MlKliSif'^;;
!'^-
HARVARD UNIVERSITY
LIBRARY
OF THE
Muséum
ofComparative Zoology
MEMOIRES
DE LA
r r
SOCIETE GEOLOGIQUE
DE FRANCE
PALEONTOLOGIE
MÉMOIRE ^o 7
DESCRIPTION
DE
DEUX OISEAUX NOUVEAUX
DU GYPSE PARISIEN
PAR
M. FLOT
Docteur és-sciences
PARIS
LIBRAIRIE POLYTECHNIQUE BAUDRY ET C'% ÉDITEURS
15,
RUE
DES SAINTS-PÈRES, 15MAISON A LiIÈGHl, HUE DES DOMINICAINS,
7.1891
DESCRIPTION
DE
DEUX OISEAUX NOUVEAUX
DU
GYPSE PARISIEN
I. Hiaurillardia parisiensis flot.
Dans
le courant de l'année dernière, les ouvriersde l'usine àplâtredeM. Grosset, àMont-
naorency, mirentà jourun
squelette d'oiseauque M.
Grosset mitàma
disposition avecune
obligeance dontje lui suis fort reconnaissant.Celtepièce se
compose
de l'empreinte et de laconire-empreinted'un oiseau, étendu surla face ventrale et dontla disposition desmembres,
ainsi que la conservation de certaines par- ties,sont trèsremarquables.On
peut distinguer dans l'empreinte (PI. I, fig. 1) le bec, légèrement écourté par la cas- surede lapierre, le crâne, les vertèbres du cou, l'empreinte des côtes,du
bassin, l'omoplate droite,une
partiedu
coracoïdegauche, leshumérus,
l'avant-bras droit,lemembre
postérieur gauche,moins deux
doigts, laqueue.La
contre-empreinte laisse voirlemoulage du
crâne,du
cou, les côtes, la colonneverté- brale, l'empreinte interne du bassin, la partie inférieure de l'humérus droit, les os de la queue.DESCRIPTION ANATOMIQUE
Le
bec est fort, l'extrémité antérieuremanque,
enlevée dans la cassure de la pierre, lamandibule
inférieure, bien conservée,permet de voirl'articulationdu
dentaire etde l'articu- laire.Le
crâne est haut, la cavité orbitaire estbienmarquée
dans sa partie postéro-supé- rieure. Toute la régioncrânienne estbosseléeet représente lemoulage
del'encéphale.2 DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
Le cou
secompose
de onzevertèbres; lesdeux
premières sont bien visibles, ainsi que laquatrième, lahuitième et laneuvième; les autres sont représentées par desfragments ou par leurs empreintes.
Dans
la figure 1,on
voit à droite de lajonctiondu
couau
tronc la plus grande partie de l'omoplate, dontl'extrémité articulairemontre
troistubérosités biencaractérisées, savoir:à
gauche
la tubérosité furculaire, au milieu la tubérosité coracoïdienne, et à droitelafacette glénoïdale. Cet os se dirige tout droit en arrière, en s'amincissantprogressivement.A
gauche,symétriquement
à l'omoplate par rapport à lacolonne vertébrale,on
voitune
partie d'un coracoide qui, passant sous la première côte (plus visible dans la contre-em- preinte), vas'arc-bouter sur le
sternum malheureusement
invisible.Les
humérus
sont vus: celui de droite,par lafacedorsale; celui degauche un
peu de côté.Cet os présente
une
tête irrégulièrement élargie;on
peut encore y distinguer,malgré
l'écra-sement, les surfaces d'insertion, la croie trochantérienne;Ia diaphyseoffre
une
courbureassez prononcée.Dans
lemembre
droit, la régiondu
coude estmasquée
par les osdel'avant-bras, quilarecouvrent; dans lemembre
gauche, elleest arrondie, renflée, sans qu'on puisse voir les détails de l'articulation.Le
cubitus etle radiusdroits sont écrasés, mais bien nets cependantdans toute leur lon-gueur
; la régiondu
