FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DEBORDEAUX
ANNÉK 1896-1897 5§
D E
ET PRINCIPALEMENT
DESON TRAITEMENT
OOO ^
f
*-
THES M POUR LE DOCTORAT EN MBMCINE £
présentée et soutenue publiquement le 27 Janvier 1897
par
Michel-Vincent LAHONDA
Né à Lescun (Basses-Pyrénées), le 22 janvier1869.
MM. ARNOZAN professeur.... Président.
PIÉCHAUD professe BINAUD agrégé.
BRAQUEHAYE agrégé.
, , . \ PIECHAUD professeur.... ) ExaminateursdelaThese:
blnaud agrégé
'
Juges.La Candidatrépandra aux que3tion3 qui lui serontfaites sur le3
diverses partiesde l'Enseignement médical.
BORDEAUX
I M P K1M li KI li DU MIDI — PAUL CASSIGNOL 91 — rue: porte-dijeaux — 91
1897
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M.,PITRES
Doyen.
PROFESSEURS MM. MIGE.
AZAM Professeurs honoraires.
Clinique externe.
Pathologie et théra¬
peutique
générales.
Thérapeutique
Médecine opératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi-
Anatomie générale et
MM. MM.
PICOT. Physiologie JOLYET.
PITRES. Hygiène LAYET.
DEMONS. Médecine légale MORACHE.
LANEbONGUE. Physique BERGONIÉ.
DUPUY. Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle ... GUILLAUD.
VERGELY. Pharmacie FIGUIER.
ARNOZAN. Matièremédicale .... de NABIAS.
MASSE. Médecine expérimen¬
FERRÉ.
tale
MOUSSOUS. Clinique ophtalmolo¬
gique BADAL.t
COYNE. Clinique des maladies
BOUCHARD. chirurgicalesdis en¬
fants P1ÉCHAUD.
VIAULT. Clinique gynécologique BOURSIER.
AGRÉGÉS Eil EXERCICE :
sectionde médecine (Pathologie interneetMédecine légale.)
MM. MESNARD. | MM.
SABRAZÈS.
CASSAET. | Le DANTEC.
AUCHÉ. |
sectionde chirurgie etaccouchements
[MM.VILLAB. | Aocouchemenls.
[MM. RIVIÈRE.
Pathologieexterne CHAMBRELENT
Anatomie,
BINAUD.
BRAQUEHAYE
j
section dessciences anatomiques et physiologiques
(MM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON.
■"( CANNIEU. | Histoirenaturelle BEILLE.
section des sciencesphysiques
Physique
MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
ChimieetToxicologie
DEN1GÈS.
|COURS COHI'LÉIIEATAIR11S :
Cliniqueinterne desenfants
MM. MOUSSOUS.
Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques' DUBREU1LH.
Clinique desmaladies desvoies
urinaires POUSSON.
Maladies dularynx, des oreillesetdu nez
MOURE.
Maladiesmentales REGIS. ,
Pathologieexterne
DENUCE.
Accouchements
RIVIÈRE.
Chimie
DEN1GÈS
Le Secrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les
Thesesquiluisontprésentées doivent être considéréescomme propres à leurs auteurs, et qu'elle n'entend leurdonner niapprobation ni
improbation.
A LA MÉMOIRE DE MA MÈRE
A MES PARENTS
A MES AMIS
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR ARNOZAN
PROFESSEUR DE THÉRAPEUTIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
MÉDECIN DES HOPITAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Nous remercions M. le professeur Arnozan d'avoir bien voulu accepter la présidence de notre Thèse. Qu'il nous soit permis d'adresser à tous nos maitres de la Faculté et des hôpitaux de Bordeaux, et particulièrement à M. le profes¬
seurPiéchaud, M. le professeur agrégé Cassaët, l'expression
de notre vive gratitude pour leurs intéressantes cliniques et leurs savantes leçons que nous avons toujours suiviesavec assiduité et qui nous ont tant profité pour notre instruction médicale.
INTRODUCTION
En prenant pour sujet de notre thèse « de l'ostéomalacie chez la femme et principalement de son traitement» nous nous sommesproposé, non pas d'écrire un véritable chapi¬
tre de
thérapeutique,
mais de passer en revue les différents moyens médicaux,ou lesinterventionschirurgicalesvariées quel'on peut employerou mettre en œuvre pour assurerla guérison ou tout au moins l'amélioration de cette grave affection dusystème osseux.Le traitement médical reste en effet quelquefois impuis¬
sant, et l'on serait désarmé si la chirurgie, toujours en
quête d'agrandir son domaine, ne nous offrait la ressource de ses interventions hardies, couronnées, dansle casactuel, desuccès bien encourageants.
On nous permettra au préalable de rappeler très briève¬
ment du reste les caractères de l'affection et les diverses opinions émises sur sapathogénie si discutée, opinions qui n'en contribuent pas moins à diriger selon le cas le traite¬
ment dans tel sens plutôtquedans tel autre.
Disons en terminant que nous avons voulu dans ce
modeste travail présenter une vue d'ensemble sur cette
question thérapeutique qui, à notre
connaissance,
n'a pas faiten France l'objet d'uneétude détaillée.CHAPITRE PREMIER
Etiologie. Symptomatologie. Pathogénie.
