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IRapport de mission
Mission d'appui à la mise ~n place du groupe projet
"Observatoire du développement" au sein du PRASAC
PRASAC
J. Gauthier, L. Temple, T. Essang Décembre 1997
, Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique Centrale
.
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·-! 'Remerciements
Nous adressons nos plus vifs remerciements au directeur du LRVZ qui a mis à notre
disposition un véhicule pour tout le temps de la mission au Tchad et au Cameroun.
Nous remercions aussi chaleureusement le directeur général de l'ICRA et M. P. Doko pour
l'accueil réservé en République Centrafricaine et pour le véhicule mis à notre disposition.
Sommaire
)
INTRODUCTION ........................ 4
I -LE POINT SUR LES PRODUCTIONS AGRICOLES ....... -... 9
l -LES BASSINS DE PRODUCTION ... 9 1.1 -En République Centrafricaine ......................................... 9 1.2 - Au Tchad ............................................ 10 1. 3 -Au Cameroun .............................................................. 12 2 - LES STATISTIQUES DISPONIBLES ... 13 2.1 -En République Centrafricain~ ................................ 13 2.2-Au Tchad ...................................................... 17 L. 2. 3 - Au Cameroun ....................................... 19 3 - CONCLUSION ... 21 3.1 - Les filières vivrières ........................................................ 21
3. 2 - Les filières fruitières et horticoles ..................... 21
3.3 -Les filières élevages ............................................................... 22
II -LA CONNAISSANCE DES FILIERES : LES DONNEES ET LE SUIVI DES PRIX, LA CONNAISSANCE DES CIRCUITS DE COMMERCIALISATION .......... 23
1 -LES FILIERES VIVRIERES ... 23
' \ 1.2 -En République Centrafricaine ...................... 23
1.2 -Au Tchad .......................................................... 23
J( 1. 3 -Au Cameroun .............................................. 24
2 -LES FILIERES FRUITS ET LEGUMES ... 26
2.1 -En République Centrafricaine .................................... 26
2. 2 -Au Tchad ................................................... 26
2. 3 - Au Cameroun ....................................................... 26
2 -LES FILIERES ANIMALES ... 29
2.1 - En République Centrafricaine .................. 29
2.2 -Au Tchad ... 30
'
:2. 3 - Au Cameroun ................................... 31
3 -CONCLUSION··· 32
3.1 - Les vivriers .................................................................... 32
3.2 - Les fruits et légumes ................................................ 32
3.3 -L'élevage .............................................. 34
ID - L'ENVIRONNEMENT INSTITUTIONNEL ....... 35
1 - EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ... 35
2-AUTCHAD ... 37
3 - Au CA.MEROUN ... 39
1~ 4 - CONCLUSION ... 43
IV - LES PERSPECTIVES DE RECHERCHE ... 44
1-DES ETIJDES PONCTUELLES POUR AMELIORER LA CONNAISSANCE DES FILIERES ... 44
1.1 -Les études retenues ................................ 44
1.2 -La méthode ........................................... 45
2- DES SUIVIS POUR ETUDIER EN DYNAMIQUE LE FONCTIONNEl'vŒNT DES FILIERES ... 46
., 2. 1 - La valorisation des bases de données existantes ............................. 46
2.2 -La mise en place d'observations complémentaires ........................... 46
3 -DES ETUDES PERIPHERIQUES AUX FILIERES POUR MIEUX COMPRENDRE LEUR _ FONCTIONNEl'vŒNT ... 46
3.1 -Le crédit : un atout pour le développement régional ...... 46
3.2 -Le diagnostic de l'environnement institutionnel .................... 48
V - LE MONTAGE ORGANISATIONNEL ET FINANCIER ... 48
l -LE MONTAGE ORGANISATIONNEL. ... 48
2 -LE MONT AGE FINANCIER ...•... 48
~ L CONCLUSION ... 49 ANNEXES I 1 ,.,( 2
'',
Préambule
La mission qui vient d'être réalisée s'inscrit dans le cadre du montage du Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique Centrale (PRASAC) et de la mise en place du groupe projet« Observatoire du développement».
L'objectif de cet observatoire est de caractériser et suivre le fonctionnement régional afin de fournir des outils d'aide à la décision et d'orienter la recherche.
Une étude sur les conditions de mise en oeuvre d'un SIG régional devant servir d'outil à cet observatoire a déjà été réalisée. Cette étude a permis de préparer l'installation technique du SIG et de recenser les principales sources de données spatialisables. Il était nécessaire dans une deuxième étape, pour comprendre le fonctionnement régional, d'aborder aussi de façon plus approfondie les aspects économiques liés à l'analyse des filières agricoles et agro-alimentaires ( élevage, céréales, coton, fruits et légumes) qui jouent un rôle primordial dans le développement régional.
Les objectifs de la mission étaient donc les suivants :
-recenser les données existantes concernant les différentes filières;
-identifier les principaux projets présents dans la zone et les partenariats possibles; -identifier les hommes ressources et leurs besoins;
- proposer un programme pour les 3 années à venir et plus particulièrement pour 1998;
Cette mission a été réalisée par l'équipe suivante :
I
- Jérôme Gauthier, zoo-économiste du CIRAD-EMVT basé au LRVZ à Ndjamena et animateur scientifique suppléant du groupe projet« Observatoire du développement»; -Ludovic Temple, économiste du CIRAD-FHLOR, basé à l'IRAD à Yaoundé,
- Timothée Essang, agro-économiste de l'IRAD basé à Garoua.
Patrice Doko, ingénieur d'agriculture de l'ICRA basé à Bangui et animateur scientifique du groupe projet « Observatoire du développement » a été associé à la tournée en République Centrafricaine.
La mission s'est déroulée en 3 étapes :
- du 29/10 au 11/11, L. Temple, T. Essang et J. Gauthier ont travaillé au Tchad et au Cameroun;
- du 17/11 au 24/11, J. Gauthier s'est rendu en République Centrafricaine;
-du 24/11 au 1/12, L. Temple, T. Essang et J. Gauthier se sont retrouvés à Yaoundé pour achever la mission et rédiger le rapport.
3
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Introduction
La zone du PRAS AC englobe 9 des 17 préfectures que compte la RCA, 3 des 10 provinces du Cameroun et 6 préfectures sur les 14 préfectures du Tchad (cartes 1, 2 et 3). Cette zone des savanes est constituée d'un ensemble géographique varié aux zones pédo-climatiques diversifiées permettant le développement de très nombreuses filières agricoles et- agro-alimentaires.
Etudier l'ensemble de ces filières en une seule mission représentait une tâche titanesque pour un simple trinôme. Afin de faciliter ce travail, plusieurs options ont été prises.
En accord avec le directeur scientifique du PRASAC, il a été convenu de ne pas aborder les problèmes liés à la filière coton. '"Ces problèmes sont abordés dans un groupe-projet individualisé. De plus, cette filière présente une logique d'exportation extrarégionale très différente des autres logiques de commercialisation.
Les filières périurbaines n'ont pas fait aussi l'objet d'étude. Ces filières devraient être abordées dans un autre groupe-projet en recherche de financement actuellement. Une réflexion sur la filière bois de feu a tout de même été demandée à JM. Harmand qui bénéficiait de l'expérience de Maroua. Sa contribution est présentée en annexe.
