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JACOB ET LE MOUTON, Raymonde DESCôTEAUX

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Academic year: 2021

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JACOB ET LE MOUTON

Nous sommes le vingt-quatre juin mille neuf sans soucis. Cette année, la Société Saint-Jean-Baptiste décide qu’elle aura son mouton pour la Fête nationale, mais le hic : qui se chargera de ce dossier? À la réunion hebdomadaire, Jacob reconnu pour sa candeur, lève la main. Il se propose naïvement, euh! pardon, généreusement pour l’opération « laine frisée », c’est - à - dire amener la bête en ville.

Après plusieurs appels téléphoniques, un fermier accepte de prêter son animal, à deux conditions : premièrement, s’arranger pour le capturer et deuxièmement, le ramener vivant après les festivités.

Alors, le matin du vingt-quatre juin, notre aventurier saute dans sa voiture en sifflant « Que c’est beau la vie!» et il se rend à la ferme à St-Boniface. Le cultivateur l’accueille avec une grande compassion, mais surtout beaucoup d’humour, car il sait pertinemment qu’il n’est pas aisé de se saisir de ce quadrupède, surtout lorsqu’il broute librement dans un champ. Il lui désigne le plus petit et le plus nerveux parmi le troupeau. Jacob enjambe donc la clôture et l’approche lentement en lui murmurant que son auto est très confortable. La bête surprise recule, puis s’enfuit à toutes jambes en bêlant des bêtises et si un mouton pouvait rire, le premier essai est ici. Lui, les deux mains sur les hanches, se parle, car il sent déjà que ça va être du sport. Or, il est nul en sport. Au loin, l’animal mâchouille en le regardant, et on dirait, ma foi, qu’il se moque allègrement de notre naïf. Hélas! un malheur n’arrive jamais seul. En effet, comme une traînée de poudre, de plus en plus de flâneurs s’arrêtent pour assister à ce spectacle gratuit. Leurs railleries fouettent l’ardeur de Jacob qui veut en finir au plus vite, car il a le visage enlaidi de vilaines plaques rouges, signe que sa grande alarme de stress fait drelin, drelin.

Ainsi, après deux heures à courir, à tomber, à être chargé par l’animal, à le rattraper pour aussitôt l’échapper, le tout enrobé des moqueries effrontées des badauds, il capture enfin le petit bétail qui se débat comme si on l’amenait se faire défriser. Les ruades déchirent ses vêtements tachés de boue et il est couvert de sueur et d’égratignures. Finalement, il parvient à le coucher à l’arrière de son véhicule dont il a retiré le siège et aussi dressé un filet bien épinglé pour l’emprisonner. À cran, attifé comme un naufragé psychotique, il quitte St-Boniface totalement mortifié sous les sifflements stridents des curieux.

Pas encore remis du choc de la course à la capture, voilà qu’une forte nausée l’assaille et il retient de justesse une longue série de haut-le-cœur. Il cherche l’odeur, renifle, puis se retourne pour s’apercevoir avec horreur et presque en pleurant, que le mouton s’est soulagé sur le tapis qu’il a malheureusement oublié de couvrir. Vrai besoin ou vengeance de l’animal, allez donc savoir!

Et comble de malchance, le soir de la St-Jean-Baptiste ressemble au déluge de Noé, donc pas de fête, pas de feu et tout est remis au vingt-cinq. Enragé, Jacob dégaine un chapelet de toutes sortes d’expressions innommables ici et rembarque dans son auto le mammifère

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tenu en laisse. Plein d’espoir pour s’en débarrasser, il téléphone au cultivateur pour avoir son avis, mais hélas, trois fois hélas, ce dernier l’autorise à le garder jusqu’au lendemain. Notre naïf ne dort pas de la nuit, car l’animal dans la remise, bêle rageusement, sans arrêt. Aussi, pour ne pas devenir fou, Jacob répond en bêlant lui aussi, après chaque plainte de la bête. Et le chien du voisin, n’en pouvant plus, se met à hurler à la lune créant ainsi un trio infernal. Au petit matin, notre ami est aphone et il ne peut que chuchoter comme au confessionnal.

L’après-midi, il faut le voir dans le défilé, debout, chancelant, les yeux a demi fermés en tenant la bête qu’il a plutôt envie d’essorer. Son sourire crispé est le plus laid jamais vu à ce jour. Pour ce qui est du ruminant, il semble au paradis reposant dans les bras de Morphée et de qui vous savez…

Suite à cette mésaventure, maintenant à chaque Fête nationale, le petit producteur de laine brille par son absence. Quant à Jacob, il a développé un goût acharné pour ce quadrupède…surtout en côtelettes nappées de sauce. Vrai goût ou vengeance de l’homme, allez donc savoir!

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