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LA FRANC-MAÇONNERIE ET LA NAISSANCE DE L'EUROPE.

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Academic year: 2022

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LA FRANC-MAÇONNERIE ET LA NAISSANCE DE L'EUROPE.

La Franc-maçonnerie moderne (je n’ai pas dit “ spéculative ” !) naît le jour de la Saint Jean d’été 1717 en Angleterre et ce n’est sûrement pas là un hasard : ce pays a déjà effectué une révolution démocratique, instaurant un régime parlementaire, protégeant l’individu contre l’arbitraire et lui autorisant une libre association avec ses semblables.

“ Au-dessus de la société réelle dont la constitution était encore traditionnelle..., où les lois demeuraient diverses et contradictoires, les rangs tranchés, les conditions fixes et les charges inégales, il se bâtissait peu à peu une société imaginaire dans laquelle tout paraissait simple et coordonné, uniforme, équitable et conforme à la raison ” (Tocqueville ; L’Ancien Régime et la Révolution ; 1856).

Cette Franc-maçonnerie inaugure ainsi une forme de “ sociabilité démocratique ”, qui rassemble des “ hommes libres et de bonnes moeurs ” avec le souci d’une égalité qui est surtout sociale, essentiellement élitiste dans le recrutement, regroupant dans les Loges des Frères appartenant généralement aux mêmes milieux sociaux et partageant des valeurs communes.

Une trentaine d’années plus tard, le temps d’une génération, la Franc-maçonnerie s’est implantée dans la quasi totalité des Etats européens, témoignant ainsi de la vigueur d’un développement rapide causé par un attrait pour cette nouvelle forme de sociabilité, peut-être aussi parce qu’elle correspondait à un besoin jusqu’alors non ressenti. “ Ce fut alors que la réputation de la maçonnerie se répandit de tous côtés ” écrit le Frère De Lalande (Mémoire historique sur la maçonnerie ; 1777).

Cette expansion va même toucher la Russie (Saint Pétersbourg en 1731) et quelques pays musulmans puisqu’en 1738 vont s’implanter des Loges à Constantinople, Smyrne et Alep, au sein de l’empire ottoman.

Ce succès va provoquer rapidement l’inquiétude et la réaction des pouvoirs civils et religieux. Rappelons pour mémoire les persécutions en France (1737), en Espagne (1740), au Portugal (1738) et la condamnation papale de 1738. L’abbé Larudan (Les Francs-maçons écrasés ; Amsterdam ; p. 102) peut ainsi écrire en 1746: “ On (les Francs-maçons) les a même persécutés très souvent ; en Italie, le Pape les a frappés des foudres de l’excommunication ; le Sénat de Venise et le roi de Sardaigne les ont eux aussi bannis de leurs Etats ; la reine de Hongrie les a poursuivis à Vienne en Autriche ; les états de Hollande ont fait défendre leurs assemblées par des placards affichés aux coins des rues. On a pris des précautions pour les empêcher de s’étendre dans l’Empire de Russie. A Berne, en Suisse, on les a forcés à renoncer par un serment aux engagements pris en entrant dans l’Ordre et ils ont été proscrits dans plusieurs autres endroits ”.

Toutes ces condamnations démontrent à l’évidence qu’en quelques années le “ phénomène maçonnique ” a gagné pratiquement toute l’Europe et qu’il paraît avoir fait l’unanimité... mais le plus souvent contre lui !

Est-ce à dire que les Européens ont trouvé dans la Franc-maçonnerie un ciment, un lien commun, ce qui expliquerait cette spectaculaire adhésion ? Ne pourrait-on pas dire que la Franc- maçonnerie a trouvé en Europe un terreau favorable à son expansion ? On peut aussi s’interroger sur ce que représente l’Europe pour un Franc-maçon du XVIII° siècle mais, auparavant, il convient

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de dresser un portrait de cette Franc-maçonnerie des origines, parfois très différente de ce que l’Ordre maçonnique peut représenter actuellement.

La Franc-maçonnerie au XVIII° siècle : les textes fondamentaux .

Dans ses “ Dialogues maçonniques ” parus en 1778, le Frère Lessing fait dire à un de ses deux personnages, Falk, qui est franc-maçon : “ La Franc-maçonnerie est quelque chose que même ceux qui le savent ne peuvent pas dire ”. Il est quand même possible d’essayer en nous référant aux textes fondamentaux de l’Ordre.

Et, tout d’abord, les Constitutions d’Anderson (1723), considérées comme la charte universelle de la Franc-maçonnerie, traduites en français en 1733 par le Frère de la Tierce. Qu’est- ce qu’un Franc-maçon européen pour les fondateurs de la première obédience maçonnique?

