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Essai (10 points)

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Academic year: 2022

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Essai (10 points)

Diriez-vous aujourd’hui ce que Malraux affirmait hier du cinéma : le cinéma est un art, « et par ailleurs, le cinéma est une industrie » ?

Rédigez un essai, au format suivant : présentez en quelques paragraphes votre position, examinez 2 à 4 objections possibles qui pourraient vous être faîtes (en les identifiant « objection 1 », « objection2 », …), répondez-y dans la foulée, à la suite de chaque objection (« réponse 1 », « réponse 2 », …).

Texte avec questions (10 points)

Le cinéma n'a rien en lui qui corresponde à la deuxième articulation, fût-ce par métaphore. Cette articulation opère au plan du signifiant, mais non du signifié : le phonème, et a fortiori le « trait », sont des unités distinctives sans signification propre. Leur seule existence implique une grande distance entre « contenu » et « expression ». Au cinéma, la distance est trop courte. Le signifiant est une image, le signifié est ce-que-représente-l'image. De plus, la fidélité photographique fait que l'image est ici particulièrement ressemblante, et les mécanismes psychologiques de participation, assurant la fameuse « impression de réalité », achèvent de raccourcir la distance : dès lors, il devient impossible de découper le signifiant sans que le signifié soit lui-même débité en tronçons isomorphes : d'où l'impossibilité de la deuxième articulation.

Le cinéma constitue une « sémie » beaucoup trop « intrinsèque », pour parler comme E. Buyssens. Si une image représente trois chiens et si je « coupe » le troisième, je ne peux que couper en même temps le signifiant et le signifié « troisième chien ». […] Il y a autant de « choses » dans l'image filmique qu'il y en avait dans le spectacle filmé.

Les théoriciens du film muet aimaient à parler du cinéma comme d'un « esperanto ». Rien n'est plus faux. Certes, l'espéranto diffère des langues ordinaires, mais c'est parce qu'il réalise à la perfection ce vers quoi elles ne font que tendre : un système totalement conventionnel, codifié et organisé. Le cinéma diffère aussi des langues, mais dans le sens contraire. Il serait plus juste de dire que les langues sont comme coincées entre deux esperantos : l'un, le vrai est un « esperanto » par excès de linguisticité ; l'autre, le cinéma, par défaut.

En somme, l'universalité du cinéma est un phénomène à deux faces. Face positive : le cinéma est universel parce que la perception visuelle est à peu près la même dans le monde entier. Face négative : le cinéma est universel parce qu'il échappe à la deuxième articulation. Il faut insister sur la solidarité des deux constatations : un spectacle visuel entraîne une adhérence du signifiant au signifié qui elle-même rend impossible leur décrochage à quelque moment, donc l'existence d'une deuxième articulation. L'espéranto proprement dit est fabriqué, c'est un après de la langue. L'« esperanto visuel » est donné, c'est un avant de la langue.

Christian Metz, « Le cinéma : langue ou langage ? », Communications, n°4, 1964 (1) Quelle place occupe Christian Metz dans les théories du cinéma ? Pourquoi Casetti fait-il de cet article le point d’entrée dans la période qu’il nomme « scientifico-analytique » ? (2 points)

(2) En quoi consiste en linguistique la « 2e articulation » ? Pourquoi le cinéma en est-il dépourvu selon Metz ? Metz ne connaissait que le cinéma analogique, mais les pixels ne peuvent-ils pas jouer aujourd’hui le rôle de phonèmes pour l’image numérique ? (2 points)

(3) En quoi le cinéma peut-il être considéré comme un « espéranto visuel », opposé en tout point à l’espéranto linguistique ? Pourquoi cette dimension d’« espéranto visuel » rend-elle compte de l’intelligibilité du cinéma ? Pourquoi pourrait-on critique, à partir de ce texte, la critique que Noël Carroll adresse contre Metz, dans The Power of Movies en 1985 ? (2 points)

(4) Metz cherche à démontrer que le « cinéma est un langage là où on a cru y voir une langue » : en quoi ce passage participe-t-il de cette thèse ? Quels théoriciens du cinéma, auxquels s’oppose ici Metz, ont cru voir dans le cinéma une langue ? (2 points)

(5) Qu’est-ce qui distingue dans la démarche ces travaux de 1964 du travail de 1977 dans le signifiant imaginaire ? En quoi le travail de 1977 intègre-t-il une dimension réflexive absente en 1964 ? (2 points)

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