coudeest seuleindéciseàcausede
lasuperpositiondes os.La main man- que complètement
etmes
effortspourla découvrir ont été vains.La
région dorsale estreprésentéeparseptvertèbres dorsales,avecleurs côtes. L'empreinte(fig. l)ne contient que le
moulage
de la partie antérieure des vertèbres: celles-ci adhèrent àlacontre-empreinte,où
elles sont très nettes. Lescôtes, assezdélicates,présentent dosapo- physesrécurrentes trèsbien marquées.Les doux
dernières côtes sont adhérentes au bassin.Le
bassinestadhérent àlacontre-empreinte(PI.I, iig. 2).Ce
qu'on en voit dans la fig. 1n'est que le
moulage
de sa face interne, présentant d'une façon assez nette les traces des vertèbres sacrées.Dans
la contre-empreinte,on
distingue le relief de la colonne vertébrale, des apophysestransverses des vertèbres et des arcs-boulants pré-sciatiques. Les fosses ré- nales sontbien marquées,assez profondes;on
distingue quatre troussacrés.La
régionischia- tique n'estpas très large: cela provient dece qu'elle devaitêtre dirigée perpendiculairement àlaface dorsaledu
bassin.Les
os pubis sont très peu développés.Le membre
postérieurdroit est représentépar un trèspetit fragment de fémur, maiscelui degauche
estbien conservé Lefémur
est droit,avecun
étranglement avantl'articulationfé- moro-tibiale.Le
tibia, vu par sa face postérieure estàangle droit avec lefémur
etmontre un
rétrécissement vers sarégionmoyenne.
Les détailsdes têtes articulaires ne sont pas dis- tincts.Le
tarso-mélatarsien, rétréciimmédiatement
après son articulation avec le tibia, s'élargit vers lebasoù il présentedeux
rainures longitudinales séparant lestrois trochlées.La
régiontrochléairo, très importante pourla classification,
montre
latrochléemédiane
peu saillante, dirigéeun
peu obliquement et séparée desdeux
latérales par des encoches peu profondes.Les
doigts conservés sont aunombre
de deux: le pouce, dontles phalanges sontpeu
dis- tinctes, et le troisième doigt.De chaque
côté de l'articulation de ce doigl, on voit les inser- tions des deux autres. Cesdeux
articulations sont indépondantos.La
seconde colonne du tableau suivant contient les différentes dimensions du fossile.DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
Indication des partiesmesurées
Longueur
de la colonne vertébrale.Tête osseuse
Mandibule
supérieureHauteur du
bec, à la baseHauteur du
crâneHumérus
Cubitus et Radius
Longueur du
bassinLargeur du
bassinFémur
Tibia
Tarso-métatarsien
Pouce
Laurillardia
sp.
85"'"
37 18 9 14 22 27 20 11 16 27 16 10
Laurillardia
longirostris
43 22 9 16 23 28
17 28 16
Hartlaubius Madagas-
111 42 22 7 13 24 30 20 16 22 35 21 13
Rapports
H L
1,30 1,39 1,22 0,77 0,93 1,09 1,11
1
1,45 1,3 1,3 4,3 1,3
J'attirerail'attention sur certains
nombres
dece tableau: on y voitque
lalongueur du
bec està peuprès la moitié decelle dela têteosseuse;le becestfort ;l'avant-bras n'est pas beau-coup
pluslongque
l'humérus ;lebassin est allongé;le tarso-métatarsien est court,comparé
au tibia.DÉTERMINATION
En comparant
cetoiseau à ceux qui ont ététrouvés autrefois dans le Gypse,on
trouveque sesdimensionscoïncident presqueexactement avec celles d'unornitholithe figuréparCuvier et dontla description^incomplète et inexacte, a été reprise parM.