D’abord “ un paisible sujet des puissances civiles ”, suivant “ la religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord ”, propos qui témoigne d’une tolérance rare à l’époque et qui devient en 1735 pour les Frères français “ pourvu toutefois qu’ils soient chrétiens ”, tolérance limitée donc aux seules religions chrétiennes, ce qui est quand même un progrès dans notre pays depuis la Révocation de l’Edit de Nantes, mais qui exclut de fait les juifs des Loges maçonniques alors qu’ils y sont parfois acceptés en Grande Bretagne.

“ La Parfaite Sincérité ” de Marseille stipule que “ tous ceux qui auraient le malheur d’être juifs, nègres ou mahométans ne doivent point être proposés ” (1) et la Loge “ Saint Jean de Jérusalem ” à l’Orient de Paris affirme dans ses statuts de 1755 : “ Vous n’admettrez que des gens d’une naissance honnête, de bonne vie et moeurs, craignant Dieu et ayant le baptême ” (2), ce qui prouve que la tolérance prônée par les Frères fondateurs doit subir dans les autres pays européens des adaptations qui dénaturent sensiblement le projet originel !

C’est que n’entre pas qui veut en Franc-maçonnerie, “ ceux qui sont admis à être membres d’une Loge, doivent être des gens d’une bonne réputation, pleins d’honneur et de droiture ”, “ il faut de plus qu’ils soient descendus d’honnêtes parents ”. Il est signalé que “ toute promotion parmi les maçons est fondée uniquement sur la valeur réelle et le mérite personnel ”.

Sélection rigoureuse par le mérite et, sans le dire explicitement, par la condition sociale, respect d’une hiérarchie, discrétion et discipline, toutes ces qualités exigées des Francs-maçons doivent permettre de “ cultiver une amitié fraternelle ” entre hommes partageant des valeurs identiques.

“ Dès sa naissance, la Franc-maçonnerie a eu pour objet de réunir... des hommes ayant une certaine conformité d’aspirations, de goûts et d’intelligence ” (Lantoine, tome 3, p. 7). Ce n’est donc plus seulement le rang social qui détermine la sélection même s’il a une importance déterminante.

Le recrutement des Loges varie ainsi suivant les Etats européens dans lesquels elles s’implantent. Si, en France, des bourgeois peuvent parfois côtoyer des nobles “ sur les colonnes ”, il n’en est pas de même en Prusse et en Russie. Et en France même, dans le même Orient, les Loges recrutent chacune dans un milieu social différent comme l’ont bien démontré Maurice Agulhon pour les Loges de Provence et Gérard Gayot pour les Ardennes (3).

Lorsqu’en 1732 une Loge française reçoit à Paris une patente de la Grande Loge de Londres, qui effectue ainsi un “ essaimage ” selon le terme maçonnique consacré, elle souscrit aux Constitutions d’Anderson ainsi que les Loges qui se vont se constituer ensuite et former la première

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Grande Loge de France et ce processus se reproduit à l’identique dans les autres états européens jusqu’en 1750. Nous sommes donc là en présence d’une organisation maçonnique unitaire dans ses bases spirituelles et autonome dans ses structures nationales qui ne sont soumises à aucune autorité suivant le principe bien connu du “ Maçon libre dans sa Loge libre ”.

Quelques années après la publication des textes de fondation, il paraît déjà impossible de parler d’un Ordre maçonnique international: la Franc-maçonnerie, en s’implantant dans des pays différents, y a subi des modifications sensibles en s’adaptant au système social existant dans chaque Etat.

L’exemple le plus célèbre est celui du “ Discours ” de Ramsay qui circule dans les Loges dès la fin de l’année 1736.

La partie “ historique ” du “ Discours ” tranche singulièrement avec l’esprit des origines : “ Nos Instituteurs... étaient non seulement d’habiles Architectes... mais aussi des princes religieux et guerriers ”. Les Francs-maçons sont donc, pour Ramsay, davantage les héritiers des croisés que ceux des bâtisseurs, ce qui va donner à une certaine forme de sociabilité maçonnique un tour chevaleresque (“ l’épée d’une main et la truelle de l’autre ”) qui va se répandre avec succès en France mais aussi en Allemagne, en Scandinavie, en Pologne et en Russie, courant assez éloigné du projet des fondateurs de la Grande Loge anglaise en 1717 !

