SCLÉROSE EN PLAQUE
Dr DUPONT Gwendoline Chef de cliniqueService de Neurologie U2 DIJON
INTRODUCTION
Maladie inflammatoire chronique de la gaine de myéline du SNC
1ere cause de handicap acquis de l’adulte jeune
Non mortelle : espérance de vie non modifiée
Caractéristiques :
Dissémination spatiale (au moins 2 lésions) et temporelle (au moins 2 épisodes neurologiques séparés d’au moins 1 mois) obtenu par des données cliniques et/ou IRM
Polymorphisme clinique selon l’atteinte
Evolution : poussée et progression
EPIDEMIOLOGIE
Adulte jeune, médiane = 32 ans
Prédominance féminine (3 femmes pour 1 homme)
Prévalence : 100 000 patients en France (>1 / 1000)
Gradient nord sud : 2 fois plus de SEP dans les pays scandinaves
ÉPIDÉMIOLOGIE
PHYSIOPATHOLOGIE
SEP = MULTIFACTORIELLE
Facteurs génétiques : caucasien, concordance de 30% chez les jumeaux monozygotes vs 2% hétérozygotes , gène de susceptibilité (HLA)
Facteurs environnementaux : infection à EBV, tabagisme, carence vitamine D et / ou faible ensoleillement au cours de l’enfance, obésité. Hygiène excessive durant
l’enfance
PHYSIOPATHOLOGIE
•Gaine de myéline du SNC = cible
•Activation périphérique des LT qui passent la BHE
•Destruction = altération de la conduction
•Démyélinisation +- parfaite par les
oligodendrocytes = récupération possible
•Plaque de démyélinisation dans les zones fortement myélinisées donc NO, corps
calleux, zones péri ventriculaires, cervelet, moelle épinière ..)
MODE EVOLUTIF: DEUX ÉVÈNEMENTS DE BASE
Poussée : apparition en qqn heures ou jours de symptômes neurologiques focaux en rapport avec une lésion de démyélinisation. Durée minimum = 24 heures.
Des symptômes survenant dans contexte fébrile ne sont pas considérée comme une poussée.
Intervalle libre entre 2 poussée = 1 mois
Progression : aggravation continue sur une période d’au moins 1 an de symptômes neurologiques
MODE EVOLUTIF
FORMES EVOLUTIVES
Récurrente rémittente : poussées sans ou avec séquelles 85%
Secondairement progressive (avec ou sans poussée)
Primaire progressive (15%)
PRESENTATION CLINIQUE
Manifestations cliniques initiales variées
Premier évènement habituellement mono symptomatique (60%)
NÉVRITE OPTIQUE RÉTROBULBAIRE
Révélatrice de la maladie dans ¼ des cas , surtout chez l’adulte jeune
Symptômes :
BAV progressive sur quelques heures à quelques jours + douleur périorbitaire augmentée à la mobilisation +- scotome , dyschromatopsie rouge / vert
Fond d’œil : normal au début, 10% des cas = œdème papillaire.
Décoloration papillaire dans les semaines qui suivent
Evolution : Récupération visuelle complète dans 80 % des cas en 6 mois Phénomène d’Uhthoff possible en suite
NEVRITE OPTIQUE RETROBULBAIRE
SIGNES MOTEURS
Révélateurs de la maladie dans 40% des cas
Monoparé́sie, paraparé́sie ou plus rarement hémiparésie progressive. Jamais brutal
Clinique : gène à type de lourdeur, fatigabilité́ à l’effort , raideur ou paralysie plus complète
L'intensité́ du déficit est variable
Examen : syndrome pyramidal déficit moteur, ROT vifs, signe de Babinski
SIGNES SENSITIFS
Révélatrice dans 20% des cas
Picotements, fourmillements, sensations d’hypoesthésie ou anesthésie, dees douleurs, décharges, sensation d’étau ou de ruissellement, dee chaud ou de froid
Signe de lhermitte = évocateur
AUTRES SYMPTÔMES
Atteinte du tronc cérébral (diplopie, OIN, paralysie faciale centrale ou périphérique, névralgie faciale, dysarthrie, trouble de déglutition)
Trouble vésico sphinctériens (hyperactivité vésicale)
Fatigue
Troubles cognitifs
Troubles de l’humeur
DIAGNOSTIC
Pas de marqueur spécifique
4 critères essentiels :
• dissémination des lésions dans le temps : 2 poussées > 1 mois d’intervalle
• dissémination des lésions dans l ’espace : 2 poussées clinique touchant deux territoires différents
• inflammation du SNC
•absence d ’autres maladies évolutives
