ANALYSE DE DIFFÉRENTS FACTEURS CONDITIONNANT LES ÉCHANGES ALIMENTAIRES DANS UNE COLONIE
D’ABEILLES APIS MELLIFICA L.
AU MOYEN DU RADIO-ISOTOPE P 32 ( 1 )
Shobha PERSHAD
Statiou de Recherches sacr l’Abeille et les fnsettes sociaux, JI - Bures-sur-Y7,elle Institut national de la Raherche
agronolilique
SOMMAIRE
Des observations sur la
trophallaxie
à l’intérieur de la ruche entre ouvrièresd’âge
connu ontmontré que les
échanges
sont nuls ill’âge
de i jour, deviennentréguliers
entre 2et
jourspuis
semblent diminuer ensuite. L’intensité des
échanges
est il son maximum lorsque les abeilles ont 4jours environ. Le taux derépartition
de la nourriture aété
étudié à 3températures
différentes, 23°C, 3r° et 37° pour des duréesd’échange
de .I, 8, IG, 24, 36 et 48 heures. A3 r°C
le nombre dereceveuses est le plus élevé, à
37 °C
il est le plus bas. Larapidité
moyenne des échanges est la mêmea 31° et à 23°. La transmission est
plus rapide pendant
lespremières
24 heures à ,)1°qu’il
23°. Larépartition
de nourriture estplus importante
et plusrapide lorsque
les abeilles sont maintenues d’abord à 37°puis
ensuite à 23°,chaque
foispendant
2jours,
quelorsqu’elles
sont maintenues à 23°puis
ensuite à 37°. Trois groupesd’importance
variable (2g, go et 100receveuses) ont été mis en pré-sence d’une seule donneuse radioactive
pendant
des durées de z, 4, 8, r6, 24, 36 et 48 heures. C’est dans le groupe de z5 que le taux de transmission était leplus rapide,
ilatteignait
ioo p. 100en1
6 heures.
L’homogénéité
de larépartition
augmente avec le nombre de donneuses. Desexpériences
effectuées dans les colonies créées artificiellement en étuve ont montré que la distribution de nour-
riture est mei!!eure entre abeilles de même origine
qu’entre
abeilles de colonies différentes pen- dant lespremières
24heures d’obscrvation. Mais dans lesexpériences
faites sur les abeilles pro- venant de ruchers l’inverse seproduit,
les individus de la colonieétrangère
sontpréférés.
La ré- lartition du 32P dans le tube
digestif
ainsi que l’assimilation des matières radioactives sont étudiées.Dans le cas où les reines vierges sont donneuses on observe un maximum
d’échanges lors d ue
lesouvrières ont 6 jours.
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
Les
échanges
de nourriture et autres substances entre les individus de la colonie constituent unphénomène
trèsimportant
chez les insectes sociaux.Particulièrement
parmi
les insectes sociauxsupérieurs
formant des coloniesorganisées l’équilibre trophique
entre un ouplusieurs
sexués et un trèsgrand
nombre( 1
) Ce travail constitue l’essentiel d’une thèse de Doctorat d’Université, soutenue devant ta Faculté des Scici)(!es de Toulouse le 2qjuin y67.
de non-sexués
joue
un rôleprimordial.
Ces dernierspossédant
unepotentialité
sexuelleplus
ou moins latente(Fourmis
et Abeillesouvrières)
ou une tendance à se métamor-phoser
en sexués(larve
deTermite),
sont maintenus en leur étatprincipalement
parces
échanges
mutuels. Leséchanges
sociaux de nourriture sont doncindispensables
à la division du travail et à
l’élevage
du couvain dans les conditionsécologiques opti-
males du nid et à toutes autres
métamorphoses
en des formessupérieures
de viesociale
parmi
les insectes. Cecipeut également
être un moyen de communication entre les individus.Les
échanges
de nourriture entre insectes sociaux sont connusdepuis l’Antiquité puisque
Aristote en a donné unedescription.
GRASSI et SA!;mns( I 8g 3 )
décrivirent pour lapremière
fois deséchanges
de substances entre des Termites.RousA
UD
(igi6)
aappelé
«oecotrophobioses
», les relations desguêpes
socialescaractérisées par les
échanges réciproques
de nourriture entre les larves et lesparents.
