V<r
:sUc
'{i
((ATv"
tr. •<5$5i LES
DEUX JALOUX,
COMÉDIE
EN UN ACTE ET EN PROSaj^MÊLEE
d'ARIETTES,
Imitée de Dufresny
,par M. ^*^
,
Musique
deMadame
***jReprésentée pour
lapremière
fois,à Paris, sur
leThéâtre de l'Opéra-Comique
,par
lesComé-
diens ordinaires de
S.M. l'Empereur,
le27 Mars 181
3.PARIS,
CHEZ BARBA
,LIBRAIRE
,PALAIS-ROYAL
,
DEuraÈ:KE le
théâtre français,
n". 5i.DE L'IMPRIMERIE DE HOCQUET.
i8i5.
PEPxSONNAGES. acteuk^
LE PRÉSIDENT M. Gavaudan.
LA PUÉSl DENTE
, saFemme
....Mad. Belmont.
LUCIE
, niècedu Président Mad. MoREAU.
DAMIS
,amoureux de Lucie
, jeuneOflkier M. Ponciiard.
THIBAUT,
Jardinierd^lPrésidcnt.
.M. Les AGE.
FANCHETTE
,Paysanne
,servantde
femme-de-chambre
àlaPrésidente..Mad. Gavaudan.
FRONTIN, valet-de-chambre du
Pré-dent M. Batiste.
La scène
sepasse dans
lechâteau du Président
,
à un quart de lieue de Rouen.
'A
LES DEUX JALOUX,
COMÉDIE
EN UN ACTE ET EN PROSE
,MÊLÉE
D'ARIETTES,
ACTE PREMIER.
Le
Théâtre représenteum
partiedu parc
y surle côté,un
pavillon,qui
est le cabinet d'étédu
Président, etdont
la porte,ens'ouvrant,laisse voirl'intérieur.Une
fenêtrepra-
ticableavec
une
jcdousie.SCENE PREMIERE.
DAMIS, FRONTIN.
»
FR O
N
TIN. •Ecoulez-moi
;monsieur
,jevousen
supplie.D
AM
IS.Non
, te dis-jejilfautme
pre'scnter à cesDames
!..•F Ro NTIN , le retenant.
Quelleéiourderie! quoi! venir en l'absence de
M.
lePre'-«ideut,
mon
maître, dontlessoupçons?..DA
M
Is.Mais ilfautbien
que
jelui parle.PIVO NTIN.
Et précisément à cause de cela, vous prenez le temsqu'il n'estpascliozlui!...jene sais quelleaiTaireimportante a
pu
le reteniràRouen,
tinin'estqu'à unquart delier.e d'ici,etTem- pècher
de venir coucher au château;lui, jaloux!...honteux de
l'être,ilest vrai , cherchant àse ledissimuler, et sur-tO' t H lecacher aux autresj mais jaloux, enun mot,
et cesmcs-
ticiirs,ordinairement, nes'éloignent guère!
D A
M
I s.Lorsqu'il saura ce qui
m'amène,
jeme
flatte qu'ilme
fer*bon
accueil.FR O NT IN.
Assurément
,il vous feraun hon
accueiljmais c'estmadame
quivousferamauvaise
mine
; elleaime
sonmari,etcetamour
luifaithairtousceuxquipeuventlui causerdel'ombrage.
CO UPLETS.
Monsieur, ce quicepasseici
K'eslpas trcs-coruniuD,&iir
mon
âmef Lesjeunesgens sontboud.'s parlafemme,Elbienaccueillisdumari;
£n
enrageant,illesmetàleuraise.Desajiailél'on est surpiis...
C'est'.t.jalou\ des pluspolis,
C'estunjaloux... àlufrançaise.
DA
M
Is.Mai* TraimentInm'yfaissonger;
Je crois à safiiieiirjalouse;
* Lorsqu'un
moment
i!quitif .-onc'pouse.Cen'estque pouraile; |Uj.tfr.
Touten JMgeant,sa\\\e impatience Let<ahitmaigre'toutsouait...
Oui.je leioutiensjaloux,car 11ue doit pasàl'audience.
Fn ONTI\.
Eh!
monsieur, crovez-tous qu'ildonne une
seule nuitdo-
rénavant, s'il huitque
voubêtesvenu
ici causer avec luipendant son ahsence?
(5)
D
AM
I s.Oncle
et tuteur de Lucie, j'ai besoin de son consente-ment
;mon
intentionestîleleluidemander
à son arrive'e, et jevais Tattendrechezcesdames.Fn o NTIN j leretenant.
Chez
cesdames
?vous n'ypensez pas,monsieur. D'abord vous avezun
oncle aussi, son consentement vous est néces-saire...
DA
M
is.Puis-jeendouter... J'allondssa leilred'un
moment
àl'autre etj'aidonné
l'ordre qu'elleme
soitapportée ici.F u o NTIN.
Ecoutez,je
veux
bien m'intéresscr à votreamour pour ma-
demoiselle Lucie, mais s'il est vraique
vousl'aimiez sans partagej car cette déclaration dont vous vous êtes Aviséau
bal....
D A
M
IS.Elles'adressaità Lucie.
F no NT IN.
Elleaétéfaite àla Présidente.
D Â
M
Is.C'était
une
méprise,FR o
N
TIN.Et en présence de
M.
le Président!D A
M
Is.Que
veux-tujcesdames
habilléesetmasquées
exactement de même...Fn o NTIN.
Oui
,maiscette différence detaille...D
A1(1I s.Deux femmes
assisesdansun
bosquetàpeine éclairé....Au
reste
M.
le Président tournalachose en plaisanterie, et lors- qu'ilsedémasqua brusquement
avecsafemme,
ilvitbien qiiema
surprise ne provenaitque du quiproquo que
j'avaisfait.
(6)
F n o NTIN
,gravement.
Vous
avezbeau
dire,Monsieur, ladéclarationa étéfaiteà la FfL-sidonie.DA
M
Is.Tu
m'impatientes!Fr>o N TI N.
