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DES CHOIX SOUS CONTRAINTES

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(1)

DES CHOIX SOUS CONTRAINTES

CatherineBonvaletetFrançoiseDureau

S'appuyant sur lesconclusions du séminaire Stratégies rési¬

dentielles de 1988 consacré à la situation française l et sur des recherches menéesdepuisdansdifférentesrégions du monde,les organisateursde

l'atelier

avaient

fait

l'hypothèsedel'existence, mêmeminime,destratégiesetdoncdechoix résidentiels, pourles habitants de lavingtaine de métropoles considérées dans cette rencontre. Le termede stratégiesn'estpasneutre. Parlerde stra¬

tégiesrevientà «restitueràl'acteursapart

d'initiative

dansl'éla¬

borationdesapropre existence »2.Toutenreconnaissant quede multiplesfacteurs

(politique

dulogement,

offre

delogement,pré¬

férences en matièrede modedevie, revenus, etc.) interviennent dansleschoixrésidentiels, l'hypothèseestfaiteque «les indivi¬

duset lesménagesdisposentaucours deleurvie

d'un minimum

de liberté d'action et de lucidité dans leurs pratiques résiden¬

tielles»3. Sans attribuer au ménage un contrôle absolu de sa destinée enfonction d'horizons fixésaudépart, lanotiondestra¬

tégie

lui

reconnaît une part de choix : elle ouvre

l'horizon

des possibles, qu'une

vision

déterministereferme selon des critères préalables. «Commentl'espacedespossiblespourchaqueindi¬

vidu,àchaqueouàcertains momentsde sonexistence, sedécale

1 . BonvaletC,FribourgA.M.1990,Stratégiesrésidentielles. Actes duséminaire organiséparCatherineBonvaletetAnne-MarieFribourg,Paris, 1988, Paris,INED-

PlanConstruction etArchitecture-MELTM (Coll.CongrèsetColloques n° 2).

2. GodardF.1990,Sur le conceptdestratégie,/«Bonvalet C, Fribourg A.M. 1990, op.cité, 9-22.

3. BrunJ.1990,Mobilitérésidentielle et stratégiesdelocalisation,inBonvaletC, FribourgA.M. 1990,op.cité,299-312.

(2)

de celui des destins probables» ' du groupe social auquel

il

se

rattache ? Le développement de stratégies, le «décalage » par rapportàla trajectoiredéterminéepar uneconditionsociale,sup¬

pose desressources, financières certes,maispasseulement. «La question des stratégies, résidentielles et autres, est directement liée à celle des ressources. Sans ressources, pas de stratégies.

C'estpar

l'

intermédiairedesressourcesquestratégiesindividuel¬

lesetcontraintesstructurellesinteragissent. »2.

Commenousleverrons,lescontributionsvalident l'approche entermesdestratégiesrésidentielles etdémontrent

qu'on

nesau¬

rait

lesréduireàdesimples«tactiques »3.Ellesmettentaussien évidenceles

difficultés

quesoulèvecette approche.L'analysedes

choix résidentiels suppose une perspective temporelle longue, permettantdereplacerceux-cidanslatrajectoire migratoire,rési¬

dentielle, familiale4. Seules des enquêtes longitudinales et des entretiens approfondis permettentdebien cernerles stratégies à

l')uvre,

même

s'il

demeureparfois

difficile

desaisirleurmode d'élaboration5 :onpeutsedemander

s'il

s'agit d'unereconstitu¬

tion

a

posteriori

parles acteursouparleschercheurs.

Difficiles

à

recueillir

et àanalyser,cesdonnéesindividuelles et familiales longitudinales ne suffisent pas pour autant. Dans

l'exercice

proposé,unelecturecomparativeimpliquantuneving¬

taine de métropoles du Nord et du Sud, le véritable défi serait même ailleurs : pour évaluer les contraintes qui pèsent sur les trajectoires résidentielles, identifier le champ des possibles des

individusetdesménages,évaluerlesarbitragesopéréset le degré de

mobilisation

desressourcesàleur disposition,

il

fautégalement unetrèsbonne connaissancede

l'histoire

dulogement,delapoli¬

tique,du systèmedefinancement, du transport,desterrainsobser¬

vés, des histoiresmicro locales. Réunies àceteffet, les données de cadrage de l'annexe fournissent certains éléments. Quelque soitlecaractère inévitablement réducteurdesprésentations syn¬

thétiques,

il

faut être conscient des limites des connaissances

1. GodardF. 1990, op.cité.

2. GotmanA.M. 1990, Stratégiesrésidentielles, stratégiesde la recherche, in BonvaletC, FribourgA.M. 1990, op.cité,23-34.

3. Pour reprendre le terme employé parA.Dubressondansle chapitreintroductif duprésentouvrage.

4. BonvaletC, GotmanA.(eds) 1993,Lelogement,uneaffairedefamille,Paris, L'Harmattan(Coll. Villeset entreprises).

5. GrafmeyerY.1994,Sociologieurbaine, Paris, Nathan(Coll.128).

(3)

disponibles sur ces questions dans nombre de métropoles. La connaissancedela dynamiquedu marché dulogementrestesou¬

venttrès fragmentaire : on connaît encoretrès mal les stratégies d'investissementdesproducteursdelogementenpropriétéou en location.Or,commelenoteA. Deboulet,« la compréhensiondes dynamiquesdesmarchésfonciersetimmobiliers»estnécessaire pour mettre en évidence comment les citadins, à travers leurs pratiques résidentielles « fontavec ces mécanismes, les devan¬

centoucontribuentindirectementàlestransformer».

Enfin, de quels acteurs parle-t-on ? Selon les métropoles, l'accent est mis sur : des groupes déterminés par la catégorie socio-professionnelle, par les origines (provinciales ou étran¬

gères),ouparlesrelationsfamilialesdanscertainscas ;lesména¬

ges, qui arbitrent entre les intérêts des différents membres du groupedomestique ;ou

l' individu

lui-même. Mêmesiladiversité

des contextes métropolitains

justifie

laconstitutionde ces grou¬

pesselondescritèresdistincts,beaucoupd'auteurs adoptentune division socio-économique pour l'analysedespratiques résiden¬

tielles. Cetterelativeconvergence entrelescontributionsne

doit

cependantpasfaire

illusion

:divergentes selonlesmétropoles,les dynamiques socialesintroduisentde

fait

unehétérogénéitéforte entre des catégories sociales désignées sous le même vocable.

Quoidecommunentreles classesmoyennes envoiedepaupéri¬

sationdecertainesmétropoles duSudetlatrajectoire actuelledes classesmoyennesfrançaises ou canadiennes ?

De même, la référence universelle à la notion de ménage, véhiculéeparla statistique,laisserait pensera

priori

aunecertaine homogénéité

facilitant

la comparaison internationale. Mais, là aussi, la situation est moins simple

qu'elle n'y

paraît de prime abord.

La

cohabitationausein

d'un

mêmelogement

unifie

certes toutes lesdéfinitions. Mais,dans certains pays (Colombie, Gua¬

temala,

Mali,

entreautres)ellesedouble

d'un

critère économique, lepartagedesdépensesalimentaires,qui conduità

identifier

plu¬

sieursménages au seindu même logement.La structure du parc delogementspeutdoncparfois

différer

sensiblementdecelledes conditionsdelogementdesménages:despratiquesrésidentielles telles que la cohabitation, l'hébergement seront en

particulier

évaluées de façon très différente selon la

définition

du ménage adoptée. Au-delà de ce problème récurrent de la

variabilité

des catégoriesd'analysedans lescomparaisonsinternationales,

il faut

aussimentionner

l'impact

decettelecturedelaquestionrésiden-

(4)

tielle

àtraversleconceptdeménage.

