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Etude sur le rôle et l impact des services et produits d épargne du secteur informel et des institutions de microfinance en Afrique de l Ouest

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Academic year: 2022

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PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD)

FONDS D’EQUIPEMENT DES NATIONS UNIES

(FENU)

SPECIAL UNIT FOR MICROFINANCE (SUM) MicroSave-Africa/West Africa

DCEG

Dakar Consulting & Engineering Group 103, ave. Peytavin Immeuble Air France 3èétage

B.P. 21460 DAKAR-PONTY (SENEGAL) Tél : (221) 822.35.43 & 822.85.75

Fax : (221)822.35.43

IRAM

Institut de Recherches et d'Applications des Méthodes de Développement 49, rue de la Glacière 75013 PARIS (France)

Tél : (33.1) 44.08.67.67 Fax : (33.1) 43.31.66.31

Etude sur le rôle et l’impact des services et produits d’épargne du secteur informel et des institutions

de microfinance en Afrique de l’Ouest

(Bénin, Burkina Faso, Ghana, Guinée, Mali et Togo)

Tome 1 - Rapport de synthèse (version finale)

Février - Mars 1999

Gilles GOLDSTEIN (IRAM) Issa BARRO (DCEG)

avec la collaboration de Dominique GENTIL (IRAM)

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Sommaire

RESUME... iv

1. AVANT PROPOS ... 1

2. OBJECTIFS ET DÉROULEMENT DE LA MISSION... 2

3. LES ENSEIGNEMENTS DU SECTEUR AUTONOME/INFORMEL... 5

3.1 LA PRÉPONDÉRANCE DU SECTEUR AUTONOME... 5

3.2 TYPOLOGIE ET DESCRIPTION DES SYSTÈMES D'ÉPARGNE DU SECTEUR AUTONOME... 6

3.2.1 L'épargne en nature... 6

3.2.2 La thésaurisation ... 6

3.2.3 Les Tontines... 6

3.2.4 Les banquiers ambulants ... 7

3.2.5 Les clubs "Libériens"... 8

3.2.6 Les caisses de solidarité ... 8

3.3 ESSAI D'INTERPRÉTATION... 8

4. L’ANALYSE COMPARATIVE DES SYSTÈMES FINANCIERS DÉCENTRALISÉS... 14

4.1 LA TYPOLOGIE DES RÉSEAUX... 14

4.2 ANALYSE COMPARATIVE DES RÉSEAUX... 15

4.2.1 Les réseaux de type 1 ... 18

4.2.2 Les réseaux de type 2 ... 24

4.2.3 Les réseaux de type 3 ... 28

4.3 LES DISPOSITIFS AU GHANA... 30

5. LES PRODUITS ET LES SERVICES D’ÉPARGNE... 32

5.1 LES CATÉGORIES DE LÉPARGNE... 32

5.1.1 Catégorie 1 : l’épargne volontaire... 32

5.1.2 Catégorie 2 : l’épargne obligatoire ... 35

5.1.3 Catégorie 3 : l’épargne liée à un service particulier... 38

5.1.4 Le coût de collecte de l’épargne ... 39

5.1.5 Analyse des produits et des services d’épargne... 39

6. LES FACTEURS EXPLICATIFS DU DÉVELOPPEMENT DE L’ÉPARGNE... 42

6.1 LES MOTIVATIONS POUR ÉPARGNER... 42

6.2 LES DÉTERMINANTS DE LÉPARGNE... 45

6.3 LES LIMITES AU DÉVELOPPEMENT DE LÉPARGNE... 50

6.4 STRATÉGIES ET INCITATIONS POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LÉPARGNE... 51

7. LE RÔLE ET L’IMPACT DE L’ÉPARGNE... 56

7.1 LA STRATÉGIE DÉPARGNE AU NIVEAU DES BÉNÉFICIAIRES... 56

7.1.1 La stratégie d’épargne des femmes ... 56

7.1.2 La stratégie d’épargne des hommes... 57

7.2 LE RÔLE ET LIMPACT DE LÉPARGNE POUR LES BÉNÉFICIAIRES DES SYSTÈMES... 58

7.3. L’ÉPARGNE DANS LE PROCESSUS DINSTITUTIONNALISATION... 58

7.4 LE LIEN ENTRE ÉPARGNE ET PAUVRETÉ... 60

(3)

ii

8. LES RECOMMANDATIO NS ET LES PROPOSITIONS POUR DE NOUVEAUX PRODUITS ... 64

8.1 AUGMENTER LE TAUX DINTÉRÊT EST-IL UNE SOLUTION ?... 64

8.2 LES NOUVEAUX PRODUITS... 64

8.3 LES NOUVELLES ALLIANCES... 65

8.4 SYSTÈME DINFORMATION ET DÉTUDES... 65

9. CONCLUSION... 67

TABLEAUX

TABLEAU 1 - LES SYSTEMES FINANCIERS DECENTRALISES RENCONTRES LORS DE LA MISSION TABLEAU 2 - LE POIDS DES SFD PAR RAPPORT AU SYSTEME BANCAIRE ET A LA POPULATION ACTIVE TABLEAU 3 - LA SITUATION DE LA CNE PAR RAPPORT AUX SFD

TABLEAU 4 - SITUATION DES DISPOSITIFS DE TYPE 1 - LES GRANDS RESEAUX MUTUALISTES

TABLEAU 5 - SITUATION DES DISPOSITIFS DE TYPE 2 - LES RESEAUX MUTUALISTES AVEC LIGNES DE CREDIT TABLEAU 6 - SITUATION DES DISPOSITIFS DE TYPE 3 - LES SYSTEMES AVEC CREDIT PREALABLE ET EPARGNE TABLEAU 7 - LA SITUATION DES SYSTEMES DE CREDIT AU GHANA

TABLEAU 8 - LES CARACTERISTIQUES DE LEPARGNE A VUE TABLEAU 9 - LES CARACTERISTIQUES DE LEPARGNE A TERME TABLEAU 10 - LES CARACTERISTIQUES DE LEPARGNE OBLIGATOIRE

TABLEAU 11 - LE DEGRE DIMPLANTATION DES PRINCIPAUX SYSTEMES VISITES

ANNEXES

ANNEXE 1 -TERMES DE REFERENCE DE LA MISSION ANNEXE 2 - PROGRAMME DE LA MISSION

ANNEXE 3 - LISTE DES PERSONNES RENCONTREES ANNEXE 4 - BIBLIOGRAPHIE

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LISTE DES SIGLES

AFD Agence Française de Développement.

BAD Banque Africaine de Développement.

BCEAO Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

BOAD Banque Ouest Africaine de Développement.

BNDA Banque Nationale de Développement Agricole.

CANEF Centre d’Appui Nutritionnel et Economique des Femmes.

CBDIBA Centre Béninois pour le Développement des Initiatives à la Base.

CGAP Consultative Group to Assist the Poorest CMG Crédit Mutuel de Guinée.

CNCA Caisse Nationale de Crédit Agricole.

CNE Caisse Nationale d’Epargne.

CRG Crédit Rural de Guinée.

CVECA Caisse Villageoise d’Epargne et de Crédit Autogérée.

DCEG Dakar Consulting & Engineering Group.

FAARF Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes.

FECECAM Fédération des Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel.

FENACREP Fédération Nationale des Caisses Rurales d’Epargne et de Crédit.

FENU Fonds d’Equipement des Nations Unies.

FUCEC Fédération des Unions Coopératives d’Epargne et de Crédit.

IRAM Institut de Recherches et d’applications des Méthodes de Développement.

MSA MicroSave - Africa

ONG Organisation Non Gouvernementale.

PARMEC Projet d’Appui à la Réglementation sur les Mutuelles d’Epargne et de Crédit.

PASSEF Projet d’Association et d’Entraide des Femmes.