Les autres filières ont été abordées regroupées en trois grandes entités : les filières vivrières autres que les filières fruitières et horticoles, les filières fruits et légumes et les filières élevage. Ce choix a été dicté par les modes de productions et par la spécialité de chacun des chercheurs associés à cette mission.
Les cultures vivrières non fruitières ou horticoles, présentes dans la zone du PRASAC, sont essentiellement le 111ani~, le maïs, l'arachide, le sésam~ .... les sorghos et mils et le riz,,~ Ces cultures assurent la sécurité ~ ntaire cfès-popu~s, soitclliêctement en participant à 1' approvisionnement alimentaire de ces populations, soit indirectement en diversifiant les revenus et en permettant de s'approvisionner sur les marchés. Cette diversification des revenus peut aussi à certaines périodes renforcer la compétitivité d'autres filières agricoles comme celle du coton 1.
Le rôle des productions fruitières et horticoles est souvent plus mal évalué en raison du nombre élevé de produits, de la saisonnalité de l'offre et du caractère localisé des zones de productions. Or leur contribution au développement économique régional des zones de savanes est de plus en plus important du fait de leur rôle dans la diversification des revenus mais aussi dans l'approvisionnement des populations en éléments nutritifs indispensables pour mener une vie saine et active et dans l'aménagement et la gestion de l'espace (ombrage, anti-érosion, reconstitution de la fertilité).
1
En particulier, l'arachide récolté pendant la période de soudure (juillet à septembre) finance la mobilisation d'une main-d'oeuvre extérieure à l'exploitation au moment des sarclages sur le coton. Le sorgho, qui se récolte en octobre, finance par contre la récolte du coton.
4
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L'élevage, enfin, représente un ensemble particulier participant à la sécurité alimentaire mais
présentant aussi de multiples autres fonctions : un apport financier supplémentaire direct ou
indirect, l'épargne, la valorisation des sous-produits, la fumure et la traction animale.
Pour étudier ces trois ensembles de filières, la démarche suivie a toujours été la même.
Les différentes productions ont d'abord été localisées, au niveau de chaque pays, dans la zone
du PRASAC. Un inventaire des données statistiques existantes a ensuite été dressé afin
d'évaluer l'information disponible et sa qualité. Ces deux premières étapes ont permis déjà de
hiérarchiser l'importance économique des différentes productions en vue des choix ultérieures à
faire concernant les axes de recherche et les indicateurs de développement économique.
Pour chaque groupe de filières, un inventaire des connaissances existantes sur les circuits de commercialisation des produits, sur les prix, a ensuite été réalisé couplé à l'identification des
suivis de marchés opérationnels.
Dans une étape suivante, et non plus de façon spécifique à chaque groupe de filière, l'environnement institutionnel des différentes productions a été étudié pour appréhender, entre
autres, les interrelations possibles entre le PRASAC et les autres projets ou institutions.
Dans une dernière étape, des perspectives de recherche sont proposées. Ces propositions
cherchent avant tout à répondre à la demande de suivi du développement de la zone en
choisissant les filières les plus représentatives de ce développement. Ces propositions cherchent
aussi à répondre aux demandes plus spécifiques adressées à l'observatoire au cours de la
mission par les partenaires, les autres groupes-projet ou des intervenants extérieurs. Enfin, ces
propositions ont comme principe de base de chercher à s'intégrer au mieux dans le paysage
institutionnel en sollicitant des synergies et des économies d'échelles.
En vue de préparer l'atelier de décembre 1997 concernant le groupe-projet "Observatoire du développement", une proposition organisationnelle est présentée pour permettre de rendre opérationnel le dispositif de recherche proposé. Enfin un budget prévisionnel a été établi pour
évaluer les besoins de chaque pays.
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PROVINCES DE L'EXTRÊME-NORD -DU NORD - DE L' ADAMAOUA 60 CENTRES D'ABATTAGE(liste non exhaustive)
TOPOGRAPHIE
Limite d'état Limite de province Limtte de département
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Chef-lieu de province.
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Chef-lieu de départemeo~ô Ville, village Roule Chemin de fer --<: Hydrographie
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r--r----~q<1'' RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE i..1 - Le point sur les productions agricoles
1 -Les bassins de production
1.1 -En République Centrafricaine
1.1.1 - Les vivriers
Le manioc est présent dans toute la zone. Plus de 90 p .100 de la population pratique cette culture. De plus, il aurait tendance à remplacer progressivement le mil et le sorgho. Les principales zones de production sont les provinces au centre du pays, l'Ombella-Mpoko, le Kerno, l'Ouaka et l'Ouham. L'arachide, le maïs, le sésame et les courges ne présentent pas de bassins de production particuliers. Le sorgho est par contre plus spécifique des régions nord telles que les préfectures de l'Ouha~ et de l'Ouham-Pendé. Le mil est plus répandu au nord-est, à la frontière avec le Tchad et le Soudan, dans la préfecture du Vakaga. Enfin le riz, cultivé dans des bas-fonds, est surtout produit dans le sud de la préfecture de l'Ouaka. Du fait des pratiques d'assolement2, notons que le récent développement de la culture du coton a aussi
entraîné une augmentation des productions vivrières dans la zone cotonnière. En RCA, le coton est présent au centre de la zone du PRASAC, dans les préfectures de l'Ouham-Pendé, de l'Ouham, du Nana-Grebizi, du Kerno et de l'Ouaka. La dévaluation du franc CFA, couplée à
une hausse des cours mondiaux, a permis une relance de ce secteur. Après avoir connu de sérieuses difficultés au cours des campagnes 91/92 et 92/93, la production est en constante augmentation depuis 94. La zone compte environ 100 000 planteurs et la production atteint les 50 000 tonnes de coton-graine, du fait d'une augmentation des superficies cultivées mais aussi des rendements. Les productions vivrières ont été associées à cette expansion.
1.1.2-Lesfruits et légumes
Les productions maraîchères sont particulièrement présentes le long de l'axe Bangui-Bouar et concernent donc surtout les provinces de Nana-Mambéré et de l'Ombella-Mpoko.
Si l'on se réfère au zonage réalisé par l'ICRA et l'ACDA en 1995, la zone située entre Sibut et
Grimari, dans l'Ouaka, avant d'arriver à Bambari, représente un bassin de production
d'agrumes (oranges, citrons). Les vergers sont généralement de petites tailles (0,15 à 0,25 ha) mais cette zone représente un lieu important d'approvisionnement pour les commerçants en saison sèche.
La production de bananes plantains et de bananes douces est essentiellement localisée dans les
provinces de l'Ombella-Mpoko, du Nana-Mambéré et de l'Ouaka.
2
La succession culturale la plus fréquente en RCA est la suivante : coton et 30 p.100 de manioc en première
année; autres vivriers et 80 p.100 de manioc en seconde année; manioc pendant 2 à 3 ans puis jachère plus ou
moins longue de 3 à 7 ans.
9
~
1.1. 3 - L'élevage
La zone des savanes centrafricaines est enfin une zone importante d'élevage bovin. Les régions
de Bouar et de Bambari furent historiquement les premiers zones d'immigrations des
populations d'éleveurs Peuls. Depuis ces premières migrations datant de 1920, l'élevage s'est
étendu dans toute la République Centrafricaine et même plus au sud que la zone des savanes.
Mais les préfectures de l'Ouham-Pendé, du Nana-Mambéré et de l'Ouaka conservent les plus
importants cheptels bovins.