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
IRM encéphalique et médullaire = examen de choix:
Hyper signaux T2 flair disséminés au sein de la SB
prise de gadolinium : caractère inflammatoire récent des lésions (dissémination temporelle) / caractère prédictif
atrophie cérébrale ou médullaire associée, surtout dans les formes évoluées
DISSEMINATION SPATIALE
2 POUSSEE CLINIQUE dans deux territoires différents
Ou
DIS: ≥1 lésion T2 dans ≥2 localisations
périventriculaire corticale /juxtacorticale infratentorielle moelle épinière
DISSEMINATION TEMPORELLE
2 POUSSEES espacées dans le temps > 1 mois d’intervalle
OU
Présence simultanée de lésions réhaussées et non réhaussées par le gadolinium à n’importe quel moment
OU
Nouvelle lésion hyperintense T2 ou une lésion réhaussée par le gadolinium sur une IRM de suivi, en comparaison à un examen de référence, indépendamment
du moment de la réalisation de cette IRM de référence
CRITERES MC DONALD 2017
Présentation clinique Données supplémentaires nécessaires pour le diagnostic de SEP
>2 poussées cliniques et preuve clinique objective de >2 lésions
Aucune
>2 poussées cliniques et preuve clinique objective d’une lésion
DIS démontrée par une nouvelle poussée clinique impliquant un autre territoire du SNC OU par IRM
1 poussée clinique et preuve clinique objective de >2 lésions
DIT démontrée par une nouvelle poussée clinique OU par IRM OU
BOC spécifiques du LCR
1 poussée clinique et preuve clinique objective d’une lésion
DIS démontrée par une nouvelle poussée clinique impliquant un autre territoire du SNC OU par IRM
DIT démontrée par une nouvelle poussée clinique OU par IRM OU
BOC spécifiques du LCR
PONCTION LOMBAIRE
•LCR inflammatoire :
•hyperprotéinorachie inconstante, inférieure à 1g/l
•cytorachie : cellules mononuclées, >4 éléments par mm3 dans 1/3 des cas
•bandes oligoclonales en isoélectrofocalisation
•Elle peut être normale et la normalité du LCR n'élimine pas le diagnostic
•= critère de dissémination temporelle si présent
POTENTIELS EVOQUES
Recherche d’atteinte infra clinique (PEA, PES, PEV)
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Maladie inflammatoire du SNC:
osarcoïdose oLED
oBechet
oGougerot-Sjögren o artérites cérébrales
PRONOSTIC
Echelle d’évaluation EDSS
ECHELLE EDSS
0 Examen neurologique normal (tous les PF à 0 ; le niveau du PF mental peut être coté à 1).
1.0 Pas de handicap, signes minimes d'un des PF (c'est-il̀-dire niveau 1 sauf PF mental).
1.5 Pas de handicap, signes minimes dans plus d'un des PF (plus d'un niveau 1 à l'exclusion du PF mental).
2.0 Handicap minime d'un des PF (un niveau 2, les autres niveau 0 ou 1).
2.5 Handicap minime dans deux PF (deux niveaux 2, les autres niveau 0 ou 1)
3.0 Handicap modèré d'un PF sans problème de déambulation (un PF à 3, les autres à 0 ou 1 ; ou 3 ou 4 PF à 2, les autres à
0 ou 1)
3.5 Handicap modéré́ dans un PF sans problème de déambulation (1 PF à 3 et 1 ou 2 PF à 2 ; ou 2 PF à 3 ; ou 5 PF à 2) 4.0 Indépendant, debout 12 heures par jour en dépit d'un handicap relativement sévère consistant en un PF à 4 (les autres à
0 ou 1), ou l'association de niveaux inferieurs dépassant les limites des degrés précédents. Capable de marcher 500 mètres sans aide et sans repos
4.5 Déambulation sans aide, debout la plupart du temps durant la journée, capable de travailler une journée entière, peut cependant avoir une limitation dans une activité́ complète ou réclamer une assistance minimale; handicap relativement sévère, habituellement caractérisé par un PF à 4 (les autres à 0 ou 1) ou l'association de niveaux inferieurs dépassant les limites des grades précédents. Capable de marcher 300 mètres sans aide et sans repos
ECHELLE EDSS
5.0 Déambulation sans aide ou repos sur une distance d'environ 200 mètres ; handicap suffisamment sévère pour altérer les activités de tous les jours.