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement.

RCPB Réseau des Caisses Populaires du Burkina.

ROSCAS Rotating Savings and Credit Association.

SA Société Anonyme.

SFD Système Financier Décentralisé.

SOCODEVI Société de Coopération pour le Développement International.

SUM Special Unit for Microfinance.

SYNORSEC Synergie Nord-Sud pour l’Epargne et le Crédit.

UEMOA Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest WAGES Women and Association for Gain Both Economic and Social.

WWBG Women World Banking Ghana.

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iv

Résumé de l’étude

Introduction

L’étude avait pour objectifs de comprendre comment les pauvres épargnent en Afrique de l’Ouest et à partir de l’analyse des services et produits d’épargne offerts aux populations concernées, de voir comment les institutions de microfinance mais aussi les systèmes du secteur informel, répondent à cette question.

Ce travail s’inscrit dans la dynamique engagé par le PNUD et le Département pour le Développement International (DfID) d’œuvrer ensemble à la promotion des services d’épargne pour les pauvres en Afrique par l’intermédiaire d’un projet dénommé MicroSave – Africa.

Afin d’avoir des éléments de comparaison sur les stratégies de mobilisation de la micro- épargne dans les pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, SUM (Special Unit for Microfinance) a décidé de conduire les mêmes études de base en Afrique de l’Est à travers MSA / East Africa et en Afrique de l’Ouest à travers MSA / West Africa.

Cette étude, qui s’est déroulée du 7 février au 10 mars 1999, devait permettre de réaliser une étude comparative sur les pratiques d’épargne en Afrique de l’Ouest. A cet effet, 4 pays de la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) ont été retenus (Bénin, Burkina Faso, Mali et Togo), un pays anglophone (Ghana) et un pays en dehors de la zone franc (Guinée).

Les enseignements du secteur informel

Contrairement aux idées reçues, le secteur autonome de l'Afrique de l'ouest fait preuve d'un très grand dynamisme en matière de mobilisation de l'épargne. Celle-ci ne sert pas seulement à des opérations familiales ou sociales mais satisfait également des besoins liés à des activités économiques.

La finance autonome est un excellent révélateur d'un grand besoin d'épargne, de l'imbrication de celle-ci avec d'autres fonctions économiques (investissement, crédit, assurance) et sociales (confiance, convivialité, proximité,...) et des modalités spécifiques de sa mobilisation. Son adaptation et sa diversité permettent d'atteindre une large gamme de public et de répondre à des motivations multiples. Malgré sa réussite le secteur autonome a cependant des moyens limités et souvent des coûts et des risques élevés.

Ceci rend d'autant plus nécessaire le développement d'un secteur intermédiaire, qui s'adresse, pour l'essentiel au même public, mais qui vient compléter et amplifier les services financiers demandés, en principe à moindre coût et à moindre risque.

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L’analyse comparative des systèmes financiers décentralisés

Des principales évolutions constatées au cours de ces dernières années, quelques idées- forces se dégagent.

• L’épargne continue à croître à un rythme très rapide dans les réseaux de Coopec. Il est presque toujours supérieur à 20% par an pour les plus anciens (20 ans) et de l’ordre de 30 à 40% pour ceux de moins de dix ans. Mais cette croissance est plus extensive (c’est le nombre d’épargnants qui augmente) qu’ intensive (l’épargne moyenne par membre n’augmente que faiblement).

• Grâce à des innovations en termes de produits (comme le tout petit crédit aux femmes de la FECECAM) ou en terme d’organisation (4ème dimension au Burkina) ces réseaux étendent leur sociétariat. L’épargne préalable n’est plus un dogme, ce qui permet d’atteindre un nombre croissant de femmes.

• Au delà des Coopec, tous les autres réseaux s’intéressent d’une manière croissante à l’épargne. Dans les zones peu développées ou avec des populations urbaines ou rurales à faibles revenus, l’épargne est la ressource essentielle, même si elle est complétée par des refinancements.

• Même dans les réseaux qui ont démarré par le crédit et qui ont une clientèle majoritairement féminine, la collecte de l’épargne volontaire ou par prélèvement sur le crédit, s’intensifie.

L’épargne apparaît donc de moins en moins comme une fonction réservée aux couches moyennes et aux hommes.

Les produits et les services d’épargne

Les principaux produits et services d’épargne offerts par les réseaux en Afrique de l’Ouest semblent avoir été généralement guidés par les besoins des populations cibles soucieuses avant tout de mettre leurs économies dans un lieu sûr et de pouvoir les retirer, partiellement ou en totalité, dès qu’elles le désirent. Ce sont des produits peu sophistiqués et bien adaptés au contexte socio-culturel des zones d’implantation caractérisées par un faible niveau de scolarisation et de faibles revenus.

Les réseaux ont très peu diversifié leurs produits d’épargne, mais cela ne semble pas avoir limité pour autant leur capacité de mobilisation de l’épargne, celle-ci s’étant accrue au cours des dix dernières années. Ainsi, il semble que les quelques produits actuels soient suffisants pour la grande majorité des sociétaires. Mais le financement des crédits à moyen terme va exiger maintenant la création de nouveaux produits d’épargne longue, qui intéresseront sans doute davantage les nouveaux usagers plutôt que les sociétaires.

Les facteurs explicatifs du développement de l’épargne

La motivation essentielle de l’épargne reste, dans tous les réseaux, l’accès au crédit, même si d’autres motivations (sécurité, précaution,...) existent.

Les volumes d’épargne collectée tiennent beaucoup au type de clientèle des réseaux (urbaines ou rurales, absence ou présence de fonctionnaires et de gros commerçants, particularité du public féminin, zone d’implantation) mais aussi à la politique de crédit, au climat de confiance et à la possibilité d’accès à un refinancement. Le taux de rémunération de l’épargne semble, pour le moment, rester un facteur secondaire.

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vi

Des stratégies d’incitation et de développement de l’épargne commencent à se mettre en place mais reposent davantage sur une extension de nombre de caisses et de membres que sur des nouveaux produits ou des alliances avec le secteur autonome.

Le rôle et l’impact de l’épargne

Les stratégies d’épargne des hommes et des femmes sont très différentes. Les femmes utilisent à la fois le secteur intermédiaire et le secteur autonome et arbitrent à tout moment entre besoins de consommation, besoins sociaux et activités économiques.

Outre son intérêt économique pour les bénéficiaires, l’épargne joue un rôle décisif pour l’institutionnalisation des systèmes, en leur fournissant des ressources autonomes à moindre coût.

Contrairement aux idées reçues, l’épargne avec les nouvelles pratiques actuelles, n’est plus un frein à l’accès aux SFD. Grâce à un effet de levier, elle donne accès au crédit pour développer les activités économiques des sociétaires/clients. Elle permet également de mieux faire face aux risques. Cependant certaines catégories sociales, comme les hommes pauvres, ont beaucoup de difficultés, pour le moment, à accéder aux SFD.

Les recommandations et les propositions pour de nouveaux produits

Même si, jusqu'à présent, du fait de la croissance forte et spontanée de l’épargne dans tous les réseaux, il n’était pas indispensable d’avoir une stratégie précise de mobilisation, cette situation est en train de changer, notamment du fait d’une concurrence accrue entre les différents acteurs des systèmes financiers décentralisés.

Inventer de nouveaux produits et développer des alliances avec le secteur autonome et le secteur bancaire sont des voies à explorer. Par ailleurs, l’amélioration des systèmes d’observation et d’études, devrait permettre d’affiner les stratégies et d’en suivre les effets.

Conclusion

De cette analyse rapide menée auprès des principaux systèmes financiers décentralisés de six pays de l’Afrique de l’Ouest, quelques tendances fortes semblent se dégager de l’évolution de ces dernières années.

