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ITINÉRAIRE DES LÉGENDES BRETONNES

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ITINÉRAIRE

LÉGENDES

DES

BRETONNES

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DU MÊME AUTEUR POÈMES

LES QUATRE MURS DE LA CASERNE (épuisé) . Chiberre.

INTIMITÉS Chez l'auteur.

L'HEURE SUSPENDUE " Les Belles (Fausse anthologie poétique) Lectures ".

En préparation : TROCADÉRO, cher souvenir.

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HENRI WEITZMANN

ITINÉRAIRE

LÉGENDES

DES

BRETONNES

Préface de Louis GUILLOUX Illustrations de Jean MORDANT

HACHETTE

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PRÉFACE

V OICI l'ouvrage d'un homme qui s'est laissé rendre

au piège, ce qui pourrait passer pour une assez mauvaise recommandation si ce piège n'était celui de l'amour.

Qu'est-il arrivé à Henri Weitzmann?

Il est allé en Bretagne, fort innocemment sans doute, comme le font, quand revient la belle saison de l'été, tant de gens qu'on appelle des touristes, ou des Parisiens : il se croyait en vacances. Et l'occasion des vacances devient facilement celle des amourettes.

Mais en fait d'amourette, Henri Weitzmann s'est bel et bien épris.

L'amour vient, dit-on, sans qu'on y pense, mais on devrait pourtant savoir à quoi l'on s'expose. Et ce n'est pas sans raison que, depuis si longtemps, on parle de la Bretagne comme d'un pays tellement singulier qu'il ne ressemble à aucun autre pays de France, comme d'un pays mystérieux et secret sous ses apparences offertes,

capable de sortilèges et d'enchantements.

Et pas d'enchantement dans le sens où l'on répond

" enchanté " à la personne à qui l'on vous présente,

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mais au sens où l'enchantement suppose l'exitence d'un enchanteur.

Il est à croire que Henri Weitzmann se sera trouvé entraîné dans quelque ronde de korrigans, qu'il aura bu un verre avec quelque lutin déguisé en petit mousse, qu'il aura marché, le voulant et ne le voulant pas, mais à mon avis le sachant, sur une herbe magique jetée en travers de son chemin par les sorcières. C'était peut-être en traversant telle lande que je connais bien non loin de Morlaix où les comédiens devraient un jour aller donner quelques scènes de Shakespeare...

Quoi qu'il en soit, ce voyage qu'il croyait banal, et entrepris seulement pour se reposer des tracas et des tumultes de Paris, l'aura conduit à une sorte de destin.

Pris de passion pour ce vieux pays, il n'a plus pensé qu'à y revenir. Il y est revenu cent fois. Il l'a appris par cœur. Il en a parcouru toutes les routes, visité les moindres recoins. Il a parlé avec tout le monde, marins et bergers, paysans et citadins. Il en a fouillé les archives, étudié l'histoire, les mœurs, les légendes, dans un esprit joyeu- sement conquis et ravi de l'être, dans une fidélité parfaite, avec un souci d'érudition qui se trouve partout rafraîchi par ses qualités d'homme vivant et de poète.

Et, journaliste, il s'est mis à raconter ce qu'il appre- nait et découvrait au cours de ses recherches et de ses pérégrinations. L'hebdomadaire breton Le Petit Bleu des Côtes-du-Nord, dont M. René Pleven est le directeur politique, a d'abord accueilli amicalement sa prose.

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C'e st de tout cela — ferveur et amitié — qu'est sorti l'ouvrage que voici.

Il ne s'agit naturellement pas de le résumer. Sa nature même nous l'interdit. Mais ce qu'on peut dire, c'est qu'il est un hommage constant à un objet devenu quotidien, une invitation à entrer, avec son auteur, dans la même complicité, à tomber avec lui dans le cas où il se trouve lui-même et à parcourir dans sa compagnie tous les chemins qu'il a battus.

Quelle générosité de sa part!

L'amour qu'il porte au pays de Bretagne n'est pas un amour jaloux : il veut gagner à son objet le plus d'admirateurs qu'il se pourra. C'est dans ce dessein que Henri Weitzmann s'offre à leur servir de guide..

Cet ouvrage mérite parfaitement d'être appelé un itiné- raire. Rien n'y est oublié. Tout y est conduit et rassemblé avec méthode, exposé, raconté clairement, distribué de manière à satisfaire aussi bien celui qui veut s'instruire, que le voyageur un peu pressé qui n'a que le temps d'un rapide regard.

