REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
LES CHROMOSOMES DES SUIFORMES Françoise
HULOTStation centrale de Génétique animale,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 - Jouy-en-JosasInstitut national de la Recherche
agronomique
RÉSUME
Le caryotype de Sus scro fa domesticus est caractérisé par 19 paires de chromosomes dont la morphologie permet un classement précis.
Les tests cytologiques utilisés pour la détermination rapide du sexe (chromatine de Barr, appendices nucléaires) donnent des résultats variables selon les tissus utilisés.
Les recherches portant sur les anomalies sont peu nombreuses. Elles concernent la léthalité embryonnaire (3n, 4n, 2n /3n, délétion), les troubles de la fertilité chez le verrat (translocation hétérozygote, spermatogenèse perturbée), l’intersexualité. Celle-ci, assez fréquente, a fait l’objet
de récentes recherches caryologiques. Les intersexués présentent des formules chromosomiques
variées : XX (masculinisation par un gène d’intersexualité autosomal et récessif), XY (syndrome
dit du a testicule féminisant *), XXY et XXXY /XXY (syndromes homologues à celui de Kline-
felter), XX /XY (freemartinisme).
Le nombre chromosomique de quelques autres Suiformes a été défini : Sus scro fa L. (2n = 36
ou 37) variations attribuées à un polymorphisme chromosomique, Dicotyles tajacu et angulatus (2n = 30), Hippopotamus amphibius (2n = 36).
INTRODUCTION
Les études
chromosomiques
desSui f ormes
se sontdéveloppées parallèlement
à celles des Ruminants
(H ULOT
etI,AUV!RGN!, 19 6 7 ) depuis
le début du xxe siècle.La similitude de leurs
progressions
est due à l’améliorationgénérale
des méthodesd’investigations.
Bien quequelques
auteurs se soient intéressés auxespèces
sau-vages du genre
Sus,
auxDicotyles
et même à la famille desHippopotamidae,
seulle Porc
domestique,
Susscrola
domesticus L. a faitl’objet
de recherches appro- fondies(cf.
tabl. i pourclassification).
Ordre des Artiodactyles
* Espèces étudiées.
FAMILLE DES SUIDAE
SOUS-FAMILLE DES Suinae A. - Sus
scro f
domesticus L.I. - Les chromosomes
I
.
Évolution
destechniques caryologiques.
De 1913 à
1950 , les
chercheurs utilisent lesprocédés classiques
del’histologie;
ceux-ci ont l’inconvénient de réduire
l’investigation
aux tissusembryonnaires
ou testiculaires
qui, seuls, présentent spontanément
un nombre suffisant de divi- sions cellulaires. Enoutre,
cettetechnique
nécessite des coupes sériées et la recons-titution des
figures chromosomiques
dansl’espace.
De
i 95 o
àig6o,
latechnique
duc< squash » supplante
lesprocédés histologiques.
Le testicule est
toujours
utilisé mais les tubes séminifères sont dilacérés. Par sarapidité
d’exécution et laqualité supérieure
despréparations,
le «squash
» marquedéjà
un netprogrès.
A
partir
de19 6 0 ,
l’utilisation des cultures cellulaires ouvre despossibilités
nouvelles pour l’étude des chromosomes de tissus
somatiques
variés.Le détail de l’ensemble de ces
techniques
estreporté
dans le tableau z; celui-ciest établi dans un ordre
chronologique qui permet
dedégager
lesprincipales
étapes.
2
. Le nombre de chyomosomes.
Bien que WODSEDALEK
( 1913 ),
ait trouvé un nombrediploïde
de 18 chromo-somes chez le mâle et 20 chez la
femelle,
les auteurs suivants s’accordent pour reconnaître au nombrediploïde
del’espèce
la valeur de3 8
ou 40(tabl. 3 ). Toutefois, H
ANC
E,
1917, attribue à lalignée germinale
un nombre fixe de 40 chromosomes et à lalignée somatique
un nombre variant entre 40 et58.
Pendant 30 ans, la
polémique
concernant le nombrechromosomique
restevive. Il faut attendre
ig6o
et l’utilisation des cultures pour que l’accord se réalisesur le chiffre définitif de
3 8
chromosomes et que la variabilité éventuelle des résultats obtenus soitimputée,
non pas à des différences inter-raciales comme lepensait
KRALUNGER( 1931 )
mais à des défauts detechniques.
Toutefois,
une réserve semble devoir être faite en cequi
concerne une vieillerace suédoise « Old Swedish » dans
laquelle
M!r,AND!R( 1951 )
note un nombrediploïde
de 30 chromosomes. Chez lesHybrides
Yorkshire X OldSwedish,
cetauteur trouve une gamme
comprise
entre 30 et3 6
chromosomes alors que SACHS( 1954
)
sur des animaux de même race et deshybrides similaires,
établit un caryo-type
uniforme de 40 chromosomes.3.