Eh
! monsieur, vous neconnaissez pas ce diabled'homme,
et
combien
ilest ingénieuxà setourmenter ! jeveux
êtreun
coquin, sil ne se persuadeque
vous nefeignez de voidoir épouser lapetite nièce,
que pour
vous rapprocher de la jolie tante: d'im autre côté,l'héritageinattenduque
vient defaire mademoiselle Lucie, pciu leporter àcroire
que
l'intérêt etlaconvenanceseuls vous engagent àlépouser.
DA
M
Is.Tu me
faissonger à des obtaclesque
j'étaislom
de pré- voir.Fno NT I N.
Des
obstacles,Monsieur?
envoici unque
je regardecomme
presquinvinci!>le, avecsespréventions contre vous :il promit à sonfrère,
mourant
,denejaiiiais seséparerde safille5 or,
en vous donnant la
main
desa nièce, ii vojs fixeauprès desafemmej
lui, jalouxde sonombre
! jaloux,minutieux, quitUunmot;d\m
regard,dun
sourire, se créeun
fanlume qu'un soufflepourrait renverser etauquel ildonne un
corps si so- lide,quil n"aplusni la force,ni lecourage dele coml^attre.DAMIS.
Ne
pourrions-nous nous trouver quelques moyens...FP.
ON
TIN.D'abord,
pour
vousservir etbeaucoup
par goût,jecherche àme
faireaimer d'une certaine Fanchette, petitepaysanne
fortjolieet très-naïve,
que
monsieuraplacée auprès dema- dame
^ et qui luinipporie exactement toutes ses actions.DAMIS.
Il faut la séiluire.
Fn
o NTIN.Cest ce
que
je fais, monsieur.(
7)
D
\MIS.
C'c&t probablement ccticjeune fiUc qiic j'ai rencontrée en entrantau château?
F
no NT
IN.Elle était orpheline, et fui élevéeparla
mère dcThibaud,
le jardinier de la maisonetl'espion en chef de
M.
le prési- dent. Ilen estamoureux
, etsi son maîtreesthonteux
desa jalousie, lui est jaloux déclaré et àdécouvert.DAM
Is.Il faut le mettre dans nos intérêts.
FU ONTIN.
Impossible, monsieur, et tout bien considéré, il n'y » ici
que moi
à séduire.DAMI
s.Tu
estout séduit, toi.FRO NTIN.
Moi
,monsieur, je ne vois pas cela?DAMI
s.T
u plaisantes?FIVONTI
N.Non,
je suisdifficile endiable à séduire, et ily
a desmo- mens
où, debonne
foi, jeme
crois incorruptible.DAMis,
lui remettantune
lettre sous laquelleila placé
sa bourse.Allons
,paramitié
pour moi
, tu voudras bien te charger de cettelettreque
j'avais préparéepour
Lucie, et saisirune
occasion favorablepour
la lui remettre.FnoNTIN, mettantla bourse
dans
sapoche
et affectant laplus vive émotion.Par amitié!...
Ah!
monsieur, ceque
toutTordu monde
n'aurait
pu
faire,un mot
devousvientdel'opérer. D'abord jeme
charge de cette lotirc; quantà vous, monsieur, vite à l'auberge
où
vous avezlaissé vosgens, et aussitôt après le retourdu
Président, revenezbruyamment
dans votre équi- pagej aiiaquez-levivement, jevous seconderai de toutmou
pouvoir, et ilfaudra
que
samanie
soit incurable, si nousne
parvenonsàlui persuaderque
vous adorezsanièce,que vous n'aimezpassafemme
etqu
il estplusheureux
qu'ilne mé-
rite?
DA
M
Is, sortant.Je
compte
surtoi etmabandonne
à tes conseils.SCENE IL
F R N T
IN
, seulenexaminant
la bourse.C'est
im homme
avec lequel jesuis bien aise d'entretenir desliaisonsamicales... Je veuxleservir etmadame
elle-même doit entrer dans nosprojetsjillui convient deprouver à son marique
sa nièce seule est aimée... et si je neme trompe,
cette jalousie dissimulée qui, sous mille formes dilTérenies,
lapersécute sans cesse,
commence
à lasser sa résignation...elle songe à corrigerson mari... elle a besoinde
moi,
oui, forçonssaconfiance,enlui parlant decette lettrej elleaime
sanièce et ne peutluinuire! nécessaire à
madame,
indispen- sable àDamis
, utile à monsieur,ma
fortuneestfaite.Ah
!voici Fanchcttc.
SCENE III. ^
FRONTIN, FANCHETTE.
F
AN CH ET
TE.Monsieur
Frontin, voilà monsieur venu.FUONTIN.
M.
le Président estarrive! mais je n'ai point entendu son carosse.FA
\C
IIETTE.Ilalaissésa voiture à laferme
où
il est descendu. Je l'aivu,
moi,
qui venait, sans qu'onle vit,par les fossésdansle château, etpuispar les petitesportesavec ses clefs, et ilest(9)
rtionté tout
doucement,
toutdoncomont,
à celle fin, m'a-l-il dit , de surprendre
madame
agréablement, parce qu'il Taime bien.F
no
NT IN.Et
où
est-il à présent?FANCHETTE.
Ilest chez
madame,
et avecmadame,
etmadame
est aveclui, et ils sont tous
deux Fun
avec l'autre^ et je m'en suisvenue
être aussi toute seuleavec vous.FH
ONT IN.Seule avec
moi
!oh
!que
je voudrais bienque
ce futcomme
monsieur etmadame
, carje vous aime detoutemon ame
!FANCHETTE.
Jel'aideviné hier
quand
vous m'avez pris lamain*
vous m'avez parléavec desyeux
!... et puisvous mêliez avec vos paroles,du
soupir, depetits tiêmbîeméns...c'étaitjolicalFF.
ONT
IN.Et cela deviendra plus joli encore loreque
Damis
aura faitnotre fortune, et m'aura mis en état de vous épouserj
pour
cela, ilfautque
vousfassiezpour
lui toutceque
je voua dirai de faire.FANCHETTE.
Comment
arranf^troù? jene faisjamais,moi
,
que
ce que, Thibautme
dit.Fr.O NTîN.