W
HEELER
(igi8)
aproposé
le terme «lrofikallaxy
» delrofike,
nourriture etallatein, échanger
commeplus approprié
que «oecotrophobiose
o. Il considère que cette rela- tion entre lesjeunes
et les adultes est mutuelle etréciproque.
L’extension du
concept trophallaxie
à tous leséchanges
de substances entre deux individus eut lieu par la suite. Nousadopterons
cette extension tout en souli-gnant qu’il
n’est paspossible
de mettre sur le mêmeplan
la nourritureproprement
dite et toutes les substances diversesqui peuvent
êtreéchangées
au moment de latrophallaxie.
G!sswm,D et KI,OFT
( 195 6
à19 6 3 )
ont fait de nombreusespublications,
àpartir
de
195 6,
sur leséchanges
de nourriture entre les fourmisd’espèces différentes,
à l’aidede 32P. Les recherches ont
porté
sur 21espèces
defourmis,
mais elles furentspécia-
lement orientées vers le genre Formica et
plus précisément
vers le grouperufa.
Les
premiers
travaux montrèrentl’importance
deséchanges
de nourriture :une seule ouvrière
peut
en nourrir 8 à 10et, par le canal decelles-ci,
leradio-isotope peut parvenir
à environ 8o individus. Ils ont trouvé que laplus
hautefréquence d’échange
de nourriture est atteinte à25 - 30 °C.
Ces chiffres ne sontplus
valablespour des genres différents. La sous-famille des
Cam!onotinae,
àlaquelle appartient
le genre Fovmica est certainement celle
qui possède
latrophallaxie
laplus
intenseparmi
les fourmis étudiées.Le
comportement
des fourmis amazonesPolyergus y ufescens
r,nTx. a étéparti-
culièrement étudié
(GôsswA LD
et KLOFT,10 6 0 ; 19 6 1 ).
Les ouvrières de cetteespèce
sont
capables
de se nourrir seules et aussi de recevoir de lanourriture,
enparticulier
de leurs « esclaves », mais n’en distribuent en aucun cas.
L’espèce Proformica
nasuta,dont certains individus constituent de véritables réservoirs vivants de miel a été étudiée par STUMPER
(ig6i) qui
a montréqu’une
ouvrièrepouvait
en nourrir 100.Wi L
soN et W sx!R
( 1957 )
ont effectué des recherchesanalogues
en utilisant!31I. Ils ont observé de très
importantes
différences dans la vitesse etl’importance
des
échanges.
Par
ailleurs,
dès 1959 GôsswALD et K!,o!2 ont effectué sur le terrain une étude deséchanges
de nourriture entre différentes colonies de Fovmica. Les résultats men- tionnés au cours d’une discussion auSymposium
sur lesradio-isotopes
et radiationsen
entomologie
àBombay,
en19 6 0 ,
ont faitl’objet
d’unepublication (Gi7sswn!,n
etK LOFT
,
rg6 3 ).
La transmission deradio-isotopes
fournis à une colonie sous forme desolution dans un
liquide
sucré a été observée par GôsswALD et KLOFT àplusieurs reprises. L’exemple
leplus remarquable
étant la transmission de radioactivité àplus
de 200mètres,
àpartir
d’une colonie artificiellement renforcée de Formica!olyctena.
CHAUVIN,
COURTOIS et I,!,COMTE(196 1 )
ont observé deséchanges
de nourriture entre individusappartenant
à différentesespèces
sur le terrain enmarquant
la nourri-ture avec lsaAu. Dans une série
d’articles,
CHAUVIN et LECOMTE( 19 62
à19 66)
ontétudié le
transport
des sucres et desprotides
entre différentes colonies de FormicaPolyclena, qui
sont reliées entre elles par despistes plus
ou moins nettes etpossèdent
ainsi un certain
degré
d’unitéphysiologique.
L’existence
etl’importance
de latrophallaxie
chez les termites avaient étédepuis longtemps
mises en évidence par GRASSE et NOIROT(rg 45 ).
Les études detrophallaxie
au moyen des radioéléments chez les termites ont été commencées en
195 8
parGÔ
SSWALDet ses collaborateurs
(G6 SSWALD , r 9 62 ;
GôsswALD et Kr,or.T,195 8- 1959 ; 19
61-1963 ; ALIBERT, 1959- 19 60 ; 1966).