Caryotypes.
Outre l’observation
subjective
de lamorphologie
deschromosomes,
destechniques biométriques
ont étéappliquées,
tendant à caractériser un chromosomeou un groupe de chromosomes par des mesures de
longueur,
des index centro-mériques
et à leur attribuer desparamètres statistiques (HA N CE,
1917; MCCONN:Er.et
al., 1963; A N T ONIO , 19 6 4 ; RUDD!,!, 19 6 4 ; CORN!!!RT-J!NS!N
etal., 19 68).
La
technique histo-autoradiographique
utilisantl’incorporation
de lathymidine
tritiée facilite l’identification de l’un des X
qui,
du fait de saréplication tardive,
subit un marquage radioactif électif(E VANS , xg65; BRUYÈRE, 1 9 66;
CORN!!!RT-J
ENS E N
et al., xg68).
Les
interprétations caryologiques
des auteurspostérieurs
à19 6 0
serontseules
envisagées
ici car elles sont le résultatd’analyse
defigures métaphasiques
de bonne
qualité.
Si l’accord semble réalisé sur certains ensembles de
chromosomes,
il n’existe pas, à l’heureactuelle,
unidiogramme
de référence comme chez les humains.a)
Les autosomes. - Les divers schémasproposés répartissent
les chromo-somes en 2 groupes
(fig. i).
Le Ier
groupe, composé
de 12paires
à centromèreplus
ou moins médian ousubmédian, comprend
3 sous-groupes :i
paire
degrands
chromosomes à centromèresubmédian,
reconnue partousiles
auteurs(n O x);
9
paires
à centromèresubmédian,
médian ousubtélocentrique,
dont leclassement est délicat et encore controversé
(n Os
2, 3, 4, 5,6,
7,8,
9,10 ).
I
re
interprétation :
Les 9paires
forment une série delongueur régulièrement
décroissante
(MA K I N O
etR l., 19 62;
McCoNN!r, etal., I g63;
CASTRUCCI etANTONIO, 19
6 4
;
HENRICSON etB Â C K ST RÔM , 19 6 3 a, 19 6 4 a;
HARD etEISE N , 19 65; I,ODJA, 1966; BOMS!L-HÈI,MR!ICH, 19 67). L’appariement
des chromosomes encouples
est rendu
possible
par l’examensoigneux
de laposition
du centromère.2
e
interprétation :
I,es 9paires
sont scindées en 2séries : 4paires -!
5paires {GIM!NF;Z-MARTIN et al., 19 6 2 ; ST ON E, 19 6 3 ; GE RN E K E, 19 6 4 a),
ou en 3 séries!GIMENÈZ-MARTIN, 1966).
3
e interprétation :
RUDDLE( 19 6 4 ) s’appuie
sur des donnéesbiométriques
pour
répartir
ces 9paires
en 3 séries :la Ireformée par 2
paires
degrande longueur
et nettementsubmétacentrique ;
la 2e
composée
de 12 chromosomes presquemétacentriques
de taillerégu-
lièrement décroissante. McF’!! et al.
( 19 66)
et VoGT( 19 6 7 ) précisent
ce schéma enles
appariant;
la
3 e
estreprésentée
par lapaire
n° 10qui
est caractérisée par une constrictionau niveau du centromère. MCF!!Er.y et HARE
( 19 66) l’intègre
dans la 2e série.B OMS E L -HE LMR E I C
H ( 19 6 7 ),
sans en fairel’objet
d’un groupeparticulier, signale
l’existence constante de cette structure et
souligne
que lafragilité
de ce chromo-some est à
l’origine
du désaccord sur le nombrediploïde
2n =3 8
ou 40;2
paires
depetite
taille à centromère médian(les
iie etI2 e ).
Tout ce Ier groupe a été remanié par
CORNEFERT-JENS!N Ct
al.( 19 68).
Ens’appuyant
sur des donnéesbiométriques,
ils classent ces 12paires
de chromo-somes en 3 ensembles distincts :
métacentriques ( 3 paires), submétacentriques (6 paires), subtélocentriques ( 3 paires)
cequi
bouleverse certains des sous-groupesprécédemment
décrits.Le 2
e
groupe composé
de 12chromosomesacrocentriques
est divisé d’unepart
en 3
paires ( 13 ,
14,15 ),
dont l’une degrande
taille et les 2 autres difficiles à dis-tinguer
entreelles,
d’autrepart
en 3paires
de taille nettementplus
réduite( 1 6,
17
,
1 8).