• Les systèmes bancaires continuent, sauf rares exceptions, à être extrêmement concentrés dans les capitales et les grandes villes secondaires et à être sélectifs sur la clientèle. Dans la majorité des cas, plus de 90% de la population sont exclues des banques.

• Le secteur autonome/informel est toujours aussi vivace et l’immense majorité de la population y a recours. C’est un excellent révélateur de la demande réelle et des normes économiques et sociales appropriées. Malgré son adaptabilité et son inventivité, ses moyens restent relativement limités et ses services souvent coûteux et parfois risqués.

• Le secteur intermédiaire des systèmes financiers décentralisés (SFD) ou de la microfinance se développe et se diversifie. En renonçant, dans certains cas, à l’épargne préalable et en créant de nouveaux produits ou d’autres formes d’organisations, ils arrivent à atteindre une part croissante du public féminin.

Les autres types de SFD mobilisent de l’épargne locale et la complètent par un refinancement externe ou utilisent au départ des lignes de crédit mais développent de l’épargne concomitante. La croissance est également soutenue dans ces deux autres

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types de systèmes.

• Alors que les produits de crédit sont relativement diversifiés, les produits d’épargne, volontaires ou plus ou moins obligatoires, sont peu nombreux et peu sophistiqués. Les dépôts à vue restent prédominants. La législation PARMEC entraîne cependant une réflexion et un début d’expérimentation sur l’épargne longue.

• La motivation essentielle de l’épargne est l’accès au crédit. Les volumes dépendent beaucoup des catégories sociales et des zones concernées. Le taux de rémunération reste, pour le moment, un facteur explicatif secondaire.

• Avec les formes diversifiées de collecte de l’épargne, celle-ci ne constitue plus un obstacle pour les populations “ pauvres ” d’accéder aux SFD. L’épargne, même minime au départ, permet aux pauvres d’avoir accès au crédit, à une masse d’argent critique nécessaire à la création ou à la consolidation d’activités génératrices de revenus et à la limitation de leurs dépendances externes.

• Un effort important reste à faire pour développer de nouveaux produits, passer de nouvelles alliances avec le secteur autonome et avec le système bancaire et mieux comprendre les pratiques de l’épargne selon les catégories sociales.

La majorité des pays d’Afrique de l’Ouest connaît une certaine stabilité monétaire et a une longue tradition de mobilisation de l’épargne. Avec les innovations récentes des anciens réseaux et avec les nouvelles approches n’exigeant pas une couverture totale des crédits par l’épargne, les nouvelles institutions financières peuvent atteindre les différentes catégories sociales, même celles à revenu limité.

Outre son intérêt économique, travailler avec l’épargne des membres, usagers ou bénéficiaires permet à ceux-ci de maîtriser, au moins partiellement, leurs institutions financières et de veiller à l’adaptation des produits et services selon leurs propres critères.

Le refinancement, par le secteur bancaire ou par des financements extérieurs, se fait sous une forme contractuelle et non par une imposition des normes de “ ceux qui viennent avec l’argent ”. Et le pouvoir de décision reste sous le contrôle des “ usagers ” et non des apporteurs de capitaux qui voient parfois dans la microfinance une occasion de réaliser avant tout des profits.

Mais ces avantages ont aussi leurs limites et leurs revers : rôle trop important des sociétaires conduisant à des politiques hasardeuses de crédit, difficultés de faire face aux impayés, manque de rigueur de gestion, difficultés de prendre à temps les décisions douloureuses, conflits entre sociétaires et techniciens,... Les crises de certains systèmes au Burkina Faso (UCECB) et en Guinée (Crédit Mutuel) et les difficultés rencontrées actuellement par certains réseaux anciens montrent qu’il n’est pas suffisant, pour être efficace, de travailler avec les propres ressources de la population et d’avoir une approche mutualiste.

(9)

1. AVANT PROPOS

L'Afrique de l'Ouest est réputée pour l'ancienneté de ses réseaux de coopératives d'Epargne et Crédit (Ghana en 1956, Togo en 1969, Burkina en 1972, Bénin en 1975...) et pour la vigueur et la diversité de son secteur autonome/informel (tontines, banquiers ambulants, caisses de solidarité, clubs d'investisseurs,...).

Mais cette richesse d'expériences est relativement peu connue et peu appréciée. Aucun Réseau Coopec ne figure dans le "Top 21", soit les 21 institutions du Microfinance Network, considérées comme "Modèles" des "meilleures pratiques", à vocation universelle.

Cette situation a de multiples explications. Une des principales est sans doute le faible intérêt accordé jusqu'à présent au secteur autonome/informel et l'image des Coopec comme institutions financières adaptées aux "classes moyennes". L'épargne préalable, à partir de laquelle le crédit peut être octroyé, interdirait aux pauvres et aux femmes, de participer réellement aux Coopec. Si les Coopec ne sont pas un outil essentiel de la lutte contre la pauvreté et ne contribuent pas à la transformation des rapports de genre, elles n'ont donc qu'un intérêt limité par rapport aux grands enjeux définis par les conférences internationales ou le CGAP1.

Cette étude comparative dans 6 pays, même si elle a été effectuée avec des moyens limités, s'efforce de comprendre les évolutions, à la fois des réseaux anciens et des nouvelles formes de la microfinance et de restituer la mobilisation de l'épargne par rapport à son public, à ses motivations, à son importance économique et institutionnelle.

Après une réflexion sur les enseignements du secteur autonome, ce rapport établit une typologie des réseaux, présente les facteurs explicatifs du développement de l'épargne, analyse son impact et fait quelques propositions d'amélioration.

En définitive cette étude cherche à faire tomber quelques idées reçues et à ouvrir de nouvelles perspectives d'analyses et d'actions.

1 CGAP : Consultative Group To Assist the Poorest.

(10)

2. Objectifs et déroulement de la mission

Au sein du Groupe Consultatif d’Assistance aux Plus Pauvres (CGAP), s’est créé depuis 1996, un Groupe de travail “ Mobilisation de l’épargne ” qui s’est fixé comme objectif principal de diffuser les expériences acquises dans le domaine de la mobilisation de la petite épargne et de la micro-épargne. Ce groupe auquel appartient le PNUD a organisé en février 1998 à Kampala (Ouganda), une conférence africaine sur “ l’épargne dans le contexte de la microfinance ” qui a permis des réflexions sur les expériences et stratégies africaines de mobilisation de l’épargne.

Suite à la conférence de Kampala, le PNUD et le Département pour le Développement International (DfID) ont pris l’initiative d’œuvrer ensemble à la promotion des services d’épargne pour les pauvres en Afrique par l’intermédiaire d’un projet dénommé MicroSave – Africa.

Afin d’avoir des éléments de comparaison sur les stratégies de mobilisation de la micro- épargne dans les pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, SUM (Special Unit for Microfinance) a décidé de conduire les mêmes études de base en Afrique de l’Est à travers MSA / East Africa et en Afrique de l’Ouest à travers MSA / West Africa.

MSA / West Africa est logé au sein du Guichet Microfinance pour l’Afrique de l’Ouest, projet du PNUD/FENU/BOAD basé à la BOAD à Lomé, pour réaliser les activités suivantes :

• étude sur le rôle et l’impact des services et produits d’épargne du secteur informel et des IMF en Afrique de l’Ouest ;

• étude comparative des Coopec de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique de l’Est à travers leur stratégie de mobilisation de l’épargne, leurs produits et services, leur clientèle et leur impact ;

• étude sur le rôle des Caisses d’Epargne et des Chèques Postaux dans la mobilisation de l’épargne nationale ;

• organisation conjointe avec MSA / East Africa d’un séminaire bilingue à Kampala ;

• recherche - action en vue de concevoir et de développer de nouveaux produits d’épargne.