Ces auteurs ont
recherché,
utilisant la nourrituremarquée
par leradioélément, quels sont, dans
unecolonie,
les individuscapables
de s’alimenter par eux-mêmes.Ils ont ainsi
montré la rapidité
deséchanges
alimentaires chez les termites. Ils ont observéque
cettepropagation
est bienplus
lente que celleobservée
chez les Abeilleset chez les Fourmis du genre
Formica.
A!,IB!RT
( 1959 , 19 6 0 , i 9 6 3 et rg66)
a étudié latrophallaxie
chez letermite,
Cazbitermes,
en utilisant le 32P. Elle a étudié les relations entre la colonie et lessexués,
la nutrition du couvain et des « castesdépendantes
»,l’évolution,
avecl’âge
de lasociété,
des lienstrophiques
unissant lesconjoints
d’un mêmecouple
et lecouple royal
aux « larves ».Une étude du même
type
a été faite par MCàIAHAN( 19 6 3 )
chezC y yptotermes brevis (wA!,xkR),
en utilisant le traceur Ô7Coincorporé
à la nourritureproctodéale,
dans les « colonies artificielles ».
Au cours d’une étude
portant
sur le métabolisme dumanganèse
chez des Ves-pidae sociaux,
BOWEN( 1950 )
avaitremarqué
que les mâlesingéraient
autant de nour-riture que les ouvrières
quand
ils étaient à l’extérieur dunid,
mais que, par contre, leurradioactivité,
et parconséquent
leurprise
denourriture,
était très faible à l’inté- rieur du nid.M ONTA G N E
R et COURTOIS
( 19 6 3 ),
MONTAGNÉR( 19 6 3 , 19 64
a,1964 b, 1966)
ontétudié les
échanges
de nourriture desguêpes
sociales du genreVespa
au moyen deisa
Au. L’étude de
populations
élevées dans descagettes séparées
par des cloisonsperforées
nepermettant
pas le passage a montré que leséchanges
de nourritures’effectuaient plus
facilement entre ouvrières soeursqu’entre
des ouvrièresapparte-
nant à deux colonies différentes. DFi,vERT-SALLEPON’
( 19 6 3 ), qui
a étudié le mêmeproblème
surl’Abeille,
n’était pas arrivée à une conclusion aussi nette.Les auteurs ont
également
étudié leproblème
de l’alimentation des mâles.Celui-ci n’est pas aussi
simple
que le voudrait BOWEN. Lacapacité
d’alimentation directe estgrande
chez les mâlesappartenant
à des nids actifs où les fondatrices filles ne sont pas encore apparues, elle estplus
faible chez les individusprovenant
de nidsappartenant
à des colonies avancées. Mais ceci n’est vrai que si l’on considèredes mâles
déjà âgés,
les trèsjeunes
individus s’alimentent tousbien, seuls,
dans tous les cas.l VION T
AGNER
(rg6! b)
aégalement
étudié l’alimentation des mâles par les ouvrières.Il
apparaît
que les mâles sont trèsnégligés
par les ouvrières et cela même s’ils appar- tiennent au même nid. Ils ne sollicitent de la nourriture que si les ouvrières appar- tiennent à la même société. Ils sont de même fortcapables
de solliciter lesrégurgi-
tations des larves. Il
peut
aussi y avoir unetrophallaxie
dans le sensmâles-ouvrières,
mais fortréduite, cependant
les mâles ne nourrissent le couvain en aucun cas.Ce même auteur
(M ONTAGN E R , 19 6 3 )
s’estattaqué
auproblème trop
souventnégligé
des relations entre le couvain et les adultes ouvrières. Il a montré que lesguêpes
sontcapables
de reconnaître du couvainétranger
à la colonie et que la larve était nourrie defaçon
constante en fonction de sondegré
d’évolution. La taille etl’intégrité
de la cellule interviennentégalement.
Il aanalysé
parcinématographie
lemécanisme de la
trophallaxie
chezVes!a ( 19 66, thèse).
