CONNIVENCE CULTURELLE, SEGREGATION LINGUISTIQUE ET TEXTE SACRE
LA TRADUCTION
EN QUESTION(S)Foudil DAHOU Centre Universitaire
de OLTARGtrA
. Le subsiance de notre présente communication est une réflexion
giobale sur la notion
de traduction appiiquée au Texte Sacré. Celui-ci connaît
de
nombreuses transpositions en
diverses langues dont Ia finalité est
une :
sur la notion
de traduction appiiquée au Texte Sacré. Celui-ci connaîtde
nombreuses transpositionsen
diverses languesdont Ia finalité est
une :transineitre authentiquelnent le Nlessage ciivin. Selon cefie finalité première. on s'est
toujours
soucié aulant du fond que de ia forrne de ce matériau linguistique proprement particulier.L'idée
du caractère authentique du Message divin soumis au traitementde la
transposition rrousa conduit à
rer,rettre en quesliotl les travaur réalisés dansce
domaine,eI à nous
irriét'esser detrès près
aux pratiques dontil
est l'ob-jet d'une iangue à I'autre.Cependant nous
ne
portons aucunjugement (serait-iljustifié)surla
valeru'de
ces travaux I ce droit n'est pas le nôtre. D'ail]eurs nous n'avotts ni les cornpétencesrequises en la matière ni les
moyens cie prétencreà
uneqr-ielconque évaiuation.
Notre pr"éoccupation est touT auiie. I1 s'agit poui nûus de meftre 1'accent
sur un
aspectesseiltiel -
rnais qLri ii'esl assiiiéi.ner,i pas inécjit - du problèrne majeur des rnodesde ia
îraciuction. C'esi notre tàçttir d'exprimer le besotn derecui
pratique dansi'évoluticn du
schenra Ces tfâCiicti,.itts auxqL;ellesa
éiésouuris le Tcxte Sacré.
A ce titrc. ii
nousa
semble qu'uneieCéi'llilion de la
traduction apprliquéeau Tcxte
Sa-cre s'imposait sr-;us )'angiedes
noiions opératoires de conniyenceculittrelle et de
sJgr.Jgaiicniingtiisticltrc,
ert rencoittres dans les ionCenrents pratiqtles mêntesCe
1'écritur:e iitiérilire. Le pro'oièitte fonCarrerrtalqui
se pose, dans ceîte persrectjve.esi celui
Ce I'interprélatiorr des sitnesÂf,-muîÂRGttrTl
ll"1 IAN- IUIN
e§0r 19r.
DAIIOU étrangerspar
un lecieur se situai-ri hors dcs irnplicites culturels et conh'onté à la cc,nnotaiion tissée par un écrivain identitairement en portc-à-faux,La
commission lirtéraire estcelle qui
dépassela simple
sphère dei'expression individualisée
ei
individr-raiisiepour iendre
linguistiquetnenI etculturellernent
cette rnêrne
expressioricoliectivisee
mais poivséntique en pénétrant la sphère de I'e.rpérieltce humaine.Toutes
ces
considérations nous sont prétexte à pcser des préalables seréfërant essentiellerrreni à trois questions fondamentales :
7. Comment
concilier le
caractère u.nit;ersel du Texte Sacré etla
,,poiiticlue de ségrégaiion ling:tistique " qui vise à le réduire "au .çilence', ?2.