II faut pourtant
que
vousm'ài^îira dansmes
projets, sans cela je necroirai pasque
vousm'aimez mieux aue
Thijjaut.FAN OMETTE.
Eh
mais! mieux... mieux... je nepeux
pas vous direçàl.^je l'aimed'une façon, tt je vous aime d'une autre, cà n'est pas de
même
enfin.FRONT
IN.Expliquez-moi
donc
la différence?Les
DeiiV Jaloux. a(
»o)
F
ANCHETTE.
La
dilïeronce?dame
l'y a déjàque
je l'aime d'accoulu-mance, peu
à peu, depuisque
jetais petite... etvous, çàe»tvenu
plus vite... et eà est eucore plus fort.DUO.
FRO
NTrN.Parlez, parlez,petite amie.
Expliquez-vousplus clairement?
FANCHETTB.
Moi,deparlerj'aibonneenvie.
Oui, maisjenesaistropcomnient!
FRONTI
N.Dites quelleestladiETe'rcnce
Quevotrecœurfaitentre nous?
FANCHETTE.
Attendez,ilfautquej'ypense;
C'estdifficile,voyez-vous!
FRO
M TIN.Parlez, parlez,petiteamie.
Expliquez-vousplusclairetnent.
FA
NCHE
TTE.Moi^ Je parlerj'aibonneenvie
,
Oui, maïsjenesaistropcomment.. .
Quanddesbellesfleiirsdupai terre, Thibautvientm'oBVirun bouquet,
F
RON
T1N".Vousl'acceptez?
FANC UETTE.
Maisjeprcl'èi*
Devotremainunsimplea:illct,
Etpuis..
.
FR ONTIN.
Etpuis?
FANCHETTr.
Quand ils'avauc*
Four
me
faireun beaucorapliniual...FRO MTIN.
VuHll'«i«outez ?
rRO NTIN.
Vous
m'enchantez,petiteamie, Devouscliélir je faisserment.T
AN
CHETTB.
Oui, maisjepense Vousenentendredireautant..
.
FR
o MTIN.Vousm'enrliantez,petiteamie; ^
'
Devousclie'rirjefaisserment.
FANCHETTE.
Hëlas! monsieur,j'aibonneenvie Devousenjurertout autant!
QuantTliibaul vient,loinde l'attendre Jefaisdeuxpaspour
me
cacher, Etlorsquejecroisvousentendre, J'en faisquatre pour vouscherclier.FANCHETTE.
Hélas!monsieur,j'aibonneenvie Devousenjurertout autant.
r
RO
N TIN.Pleurez,Marton,pleurez, Lisette!
Envain vousferezlacoquette, Envain vous viendrez tour-à-tour Soupireretgémird'amour...
Bosessijeunesetsibelles, Votre heureux primerasestpassé,
Pour vousZtpbiren'aplusd'ailes,
Laviolettel'a fixé!
FANCHETTE.
AIonsieur,ilfautqu'on
me
réponde.CesLisettes-là
me
fontpeur!FR ONTI
N.Cesont desdames dugrand
monde
,Quiveulentvousravir
mon
cœur.Deladouleurl'uneeropiuntantlescharmes>
Avecdes pleurs m'attacpieia, Etdudépitl'autre employantlesarmes
,
Jusquesausang
me
pincera; Etmoi,méprisantleurconquête, Jeleur dirai:voilàFanchette!Regaidez-Ia!
(12
) TAKCIIE TTE.Jenecoruprendsv/en à celal
TR
ONTIN.Kcgardez-la!
PANCHETTE.
}c necompieudgrien à ceja!
FR
ONT
IN.Vousm'eachanlcz, petiteamie, DevouscLe'iir, jp faisserinent.
F
AN
CHE
TTE.Malgrémoijecèdeà l'envie
Devousenjurertoui autant!
Fr,O
M
IX.Oui
j je vous aime,ma
clièrcFanchctie, et sivous voulea m'é.cpmcr ci servir avecmoi
Damis...FAN OMETTE.
Ce
beaumonsieur
qui estvenu
ce malin au château?Thibaut
ne veut pasque
je hiiparle...FF.
ON
TIN.Je
me
charge,moi,
de hii parlerpour
vous. D'abord il fautque
voi-sme
promettiez de ne rapporter àmonsieur
le président,
que
ceque
jevous permettrez de lui dire.FA NCH ET
TE.Eh
bien, je vous
promets
çàj maiscomme
il n'a pas été ici tout hier,me
baillez-vouslalicence de li dire ceque
je vous ai dit quemadame
avaitfait?F R
o
NTlN.Oh!
cela, j<«YPM$Jfpcrmetsj il n"y a rien quisoit de con- séquence...Mais j'aperçoisM.
lePrésidentet sachère épouse, qui viennent de cecoté...FA NCH
F,TTE.
Il rit! c'est qu'il.estfâché... il a
queuque
sujetde jalousie...il va quereller
madame^
c'est siir!FiiOlVTlN.
Il riiî c'estsa inuniùrc d'avoirde l'humeur.
( 10 )
FANCHETTE.
C'est drôle çàI
Fn o NTIN,
a
part.Courons
chercherDamis... (haut. )Adieu ma
petitereine.( Il sort. )
SCENE IV.
FANCHETTE,
seule.Ma
petite reine! c'est joli, eà...Ce
n'estpasune
sottise...c'est
hcn
phis j^raciouxque trompeuse,
perfide , cruelle?comme
m'appelle Thibaut...ma
petite reine!... je gageque
çaveut dire
que
je suis jolie.!SCÈNE y.
LE PRESIDENT, LA PRESIDENTE, FANCIÎETTE.
LE rnÉsiDENT,
riaiitd'unrireforcé.Ah!
ah ! ah!jevousdemande
pardon,Madame
,laissez-moi rire de vosquestions...ah!ah! ah!...LA PRÉSIDENTE, «
Fanchctle.Retirez-vous.
F
AXCHETT
Y.,faisciiitla révérence.
(
a
part.)Je reviendrezquand
il seraseul,pour
licontercequ
afaitMadame.
SCENE VI.
LE PRESIDENT, LA PRESIDENTE
LA PRÉSIDENTE.