L'ostéomalacie revêt trois formes : l'ostéomalacie fémi¬
nine; l'ostéomalacie sénile; l'ostéomalacie infantile, ces deux dernières formes pouvant atteindre des individus de l'un ou de l'autre sexe.
Mais les déterminations osseuses de la maladiesont loca¬
lisées au début dans chacune de ces formes, plus particu¬
lièrement à telle ou telle partie du squelette, rachisou thorax chez l'homme, bassin chez la femme.
Il n'entre pas dans notre sujet d'étudier l'ostéomalacie sénile et l'ostéomalacie infantile ; néanmoins, les considéra¬
tions étiologiques,
pathogéniques
etcliniques
ne diffèrent pas du tout au tout que pour chacune de ces modalités mor¬bides soit indépendante desa voisineet sans attaches avec elle.
On désigne sous lenom
d'ostéomalacie,
mot créé au xvme siècle par Duncan, le ramollissement généralisé du tissuosseux donnant lieu chez l'homme et chez la femme à des déformations curieuses.
Confondue avecle rachitisme pendant
longtemps,
on sait aujourd'hui qu'elleen est absolument distincte :1°Parce que, à la différence avec le rachitisme, c'est une maladie de l'adulte et de l'âge avancé, la première et la deuxièmeenfance restant indemnes.
2° Parce que par la décalcification des osdéjà formés elle
entraîneleur
destruction, alors que le rachitisme met obs¬
tacle à la formation
même des os chez les tout jeunes
sujets.
Etiologie.
—C'est une affection de l'âge adulte survenant
entre vingt-vinq
et quarante ans, mais s observant aussi
chez les
vieillards et chez l'enfant (Relin, E. Vincent, Bury,
DaviesColley,
Péron et Meslav). Si elle est fréquente dans
certains pays
tels
quela Lombardie, plusieurs cantons de la
Suisse
(Genève, Bâle), les provinces rhénanes, l'Angleterre,
on l'observe plus
rarement
enFrance.
On a impliqué comme
facteurs importants, les mauvaises
conditions
hygiéniques, l'alimentation défectueuse (farines
de maïsavariées4) l'usage
de boissons contenant peu d'élé¬
ments calcaires, le
froid et surtout l'humidité. Le docteur
Seutin
(de Sotteghem)
asignalé un grand nombre de cas
parmi les lessiveuses d'un lavoir public.
Mais c'est surtoutle sexe
féminin qui paye à l'affection un
large
tribut et cela dans le rapport de 5 à 1. L'ostéomalacie
musculaire, sans
être
rare,s'observe dans descas infiniment
moins
fréquents. Stein montra en 1783 que la grossesse est
unagent
puissant d'ostéomalacie et si l'ostéomalacie a pu
débuterchezdes
nullipares(Schlesinger, Hofmeier, Preindls-
berger,
etc.)
onconstate que les trois quarts des femmes
ostéomalaciques
ont
eu unegrossesse et que chez la moitié
d'entre ellesla maladiea
débuté pendant la grossesse.
L'allaitement,sans
avoir la même importance, mérite d'être
pris en
considération
;l'exagération des règles, des métror-
rhagies
abondantes susciteraient l'éclosion de cette affection,
et sans alleravec Henning
(in thèse de Hœrner, Munich 1886)
jusqu'à décrire
uneforme cataméniale, on peut relever dans
beaucoup
d'observations l'existence d'hémorrhagies utérines
abondantes etdébilitantes.
La
gestation
a uneaction indéniable, ce qui n'est pas
étrangevuque
l'organisme maternel doit faire les frais du
(p Beitragziïr
.'Etiologie der Ostéomalacie, Gallia 1890.
développement et de la nutrition du fœtus. Des grossesses successives aggravent donc l'affection et ce fait a été noté souvent.
D'après
Litzmann la forme puerpérale de l'ostéomalacie donne une mortalité moindre 80 %, que la forme non puer¬pérale84, 7 %.
Symptômes.
—Le début de la maladie est insidieux. La patiente se plaint de douleurs dans les jambes, les cuisses, douleurs tantôt sourdes, rhumatoïdes, tantôt vives, névral¬giques, s'exacerbant par la palpation, les mouvements brus¬
ques etmême la chaleur du lit. Les tégumentssont hyperes- tliésiés, les réflexes augmentés (Trousseau); les masses musculaires disparaissent, s'atrophient, offrent l'aspectde cordes fibreuses reliant entre eux les divers segments de membres. Latzko a noté récemment la contracture des adducteurs et la paralysie des iléo-psoas.
Les os sont devenus d'une mollesseextrême, extrêmement douloureux. Il semble qu'on les a pétri en une substance molle, malléable, élastique comme le caoutchouc. En un mot on peutleur donner les inflexions du jonc.
Les déformations osseuses prédominent dans les os du bassin, fait mis en lumière au commencement du xixe siè¬
cle
(1829)
parKilian. Elles
sont accrues par la marche, la station debout et môme parl'attitude assise. Zweifel a décrit la marche enprogression horizontale
desostéomalaciques,
due au rapprochement
des têtes fémorales.