Qtrel schémdtle la
cotum'r,tic,tionpow- le
Texre Sr;cré dans sa réalitësocii,tctriturelle et
éducationnelieen
dehorstles'frontières dtr
monde arctbo-nttt.çttlnrun ?3. Quelle éthique de la traciuclion pour le
Texte Saæéà l,ère
cle la mondialisation, de la globalisatian et de la technologie éducative 'l Néannioins. iàisant nôtres les paroles de Jacques vallée Nous émetrons quelque réserve :"Queile
qu"'soit !a iu,rière qi,ie (nous projetons) sur ce sujet. elle créera plus de zones d'onibresque
[nous ne ncus soucions] rie déitombrer "(r)' en sachant fonbien par
ailieursque
"l'rntérêt d'un ljvre ne tient pas ser:iement aur resultats etaux
idées neuves qu'i! appone.il
se mesure aussi au nombre de probiùnres qu,ii fait naître, aLir r:éflerions. I'oire au.r ob.jecticns qu'ii suscite" r'Arnsi lorsqu'on envisage ia iraduction dans son evolution
psrr"cholcgiques (conipréhension), il
apparaît piusieLirs contraclictions au niveau
des conrmentaircs qui sont donnés à lire. Par conséquent, cléfinir cette discipiine
rnal
airnée. parÇe grre cÛmtrillnémeni sentie comme
trahlson. r'eprésente une
gagÇure dort ii est
intér:essant de
saisir les paradoxes dans la perspecii',,e d.rs
rappc)r:ts enlre la t|aduction et i'exie
Sacré. Car
considérer. aujourd'hLii. la
traductic-.n cornire lral'rison
est un iieu corlirun qui tieine
tor.rte tentaii."c
rlynarniclue suscepiibie tle saisir le Terte sacré dans sa ilin:ension ntelcultiirelie,
.}fl
Â[-ffuTABGIni
NolIÀt{- ruIN
s§§tconnivcncc €ulturelle, §égrégation Linguistique
Et TextÈ §aere Uneréflexion
approfondiesur ce
principepermettrait
d'anaiyser et ir.rterpréterles
''modèles " de conlportement collectif'qui régissent actuellementies
inriividus. à travers le monde, en fonction de ieurs convictions scientifiques.sociales, phiiosophiques et religieuses. Ce qui complique davantage ia tâclie du
traducteui,
dé.jà ingrateen
raisondu
sentimetrtqu"'il
n'existe pes d'usageiinguistique sans
Çîo,vancesou
représentations.c'est à ciire sans
i<jéescléieloppées
et
organiséesen
systèmede
rélerences individuellesei i oit
coilectives" (:r)
D'oir surgit ia question
relatiYeaux rappoils
entre traduction et interprétationsj l'cn
adntelque
I'enseignemeltti
apprentissage des langges étrangères favorisela
traduction mais exigeun
au-cleià de sa maîtrise qui serecomtnande fbrtement de f interprétatiort, Car comme
transposition
équationneile d'un
langage en un
secolid langage, ia
traduciion constitue ur!
exercice de raisonnement qui impliqueile passage obiige par la compréirension
De
sortec1u'
"nous devons aussi sans doute enseigner les langues vivantesde façon différente, cn privilégiant notamment les techniques de compréhension " ia)
Par ailieurs. la maîtrise de la traduction
supposecelle
del'interprétation, sur laquelle se fonde nécessairement toute compréhension. Ceci
est d'autanl plus vrai qu' "inter;rréter. c'est retrouver I'intentionnalité originelle {'une
pensée dans sa subjectivité et f}arrapport
à unetradition quiconstitue
son intersubjectivité"(5). Pour cette raison,il
est inciiscritabie que les rapporls entre traCuction et interprétation doivetit êtr'e expiiclués afin d'eviter ia traciitionne lie ccnfusion de s deux notioilsN,lais
il
esi foft prrrbabie que ceia soit trèscifflcile
à cernei dai:s le casparlicuiier ciu Texte Sact'é Cès le trotnent où tradLrile " c'est exprimer dans une
langue cc qüi I'est tlans une âutre : erpriiner
une au plusieurs idÉes enutilisant des mots"'"r lout en
alant à l'escritque "la valeursémantiquedesrnots n,est pas la
mêmedans tcutes les
langues, iqueI la§tructurede
lâphrase, la
s1,'nt:rxeet la
grantmaire ne s0nt pas identiques dans toutes lesiangties."i
)i_a
dilficuite
s'accroîr encùre pius sirn
-ie ijnrite à. !a seuie aitei-native quetcutc
tr.acjucr,ion reoilse sur l'objectivité ei qt!9 toute interprétatlon sr-lppcseAL-MÛTAEÉTIII hI.T
IAI[. IUII{
2TO1 ,J1r-
DAHOUla
siib.lectivité.cela
est ci'aLrtanl plusjusre que
l'iclée rle lecture légitirne esticjctée
étant <ionnéqu'"(....) il n,y a pas de vrai
sensd,un texte.
pasd'autorité de I'auteur.
Quoiqu'il ait
,'vouludire". il
aécrit
cequ'il
a écrit.une
fois publié, un texte est commr un appareir clont chacun peut se servirà sa
guiseet selon
ses moyens: ir n'est pas sur que Ie constructeur en use mieu'tqu'un autre."