Ces autosomes sont lesplus
courts ducaryotype.
b)
Les hétérochromosomes. -I,’hétérosome
X estgénéralement
identifiéà un chromosome de taille moyenne. La
position
du centromère estcontroversée,
médiane pour HARD et EISEN
(ig65), MCCONN!I, et
al.(ig6 3 ),
GERNEKE(I964a), subtélocentrique
pour STONE( 19 6 3 ),
submédiane pour les autres auteurs(E VANS ,
19
65; G IMENEZ -M AR T IN , 1962 ; R UDDLE , T g6,¢;
HENRICSON etBÂcKsTRâm, 1963a;
M AKINO
, ig6a;
McFEEl.Y etH AR E, I g66; BOMS!I,-H!I,MREICH, 1 9 67;
CORNEFERT-JE
NSEN
etal., 19 68).
Samorphologie submétacentrique
estprécisée
par des mar- quages radioactifs(E VAN S, 19 65),
ou par biométrie(RUDDr,!, 1964).
CORNEFERT-JE NS E
N
et al.( 19 68),
enappliquant
ces deuxtechniques,
ont pu le détecter et ont tenté de lui attribuer un caractère de reconnaissanceobjectif. Toutefois,
la très
grande
variabilité delongueur
d’un chromosomedonné,
d’unemétaphase
à une autre, confère à ces mesures un caractère aléatoire.
Ainsi,
les valeurs de l’indexcentromérique
fournies par RUDDLE( 19 64)
etCORNRF!RT-JENSEN et
al.{ 19
68)
ne sont pas concordantes.I,’hétérosome
Y est aisément reconnaissable. C’est leplus petit
chromosomedu
caryotype, submétacentrique
pourquelques
auteurs etmétacentrique
pour les autres. STONE( 19 6 3 )
par contre, l’identifie à ungrand submétacentrique,
de taille
proche
de la Irepaire.
II. - Tests
cytologiques
Ces
techniques
utilisent lesphénomènes
dedimorphisme
sexuelprésenté
par les noyaux
interphasiques
de différentstypes
cellulaires etpermettent
dedéfinir assez
rapidement
le sexegénétique
d’un individu(tabl. 4 ).
I
.
Cor!uscule de
Barr.Cette
appellation désigne
la chromatine sexuelle intranucléaire découverteen 1949 par BARR et B$RTRAM. Cette formation trouvée chez la
femelle,
corres-pond
à l’un des chromosomes X inactif et seprésente
sous forme d’unepetite
masse chromaffine de y environ de
diamètre,
soit libre dans lenucléoplasme,
soit localisée contre la membrane du noyau ou du nucléole.
L’apparition
de la chromatine sexuelle estprécoce
chez le porc. AXELSON(
19
68)
la détecte dans des blastulas de 20 à 50 cellules. La meilleure définition du sexe par l’observation du corps de Barr est obtenue dans les tissus nerveuxoù il est
présent
dans environ go p. 100 des cellules. Dans les autrestissus,
elle estéquivoque
car de nombreuses masses de chromatinemasquent
saprésence.
2
.
Appendices
nucléaires desleucocytes.
A l’étude du corps de Barr se rattache celle des
appendices
nucléaires décou- verts parD AVIDSON
et SMITH( 1954 ) dans
despolynucléaires neutrophiles
dusang. KOSENOW et SCUPIN
( 195 6)
classent ces éléments chromaffines en 4 groupes.A =
appendices
nucléairespédiculés
« drumsticks » mesurant environ 1,5 !t;B =
appendices
nucléaires sessiles « sessile nodules » de mêmetaille;
C =
petits
clubs « small clubs » inférieurs à l! ; D =raquettes
« racketts » très rares.Le
rapport
de cesquatre
éléments serait différent chez les mâles et les femelles et offrirait donc lapossibilité
d’undiagnostic
du sexe. Certains auteursA ! T3
considèrent le
rapport = - ----c- ou simplement
la sommeA -)- B.
D’autres s’atta- e--
chent à la seule détection des « drumsticks »
A, caractéristiques
de lafemelle,
absents ou très rarement
présents
chez le mâle. Cetappendice
estgénéralement
considéré comme une
expression
du chromosome X mais safréquence
n’est pascomparable
à celle de la chromatine de Barr(de
l’ordre de i à 3%
chez latruie).
La
technique
des frottissanguins,
séduisante par sarapidité d’exécution,
satisfaitun certain nombre
d’auteurs;
par contre d’autres contestent sonefficacité,
allé-guant
lafréquence trop
faible des drumsticks chez la femelle et leurprésence parfois
constatée chez le mâle.B. - Les anomalies de Sus scrofa
Les anomalies
chromosomiques
des Suidae et des autresespèces domestiques
n’ont
généralement
pas faitl’objet d’investigations approfondies.
Les animaux
expulsés
avant terme ou de faible viabilité ne subissent pascomme chez les humains un examen
caryologique.
