DES CHOIX SOUS CONTRAINTES
CatherineBonvaletetFrançoiseDureau
S'appuyant sur lesconclusions du séminaire Stratégies rési¬
dentielles de 1988 consacré à la situation française l et sur des recherches menéesdepuisdansdifférentesrégions du monde,les organisateursde
l'atelier
avaientfait
l'hypothèsedel'existence, mêmeminime,destratégiesetdoncdechoix résidentiels, pourles habitants de lavingtaine de métropoles considérées dans cette rencontre. Le termede stratégiesn'estpasneutre. Parlerde stra¬tégiesrevientà «restitueràl'acteursapart
d'initiative
dansl'éla¬borationdesapropre existence »2.Toutenreconnaissant quede multiplesfacteurs
(politique
dulogement,offre
delogement,pré¬férences en matièrede modedevie, revenus, etc.) interviennent dansleschoixrésidentiels, l'hypothèseestfaiteque «les indivi¬
duset lesménagesdisposentaucours deleurvie
d'un minimum
de liberté d'action et de lucidité dans leurs pratiques résiden¬
tielles»3. Sans attribuer au ménage un contrôle absolu de sa destinée enfonction d'horizons fixésaudépart, lanotiondestra¬
tégie
lui
reconnaît une part de choix : elle ouvrel'horizon
des possibles, qu'unevision
déterministereferme selon des critères préalables. «Commentl'espacedespossiblespourchaqueindi¬vidu,àchaqueouàcertains momentsde sonexistence, sedécale
1 . BonvaletC,FribourgA.M.1990,Stratégiesrésidentielles. Actes duséminaire organiséparCatherineBonvaletetAnne-MarieFribourg,Paris, 1988, Paris,INED-
PlanConstruction etArchitecture-MELTM (Coll.CongrèsetColloques n° 2).
2. GodardF.1990,Sur le conceptdestratégie,/«Bonvalet C, Fribourg A.M. 1990, op.cité, 9-22.
3. BrunJ.1990,Mobilitérésidentielle et stratégiesdelocalisation,inBonvaletC, FribourgA.M. 1990,op.cité,299-312.
de celui des destins probables» ' du groupe social auquel
il
serattache ? Le développement de stratégies, le «décalage » par rapportàla trajectoiredéterminéepar uneconditionsociale,sup¬
pose desressources, financières certes,maispasseulement. «La question des stratégies, résidentielles et autres, est directement liée à celle des ressources. Sans ressources, pas de stratégies.
C'estpar
l'
intermédiairedesressourcesquestratégiesindividuel¬lesetcontraintesstructurellesinteragissent. »2.
Commenousleverrons,lescontributionsvalident l'approche entermesdestratégiesrésidentielles etdémontrent
qu'on
nesau¬rait
lesréduireàdesimples«tactiques »3.Ellesmettentaussien évidencelesdifficultés
quesoulèvecette approche.L'analysedeschoix résidentiels suppose une perspective temporelle longue, permettantdereplacerceux-cidanslatrajectoire migratoire,rési¬
dentielle, familiale4. Seules des enquêtes longitudinales et des entretiens approfondis permettentdebien cernerles stratégies à
l')uvre,
mêmes'il
demeureparfoisdifficile
desaisirleurmode d'élaboration5 :onpeutsedemanders'il
s'agit d'unereconstitu¬tion
aposteriori
parles acteursouparleschercheurs.Difficiles
àrecueillir
et àanalyser,cesdonnéesindividuelles et familiales longitudinales ne suffisent pas pour autant. Dansl'exercice
proposé,unelecturecomparativeimpliquantuneving¬taine de métropoles du Nord et du Sud, le véritable défi serait même ailleurs : pour évaluer les contraintes qui pèsent sur les trajectoires résidentielles, identifier le champ des possibles des
individusetdesménages,évaluerlesarbitragesopéréset le degré de
mobilisation
desressourcesàleur disposition,il
fautégalement unetrèsbonne connaissancedel'histoire
dulogement,delapoli¬tique,du systèmedefinancement, du transport,desterrainsobser¬
vés, des histoiresmicro locales. Réunies àceteffet, les données de cadrage de l'annexe fournissent certains éléments. Quelque soitlecaractère inévitablement réducteurdesprésentations syn¬
thétiques,
il
faut être conscient des limites des connaissances1. GodardF. 1990, op.cité.
2. GotmanA.M. 1990, Stratégiesrésidentielles, stratégiesde la recherche, in BonvaletC, FribourgA.M. 1990, op.cité,23-34.
3. Pour reprendre le terme employé parA.Dubressondansle chapitreintroductif duprésentouvrage.
4. BonvaletC, GotmanA.(eds) 1993,Lelogement,uneaffairedefamille,Paris, L'Harmattan(Coll. Villeset entreprises).
5. GrafmeyerY.1994,Sociologieurbaine, Paris, Nathan(Coll.128).
disponibles sur ces questions dans nombre de métropoles. La connaissancedela dynamiquedu marché dulogementrestesou¬
venttrès fragmentaire : on connaît encoretrès mal les stratégies d'investissementdesproducteursdelogementenpropriétéou en location.Or,commelenoteA. Deboulet,« la compréhensiondes dynamiquesdesmarchésfonciersetimmobiliers»estnécessaire pour mettre en évidence comment les citadins, à travers leurs pratiques résidentielles « fontavec ces mécanismes, les devan¬
centoucontribuentindirectementàlestransformer».
Enfin, de quels acteurs parle-t-on ? Selon les métropoles, l'accent est mis sur : des groupes déterminés par la catégorie socio-professionnelle, par les origines (provinciales ou étran¬
gères),ouparlesrelationsfamilialesdanscertainscas ;lesména¬
ges, qui arbitrent entre les intérêts des différents membres du groupedomestique ;ou
l' individu
lui-même. Mêmesiladiversitédes contextes métropolitains
justifie
laconstitutionde ces grou¬pesselondescritèresdistincts,beaucoupd'auteurs adoptentune division socio-économique pour l'analysedespratiques résiden¬
tielles. Cetterelativeconvergence entrelescontributionsne
doit
cependantpasfaireillusion
:divergentes selonlesmétropoles,les dynamiques socialesintroduisentdefait
unehétérogénéitéforte entre des catégories sociales désignées sous le même vocable.Quoidecommunentreles classesmoyennes envoiedepaupéri¬
sationdecertainesmétropoles duSudetlatrajectoire actuelledes classesmoyennesfrançaises ou canadiennes ?
De même, la référence universelle à la notion de ménage, véhiculéeparla statistique,laisserait pensera
priori
aunecertaine homogénéitéfacilitant
la comparaison internationale. Mais, là aussi, la situation est moins simplequ'elle n'y
paraît de prime abord.La
cohabitationauseind'un
mêmelogementunifie
certes toutes lesdéfinitions. Mais,dans certains pays (Colombie, Gua¬temala,
Mali,
entreautres)ellesedoubled'un
critère économique, lepartagedesdépensesalimentaires,qui conduitàidentifier
plu¬sieursménages au seindu même logement.La structure du parc delogementspeutdoncparfois
différer
sensiblementdecelledes conditionsdelogementdesménages:despratiquesrésidentielles telles que la cohabitation, l'hébergement seront enparticulier
évaluées de façon très différente selon ladéfinition
du ménage adoptée. Au-delà de ce problème récurrent de lavariabilité
des catégoriesd'analysedans lescomparaisonsinternationales,il faut
aussimentionner
l'impact
decettelecturedelaquestionrésiden-tielle
àtraversleconceptdeménage.À
BamakocommeàBogota, lesauteursmontrentbienquelamobilité
desménagespeutdiffé¬rersensiblementdela
mobilité
desindividus
:derrièrelastabilité decertainsménagessecache uneforte« agitation résidentielle»(M.