À

BamakocommeàBogota, lesauteursmontrentbienquela

mobilité

desménagespeutdiffé¬

rersensiblementdela

mobilité

des

individus

:derrièrelastabilité decertainsménagessecache uneforte« agitation résidentielle»

(M.

Bertrand)desindividus. Leconceptdeménage,unité profon¬

dément transversale (outoutaumoinsd'une temporalitécourte) utilisée traditionnellement dans les études sur le logement, est relativementcontradictoireavecuneapprocheentermes de stra¬

tégies résidentielles qui implique une temporalité plus longue

(familiale,

intergénérationnelle) 1.

Dans le séminaire de 1988, C. Bonvalet et

A.M.

Fribourg avaientesquissé«unetypologierendant comptedetroisfacteurs décisifs dans les stratégiesdes ménages : le statutd'occupation, la

taille

du logementetlalocalisation». Lalecture descontribu¬

tionsetlereculavecletempsconduisent

ici

à

identifier

un autre facteur,letyped'habitat,quenouspréférerons substitueràla

taille

du logement2.Pourla clartédel'exposé,cesfacteurs serontcon¬

sidéréssuccessivement,avantdeconsidérerlerôledesréseaux de relations.

Il n'en

demeure pas moins, bien évidemment, que la combinaison de ces trois caractéristiques (statut, type, localisa¬

tion)

estparticulièreàchaque

ville

etque«c'est lacombinaison de ces différents élémentsqui contribue à donner auxindividus conjointement une position sociale et une position résiden¬

tielle

»3.

Tendantàrefléterleurplacedanslasociété,leschoixrésiden¬

tielsdesménages nese

font

pasuniquementselon unerationalité purement économique : d'autres logiques sont à

l'fuvre.

Pour comprendre ces choix,

il

est très important de connaître pour chaque payslesmodèlesculturels,leseffetsdemodeetleschan¬

gements en cours dans les sociétés (les exemples de Moscou et Johannesburgentémoignentbien).Lescontributions fournissent

d'ailleurs

des éléments intéressantssurlesconditionsd'élabora¬

tion

et de

diffusion

desmodèles :lepoidsdesorganismesinterna-

1. BonvaletC, LelièvreE.1995,Du conceptdeménageàcelui d'entourage :une redéfinitiondel'espacefamilial,Sociologie et sociétés,vol.XXVII, 2,177-190.

2. La tailledulogement avait été retenueenraisonde sonimportancedansles stratégiesrésidentiellesdes Franciliens.La maisonindividuelleest souventlaseule solution pouravoirl'espace nécessaireàlaviedefamille.

3. BonvaletC. 1998,Famille-logement: identitéstatistique ou enjeupolitique ?, Paris,INED(Dossiers et recherches n° 72).

(5)

tionauxetdesclasses aisées dansla

diffusion

decertains modèles confirme pleinementlerôledulogementcomme

fait

de représen¬

tationsociale.

À

travers une certaineposition résidentielle(défi¬

nieparla localisation, letyped'habitatetle statutd'occupation), cesontbien un statut socialet un niveaude développement qui sontrecherchés.

Quecesoitpouradoptercesmodèlesoupour s'enécarter,les stratégies des ménages sontfortement imprégnées de ces réfé¬

rences.F. Dansereau nousdécritbien lemodèle

d'habiter uvrant

à Montréal: être propriétaire d'une maison

individuelle

en banlieue oupériphérie.Lafréquencedelalocation(73 % dansla

ville

deMontréalet41 %dansle restede

la

régionmétropolitaine

en 1991) montre aussi la distance qui demeure entre le modèle rêvé et le modèle

effectif. À

partir de ces modèles on peut

voir

quelsarbitrageslesménagesopèrent.Biensûr,pourunetrèspetite minoritéde ménages, laquestion des arbitragesne seposepas :

ils peuventsatisfaire leursattentespour l'ensembledeséléments (statut d'occupation, localisation, type d'habitat) sans devoir en sacrifier aucun. Mais la grande majorité des ménages sont amenés à faire des choix et donc à sacrifier au moins

l'un

des éléments.

Une catégorie échappe néanmoinsauregistredeschoixet des stratégiesrésidentiels :lespersonnes devanteffectuerune mobi¬

lité

sous contrainte. Evoquée spécifiquementpar

A.

Deboulet à propos du Caire, la mobilité résidentielle forcée est aussi men¬

tionnéedans denombreuxautrescontextes, africains, asiatiques oulatino-américains : déplacementsliés àlaguerre(Hanoï),aux catastrophes naturelles (tremblements de terre à Guatemala et auCaire), éradications debidonvilles à

Delhi

ou à

Abidjan

(les fameux« déguerpissements »),expulsions pour la réalisationde grands chantiers (boulevard périphérique duCaire) ou pour la rénovationdescentreshistoriques.

L'expulsion

pour raison d'uti¬

lité

publique existe aussi dans les métropoles du Nord. Ce

qui

diffère d'une

ville

àl'autre,outre

l'intensité

du phénomène,c'est lagestionde cessituations,lesdroitsaccordésauxhabitantsdélo¬

gés,et lesconséquencespourcesderniersen

particulier

dansles villes où l'accès à un logementest problématique : auCaire où l'accès àunlogement indépendant, mobilisantles ressources de toute unevie,nepeutpasêtrerépété,c'est l'ensembledelatrajec¬

toire résidentielle(et mêmedevie)

d'

une

famille

quiestremiseen causeparuneexpulsion.

(6)

1. LE STATUT D'OCCUPATION

Lechoix

qui

semble souvent gouvernerles autresdécisions résidentiellesestceluidu statutd'occupation.Onleretrouvedans presquetoutes les métropoles saufdans celles oùles choix rési-' dentielssonttrèsréduits,commeauCaire.Maissesconséquences

diffèrent

profondémentselonlesmétropolesetselonles groupes sociaux :ainsi,larelocalisationinduite par

l'acquisition

duloge¬

ment dépenddirectementde ladistributiondes espacesrésiden¬

tielsdansl'espacemétropolitain,trèsvariabled'une

ville àl'autre

etdansle temps.

1.1.

La propriété, une norme aux significations multiples Au

Nord,

la

lecturedelamétropolecontemporaineest trèsliée à la

diffusion

de la propriété et à l'étalement urbain qui

lui

est associée.

Au

Sud,lesecteur

locatif n'a

pas

fait l'objet

desuffisam¬

mentd'analyses l :làaussi,lapropriétéestle

filtre

delecturedes comportements résidentiels. Or, comme le souligne

M.