(Habituellement, un PF est à 5, les autres à 0 ou 1 ; ou association de niveaux plus faibles dépassant ceux du grade 4.0)
5.5 Déambulation sans aide ou repos sur une distance d'environ 100 mètres; handicap suffisant pour exclure toute activité́ complète au cours de la journée 6.0 Aide unilatérale (canne, canne anglaise, béquille), constante ou intermittente, nécessaire pour parcourir environ 100 mètres avec ou sans repos
intermédiaire
6.5 Aide permanente et bilatérale (cannes, cannes anglaises, béquilles) nécessaire pour marcher 20 m sans s'arrêter
7.0 Ne peut marcher plus de 5 m avec aide ; essentiellement confiné au fauteuil roulant; fait avancer lui-même son fauteuil et effectue le transfert; est au fauteuil roulant au moins 12 h par jour
7.5 Incapable de faire quelques pas; strictement confiné au fauteuil roulant; a parfois besoin d'une aide pour le transfert; peut faire avancer lui-même son fauteuil; ne peut y rester toute la journée; peut avoir besoin d'un fauteuil électrique
8.0 Essentiellement confiné au lit ou au fauteuil, ou promené́ en fauteuil par une autre personne; peut rester hors du lit la majeure partie de la journée;
conserve la plupart des fonctions élémentaires; conserve en général l'usage effectif des bras
8.5 Confiné au lit la majeure partie de la journée, garde un usage partiel des bras; conserve quelques fonctions élémentaires 9.0 Patient grabataire ; peut communiquer et manger
9.5 Patient totalement impotent, ne peut plus manger ou avaler ni communiquer 10.0 Décès lié à la SEP
ECHELLE EDSS
PRONOSTIC
Hétérogène ++ et imprévisible pour un individu donné 25% de forme bénigne ou pauci symptomatique
À des formes graves avec dépendance complète (10%)
Facteurs prédictifs d’évolution:
Age de début jeune, NORB comme premier évènement, mode rémittent, long délai entre deux premières poussée, sexe féminin, absence de handicap à 5 ans
= meilleur pronostic
Age tardif après 40 ans, forme primaire progressive et atteinte motrice initial
= mauvais pronostic
PRONOSTIC
8 ans 15 ans 30 ans
Gêne à la marche Canne Fauteuil roulant
TRAITEMENTS
Traitement des poussées
Traitement de fond
Traitement symptomatique
POUSSEES
Corticoïdes à fortes doses en flash en intraveineux Permet d’accélérer la récupération de la poussée Pas d’effet sur la prévention de nouvelle poussée
En milieu hospitalier. Vérifier ionogramme sanguin et l’ECG avant toute perfusion.
Surveillance TA, pouls, dextre. Recherche de troubles du rythme cardiaque.
Au long cours : cataracte, ostéoporose.
TRAITEMENT DE FOND
Vise à réduire la fréquence des poussées et à ralentir la progression du handicap
Agissent sur la réponse immune
Soit par une action immun modulatrice
soit de façon immunosuppressive
INTERFERON BETA
IFN béta 1a : AVONEX voie IM 1/ semaine
IFN beta 1 b : BETAFERON voie SC tous les deux jours IFN béta 1a : REBIF voie SC 3 fois par semaine
IFN béta 1a: PLEGRIDY voie SC toutes les 2 semaines
IMMUNOMODULATEUR :Diminution de la fréquence des poussées d’environ 30%
ES: syndrome pseudo grippal après les injections, réactions cutanés au site d’injection , syndrome dépressif
CI : grossesse et syndrome dépressif
ACETATE DE GLATIRAMERE
COPAXONE voie SC tous les jours IMMUNOMODULATEUR
ES: réaction cutanée au site d’injection, oppression thoracique, palpitations
FORMES ORALES: AUBAGIO ET TECFIDERA
AUBAGIO (teliflunomide) 14 mg 1 cp par jour
ES: alopécie, diarrhées, nausées, HTA, arthralgies, cytolyse hépatique, neutropénie, infection ORL, HSV, rhinopharyngite
Surveillance BHC tous les 15 jours pendant 6 mois puis / 2 mois
CI si grossesse (protocole d’élimination par QUESTRAN en cas de grossesse )
TECFIDERA (dimethylfumarate ) 240 mg x 2 / jour
ES: flush ++, lymphopénie, douleur abdominale, N/V, diarrhées, élévation des transaminases
Surveillance NFS/ 6 mois et BHC et iono creat / 3 mois
TYSABRI ET GYLENIA: 2 E LIGNE
TYSABRI (natalizumab): IMMUNOSUPPRESSEUR Empêche les lymphocytes de passer la BHE
Diminution de la fréquence des poussées de 70% à 2 ans vers okacebi anticorps monoclonal , perfusion mensuelle
ES: LEMP +++
GILENYA (fingolimod): forme orale 1 cp / jour
IMMUNOSUPPRESSEUR : bloque les lymphocytes dans les ganglions lymphatiques Réduction fréquence poussée de 50% à 2 ans versus placebo
Première instauration hospitalisation Risque de bradycardie ++
MITOXANTRONE
Antracycline = IMMUNOSUPPRESSEUR Réservé aux formes sévères
Administration hospitalière , une cure / MOIS pendant 6 mois Toxicité cardiaque et hémato
Risque de leucémie myeloide aigue chez moins de 1% des patients
TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE
Traiter les complications de la maladie
Kiné́ motrice, active et passive, rééducation.
Lutte contre la spasticité́ :
Baclofène : LIORESAL
Dantrolène : DANTRIUM (surveillance hépatique)
injections de toxine botulique - pompe intrathé́cale
Lutte contre les troubles génito-sphincté́riens
Amélioration de la marche : Fampyra
TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE
Lutte contre la fatigue : MANTADIX
traitement du syndrome anxio-dépressif et lutte contre l’isolement social : prise en charge socio-familiale, adaptation professionnelle, association de patients.
prévention des complications de décubitus.
traitement des douleurs : antalgiques classiques, tricycliques voire
certains anti-épileptiques
CONCLUSIONS
•Pathologie handicapante du sujet jeune
•Chronique et évolutive
•N’importe quelle symptomatologie neurologique centrale (hémisphérique, médullaire, ophtalmologique)
•Profils différents selon les patients
•Attention aux effets secondaires des ttt