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Submitted on 1 Jan 1973
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INFLUENCE DE L’HYPOPHYSECTOMIE ET DE TRAITEMENTS A L’HORMONE SOMATOTROPE
BOVINE SUR LA CROISSANCE RELATIVE DE L’AGNEAU
A. Vézinhet, E. Bouthier, Thérèse Chery
To cite this version:
A. Vézinhet, E. Bouthier, Thérèse Chery. INFLUENCE DE L’HYPOPHYSECTOMIE ET DE
TRAITEMENTS A L’HORMONE SOMATOTROPE BOVINE SUR LA CROISSANCE RELATIVE
DE L’AGNEAU. Annales de biologie animale, biochimie, biophysique, 1973, 13 (1), pp.51-73. �hal-
00896752�
INFLUENCE DE L’HYPOPHYSECTOMIE ET DE TRAITEMENTS
A L’HORMONE SOMATOTROPE BOVINE SUR LA CROISSANCE RELATIVE DE L’AGNEAU
A. VÉZINHET
E. BOUTHIER Thérèse CHERY
Station de Physiologie animale, I. N. R. A., ., École nationale supérieure agronomique,
Place Viala, 34060 Montpellier Cedex
RÉSUMÉ
Une étude de la croissance relative révèle que l’hypophysectomie pratiquée chez des agneaux de 25, 5o et 100jours, arrête le développement de la masse musculaire tandis qu’un léger accrois-
sement du tissu osseux se poursuit. Le tissu adipeux continue à croître sans être affecté pour les animaux opérés à 25 et 50jours, alors que chez ceux opérés à 100jours, la croissance de la masse
adipeuse est stimulée.
L’hormone somatotrope bovine (BGH) injectée trois fois par semaine à la dose de 3 mg par
kg de poids vif stimule la croissance musculaire et osseuse et réduit considérablement les réserves
en tissus adipeux.
Une étude réalisée sur les glandes endocrines montre, en outre, que l’hypophysectomie induit
une régression pondérale des gonades, des surrénales et de la thyroïde. Le traitement chronique
à la BGH ne permet pas d’annihiler les effets constatés sur les gonades et les surrénales. La thy-
roïde réagit différemment.
Enfin, le foie se comporte, vis-à-vis de l’hypophysectomie et du traitement à la BGH, de
façon très semblable à l’organisme entier.
INTRODUCTION
I,’hypophysectomie
réaliséeprécocement
entraîne chezl’Agneau
un ralentisse- ment immédiat et durable de la croissancepondérale (V É ziNHET, 19 68 a).
Ce ralen-tissement très
marqué peut
être enpartie corrigé
par un traitementchronique
àl’hormone
somatotrope
bovine(BGH) (V>~ ZINH >âT
etDAUZI>~R, ig 7 o).
Il n’existe pas, à notreconnaissance,
de données concernant l’influence d’un tel traitement chezl’Agneau
et notamment sur lesproportions
relatives des différentstissus,
ainsique sur l’évolution
pondérale
desprincipales glandes
endocrines et de certains organes.Dans un travail
ancien,
LEEet AVRES(ig 3 6)
ont montré quel’hypophysectomie
se traduit chez le Rat par
d’importants
remaniements de lacomposition corporelle.
La teneur en azote du corps est
particulièrement réduite ;
lesdépôts adipeux
sont, par contre,beaucoup
moins affectés. Desinjections répétées
de GHcorrigent
engrande partie
le déficit d’anabolismeprotéique
constatéaprès hypophysectomie,
tandis que leslipides
de réserve sont considérablement réduits(L I
etE VANS , rgq.8 ;
de BODO etA
L T SZULL E R
, ig5 7 ).
Dans le cadre de cette étudequi
se limite aux seulsaspects
des-criptifs
de la croissancerelative,
nousn’envisagerons
pas les modalités d’action de l’hormonesomatotrope qui
ont donné lieu à de très nombreux travaux. Nous nous contenterons derappeler toujours
àpartir
de travaux anciens que la GH favorise chez le Rat uneimportante
rétention azotée(S Z EG O
etW HI TE,
ig4g ;RUSSES,
i955 ; KNOBILet
G R EE P , 1959 )
et provoque une mobilisation deslipides
de réserve(R AB E N
et
H OLL E NB E R G, 195 8 ;
!NGEr, etal., zg58).