Bertrand à propos de Bamako : « la

diffusion

et les formes du marché

locatif

permettent de comprendre d'une part l'agencement spatial, àdifférenteséchelles, desdensités et des mobilitésrési¬

dentielles, d'autre part

l'articulation

dans la société urbaine de nécessités marchandes et de réflexes domestiques». Dans de nombreusesmétropoles commeàParis, «lesecteur

locatif

privé joueunrôlede

pivot

danslamobilitédesménages :jeunesdéco¬

habitants,jeunes couples, nouveauxinstallésenIle-de-France» :

c'est biendu secteur

locatif

quedépendla

fluidité

du marché du logement et la

mobilité

des ménages. En dépit de la reconnais¬

sancedu rôle

clef joué

parcesecteur, de la diversitédes statuts effectifs d'occupationdulogement, et des frontièresparfois très flouesdeceux-ci,la propriétécontinued'êtreconsidéréecomme lanorme ;ellepeut mêmedevenirlaréférencedesrevendications comme au

Chili

«le

droit

àlapropriété » a

fait l'objet

d'une reconnaissancetrèsprécoce. En fait, pouravancerdans lacom-

1. Àcet égard,letravailmené sur Santiagoesttoutàfaitrévélateurde ceque les analysestraditionnelleslaissentdansl'ombre.Lorsquedesanalysesfines sontmenées, lesstratégiessedévoilentvraiment:ainsi,dansles secteurspopulairesdela capitale chilienne,unnombre grandissant déjeunesménagesdéveloppedesstratégies ayantun caractèreanticipatoireaffirmé,enseportant candidatsàl'acquisition d'unlogement socialavecl'intention préalabledelemettreenlocation.

(7)

préhensiondeschoixdestatutrésidentiel,

il

fauts'interrogersur cequesignifiecestatutdepropriété dans'lesdifférentscontextes métropolitains.

Devenir propriétairedesonlogement,c'est

l'horizon

depres¬

que tous les ménages, l'aboutissement d'une carrière résiden¬

tielle-,c'estavanttout,aveclalocalisation,un

fait

dereprésenta¬

tionsociale.La propriétéconfère uneposition résidentielleetpar làuneposition sociale quele statutprofessionnelnepermetpas toujoursd'acquérir.C'estunsigned'ascension sociale :latrajec¬

toire résidentielle

qui

aboutit à une accession à

la

propriété est toujours considérée comme ascendante (par les immigrés de Montréal, commeparleshabitantsdes

HLM

de Paris),même si

l'habitat

estprécairecommeàDelhi.Ceciestd'autantplus impor¬

tantpourlespopulationsnoiresdeJohannesburgqui ontétélong¬

tempsprivées du

droit

depropriété.Comme le remarque

M.

Ber¬

trand à propos de Bamako: «Rester locataire

(...)

est vécu d'abordcomme un échec social: celui des chefs deménagequi cumulent le handicap du loyer, et la "honte" d'être, en mal d'entregent,ballottésdansle marchéurbain».

À

côtédustatutsocialqueconfèrela propriété,cettedernière permet aussi de neplus payerde loyers, de ne pas dépendredu petitpropriétaire« contrôlantl'usagedel'espaceprivé»

(Delhi),

de

fuir l'habitat

social quand

il

existe, de ne pas être obligé de constamment déménager «à lacloche de bois» ou suite à une expulsion.Danscertainesvillesoùplanelacrainted'être renvoyé dansle monderural, c'estmêmel'ancrage urbain, lagarantiede restercitadin quise

joue

pourlesimmigrantsàtraversla propriété.

L'acquisition

du logementestaussiparfoislaseule façon de trouverun logement, ou la plus économique :pourlesménagesà basrevenusdeSantiago du

Chili,

«lecoûtdel'accessionsociale est très faible » et « la propriété peut être plus économique et financièrement accessiblequelalocation».

La

propriétépermet non seulementd'échapperauxcontraintes du marché, maiselle peutapporterdes revenus.

À

Bamako, commeàBogota,à

Delhi

ou à SâoPaulo,la propriétéestrentablepourles classesmodestes qui louentunepiècedeleurlogement;à

Abidjan

aussi,laspécu¬

lation locative

joue

unrôle importantdanslesquartiers précaires.

1. CulturelloP. (ed.) 1992, Regardssurle logement, uneétrangemarchandise, Paris,L'Harmattan.

(8)

La propriétéapportela sécurité présenteetà venir, pourson ménageetpourles membresde la

famille

étendue. Devenirpro¬

priétaire de son logement signifie

pouvoir

partager la parcelle, construire un étage, réserver un logement pourles enfants plus tard,etainsi,commeau Caire,leurassurerunaveniretle mariage.

Au

Nord comme au Sud, dans un contexte de précarisation du travail, lasécuritéofferteparlapropriétéimmobilièresesubstitue deplusenplusfréquemmentàcelleque nepeut plus

offrir

letravail

ànombredecitadins.Maissi, dans les

villes

duNord,cettegaran¬

tieconféréepar lapropriétéesteffective, ellel'estsouventbeau¬

coupmoins dans les villesduSud : le statutdepropriétairepeut correspondreàunepropriétédulogementetduterrain reconnue légalement, maisaussi àdessituations depropriété du logement surlesterrainsoccupésillégalement

(Delhi). À

Hanoï,«bienque seuls les droits d'occupationdu sol sur une parcelle

d'un

terrain

loti

soient vendus,demanièrepurementinformelle,sansautorisa¬

tionou garantie légale, les acheteurs potentielsne craignentpas

l'expropriation

etaffluentdetoutela

ville

».Et,àDelhi,squatter des espaces publics ou s'installer dans un bidonville peut être

« vécucommeuneaccessionàlapropriété,siprécairesoit-elleet sansaucun

droit

depropriétéeffectif.

Ici

lemeilleurlogementn'est pasceluiquiest endur, maiscelui que

l'on

possède,donton est

-

ouplutôtdontonal'impression d'être propriétaire». Dans les- villesduSud,la sécuritéfoncièren'estpasvraimentassuréeparla propriété du logement: même sielle est vécue comme tellepar certainscitadins, cetersatz depropriéténedonnepas pourautant accèsauxavantagesoffertsparunepropriétéréelle.Les exemples de

mobilité

résidentielle contrainte,

d'éviction

de certains quar¬

tiers qui émaillent les contributions surAbidjan, Delhi, Guate¬

mala ouLeCaire sontlà pourlerappeler.

Ce qui domine à la lecture des contributions, c'est bien l'engouement pour la propriété et sa part de rêve et

d'illusion,

quitte à devoir effectuer des sacrifices importants dans la vie quotidienne,notammentdanslaqualitédu logementet salocali¬

sation.

1.2.

La location, un statut néanmoins choisi par certains

Certains ménages renoncent volontairement à la propriété:

« lalocation n'estpasforcémentsubie,

ni

pathologique»,comme

l'écrit

F.DureauàproposdeBogota.

(9)

Estimantlessacrifices entermes de localisation trop grands, certains ménages aisés préfèrent louer dans un «bon quartier central »deBogota,deParisou de Sâo Paulo.C'est la primeàla centralité,àl'accessibilitédeséquipements.Dans lesmétropoles latino-américaines où existeune

offre

locativebon marchédans le centre ancien dégradé,lesélitesurbaines

n'ont

pas

l'

exclusivité dececomportement: denombreuxménages modestespréfèrent aussiresterenlocationdans lesquartierscentraux, mêmeau

prix

d'unetrèsfortepromiscuitédanslelogement.

Certaines stratégiesmigratoires

privilégient

aussiclairement lalocation.

À

Paris, certainsprovinciaux ou étrangers préfèrent louer

-

éventuellementdansdesconditions

difficiles -

ou rester dans le parc

locatif

social, afin de

pouvoir

investir « au pays ».