Alph.Milne-Edwards
(1), qui lui adonné
lenom
générique de Laurillardia {L. longirostris).Les
seulesdifférences qu'onremarque
entreles deux fossiles consistent dans laforme du
bec, qui est plus fort dans notre échantillon; dansla largeurdu bassin, plus grande dans Laurillardia longirostris ; lefossile décrit parM. Milne-Edwards
a aussi les vertèbres de laqueue beaucoup
plus fortes.Sans
doute, lemode
defossilisation, l'écrasement de certainesparties doiventêtretenusen grande considération lorsque les dissemblances sont aussiminimes
; cependant, je ne crois pas que celles qui portent sur lalargeurdu
bassin, !ahauteurdu
bec, la force de laqueue
doivent être tenues pour négligeables; aussi, sans vouloirtomber
dans le défaut qu'on re- proche si volontiersaux
paléontologistes, sans vouloir créerun
genrenouveau, je pensequ'il fautrangerl'oiseaudeMontmorency
dans legenreLaurillardia, enledistinguant toutefoisde(1) Alph. Milne-Edwards. Recherches surlesOiseauxfossiles, t. 2, p. 374.
4
DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
l'espèce décritepar
M.
A. Milne-Edwards. Je proposerai donc delenommer
Laurillardiapa-
risiensis.
La
place decet oiseau danslaclassification adonné
lieu autrefois à des divergences cau- séespar l'absence de certainesparties du squelette, et aussi parlemanque
de types actuels pouvant servir de termes de comparaison. C'est ainsique
Cuvier avait rangé cet oiseau danslesSyndactyles, à cause de la brièveté destarses;
mais
M. A.Milne-Edwards
l'adétaché dece groupe en faisantremarquer
que « si lalongueurdu
bec, la sailliedu
crâne, la brièvetédu
tarse rappellentla
forme
desmêmes
partiesdanslesSyndactyles etsurtoutdanslesGuêpiers, l'oiseaudu Gypse
s'en distingue surtout parla disposition des doigts, qui sont séparés,et par laréduction del'avanl-bras. Cet oiseauserait doncun
vrai Passereau, se rapprochant desPromerops.
Il ne peut toutefois rentrerdans ce genre, dont les pattes sont plus longues, les ailes plus courtes et le becplus grêle, ildoitformer à côté deluiune
petite division généri-que
particulière (1) ».Cette détermination, quoique de
beaucoup
préférable à celle de Cuvier, nesatisfait pas en- corecomplètement
l'esprit.Comme mon
fossile présentait, intacte, la trochlée larso-métatar- sienne, dontM. Milne-Edwards
amontré
toutel'importance,jecherchai si,au moyen
decette pièce, absente sur le Laurillardia longirostris^jepourrais arriveràune
déterminationsatis- faisante.De
tousles Passereauxquej'ai étudiésà ce sujet, le Merle est celui dont la trochlée res- semble leplusà celle de notrefossile.L'humérus
présenteune
formeetune
courbure analo-gues
àcelledu
Laurillardia; l'avant-bras n'est pas trèslong ; le bec forme,comme
dans no-treoiseau la moitié delalongueur
du
crâne.Le
bassindu
Merle est plus large, maisuuMerle
àcollier,tombé
par hasard entrenos mainsprésentait, pourla régiondu
bassin, des propor- tions assezvoisines de celles qu'on trouve dans notre fossile ; de plus, on y rencontredeux
côtes adhérentes au bassin,comme
dansl'oiseaudu
Gypse.Maisles dimensions du Merlesont
beaucoup
plusgrandes : malgré cela, regardantles pro- portions duhoc,du
bassin et de latrochléecomme
des caractères dominateuis,j'inclinais à considérerle fossilecomme
appartenant au genre Turdus: c'était un Merleà pattes courtes.C'est alors que sur
une
indication dontje suis très reconnaissant à notre savant confrère,M.
Oustalel, j'étudiai les oiseaux de Madagascar, siadmirablement
décrits et (igurés parMM.
