• Aucun résultat trouvé

Élisabeth Allès, Musulmans de Chine. Une anthropologie des Hui du Henan. Paris, EHESS, 2000.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Élisabeth Allès, Musulmans de Chine. Une anthropologie des Hui du Henan. Paris, EHESS, 2000."

Copied!
3
0
0

Texte intégral

(1)

Études rurales 

159-160 | 2001 Exclusions

Élisabeth Allès, Musulmans de Chine. Une

anthropologie des Hui du Henan. Paris, EHESS, 2000.

Isabelle Thireau

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/etudesrurales/82 DOI : 10.4000/etudesrurales.82

ISSN : 1777-537X Éditeur

Éditions de l’EHESS Édition imprimée

Date de publication : 1 janvier 2001 Pagination : 263-264

Référence électronique

Isabelle Thireau, « Élisabeth Allès, Musulmans de Chine. Une anthropologie des Hui du Henan. Paris, EHESS, 2000. », Études rurales [En ligne], 159-160 | 2001, mis en ligne le 10 mars 2006, consulté le 22 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/etudesrurales/82 ; DOI : https://doi.org/

10.4000/etudesrurales.82

Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020.

© Tous droits réservés

(2)

Élisabeth Allès, Musulmans de Chine.

Une anthropologie des Hui du Henan.

Paris, EHESS, 2000.

Isabelle Thireau

1 Cet ouvrage marque une étape importante dans notre connaissance des musulmans de Chine, les Hui. Premièrement parce que nous disposons de très peu d’études sur ce sujet, en langue occidentale surtout. Le livre d’Élisabeth Allès nous offre à cet égard une histoire anthropologique des Hui et de leurs liens avec le monde musulman.

Deuxièmement, l’auteur cherche à traiter de la question difficile de l’articulation ethnico-religieuse au sein de l’identité hui. En évoquant, pour ce faire, les rapports entre les Hui et les Han dans leurs différences et leurs similitudes, elle nous conduit à nous interroger sur l’identité chinoise. Troisièmement, en étudiant la communauté hui en des lieux et à des époques précis, É. Allès nous permet de découvrir ce qu’il peut y avoir de spécifique dans les pratiques religieuses des musulmans chinois.

2 Les Hui représentent un groupe de près de neuf millions de personnes et constituent l’une des dix minorités nationales musulmanes de Chine, la présence des musulmans dans ce pays étant attestée dès le milieu du VIIe siècle. Si, commerçants venus par les différentes routes de la soie, ils demeurent en quelque sorte des étrangers en Chine jusqu’au milieu du XIIIe siècle, on peut, à partir de cette date, parler de Chinois musulmans du fait de l’assimilation des musulmans arrivés avec la dynastie mongole des Yuan. Les Hui sont concentrés dans les provinces du Gansu, du Ningxia et du Henan.

C’est dans cette dernière province que l’auteur a mené la plupart de ses enquêtes, privilégiant trois contextes : un village dont la population est entièrement hui, une ville ancienne, et une ville moderne dont les Hui n’habitent que certaines rues. L’interaction entre Han et Hui y revêt diverses formes dont É. Allès nous propose une analyse extrêmement stimulante. Nous n’en soulignerons que quelques éléments.

3 D’abord, il existe toutes sortes de signes par lesquels les Hui se démarquent des Han : l’espace que constituent les mosquées et leur architecture, l’apposition du premier verset de la première sourate du Coran à l’entrée des maisons, le port du calot blanc, le

Élisabeth Allès, Musulmans de Chine. Une anthropologie des Hui du Henan. Pari...

Études rurales, 159-160 | 2001

1

(3)

respect d’interdits, en particulier celui de la consommation de porc, la célébration des principales fêtes religieuses musulmanes, notamment des trois fêtes qui accordent un jour de congé à tous les musulmans chinois, les différents moments de rassemblement au sein des mosquées. Néanmoins, dans des domaines aussi fondamentaux que l’organisation de la parenté, la constitution de groupes lignagers et leur segmentation interne, l’ordre générationnel et la généalogie, le déroulement de certaines étapes du mariage, ce sont les similitudes avec la communauté han environnante qui dominent.