Ces activités conduiront au développement d’un programme complet et durable en vue de renforcer la capacité des SFD désireux de fournir des services d’épargne sûrs et de haute qualité aux pauvres.

La mission avait pour objectifs2de :

• faire comprendre et connaître comment les pauvres épargnent en Afrique de l’Ouest ;

• analyser les services et produits d’épargne offerts par les secteurs formel et informel ;

• examiner les termes et conditions de ces services d’épargne (disponibilité, liquidité, coût de transaction, taux d’intérêt, etc.) ;

• analyser les techniques de marketing et de promotion mises en œuvre par les systèmes formel et informel ;

• examiner l’utilisation que les populations pauvres font des différents services et produits d’épargne offerts actuellement ;

• analyser le rôle et la stratégie d’épargne des bénéficiaires des systèmes formel et informel.

La mission devait mettre l’accent sur la diversité des services et produits d’épargne des secteurs autonome (informel) et intermédiaire (systèmes financiers décentralisés) utilisés

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par les populations. Elle devait examiner également les avantages et inconvénients de ces services et produits d’épargne afin de comprendre la manière dont les ménages les utilisent pour gérer leurs revenus et leurs dépenses. Enfin, elle devait analyser aussi les effets de la disponibilité des produits d’épargne et services d’épargne sur le niveau de la demande de crédit et sur la qualité du portefeuille de prêts.

Cette étude, qui s’est déroulée du 7 février au 10 mars 1999, devait permettre de réaliser une étude comparative sur les pratiques d’épargne en Afrique de l’Ouest. A cet effet, 4 pays de la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) ont été retenus (Bénin, Burkina Faso, Mali et Togo), un pays anglophone (Ghana) et un pays en dehors de la zone franc (Guinée).

Les deux consultants qui ont réalisé la mission, ont passé 6 à 9 jours dans les pays concernés3. Le temps imparti pour le travail dans ces pays a permis d’avoir une vue d’ensemble sur la problématique de l’épargne. Il sera nécessaire de compléter cette étude exploratoire par des analyses plus fines notamment sur les questions touchant à l’impact des produits et des services financiers sur la vie et le budget des ménages des populations pauvres.

Dans l’ensemble des pays et dans la majorité des cas, les personnes rencontrées4 appartenant aux SFD (bénéficiaires, élus, gérants, salariés, cadres des réseaux) et aux systèmes autonomes/informels, les consultants spécialistes de la microfinance, les autorités monétaires et financières (Ministère des Finances, Banque Centrale), et les différents responsables régionaux du FENU et du PNUD, ont permis la réalisation de la mission dans de bonnes conditions.

Cependant, le travail au Ghana s’est déroulé dans un contexte assez défavorable, marqué par :

• l’absence de l’Administrateur de Programme du PNUD-GHANA chargé des questions de microfinance et qui aurait pu être une personne-ressource appréciable compte tenu du faible niveau d’informations dont nous disposions sur ce pays au démarrage de la mission ;

• l’organisation et la tenue d’un Séminaire Régional sur la Microfinance (Capacity Building for Microfinance Networks in Africa) les 16, 17 et 18 février et qui a mobilisé les principaux acteurs de la microfinance au Ghana (Ministère des Finances, Bank of Ghana, le Réseau national des Institutions de Microfinance, les dirigeants des Institutions de Microfinance, etc.) ;

• la quasi-absence d’appui logistique du PNUD Ghana.

3 Programme de la mission en annexe 2.

4 Liste des personnes rencontrées en annexe 3.

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Le déroulement de la mission

Après un briefing au siège du Guichet Microfinance de l’Afrique de l’Ouest à la BOAD à Lomé du 8 au 10 février 1999 qui a été consacré à l’élaboration de la méthodologie et à la programmation, la mission s’est rendue du 11 février au 7 mars 1999 dans les pays suivants :

Issa BARRO

• Ghana : du 11 au 19 février 1999

• Guinée : du 20 au 27 février 1999

• Burkina Faso : du 28 février au 7 mars 1999 Gilles GOLDSTEIN

• Togo : du 11 au 18 février 1999

• Bénin : du 19 au 28 février 1999

• Mali : du 1er au 7 mars 1999

Des visites ont été organisées auprès de 21 systèmes financiers décentralisés (liste ci- dessous). Elles ont permis de rencontrer des bénéficiaires, des élus, des salariés de terrain et des cadres des réseaux. Un rapport complémentaire (tome 2) présente la description de chacun des systèmes rencontrés lors de la mission.

Tableau 1 : Les systèmes financiers décentralisés rencontrés lors de la mission

Bénin Burkina Faso Ghana

FECECAM RCPB WWBG

PASSEF LINKAGE CITI SAVINGS &

FENACREP FAARF LOANS COMPANY

CBDIBA AJUMAKO ENYAN

ESSEM

Guinée Mali Togo

Crédit Mutuel Kondo Jigima FUCEC

Crédit Rural Nyésigiso WAGES

YETE MALI MISELI SYNORSEC

CANEF SOCODEVI

An niveau des systèmes autonomes/informels, des membres des tontines et des banquiers ambulants ont été rencontrés par la mission ainsi que le responsable du dispositif nommé Tontine71-96 au Bénin et des bénéficiaires de ce système.

En fin de mission, une restitution au siège du Guichet Microfinance de l’Afrique de l’Ouest a été organisée. Un debriefing avec le Deputy Resident Representative de Lomé s’est déroulé dans les bureaux du PNUD.

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3. Les enseignements du secteur autonome/informel 3.1 La prépondérance du secteur autonome

A côté du secteur bancaire, qui ne concerne qu'une clientèle très limitée et d'un secteur intermédiaire, regroupant les diverses institutions de la microfinance, les activités du secteur financier "informel" ont été longtemps considérées comme relativement marginales et cantonnées à des "affaires sociales", permettant une solidarité pour faire face à des frais de funérailles, de maladie ou de scolarité,... Les pratiques de crédit usuraire étaient censées disparaître grâce à la libéralisation et à la privatisation des systèmes financiers et au développement du crédit "moderne".

Cependant, plusieurs études économiques et sociologiques ont montré l'importance de ce secteur en termes de public et de flux financiers. En général plus de 80% de la population utilisent les services financiers informels et les sommes drainées sont souvent aussi importantes que celles qui passent par le secteur bancaire, comme le montrent plusieurs études comparant les banquiers ambulants et les banques classiques au Ghana5.

Par ailleurs, le secteur dit informel obéit à des modalités bien définies et à des règles sociales souvent très strictes. Le secteur informel est loin d'être "informe". Il est donc sans doute préférable d'utiliser d'autres mots plus appropriés. L'idée de secteur autonome permet de souligner le caractère endogène de ses modalités d'épargne, de crédit et d'assurance, c'est à dire de création et de fonctionnement en dehors de toute intervention extérieure.

Le secteur "autonome" est lui même caractérisé par son extrême diversité. Au niveau de l'épargne, il faut souligner l'importance de l'épargne en nature (grenier, bétail, or, armes, matériel,....) et des garde-monnaies, personnalités riches comme les commerçants ou connues pour leur moralité, comme certains notables, chez qui il est possible de déposer son épargne, sans intérêt. Les prêts personnels, très fréquents, peuvent se faire dans des conditions dites usuraires, avec des taux d'intérêt de l'ordre de 10 à 20% par mois ou à des taux apparemment nuls auprès de parents, voisins ou amis : les prêts peuvent faire l'objet d'autres types de compensations, sociales ou en travail.

5 Ernest Aryeetey, A study of informal finance in Ghana, february 1994.

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3.2 Typologie et description des systèmes d'épargne du secteur autonome.