Bertrand)desindividus. Leconceptdeménage,unité profon¬dément transversale (outoutaumoinsd'une temporalitécourte) utilisée traditionnellement dans les études sur le logement, est relativementcontradictoireavecuneapprocheentermes de stra¬
tégies résidentielles qui implique une temporalité plus longue
(familiale,
intergénérationnelle) 1.Dans le séminaire de 1988, C. Bonvalet et
A.M.
Fribourg avaientesquissé«unetypologierendant comptedetroisfacteurs décisifs dans les stratégiesdes ménages : le statutd'occupation, lataille
du logementetlalocalisation». Lalecture descontribu¬tionsetlereculavecletempsconduisent
ici
àidentifier
un autre facteur,letyped'habitat,quenouspréférerons substitueràlataille
du logement2.Pourla clartédel'exposé,cesfacteurs serontcon¬sidéréssuccessivement,avantdeconsidérerlerôledesréseaux de relations.
Il n'en
demeure pas moins, bien évidemment, que la combinaison de ces trois caractéristiques (statut, type, localisa¬tion)
estparticulièreàchaqueville
etque«c'est lacombinaison de ces différents élémentsqui contribue à donner auxindividus conjointement une position sociale et une position résiden¬tielle
»3.Tendantàrefléterleurplacedanslasociété,leschoixrésiden¬
tielsdesménages nese
font
pasuniquementselon unerationalité purement économique : d'autres logiques sont àl'fuvre.
Pour comprendre ces choix,il
est très important de connaître pour chaque payslesmodèlesculturels,leseffetsdemodeetleschan¬gements en cours dans les sociétés (les exemples de Moscou et Johannesburgentémoignentbien).Lescontributions fournissent
d'ailleurs
des éléments intéressantssurlesconditionsd'élabora¬tion
et dediffusion
desmodèles :lepoidsdesorganismesinterna-1. BonvaletC, LelièvreE.1995,Du conceptdeménageàcelui d'entourage :une redéfinitiondel'espacefamilial,Sociologie et sociétés,vol.XXVII, n°2,177-190.
2. La tailledulogement avait été retenueenraisonde sonimportancedansles stratégiesrésidentiellesdes Franciliens.La maisonindividuelleest souventlaseule solution pouravoirl'espace nécessaireàlaviedefamille.
3. BonvaletC. 1998,Famille-logement: identitéstatistique ou enjeupolitique ?, Paris,INED(Dossiers et recherches n° 72).
tionauxetdesclasses aisées dansla
diffusion
decertains modèles confirme pleinementlerôledulogementcommefait
de représen¬tationsociale.
À
travers une certaineposition résidentielle(défi¬nieparla localisation, letyped'habitatetle statutd'occupation), cesontbien un statut socialet un niveaude développement qui sontrecherchés.
Quecesoitpouradoptercesmodèlesoupour s'enécarter,les stratégies des ménages sontfortement imprégnées de ces réfé¬
rences.F. Dansereau nousdécritbien lemodèle
d'habiter uvrant
à Montréal: être propriétaire d'une maison
individuelle
en banlieue oupériphérie.Lafréquencedelalocation(73 % danslaville
deMontréalet41 %dansle restedela
régionmétropolitaineen 1991) montre aussi la distance qui demeure entre le modèle rêvé et le modèle
effectif. À
partir de ces modèles on peutvoir
quelsarbitrageslesménagesopèrent.Biensûr,pourunetrèspetite minoritéde ménages, laquestion des arbitragesne seposepas :ils peuventsatisfaire leursattentespour l'ensembledeséléments (statut d'occupation, localisation, type d'habitat) sans devoir en sacrifier aucun. Mais la grande majorité des ménages sont amenés à faire des choix et donc à sacrifier au moins
l'un
des éléments.Une catégorie échappe néanmoinsauregistredeschoixet des stratégiesrésidentiels :lespersonnes devanteffectuerune mobi¬
lité
sous contrainte. Evoquée spécifiquementparA.
Deboulet à propos du Caire, la mobilité résidentielle forcée est aussi men¬tionnéedans denombreuxautrescontextes, africains, asiatiques oulatino-américains : déplacementsliés àlaguerre(Hanoï),aux catastrophes naturelles (tremblements de terre à Guatemala et auCaire), éradications debidonvilles à
Delhi
ou àAbidjan
(les fameux« déguerpissements »),expulsions pour la réalisationde grands chantiers (boulevard périphérique duCaire) ou pour la rénovationdescentreshistoriques.L'expulsion
pour raison d'uti¬lité
publique existe aussi dans les métropoles du Nord. Cequi
diffère d'uneville
àl'autre,outrel'intensité
du phénomène,c'est lagestionde cessituations,lesdroitsaccordésauxhabitantsdélo¬gés,et lesconséquencespourcesderniersen
particulier
dansles villes où l'accès à un logementest problématique : auCaire où l'accès àunlogement indépendant, mobilisantles ressources de toute unevie,nepeutpasêtrerépété,c'est l'ensembledelatrajec¬toire résidentielle(et mêmedevie)
d'
unefamille
quiestremiseen causeparuneexpulsion.1. LE STATUT D'OCCUPATION
Lechoix
qui
semble souvent gouvernerles autresdécisions résidentiellesestceluidu statutd'occupation.Onleretrouvedans presquetoutes les métropoles saufdans celles oùles choix rési-' dentielssonttrèsréduits,commeauCaire.Maissesconséquencesdiffèrent
profondémentselonlesmétropolesetselonles groupes sociaux :ainsi,larelocalisationinduite parl'acquisition
duloge¬ment dépenddirectementde ladistributiondes espacesrésiden¬
tielsdansl'espacemétropolitain,trèsvariabled'une
ville àl'autre
etdansle temps.1.1.
La propriété, une norme aux significations multiples Au
Nord,la
lecturedelamétropolecontemporaineest trèsliée à ladiffusion
de la propriété et à l'étalement urbain quilui
est associée.Au
Sud,lesecteurlocatif n'a
pasfait l'objet
desuffisam¬mentd'analyses l :làaussi,lapropriétéestle
filtre
delecturedes comportements résidentiels. Or, comme le souligneM.