Que dit ensuite le chevalier de Ramsay ? “ Nous voulons réunir tous les hommes d’un esprit éclairé, de moeurs douces et d’une humeur agréable... par les grands principes de vertu, de science et de religion... où les sujets de tous les Royaumes peuvent apprendre à se chérir mutuellement, sans renoncer à leur Patrie ”. Et il poursuit : “ L’unique but est la réunion des esprits et des coeurs pour les rendre meilleurs et former... une nation toute spirituelle où, sans déroger aux divers devoirs que la différence des états exige, on créera un peuple nouveau qui, étant composé de plusieurs Nations, les cimentera toutes en quelque sorte par le lien de la vertu et de la science ”.

Il s’agit donc, tout en reconnaissant les différences nationales, de fonder un Ordre cosmopolite uniquement spirituel rassemblant les hommes de bonne volonté par-delà les frontières, ce que confirme Lessing quarante ans plus tard lorsqu’il fait dire au franc-maçon Falk : “ Que dirais-tu si les Francs-maçons se donnaient aussi pour tâche de rapprocher dans toute la mesure du possible les hommes que leurs divisions rendent si étrangers les uns aux autres ? ” (Dialogues maçonniques).

Pour Ramsay, dont l’influence fut et reste indéniable, la Franc-maçonnerie est une religion universelle, elle est la résurrection de la religion noachite, “ Noé.. doit être regardé comme l’auteur et l’inventeur de l’architecture navale aussi bien que le Grand-Maître de l’Ordre ” (1736), “ Les vestiges des plus sublimes vérités... sont une émanation de la tradition antédiluvienne et noachite ” (1738), religion antérieure à la révélation du Sinaï et donc antérieure à tout dogme, qui permet de dépasser les oppositions et de réaliser une union de toutes les confessions pour le plus grand salut de l’humanité. “ Le monde entier n’est qu’une grande République dont chaque Nation est une famille et chaque particulier un enfant ” écrit-il encore et l’on retrouve ici l’influence de Fénelon, dont Ramsay fut le secrétaire, puisque ce propos est quasiment recopié du “ Télémaque ” (1699): “ Tout le genre humain n’est qu’une famille dispersée sur la face de toute la terre. Tous les peuples sont frères et doivent s’aimer comme tels ”.

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Un Vénérable de “ La Parfaite Union ” de Douai le proclame en vers :

“ Mortels, pour être heureux sur terre Suivez tous une même loi !

N’ayez qu’un Dieu, n’ayez qu’un Roi, Comme un seul soleil vous éclaire ”

Même chose au “ Centre des Amis ” à Paris :

“ Nous qui connaissons la Lumière Répandons-en les doux rayons Pour que les peuples de la terre Par nous deviennent tous Maçons ”.

La Franc-maçonnerie est alors “ le centre de l’union ” qui permet de rassembler au-delà des frontières et des différences religieuses des hommes distingués par leur qualités communes et qui possèdent tous le sentiment d’appartenir à cette même humanité, ce qui leur impose des devoirs moraux comme la philanthropie.

Voilà les mots-clés prononcés : humanité, philanthropie, cosmopolitisme et chacun peut constater que nous sommes là en présence d’un vocabulaire fortement imprégné de la philosophie des Lumières : “ Les valeurs maîtresses de l’âge des Lumières semblent ainsi se nouer en une idéologie dont la Franc-maçonnerie, rénovée et organisée à travers l’Europe à partir de 1717, paraît fournir l’expression la plus complètement représentative ” (4 : Encyclopaedia Universalis, article Lumières).

La Franc-maçonnerie au XVIII° siècle : lumières et ombres.

“ Personne ne contestera que la tolérance, le libre examen, le respect des droits de l’homme, la primauté de la raison, la volonté de réaliser la plus grande harmonie possible entre les hommes, la solidarité, la confiance dans le progrès, constituent des pierres angulaires de l’activité maçonnique, quelle que soit l’obédience considérée ” (Raymond Rifflet) (5).

Face à l’idée de damnation, de péché originel et de renoncement, la Franc-maçonnerie apporte l’idée que le bonheur pour tous sur cette terre devient accessible par le progrès de la raison, de la science et de la solidarité organisée et qu’il est donc possible de changer la vie et d’influer sur le destin. C’est donc à une véritable inversion des valeurs qu’elle invite ses membres par rapport à une tradition qui plaçait au-dessus de tout le salut de l’âme et la gloire des princes.

Comme l’écrit Paul Hazard dans “ La crise de la conscience européenne ”, “ cette pensée... ne cesse jamais de poursuivre deux quêtes : l’une vers le bonheur, l’autre... vers la vérité, pensée qui définit, détermine une véritable conscience européenne ”.