Rien n’est tenté par les éleveurs pour les maintenir en survie et aucuneenquête systématique
n’est réalisée par les livresgénéalogiques.
Il semble que seuls les individus
présentant
des anomaliesanatomiques géni-
tales ou des troubles de la fertilité moins
apparents, ayant
une incidence sur lareproduction
del’espèce,
aient faitl’objet
d’étudesparticulières.
C’estpourquoi
les recherches sur l’intersexualité ont suscité le
plus grand
nombre de travaux.1
. - Tyoubles de la
fertilité
I
. L’intersexualité.
L’intersexualité
a desexpressions anatomiques
variées. Eneffet,
ellepeut
se traduire soit par un
hermaphrodisme
vrai(testicule -!- ovaire,
ouovotestis),
soit par un
pseudo-hermaphrodisme
femelle(ovaire),
soit enfin par unpseudo- hermaphrodisme
mâle(testicule),
cette dernière forme étant laplus fréquemment
rencontrée chez le Porc.
FxEUn!rrsuxG en
19 68
montre que l’intersexualité atteint unefréquence
de 0,002 dans la
population porcine germanique.
Despourcentages plus
élevéssont
rapportés
par CnrtTw!r,!, etal., 195 8 ( 12 % environ)
et par POND etal., 19
6
1 (2 0 %
dans destroupeaux isolés).
Les
études,
dont les résultatsfigurent
dans le tableau 5 ont tout d’abord faitappel uniquement
à l’observation de la chromatinesexuelle, puis,
dès19 6 2 ,
à l’examen
complémentaire
ducaryotype.
- La
majorité
des intersexués examinés à cejour,
se révèlent être des femellesgénétiques
bien que laplupart
d’entre euxprésentent
un sexegonadique typi- quement
mâle(testicule)
oupartiellement
masculinisé(ovotestis).
Un certain nombre de mécanismes
expliquant l’apparition
de cette dualitésont
rapportés.
En
général,
les auteurs s’accordent à penser que cesphénomènes
ont un déter-minisme
génétique
et fontl’hypothèse
d’un «gène
d’intersexualité », autosomalet
récessif, qui
nes’exprimerait
que chez la femelle. Parmi lesinterprétations
les
plus récentes,
HAMERTON( 19 68) suggère
le mécanisme suivant : lesgènes
déterminant les caractères mâles et femelles et
plus précisément
contrôlant la stimulation médullaire ou corticale de lagonade embryonnaire,
seraient situéssur X et
proches
l’un de l’autre. Yagirait
comme un « centre de contrôle » déclen-chant chez l’individu mâle normal le fonctionnement des «
gènes
mâles ». HAMERTONsuggère
alors que chez les intersexuésXX,
des modificateursautosomiques
telsque le
gène
motte chez la Chèvre etpeut-être
ungène
similaire chez lePorc, agirait
de la même manière que le centre Y decontrôle,
enprovoquant
le fonction-nement de ces
gènes
mâles.Des mécanismes
plus
subtils ont étéproposés :
translocationpartielle
del’hétérosome Y sur le chromosome X au cours de la
gamétogenèse
mâle conduisant à unzygote
àcaryotype apparemment femelle, perte
d’un Y par unzygote
ini- tialement XXY au cours despremières
divisions desegmentation,
existence d’unemosaïque XX /XY
nondécelée,
les cellules mâles étanttrop
faiblementreprésentées.
- Parmi ces intersexués classés en « femelles
génétiques
», certains n’ont été soumisqu’au
test de la chromatine de Barr.Or,
laprésence
de masse chromati-nienne ne
permet
pas d’exclure lapossibilité
d’une formule XXYanalogue
auKlinefelter humain comme le
supposent
CANTWE!.I, etal.,
1955, et POND etal., ig6i.
Des examenscaryologiques postérieurs
ontpermis
de vérifierparfois
lebien-fondé de cette
hypothèse :
BREEUWSMA( 19 68),
GLUHOVSCHI( 19 68
etig6g) décèlent,
chezplusieurs intersexués,
descaryotypes
XXY à 39 chromoso-mes.
Par
ailleurs,
HARVEY( 19 68)
met en évidence chez unmâle, possédant
unsystème génital
normal avantcastration,
unemosaïque sanguine
39XXY ¡
4
o
XXXY,
confirmée parl’apparition
de I ou 2corpuscules
chromatiniens dans les cellules nerveuses.- Dans des études
récentes, I, ODJ A ( 19 68)
etG IaUHOVS C HI
et BISTRICEANU(
19 6 9
)
trouvent des formules mâlesparmi
leurs intersexués. Lessignes patholo- giques
de ces animaux sont similaires à ceux dusyndrome
du « testicule fémini- sant » comme chez l’homme et le mode héréditaire semble en être dominant auto- somal.- Parfois l’existence simultanée de 2
types cellulaires,
mâle etfemelle,
dans le sang, a été constatée(MCF!! et al., I g66;
BRUÈRE etal., I g68; I,O DJA , 19
68; V O GT, 19 68).