Le bassin est modifié dans sa forme, et voici la description qu'en donne M. Guéniot{Bull, de VAc. de Méd., sept. 1889)
: «Parsa forme généraleil rappelle
assezbien le chapeau tricorne
en usageau xviii0 siècle. Les gouttières verticales, comprises d'une partentre
les deux pubis coudés
enarrière,
etd'autre
part entre le sacrum et les os iliaques incurvés sur eux-mêmes, sontà la fois très resserrées et très profondes. Il en est de même de la gouttièrehorizontale
formée par l'inflexion dusacrum sur sa face antérieure. Les ailes iliaques sont incur¬
vées en cornet d'oubli. En outre, fait très
important,
si l'onexerce des
pressions
oudes tractions sur les différentes
régions
de
cebassin, on constate qu'il se modifie momenta¬
némentdans sa
forme et ses dimensions pour reprendre
ensuite sa forme
et
sesdimensions premières. Sa flexibilité
est telleque
les
osdont il se compose semblent être réduits
à leur élément
organique, l'élément calcaire ayant en partie
disparu.
La colonne lombaire est elle-même malléable, mais
les disques
intervertébraux ne sont point altérés et conser¬
ventleurrésistance
normale ». En un mot, les détroits supé¬
rieur etinférieur
sont rétrécis par la saillie du promontoire
en avant et
le rapprochement des cavités cotyloïdes. On
conçoit la gène apportée ainsi au fonctionnement de la ves¬
sie etdu rectum
et l'entrave à l'accouchement.
Les membres
inférieurs
sedéforment. On a noté le genu
valgum
et souvent la coudure du fémur à angle droit.
Lesosramollis se
fracturent en plusieurs endroits (fémur),
dansles régions
diaphysaires et juxtaépiphysaires. La con¬
solidation est lente
et vicieuse.
Rarement le
rachis et la cage thoracique participent aux
déformationsdans
les
caspuerpéraux; mais chez les multi¬
pares ou en
dehors de la gestation, on peut observer une
diminution de la
taille
partassement de la colonne verté¬
brale,de
la scoliose, de la cyphose, le sternum en carène. En
général, les
osdu crâne restent indemnes. Dans le cas con¬
traire,
l'aspect de la malade est •assez caractéristique. Le
thoraxest
globuleux; la tête, enfoncée dans le cou, dans sa
portion crânienne est volumineuse, surtout au niveau du
front élargi et
surélevé, bosselé, déprimé. Les os, ramollis, se
laissentenfoncer sous
le doigt, beaucoup moins en arrière
cependant qu'en avant. Mais la mâchoire inférieure n'est
point
déformée. Les dents elles-mêmes sont ramollies, ébran¬
lées, etla
mastication est impossible.
Del'existence de ces
déformations, on peut conclure que
rarementla
respiration, la circulation, la digestion s'exécu¬
tent
normalement. En général, ces fonctions sont trou¬
blées,ce
qu'indiquent les vomissements, la diarrhée, les pal-
- 15 —
pitations, la congestion pulmonaire. Les troubles dus à la compression spinale se traduisent par de la paraplégie (Mol- lière,
Tripier,
deLyon).
Vers la fin, la menstruation est irré¬gulièreetse suspend mêmetout à fait.
L'ostéomalacie peut ainsi continuer son cours des années
durant,
mais toujours la mort survient par maladie inter¬currente, affections
pulmonaires,
néphrites, eschares dudécubitus,
etc.Signalons en terminantles troubles de l'intel¬ligence qui peuvent conduire à l'aliénation mentale.
Heussera signalé dans le sang
d'ostéomalaciques
la pré¬sence de cellules
éosinophiles nombreuses,
et nous verronsqu'ellesdiminuent considérablement après la castration.
L'examen des urines, reprisparRossier,n'a rien donné. La
proportion des phosphatesest normale, augmentée ou dimi¬
nuée. Au début leur élimination serait très active. Les ana¬
lyses de Mors, Muck,
Langendorff,
Mommsen ont montré l'existence d'acidelactique
dans lesurines;
le sang, grâce àsa présence, est lui-même moins alcalin.
Neumann
(S) (Archiv.
furGynak Berlin, 1896),
dans sesrecherches sur l'action des sels de chaux,de magnésium, de
phosphore
et de nitre chez desostéomalaciques
gravides, est arrivé auxconclusions suivantes :1° En période morbide, la chaux et l'acide
phosphorique
sont éliminés activement, alors qu'en période régressive on constate unabaissement du taux de leur éliminationpar les urines;
2° Pendant ces mêmes stades, le magnésium subit des oscillations analogues, mais plusprononcées.
Pathogénie.
— La pathogénie de l'affection reste le point le plus obscur de son histoire, et les nombreuses opinions émises sur lemécanisme du processusostéomalacique
peu¬vent segrouper sous trois chefs :
1° L'ostéomalacie est le résultat d'un trouble de la consti¬
tution des humeurs;
2° L'ostéomalacie est de nature
microbienne;
3° L'ostéomalacie est une névrose
trophique d'origine
ovarienne ;
1°
L'ostéomalacie est le résultat d'un trouble de la consti¬
tution deshumeurs.
Toutes les causes
capables de modifier la nutrition de l'os,
del'annihiler ou
de la rendre insuffisante, de la vicier par
desmutations
défectueuses, ont été invoquées comme fac¬
teurs.