Les colonies de Bourdons
présentent
une doublecaractéristique :
elles sont, aumoins
partiellement, fermées,
c’est-à-dire que lesétrangères
en sont habituellementchassées,
sinon mises à mort ; d’autrepart,
onn’y
observe pasd’échanges
de nourri-ture entre les membres. Dans ces
conditions,
il estpossible
de se demander comments’effectue la reconnaissance et si une odeur commune
peut
avoir sonorigine
dans unautre
phénomène
quel’échange
continuel de nourriture. I&dquo;ECOMTE( 19 6 3 )
a montréune
trophallaxie
indirecte dans la colonie debourdons,
Bombushy!noyum,
au moyende 198Au.
La
trophallaxie
chez les Abeilles est étudiéedepuis
trèslongtemps.
DOOLITTLE(
1 8 90
, 1907 )
a observé que les butineusesporteuses
de miel retournant à leur ruchene
déposent
pas leur miel directement dans les cellules mais le transmettent à d’autres abeilles de la colonie. PARK( 1923 )
a réalisél’expérience
suivante : il a fait absorber de l’eau colorée àquelques
ouvrières d’unepetite
colonie installée dans une ruche d’observation. Lelendemain,
les abdomens de 5o p. 100 des ouvrières de la colonie semblaientcolorés,
ceciindique
que l’eau stockée avait été distribuéeparmi
elles.Puisque
dans les climatstempérés
les abeilles ne stockent pas l’eau dans les rayons il est doncpossible
que l’eau soit transmise de l’une à l’autre.RÔSC
H
( 1925 )
a montréqu’une
ouvrière est nourrie directement par sescongé-
nères
pendant
les deux ou troispremiers jours
de sa vie et ne se nourrit pas elle même avant d’avoir atteint troisjours.
P!x!P!r,ovn( 192 8)
a observé que les abeillesâgées
d’un à trois
jours
étaient nourries par des abeilles dontl’âge
allait de 7 à 14jours.
Vox FRISCH
( 194 6
a,194 6 b)
a observéqu’une
butineusequi
a découvert unesource de nourriture
particulièrement
favorable en donne depetites quantités
auxindividus
qui
la suiventpendant
la danse.L’activité
d’une abeille a étédéterminée,
du moins dans une certaine mesure,en fonction de son
âge (R6sC H ,
zg25 ;PE R E P OLOVA, rg28 ;
I,rrrDnu!,x, zg52 ; SAKA- GAMI
,
I953)!
OHN!soxG!-HmvrP!RDrxcx( 1953 )
a montré que leséchanges
de nour-riture entre des ouvrières
âgées
et desjeunes
ouvrièrespeuvent
influencer le déve-loppement
desglandes pharyngiennes
et la sécrétion desglandes
mandibulaires chezces dernières.
I S T OMINA -T SV ET
KOVA
( 1953
a, 1953b)
a constaté que les abeilles de tousâges
donnent de la nourriture à leurs
congénères
et enreçoivent,
dans desproportions
importantes.
Elle apensé
que le nombre deséchanges
était enrapport
avec le stadede croissance atteint par la colonie et elle a constaté que,
lorsque l’élevage
du cou-vain était réduit
pendant l’automne,
le nombre deséchanges
était moinsgrand
etqu’ils
étaient deplus
courte durée quependant
l’été. Ily avait
unrapport
directentre le nombre de visites
qu’une
abeille faisait aux larves et le nombre deséchanges
de nourriture entre cette abeille et ses
congénères.
Un accroissement dans laquantité
de nectar
apporté
dans la ruche n’a pas eu pour résultat un accroissement du nombre deséchanges mais,
à cetteoccasion,
la durée de ceséchanges
était un peuplus longue.
La
proportion
de nourriture arrivant à la ruche etqui
circule entre les individusd’une colonie est
plus grande
auxépoques
de disette quependant
les miellées caralors la
plus grande quantité
estdéposée
dans les cellules de réserve.L IVV
nukR
( 1954 )
a découvert unrapport
entre letemps
mis par une butineuse pour transmettre saprovision
de nectar ou d’eau à une abeille de la ruche et l’activitéultérieure de cette butineuse. S’il y avait une carence d’un de ces deux éléments la
provision
de la butineuse était évidemment réclamée par les abeilles de laruche,
au contraire si la colonie était bien pourvue il fallaitparfois
à la butineuseplusieurs
minutes pour transmettre sa
provision.
