliniciens, psy- chiatres et psychanalystes, ainsi que de gynécologues, obstétriciens et biologistes, ce livre adopte un point de vue interdisciplinaire et envisage largement les aspects anthropolo- giques, sociaux, juridiques et psy- chiques en jeu dans ce qui est rangé sous l’intitulé général de PMA.

Il est issu d’une journée de colloque de 2017 de la Waimh1 France, journée organisée avec le CRPMS2, complété d’autres articles.

Ses apports riches autant que nuan- cés justifient d’exposer les théma- tiques successivement envisagées.

Les avancées scientifiques rapides dans le domaine de la procréation conduisent à des pers- pectives souvent perc¸ues comme vertigineuses, qui stimulent déchaî- nement imaginaire, fascination, excitation ou jugements moralisa- teurs. Spécialistes des questions de PMA, les auteurs se gardent de l’écueil qui consisterait à se situer comme tenants de « l’ordre

1Association internationale pour la santé du bébé.

2Centre de recherches psychanalyse, méde- cine et société.

symbolique » : cette position a été bien décrite par Denys de Béchillon comme une « rencontre du droit comme prêche et de la psychanalyse comme morale ».

Bon nombre des contributeurs vont adopter résolument pour objet principal, à travers des études de cas approfondis ou des recherches, les enjeux psychiques pour les parents et pour l’enfant à venir, ainsi que l’accompagnement à leur apporter et l’instauration d’un cadre propice à l’écoute. D’autres vont se centrer sur les propositions utiles dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique, intervenue en juillet 2019 et renforce encore l’actualité de ce livre. Il en ressort un souci global et commun d’aide aux professionnels confrontés à ces changements de configurations familiales, à travers les réflexions sur la filiation, la parenté, la paren- talité et la construction psychique des enfants.

Dès l’introduction, Sarah Byd- lowskietClaire Squiresresituent la PMA dans le cadre des changements sociaux qui, en un laps de temps réduit, ont bouleversé de nombreux repères : désinstitutionalisation de la famille, enfant devenu un bien précieux et plus rare. La maîtrise de la procréation a historiquement succédé à la maîtrise de la concep- tion. On veut de moins en moins d’enfants mais de plus en plus prévi- sibles. Les modalités de parentalité se sont diversifiées et ne s’imposent plus comme une norme. La diffi- culté de s’appuyer sur une stabilité dans les registres de la procréation biologique et de la construction juri- dique rend compte de la vivacité des débats et des controverses.

L’évolution vers la technicisation de la reproduction est percep- tible avec le glissement séman- tique de l’AMP, assistance médicale à la procréation, à la PMA. Les remarques de Monique Bydlowski seront d’ailleurs reprises par plu- sieurs auteurs : risque d’emprise de la technique et de son idéa- lisation par les sujets infertiles, risque pour les praticiens de réaliser des prestations qui méconnaissent la prise en charge globale. Aussi des préconisations en faveur de larges collaborations entre somati- ciens et psychiatres, psychologues ou psychanalystes seront renouve- lées dans l’ouvrage.

La parentalité est trop souvent réduite aujourd’hui à un idéal social à visée purement éducative. Filia- tion et parentalité qui sont des cons- tructions dans une société donnée comportent des règles d’alliance mais aussi une dimension ima- ginaire et symbolique à travers mythes, récits collectifs, théories sexuelles. Aider à se représen- ter les processus en jeu en tra- vaillant les plans personnels œdi- piens ou archaïques et pré-œdipiens à l’œuvre pour les parents, question- ner le maillage déployé autour de l’enfant sont autant de manières de contribuer à la possibilité d’une his- toricisation accessible à l’enfant et ses parents.

Sarah Bydlowski et Claire Squires empruntent à Diatkine ce propos :

« l’impossibilité de prévoir ne constitue pas en soi une raison d’interdire ». La construction psy- chique des enfants issus de PMA est encore rarement l’objet d’études et elles citent les nombreuses ques- tions qu’ils pourraient se poser.