En un temps si court (environ une semaine par pays), il n'a pas été possible de collecter des informations vraiment nouvelles ou quantitatives sur les différentes modalités d'épargne dans le secteur autonome. Mais la documentation existante permet d'en retracer les principales caractéristiques.

3.2.1 L'épargne en nature

Même si elle est difficilement quantifiable, l'épargne en nature (grenier, bétail, or, armes, matériels et équipements divers) est de très loin la forme prédominante de l'épargne, surtout en période d'inflation ou de monnaie dévaluée. Une de ses caractéristiques essentielles est de pouvoir être revendue facilement en cas de besoin social ou d'opportunité économique. Pour les stocks de céréales ou les achats de bétail, s'y ajoute une motivation forte de rentabilité économique. La vente spéculative ou l'activité d'embouche, malgré certains risques, ont des taux de rémunération du capital largement supérieurs à ceux des banques et des Coopec. Il n'y a donc pas des gisements considérables d'épargne qu'un secteur "moderne" pourrait facilement mobiliser mais une partie pourrait sans doute rejoindre des institutions financières.

3.2.2 La thésaurisation

La fameuse épargne "sous les matelas" et "dans les canaris" est elle aussi difficile à quantifier, même si elle apparaît parfois au cours d'opérations de changement de monnaie (par exemple 1986 en Guinée) ou de billets. Celle-ci est sans doute plus facilement mobilisable, si on arrive à répondre aux deux motivations qui expliquent la thésaurisation : le manque de confiance et le souci de confidentialité.

3.2.3 Les Tontines

Les tontines, d'abord en travail puis en argent ont plusieurs siècles d'existence. Elles restent le socle du secteur financier autonome. Il en existe plusieurs formes :

• Les tontines simples les tontines mutuelles

C’est une forme très répandue notamment chez les femmes ayant ou non une activité génératrice de revenus. Elle a un caractère plus social qu’économique et est basée sur le principe de réciprocité. Son principe général de fonctionnement est le suivant : des personnes habitant le même quartier, le même village ou exerçant la même activité, ou ayant des liens d’amitié ou familiaux décident de constituer ensemble une tontine au sein de laquelle elles vont effectuer des versements périodiques (journaliers, hebdomadaires ou mensuels) ; à des échéances prédéterminées, chaque membre de la tontine va pouvoir lever les fonds ainsi épargnés à tour de rôle ; la tontine s’arrête normalement lorsque chaque membre a levé ses fonds, mais très souvent, les membres peuvent décider d’en mettre en place une nouvelle.

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les Nnoboa groups

Au Ghana, en plus de la tontine mutuelle traditionnelle, il existe une autre forme de tontine que l’on rencontre surtout parmi les paysans en milieu rural : les “ Nnoboa groups ”. Le principe est le suivant : plusieurs femmes s’organisent en un groupe de 15 à 100 personnes et épargnent en numéraire et/ou en nature. Les ressources collectées sont prêtées à certaines d’entre elles qui doivent réaliser des activités génératrices de revenus ; afin de leur permettre d’avoir assez de fonds pour pouvoir rembourser le crédit (principal et intérêts), les autres membres du groupe ont l’obligation d’acheter les produits fabriqués par les bénéficiaires de crédit à un prix supérieur à celui du marché ; en contrepartie, à la fin de chaque journée, les bénéficiaires de crédit doivent déclarer au groupe les bénéfices réalisés. Ainsi, non seulement les Nnoboa groups permettent d’accéder au crédit, mais ils facilitent la commercialisation des produits pour pouvoir rembourser.

• Les tontines complexes la tontine aux enchères

Il existe une forme de tontine dite “ tontine aux enchères ” régie par un principe de spéculation : les membres de la tontine cotisent périodiquement et ces cotisations sont portées à leur crédit ; contrairement à la tontine simple, ici, le tour de chaque membre est défini par l’enchère.

les clubs d’investisseurs

Dans les clubs d’investisseurs, les membres cotisent et peuvent emprunter en cas de besoin, mais ils doivent rembourser avec un taux d’intérêt parfois élevé ; le club peut également prêter à des non-membres à des conditions évidemment plus dures (taux d’intérêt plus élevé). A la fin de la tontine, les membres récupèrent leur épargne majorée des intérêts perçus sur les crédits distribués au prorata de leurs cotisations.

3.2.4 Les banquiers ambulants

On les retrouve en grand nombre surtout au Ghana, au Bénin et au Togo où on leur donne des appellations différentes : susu, yes yes, etc. Ils gardent les économies de leurs clients moyennant une rémunération fixée au préalable et acceptée par ceux-ci. Leur activité est basée sur la confiance dont ils jouissent au sein de la communauté. Dans certains pays comme le Ghana, ils mobilisent environ 70 milliards de cedis (près de 18 milliards de FCFA) et représentent donc un élément important dans la mobilisation de l’épargne nationale. Les banquiers ambulants proposent un seul produit d’épargne : le dépôt à vue non rémunéré, facilement accessible, simple, dénué de toute contrainte en termes de paperasserie et adapté aux préoccupations et contraintes professionnelles des épargnants ; de plus, les banquiers ambulants peuvent consentir des avances à leurs bons clients.

Le système fonctionne de la manière suivante : une personne jouissant d’un certain capital de confiance au sein de son quartier, de son voisinage, etc. propose à quelques personnes de lui confier quotidiennement leurs économies qu’il s’oblige à leur restituer après un mois ; ainsi, tous les jours, à partir d’une certaine heure (par exemple à midi pour laisser le temps à ses clients (es) de réaliser quelques opérations), le banquier ambulant se présente et collecte une somme fixée à l’avance (aussi petite que 100 FCFA ou aussi grande que 5 000 FCFA voire plus) ; cette somme est alors inscrite sur la carte du client au jour de la collecte (c’est cette carte qui sert en fait de reçu de versement et de matérialisation de la

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créance du client) ; après avoir reçu pendant un mois les versements, le banquier ambulant restitue le capital à son client en prélevant un jour de collecte en rémunération du service ainsi fourni et du risque qu’il assume. Le banquier ambulant essaye de minimiser les risques de vol en ouvrant un compte auprès d’une agence de banque proche de son lieu d’intervention dans lequel il reverse quotidiennement les sommes collectées.

Le mode opératoire des banquiers ambulants va à l’encontre de la rationalité économique généralement énoncée en matière d’épargne et de taux d’intérêt, à savoir que la motivation des épargnants est liée au taux d’intérêt pratiqué. Dans le cas des banquiers ambulants, non seulement l’épargne n’est pas rémunérée, mais en plus les clients payent le service d’épargne (une commission égale à un jour par mois de collecte est perçue par ce dernier) ; en payant une commission, les clients s’obligent à épargner chaque jour puisque dans tous les cas la rémunération du banquier ambulant est de 1 jour par client et le client ayant “ sauté ” des jours paye plus cher que celui qui a épargné chaque jour (la commission correspond à 1/30ième si le client a épargné tous les jours du mois, 1/15ième s’il n’a épargné que pendant 15 jours, etc.). Le fait de payer un service d’épargne est éloquent et indique à quel point le besoin d’épargner est grand au niveau des populations.

3.2.5 Les clubs "Libériens"

Dans les “ clubs libériens ”, que l’on retrouve aussi en Guinée, plusieurs personnes créent un club dont les droits d’adhésion sont fixés à 200 FG par “ bras ”. Ils s’engagent à verser, toutes les semaines pendant 52 semaines, une certaine somme d’argent (fixée à 1 000 FG par mois pour un “ bras ”, mais chaque membre peut avoir plusieurs “ bras ” selon ses moyens). L’épargne ainsi accumulée peut être prêtée aux membres selon les conditions suivantes : durée de 4 mois et taux d’intérêt de 20% par mois. Des non-membres peuvent également obtenir des prêts, mais dans ce cas les taux d’intérêt sont plus élevés et les durées de remboursement plus courtes. Il est également possible de réaliser des opérations commerciales avec cet argent (par exemple achat et revente de produits agricoles). En fin d’année, le capital et les bénéfices (intérêts et profits sur les opérations réalisées) sont répartis entre les membres.

