Culture et identité
A v a n t-p ro p o s
Anick Coudart (UMR ArScAn - Protohistoire européenne)
Serge Cleuziou (UMR ArScAn - Du village à l’État)
Armelle Bonis (UMR ArScAn - Du village à l’État.
Les Nouvelles de l’Archéologie. Conseil général du Val-d’Oise)
Dans le c a d re du thèm e 5 « Culture et identité » e t d e l'ACI « La construction identitaire dans les sociétés
passées e t présentes : le rôle d e l'archéologie, d e l'e th nologie e t de l'histoire » du réseau des Maisons des
sciences d e l'hom m e, nos réflexions e t ateliers se sont poursuivis.
Les textes réunis ici, autour du thèm e « Invention d e la tradition et construction du rapport au passé » ém anent d e l'atelier qui s'est tenu à Marseille, les 24 et 25 mai 2002, en collaboration a v e c la Maison Asie- Pacifique e t l'UMR « CREDO ».
Nos questionnements é ta ie n t à la fois d 'u n e grande banalité et d 'u n e im po rta n ce fondam entale, à savoir :
- Il im porte d e toujours distinguer entre les étiquettes que l'on colle à autrui (y compris celles plaquées par les archéologues, les historiens, les linguistes e t les ethnologues) e t les identités auto-proclam ées (m êm e si construire l'autre revient évidem m ent aussi à se définir soi) ;
- Dans un groupe et à une é p oqu e donnée, les identités sont multiples, changeantes, contextuelles et à géom étrie variable ; elles peuvent être a p p a re m m e n t contradictoires ;
- Définir son ou ses identité(s), c'est souvent faire appel à l'histoire, m anipuler le passé ;
- Les « ressources identitaires » - c e a v e c quoi on produit son identité — sont extrêm em ent variées ; - La g a m m e des situations d o n t les sciences sociales e t humaines ont à connaître est sans bornes : depuis l'identification d e « cultures » essentiellement matérielles jusqu'à l'im plication des chercheurs dans la définition de l'ide ntité de ceux qui les accueillent, généralem ent des peuples ou groupes minoritaires ;
- À c e titre, toutes les identités n 'o n t pas la m êm e im portance, à la fois pour la vie quotidienne de ceux qui les affirm ent ou se les voient attribuer, e t pour la dynam ique e t l'histoire de leur société ;
- On d o it égalem ent distinguer entre discours e t pratiques identitaires ;
- Les recherches e t les chercheurs p euven t être manipulés : parler d 'id e n tité n'est jamais neutre. Nous avons notam m ent essayé de distinguer entre c e qui relève d e l'« invention d e la tradition » (au sens strict défini par Hobsbawm et Babadzan) e t d'a utres manières d'incorporer le passé dans l'auto-définition d'un groupe. Nous nous sommes é g a le m e n t penchés sur ces « leaders ethniques » ou «donneurs d e sens », d o n t le rôle est clairem ent visible dans les situations contem poraines.