F R
EE et BUTLER
( 1955 )
ont montré que la transmission de la nourriturejoue
un rôle d’attraction des abeilles l’une vers l’autre et ainsi maintient la cohésion de la colonie. FREE
( 1957 )
aremarqué également
que deux abeilles de mêmeâge
oupresque ont tendance à
échanger
de la nourriture. Il a deplus expliqué
que des abeilles de tousâges
nourrissent des abeillesd’âges
très variés et sont Pourries par elles. Il a montréqu’il
existe une corrélation étroite entre le nombre de fois où elles offrent la nourriture et laquantité qu’elles
enpossèdent,
cequi
est moins évidentlorsqu’il s’agit
d’abeillesprises
au hasard dans la colonie.IsTOMiN!a-TsvE’rkov.!
( 195 8)
a constaté que laquantité
de nectar que les buti-neuses bien pourvues conservent dans leurs
jabots après
avoir nourri les abeillesde la ruche est en rapport avec la
longueur
duprochain
vol. L’endroitparticulier
oùse trouve l’abeille à l’intérieur de la ruche a
peut-être
aussi une influence sur la quan- tité de nourriture conservée dans lejabot.
Ainsi les abeillesqui
se trouvent à l’exté-rieur d’une grappe hivernale ont
plus
de nourriture dans leurjabot (HA!,r,urrD, 195 6 ; F
R E E
, 1957 )
etprobablement
en consommentplus (F REE
etSPE!rcEx-BooTx, 195 8)
que celles
qui
se trouvent au centre.L’utilisation des
isotopes
radioactifs comme traceurs s’avère très efficace pour l’étude de cesphénomènes.
En rg52, NIXON et RrsBn:vns, ont utilisé pour lapremière
fois la méthode des traceurs dans l’étude des
échanges
de nourriture à l’intérieur d’une colonie d’abeilles. Ces auteurs ont montréqu’une petite quantité
de la nourri-ture absorbée par les butineuses a été distribuée
largement
entre les membres de la colonie enquelques
heures. Six abeilles étaient dressées à aller chercher leur nourri- ture dans une boîte de Petri contenant 20 ml desirop
du sucre radioactif. Les auteurs ont ensuite étudié larépartition
de la radioactivitéparmi
les abeilles et les larves de la coloniecomprenant
24 500 abeilles. Enl’espace
de 27 heures7 6
p. 100des buti-neuses et
43 -6 0
p. 100de toutes les abeilles étaient nettement moins radioactives que lesjeunes
abeilles et les butineuses l’étaient nettementplus.
Enl’espace
de4 8
heurestoutes les larves des derniers stades dans les cellules non
operculées
étaient radio- actives. Ces résultats sont attribués à latrophallaxie.
Ceci serait àl’origine
de larépartition
du travail à l’intérieur de la colonie et de l’odeur commune aux membres dechaque
colonie servant à la reconnaissance mutuelle.A la suite du travail de NIXONet RrBBn!rDS
(r 95 2),
une étude de la transmission de radioactivité des ouvrières aux mâlesaprès ingestion
par lespremières
de sucremarqué
au 14C a été effectuée par O!R’r!r., EMERSON et Wx!!r,!x(rg5 3 ).
Les résul-tats obtenus par les auteurs semblent très nets : bien que du
sirop
de sucre ait étémis à leur
disposition,
les mâles ne se nourrissaient pas seuls etpréféraient
demanderà travers un
grillage,
de la nourriture aux ouvrièresqui
se trouvaient dans une cage attenante.Cependant,
GÔSSWAID et Ki!OFT( 195 8)
ontpublié
des résultatsd’expériences
effectuées sur les abeilles. De
celles-ci,
il ressort que les mâlespeuvent
se nourriractivement et donner de la nourriture aux ouvrières. En ce
qui
concerne leséchanges
entre
ouvrières,
G!ssw·r,D et KLOFT( 195 8- 19 6 1 )
GI!SSWALD(ig 5 g)
dans lespubli-
cations consacrées
principalement
aux Fourmis ont fait état d’essais effectués surl’Abeille
qui
mettent en évidencel’importance
et larapidité
de la transmission de nourriture d’une ouvrière à l’autre.C OUPTOIS
,
LECOMTE et SALLERO.N( 19 6 1 )
ont étudié leséchanges
de nourritureà
l’intéxieur
de la ruche entre les abeilles ouvrièresApis mellifica,
Ils ont constatéque
l’emplacement
où se trouvait située la reinejouait
un rôle trèsimportant.