Cet esprit européen naissant en ce début du XVIII° siècle, marque ainsi une rupture avec les périodes antérieures au cours desquelles la société humaine était essentiellement fondée sur la foi, d’essence divine, alors qu’elle va désormais trouver son fondement principal dans la loi, qui est d’essence humaine. A une civilisation fondée sur l’idée de devoir (envers Dieu, le roi...) se substitue l’idée du droit (de libre examen, de l’homme...).

La philanthropie est ainsi un maître-mot de l’âge des Lumières et apparaît comme une

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conséquence directe de cette conception d’une appartenance commune à l’humanité, de ce que les Francs-maçons appellent la fraternité.

Cette solidarité entre les hommes crée de nouvelles obligations de chacun envers tous, la philanthropie, vertu sociale, remplace la charité, vertu théologale. C’est à l’autorité politique, et non plus aux Eglises, de prendre en charge les pauvres, les malades, les fous...

Les Francs-maçons vont ainsi s’investir dans la bienfaisance, “ vertu qui nous porte à faire du bien à notre prochain ” comme la définit la Grande Encyclopédie : “ Pratiquer la bienfaisance et secourir les malheureux   ” représente le premier devoir du Franc-maçon (Règlements généraux  de La Parfaite Union de Douai ; 1804) avec, souvent, un certain souci publicitaire : “ Voilà par quels actes les Francs-maçons répondent aux ennemis des Lumières ” écrit un journal douaisien dont le rédacteur est membre de la Loge (6).

La Franc-maçonnerie des Frères fondateurs Anderson et Désaguliers apporte également l’idée nouvelle d’une patrie plus vaste que l’Etat ou la Nation, c’est l’Humanité telle qu’elle apparaît dans cette citation de Montesquieu placée en exergue du programme de ce colloque (7) et la tendance au cosmopolitisme apparaît aussi clairement dans les textes : “ Nulle contrée ne lui sera étrangère (au Maçon) et il ne sera lui-même ni étranger, ni dangereux dans aucune. Tous les hommes sont ses frères, quelles que soient leurs opinions, quelle que soit leur patrie ” (Règlements de la Loge  “ Les neuf soeurs ” ).

Mais, dans la pratique, cet idéal rencontre des difficultés : si la fraternité soude les membres d’une même Loge, celle-ci ne peut ignorer les sensibilités, les tendances de ses composants. La Loge “ L’Union des Coeurs ” à l’Orient de Liège déclare en 1774 que “ les juifs, mahométans et autres nations qui n’ont que la circoncision pour baptême ne pourront entrer chez nous qu’au temps qu’ils se laveront des eaux du saint baptême... et comme les Loges anglaises et hollandaises ont eu la faiblesse, soit par l’avidité de l’argent ou autrement, de recevoir les Juifs, nous déclarons non seulement de fermer notre Loge à cette nation infâme, mais encore n’avoir qu’un mépris pour ceux qui les ont reçus ” (V. Dwelsheuwers-Dery ; Histoire de la Franc- maçonnerie à Liège avant 1830 ; Bruxelles ; 1879).

Chaque atelier maçonnique possède ses traditions, ses habitudes, ses spécificités qui sont autant d’obstacles à l’universalité du message maçonnique. De plus, le regroupement en obédiences crée des frontières obédientielles qui sont souvent des obstacles importants, géographiques, historiques, nationaux, régionaux, sexistes, rituéliques...

Certes, le Frère étranger est reçu en Loge, ce qui amène les contempteurs de l’Ordre, comme l’archevêque de Belzunce en 1742, à dénoncer “ ces assemblées où sont indifféremment reçus gens de toute nation, de toute religion et de tout état... dès lors que, par quelque signe concerté, il a fait connaître qu’il était membre de cette mystérieuse société ” et le Frère Casanova , dans ses Mémoires, prétend que “ Tout jeune homme qui voyage, qui veut connaître le grand monde... doit se faire initier dans ce qu’on appelle la Maçonnerie" ”.

L’appartenance maçonnique sert alors manifestement de passeport, de sésame qui permet d’être accueilli fraternellement par la bonne société dans n’importe quel état européen.

Cependant, il existe un hiatus certain entre le fait d’accueillir le Frère étranger en visiteur et celui de le recruter comme membre à part entière et Pierre-Yves Beaurepaire (8) a bien montré que l’idéal cosmopolite était souvent affaibli par le souci des Grandes Loges ou Loges-mères de détenir le monopole de l’organisation maçonnique sur leur territoire national.