Les autres productions animales sont réparties de façon plus homogène. Il n'existe pas de zones de productions particulières pour les petits ruminants, pour les porcins ou pour la
volailles. Les effectifs concernant ces productions sont d'ailleurs, hormis les caprins, peu
importants.
1.2 - Au Tchad
1. 2.1 - Les vivriers
Les études réalisées permettent de faire un premier bilan des différentes grandes productions.
Les principales céréales produites sont les ~r_gb.os, le mil, le riz et le maïs. Dans la zone
soudanienne, le sorgho représente près de la moitié des sürfacesëeréalières et plus d'un tiers
des surfaces vivrières. Les principales zones de production sont le Mayo-Kebbi et le Logone
Oriental.
L'arachide représente la culture d'oléagineux la plus importante par sa production et par les superficies emblavées. Cette culture s'est surtout développée dans le Salamat mais l'écoulement de cette production est entravé par l'absence de voies de communication viables. Le
Moyen-Chari, le Logone Occi9ental et le Logone Oriental sont également des zones à vocation
arachidière dans la zone soudanienne.
1. 2. 2 -Les fruits et légumes
Trois zones principales de production ont pu être identifiées : - Le bassin de production d'oignons de Binder (plus de 12 ha)
Il se localise dans le prolongement de la zone de production camerounaise. Cette proximité se
traduit par des transferts de techniques culturales, mais également, par des facilités
d'approvisionnement en intrants pour les producteurs tchadiens. La localisation frontalière
s'explique aussi par la facilité d'exportation sur le marché camerounais ou les marchés plus
éloignés du Gabon et du Congo. Le bassin de Binder participe également à
l'approvisionnement en oignons de la zone sud du PRASAC (Moundou, RCA .. ) en complément des autres régions de production du Tchad et en particulier de celle d' Abéché
située en dehors de la zone du PRASAC. Aucune estimation rigoureuse des quantités
d'oignons produites n'a cependant été identifiée.
10 •.
-Le bassin de production fruitière de Moundou
La production arboricole fruitière concerne surtout la mangue et le citron. Il existe des productions secondaires comme la goyave, la banane et les mandarines. L'importance de la production de mangues dans la zone est liée aux conditions climatiques, au caractère multi-fonctionnel du manguier3 et enfin à la création d0 la collection de Bébédjia et à la multiplication des pépinières sous l'impulsion de l'ONDR. Le caractère très saisonnier de la production de mangues4 a pour conséquence une surproduction conjoncturelle. Cette surproduction est commercialisée sur Ndjamena. Elle est aussi utilisée dans l'alimentation du bétail. Les _citrons,
en revanche, peuvent se produire toute l'année. On note cependant une abondance de l'offre
pendant la saison des pluies (de juin à septembre).
-Les bassins de production maraîchère proches des concentrations urbaines.
Ces bassins · de production sont principalement localisés en périphérie des centres urbains (Moundou, Sarh ... ) et à proximité c(es zones irrigables (fleuves, mayos, bas-fonds). L'arrivée prochaine, à Doba, d'une communauté expatriée importante autour de l'exploitation pétrolière constitue un potentiel de demande qui serait favorable au développement d'une zone de production maraîchère. Parmi les cultures maraîchères les plus importantes, en dehors de l'oignon et du gombo, on note celle de la tomate et de la salade, surtout à Moundou.
1.2.3 -L'élevage
A la différence des deux autres pays concernés par le PRASAC, la zone tchadienne des savanes n'est pas la zone traditionnelle d'élevage bovin.
Néanmoins, certaines préfectures du Sud, le Mayo-Kebbi et le Moyen-Chari, sont réputées pour leur élevage bovin sédentaire ou transhumant. Ces deux préfectures participent activement aux exportattons de bétail sur pieds et de viande bovine. Dans le nord du Mayo-Kebbi, deux marchés terminaux importants sont situés près de Bongor et participent à l'approvisionnement en bovins du marché de Bogo au Cameroun. Dans l'ouest du Mayo-Kebbi, le marché de Pala représente aussi un des plus grands marchés d'exportation du sud du Tchad.
Le Moyen-Chari est aussi une zone où l'élevage est important du fait du transit des éleveurs sahéliens. A Sarh, un nouvel abattoir géré par Africaviande, vient d'ouvrir et cherche à exporter vers le Sud.
L'élevage de bovins de trait et l'élevage de capitalisation pratiqué par une couche d'agriculteurs aisés se développent aussi dans toute la zone cotonnière mais les effectifs restent encore limités.
Les petits ruminants, et surtout les ovins, sont traditionnellement plus présents dans la zone soudanienne même si le Nord conserve toujours les plus importants effectifs. Le Mayo-Kebbi est aussi la région la plus importante pour ce type d'élevage. Autour de Moundou, cet élevage avait subi un important destockage suite aux pillages des groupes armés évoluant dans la zone.
3
Le manguier est très utilisé pour son rôle d'ombrage et la plupart des vergers se localisent à proximité des habitations.
4
92 p.100 de l'offre a lieu dans la saison sèche et chaude, en avril-mai.
11
D'après le chef de secteur de Moundou, le troupeau serait actuellement en reconstitution, en s'appuyant, entre autres, sur la production du Tandjilé.
Pour des raisons culturelles et religieuses, l'élevage porcin est par contre essentiellement concentré dans le sud du pays. Malgré cette concentration, il reste peu développé dans l'ensemble des préfectures à l'exception du Mayo-Kebbi. L'élevage de volailles est disséminé sur toute la zone. Il s'agit de petit élevage traditionnel, sans bassin de production particulier.
1.3 - Au Cameroun
1.3.1 - Les vivriers
Si le sorgho a constitué jusqu'alors l'aliment de base des populations des provinces de !'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord, l'importance du maïs semble s'accroître depuis une décennie. C~t accroissement est surtout facilité par son introduction dans la sole coton et par la diffusion des variétés à cycle court.
Le développement du sorgho s'est surtout fait dans la province de l'Extrême-Nord. Cette culture est concurrencée par le maïs dans la province du Nord, notamment dans la vallée de la Bénoué et le Sud-Est Bénoué. Elle est presque inexistante dans la province de l'Adamoua où le maïs a une place dominante.
Le développement du riz irrigué s'est surtout réalisé grâce à l'engagement de l'état par la création de la SEMR Y. Les plus grandes zones de production sont les périmètres irrigués de la SE1'1RY, situés près de Yagoua. On note cependant, depuis la dévaluation du franc CFA, le développement de la riziculture pluviale dans la vallée de la Benoué et autour des grandes villes du Nord et de !'Extrême-Nord. Le manque de données ne permet pas d'évaluer l'ampleur du phénomène.
Les zones de production,de l'arachide sont plutôt cantonnées dans les provinces du Nord et de !'Extrême-Nord. Pour ces deux provinces, les zones de Guider et de Yagoua sont les plus importantes.
1.3.2 - Les fruits et légumes
La mobilisation des travaux réalisés par le CIRAD et l'IRAD en 1994 et les résultats de l'enquête maraîchage de 1996 du ministère de l'agriculture permettent de repérer trois zones principales pour le maraîchage:
- Le Maya Sava
Le maraîchage se concentre près de Kolofata et de Mora, surtout autour de la rivière du Mayo Gance, dans les villages de Gouzoudou et de Gance.