Alj)h.Milne-Edwards
etGrandidieret j'eus labonne
fortune de rencontrerun squelette (ÏUartlaubiiis Madagascariensis (PI. I, lig. 3).Cet oiseau, existant encoreactuellement càMadagascar,a l'aspect extérieur d'un
Sansonnet ou
d'un Merle de petitetaille. Il estdécritet figuré dansl'ouvrage citnplus haut et leMuseuni en
possède plusieurs squelettes montés. Il est rangé par M. A.Milne-Edwards
dans la fa- mille desÉtourneaux, dont il alesmœurs, accompagnant
les bestiaux, vivant sur leur dos,comme
leSansonnet de nos pays.Son
squeletteprésente les plus grandes analogies avecceluidu
Laurillardia, ainsi qu'on peut s'en convaincrepar lesnombres
placés dans la quatrième'coloimedu
tableau (p. 3).Le
bec occupe lamoitiéde la tète osseuse; mais la hauteurdu
crâneestmoindre
que chez le Laurillardia. Les proportionsrelatives des organes de la locomotion sont très rapprochées;on trouve, en elîet, en
comparant
:(1) .\lpli. Miliie-IîldwarJs. lîecliercltessur lesOiseauxjossiles, t. 2, p. ;!76.
DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
La
longueur de l'humérus à lalongueur de l'avant-bras.La longueur
du fémur
à celledu
tibiaLalongueur
du
tibiaàcelledu
larso-métatarsien . . . .Hartlaubius Laurillardia
0,80 0,81
0,62 0,60
1,66 1,68
La
longueurdu
bassinest lamême
; salargeur estmoindre
dans notre Laurillardia, mais cela tientprobablement
à ladisposition à anglepresque droit de la région ischiatique et de la régionsacrée, dispositionque
l'on observe chez le Promerops, dontle Laurillardia a été rapproché.Les doigts sont séparés,
comme
dansnotre fossile.Fij Laurillardia paristentis.
^r
Fig. 2.
—
Hartlaubius Madagascariensis Go,coracoïde; H,humérus; 0, omoplate; R, radius; G, cubitus; B,Bi, bassin; F, fémur; T, tibia;TM, tarso-métatarsien; P,pubis; 1, 2, 3, 4, doigts.
Si l'on considèrel'ensemble des proportions
du
squelette,on
voit que lerapport desdiffé- rentes partiesvarie trèspeu
etoscilleentre 1,30et 1,09, ce rapportdemeurant
constantpour
toute une régiondu
corps.Ce
faitpermet
dedireque
les différences constatées nesontqu'une question de taille, sauf pourlesmembres
antérieurs qui sontun peu
plus courts dans l'oi-seau de
Madagascar
et pour le crâne quiestun peu
plus longetmoins
élevé.Cetteanalogie
une
foisétablie,examinons
les caractères de Hartlaubius.Cetoiseau estintermédiaire entre lesTurdidés etles Sturnidés, ce qui l'a fait désignerà
6 DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
différentes reprisessous le
nom
deTurdiisMadagascariensisou
Merle de Madagascar.Ilalesmœurs
des Étourneaux,quoique son squelette serapproche davantage decelui des Grives.Ilvole lourdementet à grandscoups d'ailes.
« La tête osseusedeïllartlaubius, dit
M.
A. Milne-Edwards,rappellecelle desMerlespro-prement
dits ; toutefois, considérée dans son ensemble, elle est plus aplatie et la boîle crâ- nienne, quiestmoins
grande, indiqueune
capacitécérébralemoindre. Les pattes sont courtes, bienque lefémur
soitaussi allongé que chezlesTurdidés haut montés,mais letibia et lemé-
tatarsiensont petits. » (1)
M.
MilneEdwards
arrivedonc
pourllartlaubiusàuneconclusionanalogueàcelleà laquelle je suis arrivépour Laurillardia: c'estun
Merle àpattescourtes.On
s'explique maintenant les divergences d'opinion dont je parlais plus haut: Cuvier range le Laurillardia dans les Syndactyles à cause des proportions des os de la patte.M. Milne-Edwards
le range dans les Passereaux vrais, à cause de la séparation des doigts etde labrièveté del'aile. Cela se
comprend
: on neconnaissait quetrès peu ou pointdu
tout lesoiseaux de
Madagascar
qui, avec tous lescaractères de certains groupes, présentent une ré- duction trèsgrande
des métatarsiens.Le
rapprochement
établi ici entre l'oiseaudu Gypse
etune
espècemalgache
n'est point,du
reste,
un
faitisolé, etM.