Mais qu'avcz-vous
donc
laiu àrire?LE PRÉSIDENT.
Jeris.
Madame,
delaconversationque
nous venonsd'avoir ensemble...LA PRÉSIDENTE.
Maisjp ne trouverien deriâibleàla conversation
que nous
^vons
euejvous m'avezfaitun
détailde lamort
subite d'une vieilleplaideuse,dontLucievotre nièce etvotre pupilleesthé-
ritière;vous m'avez(lit lamanière dontlesjugesveulent
accom- moder deux
fa.miMes,enfesantépouseràLucielevieuxM. Ar-
gant,ou lejeune Daniis qui sont les héritiers paternelsde la défunte. Je vousdemande
àvous-même,
monsieur, ce qu'on peut trouverlà deplaisant ?I. E
ï>nÉs iDEXT,
toujoursavecun
rireforcé.Le
plaisantque
j'ytrouve,^Madame,
c'est que pendant tout ce long détail, vous ne m'avez questionnéque
surun
seular- ticle.,,eh!eh! eh!...jaipris plaisiràvousvoir,surcet article,une
curiosité excessive... eh!eh!
retenue, pourtant, parla craintedeme
paraître trop curieuse...chaque
fois j'ai parlé,
sansle
nommer,
de l'héritierque
nos arbitres veulentma-
BJer à Lucie,vous m'avez demandé... eh! eh! eh! d'unair
em-
pressé: monsieur, cet héritierest-iljeune
ou
vieux?csl-il ai-mable
?a-t-ilune
belle figure?... et toujours tremblanteque
votre curiosité neme
donnât de l'ombrage, je vous ai enfinnommé Damis
,l'homme
àla déclaration!et . . . et [riant.) non,c'est
que
cettecuriositévive, etenmême-tems
timide,m'a paruirès-plaisante...riezdonc,madame,
riezdonc,
LA PRESIDENTE.
Oui, monsieur, je ris,à
mon
tour, de vous voir rire,avec tantdaffectation,dema
curiosité,pour me
cacherl'inquiétude qu'ellevous donne.LE PRESIDENT,
cV un, tou léger.Quoi,
toujours des injustices!,.,me
soupçonnerd'un viceque
jedéteste,que
j'ai en horreur!...moi,jaloux! ...allons, vous plaiscntez.Madame
!LA PRÉSIDENTE,
Cependant
vous nepouvez
blâmer notre goûtpour
la soli- tude5et,
pour
mettre l'espritd'unmari, qu'onaime en repos, l'on nesaurait prendretrop deprécautions.(i5)
LEPuÉsiDENT,
tiant.Bon,
desprécautions!... ilest toujours possible... vous en- tendez bienque
jenedis pas celapour
vous, Madame....LA PA ÉsIDENTE.
Oh!
par plaisir, dansma
position, imaginezun peu
quel moyen...LE PHÉsiDENT,
riant.Pour
imaginer desmoyens
detromper
un mari,ilfaut être., femme... vous excepte',Madame
!...pour
moi,je n'imagine rien...LA PRÉSIDENTE.
Faites
un
effort d'esprit.LE PRESIDENT.
Jesuis
un
enfant là-dessus.LAPRESIDENTE.
\Vous
savez qu'aucundomestique nem'approche que
cette petiteFanchette, qui estlasimplicitémême.
LE PRÉSIDENT,
riant.Celaest vraij mais, voyez-vous, la fillelaplussimpleade l'eprit de reste
pour
conduire uneintrigue...LA PRÉSIDENTE,
Il faut passer par votre appartement
pour
entrer dans le mien.LE PRÉsiDETVT,
toujoursriant.A
tout autreque
vous,madame
, jedirais. . . n'ya-t-ilpas desfenêtres?
LA PRÉSIDENTE.
Pour
recevoirune
visite par cechemin
,il faudrait êtreun moment
seule.LE PRÉSIDENT.
Un
mari dort quelquefois...LA PRÉSIDENTE,
Mais en cas desurprise, où cacher... tout est ouvert ! ca- binet, coilres, armoires...
(
i6)
LE pntsiDEXT,
riant toujours.Vous me
rappelez que j'aiconnu un
pciiihomme,
qui se cacha un jour dansun
étui de harpe...Comment
voulez- vous qu'on aille s'aviserde chercher...LA prsiÉdexte,
souriant.Et vous n imaginez rien? et vousn"èies
qu un
enfant...LE
pr.ÉsiDENT,
riant.Pardon
, c'est qu'aujourd'hui je suiseu train deplaisanter lur-lout! mais parlonsse'rieuseinent, voiciLucie.SCÈNE VII.
Les
Prc'codens,LUCIE.
LUCIE,
accourant.Ahl mon
oncle, enfin vous êtesde retour,jecroyaisque
jamais vous n'arriveriez!LE
rKEs1UE XT.Quelle impatience !...
LUCIE.
Elle est hien naturelle-
dahord
jai du plaisir àvousvoir,
ensuite je suis assez curieuse de coimaître le sort qu'on
me
destine...
LE
pr>ÉsIDENr, regardant safemme.
Je conçois cela...
LUCIE.
J'ai héritd
, je ne m'en soucie guère; mais
Ton
veutme
niarier, et cela m'ititéresse beaucoup...
Deux
partis se pre'- senient, les gensd'affaires se mêlent de tout cela... les juge»prétendent m'étahlir, je vais eiromaiiee par un
hon
arrêtj
mais je vous déclare,
moi
.que
si lejeunehonmie
neme
convient pas, j'en appelle...
LE- r n És1oE NT.
A
merveille!ma
nièce, et vous servez ave«; (oui le zèle imaginable, lu curiosité de...inailame à cet cj;ard.C
^7) LA
PIVKS1DE XTB.Commeni?
LD CIE.
Je ne puis vous
comprendre
?LE
pR KsIDEi\T^ ClSaJcmme.
Remerciez donc
,madame.
LUCIE.
Je suis vive,
mon
oncle,rendez-moi le servicedene
pas m'impatientcr...répondez-moi : voyons,ily
adeux
héritiers,eh
bien! lequel desdeux
, s'il vouspluit,mon
oncle?LE PPiÉSIDENT.