3.2.6 Les caisses de solidarité

De nombreuses caisses de solidarité, autonomes ou liées aux tontines ont une fonction d’assurance, notamment pour le cas de décès et de maladies ou pour financer les frais de scolarité. Elles se développent au fur et à mesure que les prestations de l’Etat en matière d’éducation et de santé diminuent. La caisse sociale peut apporter son secours en payant les frais (par exemple le rapatriement des corps de la ville au village) ou en prêtant de l’argent sans intérêt ; mais, dans d’autres cas, ces caisses de solidarité, outre leurs fonctions d’assurance, octroient aussi des prêts, généralement avec intérêt assez élevé, pour développer les activités économiques.

On pourrait bien sûr multiplier les exemples. Le secteur financier autonome se caractérise par la grande diversité de ses fonctions et de ses publics, par sa souplesse et ses capacités d’adaptation. Il permet de voir comment les paysans et les urbains s’organisent sans interventions extérieures : quelles sont leurs priorités, les modes d’organisations, l’imbrication entre économique et social, les coûts et les modes de rémunération, la gestion des risques ?

3.3 Essai d'interprétation

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Le secteur autonome rend un certain nombre de services, parfois limités et risqués, souvent coûteux, à la majorité de la population. Agissant en dehors d'interventions extérieures, il apparaît de surcroît, comme un excellent révélateur de la demande réelle et des modalités pratiques de réponses adaptées. En ce qui concerne l'épargne, plusieurs éléments importants peuvent être relevés.

• Il existe une réelle demande d'épargne.

Si les populations déposent leur épargne, sans rémunération, chez des garde- monnaies ou sont prêtes à payer une commission relativement importante (3% par mois) à des banquiers ambulants, avec le risque non négligeable que certains partent avec l'argent6, personne ne peut nier l'existence d'un besoin d'épargne. De plus, celui-ci vient de toutes les couches de la population, hommes et femmes, urbains et ruraux et atteint, en cumulé, des montants significatifs. A ces montants, on peut encore rajouter l'épargne en nature (bétail, or...) et la thésaurisation, dont les volumes, mal connus, l'emportent de loin sur ceux qui transitent par les systèmes financiers.

• L'épargne "encastrée"7

Dans l'inconscient de tout ancien étudiant d'économie il existe un graphique où la courbe de l'offre de capitaux rencontre la demande de capitaux, avec le taux d'intérêt qui est le facteur explicatif du point de rencontre. Il y a donc deux catégories d'acteurs, ceux qui ont de l'argent et veulent le placer et ceux qui ont besoin d'argent pour investir.

La tontine simple peut représenter la figure emblématique d'un autre mode de comportement. Elle regroupe des membres, en général d'une même catégorie sociale et économique, ayant tous besoin d'une somme importante d'argent. La cotisation égalitaire et régulière des membres permet à chacun, à tour de rôle, de bénéficier du

"tour". Le désir des économistes classiques de ramener la tontine à un air connu (le premier bénéficiaire du tour reçoit un crédit qu'il rembourse en plusieurs échéances et les derniers épargnent) rend méconnaissable la spécificité du phénomène. On n'épargne pas pour placer ses capitaux ou obtenir une rémunération, on épargne pour avoir un crédit ou réaliser un investissement.

Une autre fonction apparaît de plus en plus, c'est celle de l'assurance. En cas de maladie, décès ou autres problèmes, le tour de la tontine sera affecté au membre en difficulté, ou il aura des cotisations supplémentaires ou des caisses de solidarités (pour le rapatriement des corps, pour les maladies, pour l'éducation...) seront constituées à l'intérieur de la tontine. Dans un univers à risques élevés, le besoin d'assurance, de sécurité, reste également très lié à l'épargne.

Dans le domaine économique, l'épargne est donc très liée au crédit, au besoin d'investissement, à l'assurance. L'ensemble est comme une corde à plusieurs brins.

Mais l'encastrement ou l'imbrication ne concerne pas seulement la liaison entre diverses fonctions économiques. Il doit également souligner les rapports étroits entre économique et social. La tontine est tout autant un groupe social, avec ses règles, ses rituels, ses fêtes8 qu'une institution financière. Les règles de base sont fondées sur la connaissance réciproque, la proximité géographique et sociale, la confiance,... Autant de facteurs qui permettent de diminuer les coûts d'intermédiation (besoin d'information,

6 Cf. par exemple : A. Touré , Les petits métiers d'Abidjan, Karthala, 1985.

7 Il n'existe pas de bonne traduction en français pour le mot "embedded" : Imbriquée, enchâssée... L'idée de base soulignée notamment par K. Polyani. " La grande transformation" 1944 (Réédition Gallimard 1988) est de montrer que pendant longtemps la sphère économique n'était pas autonome par rapport aux autres institutions sociales.

8 A. Henry, G.H. Tchente, Ph. Guillerme-Dieumegard, Tontines et banques au Cameroun. Les principes de la Société des amis, Karthala, 1991.

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évaluation des risques, procédures de dépôts, d'octroi et de récupération...) pour reprendre le langage des économistes.

La même analyse pourrait être faite pour les autres modalités (banquiers ambulants, caisses de solidarité...) de la finance autonome.

• Les modalités de l'épargne

Sans être exhaustif, quelques points méritent d'être soulignés :

⇒ L'épargne passe par l'accumulation régulière de petites sommes. Il est possible même quand les revenus sont faibles, d'épargner chaque jour 200 FCFA chez les banquiers ambulants, de cotiser 500 FCFA à sa tontine hebdomadaire ou d'acheter chaque mois quelques briques ou un sac de ciment pour construire sa maison. Ceci sera un réel défi pour la gestion et les systèmes comptables du secteur intermédiaire et explique aussi l'absence d'intérêt des banques pour ce public.

⇒ L'épargne ne se fait pas facilement, spontanément. Elle a besoin d'un certain nombre de contraintes, venues du groupe (les réunions régulières des tontines) ou de l'extérieur (la venue du banquier ambulant). L'épargne de garantie, ou obligatoire prélevée sur le crédit dans certains réseaux (cf Infra), peut donc être acceptée quand les règles sont transparentes et discutées.

⇒ L'"argent ne doit pas dormir". L'expression est très fréquente, surtout dans la bouche des femmes. Les besoins d'investissement économiques, souvent à forte rentabilité, étant nombreux, ou ne va pas épargner pendant plusieurs mois, dans l'attente hypothétique d'un futur crédit. On préférera acheter un animal, transformer des produits agricoles, faire du commerce. C'est certainement une des raisons essentielles, pour le moment, du faible intérêt de la majorité des femmes pour les Coopec classiques.

Si on dispose d'un peu plus d'argent, on laissera cependant une petite partie de son capital, dans la Coopec en sécurité, pour faire face à des imprévus et dans l'attente d'un hypothétique crédit. Ceci explique les comptes inactifs, les seuils d'épargne par membre et aussi la forte croissance de l'épargne quand le crédit devient plus accessible (cf infra)9.

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• L'adaptation aux publics et aux motivations

⇒ Le secteur financier autonome est étranger à l'idée d'une corrélation stricte entre un type d'institution financière et une catégorie sociale prédéterminée, ou, dit plus clairement, d'une institution ou de modalités visant explicitement et exclusivement

"les pauvres".