-La Bénoué
Cette zone a bénéficié des activités de la cellule arbo-maraîchage du projet NEB, principalement dans les secteurs de Garoua, Pitoa et Lagdo.
- Le }.Jaya Kani
12
Peu d'informations ont été cependant trouvées sur cette zone.
Pour les fruitiers, la localisation des zones de production est plus difficile. En dehors des
vergers semi-intensifs, près des fleuves, qui sont le fait d'investissement de pluri-actifs 5
, la
production fruitière est disséminée sur l'ensemble du territoire. La concentration de l'offre sur
certains marchés permet de poser l'hypothèse que des bassins de production précis existeraient
dans le cas du citron par exemple. Les pépinières issues de projets permettent également de localiser des bassins potentiels. Un nombre important de plants fruitiers ont en effet été diffusés autour de Guider et Touboro par le projet DPGT et de Pitoa par le projet NEB.
1. 3.3 -L'élevage
Les trois provinces du Nord constituent la zone la plus importante pour l'élevage de bovins et
de petits ruminants au Cameroun. Répartis sur l'ensemble des 3 provinces, les bovins sont particulièrement nombreux en Adamaoua. Les petits ruminants sont beaucoup plus importants dans la province de !'Extrême-Nord.:
Les autres productions animales sont moins développées et surtout moins suivies. Le secteur avicole est constitué d'élevages traditionnels, caractérisés par une divagation permanente et l'absence de soins vétérinaires. Suite au problème de peste porcine dans le sud du Cameroun, la demande en viande porcine des grandes villes côtières s'est reportée vers les provinces du
Nord, dynamisant la production dans la zone du PRASAC. Le principal bassin de production se situe dans la zone de Yagoua avec un marché très important à Ngaoui.
2 - Les statistiques disponibles
Les bassins de production qui viennent d'être présentés ont été établis à partir des dires d'experts, des rapports de projets ou de mission mais aussi en s'appuyant sur les données statistiques existantes. Après la présentation qualitative des bassins de production, il était
important d'essayer de quantifier les différentes productions et, pour cela, faire le point sur les données statistiques existantes et leur fiabilité.
2.1 -En République Centrafricaine
2.1.1 -Les vivriers
Jusqu'en 1993, grâce à des financements des Nations Unies et de la FAO, le ministère de l'agriculture et de l'élevage assurait une collecte de statistiques agricoles. La dernière enquête sur les superficies, les rendements et les productions agricoles concerne la campagne 93/94.
5 L'investissement dans un verger est souvent un moyen de placer son épargne pour des salariés du
secteur public.
13 •.
Tableaux 1 et 2 : Répartition par préfecture des principales productions agricoles dans la zone du PRASAC pour la campagne 93/94 (Unité= tonne)
Préfecture Manioc Maïs Arachide
Ombella-Mpoko 110916 6257 10354 Nana-Mambéré 21735 1201 1123 Ouham-Pendé 26737 754 11606 Ouham 75785 6679 6632 Kerno 53877 5861 5083 N ana-Grebizi 21509 2785 2340 Quaka 86881 4614 7200 Bamingui-Bangoran 3277 23 922 Vakaga ~ 3048 151 1476
Total pour la zone 403765 28325 46736
duPRASAC
% de la production 70,2 48,8 64,9 nationale
Préfecture Paddy Sésame Mil/Sorgho Courges
Ombella-Mpoko 275 2609 14 1601 N ana-Mambéré 10 2665 309 496 Ouham-Pendé 177 3491 8231 398 Ouham 0 4555 12313 1346 Kerno 397 1254 0 583 N ana-Grebizi , 277 1034 364 924 Ouaka 2223 4028 175 3881 Bamingui-Bangoran 0 311 1059 0 Vakaga 0 402 5097 0
Total pour la zone du 3359 20349 27562 9229
PRASAC
% de la production 43,1 83,1 99,1 71,5
nationale
(Source: Direction des statistiques et de la documentation, Ministère de l'agriculture et de l'élevage)
Actuellement, les productions ne sont plus estimées que par des projections tenant compte des
paramètres climatiques. L'importance du manioc qui semble coloniser tout le pays est peut-être
sous-estimée. De même, la croissance des productions vivrières, couplées à la culture du
coton, est difficilement quantifiée.
2.1.2-Lesfruits et légumes
Concernant le maraîchage, aucunes données récentes n'ont pu être aussi trouvées. Les
dernières statistiques identifiées datent de 1989 et concernent la zone de maraîchage de
Nana-Mambéré.
-Tableau 3 : Tonnage commercialisé par espèce de légumes en 1989 dans la zone de maraîchage de Nana-Mambéré Légumes Quantités en kg poireau 22372 courgette 7606 tomate 13881 aubentlne 5012 navet 4999 choux vert 15199 choux rouge 2426 betterave 1301 haricot vert
.
21073 petit pois ~ 1140 concombre 8313 radis 948 oignon 1603 pastèque 509 poivron 7153 persil 797 laitue 21128 pomme de terre 14149 carotte 14355 Total 163964(Source : Direction des statistiques et de la documentation,
Ministère de l'agriculture et de l'élevage) '
Depuis 1993, le projet PDSV permet d'avoir des informations sur les productions maraîchères et vivrières des villages qu'il suit sur l'axe Bangui-Bouar. En 1997, les quantités de produits maraîchers commercialisés par ces villages étaient de 264 tonnes dont 62,2 tonnes d'oignons. Aucune donnée récente n'a été trouvée sur les productions fruitières.
2.1.3 -L'élevage
Les données concernant les effectifs d'animaux sont elles aussi assez anciennes. Le livre blanc de l'élevage, réalisé en 1991, reste la référence.
Les chiffres présentés dans le tableau suivant ne prennent en compte que les bovins appartenant au système pastoral transhumant national. Le cheptel bovin présent dans les autres systèmes ( sédentaires, transhumants saisonniers étrangers, traction animale) était estimé en 1990 à 146 000 têtes.
15
L
Tableau 4 : Répartition des effectifs de bovins et de caprins par préfecture en 1990 Préfecture Bovins Caprins
Ombella-Mpoko 218750 60400 Nana-Mambéré 350000 168000 Ouham-Pendé 487500 177000 Ouham 166250 267000 Kerno 5600 67000 N ana-Grebizi 12500 48000 Ouaka 200300 248600 Bamingui-Bangoran 6250 9100 Vakaga 1500 8500
Total pour la zone 1448650 1053600 duPRASAC
.
% de la produ~tion 77,4 70,2 nationale
(Source: Livre blanc de l'élevage, 1991)
Actuellement, le cheptel bovin national est estimé à 2 500 000 têtes. Mais ce chiffre peut être
remis en cause, dans la mesure où l'élevage bovin est en pleine mutation. Une étude, réalisée
en 1996 sur 1100 troupeaux, permet de quantifier cette évolution. Le nombre de bovins par famille d'éleveurs est en moyenne de 59,6 alors qu'en 1990, ce nombre moyen était encore estimé à 125. Cette différence observée peut correspondre à une réelle diminution du cheptel qui avait été annoncée avec l'engagement plus important des éleveurs dans l'agriculture. Il peut aussi s'agir d'une sous-estimation du fait que les éleveurs peuvent avoir tendance à déclarer qu'une partie de leurs animaux au cours des enquêtes ponctuelles réalisées. Le nombre d'éleveurs purs semblent aussi en diminution. Sur les 1100 éleveurs enquêtés, 35 p.100
seulement pratiquent uniquement l'élevage. 42 p.100 sont des éleveurs-agriculteurs, 11 p.100
des agro-éleveurs et 10 p. 100 pratiquent une autre activité principale ou secondaire (commerçant, fonctionnaires ... ). 57,8 p.100 de l'ensemble des troupeaux étudiés ne pratiquent plus non plus de déplacement. Les troupeaux sont détenus à 81 p.100 par des Peuls,
12,4 p.100 par des Bantous (Gbaya, Pana, Karé), le reste des troupeaux étudiés appartenant à
des Arabes, des Haoussas ou des Bornous. Parmi les Peuls qui étaient avant tout des éleveurs,
seulement 45,2 p.100 pratiquent encore uniquement l'élevage.