Leurchoixestdoncd'acheterdansleur région, làoù

ils

ontleurs attaches.Même

s'il

dureplusieursannées,voire plusieursdécen¬

nies, «le séjouràParisestvécucommeuneétapetransitoire»

l.

Ce type de comportement se retrouve dans d'autres régions du monde,commeà

Delhi.

Certainssans-abriyoptentpourcemode de vie alors

qu'ils

pourraient louer:

ils

préfèrent

minimiser

les dépenses de logement et detransport à

Delhi

pour épargner et envoyerl'argentàla

famille

restéesurplace.

À partir

desexemples oùlalocationestvraimentunchoix, on peut réellement se poser la question du choix de la propriété.

Quand

la

propriétéestlargementdominante(commeàGuatemala ou enEspagne),ouquand existecommeàSantiago une

politique

d'accession sociale

qui

captelademandemêmedesplus pauvres, onpeutsedemanderquelleestlapartdelibertédans leschoixde statutrésidentiel2.

Confirmant lesconclusions de certaines recherches récentes en France, les contributions amènent àprendre de ladistance à l'égard «d'une représentation hiérarchique

d'un

trajet promo¬

tionnelqui vade lalocation àlapropriété,chacun sedéfinissant parrapportà

l'autre

: lespropriétairessontdes "heureux"et les locataires sont inscrits dans un espace sinon négatif du moins

1. BonvaletC. 1990,Accessionàlapropriété etcyclede vie, in BonvaletC, FribourgA.M. 1990, op.cité, 129-137.

2. CulturelloP. 1993,Lepoidsdel'origine etlaforcedela parenté: ladualité familialedans lespratiquesrésidentielles,in BonvaletC, GotmanA.(eds.),op.cité, 111-128.

(10)

qualifié

depurgatoire, enattente dela propriété»

'.

La réalitéest pluscomplexe.

Il

existedans lesmétropoles,deslocataires aisés (d'autres moins) satisfaitsdeleurchoix.

À

Paris,lesecteur

locatif

privérassembleàla

fois

« desménagesàbasrevenusqui

n'ont

pu bénéficierdulogementsocial,desménagesàrevenusmoyensqui

n'ont

pu accéderà

la

propriétéoupréfèrent habiterenzonecen¬

trale, et des ménages à revenus élevés qui font le choix d'être locataires »

(M.

Berger).

Il

existe aussi des propriétaires vivant dans « dessituationsd'entassementextrêmeenacceptantenloca¬

tion

d'appoint

de nombreux petits ménages» (Bamako) et des

propriétaires pauvres « piégés» parl'accessionà

la

propriété et assignés en quelque sorte à ce statut. « On aboutirait alors au paradoxe où, de couronnement d'une "carrière" résidentielle, l'accession à la propriété, dans la mesure où

il s'agirait

d'une

"accession forcée", deviendrait, pour certains, la seule issue

-

voire,danscertainscas,unevoiedegarage.Onest

loin

alorsdela réalisation

d'un

idéal»2.

2. LE TYPE D'HABITAT

La production scientifiqueportant surlesvillesfrançaisesmet souvent l'accent sur

l'attrait

pour la maison individuelle, choix qui

irait

depair (même

s'il

estmoinsmarqué)avecl'engouement pourle statutde propriétaire. Lacompositionactuelledes parcs delogementsetladiversitédessituationsmétropolitainesdenotre corpustendentàrelativiser ceconstat.

2.1.

Maison individuelle,

versus

appartement

À

Montréal

la

maison

individuelle

esteffectivementplébisci¬

tée :lestoursrésidentielles,les

triplex

etlesduplexsontfortement rejetés saufpar les artisans commerçants etouvriers. On assiste cependantàuncertain renversement de tendance chezlesjeunes ménages fortement éduqués.

À

Paris et à Strasbourg, lapart de maisons individuelles dans la construction neuve ne cesse de croître :

l'aspiration

à

la

maison

individuelle

enpropriétéestbien

1. BonvaletC,GotmanA.(eds)1993, op.cité.

2. CulturelloP.1993, op.cité.

(11)

une réalité des comportements actuels. Mais, dans une

ville

commedansl'autre,si

l'on

nepeutnier

l'

importancedelamaison

individuelle

dans lesréférencesagissantsurlescomportements, forceestdeconstater

la

distancequi sépare encorele rêvede la réalité :le parcdelogementsindividuelsdemeuretrès

minoritaire

dans ces villesdu Nord, àMontréal comme àParis (22 %) ou à Strasbourg

(15%).

En revanche,endehorsduCairequi

fait

figure d'exception, la maison

individuelle

correspond effectivement au logement majoritairedanslesmétropolesduSud :ainsi,76%desménages de Sâo Paulo occupent des maisons individuelles en 1991. Les modes de production du logement à

l'uuvre

sont directement responsables decette situation.La verticalisationde

l'habitat,

et son corollaire la production d'appartements en immeuble, demeurentraresdans cesmétropolesoù le processus d'urbanisa¬

tion s'est réalisé à travers une expansion spatiale effrénée. En l'absencedeproduction delogementsocialoud'accès àdes sys¬

tèmes de financement,

l'

auto-construction de la maison indivi¬

duelle correspond auxressources

-

très limitées

-

du plusgrand nombre. « Habitat

évolutif

» comme le désigne H. Menna-Bar- reto à Sâo Paulo, la construction de la maison

individuelle

en matériaux précaires ou plus durables peuts'étalerdans letemps, enfonction desressources, souventirrégulières, des familles.

Il

est possible

d'ajouter

des étages ou des pièces pour loger la

famille

lorsqu'elle s'agrandit

',

pour

y

exercer uneactivitéécono¬

miquecommercialeou artisanale(Hanoï)oupourseprocurerdes revenuscomplémentairesàtraverslalocation : dans despaysoù lamajoritédelapopulationn'apasaccès àdes systèmesd'assu¬

rancechômage,

ni

deretraite,cettepossibilitéjoueunrôle décisif.

Dans les métropoles du Sud, la maison (quelle que soit la qualitéde ses matériaux) estàlafoisaccessible à tous, et dotée

d'un

statutsocial certaindanstoutes les classessociales, ycom¬

prisles classesdominantes. Outresesavantagesstrictementéco¬

nomiques, la maison individuelle constitue aussi souvent le modèlederéférence danslesclassesaisées,traversant les modes, comme à

Abidjan

« depuis les modèles coloniaux

jusqu'aux

1. Latailledulogement peutaussiagirdansunsensinversedurôlequiluiest généralementassigné:pouréchapperàl'hébergementdela parentèle,certainsména¬

gesafricainsfontlechoixd'unlogementdetailleréduite.

(12)

« châteaux »baroquesqui fleurissent

aujourd'hui

»ets'adaptant auxcontraintesdu

jour,

en passant« insensiblement,

d'un

habitat végétalisé visuellementtrèsouvert àdes forteresses sévèrement gardées pardes polices privées» (Ph. Haeringer). Très minori¬

taire à Abidjan, l'appartement de haut ou moyen standing peut êtredansd'autresmétropolesun

choix

plusrépandu :c'estlecas àParis, ou auCaireoù

l'habitat individuel

estinsignifiant,ainsi que, de plus en plus fréquemment, dans certaines métropoles latino-américaines (Bogota, Quito,SâoPaulo).