VOGT d’unepart,
BRUÈRE et al. d’autrepart, interprètent
leurs résultats en faisant
l’hypothèse
de connections vasculaires intrautérines entre lesjumeaux
de sexeopposé.
Leursanimaux,
etprobablement
bien d’autres intersexués selon eux, seraientsimplement
des freemartins. Il est à noter toutefois que les anastomoses vasculaires chez le Porc ne semblent pasfréquentes (HuGHES,
1929;
BENOÎT, I g6 4 ).
2
. Autres troubles.
a) Spermatogenèse
Un
petit
nombre de travaux ont été réalisés sur laspermatogenèse (W ODSE -
D A LEK
, 1913;
KRAI,I,ING!R,
1931; CREW etK OLI ,È R ,
1939;A PAP icio-Ruiz,
196 0 ).
En
1963
et1964,
H!NRICSON et BÂcxsrpôm ont fait une étudequalitative
et
quantitative comparée (description
des différentstypes nucléaires,
déroulement de la méiose et durée des différentsstades)
sur des testicules de verrats à fertilité normale et réduite. Ils concluent que la causepremière
de la stérilité est due à unprolongement statistiquement significatif
de la Ire ou de la 2emétaphase
dela méiose
qui
aurait pour effet d’entraîner uneperturbation
dans la distribution des chromosomes.b)
Un cas de translocation.Le
caryotype
des cellulessanguines
d’un verrat dont lesportées
sont réduitesde 50 p. 100
(HE NRI CSO N
etBAC K ST R O M , ig6 4 ), indique
unréarrangement
struc-tural
caractéristique
et constant : les3 /q.
d’untélocentrique
sont transférés sur unpetit métacentrique.
C’est le seul cas de translocationhétérozygote
connujusqu’à présent.
II. - Autres anomalies
chromosomiques
Elles constituent la
partie
laplus
réduite de lacytogénétique
des Suinae.A
l’exception
de VOGT( 19 6 7 ) qui
attribue uncaryotype
normal à 2 porcs de raceHampshire
manifestant uneimperforation
anale et de CIMPEANU et al.( 19 6 7
) qui
ne détectent aucune anomaliechromosomique
chez un porcméningo- cèle,
toutes les recherches ontporté
sur lesembryons.
La
triploïdie
estfréquente
chez les foetus de truie(THIBAU!,T,
ig5g;HUNTER, 19
6 7
).
Elle est réalisée par un mécanisme dedigynie
oudispermie
et intervientnotamment lors de fécondations tardives. Ces oeufs
triploïdes
sontcapables
d’undébut de
développement (6 %
de foetus 3n aui 7 e jour) puis
meurentrapidement (BOMS!L-H!LMREICH, ig6i).
En utilisant du spermecolchiciné, H AGGQUIST
et BAN
E
( 1951 )
et M!r,AND!R( 1951 ) pensaient
avoir obtenu destriploïdes viables,
mais la formule 3n de ces animaux n’est pas vérifiée.MCF!!I,Y ( 19 68)
montre que 2 à 3 p. 100 desblastocytes
de 10jours
sont endégénérescence
et que 10p. 100 environpossèdent
des défautschromosomiques :
3
n
(XXX —
XXY --XYY),
q.n(XXYY), 2 n / 3 n (XX JXXX),
ou délétion.Sachant que la mortalité
embryonnaire
dans la ire moitié de lagestation
est d’en-viron 33
% (H ANI , EY , ig6r),
il conclutqu’un
tiers environ des avortements auraitune cause
chromosomique.
C. - Sus
scrofa
a L.Des examens
chromosomiques
ont été réalisés sur une race locale de porcs sauvageseuropéens (sanglier) (MCF!E et al., ig66;
RAxY etal., ig68).
Des culturesleucocytaires
montrent laprésence
chez le mâle comme chez la femelle d’un nombrediploïde
de3 6
ou 37(tabl. 6).
Chez les animaux à
3 6 chromosomes, l’appariement
en 18couples
est aisé.Une
paire
desubmétacentriques remplace
ainsi 2paires
detélocentriques
parrapport
à Susscro f
a domesticus. Chez les individus à 37chromosomes,
un subméta-centrique
se substituerait à 2télocentriques
nonhomologues.
Les
produits
de croisements variés entre des animaux à3 6,
37 et3 8
chromo-somes sont tous fertiles
(McFEE
etB ANN E R , 19 6 9 ).
Ceshybridations
réussiesjointes
aux observationscaryologiques suggèrent
que le matériel héréditairea subi un
simple
remaniementmorphologique (polymorphisme chromosomique).