Mais il peut aussi servir d'initiation à un monde derrière l'apparence du monde, un monde poétique qui n'a rien à voir avec je ne sais quel fatras pittoresque de bonnets de dentelle, de clochers à jour et de binious, ali- ments trop faciles de la chanson de café-concert à pousser sous le costume de la pauvre Bécassine.

Comme on fait tort à notre Bretagne, parfois!

Mais le présent recueil aidera, j'en suis sûr, à dissiper certains malentendus. Là n'est pas le moindre de ses

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mérites. Et le mérite nous paraît d'autant plus grand que l'auteur n'est pas du pays.

Il est bon que ce ne soit pas toujours aux Bretons à défendre leur propre cause et que des amis venus d'ailleurs s'y emploient à leur tour, ayant senti le sérieux des choses, et, sous la légende apparemment vieillie, la pré- sence éternelle d'une forme de l'inquiétude, l'actualité de l'homme sur l'un des plus vieux pays du monde, dont certains disent — à propos de légendes — qu'il servit de refuge aux derniers rescapés de la catastrophe de l'Atlantide.

Je sais bien que dès qu'il s'agit de légendes il semble qu'il ne puisse plus être question de vérité et que nous ne soyons pas très loin de la superstition. Je vois aussi que la logique a fait de très grands progrès depuis que nous ne sommes plus des ignorants et que c'est en se jouant que Monsieur Homais triomphe de l'Ankou. Il faudrait donc croire que les légendes sont mortes ou, en tout cas, qu'elles ont largement fait leur temps, qu'elles ne sont plus pour nous que comme des peaux de serpent aban- données parmi les bruyères de la lande, des objets de musée dignes encore de la curiosité plus ou moins distraite ou hautaine des hommes, mais indignes d'être pris au sérieux. Comme cela serait triste!

Les légendes sont un langage, et l'esprit qui les anime reste toujours vivant, mais il faut savoir et vouloir déchif- frer ce langage, même si parfois cela exige autant de patience qu'il en faut pour déchiffrer une inscription

séculaire gravée dans le granit.

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Elles constituent un langage vivant, transportent des reflets chargés de sens : c'est le langage des images, premier langage de la poésie, si l'on veut bien que la poésie ne soit pas considérée comme un simple divertisse- ment mais comme la forme même de la plus vieille science du monde.

LOUIS GUILLOUX.

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HISTOIRE

PIERRES

SYMBOLES

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LES PIERRES SACRÉES

P des menhirs, des dolmens, des rochers, la Bretagne a le culte des pierres. Partout, dans chaque région, l'une d'entre elles, désignée à l'attention du visiteur, fut le témoin d'un événement séculaire ou millénaire rapporté par tradition orale et qui accrédite les mythes merveilleux.

Les diables, les monstres fabuleux, les fées, les saints ont tous leurs pierres, du Trégor au Léon, de la Cornouaille au Vannetais, des monts d'Arrée aux landes du Méné.

Huelgoat a sa grotte du diable, près de la " pierre tremblante ", lourde de cent tonnes, et qu'une main d'enfant fait osciller. Là où l'eau eSt tumul- tueuse, où le vent s'engouffre en hurlant, le démon eSt évoqué : et ce sont les Rochers du Diable entre Quimperlé et Le Faouët, ou la pierre du Mont Saint-Michel où Satan a laissé l'empreinte de ses griffes.

Les blocs de pierres des monuments mégali- thiques suscitent les légendes, tout comme les vieux chênes druidiques au creux desquels on a placé des

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images saintes. Les divinités latines et gauloises ont fraternisé sur les dallages d'une de ces voies romaines allant de Carhaix à la mer.

Dans la terre de Saint-Jean, autour des pierres qui ont vu les Celtes primitifs glorifier l'Esprit de lumière et de vie : " An Tân! " on célèbre aujour- d'hui le " pardon du feu Et c'eSt à l'abri du menhir qui se dresse dans l'île d'Aval que la fée Morgane sauva et enchanta le roi Arthur...

Près de la " jument de pierre " de saint Ronan, un granit aux formes étranges et colossales attirait autrefois les jeunes épousées et les femmes Stériles qui, désireuses de connaître les joies de la mater- nité, venaient s'allonger sur le roc.

Aujourd'hui les pèlerins de la Troménie se con- tentent de contourner la pierre sacrée, encore que les plus dévots et les gens atteints de maladies ner- veuses y prennent place dans une anfraétuosité du rocher où, dit-on, saint Ronan aimait à s'asseoir pour méditer et contempler l'un des plus beaux sites du monde.

Les pierres attestent les miracles et éternisent les légendes.