L'insuffisance
de l'alimentation, sa qualité mauvaise, les
déperditions exagérées de l'organisme au cours de la gros¬
sesse, de
l'allaitement prolongé, par suite de diarrhée chro¬
nique,
etc.,
enunmot, une foule d'éléments variés prennent
place
ici. Or, il semble probable qu'ils n'interviennent qu'à
titre
d'adjuvants et
nonpas en tant que causes réellement
efficientes.
Le caractère
essentiel de la lésion étant la raréfaction du
tissu osseux
solide,
pardisparition des éléments calcaires
de ce tissu, on
attribua à la présence d'un acide en excès la
dissolution des
sels calciques. Navier (1755), Renard (1804),
mirent en cause
l'acide phosphorique ; Rindfleisch, l'acide
carboniqueen
excès dans le sang veineux. Dans ce dernier
cas, on
devrait observer dans les urines un excès de carbo¬
nates, fait
qui est loin d'être constant, même si l'on accepte
les analyses
favorables de Litzmann. L'ostéomalacie serait
alors, tout comme
le rachitisme, une véritable asphyxie du
tissu osseux
(Wacshmuth, Iahrbuch fur Kinderheilkund,
1894).
Noussavons
aussi qu'on a constaté dans les urines d'os-
téomalaciques
la présence d'acide lactique. Les os en con¬
tiendraient et
lui devraient une réaction nettement acide
(Schmidt, Weber, Lehmann, Goblet).
Résultat d'un
fonctionnement irrégulier du tube digestif,
l'ostéomalacie
devient alors, conformément à la théorie de
M. Bouchard,une
dyscrasie acide, elle est le fait d'un trouble
nutritif
général. Toute manifestation de cette dyscrasie
pourra
donner lieu à l'ostéomalacie, et c'est ainsi que la dila¬
tation de l'estomac,
d'après M. Comby, la produit sûrement,
par
formation exagérée d'acide lactique dans le tube di¬
gestif.
Heitzmann
(1872-73)
a cherché à produire expérimentale-mentles lésions
ostéoinalaciques.
En ajoutant de l'acide lac¬tique à la nourriture d'animaux carnivores et
herbivores,
il observa des lésions osseuses nettementostéomalaciques,
d'emblée chez les
herbivores, rachitiques
d'abord puis ostéo¬malaciques
chez les carnivores. Mais, àl'exception
de Ra-jinsky,
tous ceux qui ont repris cesexpériences, Toussaint, Tripier,
Iieiss, sont arrivés à des résultats négatifs, et l'on peut direque la théorie del'empoisonnement
par l'acide lac¬tique dans 1ostéomalacie ne repose pas sur des bases plus solides que celles sur
lesquelles
on a voulu édifier une pa¬thogénie du rachitisme.
2° L'ostéomalacie est de naturemicrobienne.
Dans cesderniers temps, quelques auteurs ontvoulu faire intervenir dans la production de
l'ostéomalacie,
un élément infectieux. Cette idée, probablement empruntée à la méde¬cine
vétérinaire,
qui décrit, dansl'espèce bovine,
une affec¬tion du système osseux sévissant sous forme
d'épizooties
meurtrières, est due à Zuern (inHœrner,
Th. de Munich,1886).
Cet auteur croit avoir trouvé desmicrocoques
dans la moelle osseuse, tandis queHenriing
signale des spores.Furstenbergeret Birch-Hirsclifeld contrôlèrent ces faits.
Petrone, de Bologne (il
microorganismo
délia nutriflca- zione el'osteomalacia, Riforma Medica, 1892),
attribue aubacillede la fermentation
nitrique
deWinogradski,
le rôle dedépouiller l'os de seséléments minéraux par l'acide ni- treuxqu'il produit. L'ayant isolé, il a reproduit la maladie par inoculation, ce que Lohlein conteste absolument. On constate,aureste, la présenced'acide nitreux dans les urinesau cours d'autres maladies.
Quoique l'origine microbiennede l'ostéomalacie soit loin d'être prouvée, on peut admettre cependant que des mala¬
dies, surtout
infectieuses,
aiguës ouchroniques,
peuvent l'engendrer, et que la syphilis, latuberculose,
peuvent créer de toutespièces une ostéomalacie demême nature. Cette opi¬nion de Hanot (Traité de médecine de
Brouardel,
t. TII) Lakondasemble presque
trouver une confirmation dans les travaux
de MM. Gharrin
et Gley (Soc. de Biologie, 1896) sur le rachi¬
tisme
expérimental. Il n'est pas impossible que de même
qu'on
peut produire expérimentalement le rachitisme par
l'action des
toxines tuberculeuse, diphtéritique, pyocya-
nique,
etc..., certaines maladies autres, mais dont nous
ignorons
actuellement l'agent mibrobien (syphilis, cancer),
agissent de même pour créer l'état ostéomalacique. L'ostéo-
malacie sera
véritablement de nature microbienne le jour
oùle faitsera
démontré
;jusque-là, ce n'est qu'un essai d'ex¬
plication
quel'on peut avancer, mais non point sincèrement
affirmer dans
l'état actuel de nos connaissances.
3°
L'ostéomalacie est
unenévrose trophique d'origine ova¬
rienne.