Dans ces conditions des individus à nombre
impair
de chromosomes ont doncune méiose
impliquant l’apparition
d’un trivalent et conduisant à desgamètes
fonctionnels. En terme de
phylogénèse,
la racedomestique
serait issue de la racesauvage par l’éclatement
centrique
d’unepaire
de chromosomessubmétacentriques.
D. - Sus Vittatus
Leucomystax
Une Ireétude
histologique
de testicule(M AKINO , 194 6)
attribue à cetteespèce
40
chromosomes.
L’utilisation
detechniques
modernes de culturessanguines (MuxAMOTO et al., 19 6 5 )
conduit à la définition d’uncaryotype
à3 8 chromosomes, analogue
à celui du Porcdomestique (tabl. 6).
SOUS-FAMILLE DES DICOTYLINAE
A. -
Dicotyles Tajacu
K RAI , I , IN GE
R
( 193 6)
caractérise cetteespèce
par le nombre 2n = 30 àpartir
des résultats d’un examen
histologique
de testicule(tabl. 6).
La description
ducaryotype
est brève : 2grandes paires
dechromosomes,
l’unemétacentrique,
l’autresubmétacentrique
et 13paires
deplus petite
tailleet de
longueur
décroissante. Il n’identifie pas les hétérochromosomes.B. -
Dicotyles angulatus
Des
squashes
de tissutesticulaire,
réalisés sur uneespèce
trèsvoisine,
sinonidentique
à laprécédente (S PA I, DING
etBE RRY , 195 6)
mettentégalement
enévidence un nombre
chromosomique
de 2n = 30(tabl. 6).
Les chromosomes
peuvent
être classés en 4 groupes : 2grands métacentriques,
2
grands submétacentriques,
12métacentriques, beaucoup plus petits,
14puncti-
formes. I,es chromosomes sexuels ne sont pas identifiés.
Il faut noter que les examens
caryologiques
consacrés au genreDicotyles
sont
déjà
anciens et quel’application
destechniques
modernes de cultures cellu- laires à ces mêmes animauxpermettrait l’acquisition
d’informationsplus précises.
FAMINE
DES HIPPOPOTAMIDAEHippopotamus amphibius
.Cette
espèce
a faitl’objet
d’une seule étude. Un examencytologique
montrela
présence
de drumsticks dans6 4
p. 100 despolynucléaires neutrophiles
à caryo-type
femelle. Chez lemâle,
depetites
formations vacuolaires sontdétectables,
dues
peut-être
à des artefacts(GE RN E K E, 19 65).
Le nombre
chromosomique
del’espèce,
déterminé sur cellules de moelleosseuse, est de
3 6
chromosomes nontélocentriques (tabl. 6).
Leur subdivisionen 4 groupes tient
compte
de lalongueur
et de l’estimation de l’index centromé-rique.
Les centromères de l’hétérosome
X,
de taille moyenne, et de l’hétérosomeY,
leplus petit
ducaryotype,
sont submédians.CONCLUSION
Cette revue montre la carence des travaux
caryologiques
consacrés auxSuifo
y
mes
autres que Susscrofa
domesticus L. Afin de faciliter l’établissement de laphylogenèse
de cesous-ordre,
l’extension desinvestigations
aux autresespèces
est
particulièrement
souhaitable.En ce
qui
concerne Susscrofa a domesticus,
soncaryotype,
maintenant bien connu, autorise des recherchess’apparentant
à celles conduites encytogénétique
humaine.
Reçu pour paeblication en novembre ig6g.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier Mme O. BOMSEL-HELMREICH et M. P.-C. POPESCU dont les remarques nous ont été précieuses.
SUMMARY
THE CHROMOSOMES OF SUIFORMS
All the documents devoted to chromosomic examination of Suiforms (Table 1), and especially
those of the domestic pig, are reviewed in this memorandum. The normal animal is charac- terized by 38 chromosomes, a number recognized rather late (1960) (Table 3) because of the utilization of cellular structures (Table 2). The karyotype (Fig. 1) includes 12 pairs of centromere chromosomes approximately submetacentric or metacentric, and 6 pairs of terminal centromere chromosomes. The medium size, submetacentric X heterosome has been clearly identified by autoradiography. The metacentric or submetacentric Y heterosome is the smallest element in the karyotype. Cytological tests (Table 4) have also been used to determine the genetic sex.
Barr’s chromatin, detected precociously (20-cell blastulas), is present in 90 per cent of the nervous cells of the trout. The hematological technique is based on observation of different types of
nuclear appendices (drumsticks, sessile nodules) which the polymorphonuclear neutrophils present. This technique is very widely used, and gives results which are rapid but discutable.
Chromosomic anomalies in the pig have not been thoroughly studied, and karyological
research almost exclusively concerns fertility disorders.