En cequi
concerne lesglandes
endocrinesqui
serontenvisagées ici,
et dont le fonctionnement estplacé
sous un contrôlehypo physaire, plus
ou moinsétroit,
on saitqu’elles
subissentaprès hypophysectomie
desrégressions pondérales.
Ces observations ont été réalisées essentiellement chez le Rat.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Ce travail a porté sur 75 agneaux Mérinos d’Arles issus du troupeau élevé au laboratoire.
qs agneaux (22 mâles et 23femelles) ont subi une hypophysectomie ou un simulacre d’opération
à 25, 50 ou 100jours ; il ont été abattus, après que certains aient reçu un traitement chronique
à la BGH, aux âges respectifs de 100, igo et 25o jours. Le détail des groupes expérimentaux est
donné au tableau 1. En outre, 30agneaux normaux ont été abattus et disséqués aux âges de 255
jours (¢ mâles et ¢ femelles), 50jours (4 mâles et 4 femelles), loo jours (3mâles et 3 femelles),
igo jours (2mâles et 2femelles) et 250jours (2mâles et 2femelles).
Les dissections de ces animaux normaux ayant été effectuées au début et à la fin de chaque période étudiée, les valeurs obtenues ont permis d’avoir une image de l’évolution normale des différents paramètres étudiés et d’estimer l’influence de l’hypophysectomie, du traitement à la BGH et du choc opératoire chez les sujets dits pseudo-hypophysectomisés qui ont subi un simu-
lacre d’opération.
Tous ces animaux étudiés ont été soumis à un régime ad libitum à base de concentré et de foin et avaient un accès libre à la nourriture.
L’hormone somatotrope bovine utilisée est une hormone Byla lot oi-67activité 1,1 UI par mg. La liste des contaminants est la suivante : ACTH o,oo0 25UI par mg, ICSH inférieur à 0,4 UI par mg, FSH néant, Prolactine 0,06 UI par mg, Ocytocine 0,0004 UI par mg, TSH non titré. Les animaux traités à la BGH ont reçu l’hormone dissoute extemporanément, par voie intramuscu- laire. Les injections ont eu lieu trois fois par semaine à la dose de 3 mg par kg de poids vif (VÉ
ZINHETet DAUZIER, 1970). La survie des animaux a été assurée par un traitement à la cor-
tisone dans les conditions suivantes :
Age Dose hebdomadaire
de l’hypophysectomie d’acétate de cortisone
7- -
25 jours ... 18 mg 50 jours ... 24 mg
100 jours ... 36 mg
Après l’abattage, la carcasse a été séparée en deux suivant un plan médio-sagittal. Une demi-
carcasse a été ensuite entièrement disséquée suivant la méthode décrite par BÉNÉVENT, 1968.
L’estimation des tissus musculaires, osseux et adipeux qui seront étudiés dans ce texte, a été faite de la façon suivante.
Pour le tissu musculaire : tous les muscles de la demi-carcasse obtenus individuellement ont été additionnés et multipliés par 2. Les muscles de la tête et les intercostaux n’ont pas été
pris en compte en raison de la difficulté à les obtenir de façon reproductible. Pour le tissu osseux
nous avons multiplié par 2 tous les os de la demi carcasse, sauf la colonne vertébrale qui a été supprimée. Il est, en effet, difficile de séparer la carcasse en deux parties suivant un plan stricte-
ment médio-sagittal. Enfin le tissu
adipeux
a été estimé en multipliant par 2tous les dépôts adi-peux (internes, intermusculaires et sous-cutanés) récupérés au cours de la dissection de la demi-
carcasse. Les glandes endocrines
(testicules
ou ovaires, surrénales et thyroïde) et le foie, qui seront également étudiés ici, ont étéprélevés
immédiatement après l’abattage.L’analyse des résultats a consisté en une étude de l’évolution pondérale des différentes varia- bles étudiées. La simple comparaison des valeurs absolues entre les animaux traités et les nor- maux permet d’estimer l’effet des traitements. Cette analyse a été réalisée à partir de l’exploita-
tion des données du tableau 2.
Nous avons, en outre, comparé les vitesses de croissance spécifiques relatives, exprimées par
un coefficient d’allométrie (a), pour les différents lots expérimentaux et les agneaux normaux.