Bertrand à propos de Bamako : « ladiffusion
et les formes du marchélocatif
permettent de comprendre d'une part l'agencement spatial, àdifférenteséchelles, desdensités et des mobilitésrési¬dentielles, d'autre part
l'articulation
dans la société urbaine de nécessités marchandes et de réflexes domestiques». Dans de nombreusesmétropoles commeàParis, «lesecteurlocatif
privé joueunrôledepivot
danslamobilitédesménages :jeunesdéco¬habitants,jeunes couples, nouveauxinstallésenIle-de-France» :
c'est biendu secteur
locatif
quedépendlafluidité
du marché du logement et lamobilité
des ménages. En dépit de la reconnais¬sancedu rôle
clef joué
parcesecteur, de la diversitédes statuts effectifs d'occupationdulogement, et des frontièresparfois très flouesdeceux-ci,la propriétécontinued'êtreconsidéréecomme lanorme ;ellepeut mêmedevenirlaréférencedesrevendications comme auChili
où «ledroit
àlapropriété » afait l'objet
d'une reconnaissancetrèsprécoce. En fait, pouravancerdans lacom-1. Àcet égard,letravailmené sur Santiagoesttoutàfaitrévélateurde ceque les analysestraditionnelleslaissentdansl'ombre.Lorsquedesanalysesfines sontmenées, lesstratégiessedévoilentvraiment:ainsi,dansles secteurspopulairesdela capitale chilienne,unnombre grandissant déjeunesménagesdéveloppedesstratégies ayantun caractèreanticipatoireaffirmé,enseportant candidatsàl'acquisition d'unlogement socialavecl'intention préalabledelemettreenlocation.
préhensiondeschoixdestatutrésidentiel,
il
fauts'interrogersur cequesignifiecestatutdepropriété dans'lesdifférentscontextes métropolitains.Devenir propriétairedesonlogement,c'est
l'horizon
depres¬que tous les ménages, l'aboutissement d'une carrière résiden¬
tielle-,c'estavanttout,aveclalocalisation,un
fait
dereprésenta¬tionsociale.La propriétéconfère uneposition résidentielleetpar làuneposition sociale quele statutprofessionnelnepermetpas toujoursd'acquérir.C'estunsigned'ascension sociale :latrajec¬
toire résidentielle
qui
aboutit à une accession àla
propriété est toujours considérée comme ascendante (par les immigrés de Montréal, commeparleshabitantsdesHLM
de Paris),même sil'habitat
estprécairecommeàDelhi.Ceciestd'autantplus impor¬tantpourlespopulationsnoiresdeJohannesburgqui ontétélong¬
tempsprivées du
droit
depropriété.Comme le remarqueM.
Ber¬trand à propos de Bamako: «Rester locataire
(...)
est vécu d'abordcomme un échec social: celui des chefs deménagequi cumulent le handicap du loyer, et la "honte" d'être, en mal d'entregent,ballottésdansle marchéurbain».À
côtédustatutsocialqueconfèrela propriété,cettedernière permet aussi de neplus payerde loyers, de ne pas dépendredu petitpropriétaire« contrôlantl'usagedel'espaceprivé»(Delhi),
de
fuir l'habitat
social quandil
existe, de ne pas être obligé de constamment déménager «à lacloche de bois» ou suite à une expulsion.Danscertainesvillesoùplanelacrainted'être renvoyé dansle monderural, c'estmêmel'ancrage urbain, lagarantiede restercitadin quisejoue
pourlesimmigrantsàtraversla propriété.L'acquisition
du logementestaussiparfoislaseule façon de trouverun logement, ou la plus économique :pourlesménagesà basrevenusdeSantiago duChili,
«lecoûtdel'accessionsociale est très faible » et « la propriété peut être plus économique et financièrement accessiblequelalocation».La
propriétépermet non seulementd'échapperauxcontraintes du marché, maiselle peutapporterdes revenus.À
Bamako, commeàBogota,àDelhi
ou à SâoPaulo,la propriétéestrentablepourles classesmodestes qui louentunepiècedeleurlogement;à
Abidjan
aussi,laspécu¬lation locative
joue
unrôle importantdanslesquartiers précaires.1. CulturelloP. (ed.) 1992, Regardssurle logement, uneétrangemarchandise, Paris,L'Harmattan.
La propriétéapportela sécurité présenteetà venir, pourson ménageetpourles membresde la
famille
étendue. Devenirpro¬priétaire de son logement signifie
pouvoir
partager la parcelle, construire un étage, réserver un logement pourles enfants plus tard,etainsi,commeau Caire,leurassurerunaveniretle mariage.Au
Nord comme au Sud, dans un contexte de précarisation du travail, lasécuritéofferteparlapropriétéimmobilièresesubstitue deplusenplusfréquemmentàcelleque nepeut plusoffrir
letravailànombredecitadins.Maissi, dans les
villes
duNord,cettegaran¬tieconféréepar lapropriétéesteffective, ellel'estsouventbeau¬
coupmoins dans les villesduSud : le statutdepropriétairepeut correspondreàunepropriétédulogementetduterrain reconnue légalement, maisaussi àdessituations depropriété du logement surlesterrainsoccupésillégalement
(Delhi). À
Hanoï,«bienque seuls les droits d'occupationdu sol sur une parcelled'un
terrainloti
soient vendus,demanièrepurementinformelle,sansautorisa¬tionou garantie légale, les acheteurs potentielsne craignentpas
l'expropriation
etaffluentdetoutelaville
».Et,àDelhi,squatter des espaces publics ou s'installer dans un bidonville peut être« vécucommeuneaccessionàlapropriété,siprécairesoit-elleet sansaucun
droit
depropriétéeffectif.Ici
lemeilleurlogementn'est pasceluiquiest endur, maiscelui quel'on
possède,donton est-
ouplutôtdontonal'impression d'être propriétaire». Dans les- villesduSud,la sécuritéfoncièren'estpasvraimentassuréeparla propriété du logement: même sielle est vécue comme tellepar certainscitadins, cetersatz depropriéténedonnepas pourautant accèsauxavantagesoffertsparunepropriétéréelle.Les exemples demobilité
résidentielle contrainte,d'éviction
de certains quar¬tiers qui émaillent les contributions surAbidjan, Delhi, Guate¬
mala ouLeCaire sontlà pourlerappeler.
Ce qui domine à la lecture des contributions, c'est bien l'engouement pour la propriété et sa part de rêve et
d'illusion,
quitte à devoir effectuer des sacrifices importants dans la vie quotidienne,notammentdanslaqualitédu logementet salocali¬sation.
1.2.
La location, un statut néanmoins choisi par certains
Certains ménages renoncent volontairement à la propriété:« lalocation n'estpasforcémentsubie,
ni
pathologique»,commel'écrit
F.DureauàproposdeBogota.Estimantlessacrifices entermes de localisation trop grands, certains ménages aisés préfèrent louer dans un «bon quartier central »deBogota,deParisou de Sâo Paulo.C'est la primeàla centralité,àl'accessibilitédeséquipements.Dans lesmétropoles latino-américaines où existeune
offre
locativebon marchédans le centre ancien dégradé,lesélitesurbainesn'ont
pasl'
exclusivité dececomportement: denombreuxménages modestespréfèrent aussiresterenlocationdans lesquartierscentraux, mêmeauprix
d'unetrèsfortepromiscuitédanslelogement.Certaines stratégiesmigratoires
privilégient
aussiclairement lalocation.À
Paris, certainsprovinciaux ou étrangers préfèrent louer-
éventuellementdansdesconditionsdifficiles -
ou rester dans le parclocatif
social, afin depouvoir
investir « au pays ».Leurchoixestdoncd'acheterdansleur région, làoù
ils
ontleurs attaches.Mêmes'il
dureplusieursannées,voire plusieursdécen¬nies, «le séjouràParisestvécucommeuneétapetransitoire»
l.