C'est à Fehling,
de Bâle (Weitere Beitrag zur Lehre von
der
Ostéomalacie. Arcli. fur Ginak, 1895) que l'on doit cette
conception
nouvelle basée sur les brillants résultats que lui
donna la
castration chez les femmes ostéomalaciques. L'os¬
téomalacie
serait la conséquence d'une hyperactivité des
ovaires,
lesquels deviendraient le point de départ des réflexes
actionnantles
nerfs vaso-dilatateurs des vaisseaux des os, y
déterminantune
hypérémie passive et consécutivement la
résorption
du tissu osseux. Cette hypothèse, que n'appuient
point, au
reste, les données anatomiques les plus récentes,
ne sauraitêtre
acceptée que provisoirement.
Nousverrons que
des histologistes (Velitz, Rossier, Chiari)
ont
signalé,
commeFehling, des lésions spéciales des ovaires
ostéomalaciques.
Peut-être expliquent-elles les troubles con¬
comitants,
à
unemodification de texture succédant des per¬
versions
fonctionnelles. Nous ne pouvons pas nous appesan¬
tirdavantage sur
la théorie de Fehling, que nous aurons
l'occasion de
retrouver
auchapitre du traitement chirur¬
gical.
Rappelons seulement, en terminant, que l'ovaire a peut-
être, à côté
de
sonrôle ovigène, celui d'agir par une sécré¬
tion interne,
analogue à celle d'autres organes, corps thy-
— 19 —
ro'ïde, capsules surrénales. C'est là
l'opinion
émise par Curatulo etTarulli(Centralblcitt
furGynak, 1895).
Cette sé¬crétion « favoriserait
l'oxydation
des substancesorganiques
qui renferment duphosphore.
L'ablationdes ovaires donne lieu à une accumulation de phosphore sous forme de phos¬phates grâce auxquels lareconstitution des osest possible. » Curatulo et Tarulli ont constaté, en effet, après la cas¬
tration chez des
chiennes,
queles sels dephosphore
dispa¬raissent en quantité considérable, et pour
longtemps,
des urines.Quelque séduisante quesoit cette idée, favorable à la cas¬
tration, elle est
inacceptable,
car elle conduit à voir dans l'existence des ovaires la cause même de l'ostéomalacie. On peutse demander alors pourquoi cette affection, qui se pré¬sentesous la forme de cas
disséminés,
n'englobe-t-elle pas tout le sexe féminin.Il estplus
logique
d'admettre quesi l'ovaire agit par une sécrétion interne le mode d'action de cette dernière nousestparfaitement inconnu.
CHAPITRE II
Traitement
de l'ostéomalacie chez la femme.
Le traitement de
l'ostéomalacie est médical ou chirurgical.
I. Traitement
médical.
—Les précautions hygiéniques se¬
ront prises en
considération. On évitera le surmenage, le
froid, l'humidité, les
vices de l'alimentation.
On a conseillé les
frictions, les bains de mer (Pelezar) ou
de rivière. En 1894,
Welitz
a vutrois cas d'ostéomalacie puer¬
pérale
graveguérir par une cure à la station balnéaire de
Pestgam
(eau sulfureuse à l'intérieur, bains sulfureux).
L'électricitéa été
également essayée sous forme de bains
hydro-électriques (Marocco-Verhandt, Des X Intern. Kon-
gress
Z. Berlin, vol. III, p. 100).
Comme
médicaments antiostéomalaciques, on a vanté
l'huilede foie demorue,
les préparations calciques, le phos¬
phore et ses
composés. Trousseau (Clin. Mécl. de l'Hôtel-
Dieu,vol. III) a
obtenu avec l'huile de bons résultats. L'amé¬
lioration est rapide
et
semanifeste par la disparition des
douleurs aubout d'une ou
deux semaines environ. Selon
toute vraisemblance,
elle agit en favorisant l'assimilation
des
phosphates apportés par les aliments à l'organisme. Ici,
commedans le
rachitisme, elle agit à titre de stimulant delà
nutrition,mais
peut-être moins sûrement.
Les
préparations phosphatées calciques, phosphate de
chaux enpoudre,
chlorhydro et lactophosphate de chaux en
solution ou en sirop
et surtout les glycérophosphates (chaux,
soude,
magnésie)
serontemployées,
ces dernières surtout étant très assimilables.Lépine
recommandel'emploi
du phosphore de zinc à la dose deun à trois milligrammes parjour.Steimberg
(Zeitsch. fur
klin. Med.,1893)
s'est fait le pro¬moteur du traitement del'ostéomalacie par le phosphore en solution dans l'huile.
L'influence du
phosphore
surle-système
osseux a été étu¬diée par G. Weyner et parKassowitz (de
Vienne).
D'après Steimberg,il est le remède radical, direct,lorsqu'il
est patiem¬ment administré. Asa suite, d'autres
observateurs,
Latzko, Singer, Herr(Semaine
Médicale, 1896), Fischer(Prager
Med.Woch., 1894) ont rapporté des guérisons.
Schlesinger
(Inter.klin.