Dons de gamètes, fécondation in vitro, conservation des spermato- zoïdes et des ovules, procréation dans les couples homosexuels, gestation pour autrui, infertilité sont autant de domaines aux conséquences psychiques encore mal connues. Les directrices de

doi:10.1684/ipe.2019.1998

Rubrique coordonnée par Joséphine Caubel

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l’ouvrage invitent à développer les interrogations, sans s’inféoder aux discours dominants ou aux revendications idéologiques, car, soutiennent-elles,«ne pas avoir de réponses aux questions n’empêche pas de les exposer».

Le livre s’organise en trois par- ties.

La première partie traite de l’infertilité :

« Infertiles : devenir parent avec la PMA »

Christine Anzieu-Premmerer évoque les problématiques psy- chiques des grossesses après

« don » d’ovocytes, souvent par vente, parfois par don intrafami- lial. Les doutes de la mère sur sa légitimité peuvent compromettre l’organisation de la dyade mère- enfant. Recevoir des ovules d’une autre femme peut réveiller envie, rivalité, peur de rétorsion de la donneuse et réaction dépressive, voire sentiment de persécution par l’enfant. Christine Anzieu- Premmerer donne deux illustrations cliniques dans le cadre de psycho- thérapies mère-bébé d’inspiration psychanalytique où le concept de dépression blanche de Green et la difficulté pour la mère à investir l’enfant sont exposés. Elle note la fréquence du développement d’une relation masochiste avec le bébé, dans une soumission à toutes les demandes de l’enfant.

Sarah Bydlowski aborde ensuite dans une analyse psychopatholo- gique préciseles effets sur les liens précoces des nouvelles pratiques autour de la naissance.L’inscription identitaire et la place de chacun au niveau conjugal, familial et généra- tionnel déjà bouleversés dans toute grossesse et naissance, le sont d’autant plus dans les situations de PMA. Si la construction des identifications parentales s’avère difficile, les assises narcissiques de l’enfant se trouveront fragili- sées. La démarche thérapeutique en médecine de la reproduction ne

se résume donc pas à la réponse à la demande manifeste mais doit tendre à comprendre le contexte du désir d’enfant.

La PMA peut être réparatrice dans certaines situations. Cependant, la rapidité des propositions techniques et médicales risque de bousculer des défenses psychiques incons- cientes en jeu dans l’infertilité. Des parcours chaotiques et insuffisam- ment élaborés de PMA conduisent au court-circuit des jeux de pensée.

L’enfant risque ensuite d’avoir peu accès à ses manifestations affec- tives. D’autant que d’autres aléas tels que l’interruption médicale de grossesse ou la réduction embryon- naire peuvent survenir dans les suites de la fécondation.

Le déni de la dette envers les ascendants a pour corollaire fré- quent un vécu de transgression chez les parents. Reconnaître son bébé, se sentir reconnu par lui et grati- fié comme parent est plus difficile lorsqu’il vient d’une scène médicali- sée. L’idéalisation de l’enfant consti- tue un aménagement permettant d’atténuer l’inquiétante étrangeté.

Les attitudes parentales sont infil- trées de surprotection, méfiance ou masochisme.

Sarah Bydlowski développe par- ticulièrement le potentiel trauma- tique de certaines situations de PMA, quand leur déroulé se fait au détriment du processus psychique de la grossesse et de l’anticipation maternelle et paternelle. Les effets traumatiques des conditions de pro- création pourront être refoulés dans bien des cas. Mais s’ils font écho à d’autres ruptures enfouies de l’histoire familiale, à des blessures narcissiques antérieures et parfois méconnues, c’est toute la clinique des processus psychiques mis en œuvre face au risque traumatique, à la fois effracteurs et protecteurs, qui se met en route. S’installent potentiellement des clivages non plus fonctionnels mais structurels et désorganisateurs. Un cas clinique de ce registre est rapporté, qui illustre la difficulté à libérer l’enfant des projections dont il est l’objet.