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LES SYMBOLES CELTIQUES D la mythologie celtique, Karidwen ou Ker- Doué eSt la Vierge Marie. Son nom signifie " Porte divine " (Ker : porte; Doué : Dieu). Elle eSt la fille de Io, le Père, et l'épouse de Hu, le vaillant.

Son symbole eSt le bouleau, l'image de la beauté, tandis que le chêne personnifie la force de Hu, et l'if la sagesse de Io.

Le dolmen eSt une porte sur le chemin divin, par où passe l'âme humaine allant vers Hu, maître du ciel et dont l'emblème eSt le menhir. Et ce dernier marque la direction d'un des deux solstices, et de son lever solaire.

Lumière, gloire, harmonie, Hu eSt le Râ des Égyptiens, l'Apollon des Grecs. Au long des légendes scandinaves, nordiques, celtiques, il subit de multiples avatars. Tantôt, il eSt le Balder des fjords, tantôt le contemporain du déluge universel puisque c'eSt son fils Avangh-Dhu qui, par la rup- ture du lac Llyon, détermina l'inondation de la Bretagne.

Hu deviendra encore le patron des druides et des bardes parce que, comme Apollon, il eSt philo- sophe et musicien.

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Il eSt le dieu d'Amour qui, sous le nom de Balder, tomba foudroyé par un rameau de gui lancé vers lui par Loki, le dieu du Mal. Ce fut " le plus grand malheur qui jamais arriva aux dieux et aux hommes disent les " Eddas " qui sont les recueils des tradi- tions mythologiques et légendaires des peuples scandinaves.

ESt-ce la raison pour laquelle le gui, plante sacrée des Gaulois, était à la fois respecté et craint?

En tous les cas, si ce parasite orne encore les chênes, les cultivateurs bretons n'hésitent plus à en débar- rasser leurs pommiers.

LA LEÇON DES ENCLOS O VOIT souvent, en parcourant la Bretagne, de très vieux et minuscules cimetières entourés d'une aire de repos où se trouvent groupés l'église, le calvaire, l'ossuaire. On y accède par un portique dont certains, comme celui de Saint-Thégonnec, rappellent les antiques arcs triomphaux.

La présence d'un ossuaire s'explique. Les cime- tières anciens étaient trop petits, et les exhumations étaient fréquentes. On entassait donc les ossements dans des réduits qui, par la suite, sont devenus des

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bâtiments plus vastes et souvent de véritables monu- ments d'art religieux, servant de chapelles funéraires et de reliquaires.

Les calvaires évoquent, sur le granit, les épisodes de la Passion. Ils sont très nombreux, et encore ne comptons-nous pas les dizaines de milliers de croix de chemins simples ou ornées, et les menhirs chris- tianisés. Les calvaires de Tronoan, le plus ancien, datant de la fin du XV siècle, de Pleyben, de Plou- gaStel-Daoulas, de Guimiliau sont célèbres. Mais ce dernier est incontestablement le plus beau.

Chaque calvaire eSt une leçon d'histoire sainte.

Les scènes de la Passion n'y sont peut-être pas entièrement exprimées et certaines représentations échappent parfois à l'esprit le mieux averti.

Mais le folklore et la légende des pays bretons en traversent et émaillent le récit.

C'eSt ainsi que le calvaire de Guimiliau, comme celui de PlougaStel-Daoulas, évoque l'histoire de Catell-Gollet (Catherine perdue livrée aux flammes de l'enfer). La voici :

Catherine était une jeune servante qui menait une existence dissolue. Un jour, elle déroba une hoStie consacrée et la livra au diable qui avait pris la forme d'un de ses amoureux. Condamnée, elle eSt précipitée dans l'abîme, et les supplices infer- naux qu'elle subit sont naïvement évoqués dans de véritables fresques qui, pendant longtemps, ont fait trembler les filles coquettes que le recteur

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d'autrefois, quand il faisait son prêche, menaçait du sort de Catherine.

Ainsi l'histoire bretonne fleurit au milieu de l'Histoire Sainte; saint Yves voisine avec saint Pierre et saint Jean, Milliau, roi de Cornouaille, fait partie de l'imagerie de la Bible et de l'Évangile. Et l'on reconnaît dans l'émouvant enclos de Guimiliau, saint Hervé, l'aveugle, avec son chien et son loup, légende qui se répète sous une autre forme dans l'enclos de saint Thégonnec qui, lui aussi, attela à sa charrette un loup qui avait dévoré son cheval.

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" MONSIEUR " SAINT YVES

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Imprimé en France BRODARD ET TAUPIN Coulommiers-Paris Dépôt légal : n° 2462.

4 7 8 3 2 - 5 - 1 9 5 4

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