Doucement, ma
nièce,(à
safemme
^ Je vous ai dit^madame, que
nosarbitres,qui irenvisagentque
lasoliditéd'unaccommodement
, penchentbeaucoup pour
le plus âgé desdeux
^monsieur
Argan...LUCIE
, très-vivement.¥
pensez-vous, il asoixante ans passés!...LE
pp.ÉsiDENT,
Cl Safemme.
Ne
vous alarmez point,madame
, il est inutile de s'é- chauiïer là-dessus5je suis
moi
,pour Damis,
qui est l'autre héritier... laconvenance
des âges doit èlre de quelquecon-
sidération.LA PRÉSIDENTE,
froidement.Eh
mais, c'estàvotre nièceque
vous devez dire cela.LUCIE,
presqu'en colcî'c.Eh
oui! àmoi
,moasieur
, à nioi5 de grâce,daignez vous tourner demon
c^aé...LE
Pn ÉStDENT, toufours ci safemme.
Allons,
madame,
pui.^^que...LU
CIE.Oh
!voi<sme
poussez à bout,mon
oncle,ehbien appre- nezque
j'aimeDamis,
j'" vous le dis d'impalicncc ,vou»
)n'arrachezcet aveu... oui, monsieur, je l'aimeet...
Les Deux Jaloux. S
C
ï8)
LE PRÉSIDENT,
riailt.Ail ail ah! fortbien, nvanièce,
vous
aimezDamis, que
vousn'avez vuque deux ou
trois fois... et vousme
le de'- clarezbrusquement
ici...comme un
ange!... (moitiéa
pari.^
C'est
im
trait d'amie!LUCIE, à
part.Que
veut-il dire?LA pr.ÉsiDENTE,
soitpirmitde
pitié.Ah Dieu
!LE PRÉSIDENT
, Il part.Ma femme
a soupiré !...TRIO.
Jene
me
trompepas, Et Damisl'iatéiesse.. .LA PRÉSIDENTE,
àpart.Monsieurnedoutepas
Que
Daniis m'intéresse.. .LUCIE,
àpart.Mou
onclenecroitpasQue
Damis m'iute'rcsse.(à/a
F
résidente.) Voyezquel emJiarrasILA
PRÉSI DEN
Tli.Jevoissonembarras !
LE PRÉS IDE NT,
à/jar/.Voyezquelembarras!
Quellepcrlîdcadresse.
LA PRÉSIDENTE,
à part.Douterde
ma
tendressie!LUCIE,
à part.Douterde
ma
tendresse.LE PRÉSIDENT,
â part.JeDelaconçois pas! LA PRÉSIDENTE ETLUCIE.
Jeneleconçois pas!.. .
LE pREsiuENT,
à part.Rcmctloas-uuus...{Jiaut)
Eh
Lieu, Lucie?(
19)
LUCIE.
Jeboude.
LE PRÉSIDENT.
EtVOUS,
ma
clièreamie?LA
PRÉSID
ENTE.Mais...jecroisquej'aideriiiimeiu'.
LUCIE,
Jelapartagedeboncœur!
LE PRÉSIDENT.
Quoi, pouruneplaisanterie.
LA PRÉSIDENTE.
L'agréableplaisanterie!,
J'aide l'humeur.
LUC
I.E.J'aide l'humeur.
LE PRÉSIDENT,
àpart.J'aidel'Iiumeur!
(Hautsecontraignant.
Moi,pour endissiperlacause,' Jeveux queDamissoitheureux
j
Aux
arbitresje lepropose,
litce soirjecomblevosvœux,
LUCIE,
vivement.Cesoirilcombleraitnos vœux!
LE PRÉSIDENT,
àpart.Observons-les bien toutesdeux1 (haut)
De Damis jeplaidelacause.../
(àsa
femme
)Cela,jecrois,vousconviendra.
LAPRÉSIDENTE, avec sungfrcid.
Mais, monsieur,
comme
ilvousplaira.LUCIE.
0!i!oui,celanous conviendra, Promettezde plaidersacauseî
LE
PRÉSIDENT,
à part.Jene
me
trompepas,
Et Damisl'intcresse.
LA prÉsiden TE,
à furl.Monsieur ne doute pas QueDaiuis m'iutt'rcssc.
(
ao
) LUcIB, àpurt.]\Iononclenecroitpas C^iieDmnism'intéresse!
XE PRÉSIDENT,
àpart.Quelleperfide adresse!
X.K.
PRÉSIDENTE,
àpart.Doulerde
ma
tendresse/xuci
B, à part.Douter desatendresse/
liA
PRÉSIDENTE,
àpUTt.Jeneleconçoispas!
LUCIE,
àpart.Jeneleconçoispas! I.E
PRÉSIDENT,
àpart.Ne
noustrahissons pas.Raillerie à part ,
madame
, je prendrai fortement lepartideDamis
...LA PnF.SIDENTE.
Nous y
comptons, monsieur(«
part.)Ma
position devient insiiportablc;
pour
sonbonheur
etpour
lemienj essayonsd'en sortir! (haut.) suivez-moi Lucie...LUCIE
jpinçant
le Président.Oh
leméchant
oncle!LE PRÉSIDENT.
Ahic....Taimable petite nièce!
SCENE VIIL
LE PRÉ SI DENT
, seul.Je ne saispas,maisce caractèrevif et décidé ne doit pas êtretrop rassurant
pour
unmari... J'aime micMixma
femme...D'un
autre côté, cettedouceur
, cetteégalité, cettenoncha-
lance... cela est inquiétant aussi... elle était millefois plus impatiente
que ma
nièce de savoir si je choisirais Dumis.Supposons
qu'il nesoii pasamoureux
d'elle, en lui accor-(21
)(lant la
main
de Lucie, il habile avec nous le château, ilvoit
chaque
jourma
femme...elle estcharmante
et...Non, monsieur
Argantest d'unesociété plus sûre,ilasoixante ans, c'estun honmie
raisonnable... ennuyeux,ilestvrai; maisilest riche...Allons,pour lesintérêts dema
nièce, ilfaut qu'ill'é-pouse, cela est décidé... voici Thibaut; sachons si pendant
mon
absence...SCÈNE IX.