Rundschau,
1893) cite deux guérisons chez des nulli- pares.Mais il faut donner le phosphore graduellement à la dose journalière de
1/2
à 3 milligrammes, de façon à éviter l'in¬toxication et les lésions de l'estomacet du foie. On usera, du reste, de faibles doses, car les effets du remède varient avec elles. On sait, en effet, qu'à haute dose le
phosphore
produit des phénomènes inflammatoires caractérisés par un déve¬loppement exagéré des vaisseaux et la résorption des sels calcaires de la substance osseuse, ce qui viendrait à rencon¬
tre du but que l'on se propose.
On suspendra le traitement dans les cas de grippe, d'an¬
gine, d'embarras gastrique. On s'assurera du bon état du cœur et des vaisseaux et l'on surveillera attentivement les os, car on a vu survenir, sous l'influence du traitement, des périostites
(Latzko),
surtout du maxillaire,chezlespersonnes
ayant la dentition en mauvais état.Le phosphore agit efficacement et l'on aurait aussi cons¬
tatéses bons résultats dans l'arthrite déformante.
Nous savons que Petrone attribue l'ostéomalacieau bacille de la fermentation nitrique. Le chloroforme faitperdre rapi¬
dement à cemicroorganisme savitalité. Sebasantsurla pro¬
priété du chloral, de donner naissanceen présence desliqui-
des actifs de l'organisme à ce
produit, il l'a administré dans
un cas etobtint ainsi un succès. Il
prétend même
queles
guérisons, survenuesà la suite d'oophorectomies, s'expli¬
quent par la
simple
narcosechloroformique à laquelle on
soumet lesujet.
Latzko, Chroback ont
cherché à vérifier l'opinion de Petrone
et, dans 10 cas
d'ostéomalacie, dont 3 d'origine puerpé¬
rale, les résultats furent
négatifs 9 fois, la maladie ayant
repris sa marcheplus tard.
La persistance de
la guérison tient donc à l'ablation des
organes de la
génération
et,si l'hypothèse de Petrone était
exacte, on devrait obtenir par
l'opération césarienne les
mêmes résultats que par
la castration
: cequi n'a
paslieu.
Nous concluons donc que
le traitement médical
a uneim¬
portance
réelle dans l'ostéomalacie. Le phosphore possède
une action sinon curativedu moins très réelle. Mais il ne faut pas oublierque ce
traitement médical doit faire
sou¬vent place
à
l'interventionchirurgicale. Ecoutons Steimberg
lui-même
(Cent,
furGynak,
n°8, 1894)
: «Chez les femmes
jeunesetpouvant avoir desenfants, mais présentant
unré¬
trécissement notable du bassin, il est
préférable de faire la
castration préventive, car l'opération
césarienne
seratrès
souvent nécessaire et même inévitable à une période avan¬
cée. De plus,
la castration
metà l'abri des
grossessesulté¬
rieures qui la
nécessiteraient
encore. »Il est donc certain qu'il est des cas où la
stérilisation
de lafemmes'impose, est indiquée, et c'est à l'une des trois opé¬
rationsque nous signalons
plus loin
quel'on
peutavoir
re¬cours. Fehling, le premier
(1887),
traita l'ostéomalacie parla
castration. Nous allons voir maintenant à quels résultatsses imitateurs et lui sont arrivés et comment on peut essayer
d'interpréter l'action quelquefois bienfaisante de la castra¬
tion chez les femmesostéomalaciques.
II. Traitement
chirurgical.
—Troisopérations différentes
par leurcomplexité, leur gravité et leur valeur
respective,
— 23 —
ontété proposées dans la cure de Postéomalacie féminine.
Ce sont :
1°La castration double;
2° L'amputation utéro-ovariqueou opération de Porro;
3° L'opération césarienne.
1° Fochier, de Lyon
(1879),
pensa à modifier la marche de l'ostéomalacie puerpérale par une interventionsurl'appareil
génital.Fehling pratiqua dans ce but la première castration
(Ar-
chiv.
fur Gynak,
vol. XXXIX, t, II, p. 170): « Jefis,d/t-il, il
ya trois ans et demi maintenant,la tentative dans un cas des plus graves d'ostéomalacie, chezune femme absolument in¬
capable demarcher et complètement impotente, de modifier la marche del'affection par l'ablation des ovaires. Je le dis franchement cefut une tentative, ainsi queje m'enexpliquai
très nettementauprès de la malade. »
Nous rapportons ici cette intéressante observation :
FemmeH...,trente-huit ans, de Stuttgard, est issue d'une famille saine. Elle a, de 1877 à 1883, accouché trois fois, toujours spontané¬
ment, d'enfantsvivants, qui furent allaités en moyenne durant deux
ans. Après le dernier accouchement survinrent des douleurs dans la continuité des membres inférieurs, dans lebassin, le sacrum,la colonne vertébrale. Progressivement, la marche devint de plusen plus difficile
etfinalementimpossible, desorte que la malade dutgarder le lit pen¬
dant un an. La taille diminua. Après une cure faite à Wildbad et
l'usage du phosphate de chaux, l'états'amélioraun peu. Néanmoinsla marche exigeait l'assistance d'une autre personne et toute occupation rémunératriceétait devenueimpossible. Placéepar suite de mauvaises affaires dans des conditions de milieu mauvaises, cette personne est aujourd'hui pâle, amaigrie, rapetissée. Larégion sacro-coccygienne est fortement enfoncée, lesgenouxpeuvent à peine être écartés de quatre travers de doigt. La symphyse pubienne fait fortementsaillieen avant,
sousforme d'un bec. Mensurationspelviennes: biépineux 25, bisiliaque 28,5, bitrochantérien 31, conjugué externe 18,5. Utérus petit, en
situation normale, mobile, ovaires nettement reconnaissables dans leur siège habituel et nonaugmentés devolume.