Ils ontutilisé pour leurs
expériences;
la ruche de CHAUVIN : ruche à cadreunique
degrandes dimensions occupée
par unepopulation
de 3 à 400o abeilles. Un nourrisseur conte-nant du miel
marqué,
à 198Au étaitplacé
sur lapériphérie
de la grappe hivernale.5_à
10abeilles pouvaient pénétrer
dans ce nourrisseurqui
était ensuite retiré. Ilapparaît
de manière certaine que les ouvrièresaprès
avoirrempli
leurjabot
de mielse
dirigent
trèsrapidement
vers le centre de la grappe et c’est àpartir
de ce centreoù se trouve la reine que s’effectue la diffusion de nourriture à travers l’ensemble de la
population.
Ce travail a étérepris
par Douaur,2( 19 6 7 )
sur la ruche d’été. Dans cecas,
l’emplacement
du couvain détermine le lieuprivilégié
deséchanges.
DEr,v!x2-Snr,r,!xo:V
( 19 6 3 )
a étudié leséchanges
de nourriture entre ,individus de castes(reines, butineuses, mâles, etc.)
ou de colonies différentes. Leradio-isotope
utilisé était le 3zP
incorporé
à une nourriture solide. Les troispoints
suivants furent étudiés : en cequi
concerne lesouvrières,
il semble que leséchanges
s’effectuentplus
volontiers avec les abeilles soeurs
pendant
lesdeux premiers jours,
pour s’inverser ensuite et se faireplutôt
avec lesétrangères.
D’autrepart,
les mâles sontcapables
dans une certaine mesure de se nourrir seuls
mais,
enprésence d’ouvrières,
ilspré-
fèrent se faire nourrir par ces dernières. On constate
aussi,
dans certains cas, un trans- fert de radioactivité desmâles
vers les ouvrières. Pour cequi
est deséchanges
entrereine et ouvrières ils ne sont le fait que
d’un
trèspetit
nombre d’abeillesspécialisées,
aussi bien dans la ruche que dans les colonies
expérimentées
très restreintes compo- sées d’unevingtaine
d’ouvrières.Mais D!r,v!rt2-Snr,r,!xow n’a pas obtenu des résultats
complets
et définitifssur ces
points.
Il n’a pas étépossible
de démontrer unepréférence
absolue des abeilles pour leurs soeurs ou pour des abeillesétrangères.
Dans sontravail,
elle n’a puqu’ef-
fleurer les
principales questions qui
seposent
ausujet de
latrophallaxie
entre reineset ouvrières.
I. -
MATÉRIEL
ETMÉTHODE
Il’tant donné l’influence
importante
de l’âge, sur le comportement des abeilles, attestée par de nombreux travauxdepuis
Roscn(c 9 zg)
il nous a paru nécessaire de travailler sur des individusd’âge
connu.Nous décrirons la
technique
permettant d’obtenir des abeilles naissantes engrand
nombre eten parfaite condition.
Recherche dte couî,ain naissant
Le couvain doit être
prélevé
très mûr, c’est-à-dire sur lepoint
d’éclore, cequi
se reconnaît faci- lement à ce que les opercules des cellules fondent et s’amincissent. A ce moment, on vérifie ledegré
de maturité en
désoperculant
au hasardquelques
cellules à l’aide depinces souples.
Le cadre estbon à
prendre lorsque
la tête et les antennes de l’ouvrièreapparaissent
noirâtres et s’animent de mouvementscaractéristiques.