Associée à l'analyse des systèmes d'élevage, l'étude des paramètres zootechniques semble aussi
indiquer une baisse du taux d'accroissement numérique qui ne serait plus que de l'ordre
1,5 p.100.
Les ovins ne représentent pas un gros cheptel en République Centrafricaine. En 1990, celui-ci
était estimé à 220 000 têtes. L'élevage porcin est encore moins développé avec un cheptel de
147 000 animaux. Les volailles enfin, essentiellement élevées dans des systèmes traditionnels
sédentaires, étaient estimées, en 1990, à 3 160 000.
16 •.
2.2 - Au Tchad
2. 2.1 -Les vivriers
L'ONDR assure la collecte des statistiques agricoles dans l'ensemble de la zone soudanienne. Les surfaces, les rendements et les productions sont évalués annuellement. Les productions céréalières restent fluctuantes au cours des années essentiellement à cause des variations pluviométriques. Le suivi des quantités produites est donc essentielle. Le dernier rapport disponible concerne la campagne 94/95.
Tableau 5 : Principales productions agricoles de la zone soudanienne par année (unité= tonne) Culture 91/92 Pénicillaire )45300 Sorgho et berbéré 242600 Riz et maïs 66600 Arachide 163900 Sésame 13400
-
(Source:·
Mercoiret et al., 1997)2. 2. 2 - Les fruits et légumes
92/93 93/94 94/95 135700 93900 98400 258800 183300 231700 100200 46600 82500 176200 156400 214900 16800 14400 12700
N'ayant pu identifier au cours de la mission des statistiques sur les volumes des différentes productions, les données des comptes nationaux du ministère de l'économie ( données 1997)
ont été utilisées pour établir quelques estimations. Les tonnages de chaque production6 ont été divisés par le nombre d'habitants du pays. Ce ratio a ensuite été multiplié par le nombre total de la population de la zone du PRASAC. Les importations de fruits et légumes étant limitées en zone soudanienne, ce calcul permet d'appréhender les tonnages des principales productions.
Ces extrapolations n'ont aucune valeur statistique. Elles sont juste destinées à fournir une première hiérarchisation entre les productions. Ces données devront être valider par des travaux ultérieurs. De fait, elles mettent pour l'instant en évidence le poids de la mangue, du citron, puis celui de la goyave, de l'orange et de la banane.
Tableau 6 : Estimations des productions fruitières en zone soudanienne pour l'année 1996
Fruits Tonnes ( zone PRASAC Tchad)
Mangue 6359
Citron 1122
Goyave 374
Orange 281
Banane 290
(Source : Estimation L. Temple, 1997)
6
Ces tonnages concernent la consommation finale et donc intègrent les quantités éventuellement transformées.
17
En procédant selon la même démarche méthodologique que pour les fruits, nous pouvons proposer les estimations suivantes pour les légumes.
Tableau 7: Estimations des productions de légumes en zone soudanienne pour l'année 1996
Lée:umes Tonnes ( zone PRASAC Tchad)
Tomate 7855
Oignon 14821
Gombo 17253
Ail 2992
Banane plantain 290
(Source : Estimation L. Temple, 1997)
Ces estimations révèlent l'importance quantitative du gombo au Tchad . Cette importance pour la zone PRASAC est à relativiser. Le gombo est en effet produit aussi en grandes quantités dans la zone sahélienne. Notons enfin le poids de l'oignon, de la tomate et dans une moindre mesure de l'ail.
2.2.3 - L'élevage
Les statistiques des productions animales sont gérées par la Direction de !'Elevage et des Ressources Animales (DERA). A l'image des autres pays de la zone PRASAC, ces statistiques sont d'une fiabilité discutable, aucun véritable recensement n'ayant eu lieu depuis plus de 20 ans.
Tableau 8 : Estimation des effectifs du cheptel par espèce et par préfecture en 1995
Préfectures Nb de bovins Nb d'ovins Nb de caprins Nb de porcins
Logone Occidental 77552 103896 55041 1748 Logone Oriental 79432 116714 65082 1481 Mavo-Kebbi 117450 366273 204240 7772 Moyen-Chari 512998 125653 70089 3421 Salamat 391475 210631 418219 0 Tandjilé 58918 92278 51459 1748 Total 1237825 1015445 864130 16170 zonePRASAC pourcentage 26 45,7 22,7 92,1 du cheptel national (source: DERA)
Seuls les chiffres de la DERA sont présentés ici pour appréhender la répartition du cheptel. Selon les experts, les estimations peuvent fortement diverger du fait d'appréciations différentes de l'impact des sécheresses, des épizooties et des troubles politiques qui ont affecté le pays.
Plusieurs experts rencontrés dont Malcom Sander, ancien coordinateur du PNE, pensent que les estimations actuelles sous-estiment le cheptel bovin tchadien. Enfin, les chiffres présentés minimisent peut-être aussi l'installation de plus en plus au sud du pays de nombreux éleveurs et le développement de l'élevage bovin chez les agriculteurs. Les données existantes ne nous permettent pas non plus d'appréhender l'importance du petit élevage.
18
Selon le chef de poste vétérinaire de Bongor, les chiffres de la DERA sous-estimeraient aussi fortement les données sur les porcs dont la filière bénéficie actuellement d'un fort dynamisme dans le Mayo-Kebbi.
2.3 -Au Cameroun
2.3.1 -Les vivriers
En s'appuyant sur les différentes études réalisées dans la zone et sur les statistiques agricoles existantes, on peut établir les productions des principales cultures céréalières pour les années
90 et 91.
Tableau 9 : :erincipales productions céréalières du Nord, de l'Extrême-Nord et de !'Adamaoua (unité= tonne)
Culture 1990 1991
Sorghos 435000 318000
Riz 53715 53277
Maïs 96000 103000
(Source: Fusiller et al., 1995; Conte et al., 1993)
La riziculture pluviale connaît depuis 1991 une expansion considérable, surtout dans les bas-fonds. Cependant, aucune donnée n'a pu être trouvée pour nous éclaircir sur l'ampleur du phénomène.
Les statistiques agricoles permettent d'avoir une information sur les quantités produites et les
surfaces mises en culture pour les principales cultures vivrières. Pour l'arachide, en 1995, la production était estimé à, 120 000 tonnes avec de grandes variations dans les rendements selon
les zones et la disponibilité en eau.