Castration le4janvier 1887. Opération typique :extirpation complète
des ovaires et destrompes. Guérison sans fièvre,après un séjour aulit
de trois semaines. Disparition lente des douleurs et récupérationgra¬
duelle de la marche. Depuis, il a été pris, à plusieurs reprises, desren¬
seignementssur cettefemme, la dernière fois durantl'automne de 1880.
Les règles n'ont plus reparu. La marche est possible, maisen raison des déformations considérablesqui existaient avant l'intervention,la femme s'aide d'unecanne. Elle fait le métier de lessiveuse, travaille toute la
journée etse plaint seulement lesoir de souffrir un peu dans la région
du sacrum.
En trois ans, Fehling reçut à sa Clinique 14 ostéomalaci- ques et en opéra 8.
Les résultats furent si brillants, que
beaucoup
de chirur¬giens ne tardèrent pas à suivre la conduite de Fehling et
pratiquèrent
la castration bilatérale; citons seulement Win- chel, Millier, Hoffa, Truzzi, Ilofmaier, Schauta, etc., si bien queKùmmer pouvait, en 1892,en rapporter 38 cas favorables(.Rev.
Méd. de la SuisseRomande).
Winkel portait ce chiffre à 41(1893)
et Orthmann, de Berlin (Soc. d'Obst. et de Gyn.,1894),
en colligeait 15 nouveaux cas, avec 12 succès et 3 échecs.Depuis, les observations ne secomptentplus et les gynéco¬
logues suisses et allemandsen ont rapporté de nombreuses.
La plus récente est celle de Thorn, de Magdebourg (Cent,
fur Gynak. 1896).
Les thèses de Illiger(Ileidelberg,
1896) etde Fertig(Wurtzbourg, 1896) en contiennent aussi de nou¬
velles
(15)
que nous n'avonspas pu malheureusement par¬courir.
Nous donnons le tableau de Kùmmer
(Rev. Méd. de
la Suisse Romande,1892).
Sesobservations se retrouvent dans la thèse de Steinhauer (Therapie bei Osteomalacie, Bonn, 1895), accompagnées de nouvelles (en tout 59 cas).OOPHORECTOMIES DOUBLES POUR QSTÉOMALACIE, D'APRÈS KUMMER
1
NUMÉROS AUTEURS
BIBLIOGRAPHIQUESOURCEAYANT L'OPÉRATION
année
de
l'opération
age
durée
de
la
maladie grossesses
débutmaladiede la lamalade peut-elle
ans ans
1 Fehling. Arch. f. Gyncek, 1890. 4 janvier1887 36 4 3 3es couches. Non
2 — » 7juillet 1887 42 2 5 5e grossesse. »
3 — » 13mars1888 k>oo 3 4 2es couches. Mal
4 P.Muller. Beitragz.Geb.u. Gyn.,1889 1888 31 4 5 3e grossesse. Non
5 Winckel. » 1888 31 2 8 2e grossesse. Non
6 Hoffa. » -1888 31 5 4 Iregrossesse. »
7 P. Millier. » 1889 35 3 5 3e grossesse. Mal
8 Fehling. Arch. f. Gyncek, 1890. 1889 43 11 10 7egrossesse. Non
9 » » 1889 51 3 1/2 6 6e grossesse. Mal
10 » » 1889 37 1 5 4e grossesse. »
11 )) » 1889 42 12 10 3e grossesse. ))
12 Schauta. Wien. Med. Woch., 1890. 1889 32 5 4 3es couches. »
13 Soppel. » 1889 36 o 6 5e grossesse. Mal
!
14 Fehling. Arch. f. Gynœk,1890. 1890 34 7 5 3ogrossesse. »15 * » 1890 39 2 7 5e grossesse. »
16 P.Muller. Inédite. 1890 29 » 6 3e grossesse. Non
17 Truzzi. Ann. cli. Osteo., 1890. 1890 26 2 2 Ires couches. Mal
18 Gelpke. Basel,1891. 1890 31 5 6 5e grossesse. »
I 19 Truzzi. Ann. cli. Ost., 1890. 1890 34 10 0 » »
20 Sikotski. C. fur Gyncek,1891. 1890 34 3 » » »
21 Hofmeier. » 1890 30 3 » » Non
22 Thorn. » 1890 32 2 3 2es couches. Mal
23 Fehling. Inédite. 1891 28 2 2 2e grossesse. Non
24 » » » 41 2 '4 ' 4es couches. »
25 » » » 37 6 5 4e grossesse. »
26 » » » 31 1/2 1 1res couches. »
27 » » » 38 6 2 2es couches. »
28 Yelitz. Zeit.f. geh.u. Gyn. 1891 41 3 5 » »
29 » » 1891 40 3 6 5e grossesse. »
30 P. Muller. Inédite. 1891 41 17 4 3e grossesse. »
31 Kummer. Inédite. 1892 39 8 7 5e grossesse. »
32 Vaucher. » » » >; » » »
33 Winkel. Arch. f. Gyn., 1890. » » » » » »
34 Crobach. » » y) » » »
35 B. Braun. C. f. Gyn., 1891. » » » » » »
36, 37 » » » )) » » » »
Fortes
Fo tes
APRES L'OPERATION
Rien
Assez Lien Assezbien Bien
Non Non
»
»
Peu
»
Non
»
»
»
))
»
Non
»
Peu
Un peu Non
»
Oui
»
»
»
Oui
»
»
Oui
»
»
Non
»
Oui
2 ans
2 ans
2 mois 9 mois 2ans
»
I an
10 mois 1 an
6 mois 3 mois 4 mois 2ans
»
3 mois 1 mois 5 mois 1 an
1 an
1 an
1 an
10 mois 6 mois
1 an
1 an
7 mois 3 mois 1 an 1 an
3 mois
REMARQUES
Ventrofixation.