Ce type de comportement se retrouve dans d'autres régions du monde,commeà
Delhi.
Certainssans-abriyoptentpourcemode de vie alorsqu'ils
pourraient louer:ils
préfèrentminimiser
les dépenses de logement et detransport àDelhi
pour épargner et envoyerl'argentàlafamille
restéesurplace.À partir
desexemples oùlalocationestvraimentunchoix, on peut réellement se poser la question du choix de la propriété.Quand
la
propriétéestlargementdominante(commeàGuatemala ou enEspagne),ouquand existecommeàSantiago unepolitique
d'accession socialequi
captelademandemêmedesplus pauvres, onpeutsedemanderquelleestlapartdelibertédans leschoixde statutrésidentiel2.Confirmant lesconclusions de certaines recherches récentes en France, les contributions amènent àprendre de ladistance à l'égard «d'une représentation hiérarchique
d'un
trajet promo¬tionnelqui vade lalocation àlapropriété,chacun sedéfinissant parrapportà
l'autre
: lespropriétairessontdes "heureux"et les locataires sont inscrits dans un espace sinon négatif du moins1. BonvaletC. 1990,Accessionàlapropriété etcyclede vie, in BonvaletC, FribourgA.M. 1990, op.cité, 129-137.
2. CulturelloP. 1993,Lepoidsdel'origine etlaforcedela parenté: ladualité familialedans lespratiquesrésidentielles,in BonvaletC, GotmanA.(eds.),op.cité, 111-128.
qualifié
depurgatoire, enattente dela propriété»'.
La réalitéest pluscomplexe.Il
existedans lesmétropoles,deslocataires aisés (d'autres moins) satisfaitsdeleurchoix.À
Paris,lesecteurlocatif
privérassembleàlafois
« desménagesàbasrevenusquin'ont
pu bénéficierdulogementsocial,desménagesàrevenusmoyensquin'ont
pu accéderàla
propriétéoupréfèrent habiterenzonecen¬trale, et des ménages à revenus élevés qui font le choix d'être locataires »
(M.
Berger).Il
existe aussi des propriétaires vivant dans « dessituationsd'entassementextrêmeenacceptantenloca¬tion
d'appoint
de nombreux petits ménages» (Bamako) et despropriétaires pauvres « piégés» parl'accessionà
la
propriété et assignés en quelque sorte à ce statut. « On aboutirait alors au paradoxe où, de couronnement d'une "carrière" résidentielle, l'accession à la propriété, dans la mesure oùil s'agirait
d'une"accession forcée", deviendrait, pour certains, la seule issue
-
voire,danscertainscas,unevoiedegarage.Onestloin
alorsdela réalisationd'un
idéal»2.2. LE TYPE D'HABITAT
La production scientifiqueportant surlesvillesfrançaisesmet souvent l'accent sur
l'attrait
pour la maison individuelle, choix quiirait
depair (mêmes'il
estmoinsmarqué)avecl'engouement pourle statutde propriétaire. Lacompositionactuelledes parcs delogementsetladiversitédessituationsmétropolitainesdenotre corpustendentàrelativiser ceconstat.2.1.
Maison individuelle,
versusappartement
À
Montréalla
maisonindividuelle
esteffectivementplébisci¬tée :lestoursrésidentielles,les
triplex
etlesduplexsontfortement rejetés saufpar les artisans commerçants etouvriers. On assiste cependantàuncertain renversement de tendance chezlesjeunes ménages fortement éduqués.À
Paris et à Strasbourg, lapart de maisons individuelles dans la construction neuve ne cesse de croître :l'aspiration
àla
maisonindividuelle
enpropriétéestbien1. BonvaletC,GotmanA.(eds)1993, op.cité.
2. CulturelloP.1993, op.cité.
une réalité des comportements actuels. Mais, dans une
ville
commedansl'autre,sil'on
nepeutnierl'
importancedelamaisonindividuelle
dans lesréférencesagissantsurlescomportements, forceestdeconstaterla
distancequi sépare encorele rêvede la réalité :le parcdelogementsindividuelsdemeuretrèsminoritaire
dans ces villesdu Nord, àMontréal comme àParis (22 %) ou à Strasbourg
(15%).
En revanche,endehorsduCairequi
fait
figure d'exception, la maisonindividuelle
correspond effectivement au logement majoritairedanslesmétropolesduSud :ainsi,76%desménages de Sâo Paulo occupent des maisons individuelles en 1991. Les modes de production du logement àl'uuvre
sont directement responsables decette situation.La verticalisationdel'habitat,
et son corollaire la production d'appartements en immeuble, demeurentraresdans cesmétropolesoù le processus d'urbanisa¬tion s'est réalisé à travers une expansion spatiale effrénée. En l'absencedeproduction delogementsocialoud'accès àdes sys¬
tèmes de financement,
l'
auto-construction de la maison indivi¬duelle correspond auxressources
-
très limitées-
du plusgrand nombre. « Habitatévolutif
» comme le désigne H. Menna-Bar- reto à Sâo Paulo, la construction de la maisonindividuelle
en matériaux précaires ou plus durables peuts'étalerdans letemps, enfonction desressources, souventirrégulières, des familles.Il
est possible
d'ajouter
des étages ou des pièces pour loger lafamille
lorsqu'elle s'agrandit',
poury
exercer uneactivitéécono¬miquecommercialeou artisanale(Hanoï)oupourseprocurerdes revenuscomplémentairesàtraverslalocation : dans despaysoù lamajoritédelapopulationn'apasaccès àdes systèmesd'assu¬
rancechômage,
ni
deretraite,cettepossibilitéjoueunrôle décisif.Dans les métropoles du Sud, la maison (quelle que soit la qualitéde ses matériaux) estàlafoisaccessible à tous, et dotée
d'un
statutsocial certaindanstoutes les classessociales, ycom¬prisles classesdominantes. Outresesavantagesstrictementéco¬
nomiques, la maison individuelle constitue aussi souvent le modèlederéférence danslesclassesaisées,traversant les modes, comme à
Abidjan
« depuis les modèles coloniauxjusqu'aux
1. Latailledulogement peutaussiagirdansunsensinversedurôlequiluiest généralementassigné:pouréchapperàl'hébergementdela parentèle,certainsména¬
gesafricainsfontlechoixd'unlogementdetailleréduite.
« châteaux »baroquesqui fleurissent
aujourd'hui
»ets'adaptant auxcontraintesdujour,
en passant« insensiblement,d'un
habitat végétalisé visuellementtrèsouvert àdes forteresses sévèrement gardées pardes polices privées» (Ph. Haeringer). Très minori¬taire à Abidjan, l'appartement de haut ou moyen standing peut êtredansd'autresmétropolesun
choix
plusrépandu :c'estlecas àParis, ou auCaireoùl'habitat individuel
estinsignifiant,ainsi que, de plus en plus fréquemment, dans certaines métropoles latino-américaines (Bogota, Quito,SâoPaulo).À
Bogota,l'insé¬curitéet
l'attrait
pourdes localisationscentrales ontdirectement contribuéàl'adoption
desappartements destandingquisemulti¬plient
depuis une quinzaine d'années : la possibilité de disposer d'unerésidence secondaireàlacampagne aégalementparticipéàcechangementrapidedemodèle
d'habiter
enville.