La croissance de deux parties y et x d’un organisme, ou d’une partie (y) relativement au tout
(x) a été décrite depuis les travaux de HuxLEY (1932) et TEISSIER
(1 934 )
par la relation d’allomé- trie.qui sous la forme logarithmique s’écrit
En dérivant par rapport au temps dont y et x sont fonction on obtient :
Pour la période de temps considéré nous estimerons la vitesse spécifique de croissance
!â
ydtd selonFISHER !I()2I! :
On utilise le rapport des vitesses spécifiques de croissance pour obtenir le coefficient d’allo- métrie.
Nous avons pris comme variable de référence (x) le poids vif vide (poids vif diminué des poids
des contenus du tube digestif et de la vessie). Cette étude d’allométrie permet de juger des modi-
fications apportées par les différents traitements aux vitesses spécifiques relatives de croissance, ceci pour les trois périodes étudiées (25à 100jours, 50 à 150jours et 100à 250jours).
RÉSULTATS
Au
tableau
2figurent
pour les mâles et les femelles les moyennesarithmétiques
et les coefficients de variation
exprimés
en p. 100 desparamètres étudiés,
à la foispour les animaux normaux et ceux
appartenant
à chacun des lotsexpérimentaux
définis autableau
I. lapremière
constatationqui s’impose
est que, pour les deux sexes, les coefficients de variation dupoids
vifvide,
dumuscle,
dusquelette
et dufoie sont
faibles,
presquetoujours compris
entre o et i5 p. 100, et n’excèdent que très rarement 20p. 100. Par contre, lesglandes étudiées (ovaires, testicules, surrénales
etthyroïdes)
et le tissuadipeux
sont affectés d’un coefficient souvent trèsélevé.
Cetteimportante
variabilité et lapetite
taille des échantillons n’ont paspermis
defaire
uneanalyse statistique rigoureuse
et notamment de tester lessignifications
des diffé-rences observées. Il ressort
cependant
de nombreuxenseignements
de lacomparaison
des différents lots
expérimentaux
avec les agneaux normaux abattus au début et àla fin des
périodes
étudiées.A. -
Étude de
la croissancepondérale
Le
poids vif
et lepoids vif
vide.Les considérations
qui s’imposent
sur ledéveloppement corporel
ont étélarge-
ment
développées
dans un articleprécédent (V!ZINH!T
etDAUZI!R, =g 7 o). L’obser-
vation des
poids
vifs et despoids
vifs vides nouspermet
derappeler
quel’hypophy-
sectomie provoque dans tous les cas
(lots
1, 4et7 )
un très fort ralentissement de la croissancepondérale globale.
Pour les animauxayant
subi un simulacred’opération (lots
2, 5 et8),
l’influence du chocopératoire
est d’autantplus marquée
que celui-ci estplus précoce
et que la durée de survie estplus
courte.Enfin,
pour les animauxhypophysectomisés
soumis à un traitementchronique
à la BGH(lots
3et6),
on noteune très
importante récupération
du déficit depoids
observé dans le cas des animauxsimplement hypophysectomisés.
Le tissu musculaire.
I,’hypophysectomie (lots
i,4 et 7 )
affecte considérablement l’évolutionpondérale
de la masse
musculaire ;
les valeurs obtenues sont très voisines et souvent même infé- rieures à celles observées chez les animaux normaux abattus au début des troispériodes
étudiées.Pour les animaux des deux sexes
ayant
subi un simulacred’opération (lots
2,5 et
8)
le tissu musculaireprésente
les mêmescaractéristiques
que lepoids
vif vide.Entre 25
jours
et 100jours
le chocopératoire
entraîne un déficit en muscle par rap-port
aux agneaux normauxdisséqués
à zoojours.
Entre 50et igojours
la même situa-tion se retrouve, mais les mâles
pseudo-opérés
serapprochent
ici sensiblement desnormaux à 150
jours. Enfin,
pour lapériode
de 100à 25ojours
et pour les deux sexesles valeurs en muscles sont très semblables entre les agneaux
pseudo-opérés
et lesnormaux.
Le traitement
chronique
à la BGHpermet
de compenser engrande partie
ou mêmetotalement,
le déficit en musclesenregistré
dans le cas del’hypophysectomie
sanstraitement. Entre 25 et 100
jours,
parrapport
auxpseudo-opérés
si la masse muscu-laire des mâles
hypophysectomisés
traités à la BGH restelégèrement inférieure,
celle desfemelles,
parcontre,
estcomparable.
