HAL Id: jpa-00233455
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00233455
Submitted on 1 Jan 1936
HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of
sci-entific research documents, whether they are
pub-lished or not. The documents may come from
teaching and research institutions in France or
abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est
destinée au dépôt et à la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
émanant des établissements d’enseignement et de
recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
Chaleur d’adsorption des gaz par le charbon à basse
temperature (- 183°)
René Lepointe
To cite this version:
CHALEUR
D’ADSORPTION DES GAZ PAR LE CHARBON A BASSE TEMPERATURE(-
183°)
Par RENÉ LEPOINTE. Elève de l’Ecole Normale
Supérieure.
Sommaire. 2014 La mesure des quantités de chaleur a été faite par un calorimètre á température
cons-tante : 2014 183° (oxygène liquide). Le dégagement de chaleur est plus grand au début de l’adsorption que par la suite. L’hydrogène donne un phénomène thermique exceptionnellement grand au début, ce qui
conduit à envisager la formation d’une combinaison superficielle stable d’hydrogène et de carbone. Ceci
paraît confirmé par le rôle que joue l’oxygène dans la purge du charbon.
1. Introduction. - De très nombreuses recherches ont été faites sur
l’adsorption
des gaz par le charbonde
bois, principalement
sur lespressions d’équilibre.
Il y a eubeaucoup
moins de recherches sur lacha-leur
dégagée
parl’adsorption.
Dès 1883
Chappuis
(1)
avaitremarqué
que pour NH3 la chaleurd’adsorption
diminuait au fur et à mesure quele charbon se saturait.
Gregg (1)
a fait de nombreusesmesures avec divers gaz, il est arrivé à la même
conclu-sion,
et a vérifié la formuleQ
= Iixn avec(),9
n 1et ou
Q
est la chaleurdégagée
par laquantité
x de gaz. Mais ces mesures ont été faites à 0°(calorimètre
àglace),
ou vers 40°(calorimètre
àphénol).
Commemesures à basse
température,
Dewar(3)
aopéré
dans l’airliquide,
mais il se servait de peu de charbon(1 cm3),
et faisait adsorber d’un seul coup unegrande
quantité
de gaz(plus
de 100cm3),
cequi pouvait
luimasquer l’évolution du
phénomène,
enparticulier
le début del’adsorption.
D’autre
part
M. Debierne avait observé dans desexpériences
nonpubliées, qu’en purifiant
l’héliam paradsorption
des gazétrangers,
principalement
l’hydro-gène,
dans du charbon refroidi par l’airliquide,
lespremières portions
de gaz adsorbéproduisaient
une vive ébullition de l’air
liquide,
tandis quel’ad-sorption
dequantités beaucoup plus grandes
n’avaitqu’un
effet peu sensible. Il en avait concluqu’une
trèsfaible
quantité
de gazsusceptible
de saturer la surface ducharbon,
dans une couche trèsmince,
probablement
monomoléculaire,
donnait lieu à unphénomène
ther-mique
trèsimportant,
seprésentant
comme une véri-table combinaison.C’est ce
pbénomène, qui
lui avait paru tout à faitremarquable,
qu’il
m’aproposé
d’étudier d’une manièrequantitative,
en recueillant avec toutes lesprécautions
nécessaires le gaz obtenu parvaporisation
de l’airliquide
au moment del’adsorption,
la chaleur latente devaporisation
permettant
de déterminer ledégagement thermique correspondant.
Fig. 4.
(i) CHAPPUIS. Jahr°es6, 1883, i39 - (2) GREGG. J. Chem.
Soc., 1927, t3i, 1494. -
(3) Dswan. C. R., 1904, 2, 262.
470
i?.