L'ensemble del'espacerésidentielmobiliséaufil
delasemainepermetàces familles aisées d'assurer à lafoisune vie métropolitaine sûre et sanspertedetempsentransport,etunecertainequalitédeviedans un environnement rural préservé.C'est
bien l'ensemble de ces composantes de l'espace résidentielqu'il
faut considérer pour comprendre leschoix
résidentiels et, dans ce cas, le choix de l'appartement.Silamaisonconnaîtun telengouementc'estparce
qu'elle
est accessibleauxménages modestes auNord
et auSud,ellerépond audésird'espace, elle s'aménage et s'adapteàla situationde lafamille. À
travers la maison,l'appropriation
de l'espace habité peutseréaliser. Danslescoursvouéesàla locationdeBamako ou danslesinquilinatos
desanciennesdemeures ducentrehistorique deBogota,les situationsd'entassement extrêmes génèrent«des tensions entrevoisinsquifondentlargementledésird'accéderà sonpropre logement» (F. Dureau).Cet attachementàlamaison etàl'espaceprivéestparticulièrementvisibleàMoscouoù près de22 %desménagespossédaienten 1994unedatchaàproximité de leur logement.À l'image
desjardins ouvriers en France, les datchasetles garagestransformés en remises ouenateliersdes Moscovitesdistillent
« depetitesdosesdeliberté»,comme ledit
Ph.Haeringer.«Composantesdeleurvie citadine »,ilstraduisent une pratique qui pourrait aussi être mise en évidence ailleurs : d'autres populations citadines ont, comme les Moscovites, des systèmesrésidentielsarticulant plusieurséléments,commenous venons delesignaleràproposdeBogota.
2.2.
D'autres types d'habitat plébiscités
Le choixdu type d'habitat ne saurait se résumer à la simple oppositionmaison
individuelle
versusappartementenimmeuble, induitepardesréférences auxvilleseuropéennesoùlelogementse réduit à l'espace habité par un groupe domestique. D'autres types d'habitat dominent les parcs immobiliers de certaines métropoles, tel
l'habitat
decourenAfrique
del'Ouest,àBamako ouà Abidjan:il
génèredes pratiquesrésidentielles spécifiques, dessituationsdecohabitationbien décritesparM.
Bertrand etPh.Haeringer et des niveaux de densité très élevés. Dans une
« version verticale», les immeubles duCaire et de Hanoï, pro¬
duits par agrandissements successifs,constituentaussiunecaté¬
goried'habitat bien particulière.
Une mention spéciale doitaussi être accordée auxconjuntos cerrados, cousins latino-américains des gated communities anglo-saxonnes :produitescommetelles ouissues delafermeture
d'îlots
demaisonsindividuellespréexistants,cesrésidencespren¬nentuneplacegrandissantedans desmétropoles duSud(Bogota, Johannesburg, Sâo Paulo). Une place croissante en termes d'espace occupéoudeproportiondepopulation habitantcetype de logement, mais aussi (surtout ?) un modèle deréférence
qui
tend à se généraliser, au-delà des classes dominantes quil'ont
d'abordadopté :c'estbiend'un
nouveau modèled'habiterqu'il
s'agit, valorisé etreproduit aussidans les couches moyennes et pauvres. Certes,lafonctionsécuritairede cesrésidencesfermées, que nous rappellent C. Bénit (Johannesburg) et F. Dureau (Bogota),estévidente. Danscesvillesaffectéesparuneinsécurité réelle à laquelle les médias ne se privent pas de donner unfort
écho,ces lotissements sonteffectivementde véritables forteres¬
ses.
À
Delhi, la présencedegrilles nes'associe pas forcémentà unstrict contrôledesmouvements :malassurée,lafonctionsécu¬ritairesemblesurtoutcéder la placeà
l'autre
fonctionassuréepar cetyped'habitat, lafonctionsociale. Lestatutsocial attaché àce type de résidence est manifeste auCaire comme à Bogota ou àDelhi :onnesauraity
lire
laseulerecherchedelasécurité.Cette prégnancede certains modèlesd'habitat, lerôlede ces référencesestbien unedimensionuniverselle,auNordcommeau Sud :àtraverslelogement,c'estlestatutsocialque
l'on
vise,mais aussi l'idée de se «conformer aux normes dansl'espoir
d'une régularisationultérieure»,commele signalePh.Haeringeràpro-pos delareproductionde
l'habitat
decour (formule qui trouveson origine dans les lotissements administratifs) dans les quartiers irréguliers du nordd'Abidjan.
En adoptant la morphologie, on espèreacquérirle statut :social etjuridique.3.
LA LOCALISATION
De multiples configurations et critères sont susceptibles d'intervenir dans les choix de localisation ; il est aussi parfois
difficile
dedissocier cetattributdu logementdesautres caracté¬ristiques (type etstatut), considérés précédemment. Lalocalisa¬
tion
n'est-elle pour autant qu'une « simple variable-relais, un simple instrument permettant de faire varier d'autres para¬mètres »comme
l'affirmait
J.Brunl àproposdela France ?3.1.
La localisation, variable polysémique par
excellence Leschoixde localisationdulogementfontdirectementréfé¬rence aux structures urbaines, àla
distribution
duparc deloge¬mentsdans l'espace métropolitain relativementauxautres com¬
posantes dela
ville
(emplois, commerces, équipements,espaces verts, etc.).La diversitédescontextes métropolitainsconsidérés danscetouvragejoue doncpleinementsurcettecomposantedeschoix résidentiels. Très bien mises en évidence par l'exercice comparatif, maistropsouvent omises parles contributions indi¬
viduelles, la
taille
des villes, et son corollaire l'accessibilité deslieuxdela
ville,
sontlespremiersfacteurs àprendreen considé¬ration. Leschoix delocalisation interviennentd'autantplusque l'accessibilité n'estpas assurée surl'ensembledelamétropole:
etcela dépendàlafoisdelatailledela
ville
etdel'amplitudedes inégalitésquilatraversent.Mêmesi
l'on
neconsidèrequeladistributiondel'emploi,
quiinflue
directement sur lesnavettesdomicile-travailetsur la place de ce facteur dans les choix résidentiels, les situations sont très contrastées : àl'extrêmeconcentrationdel'emploi
de SâoPaulo oude Bogota, s'oppose la dispersion des activités économiques1. BrunJ. 1990,Mobilitérésidentielleetstratégiesdelocalisation,in BonvaletC, FribourgA.M.,op.cité, 299-312.
deDelhi, qui«
facilite
lerapprochement entrelieuderésidence et lieu detravail».Lesrelationsentrele statut dulogement,sontype etsalocalisationdiffèrent
aussigrandement selonlesvillesetsont actuellement soumisesà deprofondesmodifications. Reléguéen périphériedans les métropoles latino-américaines,l'habitat
illé¬galestdisperséà
Delhi
surl'ensembleduterritoire
métropolitain, y compris le centre. On pourrait aussi citer le mouvement de périphérisationdel'offre
locative,incontestablement plusrapide dans les villesd'Amérique
latine etd'Afrique
oùil
estlié
au processus deconsolidationdesquartierspopulaires,quedansles villeseuropéennes.Enfin,le degréde
fluidité
dumarchédulogementvarieégale¬ment sensiblementd'une métropole àl'autre. Des contextes de marchés du logement peu fluides, où la
mobilité
est néces¬sairement réduite, laissentune faiblemarge deman'uvre dans les choix de localisation. Les villes de Hanoï et duCaire, où
A.