Entre 50 et 150jours,
la situationinverse est
enregistrée.
Le tissu osseux.
L’ablation hypophysaire
réduit lerythme
dedéveloppement
dusquelette,
sur-tout pour la
période
étudiée entre 100 et 250jours (lot !).
A i5ojours,
les femelleshypophysectomisées
ont une masse osseusequi, comparée
aux femelles normales de 50jours,
semble avoir étél’objet
d’un faibledéveloppement.
Les mâlesopérés
à5
0
jours manifestent,
par contre, un arrêtcomplet
de croissance osseuse.Enfin,
pour lapériode
de 25 à 100jours,
les animaux des deux sexes(lot 2 )
onteu,
après hypophysectomie,
une croissance de la massesquelettique
nonnégligeable,
bien
qu’elle
reste nettement inférieure à celle des animauxpseudo-opérés
ou afor-
tiori des normaux. Le
squelette
des agneauxayant
subi un simulacred’opération
n’est pas affecté dans son
développement
entre 50 et 150jours (lot 5)
et 100et250
jours (lot 8).
Pour les animauxpseudo-opérés disséqués
à 100jours (lot 2 )
etcomparés
aux normaux du mêmeâge,
le chocopératoire perturbe
nettement ledéveloppement
de la masse osseuse.Pour les
hypophysectomisés
traitéschroniquement
à la BGH(lots
3et6),
danstous les cas la masse osseuse
présente
une évolutionpondérale qui
larapproche
sensi-blement de celle
enregistrée
pour lespseudo-opérés.
Le tissu
adipeux.
Comme nous l’avons
déjà signalé,
les donnéespondérales
concernant le tissu adi- peux(tabl. 2 )
sont laplupart
dutemps
affectées d’un fort coefficient de variation.Malgré cela,
onpeut
attribuer un sens aux différencesqui
sont observées en fonctiondes traitements subis.
Ainsi
l’hypophysectomie
se traduit dans tous les cas par undéveloppement important
du tissuadipeux (lots
1, 4 et7 ).
Cedéveloppement
n’estcependant
pastrès différent de celui observé dans le cas d’animaux normaux, pour les stades 25 à
100
jours
et 50 à i5ojours.
Uneexception,
les mâles du lot i montrent un excès entissu
adipeux comparés
aux mâles normaux de ioojours.
Pour la
période
entre 100et 250jours,
tous les animaux du lot 7 ont une sur-charge adipeuse
parrapport
aux normauxdisséqués
à 250jours.
La
masse adipeuse
des animauxayant
subi un simulacred’opération
est forte-ment
perturbée
dans sa croissancequand
l’intervention estpratiquée
àl’âge
de25
jours (lot 2 ).
Les femellespseudo-opérées
entre 50et 150jours présentent
une dimi- nutionimportante
dupoids
du tissuadipeux.
Lesmâles,
pour la mêmepériode,
sontmoins affectés.
Enfin,
pour lapériode
de 100à 250jours
la masseadipeuse présente
un
développement
normal chez lespseudo-opérés (lot 8).
Les agneaux
hypophysectomisés
traités à la BGH(lots
3 et6),
onttoujours
des tissusadipeux
trèsfaibles,
nettement inférieurs à ceux notés pour les animaux nor-maux du même
âge.
Les
gonades.
L’hypophysectomie
provoque un arrêt dudéveloppement
des testicules et induit même dans tous les cas unerégression pondérale.
Cetterégression
semble être d’au-tant
plus
forte que l’animal estopéré plus
tardivement et que la durée de survie estplus longue.
Les ovaires subissentégalement
uneimportante perte
depoids qui
s’accuse avec
l’âge
des animaux.Chez les animaux
pseudo-opérés,
l’évolutionpondérale
des testicules est nor-male ;
par contre, lepoids
des ovaires est inférieur à ceux de femelles normales dissé-quées
à 100, 150et 250jours ;
maisl’importante
variabilité dupoids
des ovaires nepermet
pas de tirer de conclusion certaine.Le
poids
desgonades
des animauxhypophysectomisés
traités à laBGH,
estcomparable
à celui deshypophysectomisés
sans traitement.Les surrénales.
Les observations faites au
sujet
desgonades
restent valables dans le cas desglandes
surrénales.I,’hypophysectomie
réduit considérablement ou mêmesupprime
le
développement pondéral
des surrénales. Le traitement à la BGH n’a pas oupeu d’effet pour
corriger
l’influence de l’ablationhypophysaire.