La tontine est surtout pratiquée par les femmes urbaines, mais elle fonctionne aussi bien chez les hommes, en milieu rural, chez les commerçants, les paysans ou les fonctionnaires. La cotisation peut être minime, de l'ordre de 100 FCFA, mais peut atteindre plusieurs millions chez les gros commerçants Bamiléké. Il est fréquent de participer à plusieurs tontines et de participer à d'autres systèmes, comme les banquiers ambulants, les caisses de solidarité ou les institutions du secteur intermédiaire. Selon l'évolution de son revenu, de son statut ou de l'"environnement", on pourra changer de tontine ou de système financier10.

⇒ La "finance autonome" obéit à des motivations diverses : épargne pour se prémunir contre des risques futurs, pour réaliser un investissement, identifié ou non, très proche ou encore un peu lointain (comme se préparer à la retraite), pour obtenir du crédit, pour réaliser des bénéfices ou obtenir soi-même du crédit (club d'investisseurs). La raison d'être des tontines simples est principalement de permettre aux membres de disposer, à tour de rôle, d’une somme d’argent consistante pour faire face à des besoins d’ordre familial et/ou social. Les tontines complexes ont des motivations tout à la fois sociales et économiques : elles sont mises en place pour permettre aux membres de disposer des fonds selon l’urgence de leurs besoins (dans le cas des tontines aux enchères) ou d’accéder au crédit (dans le cas des clubs d’investisseurs) pour réaliser des activités génératrices de revenus. Les banquiers ambulants quant à eux ont des objectifs purement économiques : en collectant l’épargne de leurs clients, ils recherchent un gain (commission prélevée sur l’épargne). De leur côté, les clients sont guidés par le souci de pouvoir épargner pour faire face à des besoins futurs ; ils recourent aux susu parce qu’il y a un caractère contraignant qui les oblige à épargner malgré les sollicitations familiales et/ou sociales.

⇒ Les stratégies obéissent à une logique sociale ou d’affaires selon les systèmes. Les tontines sont basées sur le sociétariat qui tient compte de critères tels que l’appartenance à une même localité ou une même famille, l’exercice d’une même activité, l’amitié, etc. Elles possèdent une forme de structuration plus ou moins élaborée avec un règlement intérieur (écrit ou non) et un bureau (structures de décision, de gestion et de contrôle). Elles reposent sur le versement périodique (quotidien, hebdomadaire ou mensuel) d’une certaine somme fixée à l’avance et parfois, elles exigent un droit d’adhésion. Elles sont concernées par le devenir de chacun des membres et reposent sur un mécanisme de répartition équitable des ressources (soit tournant dans le cas des tontines simples, soit une répartition en fin de cycle en fonction bien entendu des apports de chacun).

Les banquiers ambulants ont une stratégie toute autre : ce sont des opérateurs individuels qui proposent un service de garde-monnaie à leurs clients sans qu’il soit nécessaire d’avoir un quelconque lien social avec eux. Les relations avec leurs clients sont basées sur la confiance que ceux-ci leur portent et leur possibilité de réaliser des gains. Les opérations se font dans une totale discrétion entre le client et son banquier ambulant. Il peut arriver que le banquier consente des avances à ses

10 Une explication souvent entendue chez les commerçantes de Lomé ou Cotonou, clientes des banquiers ambulants, est que l'affaiblissement de l'observation des règles sociales en ville rendait les tontines difficiles (et notamment la fin du cycle de cotisation).

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clients, mais il est le seul décideur du montant de l’avance, de sa durée et du taux d’intérêt.

Contrairement aux idées reçues, le secteur autonome de l'Afrique de l'ouest fait preuve d'un très grand dynamisme en matière de mobilisation de l'épargne. Celle-ci ne sert pas seulement à des opérations familiales ou sociales mais satisfait également des besoins liés à des activités économiques.

La finance autonome est un excellent révélateur d'un grand besoin d'épargne, de l'imbrication de celle-ci avec d'autres fonctions économiques (investissement, crédit, assurance) et sociales (confiance, convivialité, proximité,...) et des modalités spécifiques de sa mobilisation.

Son adaptation et sa diversité permettent d'atteindre une large gamme de public et de répondre à des motivations multiples. Malgré sa réussite le secteur autonome a cependant des moyens limités et souvent des coûts et des risques élevés.

Ceci rend d'autant plus nécessaire le développement d'un secteur intermédiaire, qui s'adresse, pour l'essentiel au même public, mais qui vient compléter et amplifier les services financiers demandés, en principe à moindre coût et à moindre risque.

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LE SECTEUR INTERMEDIAIRE

Le secteur intermédiaire s'est créé progressivement pour assurer des services financiers aux populations exclues des systèmes bancaires classiques. Ces services sont la résultante d'une intervention extérieure et d'une implication plus ou moins forte de la population bénéficiaire. Les systèmes financiers concernés ont actuellement des formes de reconnaissance juridique très diverses : projets, ONG, institutions mutualistes d'épargne et de crédit, institutions financières spécifiques ou spécialisées (IFS), ou intermédiaires (IFI)... Certains ont un statut temporaire (projet) d'autres rentrent dans la Loi bancaire en vigueur au niveau national, d'autres encore font l'objet de Lois spécifiques, déjà votées ou en cours de discussions. Parmi les institutions les plus répandues on trouve : les coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC), ou Credit-Unions, les systèmes de crédit solidaire (inspirés du modèle Grameen Bank, les réseaux de caisses villageoises, les institutions spécialisées pour les micro et petites entreprises (MPE). Les institutions du secteur intermédiaire ne sont donc pas informelles, même si elles financent des bénéficiaires ruraux ou urbains appartenant au secteur informel.

La notion de secteur intermédiaire recoupe largement celle de microfinance.

Celle-ci est définie par deux critères : une population relativement pauvre, ou tout du moins exclue du système bancaire classique, et des opérations d'épargne et de crédit de faible montant (en général inférieures à 1.000 US$).

Une autre appellation utilisée est celle de système financier décentralisé (SFD).

Les SFD regroupent les différents systèmes déjà cités (COOPEC, crédit solidaire, etc...). L'accent est mis ici sur le fait que les principales décisions au niveau des services financiers (octroi et récupération du crédit, collecte d'épargne, gestion,...) sont prises à un niveau local (agence ou caisse), en insistant sur l'importance de la proximité géographique et sociale pour prendre des décisions adaptées et établir un lien de confiance. Ceci n'empêche pas les SFD d'avoir plusieurs étages ou niveaux : local, régional et national.

Les trois notions, secteur intermédiaire, microfinance, système financier décentralisé se recoupent donc largement, même si chacune met un accent particulier sur un aspect spécifique. On peut également utiliser les termes d'institutions financières intermédiaires (IFI) ou d'institutions financières spécifiques ou spécialisées (IFS).

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4. L’analyse comparative des systèmes financiers décentralisés

La microfinance ou les systèmes financiers décentralisés (SFD) constituent un secteur intermédiaire entre le secteur bancaire et le secteur autonome. Pour se reconnaître dans la diversité des systèmes existants dans les 6 pays (voir tableau 1), il est apparu nécessaire de procéder à une typologie en trois grands groupes.

En raison des difficultés rencontrées au Ghana, liées au contexte de l’étude, (voir chapitre 1), il n’a pas été possible de recueillir suffisamment d’informations et de statistiques permettant d’intégrer dans la présente analyse, les dispositifs de ce pays. Cependant, compte tenu de l’importance et de l’originalité des SFD Ghanéens, une description des principaux systèmes est donnée dans la partie 3 de ce chapitre.

4.1 La typologie des réseaux

L’analyse des différents réseaux réalisée dans le cadre de la mission met en évidence des caractéristiques qui permettent de proposer une typologie des systèmes financiers décentralisés. Comme il a été indiqué précédemment, la mission a étudié 21 réseaux11 auxquels ont été ajoutés, pour prendre en compte des systèmes ruraux au Mali, 2 autres dispositifs (Kafo Jiginew et les CAVECA du Pays Dogon).