Debouletparle«d'immobilité
résidentielle contrainte»,illus¬trentdefaçonextrême unetellesituation,quiimposel'adaptation in situ du logement.
À
un degrémoindre, lecoût du logement à Paris conduit àune relative stabilité résidentielle des Parisiens, comparativement à celle observée dans les autres villes fran¬çaises ; à Sâo Paulo, la stabilité résidentielle encouragée par l'accession à la propriété se conjugue à l'extrême instabilité de
l'emploi,
générant de longues navettes quotidiennes. Dans un contextederestriction delamobilité résidentielle, lespotentiali¬tésoffertesparles
lieux
del'espacemétropolitaindeviennent,defait
inaccessibles à la population quin'y
habite pas déjà; et la populationassignéeàsonlogementnepeutquesubirl'évolution
de saposition relativedans un espacemétropolitainen transfor¬
mation.
Ne considérer quela position relativedulogementparrapport aux seulsélémentscommuns,partagéspar
l'
ensembledelapopu¬lationmétropolitaine, revientàomettrel'ensemble deséléments structurantsindividuels etfamiliaux (parexemple, lalocalisation delaparentèleet,defaçonplus générale,lesréseauxderelation) et
l'
espace-tempspropreauniveau de ressources de chacun et à son mode de vie. L'analyse des choix de localisation se heurte justementàdesdifficultés
spécifiquesqui
résidentdans lecarac¬tère non univoque de
l'attractivité
deslieux
pour les habitants d'une même métropole, contrairement aux autres attributsrési¬dentiels évoqués précédemment(statut,typed'habitat). Outre le
caractèresocialementdifférenciédel'usagedes
lieux
etdesmobi¬lités, intervient la structuration del'espaceproduiteparlesrela¬
tions sociales propresàchaque
individu
: pourtouthabitant, leslieux
dela métropolene sedifférencientpas seulementparleur offre en matière de résidence,d'emploi,
d'éducation, de com¬merce, deservices, etc., maisaussiparlesrelations socialeséta¬
blies avecleshabitantsdeceslieux,parleurconnaissanceacquise parfoisdèsl'enfance.
Les choix de localisation sont, enfin, porteurs de sens: la localisationestconsidérée commelesigned'unepositiondansla société, et à ce
titre
peutjouer le rôle d'unevitrine
sociale. Acontrario,
dansuneville
tellequeHanoï,trèshomogèneentermes destatut, cettefonctiondereprésentation socialedela localisationnepeuts'exercer, alors quedanslesautresmétropoles asiatiques,
« lesdifférentiels derésidenceétaientdes faitsdesociétéfondés surdescritères statutaires attribués ou acquis »(H. Schenk).
Il
estd'ailleurs
intéressantdenoter lerôlejoué
parcertainspionniers, dont les choix résidentiels inédits conduisent àchangerl'imaged'un
quartieretàrendreacceptablescertaineslocalisations:c'est ainsi que le sud traditionnellement populaire de Bogota est devenu en quelques annéesune option résidentielleadoptéepar plusieurs dizainesdemilliers
deménagesdeclassemoyenne.3.2.
Le choix d'un rapport
àla métropole et d'un environnement
Si
l'on
s'en tientàunelecturedes structures métropolitaines faisantabstractiondesdivisionsdel'espacepropresàl'individu,
onvoit
alors bien, en lisant les contributions, deux modèles s'opposer :l'un
rejetantlecentre,l'autre
levalorisant.Danslepremiermodèle(Montréal,LeCaire,Bamako, Mum¬
bai, Delhi, Santiago),les cadresetlesfamillesaisées rejettent le centre ville, qui est alors habité par les plus pauvres dans des logements anciens etdégradés, dessquats, des bidonvilles, etc.
L'éloignement
ducentre correspondàunerecherchedequalitéde vie, à un besoin de natureetd'espace: la périphérie estchoisie délibérémentpour la qualitédel'environnementqu'elle
peutpro¬curer.
À
Bogota, àDelhi
ou à Santiago, soumises à de fortes pollutionsatmosphériques,desménages aisés,motorisésetayant souvent unecertaineliberté d'horaires, choisissentd'habiterdessecteursdeplusenpluséloignés. Dans cechoixsouvent
formulé
pardejeunes couples avecdesenfantsen bas âge,s'exprimeaussi souventunevolontédeprivilégier
laviedefamille. Il s'agit
aussi de se protéger, soi et les siens de la violence et del'invasion
urbaines : on construit à Johannesburg, des gated communities protégéespardehautsmurs,àSâoPaulodesensemblesfermésde maisons individuellesoffrant
à la fois la sécurité et desloisirs
protégés. Dans toutes lesmétropoles seconstruisentdes lotisse¬
mentsrésidentiels àla périphériede haut etmoyen standing
qui
répondent à la demande des familles aisées, au désir d'être«entre-soi ».
Il
se construit aussi en périphérie des lotissements pour les ménages modestes et pauvres.L'éloignement
est la plupart du temps leprix
à payer pour devenir accédant.À
Santiago où la politiquefavorisel'accessionàlapropriétédespauvres,desquar¬tiers entiers se construisent de plus en plus
loin
de laville.
La périphérie des métropoles accueille aussi les plus pauvres qui trouvent làdesparcellespourl'auto-construction,auxdépens des conditionsdelogement :il
s'agitsouventdeterrainssansinfras¬tructure, situés dans des zones à risques.
À
Bogota comme à Guatemala, laproductioninformelle delogements s'exercetout particulièrementdanslescommuneslimitrophesoùla réglemen¬tation est moindre ou complètement absente. Cette production informelleseretrouvedanspratiquementtouteslesmétropoles du Sudàl'exceptiondeSantiagooùlemarché
informel
delaterrene constitueplusunevoie d'accèsaulogement.Cet éloignement de la
ville,
de son centre et des sourcesd'emploi
entraînede longues migrations pendulaires, coûteuses en temps et en argent. Dans certaines métropoles comme Mon¬tréal ouLe Caire, ladistanceaulieude travail jouepeu dans les choixdelocalisation résidentielle ;et cen'estquerécemment que cefacteur prenddel'importancedans lesmétropoleslatino-amé¬
ricaines.