The rather frequent intersexuality (Table 5) found in this species (up to 20 %) is expressed anatomically in various ways (true hermaphrodism, male and female pseudo-hermaphrodism).
A large number of intersexual animals have an XX karyotype, and most authors assume that an
autosomal, intersexual gene, with recessive action limited to the female sex, is responsible for
the anomaly. Some XY animals present pathological signs similar to those of &dquo; testicular feminization &dquo;, which is dominant and hereditary. Other intersexual individuals have a 39- chromosome karyotype, and a XXY sex formula which resembles Klinefelter’s syndrome of man.
Lastly, some chimeric XX /XY blood formulas have been found which are attributed to freemar- tinism.
Studies concern other sexual disorders such as translocation accompanied by semi-fertility,
and several cases of disordered spermatogenesis in the boar.
Also, triploidy is frequent in foetuses and is lethal. Aberrant formulas (4n, 2n /3n, deletion),
said to be the origin of some miscarriages, have been discovered in blastocytes.
All research done on Suirorms other than Sus scrofa domesticus L., only concerns deter-
mination of the chromosome number (Table 6), and possibly establishment of the karyotype:
- Sus scrofa domesticus L.: 2n = 36 or 37. Products of crossings between 36, 37, or 38- chromosome animals are fertile. This chromosomic polymorphism is due to centric rupture.
- Dicolyles tajacu: 2n = 30.
- Hippopotamus amphibius: 2n = 36.
A study of this inventory makes clear two possible methods of research: one consists in
establishing the Sui form chromosome number for phylogenetic purposes; the object of the other would be to make karyologic analyses for Sus scrofa domesticus L. homologous to those done for man.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A
XTONIOE., 1964. Il cariogramma del Suino. Veter. ital., 15, 925-933. A
NTONIOF,., CAsTRucci G., 1964. I-Cromosomi del Suino. Atti Soc. ital. Sci. veter., 18, 723-727. A
PARICIO Pu= D., 1960. Estudio citogenetico de la espermatogenesis en el cerdo. Archos Zootecnia, 9, xo3-x3x.
A
XBLSON M., 1968. Sex chromatin in early pig embryos., Hereditas, 60, 347-354. B
E
rroî2, R. 1964. Quelques considérations sur l’hermaphrodisme. Schweiz. Arch. Tierheilkde, 106, 63-73.
B OMSEL -II ELMREI C
HO., 1961. ïlétéroploïdie expérimentale chez la truie, IV. Internation. Congr. Anim.
Reprod., 1, 1-4. B OMSEL -H ELM R E IC
AO., 1967. Triploïdie expérimentale chez quelques Mammifères. Thèse de Doctorat d’État ès-Sciences naturelles. Faculté des Sciences de Paris, II2 pp.
B OMSEL -H
ELMREICH O., THIBAULT C., 1967. Anomalies chromosomiques et troubles pathologiques ou sexuels chez les Mammifères. Ann. Biol., 6, 287-322.
B REEUWSMA
A. J., x968. A case of XXY sex chromosome constitution in an intersex pig. J. Reproduct.
Fertil., 16, 119-120. B
RUEREA. N., FIELDEN 1~. D., Hv2cxxrrGS H., 1968. XX /XY mosaicism in lymphocyte cultures from
a pig with freemartin characteristics. New. Zeal. veter. J., 16, 31-38.
BRUYÈRE P., 1966. Microméthode de culture et de marquage des cellules sanguines chez les animaux domestiques. Ann. Méd. véter., 110, 201-208.
B
RYDENW., 1933. The chromosomes of the pig. Cytologia, 5, 149-153. C
AMPEANUC., CAMPEANUN., ILIESCU L, 1967. Cariotipul la porc eu meningocel. Revta Zooteh. Med.
veter., 1, 68-74.
C ANTWELL
G. E., JOHNSTON E. F., ZELLERJ. H., 1958. The sex chromatin of swine intersexes. J. Hered., 49, 199-202.
CoLBY E. B., CALHOUN1,., 1963. Accessory nuclear lobule on the polymorphonuclear neutrophil leucocyte
of domestic animals. Acta cytol., 7, 346-350. C
ORNEFERT -J ENSEN
Fr., HAREW.-C.-D., ABT D. A., 1968. Identification of the sex chromosome of the domestic pig., J. Hered., 59, 251-255.
C
REW F. A. E., KOLLER P. C., 1939. Cytogenetical analysis of the chromosomes in the pig. Proc. R.
Soc. Edirab., 59, 163-175. E
VANSH. J., 1965. A simple microtechnique for obtaining human chromosome preparations with some
cc 1
ItInents on DNA replication in sex chromosome of the Goat, Cow and Pig. Exper. Cell. Res., 38, Sxx-Sx6.