À

Bogota,l'insé¬

curitéet

l'attrait

pourdes localisationscentrales ontdirectement contribuéà

l'adoption

desappartements destandingquisemulti¬

plient

depuis une quinzaine d'années : la possibilité de disposer d'unerésidence secondaireàlacampagne aégalementparticipé

àcechangementrapidedemodèle

d'habiter

en

ville.

L'ensemble del'espacerésidentielmobiliséau

fil

delasemainepermetàces familles aisées d'assurer à lafoisune vie métropolitaine sûre et sanspertedetempsentransport,etunecertainequalitédeviedans un environnement rural préservé.

C'est

bien l'ensemble de ces composantes de l'espace résidentiel

qu'il

faut considérer pour comprendre les

choix

résidentiels et, dans ce cas, le choix de l'appartement.

Silamaisonconnaîtun telengouementc'estparce

qu'elle

est accessibleauxménages modestes au

Nord

et auSud,ellerépond audésird'espace, elle s'aménage et s'adapteàla situationde la

famille. À

travers la maison,

l'appropriation

de l'espace habité peutseréaliser. Danslescoursvouéesàla locationdeBamako ou dansles

inquilinatos

desanciennesdemeures ducentrehistorique deBogota,les situationsd'entassement extrêmes génèrent«des tensions entrevoisinsquifondentlargementledésird'accéderà sonpropre logement» (F. Dureau).Cet attachementàlamaison etàl'espaceprivéestparticulièrementvisibleàMoscouoù près de22 %desménagespossédaienten 1994unedatchaàproximité de leur logement.

À l'image

desjardins ouvriers en France, les datchasetles garagestransformés en remises ouenateliersdes Moscovites

distillent

« depetitesdosesdeliberté»,comme le

dit

Ph.Haeringer.«Composantesdeleurvie citadine »,ilstraduisent une pratique qui pourrait aussi être mise en évidence ailleurs : d'autres populations citadines ont, comme les Moscovites, des systèmesrésidentielsarticulant plusieurséléments,commenous venons delesignaleràproposdeBogota.

(13)

2.2.

D'autres types d'habitat plébiscités

Le choixdu type d'habitat ne saurait se résumer à la simple oppositionmaison

individuelle

versusappartementenimmeuble, induitepardesréférences auxvilleseuropéennesoùlelogement

se réduit à l'espace habité par un groupe domestique. D'autres types d'habitat dominent les parcs immobiliers de certaines métropoles, tel

l'habitat

decouren

Afrique

del'Ouest,àBamako ouà Abidjan:

il

génèredes pratiquesrésidentielles spécifiques, dessituationsdecohabitationbien décritespar

M.

Bertrand etPh.

Haeringer et des niveaux de densité très élevés. Dans une

« version verticale», les immeubles duCaire et de Hanoï, pro¬

duits par agrandissements successifs,constituentaussiunecaté¬

goried'habitat bien particulière.

Une mention spéciale doitaussi être accordée auxconjuntos cerrados, cousins latino-américains des gated communities anglo-saxonnes :produitescommetelles ouissues delafermeture

d'îlots

demaisonsindividuellespréexistants,cesrésidencespren¬

nentuneplacegrandissantedans desmétropoles duSud(Bogota, Johannesburg, Sâo Paulo). Une place croissante en termes d'espace occupéoudeproportiondepopulation habitantcetype de logement, mais aussi (surtout ?) un modèle deréférence

qui

tend à se généraliser, au-delà des classes dominantes qui

l'ont

d'abordadopté :c'estbien

d'un

nouveau modèled'habiter

qu'il

s'agit, valorisé etreproduit aussidans les couches moyennes et pauvres. Certes,lafonctionsécuritairede cesrésidencesfermées, que nous rappellent C. Bénit (Johannesburg) et F. Dureau (Bogota),estévidente. Danscesvillesaffectéesparuneinsécurité réelle à laquelle les médias ne se privent pas de donner un

fort

écho,ces lotissements sonteffectivementde véritables forteres¬

ses.

À

Delhi, la présencedegrilles nes'associe pas forcémentà unstrict contrôledesmouvements :malassurée,lafonctionsécu¬

ritairesemblesurtoutcéder la placeà

l'autre

fonctionassuréepar cetyped'habitat, lafonctionsociale. Lestatutsocial attaché àce type de résidence est manifeste auCaire comme à Bogota ou à

Delhi :onnesauraity

lire

laseulerecherchedelasécurité.

Cette prégnancede certains modèlesd'habitat, lerôlede ces référencesestbien unedimensionuniverselle,auNordcommeau Sud :àtraverslelogement,c'estlestatutsocialque

l'on

vise,mais aussi l'idée de se «conformer aux normes dans

l'espoir

d'une régularisationultérieure»,commele signalePh.Haeringeràpro-

(14)

pos delareproductionde

l'habitat

decour (formule qui trouveson origine dans les lotissements administratifs) dans les quartiers irréguliers du nord

d'Abidjan.

En adoptant la morphologie, on espèreacquérirle statut :social etjuridique.

3.

LA LOCALISATION

De multiples configurations et critères sont susceptibles d'intervenir dans les choix de localisation ; il est aussi parfois

difficile

dedissocier cetattributdu logementdesautres caracté¬

ristiques (type etstatut), considérés précédemment. Lalocalisa¬

tion

n'est-elle pour autant qu'une « simple variable-relais, un simple instrument permettant de faire varier d'autres para¬

mètres »comme

l'affirmait

J.Brunl àproposdela France ?

3.1.

La localisation, variable polysémique par

excellence Leschoixde localisationdulogementfontdirectementréfé¬

rence aux structures urbaines, àla

distribution

duparc deloge¬

mentsdans l'espace métropolitain relativementauxautres com¬

posantes dela

ville

(emplois, commerces, équipements,espaces verts, etc.).La diversitédescontextes métropolitainsconsidérés danscetouvragejoue doncpleinementsurcettecomposantedes

choix résidentiels. Très bien mises en évidence par l'exercice comparatif, maistropsouvent omises parles contributions indi¬

viduelles, la

taille

des villes, et son corollaire l'accessibilité des

lieuxdela

ville,

sontlespremiersfacteurs àprendreen considé¬

ration. Leschoix delocalisation interviennentd'autantplusque l'accessibilité n'estpas assurée surl'ensembledelamétropole:

etcela dépendàlafoisdelatailledela

ville

etdel'amplitudedes inégalitésquilatraversent.

Mêmesi

l'on

neconsidèrequeladistributionde

l'emploi,

qui

influe

directement sur lesnavettesdomicile-travailetsur la place de ce facteur dans les choix résidentiels, les situations sont très contrastées : àl'extrêmeconcentrationde

l'emploi

de SâoPaulo oude Bogota, s'oppose la dispersion des activités économiques

1. BrunJ. 1990,Mobilitérésidentielleetstratégiesdelocalisation,in BonvaletC, FribourgA.M.,op.cité, 299-312.

(15)

deDelhi, qui«

facilite

lerapprochement entrelieuderésidence et lieu detravail».Lesrelationsentrele statut dulogement,sontype etsalocalisation

diffèrent

aussigrandement selonlesvillesetsont actuellement soumisesà deprofondesmodifications. Reléguéen périphériedans les métropoles latino-américaines,

l'habitat

illé¬

galestdisperséà

Delhi

surl'ensembledu

territoire

métropolitain, y compris le centre. On pourrait aussi citer le mouvement de périphérisationde

l'offre

locative,incontestablement plusrapide dans les villes

d'Amérique

latine et

d'Afrique

il

est

lié

au processus deconsolidationdesquartierspopulaires,quedansles villeseuropéennes.