4 L’une des spécificités de l’islam en Chine est également d’avoir donné lieu à la création de mosquées féminines à propos desquelles les sources disponibles, passées ou présentes, sont très limitées. L’auteur a dû parcourir plusieurs provinces chinoises pour essayer d’évaluer le nombre actuel de ces structures religieuses. Celles-ci semblent avoir débuté dans le Henan où elles demeurent aujourd’hui encore très nombreuses.

Ainsi, en 1995, dans le nord de cette province, l’auteur dénombre, pour quarante-sept mosquées masculines, vingt-neuf mosquées féminines en activité. Ces dernières, souvent beaucoup plus petites que celles des hommes, relèvent majoritairement de l’islam traditionnel et sont dirigées par des ahong que caractérise une longue fidélité à la même mosquée. L’hypothèse avancée par É. Allès pour expliquer l’apparition des mosquées féminines au XIIIe siècle sous la dynastie des Yuan, évoque notamment l’arrivée dans cette région de nombreux musulmans d’Asie centrale qui épousent des femmes autochtones. Ces nouvelles converties à l’islam auraient alors cherché à se doter de lieux équivalant aux associations religieuses, bouddhistes et taoïstes, organisées par des femmes. Comme les autres organisations féminines en Chine, ces mosquées accueilleront au demeurant les femmes seules, veuves ou répudiées.

5 Si l’on regrette un peu que l’auteur n’ait pas nettement fait mention de l’existence ou de l’absence, dans les villages hui étudiés, de pratiques liées au culte des ancêtres ou à celui de certaines divinités domestiques ou villageoises que l’on rencontre ailleurs, ce livre reste néanmoins riche d’enseignements. Il montre entre autres que, malgré des emprunts, les rapports entre Hui et Han ne procèdent pas du syncrétisme mais plutôt de la juxtaposition d’éléments, clairement identifiés, relevant des deux cultures. De même, l’ouvrage souligne le problème que pose le statut de minorité nationale ethnique attribué aux Hui et qu’ils revendiquent aujourd’hui alors que la minorité qu’ils représentent est essentiellement religieuse.

AUTEUR

ISABELLE THIREAU

Centre national de la recherche scientifique, Paris.

Élisabeth Allès, Musulmans de Chine. Une anthropologie des Hui du Henan. Pari...

Études rurales, 159-160 | 2001

2

Références

Documents relatifs

12 L’étude numismatique qui a été menée sur les piastres relevées dans l’épave de la Jeanne Élisabeth a permis d’établir deux faits d’une très grande

Lorsque vous devez annuler votre voyage, Assurinco vous rembourse les frais prévus dans nos conditions de vente pour tout motif listé dans les conditions générales de l'assurance

La seconde 5 évocation du chien nous montre l'animal dans un dérèglement commun avec celui du féroce tigre, dérèglement dont la gent animal n'a pas, nous dit Yuan Mei, fin

À la date de fondation, on était sans doute encore éloigné des menaces vikings car, en dehors des aspects fonciers – avec probablement la présence d’une ancienne villa

Signalons que cette revue est désormais plus facilement consultable par les chercheurs non francophones, deux sommaires étant proposés, l'un en français l'autre en anglais, et

Philippe Ramirez est, le premier, conscient de cette caractéristique, comme en témoigne un article récent dans lequel il plaide pour « Une anthropologie religieuse du maoïsme

Toutefois si la situation internationale et les débats du monde musulman traversent l'ensemble des musulmans de Chine, leurs rapports avec l'État chinois dépendent de leur histoire,

nois avons fait nous sommes arrivé(e)s nous nous sommes présenté(e)s vous avez fait vous êtes arrivé(e, s) vous vous êtes présenté(e, s) ils, elles ont fait ils, elles