F
RECHKOP S., 1955. Sous-ordre des Suiformes, in Grassé. Traité de Zoologie, 17, 509-535. Masson, Paris.
F REUDENBUR
G F., 1958. Die Bedeutung der Intersexualitat beim Schwein als erbliche Geschlechtsmiss- bildung. Mh. Vet. Med., Leipzig, 13, 6o8.
G
ERNEOE %V. H., x964a. The karyotype and neutrophil nuclear appendages of the pig (Sus scrofa dontesticus). S. Afr. J. Sci., 60, 373-376.
G
ERNEKEW. H., 1964b. The karyotype of a gonadal male pig intersex. S. Afr. J. Sci., 60, 347-352.
G ERNEKE
W. H., 1965. The chromosomes and neutrophil nuclear appendages of Hippopotamus Amphi-
bius Liranaeus 1758. Onderstepoort J. veter. Res., 32, 181-186.
G ERNEKE
W. H., 1966. Cytogeneties and its replications in veterinary medicine. J. S. Afr. vet. med.
Ass., 37, 466-472.
G ERNEKE
W. H., 1967. Cytogenetic investigations on normal and malformed aiiimals, with special référence to intersexes. Onderstepoort J. veter. Res., 34 219-299.
G IMENEZ -M ART I
N G,. I,OPEZ-SAEZ J. F. 1962. Dotaciones cromosomicas en los Mamiferos domesticos (nota preliminar). Genet. iber., 14 7-17.
G IMFNEZ -M ARTI
N G., I,OPEZ-SAEZ J. F. 1966. Cromosomas de Mamiferos domesticos. Genet. iber., 18, x-xz7.
GEKENEZ-u1’L9RTIN G., I,OPEZ-SAEZ J. F., MoNCE F. G, xg63. Somatic chromosomes of the pig. J. Hered., 53, 281.
G
LUHOVSCHIN., BISTRICEANU M., Rosu M., BRATUM., 1968. Contributions to the study of chromosomal aspects in some reproduction troubles of domestic animals. VI int. Congr. anim. Reprod., 2, 881-883. Gtuxovscxx N., BISTRICEANUM., 1969. Cytogenetic researches on swine intersexuality. Revta Zooteh.
Med. Vet., 19, 52-57.
G
OLDMAN1. L., DOBRIANOVD. S., KARLINOV D. V., 1968. Les chromosomes chez le porc. Svinovodstvo, 22, 29-30.
HAG
GQVISTG., BANEA., 1951. Kolchizininduzierte Heteroploidie beim Schwein. ligl. svenska Vetms- kapsakad. Handl. Série 4, 3, 1-14.
H
AMERTONJ. I,., 1968. Significance of sex chromosome derived heterochromatin in Mammals. Nature, 219, 910-914.
H ANCE
R. T., 1917. The diploid chromosome complexes of the pig (Sus scrofa) and their variations.
J. Morphol., 30, 155-202.
HANCE
R. T., 1918. Variations in somatic chromosomes. l3iol. Bull., 35, 33-37. H
ANLEY S., 1961. Prenatal
moit!lity
in farm animals. J. Reprod. Fert., 2, 182.H
ARD W. I,·, EISEN J. D., 1965. A phenotypic male swine with a female karyotype. J. Hered., 56, 255-258.
H ARVEY
M. J. A., 1968. A male pig with an XXY /XXXY sex chromosome complement. J. Reprod.
Fert., 17, 319-324.
HAY J. C., MooRE K. I,., 1961. The sex chromatin in various mammals. Acta anat., 45, 289-309.
H
ENRICSON B., BXCKSTROM I,., 1963a. Spermatocytogenesis in the boar. Acta anat., 53, 276-288.
H
ENRICSON B., BACKSTROM I,., 1963b. The karyotype of normal pigs and of one intersex. XI int.
Corej. Genet., 1, 137. Ix
ENR
icsoN B., BÂCKSTROM L., x964a. A systematic study of the meiotic divisions in normal and subfertile
or sterile boars and bulls. J. Reprod. Fert., 7, 53-64. H
ENRICSOYB., BACKSTROM I,., 1964b. Translocation heterozygosity in a boar. Hereditas, 52, 166-170. H
a,sxc S., 1961. Hi;motologische Geschlechtsdiagnose an mânnlichen, weiblichen und intersexen Hauss- schweinen. Arch. Tierzucht.; 4, 343-349.
H i L
LEBRAND P., 1936. Untersuchungen über die Chrornosornern bei drei verschieden Rassen vott Haus- schweivren. Diss. Friedrich Wilhelms Univ., Breslau.
HosHiNo T., ToRyu Y., 1959. Sex chromatin in domestic animals. l’ohoku J. agric. Res., 4, xx3-xz$.