Les cadres de couvainoperculé, transportés
trop tôt à l’étuve, nesont pas dans des conditions
optimales
dedéveloppement
et ils éclosentplus
tardivement. Les ouvrières de ces cadresparaissent
aussi moinsvigoureuses
et vivent moins longtemps encagées. Lescadres de couvain, une fois choisis, sont alors
transportés
du rucherjusqu’au
laboratoire dans des boîtes à deux cadres, munies de couvercle, construites en isorel dur, de 33cm de hauteur, 45cm delongueur
et 8 cm de largeur intérieure,préalablement
maintenues à35 °C,
car il est trèsimportant
de ne pas refroidir le couvain au cours du transport. lne fois au laboratoire, les cadres de couvain
sont immédiatement entreposés
dans
une étuve à 33°C.Réparlitioii
des éclosionsLes abeilles naissantes sont encagées par
petits
groupes, toutes lesvingt-quatre
heures. A. Nlnu- Rizio( 1954 ) opère
de la même façon. DE Gxoo’r (r9g3) les encage au fur et à mesure des naissances,c’est-à-dire toutes les huit heures : mais il pense
qu’il
eût étépréférable
derépartir également
par cagettes les abeilles dechaque période
d’éclosion. Nous avons choisi unepériode
d’éclosion de 24heures. De cette façon les individus plus nombreux serépartissent plus
facilement et d’une ma-nière
plus
homogène dans les cagettes. On a ainsiplus
de chance de réduire les variations dues auhasard. Les abeilles sont saisies à l’aide de
pinces souples
et introduites directement dans les cagettes, par groupes de cent abeilles. Dans la mesure dupossible,
nous avonstoujours
utilisé des abeilles de début et de milieu d’éclosion, jamais de fin d’éclosion, parce que ces dernières sont engénéral plus fragiles, quelques-unes
mêmepetites
et malformées.Les cagettes, une fois
peuplées,
sont maintenues dans une étuve à 3o°C. _1 des températures supérieures, on observe une agitation intense et uneaugmentation
de la mortalité.1
Description
des cagettesd’élevage
La cagette expérimentale décrite par J. PAIN (1966) a été conçue pour l’élevage des abeilles
en milieu confiné. Elle a été entièrement réalisée par l’atelier de la Station de Recherches sur l’Abeille et les Insectes sociaux.
Ce nouveau modèle
s’inspire
de celui de la Station de Liebefeld en Suisse, mais les dimensionsen sont très différentes ainsi que la matière
employée
pour sa construction. La formegénérale
estun
parallélépipède
rectangle de I cm de haut sur 9,5cm de large et 7,5cm deprofondeur.
L’altuglas
(polyméthacrylate deinéthyle)
est employé pour la fabrication de ces cagettes. Le socle et les deuxpetits
côtés sont blanc opaque. Par contre, les deuxgrands
côtés sont transparents,ce
qui
leur permet de faire office de vitres. Le dessus,qui
forme toit, déborde de 3mm environ surles
petits
côtés. Il est formé de deuxparties :
un entourage enaltuglas
blanc opaqueajouré
aucentre sur une surface de 7 X 5 cm et sur
lequel
repose un couvercle transparent de 8,5 X 5,8 cmmaintenu par les deux côtés transparents. Ceux-ci, de dimensions i X 8,8 cm, sont percés d’orifices
d’aération de 3,5 mm de diamètre
disposés
entriangle.
Ils peuvent être retirés facilement car ilsglissent
dans des rainurespratiquées
dans lesplaques
des deuxpetits
côtés ainsi que dans deux entailles dansl’entourage
blanc opaque du toit.Le couvercle transparent du toit peut être
garni
d’un support en cire : feuillegaufrée
ou mor-ceau de rayon. Les ouvrières se groupent
plus
facilement sur la cire(S END I. ER ,
r9.Io) que sur n’im- porte quel autre support.Il
possède
un orifice de r,4on de diamètre danslequel
onglisse
un abreuvoir en pyrex d’unecapacité
de 4 ml. Cet abreuvoir est percé a l’une de ses extrémités par un bouchon deliège.
Il estrempli
d’eau pure.I,’importance
de l’eau, distribuée enquantité
suffisante, a été démontrée par WooDROw(igçi)
et A. 3IAiiRIzIo (I946). Lalongévité
des abeilles maintenues encaptivité
augmente de huit fois, si, à côté du miel ou du candi, on leur fournit de l’eau.Les
plaques
formant lespetits
côtés sontperforées,
comme lesparois
transparentes, d’orifices d’aération de mêmes dimensions mais disposés entriangle.
Sur l’un de cespetits
côtés, deuxperfo-
rations de 2 cm de diamètre ont été ménagées afin de recevoir deux
mangeoires
contenant l’une lanourriture sucrée
(candi),
l’autre la nourriture azotée(pollen).