Description
desAppareils. -
Ledispositif
per-mettant de faire le vide pour purger le charboncom-prend :
10 Une
trompe
à eau T donnant environ 12 mrn de mercure.20 Uii
grand
ballon V de 15 il 201,
dans latrompe
fait le vide de [2 mm au début t de la purge.Par la suite, le
dégagement
gazeux étantfaiblp,
et le halloa degrande capacité,
il est inutile de faire fonc-tiooner latrompe
T.;Jo Une nompe à diffusion
P1
1 fonctionnant sur cevide
primaire
de 12 mm et donnant, 1
111m =1 0 J..
100
4° Une 2° p Hn pe à diffusion
Pz,
qui,
amorcée souscette
pressiun
de10¡J., peut
donner0,01
y,.Comme autres
appareils
unejauge
de Mac LeodJ,
dont le
rapport
decompression
est 10 000 pour 1 mlnde
tube,
permet
de lire lapression jusqu’à
0,1
y, doncd’apprécier jusqu’à
0,01
y.Viennent ensuite un
piège
à airliquide
A et uneampoule
B àpermettant
d’éliminercomplètement
la vapeur d’eau et les gaz condensables.Le
tube
à charbon et le calorimètre àoxygène liquide
sont réunis dans le mêmeappareil
F, qui
comprend :
10 Une cheminée centrale pour l’introduction d’une résistance chauffante.2° Autour de cette cheminée un tube contenant le
charbon.
30 Autour du charbon un 3c tube où
l’oxygène liquide
est
aspiré.
La cheminée estégalement remplie
d’oxy-gène liquide
avant uneexpérience.
Les
dégagements
provenant
de ces deux sourcessont recueillis ensemble dans une
éprouvette
gra-duée E.
L’ensemble F est
plongé
dans un vase Dewar de 2 litres contenant del’oxygène
liquide.
Une
ampoule
C,
de volume12,15
cm3(entre
les 2 corps derobinets)
sert de volume élémentaire pour admettre le gaz du réservoir D sur le charbon. Ce réser-voir D a un volume de 660cm3,
il est pourvu d’unmano-mètre.
Le charbon utilisé est du charbon de noix de coco
finement
pulvérisé;
le tube en contient44,0
g, soit un volume de 95 à 105 cm’ suivant le tassement.3. Conduite d’une
expérience. -
Purge
du charbon. -Après
uneexpérience,
il est essentiel de bien éliminer du charbon tous les gaz adsorbés. Pour celaje
le soumets au vide des pompes à diffusion en mêmetemps
queje
le chauffe vers 380°-400° par larésistance chauffante introduite dans la cheminée. Le charbon entourant
complètement
larésistance,
il suffit d’un courant de1,1 A
dans la résistance de 30 oluns pour maintenir cettetempérature.
La purge est trèslongue, après
unchauffage
sous le vide. deplusieurs
jours,
lapression
est d’environ10~;
elle tombe à une valeur non mesurablelorsqu’on
arrête de chauffer et àplus
forte raisonlorsqu’on
introduitl’oxygène
liquide.
Adsorption
du gaz. - J’introduisle gaz du résco-voir 1) dans
l’ampoule
C. Pour faire varier laquantité
de gaz aclsorbé,j’agis
sur lapression
dans D. Je mets alors ce gaz au contact du charbon où il est adsorbé. La chaleurdégagée
vaporise
l’oxygène liquide ;
1 i,7
d’oxygène
vaporisé
(ramené
à 0" et 760mm)
valent 1 calorie.L’équilibre
thermique
est obtenu aubout de 2
h;
pour annuler ledégagement
propre du calorimètre il suffit de verser alors del’oxygène
dans le vaseDewar,
pourremplacer
celuiqui
s’estévaporé.