2.3.2-Lesfruits et légumes
De même qu'au Tchad, il a été difficile d'identifier des statistiques de production sur les fruits au Cameroun. Certaines estimations sont parfois faites au sein des délégations ministérielles mais elles sont peu diffusées. La collecte de ces sources n'a pu être faite dans le cadre de cette mission. Par ailleurs, la démarche retenue pour le Tchad permettant d'appréhender la production à partir de la consommation n'a pas pu être appliquée pour ce pays. Le nord du Cameroun est une zone d'exportation importante de citrons et de mangues à destination du Gabon. L'estimation de la production à partir des données de consommation n'aurait pas tenu compte de ces tonnages exportés sur lesquels peu d'informations ont pu être collectées. La production d'oranges et de bananes est importante au Cameroun, or elle apparaît peu dans les enquêtes de consommation consultées. Enfin, l'existence d'unités de fabrication de jus à Garoua, Maroua et Ngaoundéré implique d'estimer les tonnages qui sont ainsi transformés et sur lesquels nous n'avons pas d'information quantitative précise pour l'instant.
Certains experts (AGROCOM, 1997) avancent quelques estimations pour la production de
mangues qui serait de 5 000 tonnes dans les provinces Nord et Extrême-Nord. Les estimations
statistiques des productions fruitières au Cameroun restent donc à réaliser. Notons que ce travail est en cours de réalisation au sein du projet FAC fruits et légumes de l'IRAD.
19
A contrario des fruits, nous disposons au Cameroun d'une enquête maraîchage du ministère de l'agriculture réalisée en 1996 qui quantifie l'importance relative des différentes productions
selon les zones.
Tableau 10 : Estimations des productions des principaux légumes cultivés dans la zone du PRASAC au Cameroun pour l'année 1996
Lé~ume Tonna~e
Tomate 4975
Oignon 34696
Gombo 1260
(Source: Enquête MINAGRI, 1996)
L'importance économique de la prod~ction d'oignons est ici mise en évidence.
2.3.3 - L'élevage
Les statistiques disponibles au niveau du MINEPIA sont de plus en plus remises en cause. Les
difficultés financières des fonctionnaires ne les incitent pas à collecter efficacement les informations. Déjà en 1992, MM de Gonneville et Letenneur recommandaient de refaire « un recensement par sondage aussi sérieux que possible » vue la divergence des différentes sources d'information qu'ils avaient pu trouver. La dernière estimation fiable des effectifs de bovins a été obtenue à partir des effectifs de bovins vaccinés lors de la campagne 1984-1985.
L'épidémie de peste bovine de 1983 avait touché les 3 provinces étudiées et la campagne de
vaccination suivante avait particulièrement été suivie par les éleveurs. Les effectifs enregistrés
représenteraient 82 p.100 du cheptel total.
Tableau 11 : Effectifs de .bovins vaccinés au cours de la campagne 84/85
Provinces Effectifs vaccinés
Extrême-Nord 727532
Nord 374734
Adamaoua 1091514
Total 2193780
Pourcentage 87
par raooort au total national
(source : MINEPIA)
20
~
Concernant les effectifs de petits ruminants, les éléments objectifs de détermination sont encore plus difficiles à trouver et seules les statistiques des délégations provinciales sont disponibles.
Tableau 12: Effectifs des petits ruminants par province en 1994
Provinces Nb d'ovins Nb de caprins
Extrême-Nord 724925 919862
Nord 281358 341808
Adamaoua 122766 67584
Total 1129049 1329254
Pourcentage 67,8 66
par rapport au total national (source: MINEPIA)
Le MINEPIA ne dispose pas de chiffres utilisables pour l'élevage porcin. Selon une enquête de l'IRAD réalisée en 1996, le cheptel porcin dans les provinces du Nord et de l'Extrême-Nord serait de près de 200 000 têtes et aurait une forte croissance depuis plusieurs années.
3 - Conclusion
3.1 - Les filières vivrières
Au Cameroun comme au Tchad, les céréales représentent l'aliment de base des populations. Ils sont beaucoup moins consommés en RCA où le manioc constitue la base alimentaire. Parmi les céréales, le sorgho prime nettement au Tchad. Cette primauté est plus relative au Cameroun.
Le maïs prend de plus en plus d'importance du fait de ses rendements nettement supérieurs à ceux du sorgho. D'une manière générale, les céréales représentent donc un potentiel énorme pour la zone du PRASAC et doivent être pris en compte pour suivre le développement de la zone. Les tubercules ont fait l'objet de moins d'attention au cours de la mission, l'Adamaoua n'ayant pas pu, entre autres, être visité. Il n'en reste pas moins que le manioc semble aussi jouer un rôle économique important, de façon sure en RCA, mais certainement aussi dans le nord du Cameroun.
Enfin, l'arachide apparaît aussi comme une des cultures importantes pour la zone du PRASAC.
Son intérêt économique est de plus amplifié par son intérêt pour le maintien de l'équilibre azoté des sols.
3.2 - Les filières fruitières et horticoles
La faible intégration des fruits et légumes dans la plupart des enquêtes statistiques agricoles se traduit par une pénurie d'information quantitative sur les différentes productions. La compensation de cette insuffisante implique de croiser les enquêtes de consommation, les informations sur l'estimation des productions (données des projets) et des informations sur la quantification des flux entre les zones de production. Le croisement de ces sources pourrait faire l'objet d'une formalisation méthodologique (tableaux matriciels) et constituer un outil d'aide à la synthèse d'informations statistiques quantitatives pour l'ensemble de la zone PRASAC.
,
,
Indépendamment des incertitudes sur les sources, il est à remarquer que les chiffres trouvés, de
consommation par habitant en fruits, semblent de plus particulièrement faibles dans la zone du
PRASAC. Au Tchad, les chiffres de consommation estimés à partir des comptes nationaux
sont très faibles et insuffisants par rapport aux normes de sécurité alimentaire proposées par la
FAO. Ce constat montre le besoin d'une augmentation de l'offre en fruits, compte tenu des
anticipations sur l'accroissement démographique et des perspectives de croissance économique
que devraient connaître la zone (effets indirects de l'exploitation pétrolière, entre autres).
L'estimation des superficies pourrait être déduite des données de production si des références
technico-économiques sur les rendements moyens dans la zone étaient disponibles. Ces
références sont à élaborer.
-Les travaux disponibles, les comptes-rendus d'activités des différents projets, permettent de
proposer un rapide bilan des facteurs limitants ( techniques; économiques, institutionnels), et
des opportunités à saisir pour les filières fruits et légumes. Ces facteurs limitants varient selon
les productions (citron, tomate ... ) et selon les zones localisées de production. Nous en
donnerons ici une rapide lecture.
L
Les facteurs favorables s'appuient sur le constat d'une demande en extension du fait de la
croissance démographique, de l'augmentation rapide des marchés urbains, des perspectives de
croissance économique positive. Ces facteurs portent également sur des avantages localisés liés
aux possibilités d'irrigation ou des conditions pédo-climatiques spécifiques (sols alluviaux de bonne qualité), enfin aux conditions humaines liées à la très forte densité de projets (ONG)
pour lesquels les fruits et légumes constituent souvent un volet d'intervention prioritaire.
Les facteurs défavorables se réfèrent au manque de travaux concernant la recherche
d'adaptation variétale, aux conditions du milieu et aux conditions du marché, aux difficultés d'approvisionnement en intrants, principalement en semences et en plants fruitiers améliorés, aux difficultés d'approvisionnement en crédits nécessaires pour certaines innovations
techniques (irrigation .. ), à l'insuffisante organisation des circuits de commercialisation et
d'interrelation dans la circulation de l'information entre les marchés de gros, enfin à la faiblesse
des organisations professionnelles, le plus souvent émergentes.