Milne-Edwards, parune
conjecture vraiment remarquable, dit, à propos du Cryptornisantiqiius, oiseaudu Gypse
parisien, plusgrand que
le nôtreetrattaché augroupe
desSyndactyles, près des Calaos :« Je regrette de n'avoir jamais
pu
étudieraucune
partie de l'Eurycère de Madagascar, dont les affinités zoologiques sont loin d'être établies d'une manière satisfaisante. » C'était encoreun
oiseau à pattescourtes, dont le rapport entre le tibiaet le tarso-métatarsienest de 1,68,comme
dansle Laurillardia.Toutescesconsidérations,
un
peu longues peut-être, sont fort importantes au point devue
paléontologique. Elles nous démontrentl'existence, à l'époquedu Gypse
parisien, d'oiseaux intermédiaires entre les Merleset les Etourneaux,voisinsdesSyndactyles par les proportiojis de lajambe
etdu
pied, vrais Passereaux [J^domines).,par la disposition des doigts, et repré- sentés aujourd'hui par les Merles de Madagascar.La
grande île malgache, qui avait déjà fourni à la science ornilhologique desdocuments
si importantset qui semblait être le dernier refuge des espèces primitives, nousmontre
aujourd'huiun
représentantdo ces espèces inter- médiaires, si utiles en Paléontologie. Précieux trait-d'union entre les Ages disparus et lemonde
actuel, elle nouspermet
aujourd'hui derattacherun
des chaînons de lalongue suite des êtres vivants et de faire revivre des espèces qui semblaient àjamais disparues etnous
apparaissaientcomme
de mystérieux hiéroglyphes.(1) Histoire physique, naturelleetpolitiquedeMadagascar. Oiseaux, par M.M. Alpli. .Milne Eilwards et Gran- didier. t. I, p. 31G.
DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
II.
Laurillardia Munieri
flot.Dans
lamême
carrière etdans lamôme
couche,on
a découvert, il y adeux
mois, l'em- preinted'un second oiseau. M.Marchand,
lepropriétaire actuel a bien voulu le mettreàma
disposition : je luien
exprime mes
meilleursremerciements.Cetoiseau estfiguré danslaplanche sousle
numéro
4: il esttombé
surle côté droit, lesmembres
ramassés.Quoique
cette disposition ne soit pas très favorablepour
la distinction desmembres, on
peutnéanmoins
apercevoirpresquetoutes lespartiesdu
squelette.DESCKIPTION
L'empreinte de la tête est fort nette, le bec, bien complet, n'est pastrès fort, et présente, prèsde sa naissance,
une
courbureprononcée
; lamandibule
inférieure, bien détachée, est visible danstoute sa longueur ; lacavité orbitaire, remplie de gypse, estpetite (5°"" de dia- mètre).Fig.3.
—
LaurillardiaMunieri.Me,métacarpe; d, doigts;Cm, cubitus; R, radius;H, humérus; St, sternum; B,bassin; F, fémur; T, tibia;
T.M, tarso-métatarse ; 1, 2,3, 4, doigts.
Les
vertèbresdu
cou né sont"pas biendistinctes; elles ont été écrasées etsont restéesun peu empâtées
dans de la matière organique qui enmasque
quelquepeu
la forme.On
peutnéanmoins
voir, parun examen
attentif, qu'elles ontdû
être très fortes eu égard à la taillede l'animal.
8
DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
La
colonne vertébrale est recouverte par lesmembres du
côtégauche
; le bassin est eu partie visible, le coccyxpeu
distinct.Entre l'humérusdroit et le métacarpien gauche,
on
aperçoitlesternum
écrasé, avec les coracoïdes en place; la crêtedu
bréchet ne paraitpasavoirfaitune grande
saillie^ ce qui est encorrélationaveclepeu
de longueur de l'aile.L'humérus gauche
est entier; la tête de cet os est bien visible ; la diaphyse de l'os estcourbéeàcause de l'écrasement.