Je mesure la
pression
d’équiiibre
à lajauge;
pour lespetits
volumes adsorbésl’équilibre
est atteint presqueinslantanément,
comme le montrent 2 mesuresdout l’une est faite aussitôt
après l’admission,
et l’autreplus
lard. Pour lesgrands
volumesadsorbés,
lapression
ne varieplus
au bout de 15 à 30 min suivant les cas.fi. Résultats. - J’ai commencé à
opérer
avec del’hydrogène, j’ai
constaté un trèsgrand
dégagement
de chaleur pour lespremiers
cme adsorbés.Après
avoirpurgé
lecharbon,
la secondeexpérience
m’a donné undégagement
de chaleur initialbeaucoup plus
faible.Cette anomalie m’a amené à penser que
l’hydrogène
avait modifié le charbonaprès
lapremièrc expérience.
Pour le ramener dans son étatprimitif je
lui ai fait adsor-ber une trèsgrande quantité
d’air(à
saturation à - 1830 sous lapression atmosphérique). Après
lapurge
dans cesconditions,
lespremiers
cm3d’hydrogène
adsorbé ont donné undégagement
de chaleurcomparable
à celui de lapremière expérience.
Voici
quelques
résultats(voir
tableau,
p.47t):
Le volume adsorbé estexprimé
en cm3 sous lescon-ditions normales. La
colonne p
représente
lapression
d’équilibre
en microns demercure - mm
la 100t1 >)
1colonne
Q
représente
le volume totald’oxygène
vapo-risé encm3,
c’est-à-dire la chaleur totaledégagée,
puisque
13,7
cm3 valent 1calorie;
enfin la colonne Areprésente
la chaleur vraied’adsorption
pour le volumet? : ~4 == 2013 ;
tl estexprimée
en kilocalorieov
"par molécule gramme, pour la commodité de compa-raison avec les chaleurs de réactions
chimiques.
Hydrogène
I : le charbon n’avaitjamais
été encon-tact avec ce gaz.
llydrogène
Il : le charbon a été saturé d’air avant la purge.Hydrogène
llx : purge sans intervention d’air.De l’examen de ce
tableau,
et des courbescorrespon-dantes,
tracées pourl’air,
l’argon (Hl
etHm))
il résulte : 1- La chaleurd’adsorption
est dans tous les casbeaucoup plus grande
pour lesquelques premiers
cm’ adsorbés que pour les suivants. Les courbesy
(v)
s’élèvent très
rapidement puis
tendent vers unepor-tion
rectiligne
dont A est le coefficientangulaire.
Les courbes ci contre ont été tracées seulement pour les471
Fig. 2.
2°
L’Hydrogène
secomporte
defaçon
touteparlieu-lière. Pour
l’Hydrogène
I et Il ledégagement
de chaleur initial est trèsgrand.
Ainsi pourHI,
et pour~,6~
cm3au début de
l’adsorption,
ledégagement
de chaleur est de 274 kcal pour unemol.,
la combustion d’une molé-culed’hydrogène
nedégage
que 59kcal,
soit4,7
fois moins.3°
L’adsorption
del’Hydrogène
III(purge
du charbon sans interventiond’air)
ne donne pas lieu à cephono-mène
thermique
considérable. Lephénomène
est trèsvoisin de celui
qu’on
obtient avecl’argon
(comparaison
des courbes 1 et IIIbis).
~~° Pour les
grands
volumes adsorbés(partie
linéaire de lacourbe)
la chaleurd’adsorption
del’hydrogène
est0,59
kcal.Ce
dégagement
de chaleurpeu
tprovenir
de472
c’est-à-dire
plus
que cequi
est observé :0,59
kcal.11 est vrai que la détente du gaz le refroiditcertainement,
ainsi que son passage dans
l’oxygène liquide
avant sonarrivée sur le charbon.
5.
Explication
de ces résultats. - Cespremiers
résultats montrent que ledégagement
de chaleur ini-tial variebeaucoup
avec la purge du charbon.L’intro-duction de l’air est fondamentale : les résultats
peuvent
varier dans lerapport
de ’15 à 1(Hn
etHllI).