Oophorectomie;ventrofixa- Jtionantérieure;colpopérinéo- plastie pour prolapsusuté¬
rincomplet;paralysie infan¬
tile ancienne; marche avccj Ibéquilles;douleurs disparues
revenant parfatigue.
— 25 -
IIe Observation de Fehling (Résumée).
FemmeB...,âgée dequarante-deux ans, VHIpare. Très longtemps
en bonnesanté. Lors de sadernière grossesse, elleressentit des douleurs violentes dans lesreins, quinecessèrentquesix jours après l'accouche¬
ment
(1885), alors
elle putmarcherseule
ens'appuyant
sur un bâton,maisles douleurs dans les reins et les hanches persistèrent. Enjanvier 1887, elle ressentitunegrande faiblesse dans les jambes et six semaines après, les douleurs étant
devenues
très fortes,elle fut obligée
des'aliter.
Lapatiente est bien amaigrie. Les douleurs siègent dans le dos,
les
reinsetles côtes, réveilléespar le mouvement et la pression. L'abduc¬
tion desjambes estimpossible etlasymphyse est en bec de corbeau. Le promontoire s'avance dans le bassin.
Diagnostic: ostéomalacie. — Les douleurs ne
s'amendant
pas,la
castrationfut décidéepour le 7juillet1887. Les suites
furent
bonnes.Au 10juillet, les douleurs disparaissent etla
malade
se remetdans
son lit.
Au 24juillet,on constateque
la plaie opératoire
estguérie. L'amé¬
lioration continue.
Le 30juillet, la maladese
lève,
et,le 30
août,elle quitte l'hôpital,
les douleurs dansle dos etles côtésontdisparu.
Le 24 novembre,on revitla malade qui marche en s'appuyant sur desbâtons, mais lesjambes sontplus
solides qu'auparavant.
Au printempsde 1888,
l'amélioration
semaintient
avecles mêmes
caractères
progressifs.
IIIe Observation de Fehling
(Résumée).
Femme de vingt-huit ans,de Bâle, de famille
saine, dont la
sœurest
atteinte de la même maladie, IVpare. Entre à l'hôpital le 21 février
1888.
Après sa deuxièmegrossesse, la malade
ressentit des douleurs dans
les reins etlesjambes. Impossibilité de marcher et de travailler. Légère améliorationun an après.
En 1882, nouvelle grossesse et nouvelles douleurs. Accouchement à
l'hôpital de Bàle. Retour chez elle. Nouvelle grossesse en 1887, dou¬
leurs dans lesjambes.
Etatprésent : état mauvais, amaigrissement. Rétrécissementen tota¬
lité du bassin. Conjugué7,5.
Castration double le 13 mars 1888. Disparition des douleurs après l'opération, la marche s'améliore nonpoint sans l'aide d'unbâton. Mas¬
sage desextrémités supérieures.
Le 7juin, la maladesort del'hôpital sans aide pour la marché et ne soutirantplus des douleursdans les reins et lesjambes.
Observation
(Thorn, de Magdebourg, Cent, fïir Gynak, 1896.)
Castration double.
Femme de trente etunans, de famille saine, jamais malade. Deux grossessesen 1893 et 1894 terminées par des accouchements spontanés.
Déjà,dès la premièregrossesse, la malade aressenti des douleurs dans lesjambes, plus tard dans les côtes et le sternum. L'amélioration, après l'accouchement,ne persiste pas au début'de la deuxièmegrossessecaries douleurset l'état général redeviennent mauvais. L'accouchement ne donne lieu à aucune amélioration, car les douleurs deviennent plus aiguës surtoutdans les extrémités. Elle suivit alors pendant deux mois le traitement phosphoré préconisé par le docteur Rudolph. Les douleurs dans les extrémités inférieuresayantfaitsonger àunemaladie nerveuse le docteur Nessman fut consulté à cesujet.
Dans sa dernièremenstruation, la maladeavait perdu beaucoup de sang,ce qui attira l'attention sur l'appareilgénital, l'utérus était aug¬
menté devolume, rétrofléchi, peumobile ;les ovaires,gros, sontprolap- sés. Lesautres organes n'avaient subi aucune modification patholo¬
gique.