Sur le socle de la cagette de dimen- sions 10,5 X 5,7 cm, ondispose
intérieurement une plaque mobile transparente de X 8,3 cm surlaquelle
a été creusée, sur la plus grande longueur, une rainure danslaquelle
vient s’emboîter et sebloquer
l’une desparois
transparentes fonctionnant comme vitre.La nourriture est facilement administrée dans les
mangeoires
que l’on met enplace
à lafaçon
de tiroirs. Chacune d’elles peut contenir Io g de candi ou tout autre aliment pâteux ou solide.
La ventilation est suffisante. Le nettoyage est facile. On peut
changer
aisément les deuxparois
transparentes ainsi que la plaque mobile posée sur le socle. Cent abeilles peuvent y
séjourner
sansdifficulté.
Comme
l’importance
du rôle de la reine sur ledéveloppement
et le comportement des ouvrières d’abeilles est bien connu, nous avons élevé des ouvrières enprésence
de la reine dans la cagette décrite par PAIN (1966). Ces reines ont été utilisées ensuite pour l’étude de latrophallaxie
entre lesreines et les ouvrières.
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Les aliments utilisés sont le
pollen
et le candi se trouvant dans desmangeoires.
l’ollen: Le pollen est très
important
dans la vie des abeilles parcequ’il
fournit la nourriturenécessaire à la croissance et au
développement
normaux. Les abeilles naissantes ont besoin depollen
non seulement pour la
préparation
de la nourriture larvaire mais aussi pour leur croissance. IIAYDAK( 19 6 1
)
a montré que lepollen
frais permet ledéveloppement
desglandes
nourricières des abeilles(avec une efficacité de 100p.
100 ).
Le
pollen
fraisperd
de sa valeur nutritive au cours dustockage.
Ainsi, nous avons toujoursutilisé du pollen frais pour nourrir les abeilles dès leur naissance dans les cagettes
d’élevage.
PAIN(
19 6 3
)
a noté que la consommation depollen
est trèsimportante pendant
les 4-5premiers jours
dela vie des
jeunes
abeilles à l’intérieur des cages, ensuite la consommation s’abaisse pour devenir presque nulle vers le dixièmejour.
Elle a observé que inversement les consommations en sucre aug- mententprogressivement jusqu’à
ce même dixième jour.Candi:
Après
bien des recherches nous avons abandonné la nourritureliquide
d’eau sucrée ou miellée. En effet, sous cette forme les abeillesqui
sont dansl’impossibilité
de sortir pour évacuer l’excès deliquide,
segonflent rapidement ;
les excréments accumulés dans l’abdomen ne peuventêtre
rejetés
facilement, si bienqu’elles
meurent au bout de très peu de temps. Nous avonspréféré
une nourriture solide,
composée
de sucre candi. Ce candi est unmélange
desucre-glace
et de mieldans les
proportions
de 2/3de sucre pour I/3de miel. Lemélange
se fait au bain-mariejusqu’à
l’ob-tention d’une pâte
visqueuse qui
durcit par la suite à l’air sans devenir friable. Il est trèsimportant
d’éviter la caramélisation ; car un candi trop chauffé devient
toxique
pour l’Abeille.T empératul’e
La
température
du milieu a une influenceimportante
sur lalongévité
des abeillesencagées.
Bien qu’unetempérature
de 34°C soit maintenue sur le couvain dans la colonie d’Abeilles, unetempéra-
ture inférieure favorise la
longévité
(KELLER-KITZINGER, 1935 ; i MAURIZIO, 1946). Ce dernier auteur étudiant la longévité à 20, 30et 37°C a obtenu unoptimum
à 3o°C. En conséquence nous avonsréglé
la
température
de l’étuve à30 0 C. Cependant
les rayons à couvain avec les abeilles naissantes ont ététoujours
conservés à33 -3g°C.
Cagettes
expérimentales
Pour les besoin des
expériences,
nous avons utilisé des cagettes de type « Liebefeld x. Elles me-surent I7cm de hauteur, 14,5cm de
long
et 4cm delarge.
Elles secomposent d’un
socle et d’un cou-vercle en
bois,
réunis l’un à l’autre par deuxrectangles
de bois munis de rainures danslesquelles
peuvent
glisser
deux vitres latérales, de dimensions i3sur I8 cm.Les abeilles sont introduites par l’un des orifices ménagés à la base du rectangle de bois. Par
l’autre
orifice,
nous introduisons un abreuvoir en verre de 12 mm de diamètre, coudé à 90°,perforé
à une extrémité et fermé à l’autre par un bouchon de