r'Dans
cet
ordre d,idées. nous souiignons néanmoinsqu,
,'(...,)il
existe desopérations
communes à toutes les Ianguesqui
permettent d,étabrir des équivalence.ce sont
cespropriétés
communesqui
rendent latraduction
possible".(e)Suivant
cetle
conception «les choses , et à i,i,star de walter Benjamin.on
est amenéà "[concevoir]
latraduction
comme une mutationqui notille I'Guvre originale et transforme ra langue materneile grâce à !a rangue étrangèrs".(lo)
A ce titre l'efibrt
esthétici-inteilectuei nécessaire présuppose chez ietradi;creur une co,science Iucicre cle
soi et de
r'étranger. uneiàtte
attitude appréhenriela
traduction selon le schéma cle la praxis qui se circonscr.it,lans le champde ia tripartite : traduction i
enseignement - apprentissa-ee des rangues
/Terte sacré: ces éléments
composerrr ra dialecriquequi diriamise
l,acte traducteur opératoire.Celui-ci
qui constitue une dirnension intellectuelle particuiière, n,existe quepar la
rencontre d'une double aftitude d'esprit : celle de i,auteur et celle dutradttcLeut
acceptantde
loltnulur llne
ccircLptiun conirllunù de la trlrciuction.même
si
dans un premier temps. leurs perceptions respecri'es de ia nction sont diverqenl.es.certes,
i1 erisTeun lait
capital réduisant l,acte traducteur à sa prus simple expressior.l:"Le
rangageest structurant de ra
pensée et ra Ianguematernelle est
la seuÈe queIrrn
possède suffisamrnent pourfaire preu'e
detoute
iasubtilité
néccssaire àl'élaboration
d'une æuvre créative cle qualitérians Ie domaine tles ruieni:es commc dans
cer_:xdes arts et de
lalittérature",.irrl'
22
AI.MUTAR6IM N'r IAN-,UIN
2§O1Connivencc Culturetle, §égrégation Llngülsttque
Et Texte§acre Pourtant, la Traduction du Texte Sacré exige de
construire le dépassement dansla
réflexion intellectuelle et culturelle dans la méthodologie d'approchequi lui est
consacré.Le
Texte Sacré transcendele
critérium de l'esthétiqueliftéraire ; le Texte
Sacré évacueles
élémentsdu
schéma de la communication et de I'expression littéraires.En effet, à en croire
Taha Houssine'',Le
Texte n'estni
prose niversification, il est
uniquementce qu'il est :
transcendanttoute
catégorie fondamentale.L,a saisie dans -oon absolu ? Dès I'abord nous confessons notre fàiblesse
: une
lecture d'Homnre,en dépit
de toutesles
prétentions. ne saurait être ni parfaite,ni
compiète. enccre moins objective.'Iout juste. Iui serait-il pernris et accordé d'être objectivée sachant que messa-qevarie, d'une
par-t. suivant les dispositions psychologiqueset
I'expérience propreà
chaque lecteur: d'autre pari, suivant la sensibilité et les valeurs propres à chaque époque.L'espoir
est néanmoinspemis : à ce
su;etLoïc Rivière
nous citeEtienne Cérard pour qui «l'islam s'impose c0mme un champ
decomplémentarité apte à pallier
un certain désordre inhérent à I'incursionde l'écriture latine et à permettre I'adaptation à un monde qui
bouge I
grâce à ces écoles Imédersas],
oralité
etécriture,
profane et sacré,tradition
et nlodernité ne sont plus antinomiques désormais>>.r3En outre. s'il iàuI
égaiemerrt encroire
Christian Makarian. entre<<judaîsme,
christianisme, islam... Ia filiation est
directe mêmc si chaquelamille alfirme parallèlenient une
forte spécificitéculturelle
qui s'éloignede
la racine mère.Le christianismedoit
à!'esprit
grec. I'islam à la langue et Iacuiture
arabes. et le judalsme rabbinique au long exil du peuplejuiî
horsri'lsraê!