Enfin,le degréde

fluidité

dumarchédulogementvarieégale¬

ment sensiblementd'une métropole àl'autre. Des contextes de marchés du logement peu fluides, où la

mobilité

est néces¬

sairement réduite, laissentune faiblemarge deman'uvre dans les choix de localisation. Les villes de Hanoï et duCaire, où

A.

Debouletparle«

d'immobilité

résidentielle contrainte»,illus¬

trentdefaçonextrême unetellesituation,quiimposel'adaptation in situ du logement.

À

un degrémoindre, lecoût du logement à Paris conduit àune relative stabilité résidentielle des Parisiens, comparativement à celle observée dans les autres villes fran¬

çaises ; à Sâo Paulo, la stabilité résidentielle encouragée par l'accession à la propriété se conjugue à l'extrême instabilité de

l'emploi,

générant de longues navettes quotidiennes. Dans un contextederestriction delamobilité résidentielle, lespotentiali¬

tésoffertesparles

lieux

del'espacemétropolitaindeviennent,de

fait

inaccessibles à la population qui

n'y

habite pas déjà; et la populationassignéeàsonlogementnepeutquesubir

l'évolution

de saposition relativedans un espacemétropolitainen transfor¬

mation.

Ne considérer quela position relativedulogementparrapport aux seulsélémentscommuns,partagéspar

l'

ensembledelapopu¬

lationmétropolitaine, revientàomettrel'ensemble deséléments structurantsindividuels etfamiliaux (parexemple, lalocalisation delaparentèleet,defaçonplus générale,lesréseauxderelation) et

l'

espace-tempspropreauniveau de ressources de chacun et à son mode de vie. L'analyse des choix de localisation se heurte justementàdes

difficultés

spécifiques

qui

résidentdans lecarac¬

tère non univoque de

l'attractivité

des

lieux

pour les habitants d'une même métropole, contrairement aux autres attributsrési¬

dentiels évoqués précédemment(statut,typed'habitat). Outre le

(16)

caractèresocialementdifférenciédel'usagedes

lieux

etdesmobi¬

lités, intervient la structuration del'espaceproduiteparlesrela¬

tions sociales propresàchaque

individu

: pourtouthabitant, les

lieux

dela métropolene sedifférencientpas seulementparleur offre en matière de résidence,

d'emploi,

d'éducation, de com¬

merce, deservices, etc., maisaussiparlesrelations socialeséta¬

blies avecleshabitantsdeceslieux,parleurconnaissanceacquise parfoisdèsl'enfance.

Les choix de localisation sont, enfin, porteurs de sens: la localisationestconsidérée commelesigned'unepositiondansla société, et à ce

titre

peutjouer le rôle d'une

vitrine

sociale. A

contrario,

dansune

ville

tellequeHanoï,trèshomogèneentermes destatut, cettefonctiondereprésentation socialedela localisation

nepeuts'exercer, alors quedanslesautresmétropoles asiatiques,

« lesdifférentiels derésidenceétaientdes faitsdesociétéfondés surdescritères statutaires attribués ou acquis »(H. Schenk).

Il

est

d'ailleurs

intéressantdenoter lerôle

joué

parcertainspionniers, dont les choix résidentiels inédits conduisent àchangerl'image

d'un

quartieretàrendreacceptablescertaineslocalisations:c'est ainsi que le sud traditionnellement populaire de Bogota est devenu en quelques annéesune option résidentielleadoptéepar plusieurs dizainesde

milliers

deménagesdeclassemoyenne.

3.2.

Le choix d'un rapport

à

la métropole et d'un environnement

Si

l'on

s'en tientàunelecturedes structures métropolitaines faisantabstractiondesdivisionsdel'espacepropresà

l'individu,

on

voit

alors bien, en lisant les contributions, deux modèles s'opposer :

l'un

rejetantlecentre,

l'autre

levalorisant.

Danslepremiermodèle(Montréal,LeCaire,Bamako, Mum¬

bai, Delhi, Santiago),les cadresetlesfamillesaisées rejettent le centre ville, qui est alors habité par les plus pauvres dans des logements anciens etdégradés, dessquats, des bidonvilles, etc.

L'éloignement

ducentre correspondàunerecherchedequalitéde vie, à un besoin de natureetd'espace: la périphérie estchoisie délibérémentpour la qualitédel'environnement

qu'elle

peutpro¬

curer.

À

Bogota, à

Delhi

ou à Santiago, soumises à de fortes pollutionsatmosphériques,desménages aisés,motorisésetayant souvent unecertaineliberté d'horaires, choisissentd'habiterdes

(17)

secteursdeplusenpluséloignés. Dans cechoixsouvent

formulé

pardejeunes couples avecdesenfantsen bas âge,s'exprimeaussi souventunevolontéde

privilégier

laviede

famille. Il s'agit

aussi de se protéger, soi et les siens de la violence et de

l'invasion

urbaines : on construit à Johannesburg, des gated communities protégéespardehautsmurs,àSâoPaulodesensemblesfermésde maisons individuelles

offrant

à la fois la sécurité et des

loisirs

protégés. Dans toutes lesmétropoles seconstruisentdes lotisse¬

mentsrésidentiels àla périphériede haut etmoyen standing

qui

répondent à la demande des familles aisées, au désir d'être

«entre-soi ».

Il

se construit aussi en périphérie des lotissements pour les ménages modestes et pauvres.

L'éloignement

est la plupart du temps le

prix

à payer pour devenir accédant.

À

Santiago où la politiquefavorisel'accessionàlapropriétédespauvres,desquar¬

tiers entiers se construisent de plus en plus

loin

de la

ville.

La périphérie des métropoles accueille aussi les plus pauvres qui trouvent làdesparcellespourl'auto-construction,auxdépens des conditionsdelogement :

il

s'agitsouventdeterrainssansinfras¬

tructure, situés dans des zones à risques.

À

Bogota comme à Guatemala, laproductioninformelle delogements s'exercetout particulièrementdanslescommuneslimitrophesoùla réglemen¬

tation est moindre ou complètement absente. Cette production informelleseretrouvedanspratiquementtouteslesmétropoles du Sudàl'exceptiondeSantiagooùlemarché

informel

delaterrene constitueplusunevoie d'accèsaulogement.

Cet éloignement de la

ville,

de son centre et des sources

d'emploi

entraînede longues migrations pendulaires, coûteuses en temps et en argent. Dans certaines métropoles comme Mon¬

tréal ouLe Caire, ladistanceaulieude travail jouepeu dans les choixdelocalisation résidentielle ;et cen'estquerécemment que cefacteur prenddel'importancedans lesmétropoleslatino-amé¬

ricaines.

