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Analyse de film. <i>Love and Mercy</i>, de Bill Pohlad

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Academic year: 2022

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Journal Identification = IPE Article Identification = 1906 Date: January 23, 2019 Time: 4:4 pm

Film

L’Information psychiatrique 2019 ; 95 (1) : 67

Analyse de film

Bill Pohlad Love and Mercy 2015

(Disponible en DVD)

Mais que vient faire un biopic sur le chanteur des Beach Boys, Brian Wilson, dans cette rubrique «Ana- lyse de film » ? Beaucoup d’entre nous et particulièrement ceux ayant connu les « sixties » sont fami- liers des airs deGood vibrationsou God only knows. On connaît peut- être moins la vie tumultueuse du chanteur, qui souffrait d’un trouble schizo-affectif. C’est notamment cet aspect de la vie de Brian Wilson qu’explore avec tact le réalisateur Bill Pohlad dans son premier long métrage.

La temporalité déconstruite, les performances des acteurs Paul Dano et John Cusack interprétant chacun le chanteur à des âges différents et l’inventivité de la mise en scène font de cette histoire d’une vie un film original et inno- vant. La représentation clinique de la maladie y est pertinente et nuancée, avec quelques scènes extrêmement bien documentées, où dans un maniement subtil du son et du cadre le réalisateur nous immerge dans l’expérience déli- rante du chanteur. On se rappellera notamment d’une scène de repas de famille où l’on vit péniblement

les hallucinations auditives dont souffre Brian Wilson, comme autant d’agressions de l’environnement qui l’entoure devenu tout à coup hostile et étranger.

Outre ses qualités divertis- santes et le plaisir avec lequel on s’immerge dans l’univers coloré des années 60-70, le film est un excellent support pour réfléchir au lien supposé entre folie et génie.

L’histoire nous a ainsi appris que, dans le désordre, Van Gogh, Artaud, Kafka, Einstein, Schumann, Satie, Mozart, ou encore Amy Winehouse ou Britney Spears appartiendraient possiblement à cette catégorie très hétérogène des « fous ». Qu’on reconnaisse ou non leur génie ou leur talent artistique, ils sont tous responsables d’une fascination et d’une interrogation : « La folie sublimerait le génie» (fascination) et « le génie rendrait-il fou ? » (interrogation). Le cinéma, en résu- mant en moins de deux heures des destins complexes, peut aussi nous amener à associer fortement l’image du génie et celle du fou : John Nash (Un homme d’exception de Ron Howard), souffrant de schi- zophrénie et lauréat d’un prix Nobel d’économie, Mozart (Amadeus de Milos Forman) et son ignorance des règles de communication sociale suscitant la curiosité de ses mécènes. . . Love and Mercy nous

pose à nouveau face à ce dilemme mais prend le parti d’insister sur l’obstacle qu’est la maladie à l’expression d’un talent artistique et sur les efforts remarquables déployés par le chanteur tout au long de son chemin de résilience.

Loin d’une idéalisation de la mala- die psychique comme moteur de la création, Love and Mercy nous immerge dans la complexité d’un destin qui aurait pu à de nom- breuses reprises basculer du fait des troubles du héros.

Enfin, dans les séquences du film où Brian Wilson est un peu plus âgé (interprété alors pas John Cusack), il est question de la prise en charge psychiatrique du chanteur. Le psy- chiatre du chanteur, le Dr Eugene Landy, n’est pas le meilleur ambas- sadeur de la profession. Il s’agissait là (malheureusement pour les psy- chiatres), d’être au plus près de la réalité de la vie du chanteur, puisque ce médecin peu scrupuleux avait bien mis en péril la vie et la car- rière de Brian Wilson, abusant de sa vulnérabilité par intérêt financier. Le Dr Landy est par contre un superbe rôle de composition pour l’acteur Paul Giamatti, qui incarne un psy- chiatre amoral qu’on aime détester.

Il nous questionne également sur l’éthique de l’accompagnement et sur la place parfois centrale du psy- chiatre dans la vie d’une personne malade.

Sophie Cervello, psychiatre sophie.cervello@gmail.com Liens d’intérêt

l’auteure déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec ce texte.

doi:10.1684/ipe.2019.1906

Rubrique coordonnée

par A. Bouvarel et S. Cervello

67

Pour citer cet article : Analyse de film.L’Information psychiatrique2019 ; 95 (1) : 67 doi:10.1684/ipe.2019.1906

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