Chez les animauxpseudo-opérés,
la croissance des surrénales reste sensiblement la même que celle observée dans le cas des animaux normaux.La
thyroïde.
Comme pour les
gonades
et lessurrénales,
parrapport
aux agneaux normaux, lathyroïde
esttoujours
affectée dans sondéveloppement
par lasuppression
de laglande pituitaire.
Les
injections répétées
deBGHsemblent,
parcontre,
avoir un effet sur lathyroïde.
Dans tous les cas et par
rapport
auxhypophysectomisés
sanstraitement,
lepoids
est
augmenté
defaçon
nette(lots
3 et6).
L’évolution pondérale
de lathyroïde
des animauxpseudo-opérés n’apporte
pas d’indicationparticulière.
Le
foie.
L’hypophysectomie
provoque un arrêtcomplet
dudéveloppement
du foie des animauxhypophysectomisés
parrapport
aux animaux normaux et ceciquelle
que soit lapériode envisagée (lots
1, q. et7 ).
Pour les agneaux
ayant
subi un simulacred’opération
la croissance du foie est peuperturbée.
Chez les agneauxhypophysectomisés
traitéschroniquement
à laBGH,
dans presque tous les casenvisagés,
lepoids
du foie est trèssupérieur
à celuides animaux
hypophysectomisés,
et voisin de celui des individuspseudo-opérés, quelquefois
mêmesupérieur.
B. -
Étude
de la croissance relativeUne étude de la croissance relative des différentes variables étudiées devrait aider à mieux définir les évolutions
pondérales déjà envisagées
dans leparagraphe précédent.
Le tissu musculaire
(tabl.
3 et 3bis, fig.
i etz’).
La vitesse de croissance
spécifique
relative de la massemusculaire
deshypophy- sectomisés,
enprenant
comme variable de référence lepoids
vif vide de cesanimaux, permet
de constater unerégression pondérale plus importante
chez les mâles entre25et ioo
jours
et 50et i5ojours
que chez lesfemelles :
les coefficientsd’allométrie (a)
sont de - 0,37 et - i,3i pour les mâles et de 0,20 et o,q.2 chez les femelles. Entre
100 et 250
jours,
la vitesse de croissancespécifique
relative estplus
faible pour les femelles(a= ― 0 , 42 )
que pour les mâles(a
=0 , 07 ).
Pour les animaux
ayant
subi un simulacred’opération,
on note unegrande
simi-litude de leur croissance relative avec les agneaux normaux.
Enfin,
pour les animauxhypophysectomisés
traitéschroniquement
à laBGH,
lesmâles ont entre 25 etioo
jours
et 5o et 150jours
des valeurs de(a)
de 1,03 et o,93 contreo, 95
et o,90 pour les normaux. Pour lesfemelles,
durant les mêmespériodes,
les allométries de la masse musculaire sont de o,92 et 1,12contre o,93et
1 , 0 6 pour les
agnelles
normales.Le tissu osseux
(tabl.
3 et 3bis, fig.
i eti’).
La
vitesse de croissancespécifique
relative dusquelette
des animaux normaux décroîtprogressivement
de 25 à 250jours
chez lesfemelles,
chez les mâles il y auraitune décroissance entre 25 et 150
jours
suivie d’unereprise
observée à 250jours.
Pour les animaux
hypophysectomisés,
la croissance relative de l’os est loin d’être arrêtée. De 25 à 100jours
chez lesmâles,
le coefficient d’allométrie(a)
est de 1,73 et de o,gi chez lesfemelles,
cequi,
dans les deux cas,représente
une vitesse relativesupérieure
à celle observée dans le cas des mâles normaux a =0 ,8 0
et des femellesnormales a =
0 ,86.
La croissance osseuse relative subsiste chez les femelles entre 50 et z5ojours (a= 0 , 75 ),
tandis que les mâles ont une allométrienégative
de a = - 0,33.Enfin,
entre 100 et 250jours
la masse osseuse des femellesrégresse,
a = -0 , 2 6.
Chez les
mâles,
le coefficient(a)
de o,41pendant
cettepériode
ne doit pasprêter
àconfusion.