LE PRÉSIDENT, THIBAUT.
THIBAUT,
sauf! voir le Président.Pargucnne
! ilfautque
cemonsieurDamis
soit bcnamou-
re»ix,
ben
hardi! dam' c'estun
militaire... cà vousmène une
filletambour
battant,etje suissur,moi,
quinevienticique pour
en conter à Fanehette.LE PRÉSIDENT,
(l part.Il
me
semble qu'il anommé
Damis.THIBAUT
,toujourssans voirle Président.D'abord j'ai souvenance de l'avoir
vu
roder autour desmurs du
châteaucomme pour
trouver brèche...LE PRÉSIDENT.
Qu'est-ce Thibaut? tu rêves toutseul ?
THIBAUT.
Ah!
jevians à vous,monsieur,
je vians à vous, vous êtestoutema
consolation!,
LE PRÉSIDENT.
Qu'as-tu
donc!
tu as l'air troublé! serait-ilvenu
quel- qu'un enmon
absence... pour traverserton mariage? lu as quelque sujetde jalousie?T.1IB AuT
.
Si j'ons sujetdejalousie!monsieur,j'enons pus
que
jamais!..Oh
! je ne cachons pas eànous, je.nesons pashonteux dMtre jaloux, je le disonsà toutlemonde,
eh pourquoi cacher sa jalousie? c'estune
vurtu naturellecomme
do boire et do manger.(22)
LE PRESIDENT.
Eh
bien, dis-moidonc
tes peines?TH
IBAUT.Vous
avezben
raison,mes
peines; carquand
la jalousieme
saisit, moi, c'estcomme une
migraine... çàme prend
d'abordlà entrelesdeux
yeux,comme un coup
demartiau...par après çà
me
causeun
battementdecœur
j ensuite çàme monte,
monte!...comme
un feu quime
brûle le visage en dedans3 et pisenfm
çàme
redescend... redescend...comme une
glace.LE PRESIDENT.
Mais d'oùte vientcenouvel accès quite prend?...
THIBAUT.
Monsieur,
c'est qu'il estvenu
ici unhomme...
Ouf!...LE puÉsDENT,
d'itii air contraint.Eh
bien! unhomme! un homme
te fait-il peur?THIBAUT.
Eh
mais , monsieur,on
ditque
cethomme
s'appelle Damis...LE
Pp.ÉsIDENT,rtpart.Il est
venu
enmon
absence !THIBAUT.
C'est
que
sivousvoyez comme
il estbien fait... çà vous aune
mine...une
tournure, une...LE
pp.EsIDE
NT.Ton
récit m'ennuie... achève.THIBAUT.
Oh!
c'estque comme
je rodais pour voirsi... parce que...queucjue fois...
*
LE PRÉSIDENT,
sur les épincs.Pour
voirquoi!THIBAUT.
Pour
voircomment,
et par où... car...LE
pp.EsIDENT.
Par
où? comment?
car...Que
voulais-tu voir?(23)
THIBAUT.
^voulais voir... je n'en sais rien; mais
comme
je suis ja- loux, jevoulons toujours voir.LE PRESIDENT.
Et as-tu VU?...
THIBAUT.
J'ons VU,
premièrement que
Fanchctte allait et venait, tournaitetretournait...C'estqu'ailecherchait ce jeunehomme
qui arrivait ici... Aussitôt moi,
pour empêcher
çà,j'onsemmené
Fanchette de force; par après j'ons encore ren- contré ce monsieur
Damis,
qui s'en allait et qui disait desmots
tout bas, et pis desmots
tout haut5 et qui poussait des hélas parsecousse; et j'onsentendu: il ne faut pasque
le Président
me
trouveici.LE PRÉSIDENT
,à
part.Oh
! cela est clair...ilvientpour
voirma femme,
{^haut.^C'est elle qu'il aime.
THIBAUT.
Oui,
monsieur, c'est elle!...LE PnÉsiDÉNT.
Qui
?THIBAUT.
*Celteparfide de Fanchette...
LE ppiÉsiDENT,
ct part.Bon
dieu,que
les jaloux sont insupportables!...THI BAUT.
Mais, monsieur, j'oubliais
devons
direque
tout d'uncoup
après,comme
jenel'ons plus aperçu, jeme
suis doutéqu
il»erait cachéici.
LE PRÉSIDENT, vwement.
Tu
nel'asdonc
pasvu
sortir ?THIDAU
T.Non
voirment.LE PRÉSIDENT.
Eh
bien! as-tu cherché... examiné?...THIB
ACT.J'crois qu'oui... mais j'ons l'esprit si boulvarsé... tenez, monsieur, ne soyez pas jaloux, car voyez vous,çàvous rend bêle!...
LE PRÉSIDENT, à
part.Quelle patience!
THIBAUT.
Attendez! v'Ià
que
çàme
revient!pour
voirous'qu'il e'iait tapi, jeme
suis souvenu d'une inventionque
vousme
bail- litesun
jourque
vous vouliez qu'ily
eutun homme
cachéau
château.LE PnÉsXDENT.
Abrégeons.
THIBAUT.
J'ons
donc
étéprendrele petit chien demadame,
qui est debonne
guette, je l'ons mis
doucement
sousmon
bras, et j'sommes partis tous deuxpour
trouver le gîte...LE PRÉSIDENT.
Après?
THIB AU
T.V*là tout-à-conp,
que
dansun
endroitoù
cequ'onn'y voyait gou^e : rourrc... rourrach!... il est là, c'estsûr !... rouach !jelâche
mon
second... j'avance...rouach
!... etjeme
faisune bosse au front!....LE PRÉSIDENT.
Damis
étaitdonc
caché dans...THIBAUT.
Je ne l'ons pas trouvé, monsieur, cependant fautcroire quel'chien n'apas al)oyé
pour
rien...pourtant j"onsremarqué
on continuant notre chasse,qu'il a jappéau ha.sard etcomme
par fantaisie...