3.3 -Les filières élevages
Malgré l'imprécision des données statistiques existantes sur l'élevage, la zone du PRASAC
présente un très fort potentiel en productions animales.
Si l'on se réfère, pour les effectifs et les taux de croissance numérique, aux estimations
présentées ou existantes dans les différents rapports consultés, on peut estimer le cheptel bovin
dans la zone du PRASAC à plus de 6 500 000 têtes et celui des petits ruminants à plus
7 000 000 de têtes. L'élevage bovin est donc un des moteurs de l'économie de la zone du
PRASAC et, du fait de l'intensité du commerce transfrontalier, il participe aussi à l'intégration
régionale.
Le rôle des productions porcine et avicole est plus difficile à évaluer. Cependant il est
intéressant de noter que les statistiques sont encore moins fiables que pour les ruminants. Ces
animaux, élevés de façon traditionnelle, font l'objet de peu de suivis. Le dynamisme particulier
dont fait preuve actuellement la filière porcine, au nord du Cameroun et dans la région de
Bongor au Tchad, incite à vouloir améliorer les données liées à ce secteur.
22
..
Il -
La connaissance des filières : les données et le suivi des prix, la
connaissance des circuits de commercialisation
1 - Les filières vivrières
1.2 - En République Centrafricaine
Jusqu'en 1986, la commercialisation des produits vivriers était fortement réglementée. Des commerçants agréés assuraient la collecte dans des zones qui leur étaient assignées et devaient suivre les prix officiels et les calendriers de marché. Une partie importante des surplus vivriers était cependant commercialisée par des intermédiaires non agréés et en particulier par des femmes commerçantes appelées les « wali gala ». Le marché des produits vivriers a finalement été libéralisé en juillet 1986.
Malgré la libéralisation des marchés et le développement des points de vente hebdomadaires en province, les problèmes de commercialisation restent primordiales. Ces problèmes ont d'ailleurs amené la RCA, en collaboration avec la FAO, à organiser un atelier sur l'amélioration de l'organisation de la vulgarisation dans le domaine de la commercialisation agricole.
Au cours de cet atelier, Michel Bifessi, alors directeur du projet de développement rural de Bouca, a fait le point sur les contraintes rencontrées par les producteurs en matière de commercialisation de leurs produits.
L'étroitesse du marché centrafricain, le manque de lieu de regroupements des produits, le problème des prix et des marges peu incitatrices, le manque de structures de stockage et le problème d'emballage ont été cités comme contraintes liées à l'organisation du marché. Le manque de moyens financiers, lié à l'absence d'accès au crédit, a été identifié comme une des contraintes majeures pdur les commerçants. Les autres contraintes, freinant l'activité des commerçants, sont liées au transport difficile et aux taxes trop nombreuses.
Malgré l'intérêt affiché pour les problèmes de commercialisation, peu d'études ont été réalisées. En fait, la seule étude identifiée, sur les circuits de commercialisation des produits vivriers, concerne les préfectures de l'Ouham et de l'Ouham-Pendé. Cette étude avait été menée en 1989 par Africare mais le document n'a pas pu être consulté à leur siège à Bangui. Enfin, la consommation, dernière étape d'une filière agro-alimentaire, a très peu été étudiée en RCA, quel que soit le produit vivrier.
Conscient des problèmes de commercialisation, l' ACDA a mis en place, à partir de 1995, un réseau important pour le suivi des prix des produits vivriers. Ce dispositif permet de produire des mercuriales sur les principales productions. L'analyse des données est confiée au niveau de chaque direction régionale au service des études et des suivis des tableaux de bord.
L'information est aussi centralisée à Bangui au niveau de l'unité de suivi-évaluation de l' ACDA et sert à la diffusion de messages radio pouvant servir à orienter les commerçants dans le choix de leurs zones de collecte. L'information ne concerne cependant que les prix .
1.2 - Au Tchad
Les céréales, et principalement le mil et le sorgho, constituent les aliments de base au Tchad.
La moyenne de production annuelle du mil, sorgho et berbéré, a été estimée, entre 1985 et
23
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,_
1994, à 600 000 tonnes par la Division de la Statistique Agricole, réparties pour 46 p.100 en
zone sahélienne et 54 p. l 00 en zone soudanienne. Cette moyenne masque la forte variabilité
observée d'année en année, plus accentuée au nord qu'au sud du Tchad. Le haut degré de variabilité de la production entraîne un perpétuel changement des zones de surplus et de
déficit, nécessitant une chaîne de commercialisation flexible et adaptable pour maîtriser les flux.
Participant au premier rang à la sécurité alimentaire du pays, avec toujours un risque de
"mauvaise année", le secteur céréalier a donc déjà fait l'objet de nombreuses études. En 1994,
le ministère de l'agriculture et de l'environnement, en collaboration avec le projet
"Commercialisation des produits agricoles et transfert de technologies" financé par l'agence
américaine pour le développement, organisait une conférence sur la commercialisation des
céréales au Tchad. Cette conférence permit de faire le point sur la connaissance de ces filières
et d'appréhender les changements consécutifs à la dévaluation du franc CF A.
75 p.100 de·la production céréalière sont autoconsommés. La commercialisation des céréales
ne représente donc qu'une faible partie des 600 000 tonnes produites par an. En zone soudanienne, les flux semblent essentiellement concentrés vers l'approvisionnement des grands
centres de consommation (Sarh, Moundou, Kélo, Laï). Les flux de sorgho et de berbéré sont
principalement de l'ouest vers l'est, du Mayo-Kebbi vers la Tandjilé et le Logone Occidental.
Le flux de mil, plus modéré, est par contre orienté dans le sens contraire. Le commerce
frontalier semble par contre peu développé. La région soudanienne est généralement en état
d'autosuffisance céréalier, ce qui a pour corollaire l'importance moindre des flux frontaliers.
Seul un flux de berbéré du Cameroun vers le Tchad a été identifié en provenance de Yagoua et
de Maroua. Le berbéré du Cameroun atteindrait la région de Moundou à partir de Pont-Karol
et de Kélo. Le reste du commerce frontalier se limiterait à l'échange de céréales entre villages
frontaliers.
Au sein de la zone soudanienne, la commercialisation est assurée par trois types d'opérateurs :
les grossistes, les commerçants navette et les détaillants. Pour ces différents opérateurs, les
marges commerciales et' les coûts de commercialisation ont déjà fait l'objet d'enquêtes. Ces
commerçants sont considérés évoluer dans un environnement compétitif et gagner des revenus
pas excessifs vue l'importance des coûts de transport et des coûts implicites du capital. Le
système de commercialisation est donc apparu flexible et efficace, ne représentant pas une
contrainte pour la sécurité alimentaire.
La mise en place d'un système d'information sur les marchés (SIM) a permis aussi de mieux connaître et de diffuser les prix des produits agricoles. Les prix pratiqués semblent connaître
des variations dépendantes des périodes de récolte et de soudure. On note des pics saisonniers
de prix se situant en août-septembre pour le marché de Moundou par exemple.
Pour les oléagineux, et principalement l'arachide, il n'a pas été trouvé d'indications sur les
quantités faisant l'objet des transactions. Cependant, selon les experts rencontrés, le Tchad
exporterait vers la République Centrafiicaine par les marchés de Danamadi et de Bodo et vers
le Cameroun par le marché de Mbaibokoum.