Le
long de l'humérus, àgauche,on
peut distinguerle cu- bitus etle radius, parallèles àl'osdu
bras. Au-dessus de ces trois os, en travers, se trouvele métacarpien dont l'extrémité antérieure s'avance près
du
sternum.Dans
lememl)re
antérieur droit, la tête de l'humérusmanque,
ainsique
l'extrémitéde
l'avant-bras; mais en hautet en avant se détachele métacarpiendroit, isolé; le pouce est trèspeu
visible ; les autres doigts ontlaissé leur empreinte.Le membre
postérieurgauche
estabîmé
: je n'ai paspu
distinguer lefémur;
mais on peut apercevoir des fragments importantsdu
tibia et lempreititedu
tarso-métatarsien ; les doigts, dont les phalanges sont dispersées,donnent une
idée de la disposition de la patte.Le membre
droit esten meilleur état: lefémur
estentier, couvrant en partie l'articula- tiondu coude
; le tibia estconservé dans toute sa longueuret son articulationavecle tarso- métatarsien estparticulièrement nette ;malheureusement
elle estvue
de côté et nenous donne aucun
renseignement sur laforme
des surfaces articulaires, mais l'angle qu'ilforme
avecle tarso-métatarsien nous fournitune donnée
importante de la posture dans laquelle l'oiseau se tenait perché.Le
tarso-métatarsien est conservé danstoute sa longueur ;comme
il estvu
de côté, les trochlées digitales ne peuvent êtreobservées.Le
pied droitprésente seulement troisdoigts en place, lepouce manque
; néanmoins,comme
la conservation de ces trois doigts est très bonne, on peut se faire une idée très nette de la disposition et des dimensions exactes de la patte. Malgré la In'ièvetédu
métatarsien, qui rappelle les Syndactyles, on peut constaterque
les doigts sont séparés dans toute leurlongueur.J'ai relevé,
pour chacune
desparties décrites plus haut les dimensions suivantes:Hauteur du
crAne 13°"°Longueur
de la tête 34Longueur du
bec 17Longueur
approximativedu
tronc oOHumérus
16Cubitus, radius
20
Métacarpe 1 i
Fémur.
12Tibia 23
Tarso-métatarsien 12
Doigts . 10
DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
DÉTERMINATION
A
première vue, ce fossileprésente avec le Laurillardia parisiensis de grandes ressem- blances.La
longueurdu
bec est la moitié de celle de la tête osseuse; le cou est court, les os desmembres
inférieurs montrentune grande
analogie de proportions, principalement à cause de la brièvetédu
tarso-métatarse. Mais si l'oncompare
les dimensions précédentes avec celles de lapage
3,on
peut se convaincreimmédiatement
qu'iln'y a làque
des res- semblances génériques etque
lesdeux
oiseaux sont des espèces différentes.Ce
qui carac- térise lemieux
cetoiseau, c'estla proportionrelative des os desmembres
; or les rapportsque nous
trouvons diffèrent sensiblement, ainsi qu'onen
peut jugerpar
lesnombres
sui- vants :. . t2
1°
La
longueurdu fémur comparée
à celledu
tibiadonne — =
0,57 [Laurillardia pari- siensis=
0,60.)23
2°
Le
rapportdu
tibia au tarso-métatarsien est de— =
1,90. [Laurillardia parisiensis=
1,68).3°
La
hauteurdu
crâne est de 13mm.
dans le second fossile et de 19mm.
dans lepremier.