Sarah Bydlowski propose des pistes de réflexion pour aborder la construction psychique de l’enfant avec le concept d’entrave au jeu de l’anti-narcissisme (Francis Pasche) : entrave à la capacité maternelle à désinvestir son propre narcissisme pour favoriser le déploiement de celui de l’enfant. En cette absence le bébé reste hypervigilant aux percep- tions non liées aux représentations, il fait face au trop-plein émotionnel par des procédés autocalmants et de décharge motrice.

Là encore une collaboration des somaticiens avec les psy- chiatres et analystes en période pré-conceptionnelle peut déga- ger les parents d’identifications aliénantes.

Sylvain Missonnier offre dans son chapitreL’histoire, ses fantômes tragiques et la procréation médica- lement assistée, l’analyse d’un cas d’infertilité où le facteur génération- nel, avec son épaisseur historique consciente et inconsciente, semble déterminant. Il prône la pratique de consultations thérapeutiques des

«sujets infertiles».

Sylvain Missonnier se garde de vouloir réduire à une théorie psy- chique exclusive un trouble concep- tionnel, une infertilité inexpliquée.

Somatique et psychique méritent d’être convoqués dans un esprit complémentariste. Ceci en congru- ence avec l’étymologie du mot conceptio: former un enfant en soi et se représenter par la pensée, ainsi qu’avec la proposition de Spinoza : le corps et l’esprit ne sont pas des entités différentes.

Le chapitre :Conception par don de gamètes et mise en tension conjugale, de Ophélie Ségade, Bérengère Beauquier-Macotta et Véronique Drouinaud, aborde la construction de la parentalité avec un tiers donneur anonyme dans le cadre d’une recherche qualitative sur les couples IAD. Pendant la grossesse, les mères ont pu évo- quer leurs craintes par rapport au donneur. Puis la grande majorité des couples rencontrés après la naissance disent ne plus y penser,

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comme dans une sorte de pacte dénégatif concernant la place du tiers donneur, nécessaire à la cohésion du couple. Les limites de cette étude sont reconnues par les auteurs car le vécu subjectif ne leur semble pas suffisamment rapporté.

Les auteurs rejoignent aussi les constats d’une autre étude menée par une équipe de Lausanne sur les relations établies avec l’enfant.

Dans les deux études un phéno- mène « d’enfant au centre de la famille»est observé ; le couple est estimé renforcé par l’IAD au prix d’une centration sur lui-même et d’une exclusion du tiers. Les auteurs s’interrogent sur l’effet de cette ten- dance à plus long terme, et sur l’information qui sera apportée à l’enfant.

Devenir de parents par dons de gamètes. . . rester infertiles ? cha- pitre de Hélène Ferrary et Claire Squires, clôt la première partie. Si la plupart des études concernant les parents et les enfants issus de FIV ou d’une insémination par don- neurs sont rassurantes, ces études ne disent rien des vécus subjectifs respectifs. Elles sont d’ailleurs sou- vent effectuées par téléphone ou questionnaire. Les enfants sont les moins consultés. Les mères sont en moyenne plus disponibles avec leurs enfants et les pères très inves- tis. Soixante pour cent des enfants sont informés de la manière dont ils ont été conc¸us dès 3 ans. Lors d’entretiens un à deux ans après la naissance auprès d’une dizaine de couples, ayant eu un enfant par don de spermatozoïdes, les parents minimisent l’implication du don de sperme et l’impact du donneur au profit de l’investissement de la gros- sesse et de l’enfant à venir comme le signalaient les auteurs du chapitre précédent.

Dans l’équipe pluridisciplinaire du Cecos3 de Cochin, psychiatres et psychologues mènent des entre- tiens en couple ou séparément

3Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme.

pour accompagner la démarche comme le stipulent le Code de santé publique et la loi de bioé- thique. Les auteurs soutiennent que l’infertilité est loin d’être surmontée même après être devenus parents.

Les travaux de Didier Houzel sur la parentalité, de Jean Guyotat sur la filiation, avec l’importance de la fonction du couple et de son histoire soulignée aussi par Pierre Levy-Soussan, la notion de«corps familial » de Didier Anzieu sont autant de concepts aidant les pro- fessionnels dans la recherche d’une figuration de l’arrivée de l’enfant.