Mêmesionconstate,pourquasiment toutes lesclasses socia¬

les,unéloignementdu centre,lesinégalitésdemeurent.Denom¬

breuxindicesémaillantlescontributionsconduisent mêmeàfor¬

muler l'hypothèse

d'une

aggravationdes inégalités : la

mobilité qu'implique

une réelle maîtrise des espaces métropolitains ren¬

forceles inégalités sociales,en

particulier

dansles

villes

du Sud où le système de transport estsocialement plus différencié que dans celles du Nord. L'accessibilité devient un facteur clé des

(18)

ségrégationsrésidentielles.Les cadresarriventàmieuxaménager leur temps, se décalent par rapport aux heures de pointe, tra¬

vaillent

à la maison. De plus, ils choisissentd'habiter dans des communes lointaines, mais bien desservies par la route et les réseauxdetransportpublic. Aussilespersonnesquisupportentle plus lesinconvénientsdel'éloignementdu centre sont :

les ménages modestesetpauvres, quideviennentproprié¬

tairesau

prix d'un

allongementdu tempsdetransport:àParispar exemple,les employéset les ouvriers s'installentdans descom¬

munesruralesmal desserviesdela grandepériphérie ;

-

lespluspauvresdesvillesdu Sud,quiont

fui

ladensitédes

bidonvilles

centraux,lesystème despiècesenlocation pourdeve¬

nir

euxaussipropriétairesetsouventpropriétaires-bailleurs,par¬

foisau

prix

de

l'emploi

;

les femmes,

qui

subissent plus fortementcet éloignement (Bogota,Paris) etquipayent le plus chèrement le

prix

del'acces¬

sionàlapropriété ;

-

parfois même les enfantsdont les parentschoisissentmal¬

gréunelocalisation périphériquedelesenvoyerdans des établis¬

sementsscolairesencentre

ville

(Bogota).

Parallèlementàcepremier modèle résidentiel,onconstate

ici

et là une résistance aux mouvements centrifuges. Dans ce deuxièmemodèlerésidentiel, lecentreestvalorisé: laproximité des

lieux

de travail etdes équipements, notammentdes équipe¬

ments scolaires, est recherchée. Chez les cadres supérieurs et moyensdeParis, SâoPaulo, Bogota, Guatemala, onvoit eneffet une tendance se dessiner qui donne un

prix

à la centralité et à

l'accessibilité.

À

Paris, les cadres quittent moins la capitale qu'auparavant ; à Sâo Paulo, àSantiago etàBogota on observe également unintérêtgrandissantpourle centre.Avec l'augmen¬

tationdela

bi-activité

des ménageset lesdysfonctionnements du système de transport, le rapprochement du lieu de travail com¬

mence à

intervenir

fortementdans leschoixdelocalisationrési¬

dentielle des familles aisées de certaines villes latino-améri¬

caines,commeBogota.Lesclassesfavorisées

n'ont

d'ailleurspas lemonopolede ce

choix

pourlecentreetlaproximitédutravail.

Les immigrés de Paris et deMontréal investissent les quartiers centraux. Comme les sans-abri de

Delhi

déjà mentionnés, les habitantsdecertainsquartiers précaires

d'Abidjan

font«unchoix stratégique :habiterauplusprèsdesemplois(oudesmarchés)et àmoindre frais,enattendant

d'investir

dansd'autres projets».

(19)

Dans de nombreuses métropoles, le dilemme auquel sont confrontéslesménages descouches moyennesetsupérieuresest le suivant: accéder àun grandlogement adaptéà la

taille

de la famille,au

prix

d'une localisationenbanlieue ;oubienrenoncer à un logement plus confortable notamment en terme d'espace, maiscontinueràhabiterdanslecentre,dansun «bon»quartier.

Lechoix pourlecentrecorrespond àunstyledevie urbain dont les variables classiques(âge, positiondanslecycle devie, caté¬

goriesociale)nerendentpastotalement compte. Pourlesfemmes des classes supérieures ou moyennes

qui

désirentconjuguervie familialeetvie professionnelle, lalocalisationconstitue un enjeu essentiel : des femmes très diplômées de Montréal optent ainsi pourlesquartiers ancienspéricentraux.

À

traversunelocalisation, c'estbien lechoix

d'un

modedevie danslastructureurbaine du moment, socialementconstruite, qui s'exprime.Choisirunlieu derésidence, c'estopterpourunrap¬

portàlamétropole,

qui

renvoieàlaposition relativeauseindela structuremétropolitaine (centre/périphérie), c'est-à-direauxres¬

sources de l'espace métropolitainaccessiblesà

partir

d'une cer¬

tainelocalisationdulogementpourunecatégorie sociale donnée.

Choisir un lieuderésidence,c'estaussiopterpourunenvironne¬

ment immédiat : un environnement physique (conditions natu¬

relles,formes urbaines), maisaussiunenvironnementsocial,qui correspondàdifférents enjeuxetautantde stratégies : stratégies affinitairesdesdifférentsgroupessociaux, stratégiesd'ascension sociale recherchéedansuneproximité avecdes classes sociales plusélevées, stratégies sécuritairesde plus enplus affirmées, et stratégiesderegroupement

familial.

Ence sens,lalocalisationest bien unevariable essentielledes stratégiesrésidentielles,tradui¬

santles différenteséchelles des pratiques spatiales des citadins, dont on ne saurait réduire le rôle à celui de relais des autres attributsdulogement.

4. LES RESEAUX DE RELATIONS SOCIALES ET FAMILIALES

4.1.

Le poids

des

réseaux

dansles

choix

de

localisation

L'implantation

géographique

n'obéit

pas seulement aux règles économiques, d'autres mécanismes sont à

l'uvre

: les

(20)

réseauxderelationsontsouventuneinfluencedéterminantedans lechoixdelocalisationrésidentielle.

Au

Caire,

l'origine

géographique etles liens d'appartenance communautairerestentprédominantsdanslalocalisationrésiden¬

tielle, même après plusieurs générations

d'installation

dans la capitale égyptienne. Dansleschoixdelocalisation,la

famille

joue aussi un rôle important dans des contextes métropolitains très divers (Paris, Bogota, Bamako, LeCaire).

À

Bogota, plus on descend dans la hiérarchie sociale, plus le rôle de la

famille

devientdécisif.En Franceonapuconstaterl'existencederegrou¬

pements

familiaux

àl'échelledelacité

HLM l,

duquartieroude lacopropriété. Les jeunes, comme lesouligneM.Berger,décoha¬

bitentsouventà

proximité

dudomiciledesparentspourdéména¬

ger ensuitedanslamêmecommuneou le même département.Ce constats'appliqueégalementauCaireetàBogota où les logiques résidentiellesportentlamarquefamiliale.Dansleschoixdeloca¬

lisation, les réseaux sociaux et

familiaux

apparaissent en effet décisifs. Comme le souligne F. Dureau, ce sont en

fait

« les réseauxderelationssocialesetfamiliales quidéterminent,ausein de1'espacerésidentiel financièrementaccessibleàchaquegroupe social, unespacede

mobilité

résidentielle relativementprécis».

« Lacapacitéàsesuivreetàresterdans le mêmequartier, voire

(...)

àseretrouver,est étonnante»nous

dit

A. Debouletàpropos des familles duCaire. Ce système rencontre néanmoins parfois des limites, évoquées àpropos duCaire, mais observées aussià

Bogota : lorsque le quartier atteint une certaine saturation fon¬

cière et

immobilière qui

nepermetplusla reproductioninterne du

groupe.

La prise en compte des réseaux de relations et des groupes

familiaux

permet demieux comprendre les trajectoires résiden¬

tielles, les choix opérés par les ménages : elle explique aussi certaines résistancesauxgrandestendancesévoquéesprécédem¬

ment(mouvementcentrifuge,accessionàlapropriété).