Trois grands types de réseaux peuvent être identifiés et font l’objet de la classification présentée ci-dessous. Cette différenciation pourra servir de base à l’élaboration d’une stratégie de promotion et de développement de l’épargne, celle-ci prenant en compte les caractéristiques de chacun des types retenus.

Réseaux de type 1 : il s’agit des grands réseaux mutualistes de coopératives d’épargne et de crédit. Ils collectent un volume d’épargne relativement conséquent de 1,1 milliard (Kondo Jigima) à 19 milliards (FECECAM) pour l’exercice 1998. Ces ressources permettent de financer l’intégralité des encours de crédit sauf pour Kafo Jiginew où l’épargne collectée couvre à concurrence de 80% les besoins en matière de crédit.

En complément, des lignes de crédit spécifiques peuvent être attribuées, aux réseaux, pour financer :

• des activités féminines (ONG Freedom for Hunger auprès de Kafo Jiginew, de la FUCEC,....) ;

• des produits de crédits particuliers comme le crédit moyen terme (BAD auprès de la FECECAM).

Les dispositifs de type 1 retenus sont la FECECAM, le RCPB, la FUCEC, le Crédit Mutuel de Guinée, Nyésigiso, Kondo Jigima et Kafo Jiginew.

Réseaux de type 2 : il s’agit de réseaux mutualistes de taille plus modeste que ceux évoqués précédemment. Ils collectent un volume de ressources qui ne suffit pas pour financer les besoins de crédit. Ils ont recours à des financements extérieurs sous forme de lignes de crédit attribuées par le bailleurs de fonds du programme (PASSEF,...) ou obtenues auprès d’une banque spécialisée comme la BNDA au Mali (CVECA du Pays Dogon,...).

Les dispositifs de type 2 retenus sont les CVECA du Pays Dogon, le PASSEF, la FENACREP, WAGES, CBDIBA.

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Le dispositif de SOCODEVI, bien qu’appartenant au type 2, n’est pas retenu dans les tableaux et graphiques car l’ensemble de l’encours est financé par des lignes de crédits externes. L’épargne a été introduite très récemment. L’encours à fin 1998 est de 5 millions de FCFA.

Réseaux de type 3 : Cette troisième catégorie regroupe les systèmes basés sur le crédit préalable. L’encours de prêt est financé par des lignes de crédit externes. En parallèle, ces dispositifs développent l’épargne au travers de l’épargne obligatoire ou de garantie. En complément, un service d’épargne volontaire est proposé aux bénéficiaires ou aux résidents de la zone d’intervention des programmes.

Pour la plupart des réseaux, le refinancement se fait sous forme d’emprunt sans intérêt (SYNORSEC au Togo auprès de l’AFD et de Grameen-trust) ou sous forme d’emprunt auprès de banques commerciales comme la BNDA au Mali (MISELI et CANEF).

Le cas du Crédit Rural de Guinée est particulier car il bénéficie de ligne de crédit, sous forme de subvention de la part des bailleurs de fonds notamment de l’AFD, lui permettant de couvrir largement les crédits octroyés. Néanmoins, il a développé un service d’épargne volontaire dont l’encours représente environ 39% de l’encours de crédit à fin novembre 1998. Si l’on ajoute l’épargne de garantie, l’encours de crédit est couvert à concurrence de 67% à la même date.

Les dispositifs de type 3 retenus sont le CRG, CANEF, MISELI et SYNORSEC.

4.2 Analyse comparative des réseaux

Pour les pays de l’UEMOA12, le poids des SFD dans le paysage financier national et par rapport à la population active est présenté dans le tableau 1 ci-dessous. Cette situation montre l’importance des SFD dans les pays retenus.

Tableau 2 : Le Poids des SFD par rapport au système bancaire et à la population active

Dépôts Dépots dans Dépôts desSFD Population Population Bénéficiaires Bénéficiaires/

bancaires (1) les SFD par rapport aux totale active des SFD population en milliards de FCFA dépôts bancaires en millions en millions active

BENIN 134,5 17,7 13,2% 6 3 0,279 9,30%

dont FECECAM 16,3 12,1% 0,218 7,27%

BURKINA FASO 104,8 8,4 8,0% 11 6 0,193 3,22%

dont RCPB 6,5 6,2% 0,12 2,00%

MALI 199,3 5,6 2,8% 10 5 0,202 4,04%

TOGO 99,9 10,1 10,1% 4 2 0,132 6,60%

dont FUCEC 9,4 9,4% 0,087 4,34%

(1) Dépôts bancaires des particuliers et des entreprises privées. Source: PASMEC/BCEAO/BIT, situation à fin 1997.

12 Les chiffres n’étaient pas disponibles pour la Guinée et le Ghana.

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Pour le Bénin et le Togo, le pourcentage de dépôts dans les SFD est respectivement de 13,2% et 9,6%. Le Mali présente une situation différente car l’encours d’épargne des SFD est seulement de 2,8%. Cette particularité s’explique vraisemblablement par :

• la présence de la BDM et de la BNDA dans le milieu rural malien. Cet aspect des choses semble être confirmé par le montant total des dépôts bancaires qui est largement supérieur à celui des autres pays ;

• le fait qu’il n’existe pas au Mali de réseau national. Le système le plus ancien (Kafo Jiginew) n’a que 10 ans et a une implantation régionale dans la zone cotonnière ;

• le développement très récent des réseaux dans les zones urbaines.

Le Burkina Faso se trouve être dans une position intermédiaire. La présence de la CNCA doit limiter les possibilités de dépôts dans les SFD mais sans être aussi déterminante que dans le cas du Mali.

En termes macro-économiques, les chiffres précédents montrent que le volume d’épargne collecté par les systèmes financiers décentralisés est relativement faible par rapport à celui des banques. En revanche, si l’on considère le nombre de comptes ouverts et le nombre d’opérations de dépôt et de retrait, le rôle des SFD devient très important. En Guinée, en 1995, l’analyse de ce phénomène mettait en évidence que la part d’épargne collectée par les systèmes financiers décentralisés représentait moins de 5% du total national. Par contre, l’ensemble Crédit Rural et Crédit Mutuel gérait au moins 5 fois plus de comptes que l’ensemble des banques commerciales13.

Cette situation, observée en Guinée, est vraisemblablement représentative des caractéristiques de l’environnement bancaire. Elle doit se retrouver dans les autres pays concernés par l’implantation des SFD. Elle traduit aussi le rôle central de ces dispositifs dans la recherche de l’adaptation des services financiers aux besoins de la population.

Le Bénin, le Burkina Faso et le Togo sont dominés chacun par un réseau qui représente une part très importante de l’activité des SFD. Le Mali ne se trouve pas dans la même situation car il existe plusieurs réseaux de taille significative qui présentent la caractéristique d’avoir un ancrage plus régional (Kafo Jiginew, CVECA au Pays Dogon ou dans la 1ère région,...).

Le nombre de bénéficiaires des SFD rapporté à la population active est relativement faible sauf pour le Bénin où ils représentent près de 10%. Cet indicateur qui reste très grossier14 ne donne qu’un aperçu de la relative faiblesse du nombre de personnes touchées par les dispositifs d’épargne et de crédit et du potentiel de développement qui existe. En revanche, au niveau économique et social, l’apport des SFD est important car ils touchent des populations qui n’ont pas accès aux services financiers classiques et le plus souvent ce sont les seuls à intervenir au niveau rural notamment dans les zones enclavées et au niveau urbain dans les quartiers.

13 F Doligez, 1996.

14 La mesure du taux de pénétration nécessite une approche beaucoup plus fine notamment parce que le plus souvent un produit ou un service financier bénéficie non seulement au membre mais aussi à sa famille.

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