Le gain
de masse osseuse de 80genregistré,
nereprésente
que5, 15
p. 100 parrapport
aupoids
initial de l’os des normaux à 100jours,
tandis quependant
lemême
temps
les normauxgagnent
i 092 g, soit ungain
de 7o,3i p. 100toujours
parrapport
aux normaux à 100jours.
Les animaux
pseudo-opérés
ont des vitesses de croissancespécifiques
relativesde l’os très voisines de celles des normaux.
Les
hypophysectomisés
traités à la BGH ont des coefficientssupérieurs
à ceuxdes
pseudo-opérés
et même des animaux normaux.Le tissu
adipeux (tabl.
3et 3bis, fig.
i eti’).
L’hypophysectomie
se traduit dans tous les cas par une trèsimportante
sur-charge
endépôts adipeux.
On relève pour les mâles des coefficients d’allométrie(a)
de
8, 24 , 15 ,3
et 10,°9pour les troispériodes considérées,
valeurs très nettementsupé-
rieures à celles des animaux normauxqui
sontrespectivement
pour les mêmespériodes
de
o,5 3 , i,6 7
etz,85.
Chez les femelles(a)
va de 4,07entre 25 et ioojours
à 4,zq. entre 50et i5o
jours
et 5,17entre 100et 25ojours,
les femelles normales ont pour les mêmespériodes
des coefficients de 1,17, 1,29 et i,44.La masse
adipeuse
dissécable des animauxayant
subi unsimulacre d’opération
est fortement
perturbée
dans sa croissancequand
le simulacred’opération
est pra-tiqué
àl’âge
de 25jours,
pour les mâles comme pour les femelles. Entre 5o et i5ojours
les femelles
présentent
une diminutionimportante
de la vitesse de croissancespéci- fique
relative du tissuadipeux.
Celle desmâles,
par contre, n’est pas affectée.Enfin,
entre 100 et 250
jours
la masseadipeuse
despseudo-opérés présente
undéveloppe-
ment normal.
Les agneaux
hypophysectomisés
traités à laBGHont,
dans trois cas sur quatre, descoefficients
d’allométrie(a) négatifs.
Seul les mâleshypophysectomisés
à 50jours
et abattus à 150
jours présentent
un très faible accroissement de la masseadipeuse.
Les
gonades (tabl.
3 et 3bis, fig.
2 et2 ’).
Les testicules des individus normaux ont
toujours
une allométrie fortementmajo-
rante avec un coefficient
(a)
de l’ordre de 3. Chez leshypophysectomisés
le coefficient(a)
esttoujours négatif,
ceci d’autantplus
que l’animal estopéré
tardivement et que la durée de survie estlongue.
Pour les animauxopérés
à 25, à 50puis
à 100jours (a)
passe
respectivement
de - 2,07 à - 5,05 et -7 ,8 5 .
Les mêmes conclusionss’impo-
sent au
sujet
des ovaires pourlesquels (a) prend
des valeurs successives de -0 , 4 8 puis
-5 ,6 0
et - 5,43.Pour les
hypophysectomisés
traités à laBGH,
chez les mâles dans tous les cas les coefficients d’allométrie des testicules sont très nettement inférieurs à ceux des animaux normaux ou des témoinsayant
subi un simulacred’opération.
Chez lesfemelles,
les ovaires ont des coefficients d’allométrietoujours négatifs.
Les surrénales
(tabl.
3 et 3bis, fig.
2 et2 ’).
Comme pour la croissance
pondérale,
l’étudeallométrique
montre que les obser- vations faites à propos desgonades
restent valables dans le cas desglandes
surrénales.La
thyroïde (tabl.
3 et 3bis, fig.
2et2 ’).
La
thyroïde
voit sa croissance relative arrêtée par l’ablationhypophysaire ;
les
injections
de BGH fontaugmenter
le coefficient d’allométrie defaçon
nette danstous les cas. La croissance relative de la
thyroïde
des animauxpseudo-opérés
nepré-
sente pas d’intérêt
particulier.
Le foie (tabl.
3 et 3bis, fig. 3).
Les animaux normaux ont une vitesse de croissance
spécifique
relativequi
variepeu entre 25et 250
jours,
bien que chez le mâle on note une tendance au ralentisse- ment de cette vitesse.L’hypophysectomie
se traduit par des coefficientsd’allométrie négatifs.
Seules les femelleshypophysectomisées
à 50jours
ont un coefficientlégère-
ment
positif.