On
ne peut plus se fier àce chien-là , raon- bieur, il a des caprices...LE PRÉSIDENT, h
part.Terminons
desuite avec monsieurArgan,
afuique Damis
n'ait plus de prétexte
pour
venir chez moi...[a5)
THIBAUT.
Monsieur Argan?
s'iiiàque
vousvomIoz marier àLucie?c'estUn homme
vicuï, petitetlaid, il no nous en fourque comme
çà ici5 monsieur, vous feriez
ben
encore de renvoyer ce vaurien de Frontin... il faut tâcher, voyez-vous,que nou»
soyonsles seuls beaux
hommes du
château.Vlà
Fanchettel
SCENE X.
LE PRÉSIDENT, T HIB A U T, F ANCHE TTE.
FANCHETTE.
Oui, monseigneur, c'est
moi,
etcomme
je nevous ai paa encore dit ceque madame
a fait^ taudisque
vous n'y étiea pasj je viens vous conter càcomme
à l'accoutumée.LE PRESIDENT, h Thibaut
^avecun
rireforcé.C'est toi qui lui
ordonne
d;venirme rompre
la tête de de toutes ces folies*...TnIBAUT.
C'est monsieur,
que
ces petitsdialogues-là, vous amusons, etque
j'en faismon
profit.F
ANCHETT
Ë.Ilsetrouve
donc que
dès hier au soirmadame
secoucha
toute seule, parceque
vous n'y étiaispas ;ce matin^dèsque madame
a étédu
haut enbasde son lit, ellea pris ses pan- toufles... et pis aileacommencé,
paraller voir à son miroircomment
ail' se portait...par après ail' a souri à sonvisage,comme pour
le remercier de vouloir bien être charmant...ensuite clic s'estmiseà tourner, virer, ouvrirtousses tiroirs etpuis les reframer...Fanchette,
me
faut ci, Fanchette,me
faut çà, va-t-en quirir ci et pis ne
bouge
jdonne-moi
çà et pis je n'en veux pns.Tant y
aque
c'estcomme
si ail' n'avait rien fait pendant liois heures.Les Deux Jaloux. 4
(26)
LE PRÉSIDENT.
Sa naivoté
mo
divertit.TH
IBAUT.C'est qu'air vous a une mémoire...
FA NCHETTE
.Sur
les huit heures,comme madame
s'habillait...hem!
hem
!...TIII B
AUT.
Hem
!hem
!...LE rr.ÉsiDEKT,
tJ'Oublé.Que
veut-elle dire?FANCIIETTE.
C'était dans le jardin, sousla fenêtre.
LE pnésiDENT,
inquiet.Sous
lafenêtre dema femme
?THIBAUT.
liera! hem!... C'est
queuques un du
dehors, monsieur, iln'y a personne
d'enrhumé
auchâteau...F
ANC
HET
TE.Eh non
, c'étaitqueuqu'un qui voulaitvoir simadame
«tait éveillée...LE
PT.ÉSIDENT.
Ce
matin, à huit heures?THIBAUT,
basnu
Président.C'est le quart avec
,
que
fous rencontré Dami*.LE PRÉSIDENT, h
Fanchette.Après
?FANCHETTE.
Madame
a été ouvrir lafenêtre elle-même.LE PPiÉSlDENT, Elle-même
?THIBAUT.
Achève
donc.FANCHETTE.
Et v'I'à
que
lepetit Julien, le fils de lafermière, lia de-mandé
siail' voulait de lacrêmc
ce matin.(^7)
THIBAUT.
Morgue
jmonsieur,
j'onstremblépour
vous!LE PRÉSIDENT,
riant.Ah!
ah! ah! ah!... elle estaimahle, ta petiteFanchette...maisje
veux
qu'elle se corrige, entends-tu^ de cettemanie
devenirme
raconter...THIBAUT.
Oui;
monsieur, et pis çà fait peur!FANCHETTE, uu
Président.Monseigneur!
monseigneur!...LE PRÉSIDENT.
Quoi donc?
THIBAUT.
Qu'est-ce?
FANCHETTE.
Comme
ilest gentil! c'est vraî^ da! qu'il est beau... je- l'on entendu dire à ces dames...LE PRÉSIDENT,
inquiet.De
qui parle-t-elle ? ( 5e retournant etétant censéaper- cevoirDamis dans
l'éloignenient.')Damis
!...THIBAUT.
Oh! morguenne
! ail" la senti!...ne bougez
d'auprès demoi
,manzelle!...SCENE XL
Les
Précëdens,FRONTIN.
FR O
N
TIN.Monsieur Damis
arrive à l'inetantiLE PRÉSIDENT,
Cl part.Tâchons
de l'empêcher de parler àma femme.
(affectantbeaucoup de
tranquillité. ) Allonsilfautlerecevoir... ( //s'é- loigiied'abord
lentement,etquand
ils'aperçoitqu'onn^a
plus lesyeux
surlui, ilsorten
courant. )(28)
SCENE XII.
THIBAUT, F A N C H E T T E
,F RO N T
IN.(
Frontiii salue Fanchette , qui lui fait la révérence gracieusement.)
THIBAUT,
qui lesexamine.
W
faut qu'entre eux jeme
plante. (il semet
entreeux
deux.J
T RJ O.
rR
OK
TIN.Ta
FaD»hetteestcliamante Dans sasimplicité ;Etsa minepiquante Vautmieux quelabeauté.
THIBAUT.
Ma
Faucbelteestcharmante Danssa simplicité;Etsaminepiquante Vaut mieuxquelabeauté.
FANCHETTE.
Alonsieur Froutin
me
vante, TantilaJebonté !Jesisbensaservantey Aio&ique
ma
beauté.FRO NT
IN.Vraiment,ellem'enchante!
THIBAUT,
à part.Allons,v'ià qu'ail'l'enchante!
r
RO
NTIN.Quelteiot!quelle fraîcheur!
THIBAUT,
àpart, J'oons-t-y pas«lumalheur1SÏRONT Ta
IN.FaacUetteestcharmante,etc.
THIBAUT.