Mêmesionconstate,pourquasiment toutes lesclasses socia¬
les,unéloignementdu centre,lesinégalitésdemeurent.Denom¬
breuxindicesémaillantlescontributionsconduisent mêmeàfor¬
muler l'hypothèse
d'une
aggravationdes inégalités : lamobilité qu'implique
une réelle maîtrise des espaces métropolitains ren¬forceles inégalités sociales,en
particulier
danslesvilles
du Sud où le système de transport estsocialement plus différencié que dans celles du Nord. L'accessibilité devient un facteur clé dességrégationsrésidentielles.Les cadresarriventàmieuxaménager leur temps, se décalent par rapport aux heures de pointe, tra¬
vaillent
à la maison. De plus, ils choisissentd'habiter dans des communes lointaines, mais bien desservies par la route et les réseauxdetransportpublic. Aussilespersonnesquisupportentle plus lesinconvénientsdel'éloignementdu centre sont :les ménages modestesetpauvres, quideviennentproprié¬
tairesau
prix d'un
allongementdu tempsdetransport:àParispar exemple,les employéset les ouvriers s'installentdans descom¬munesruralesmal desserviesdela grandepériphérie ;
-
lespluspauvresdesvillesdu Sud,quiontfui
ladensitédesbidonvilles
centraux,lesystème despiècesenlocation pourdeve¬nir
euxaussipropriétairesetsouventpropriétaires-bailleurs,par¬foisau
prix
del'emploi
;les femmes,
qui
subissent plus fortementcet éloignement (Bogota,Paris) etquipayent le plus chèrement leprix
del'acces¬sionàlapropriété ;
-
parfois même les enfantsdont les parentschoisissentmal¬gréunelocalisation périphériquedelesenvoyerdans des établis¬
sementsscolairesencentre
ville
(Bogota).Parallèlementàcepremier modèle résidentiel,onconstate
ici
et là une résistance aux mouvements centrifuges. Dans ce deuxièmemodèlerésidentiel, lecentreestvalorisé: laproximité deslieux
de travail etdes équipements, notammentdes équipe¬ments scolaires, est recherchée. Chez les cadres supérieurs et moyensdeParis, SâoPaulo, Bogota, Guatemala, onvoit eneffet une tendance se dessiner qui donne un
prix
à la centralité et àl'accessibilité.
À
Paris, les cadres quittent moins la capitale qu'auparavant ; à Sâo Paulo, àSantiago etàBogota on observe également unintérêtgrandissantpourle centre.Avec l'augmen¬tationdela
bi-activité
des ménageset lesdysfonctionnements du système de transport, le rapprochement du lieu de travail com¬mence à
intervenir
fortementdans leschoixdelocalisationrési¬dentielle des familles aisées de certaines villes latino-améri¬
caines,commeBogota.Lesclassesfavorisées
n'ont
d'ailleurspas lemonopolede cechoix
pourlecentreetlaproximitédutravail.Les immigrés de Paris et deMontréal investissent les quartiers centraux. Comme les sans-abri de
Delhi
déjà mentionnés, les habitantsdecertainsquartiers précairesd'Abidjan
font«unchoix stratégique :habiterauplusprèsdesemplois(oudesmarchés)et àmoindre frais,enattendantd'investir
dansd'autres projets».Dans de nombreuses métropoles, le dilemme auquel sont confrontéslesménages descouches moyennesetsupérieuresest le suivant: accéder àun grandlogement adaptéà la
taille
de la famille,auprix
d'une localisationenbanlieue ;oubienrenoncer à un logement plus confortable notamment en terme d'espace, maiscontinueràhabiterdanslecentre,dansun «bon»quartier.Lechoix pourlecentrecorrespond àunstyledevie urbain dont les variables classiques(âge, positiondanslecycle devie, caté¬
goriesociale)nerendentpastotalement compte. Pourlesfemmes des classes supérieures ou moyennes
qui
désirentconjuguervie familialeetvie professionnelle, lalocalisationconstitue un enjeu essentiel : des femmes très diplômées de Montréal optent ainsi pourlesquartiers ancienspéricentraux.À
traversunelocalisation, c'estbien lechoixd'un
modedevie danslastructureurbaine du moment, socialementconstruite, qui s'exprime.Choisirunlieu derésidence, c'estopterpourunrap¬portàlamétropole,
qui
renvoieàlaposition relativeauseindela structuremétropolitaine (centre/périphérie), c'est-à-direauxres¬sources de l'espace métropolitainaccessiblesà
partir
d'une cer¬tainelocalisationdulogementpourunecatégorie sociale donnée.
Choisir un lieuderésidence,c'estaussiopterpourunenvironne¬
ment immédiat : un environnement physique (conditions natu¬
relles,formes urbaines), maisaussiunenvironnementsocial,qui correspondàdifférents enjeuxetautantde stratégies : stratégies affinitairesdesdifférentsgroupessociaux, stratégiesd'ascension sociale recherchéedansuneproximité avecdes classes sociales plusélevées, stratégies sécuritairesde plus enplus affirmées, et stratégiesderegroupement
familial.
Ence sens,lalocalisationest bien unevariable essentielledes stratégiesrésidentielles,tradui¬santles différenteséchelles des pratiques spatiales des citadins, dont on ne saurait réduire le rôle à celui de relais des autres attributsdulogement.
4. LES RESEAUX DE RELATIONS SOCIALES ET FAMILIALES
4.1.
Le poids
desréseaux
dansleschoix
delocalisation
L'implantation
géographiquen'obéit
pas seulement aux règles économiques, d'autres mécanismes sont àl'uvre
: lesréseauxderelationsontsouventuneinfluencedéterminantedans lechoixdelocalisationrésidentielle.
Au
Caire,l'origine
géographique etles liens d'appartenance communautairerestentprédominantsdanslalocalisationrésiden¬tielle, même après plusieurs générations
d'installation
dans la capitale égyptienne. Dansleschoixdelocalisation,lafamille
joue aussi un rôle important dans des contextes métropolitains très divers (Paris, Bogota, Bamako, LeCaire).À
Bogota, plus on descend dans la hiérarchie sociale, plus le rôle de lafamille
devientdécisif.En Franceonapuconstaterl'existencederegrou¬pements
familiaux
àl'échelledelacitéHLM l,
duquartieroude lacopropriété. Les jeunes, comme lesouligneM.Berger,décoha¬bitentsouventà
proximité
dudomiciledesparentspourdéména¬ger ensuitedanslamêmecommuneou le même département.Ce constats'appliqueégalementauCaireetàBogota où les logiques résidentiellesportentlamarquefamiliale.Dansleschoixdeloca¬
lisation, les réseaux sociaux et
familiaux
apparaissent en effet décisifs. Comme le souligne F. Dureau, ce sont enfait
« les réseauxderelationssocialesetfamiliales quidéterminent,ausein de1'espacerésidentiel financièrementaccessibleàchaquegroupe social, unespacedemobilité
résidentielle relativementprécis».« Lacapacitéàsesuivreetàresterdans le mêmequartier, voire
(...)
àseretrouver,est étonnante»nousdit
A. Debouletàpropos des familles duCaire. Ce système rencontre néanmoins parfois des limites, évoquées àpropos duCaire, mais observées aussiàBogota : lorsque le quartier atteint une certaine saturation fon¬
cière et
immobilière qui
nepermetplusla reproductioninterne dugroupe.
La prise en compte des réseaux de relations et des groupes
familiaux
permet demieux comprendre les trajectoires résiden¬tielles, les choix opérés par les ménages : elle explique aussi certaines résistancesauxgrandestendancesévoquéesprécédem¬
ment(mouvementcentrifuge,accessionàlapropriété).