1. AnselmeM. 1988,Lesréseauxfamiliauxdansle parcHLM,premier constat, inBonvaletC, Merlin P.(eds),Transformation delafamille ethabitat,Paris,INED, DREIF-IDEF/PUF (Coll.TravauxetDocuments,Cahier120),181-187.

(21)

4.2.

La cohabitation,

expressiondes

solidarités familiales

Nous avonslonguementévoquéleschoixrésidentiels,enpar¬

ticulier

celuidelapropriété. Maisdans denombreuses métropo¬

les,enraisondelapénuriedelogementset deterres,deleurcoût, même

lorsqu'il s'agit

de terrains sous-équipés, c'est l'accès au logementquiestproblématique :la

ville

du Caireestsymptoma¬

tiquedecettesituation.Decefait,dansla plupartdesmétropoles, laseulesolutionquiexistepourcertainespopulationsrésidedans lacohabitation,s'exprimantdanslepartagedulogementoudela parcelle.Lepartagedu logementconstitueunepratiquerépandue danscertaines

villes

du Sud ràBogotâen1993,46 %desménages partageaientleurlogement.

Danscettepratiquerépondantàlapénuriedelogementsacces¬

siblesàcertainescatégoriesdepopulation, la cohabitationinter¬

générationnelle occupeuneplaceimportante.En France,onapu observer que la cohabitation intergénérationnelleconstituait un moyen pour les ménages de s'adapter à la crise.

Au

début des années 1950, uneproportionnonnégligeabledéjeunesménages ont ainsi commencé leur vie en cohabitant avec leurs parents.

Dans les années 1960-1970, le marchés'est détendu etlesjeunes ontpuquitterle

domicile

parentaldeplusenplustôt; depuisles années 1980,s'opèreunretournementdetendance avecunretard àladécohabitation(M. Berger).

Selon les villes, en fonctiondes contraintes exercées par les caractéristiquesdeslogements,et desmodalités d'accèsau loge¬

ment, les solidarités familiales qui s'exprimentdans lalocalisa¬

tion des unités domestiques apparentées se traduisent par: des cohabitationsauseindu même logement (Santiago, Hanoï) ;des proximités résidentiellesverticales (lesimmeublesdecollatéraux duCaire) ; desproximitéshorizontales immédiates

(l'habitat

de cour

d'Abidjan

oudeBamako) ou pluslâches(lessystèmes rési¬

dentiels

familiaux

évoquésàproposdeBogota).

Les situations métropolitaines décrites par les contributions mettent enévidence deux modèles decohabitation intergénéra¬

tionnelle.

Dans le premiermodèle, lacohabitation constitue une étape. transitoire précaire en attendant d'accéder au logement, étape transitoirequicorrespondparfoisàunretourchezlesparentsen cas de rupture

d'union.

C'est le cas à Paris, à Bogota, à Hanoï pendantlapériodesocialiste, mais aussiàSantiagooùla cohabi-

(22)

tationentregénérationsesttrèsfréquenteenraisondelarareté de logements bon marché et de l'absence d'occupations illégales :

en 1990 lesallegados (hébergés) représentaient un quart des

famillesnucléaireschilienneset, si

l'on

compteles hébergeants, 40 % des ménagesétaient concernés. Mais,

il

s'agit d'une solu¬

tion précaire, le partagede parcellesou la constructiond'étages ou piècessupplémentairesétantpeurépandus. Dès

qu'ils

lepeu¬

vent, lesjeunes ménages se tournent vers l'accession à la pro¬

priété,trèsencouragéeparlespolitiquesdulogementàSantiago.

On observeàKampaladespratiquesdeconfiagedesjeuneset une forte proportion de personnes à charge àBamako. M. Ber¬

trandparleàcepropos deménages«chargés »,particulièrement chezlesménages propriétaires plus stables.Ces dernierscorres¬

pondent davantageàun deuxièmemodèle:lacohabitationinter¬

générationnelleplus durable,dontLe Caireconstitueun exemple frappant. Lesfamillesaiséescairotesgèlentunlogementpourles enfants, réserventplusieursétagespoureux

(d'où

untrèsforttaux de logements vacants auCaire : 17 % en 1996) ; d'autres parta¬

gent leur parcelle. Le modèle le plus typique étant patrilocal, l'épouse vient habiter au domicile des parents de sonmari ; les

difficultés

de logement du Caire poussent toutefois certains ménagesàréserverunepièceouunappartementàleur

fille.

La cohabitationentregénérationspeutêtre subie.C.Paquette parle de cohabitation «forcée » à Santiago ; à Guatemala, cer¬

tainsjeunesménagesopteront

d'ailleurs

pourdeslogementsdans lespériphéries lointaines, lorsque la cohabitation estjugée trop

difficile. A

Bamako,« lacharge

familiale

reste, en

ville,

constitu¬

tive

delacapacitédeschefsdeménageà

"tenir

rang"» :

difficile

d'échapperàlapression sociale, mêmedanslecontextedecrise économiquequetraverse le

Mali,

constateM.Bertrand.Lacoha¬

bitation peut aussi être le résultat

d'une

stratégie du groupe

familial

dansl'attentederéunir

l'apport

personnelàl'achat

d'un

logement: c'estnotamment lecasàBogota,àMontréalchez les immigrés et surtout au Caire. Dans la capitale égyptienne, les jeunes épargnent pendant letemps dela cohabitation pourrassem¬

bler lasommeconsidérable donnantaccès aulogement,dont bien souvent le mariage dépend. Pourque

celui-ci

sefasse, trois élé¬

mentsdoiventêtreréunis:« accéder aulogementindépendant,le meubleretverserladot ».

La cohabitationentre générationsnereprésenteque lapartie

visible

dessolidaritésfamiliales.Lamobilisationfamilialeautour

(23)

des projets résidentiels est également activée pour trouver un logement (Bogota,

Delhi,

Kampala et Paris) ; pouraccéder à la propriété,àtraversune aidefinancièreoumatérielle, notamment une aide à la construction de la maison; ou pour

choisir

une localisation.

5. ENRÉSUMÉ

En dehors ducasdeHanoïavant 1986,le paneldemétropoles considéré

ici

confirme leconsensus qui sedégageaitdel'obser¬

vation de situations françaises

dix

ans auparavant: tous les auteurs ont souligné l'existence pour les individus même les moinsfavorisés,«d'unefrangeminimaledeliberté permettantle déploiementdestratégiesrésidentielles » x.

Danschacunedes métropoles considérées,la

priorité

donnée auxdifférentsfacteursintervenantdans lesstratégiesrésidentiel¬

les des ménages varie fortement selon les classes sociales : les couches aiséesdontlareproductionpasseavanttout par lalocali¬

sationsacrifientplus facilement la propriété, tandis que l'acces¬

sionàlapropriétédelamaison

individuelle

joueunrôleprimor¬

dialpourlesclassesmoyennes.

Les inégalités s'accentuent à

l'échelle

métropolitaineet les choixrésidentiels semblent trèsréduits pourles plus modestes :

c'estleplus souventdanslalocalisation au seindes espacesqui leur sont accessibles ques'exprimentleur choix. Mais, commele ditC. Paquette àpropos de Santiago, les familles modestes ont certespeu dechoix,mais elles ont néanmoinsdes stratégiesrési¬

dentielles. Même pour les plus pauvres,

il

existe en effet des stratégiesetla

famille y

estsansdoutepourquelque chose.

1. BrunJ.1990, op.cité.

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