)Ma
FancUetteestcharmante,et».FAN CHETT
E.I &ioi).,leurFioulin
me
vaote,etc.(^9)
THIBAUT,
à part.Ah
! lemauditFronlin ! . .FRoN TIN,bas, dFanchetla.
Cesoir.. .
FANCHETTE,
bus,àFroTitin.Au
bosquet?.. .THIBAUT,
seretournantvivement.Hein?
STRONT
IN.Ta
Fanchetteestcharmante,etc.THIBAUT.
^
I
Ma
Fanchetteestcharmante,etc.I F
ANCH
ETTE.l MonsieurFronlin
me
vante,etc.FRONT IN, courant au fond du
théâtre.C'est lui !... c'est
monsieur Damis
!...comme
il a Tair agité!THIBAUT
,courant
aprèsFanchette
et l'arrêtant.Prenez le
pan
demon
habit, manzelle!FANCHETTE.
Je letiens, là!...
THIBAUT.
Etsi vouslelâchais
, je vous mettrons en pénitence dan»
votrechambre.
Ahi
donc! marche!...FANCHETTE,
le Suivant tenantlepan de
son habit.Fi! le jalouxî
SCENE XIII.
FRONT IN, DAMIS.
DAMIS
, accourant.Ah
te voilà!moucher
Fronlin, ehbien, tout estperdu
î il la destine àmon
rival, je suis sûr... jeviens d'avoir aveclui une conversation sérieuse... mais quelspeuvent êtreses moiifs?
me
soutenirque
sa niècedépend
des arbitres!... j«(3o)
me
suisemporté,
je lui ai ditque
je retournais à la yille...Etourdi,sans être seulement entré au château... sans avoir
vu
Lucie.rnoMiN.
Un
rien vous embarrasse! maisjesuislà,moi
, monsieur,-et j'aurai bientôt trouvé
un
moyen...AIR.
DA M
(S.-Mon
clicrFoiilin , que tle Lucie J'obtienneunsecretrendez-vous;
Ah
! jepayeraidema
vieUn moment
sicheretsidoux!..F
no NT
IN, réfléchissant.Attendez!
DAMIS.
Lavoir,luidirequejel'aime,
Peindrel'excèsde
mon
amour!Espérerdesabouche
même
L'aveuduplustendre retour.
FRONT
IN.BFy
voilà.DA51 1S , transporté.
Mon
cherFrontin,quede^ucie,etc.
FR ON
TIN.Pour
VOUS tirer d'embarras,mon
avis est...DA
M
IS, i'wement.Est?
FRONTIN.
Que
VOUS partiez à l'instantpour
la ville , et quevoua
demeuriez ici.DAM
IS.Tu
es fou!FRONTIN.
Non, monsieur,
votre voiture à vide sur la route, etOU6
bien caché dansun
endroit obscurdu
parc.(3i
)DAMI9.
Je comprends... fortbien !... mais
ma
lettre!FU
ON
TIN.La
voilà, monsieur!DAM
15.Comment,
coquin,tune
Ta pas remise? Fn oNTIN.Bon
! quelque sot! cette lettre n'est pointpour
Lucie,
elle est
pour
le Président, entre les mains duquel ilnous
convient qu'elletombe
le plus naturellement possible. Elle servira à combattre ses pre'ventions contre vous, et à lui prouverclairementque
votreamour
ne regardeque
sa nièce...mais avanttout, monsieur, ouvrez
vous-même
votrebillet,
et
voyez
s'il n'y a riend'équivoque et qu'un jaloux puisse prendre de travers.DAMis
,ouvrant etparcourant
son billet.Non,
il n'y a rien. Luciey
estnommé
même...ma
chère Lucie!... Jelui parledes vainesdémarches que
j'ai faitespour
la voir àla ville.
FRONTiN,
lui reprenantle billet.Bon,
letemspresse... je tremble qu'onnenous
aperçoive ensemble.damis
Je m'éloignej n'oublie pas...FRONT
IN.Soyez
tranquille^ mais vite, monsieur, partez, restez,•achez-vous^bien,montrez-vous àpropos,etlaissez-moifaire.
DAMIS
, sortant.Je
me
sauveISCENE XIV.
FRONTIN, un moment
seul,FANCHETTE.
FRONT
IN.Madame
, dont j'aienfiDobtenulaconfiance; aeuune
idéeC30
excellenteenvoulant
que
cette lettre tombât entrele»main* de son mari...
jen'yaipassonge ...ets'ilestpossibledecon-
vaincreun
jaloux, cemoyen-là,jepense...FANCHETTE,
entrant.M.
Frontin,voilàMonsieur
qui a trouveMadame
qui e'cri- vait,càlui afait peur, v"làThibautquine m'a pas trouvée,çà l'inquiète, et lesvUàtous
deux
qui sontdanslagrandeavenue.,donnez-moi donc
vite c'te lettreamoureuse,
et vousverrezsî jemanque
en rienàlafinessedeme
la faire arracher par ex- près.FRONTIN,
luidonnant
lalettre.La
voilà! . ..maissouvenez-vousbien.FANCHETTE.
Oh
! jem'en
souviensde toutcomme
d'une peinture. Allez, allez, laissez faire àmoi, mon amoureux.
FRONTIN.
Je
compte
sur vous,ma
chèreFanchette, etjevousattends àl'entréedu
petitbosquet. Adieu!(
Illui eiu'oieun
baiserens'en allant,Fanchette
estprêtea
enfaire autant^elles'arrête.)
SCENE XV.
FANCHETTE,
5e«/e.Tiens!j'aipensélelui renvoyer, moi...desiloin... cen'est pointprudent, oàj Thibaut aurait
pu
le prendre au passage, maislisonsc'telettredeM. Damis
àmademoillc Lucie,je sis curieusede çà...voyons
unpeu comment
est-ce qu'onécrit aux bellesdames
!eàdoitêtre superl)e!maisy
gniaque
sixli-gnes, c'estbencourt! fautqu'çà dise
beaucoup d'amour
enpeu
deparoles!j'aimeben
Thibaut!car enfinc'est luiqui m'a ins- truite dansla lectureet, sanslui, je nepourrais lirelesbilletsd'amour de Frontin!...