La
conformation de l'aile était lamême
dans lesdeux
espèces, longueur de l'humérus égalantles 0,8 de celledu
cubitus.Notre second oiseause distingue
donc
surtoutdu premier
par la réduction plusgrande
encoredu
métatarse : ce caractère siremarquable, qui a fait autrefois classer cesoiseauxparmi
les Syndactyles, est encore plus accentué dans ce second échantillon de la faune éocène : ces oiseaux devaient,pour
ainsi dire, se tenir assis sur les branches, et la posi- tion dans laquelle le second a été fossihsé,donne
assez exactement l'idée de sa station habituelle.A
cause de ses proportions générales, cet oiseau doit être rangé dans le genre Laurillar- dia^ représenté aujourd'hui par les Merles de Madagascar. Mais sataille plus petite et la brièveté de son pied doivent le faire distinguer des espèces déjà décrites ; je le désigneraidonc
sous lenom
de Laurillardia Munieri, enremerciement du
bienveillant accueil etde l'aide obligeanteque
j'ai trouvésau
laboratoire desrecherches de laSorbonne pour
la re- production de ce fossile.La
place de ces oiseaux dans la classification est toute spéciale,malgré
les analogies qu'ils présentent avec les Merles de Madagascar.Les
proportions de la patte et cellesdu
becne se concilient avecaucune
de celles qu'on observe dans les genres actuels.Les Mar-
tins-pêcheurs ont le bec plusfort et plus droit, l'aile plus forte, lesdeux
doigts externes soudés.Les
Guêpiers ontlebec plus grêle, le métatarse plus long.Les
Prionitidés(Mom-
tus) seraient plus rapprochésà cause de la
forme du
bec etde labrièveté des tarses,mais
chez ces Passereaux ledeuxième
et le troisième doigts sont très longs relativementaux
deux
autres, ce quidonne
à la patteune forme absolument
différente de celle des Lauril-40
DESCRIPTION DE DEUX OISEAUX DU GYPSE
lardia.
Chez
lesHuppes,
le rapportdu
tibia au métatarsien est assez voisin de celuidu
Laurillardiaparisiensis, maisl'aile estbeaucoup
plus longueet le bec plusgrêle.L'oiseau actuel qui présenteles proportions les plus voisines de cellesqu'on rencontre
dans
nosfossiles estdonc
le Merlede Madagascar.On
doit observer cependantque
leHar-
lauhius a le becmoins
fortque
le Laurillardia parieiisis, etque
le LaurillardiaMunieri
ofïre
une
courbure caractéristique de lamandibule
supérieur etexagère encore le caractèresiparticulier à ces oiseaux fossilesd'avoir des tarses excessivementréduits.
Ce
second oiseau, montrant dans toute leur netteté les dispositions des doigts, indique bien clairementqu'on ne doit pas songer àfaire des Laurillardia desSyndactyles,cars'il y avait eu soudure dedeux
doigts, en admettantque
par la fossilisationlesdeux
doigtsse trouventséparés, ils n'auraientjamaispu
prendre la disposition qu'offre la patte droitedu
LaurillardiaMunieri. Ily avaitdonc
lieu dedistinguer cesdeux
espècesetde lesranger dans lesPassereauxvrais, en notant leurs liens de parenté avecles Turdidésetles Sturnidéspour
le becetlespattes, avecles Syndactyles etlesPrionitidés
pour
les proportions de lajambe
et
du
pied.T y :iHHm'\^^
MÉMOIRE
IN°7.
PI. I.
Fig. 1.
—
Ijaurlllardia parisiensis flot.—
3.—
Ctontre-empreinte dumême.
—
3.— XAurillardla Munieri
flot.—
4.— Hartlaubius madagascariensis
a. milneedwards.
'7|rîin.Soc.GeoLdeFTan(
PALÉONTOLOGIE Meiii.N°7.Pl,I.
T.
I.Pl.XVIII.
Cliché Sorbonne. Héliotypie G, Pilarski
,1-y. J»: .
'''^'''? '"' 4 ,'
,<
•.--.'."i
î:
mm.
•rt.> .>•. U./ * •, r''*,
..»•>' •
:> -'-If-;- i
V.
y^^:
^'v
• ,--. •':>.',
--.v-' ^-^ --'Iv - .*-*.•• y»'"i-ij^l.f•' -
,5>^:TL-i
P5(
:'' .
'
/.'•'s f i--• ,' . ,.''",•>•
>--i'i"'^*''
'
y
V. ..i;.>,v '.1, ,^
.^•'
'> \