Pour les agneaux
pseudo-opérés
la croissance relative du foien’apporte
pas d’en-seignement particulier. Enfin,
leshypophysectomisés
traités à la BGHprésentent
des coefficients d’allométrie très
supérieurs
à ceux deshypophysectomisés
non traités.DISCUSSION
Les résultats
exposés
confirmentl’importance
du contrôlehypophysaire
etplus particulièrement
de l’hormonesomatotrope
sur la croissancepondérale globale,
etsur la croissance relative.
Pour les
principaux
tissusétudiés,
nous constatons quel’hypophysectomie
et letraitement
chronique
à la BGH ont des effets. Le tissu nerveuxqui
n’a pas été envi-sagé,
ne subit que très peu de variationquel
que soit letraitement ;
cecipeut
êtrefacilement
expliqué
si l’on considèrequ’à
la naissance ce tissu adéjà
atteint un étatde
développement
presqueoptimum (Ha!oi·rn 1932 ).
BÉNÉVENT( 1971 )
dans uneétude sur la croissance relative de
l’Agneau
Mérinos d’Arles a montré que le cerveau se caractérise dans unephase
immédiatementpostnatale
par un coefficient d’allo- métriefaible,
de l’ordre de 0,20. Leproblème
de la peau aurait été intéressant à aborder dans le cadre de cetteétude ; cependant,
les dissections des animauxayant
été réalisées à despériodes
très différentes del’année,
il n’a pas étépossible
de com-parer les données obtenues avec la peau d’animaux dont certains étaient
tondus,
d’autres non.Avant d’aborder la discussion de l’effet des
traitements,
noussignalerons
queles allométries observées chez les agneaux normaux
qui
nous servent de référencesont
toujours
du même ordre que celles notées par B>âi.t!v!NT(ig7i).
Uneexception cependant,
le foie pourlequel
cet auteur trouve un coefficient d’allométriesupérieur
à i, alors que celui que nous avons
enregistré
esttoujours
inférieur à l’unité.Pour le tissu musculaire nos résultats viennent confirmer des données
déjà
trèsanciennes comme celles de LEE et AYRES
( 193 6)
obtenues chez le Rat.L’hormone
(BGH)
estcapable
d’assurer un maintienimportant
de la croissance du muscle chezl’Agneau hypophysectomisé.
Là encore de très anciens travaux, réalisés d’abordavec des extraits
hypophysaires bruts,
comme ceux de Scxnxx!a et LEE( 1935 )
l’ontmontré chez le Rat. YovrrG
( 1945 )
a, en utilisant des extraitshypophysaires
par- tiellementpurifiés,
noté une rétention azotéeimportante
chez leChien,
le Chat et leRat.
Enfin,
W et Evarrs( 194 8,)
GREENBAUMet YOUrrG( 1953 ), Scow, ( 1959 )
utilisantchez le Rat une GH
purifiée
ont mis l’accent sur le rôle anabolisantprotéique
de cettehormone.
En ce
qui
concerne le tissu osseux, le contrôlehypophysaire
de sa croissancen’est pas aussi strict
qu’il
l’est pour le muscle. Chez lemâle,
il subsiste entre 25 et100
jours
une croissance osseuse nonnégligeable après hypophysectomie.
Chez lafemelle le
développement
de la masse osseuse sepoursuit,
bienqu’à
undegré moindre,
à la fois pour la
période
25à ioojours
et 50 à i5ojours.
Ce n’est que durant lapériode
100 à 250
jours
que la croissance osseuse est totalement arrêtée dans les deux sexesaprès hypophysectomie.
WALKER et al.( 1950 )
ontremarqué
que chez leRat,
un cer-tain
développement
de l’oss’opère
en absenced’hypophyse jusqu’à
unâge
d’environ2
8
jours.
Nous avons pour notrepart déjà montré,
chez leLapin, qu’il
faut atteindreun
âge
de 100jours
pour constateraprès hypophysectomie
un arrêt de la croissancepondérale globale (VÉ ZINHET , 19 68 b).
Chez leCobaye,
lVhTCH!Er.!, et al.( 1954 )
etK
NOBILet GREEP
( 1959 )
ont montré quel’hypophysectomie
n’affectait pas le déve-loppement corporel.
Le traitement GH
permet
de rétablir une vitesse de croissance osseuseproche
de la normale et
quelquefois
mêmesupérieure
chezl’Agneau hypophysectomisé.