Mais dans les mêmes conditions de sat-uiiation par l’air avant purge : H, etHu,
les résultats varient presque dusimple
au double.L’explication
du grosdégagement
de chaleur initial pourl-I1
etUn
estpossible
parl’hypothèse
quel’hydro-gène
et le carbone donnent uncomposé
de surfacequi
occupe immédiatement toute la surface libre du charbon. Par la suite on aurait uneabsorption
interne,
phénomène dégageant
peu dechaleur,
sinon pas du tout(voir
4,4°).
Cecomposé
desurface,
dont la for-mation est trèsexothermique,
est trèsstable;
lechauf-fage
prolongé
sous le vide à à0>° iie le détruit pas.Ceci
explique
doncparfaitement
le faibledégagement
de chaleur pour Hill: la surface du charbon étantdéjà
occupée,
il nepeut
y avoir formation du ditcomposé.
Par
contre,
si,
après
uneexpérience,
on laisse lecharbon se saturer
d’air,
et si on le purge ensuite(par
conséquent
dans uneatmosphère
contenant del’oxy-gène),
cetoxygène
détruit lecomposé
de surface formé parl’hydrogène,
et la surface étant de nouveaulibre,
une nouvelleexpérience
avecl’hydrogène
donne lieu à un grosdégagement
de chaleur initial(exp.
Il est intéressant de constater que cette modification de la surface du charbon par
l’hydrogène
ne modifiepas le
pouvoir
adsorbant : l’examen despressions
d’équilibre
pourHl
Hn,
H"I
le prouve. Je l’ai constatéégalement
dans d’autresexpériences
faites sur le même charbon soit avecl’air,
soit avecl’hydrogène.
Dans ces
expériences, j’ai
constaté que l’action del’oxygène
ne se faisaitplus
sentir au bout d’une dizained’expériences.
Lecharbon,
même chauffé unejournée
à l’air sous la
pression atmosphérique,
n’étaitplus
capable
de donner lieu au grosdégagement
de chaleurinitial avec
l’hydrogène.
Il est
possible qu’une
modification deplus
enplus
profonde
de la surface du charbonchange
les condi--tions de destruction ducomposé
de surface.Alors
j’ai
fait bouillir ce charbon avec de l’acideazotique. Après
ce traitement il a donné de nouveau avecl’hydrogène
le grosdégagement
de chaleur quej’ai
observé au début : 207 cm-’d’oxygène
vaporisé
pour unequantité d’hydrogène qui
avait donné autre-fois undégagement
de 140 à 300 cm3 suivant lesexpé-riences.
Ceci prouve de
façon
certaine l’action del’oxygène
sur le charbon modifié par
l’hydrogène;
l’oxygène
del’air
agit
bienaprès
lespremières
modifications,
par lasuite,
il est nécessaire de le faire intervenir sous formed’oxydant énergique,
comme N03H.Après
cetteexpé-rience et purge à l’abri de
l’air,
j’ai
observé un faibledégagement
de chaleurinitial,
après
intervention de l’air : grosdégagement
dechaleur,
comme dans lapre-mière série
d’expériences.
L’action de N03H semble avoir remis le charbon dans son état
primitif.
6. Conclusion. - Il résulte de ces
expériences
quel’adsorption
par le charbon de bois est unphénomène
complexe.
Cela n’a rien d’étonnant : le charbon de bois n’est pas une substance biendéfinie,
sespropriétés
dépendent
de son histoire.Cependant
cette trèsgrande
variation de la chaleurdégagée
au début del’adsorption
del’hydrogène
semble montrer que le
phénomène
seproduit
en deuxtemps :
1°
Adsorption superficielle;
2°Absorption
interne.Seule la
première
de ces actionss’accompagne
d’unphénomène thermique
trèsgrand,
cequi
justifie
l’acti-vitéparticulière
quepossèdent
les corps très divisés : corps poreux, métaux réduits...etc,
utilisés encatalyse.
Ces