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Submitted on 1 Jan 1903
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Précautions à prendre pour l’emploi des fils de cocon comme fils de torsion
V. Crémieu
To cite this version:
V. Crémieu. Précautions à prendre pour l’emploi des fils de cocon comme fils de torsion. J. Phys.
Theor. Appl., 1903, 2 (1), pp.41-43. �10.1051/jphystap:01903002004100�. �jpa-00240771�
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PRÉCAUTIONS A PRENDRE POUR L’EMPLOI DES FILS DE COCON COMME FILS DE TORSION ;
Par M. V. CRÉMIEU.
On sait que le fil tiré du cocon se compose de deux filaments à section sensiblement rectangulaire, que le ver étire et accole l’un à l’autre au moment même où il les utilise.
En même temps que le ver fabrique ce fil double, son corps pro- duit des mouvements assez rapides de va-et-vient, de façon à former
le feutrage très enchevêtré qui constitue les parois du cocon. Il en
résulte que les deux brins qui composent chaque fil sont, au moment
ou ils se collent l’un à l’autre, dans un état de tension inégal. Chacun
est dans un état voisin de celui d’un fil métallique recuit, qu’on
aurait d’abord enroulé en boudin, puis partiellement redressé.
Les propriétés du fil de cocon dérivent de ce qu’il est formé de
deux filaments de ce genre, collés l’un à l’autre sans qu’il y ait coïn- cidence entre leurs sinuosités respectives.
D’ailleurs, la substance dui compose chaque filament se comporte
comme un corps visqueux, incomplètement solidifié, dénué d’élasti- cité proprement dite, et très hygroscopique. Dans les glandes où elle
est produite, cette substance est à l’état de liquide visqueux; mais
elle se coagule instantanément au contact de l’acide acéticlue (’ ) . La
solidification des fils produits par le ver à soie doit être prodiguée
par quelque réaction analogue.
On comprend par suite que la solidification, complète à la superficie
du fil, n’atteigne pas le centre, ce qui permet de se rendre compte des proprié tés, pour ainsi dire mixtes, du fil de cocon.
Suivant les variétés de ver, et elles sont très nombreuses, la sec-
tion de chaque filament peut varier du rectangle aplati au carré.
Les dimensions du filament sont de l’ordre du 1001 de millimètre.
Ces particularités permettent de comprendre la façon dont le fil de cocon réagit contre la torsion et la traction.
10 /!ïlaJnent si1nple.
-On peut, par un tour de main assez facile à saisir, mais impossible à décrire, dédoubler les fils de cocon.
Le filament simple présente, en général, les propriétés suivantes
Sa force portante maximum est de 4 grammes environ.
(1) La racine des pêcheurs à la ligne est fabriquée
enétirant des glandes de
verà soie dans de l’acide acétique.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01903002004100
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Le filament conserve les sinuosités, ou plutôt les inégalités dues
à son origine ; sous l’action de faibles poids, il subit d’abord un
allongement
nde redressement, qui peut atteindre 50 de la longueur
du brin, et -devient complet pour des poids de 1 gramme à 1 gramme et demi.
Sous l’action de poids supérieurs, le fil 1 subit un véritable allon- gement élastique, mais avec toutes les particularités provenant de
sa viscosité et de son hygroscopicité.
On peut remédier à ces inconvénients en laissant le fil sous
traction de quelques grammes pendant un ou deux jours; on
l’humecte alors légèrement avec un peu d’eau distillée sur du coton;
puis on le repasse en le faisant glisser sur un morceau de fil de lai- ton poli et chauffé à 100-~~0°. Enfin on le passe sur un morceau de coton imbibé de vernis gomme laque.
Ce traitement t a pour effet de diminuer à la fois la viscosité et
rhygroscopicité du fil.
Avant comme après, du reste, le filament simple ne possède
aucune élasticité de torsion.
Un système qui lui est suspendu reste en équilibre visqueux dans
un angle de près de 3U°. Il semble que cette région d’indifférence diminue quand les poids attachés augmentent.
2° Fil naturel, double.
--Le fil double peut supporter 8 grammes et quelquefois 10, pour certaines variétés.
Le fil présente à la traction les mêmes particularités que le fil
simple. Il y a deux sortes d’allongements, l’un de redressement, l’autre
à l’allure élastique, beaucoup plus faible que le premier. Des allon-
gements brusques décollerlt partiellement les filaments, et l’allon- gement de redressement devient ainsi plus fort.
Au point de vue de la torsion, les propriétés sont plns compli- quées. ’Tant que le poids supporté n’est pas suffisant pour redresser le fil, c’est-à-dire tant que ce poids est inférieur à environ grammes,
on constate les propriétés visqueuses de la soie, avec un équilibre
indifférent dans un angle de 20 à
Sous des poids supérieurs, le fil se comporte non plus comme un
unifilaire visqueux, mais comrne un véritable bifilaire.
Il s’ensuit qu’il peut alors offrir un couple de torsion assez élevé,
du même ordre que celui d’un fil d’argent de même diamètre et de
même longueur.
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Le calcul montre en effet qu’un bifilaire dont chaque brin serait dépourvu d’élasticité de torsion propre, qui aurait 10 centimètres de
longueur et .l de millimètre d’écartement entre ses deux brins 50,
(dimensions qui correspondent à celle du fil de cocon), offrirait, pour
un poids de 8 grammes et une torsion de 1 radian, un couple W :
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