>, 1rC'esL -ii-rsternent Cans
cette
perpÊciire qLr'il s'agit ci'env isager ia
ccnni';ence cuiturelle
laque iie pelrret
ci'en_uager le processus de la lraduction
sous l'angle de ia
iecture. Ce qui iirpiique
pour is bescin de relire ia langue
étrangère. aLlirenrent ciit ,je
s'imprégner de ia
sourcedant eile
participe Ceperrdant est préaiabien.reirt exigée 1a reiectiire de ia tradition grérc- lrrtine et .iuCér.--chrétie nne.AI..MUTAAëIfrT
N"l
IAN-IITIN
SSOTI,
DATIOUL- arttculetiort de
s trois trlJitioirs
esL.iLrdicicLrsc rlan: lir ntcsLtrc oLt e llcperlret lii trtisc
ett préscnce d'uttc cottscieirce cie iraduction et d'une coqsclriiice reliilicrrse.[:n
ci'autres tenres. cela consiste pour le lracirictcur ,' iccteur à apporter«s:r culture. c'est à riire I'instrument implicite de sa rompréhension
et I'horizon tle Ia réalitéqu'ii
comprentl ,, 1''En oLrtre. une afticulation des n.ois
ir-aditirins présuppose le dépasserrentdu
phénomènede
ségr"ègation cultuieile et luiguistique. saohantque
la langue «cor.nlre véhicuie cie la pensée et de son expression est fcrrnatnÇe dc rnentai!té bien plLrs d'une ethnie>.,rûintpiiquer donc un
laisonnentent arlrcuiésur le
dépassenrentde
la connivencecultulelle et
cie ia ségrégation linuuistique. c'est reconnaîIre t1ir,<rilest possible d'accéder à matière iinguistique sans douriner les éiérnents cLrlturels présents constitutivernent dans
les
usages que les colnmunautés font les rlots.Le
fonctionnernent d'unelangue
implique toujours des présupoosés et desimplicites
»''
situation pour le
moins délicate en ce qui concerne Ie iraducieur dans son expérienceunique
eie transposition du Texte Sacré :il
lui imporle alors dene
pas sticconlberau flux et
reflttx linguistico-culturel d'un -jeLr de traclLrctign ailant Ce Ia traduction d'âme à 1a traCuction de 1a i-éi-Lerion. ei'ice-t,ersa.En effet, le traductcu. du terte Sacré est
acteui d,une iecture paiticulière soumise iminanquablement aux effets transtbrmateu!-s qui provoque l'expérience esthétique : chaque groupe social transfbrme re texie. compte tenude
son bagagescolaire,
de sa position da,s la société et des attenies qul pourlui en
découlent et l'aciapte ainsi à i'usage qu'il entenrl en ràire,r.'isrAussi Ioute Iencontr-. dir ler:teur avec le texte s'inscrit dans un rnoilent lristoriquc et dans un espace cliltrirel cionnés ri.r"Ecalenrent <<reconrraître le texte comme une prot!uction signifiante
colnDorte
nécessairemcntune dimensirin de réécriture
(,.,.)r..r,, «Copie,citation, allusion, plagiat, parodie,
pastiche.transposition, traduction.
1l
AL-irtuTAnËIit N.r
rAN-IUIir
,o§1Connivence Culturelle. §égrégation Linguistique
Et Te.xÊe Sacre résumé,comtllcntaire. c\plicâtion, correction
représentent ies principales lbrmcs de lcette! r'éécriturcr.rrL.ire c'est réécrire noirs apprend la critique. Mais la
conscicncc linguistiquedu
traducteuresl
teile pour le'I'exte Sacré que ccttc riécriiure est t;:anscendée. .iii-stement parce que le Texte sacre se rell:se à toute intertertualiti:ou
hvpeftextualitée des origines.En
d'autres Terrres cela signifie qLie ie textesacré est
autreinent sirpcrier:i'arL tit'ylhe du livi'e absolr.r :«réceptacle de tousles
langageset dont la création équivaudrait à la parole
prernière aux origincs du morirle ».:2l)ans ce sens, l'æuvre du
traducteur constitue une réponse.alir
interrogations ibndanrentales. cette conception de la tladuction du Texte Sacré signii'ie riue l'interprétalion ei i'explicaiicn des probiér-natiqucs liees au caractèredivin
CuTexle
ooiventse
laireie
rnanière différente. Ceci erige rrne analr,se approfbndie des évclutions personnclles de chaque lraducteLlr en tonction desnlodes
de tradu$ion
et des inrplicites cuiturels, Cette iénrarche est civnanrique dansla
rnesLlreoù ii
s'agit de compr:enci'e ia nécessité d'analvser ia louique dLrdivin à laquelle la traduction du Texte
Sacré esriié et
paradoralement Co!-rfrontée.AI.-MIITÂRGIÀI
N"I
'AN- 'UIN
'OOTF.
DAIIOU
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7
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r
0
lbid.i1 P. l,{arrel în l,4énioire du conseil
cle la
i,ngtre J).ançaise, Laitgite,
cttittrrelie; quelques
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Taha Hrissein.i.
ÿled salah seddik. ElBa1.,a,fi
ctaroun Er euran, En-AL, Alser- 199-1 n'l
)ZO
fII.-MUTARôI}I H'I
TAN-IUII{
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C Oriol-ll
a'ier^ La réér'ri!ure . notes de lectui'e.21
lbid22
R. E,scarpit Op Cit.AI,-Û!IITA*&TM