Les auteurs font aussi appel au roman familial des névrosés de Freud, aux travaux d’Otto Rank et à ceux de Bernard Juillerat pour appréhender les enjeux psychiques inconscients émergeant au cours des consultations.

La deuxième partie du livre traite des parents gays, lesbiens et transgenres

Alain Ducousso-Lacaze expose une recherche clinique sur l’homoparentalité référée à la psychanalyse :Pères gays entre co- parentalité et GPA. Il relate à partir des entretiens avec deux couples d’hommes, les enjeux inconscients qui fondent le lien de couple et sous-tendent l’entrée dans la paren- talité ainsi que certains aspects relatifs au tiers de la procréation.

Il observe la réactualisation des conflits œdipiens et pré-œdipiens et une nouvelle confrontation avec ré-identification forcée, aux images parentales voire grands-parentales.

Si la situation de ces nouvelles configurations familiales crée des liens de parenté d’un nouveau type, il lui semble que l’analyse des processus inconscients du devenir parent n’apporte que des change- ments limités, ce qui l’amène à un usage prudent de la formule de

«mutation anthropologique».

Ouriel Rosenblum intitule son chapitre :La médecine face au désir

d’enfant. Il exprime son souci d’offrir une possibilité de figura- tion tout au long du processus de filiation. Rappelant que dans les cinquante dernières années, la reproduction s’est différenciée de la sexualité, puis la procréa- tion s’est détachée de la filiation biologique, puis affranchie de la temporalité depuis l’ère de la congélation, il parle d’un véritable éclatement spatial et temporel de l’enfantement. Il rappelle le point de vue de l’anthropologie struc- turaliste où sperme, ovocytes, lait sont des vecteurs corporels de la parenté, qualifiés par ailleurs d’attrape-fantasmes par Ginette Raimbaut. À la suite de Franc¸oise Héritier, il estime que le clinicien se voit obligé de partager la pratique symbolique des futurs parents, se plac¸ant entre la biotechnique et le désir de filiation des couples. Il s’agit d’apporter au couple ce qui lui permettra de créer un pouvoir narratif transmissible. La bioéthique n’est jamais, comme le dit Ricœur, qu’un jugement prudentiel. Avec Geneviève Delaisi et Maurice Gode- lier, il constate que la parenté est divisible à souhait en pluriparenté biologique, affective, éducative et sociale qui place aujourd’hui l’enfant au premier rang. Une nou- velle forme de paternité, la paternité transsexuelle, se trouve possible par la PMA avec don de gamètes.

La troisième partie a pour titre : « La société en mutation »

René Frydmanrappelle les condi- tions de juridiction concernant la PMA et la recherche sur l’embryon.

On est passé depuis la loi de bioéthique de 2011 d’une infertilité médicale à une infertilité sociétale : femme âgée, seule ou couple homo- sexuel ont accès à la PMA. Alors que 40 % des couples concernés par la PMA n’auront pas l’enfant souhaité, la gestation pour autrui (GPA) ne saurait d’après lui être une alternative : elle suppose commer-

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cialisation et pouvoir sur le corps de la femme qui porte l’enfant.

Pour R. Frydman, et contrairement à d’autres professionnels de gynéco- obstétrique qui souhaitent une GPA dans le cadre des problèmes médi- caux, une GPA éthique n’existe pas.

D’autres propositions lui paraissent plus urgentes et essentielles.

Ainsi il souhaite développer une prévention de l’infertilité qui touche 15 % de la population et soutenir une recherche scientifique sur celle- ci, sous la forme d’un vrai plan d’action. Il suggère de développer le don d’ovocytes en France dans un cadre de non-commercialisation des éléments du corps humain.

Il souligne l’incohérence qui fait que la Sécurité sociale rembourse une partie des frais engagés à l’étranger quand la pratique du don n’est pas autorisée en France.