Cette notion est en accord avec les travaux
déjà
anciens de Evnrrs et al.( 194 3 ),
BEC
KS et al.
(ig 49 ),
ASUNG et al.( 19 65)
réalisés sur le Rat. Les modalitésd’appli-
cation du traitement pour l’obtention d’un effet
optimum
dela
GH sont encore denos
jours
discutées(H ANSSON
et THORNGRENI g 7I ),
mais il ne faitplus
de doute que l’hormonesomatotrope
exerce un effet sur ledéveloppement
osseux de la presque totalité desespèces
En ce
qui
concerne le tissuadipeux,
les agneauxhypophysoprives
ont unecarcasse
particulièrement chargée
enlipides,
ceci d’autantplus
quel’âge
del’hypo- physectomie
estplus
tardif et que la durée de survie estplus longue.
Le traitementà la BGH se traduit par une diminution considérable des réserves
adipeuses.
Cesconstatations sont en accord avec ce que l’on sait
depuis longtemps
sur lasurcharge adipeuse
des carcasses d’animauxhypophysectomisés
et sur l’activitélipolytique
del’hormone de croissance
(L I et al., 194 8 ; G R EE NBAUM ,
ig53 de BODO etA L TS ZULL E R ,
i95!).
Nous avons nous-même pu constater l’effetlipolytique
dela BGH chez l’Agneau qui
se traduit par uneimportante
libération d’acides graslibres,
dans le sang,depuis
les tissus
adipeux
de réserve(travaux
nonpubliés).
Les observations faites dans ce travail sur les
glandes
endocrinesaprès hypo- physectomie
et traitementchronique
à l’hormonesomatotrope
viennent renforcerce que l’on sait sur les
interdépendances
entre certainesglandes
etl’hypophyse,
S IMPSON
et
al.(ig 5 g), S ALTER et
al.( 1957 )
chez leRat,
LOSTROHet LI( 1957 )
chez laSouris, C AMPELL
et al.( 1959 )
chez le Chien. Pour cequi
est dutesticule, qui
montreune allométrie nettement accrue par le traitement à la
BGH,
celapourrait s’expliquer
par le seul effet
de
l’hormone sur la trameprotéique
de cetteglande.
A ce
sujet,
CouxoT( 1971 ) signale
que l’hormone de croissance administrée en traitement delongue
durée est sans effet sur ledéveloppement pondéral
du testicule del’Agneau impubère hypophysectomisé,
et que seules les hormonesgonadotropes
sont concernées. On
peut
alors penser que laprésence
de contaminantsgonadotropes
dans la
préparation
de GH utilisée ont pu avoir un effet. Pour lathyroïde,
l’accroisse- ment de l’allométrie de cetteglande
chez les animaux traités BGH parrapport
auxhypophysectomisés pourrait également
être le fait d’une contamination par la TSH de la BGHayant
servi aux traitements. Lethymus
aégalement
été étudié et a faitl’objet
d’unepublication séparée (VÉ ZINH ET, 19 6 9 ).
Enfin, parmi
les très nombreusesdonnées
fournies par cetteétude,
nous avonsretenu
l’exemple
du foie pourlequel
les évolutions observées dans le cadre des diffé- rents traitements traduisent assez fidèlement ce que l’onobserve
au niveau del’orga-
nisme entier. Ce
résultat
est en accord avec ceux de SIMPSONEt al.( 1949 ),
P!GO etK ORN ER
(ig65).
Un dernier
point
mérite d’être discutéici,
il concerne lesaspects
nutritionnels.Tous les animaux de cette étude étaient nourris ad libitum. Des contrôles de
prise
d’aliment entre 5o et i5o
jours
nous ont montré(tabl. 4 )
que les animaux sanshypophyse
consommaient en moyenne unequantité
de concentré inférieure de 28 p. i o0 à celleingérée
par les agneaux normaux, diminution du même ordre que celle observée chez le Rat par HANN et al.(ig6 5 ).
Pour lefoin,
cetteproportion passait
à 66 p. ioo.L’important
déficit eningestion
de ce dernier alimentpeut s’expliquer
parl’appéti-
bilité bien
supérieure
du concentré parrapport
au foin. Les indices de consommation de 16 pour le concentré et de 6 pour le foin tendent à prouver quemalgré
uneprise
d’aliment bien inférieure des