1.3 - Au Cameroun
Plusieurs études sur les filières céréalières ont pu être aussi trouvées au Cameroun.
La consommation céréalière, notamment dans les provinces du Nord et de l'Extrême-Nord, est
évaluée à 235 kg/ an/ habitant. La production céréalière est, tout comme au Tchad, sujette à
24 •.
r
,
,-de fortes variations. Cependant, les périodes de déficit céréalier sont tamponnées par la forte diversité des produits alimentaires de substitution que sont les tubercules (manioc, ignames) et les fruits (banane plantain), notamment dans les villes où les céréales ne constituent plus la base
quasi-exclusive de l'alimentation. Cette diversification alimentaire serait intervenue à la faveur
du brassage des populations et de l'interpénétration des modèles alimentaires.
En dehors du mil et du sorgho, produits exclusivement par le secteur traditionnel, le riz et le
maïs bénéficient aussi d'un secteur moderne (SEMRY pour le riz et MAISCAM pour le maïs). Les objectifs de production de ces deux secteurs restent divergentes.
La majorité de la production du secteur traditionnel est autoconsommée. Seuls 25 p.100 de
cette production sont commercialisés, alors que dans le secteur moderne, toute la production issue de la ferme MAJSCAM, par exemple, est orientée vers l'approvisionnement de l'usine. Des 25 p.100 commercialisés par le secteur traditionnel, l'alimentation humaine en absorbe un peu de plus-la moitié, le reste alimentant les provenderies et les brasseries. Si au Tchad, les quantités de céréales produites sont rdestinées aux besoins de la consommation humaine et ne font l'objet d'aucune transformation fodustrielle, au Cameroun, la demande des céréales par les usines de transformation reste donc également importante, notamment pour le maïs.
La majeure partie de la production est tout de même destinée à l'approvisionnement des grands centres de consommation à l'image de ce qui se passe au Tchad. L'unité de commercialisation est généralement le sac de 100 kg et les grands centres de collecte sont Garoua, Maroua et Ngaoundéré. Ces centres jouent également un rôle de transit pour les quantités qui partent vers le Sud. Ces villes, notamment C'JRroua pour le maïs et Maroua pour le riz paddy, sont en effet des centres de regroupement et d'exportation vers les marchés du Sud ou les marchés du Nigeria. La commercialisation et l'approvisionnement des villes se font par un réseau informel de grossistes et détaillants qui parcourent les marchés de village. Le désengagement de l'état s'étant soldé par la fermeture de l'office céréalier, les producteurs disposent d'un faible pouvoir
de négociation face aux commerçants. Grossistes et semi-grossistes sont en position de force
pour fixer les prix. Des initiatives récentes, sous l'impulsion d'ONG et d'autres projets de développement, cherche à assurer un transfert vers les paysans de la plus-value de la commercialisation. Cette analyse est cependant à nuancer. Une étude plus approfondie, réalisée
sur le secteur céréalier tchadien, avait démenti cette affirmation qui était aussi communément
admise au Tchad.
Pour l'arachide, les études des flux sont plus sommaires, et les résultats ne sont que du domaine des hypothèses et ne découlent pas des observations faites dans le cadre d'une étude approfondie, mais d'entretiens et de données empiriques. La mission de Fusiller et Dimanche, en 1995, aura tout de même permis de dégager quelques caractéristiques de cette filière et
certaines possibilités de développement.
Au vu des quantités commercialisées (75 p.100 de la production) et du rôle que joue cette production dans les budgets des familles, il importe de mieux organiser cette filière.
L'amélioration de l'organisation devrait se faire par le regroupement des producteurs afin que
ceux-ci puissent bénéficier de la plus-value des prix à l'exportation. Il existe en effet une grande demande dans les marchés du Sud Cameroun, de la République Centrafricaine et du Nigeria. Une augmentation de la production trouverait un débouché dans les marchés cités plus haut, notamment avec la présence d'une chocolaterie, CHOCOCAM, qui a des préférences pour les variétés venant du Nord réputées de meilleure qualité. Les flux, au cours de l'année, emprunteraient les mêmes circuits que ceux des céréales ( on ne compte pas ici les importations de la MAISCAM). Les commerçants collecteurs et grossistes du secteur céréalier peuvent en
-effet être les mêmes que ceux du secteur arachidier. Les flux s'organiseraient donc du Nord vers ie Sud du pays.
Les problèmes et le "cliché" présentés restent cependant à approfondir. Les données sont
globales et ne donnent pas les éléments pouvant nous éclairer sur le comportement des
consommateurs et des producteurs.
Concernant les prix, le Cameroun dispose aussi d'un système de suivis des marchés des
produits vivriers (SNAR). La même situation qu'au Tchad se présente sur les variations des
prix au cours de l'année.
2 - Les filières fruits et légumes
2.1 - En République Centrafricaine
La connaissance des filières fruits et Jégumes n'est pas plus avancée que pour les autres filières
vivrières présentées pour la RCA. Aucune étude complète sur les circuits de commercialisation
n'a pu être trouvée. L'approche utilisée se limite souvent à un travail sur l'organisation des
producteurs en groupements villageois de commercialisation mais aucune analyse plus
complète des différentes filières fruits et légumes n'a été réalisée. Aucune donnée sur la
consommation, entre autres, n'a été identifiée. Lors de la mission en RCA, plusieurs actions
concernant l'analyse de ces filières, actions en cours ou à venir, ont pu être répertoriées : la
FAO avait lancé une étude sur les filières oignons et pommes de terre, le PDSV envisageait
quelques études sur les filières vivrières présentes dans sa zone.
2.2 - Au Tchad
Le projet Système d'information des Marchés au Tchad est à l'origine d'un suivi sur les prix
des produits horticoles, des grands centres urbains qui concernent dans la zone PRASAC,
Moundou et Sarh. Les prix suivis sont ceux de la tomate fraîche, tomate noire, tomate séchée,
tomate rouge séché, tomate rouge en poudre, tomate noire en poudre, oignon, gombo séché.
Ces suivis hebdomadaires sont complétés par des observations sur la provenance de chaque
produit. Nous n'avons pu nous procurer directement ces données compte tenu du caractère
"bilan inventaire" de cette mission et des conditions politiques locales qui ne nous ont pas permis de nous rendre à Sarh.
2.3 - Au Cameroun
Compte tenu de son importance, la filière oignon a fait l'objet de nombreuses études et projets
dont une bonne partie ont été initiée par AGROCOM. Nous citerons pour mémoire, la
réalisation d'une étude d'évaluation de potentiel en 1994, la réalisation d'une étude financée
par la coopération belge en 1995, le lancement d'une opération test sur l'oignon en 1995, la
réalisation d'une étude d'identification de projet de promotion de l'oignon en 1996 (toujours
soutenue par la coopération belge), la création de séchoirs (Garoua et Maroua) financé par le
PDEA en 1996, la création d'un comité filière oignon, l'élaboration d'un projet filière oignon
par des ONG dont un objectif est l'appui à l'organisation des producteurs dans la
commercialisation (INADES Formation et CDD Maroua), enfin les activités de suivi des prix
par le DPGT et les travaux sur le séchage par l'IRAD en partenariat avec le PDEA.
Si ces travaux sont sources de nombreuses données, leur lecture conduit à deux observations.
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