L’analyse génétique de l’embryon avant transfert utérin (60 % ont des anomalies génétiques graves) sous forme de diagnostic préim- plantatoire devrait aussi être auto- risée, puisque le dépistage chro- mosomique fœtal l’est pour toute femme enceinte qui le souhaite.

L’autoconservation ovocytaire pré- ventive devrait l’être aussi ainsi que le don de sperme pour une femme célibataire sans préjuger de son mode relationnel actuel et futur.

Jean Philippe Wolf, directeur du Cecos Cochin prônela Préservation de la fertilité chez les femmes.Avec l’appui d’un rappel détaillé des don- nées physiologiques, il plaide pour la possibilité de conservation ovocy- taire voire du cortex ovarien.

Monique Bydlowski interroge : la GPA, pourquoi tant de bruit ?

La GPA est interdite en France depuis la loi de juillet 1994, loi de bioéthique qui établit « la nul- lité de toute convention portant sur la gestation pour le compte d’autrui ». Cette loi vise aussi la

protection des plus vulnérables, enfants (risque d’enfant réifié, objet d’un contrat) et«mères porteuses».

Elle est autorisée aux USA, en Inde et en Europe de l’Est. La révi- sion de la loi franc¸aise relance le débat avec une importante couver- ture médiatique. La GPA concerne- rait moins de 100 femmes stériles, mères d’intention (pathologie uté- rine surtout) par an, mais ce chiffre ne comptabilise pas les autres motifs (refus de grossesse avec désir d’enfant, homoparentalité. . .).

Vingt-cinq mille naissances ont lieu chaque année par les autres moda- lités de PMA. Compte tenu des dif- ficultés à l’adoption, on comprend que les femmes puissent se tourner vers la GPA. Pour Monique Byd- lowski, cependant, on minore dans le débat le risque physique, psy- chique pour la femme porteuse, appartenant le plus souvent à une catégorie très précaire socialement et économiquement. On minore aussi la dimension psycho-affective de la grossesse et de la nais- sance, les interactions prénatales pour le fœtus, mal connues, les premiers temps du développement extra-utérin. Des arguments éco- nomiques rendent perplexes : un véritable marché de la GPA s’est installé aux USA. Sur le plan juri- dique, Monique Bydlowski rappelle que Muriel Fabre-Magnan a fait une synthèse de questions parfois inextricables depuis 20 ans dans le milieu américain. Elle cite aussi le rappel que cette juriste fait du droit romain, «la femme n’est pas une terre ensemencée ni un animal fécondé». Si la comparaison avec le don d’organes a pu être faite par les tenants de la GPA, elle lui paraît difficile à soutenir.

Pour tenter d’expliquer le reten- tissement médiatique de cette question, Monique Bydlowski émet l’hypothèse d’une triple fascination

transgressive pour la contractua- lisation des relations humaines, pour un monde « hors la loi » au service du désir individuel, et pour la montée en puissance de l’innovation.

Luc Roegiers s’étonne que l’on continue à mettre en doute la santé et le bien-être des enfants de la PMA : entre études empiriques et clinique responsable.Il donne trois exemples de sa pratique de pédo- psychiatre à Bruxelles, qui déploie une éthique de la«capabilisation», à savoir un holding assuré par un maillage entre les disciplines durant la prise en charge. Il souligne la fra- gilisation de la santé mentale induite par la situation d’infertilité.

Dans leur conclusion

Claire Squires et Sarah Bydlowski estiment que la clinique, y compris psychanalytique, bien qu’elle ne se cantonne pas à l’individuel, ne peut servir de caution à des politiques aux enjeux multiples.

Traiter les patients en tant que cli- nicien, c’est-à-dire avec neutralité et bienveillance, suppose de les accompagner sans pré-conception idéologique, sans trop de contre- attitudes défensives. La collabora- tion étroite entre gynécologues et psychiatres, psychologues et psy- chanalystes d’adultes et d’enfants devrait être renforcée, au-delà des protocoles d’agrément actuels des structures de la PMA.

Fabienne Roos-Weil fabrwl@wanadoo.fr

Liens d’intérêt

l’auteure déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.

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