1. AnselmeM. 1988,Lesréseauxfamiliauxdansle parcHLM,premier constat, inBonvaletC, Merlin P.(eds),Transformation delafamille ethabitat,Paris,INED, DREIF-IDEF/PUF (Coll.TravauxetDocuments,Cahier120),181-187.
4.2.
La cohabitation,
expressiondessolidarités familiales
Nous avonslonguementévoquéleschoixrésidentiels,enpar¬
ticulier
celuidelapropriété. Maisdans denombreuses métropo¬les,enraisondelapénuriedelogementset deterres,deleurcoût, même
lorsqu'il s'agit
de terrains sous-équipés, c'est l'accès au logementquiestproblématique :laville
du Caireestsymptoma¬tiquedecettesituation.Decefait,dansla plupartdesmétropoles, laseulesolutionquiexistepourcertainespopulationsrésidedans lacohabitation,s'exprimantdanslepartagedulogementoudela parcelle.Lepartagedu logementconstitueunepratiquerépandue danscertaines
villes
du Sud ràBogotâen1993,46 %desménages partageaientleurlogement.Danscettepratiquerépondantàlapénuriedelogementsacces¬
siblesàcertainescatégoriesdepopulation, la cohabitationinter¬
générationnelle occupeuneplaceimportante.En France,onapu observer que la cohabitation intergénérationnelleconstituait un moyen pour les ménages de s'adapter à la crise.
Au
début des années 1950, uneproportionnonnégligeabledéjeunesménages ont ainsi commencé leur vie en cohabitant avec leurs parents.Dans les années 1960-1970, le marchés'est détendu etlesjeunes ontpuquitterle
domicile
parentaldeplusenplustôt; depuisles années 1980,s'opèreunretournementdetendance avecunretard àladécohabitation(M. Berger).Selon les villes, en fonctiondes contraintes exercées par les caractéristiquesdeslogements,et desmodalités d'accèsau loge¬
ment, les solidarités familiales qui s'exprimentdans lalocalisa¬
tion des unités domestiques apparentées se traduisent par: des cohabitationsauseindu même logement (Santiago, Hanoï) ;des proximités résidentiellesverticales (lesimmeublesdecollatéraux duCaire) ; desproximitéshorizontales immédiates
(l'habitat
de courd'Abidjan
oudeBamako) ou pluslâches(lessystèmes rési¬dentiels
familiaux
évoquésàproposdeBogota).Les situations métropolitaines décrites par les contributions mettent enévidence deux modèles decohabitation intergénéra¬
tionnelle.
Dans le premiermodèle, lacohabitation constitue une étape. transitoire précaire en attendant d'accéder au logement, étape transitoirequicorrespondparfoisàunretourchezlesparentsen cas de rupture
d'union.
C'est le cas à Paris, à Bogota, à Hanoï pendantlapériodesocialiste, mais aussiàSantiagooùla cohabi-tationentregénérationsesttrèsfréquenteenraisondelarareté de logements bon marché et de l'absence d'occupations illégales :
en 1990 lesallegados (hébergés) représentaient un quart des
famillesnucléaireschilienneset, si
l'on
compteles hébergeants, 40 % des ménagesétaient concernés. Mais,il
s'agit d'une solu¬tion précaire, le partagede parcellesou la constructiond'étages ou piècessupplémentairesétantpeurépandus. Dès
qu'ils
lepeu¬vent, lesjeunes ménages se tournent vers l'accession à la pro¬
priété,trèsencouragéeparlespolitiquesdulogementàSantiago.
On observeàKampaladespratiquesdeconfiagedesjeuneset une forte proportion de personnes à charge àBamako. M. Ber¬
trandparleàcepropos deménages«chargés »,particulièrement chezlesménages propriétaires plus stables.Ces dernierscorres¬
pondent davantageàun deuxièmemodèle:lacohabitationinter¬
générationnelleplus durable,dontLe Caireconstitueun exemple frappant. Lesfamillesaiséescairotesgèlentunlogementpourles enfants, réserventplusieursétagespoureux
(d'où
untrèsforttaux de logements vacants auCaire : 17 % en 1996) ; d'autres parta¬gent leur parcelle. Le modèle le plus typique étant patrilocal, l'épouse vient habiter au domicile des parents de sonmari ; les
difficultés
de logement du Caire poussent toutefois certains ménagesàréserverunepièceouunappartementàleurfille.
La cohabitationentregénérationspeutêtre subie.C.Paquette parle de cohabitation «forcée » à Santiago ; à Guatemala, cer¬
tainsjeunesménagesopteront
d'ailleurs
pourdeslogementsdans lespériphéries lointaines, lorsque la cohabitation estjugée tropdifficile. A
Bamako,« lachargefamiliale
reste, enville,
constitu¬tive
delacapacitédeschefsdeménageà"tenir
rang"» :difficile
d'échapperàlapression sociale, mêmedanslecontextedecrise économiquequetraverse leMali,
constateM.Bertrand.Lacoha¬bitation peut aussi être le résultat
d'une
stratégie du groupefamilial
dansl'attentederéunirl'apport
personnelàl'achatd'un
logement: c'estnotamment lecasàBogota,àMontréalchez les immigrés et surtout au Caire. Dans la capitale égyptienne, les jeunes épargnent pendant letemps dela cohabitation pourrassem¬bler lasommeconsidérable donnantaccès aulogement,dont bien souvent le mariage dépend. Pourque
celui-ci
sefasse, trois élé¬mentsdoiventêtreréunis:« accéder aulogementindépendant,le meubleretverserladot ».
La cohabitationentre générationsnereprésenteque lapartie
visible
dessolidaritésfamiliales.Lamobilisationfamilialeautourdes projets résidentiels est également activée pour trouver un logement (Bogota,
Delhi,
Kampala et Paris) ; pouraccéder à la propriété,àtraversune aidefinancièreoumatérielle, notamment une aide à la construction de la maison; ou pourchoisir
une localisation.5. ENRÉSUMÉ
En dehors ducasdeHanoïavant 1986,le paneldemétropoles considéré
ici
confirme leconsensus qui sedégageaitdel'obser¬vation de situations françaises
dix
ans auparavant: tous les auteurs ont souligné l'existence pour les individus même les moinsfavorisés,«d'unefrangeminimaledeliberté permettantle déploiementdestratégiesrésidentielles » x.Danschacunedes métropoles considérées,la
priorité
donnée auxdifférentsfacteursintervenantdans lesstratégiesrésidentiel¬les des ménages varie fortement selon les classes sociales : les couches aiséesdontlareproductionpasseavanttout par lalocali¬
sationsacrifientplus facilement la propriété, tandis que l'acces¬
sionàlapropriétédelamaison
individuelle
joueunrôleprimor¬dialpourlesclassesmoyennes.
Les inégalités s'accentuent à
l'échelle
métropolitaineet les choixrésidentiels semblent trèsréduits pourles plus modestes :c'estleplus souventdanslalocalisation au seindes espacesqui leur sont accessibles ques'exprimentleur choix. Mais, commele ditC. Paquette àpropos de Santiago, les familles modestes ont certespeu dechoix,mais elles ont néanmoinsdes stratégiesrési¬
dentielles. Même pour les plus pauvres,
il
existe en effet des stratégiesetlafamille y
estsansdoutepourquelque chose.1. BrunJ.1990, op.cité.