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Si la Franc-maçonnerie se dit universelle, elle n’est donc pas internationale. Chaque obédience ou juridiction bénéficie d’une autonomie à peu près complète à partir du moment où elle respecte le rite et des “   landmarks   ” à la définition par ailleurs très imprécise. Ainsi,

“ l’universalisme de l’Ordre est-il surtout symbolique et ne créera jamais une unité, chaque obédience étant trop jalouse de son indépendance et chaque rite trop conscient de son originalité pour rechercher une synthèse ou une fusion ” (D. Ligou) ... et on peut considérer que c’est très bien ainsi puisque cela laisse une large possibilité d’options aux Frères.

Si cette philosophie des Lumières pénètre et marque les Loges maçonniques, si cette découverte de la lumière assimilée à la raison est l’aboutissement de l’initiation maçonnique, il importe de ne pas réduire la Franc-maçonnerie du XVIII° siècle à ce seul courant rationaliste.

Il existe en effet dans les Loges un deuxième courant (Martinès de Pasqually  ; Willermoz ; de Saint-Martin ; Joseph de Maistre....) qui affirme qu’il y aurait dans l’homme un moi intérieur, une étincelle divine que l’initiation permettrait de dégager, grâce à des procédés secrets transmis par une tradition immémoriale recueillie par la Franc-maçonnerie. Ce mouvement

“ illuministe ” est important dans les Loges du XVIII° siècle (9) et on ne peut que constater l’existence en fin de siècle de deux courants dans la Franc-maçonnerie européenne :

une Franc-maçonnerie rationaliste et laïque, fidèle aux Constitutions d’Anderson et à l’esprit de ses fondateurs anglais, inspirée des doctrines des philosophes et des hommes de science.

une Franc-maçonnerie religieuse, voire mystique, occultiste et hermétique, inspirée par l’alchimie, la Kabbale juive et l’ésotérisme chrétien, une sorte de gnose permettant d’atteindre la connaissance suprême.

Deux courants d’esprit opposé, qui se dirigent dans des directions différentes et on peut se demander si Anderson et Désaguliers se reconnaîtraient dans cette Franc-maçonnerie illuministe qui représente une rupture avec l’esprit fondateur.

Peut-on cependant les opposer absolument ? Certes, sur l’idée qu’ils se font de la lumière et sur les moyens de l’atteindre, tout semble les opposer mais ils ne sont pas contradictoires. On pourrait même affirmer qu’ils sont complémentaires comme sont complémentaires la raison et le sentiment et c’est là sans doute, aussi, ce qui a fait la force et la vigueur de l’Ordre et qui a favorisé son développement et son implantation dans toute l’Europe: la Franc-maçonnerie a su s’adapter aux particularismes nationaux et elle a su accueillir tous les courants. Cette ouverture et cette capacité d’adaptation sont sans doute les raisons de son succès.

- Les travaux et les jours des Loges maçonniques :

Il nous reste maintenant à examiner ce qui se passait dans ces Loges au quotidien  et en quoi consistait le travail maçonnique. Ces Loges ont-elles été des vecteurs de transmission d’idées favorisant l’union des peuples d’Europe ?

L’examen s’avère tout à la fois difficile et décevant. Difficile car nous ne disposons que de peu de documents authentiques, les comptes-rendus de travaux sont rares parce qu’ils ont pour la plupart disparu dans les aléas de l’histoire. Décevant aussi car, apparemment, mis à part le travail initiatique, il ne se passait pas grand chose dans ces Ateliers maçonniques !

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Les “ comptes-rendus analytiques ” des travaux retrouvés font état essentiellement de cérémonies d’initiations, de discours d’apparat, de “ fêtes données aux dames ”, et surtout de banquets. Tous les témoignages concordent : en fin de XVIII° siècle, la Loge est surtout un endroit où l’on mange et l’on boit et il convient de ne pas oublier que les quatre Loges à l’origine de la création de la Grande Loge d’Angleterre en 1717 se réunissaient dans des tavernes ! Certains Frères arrivent d’ailleurs après la “ tenue ” uniquement pour passer à table car, si je me réfère à l’exemple de “ La Parfaite Union ” de Douai que j’ai plus spécialement étudié, le prix du repas leur était de toute façon facturé ! “ Epuiser nos finances en fêtes d’ostentation... voilà notre affaire capitale...Notre zèle s’absorbe tout entier dans les délices des banquets ” affirme l’orateur de la Loge parisienne “ La triple Lumière ” en 1784 (Etat du G.°.O.°.D.°.F.°.).

Le Frère Casanova raconte ainsi dans ses “ Mémoires ” qu’il retrouve en 1772 à Rome un légat du Pape : “ Je l’avais connu à Paris vingt ans auparavant... Nous avions été ensemble en loge de Maçons et avions fait des soupers fins en compagnie de jolies filles ”. Le prince de Ligne déclare “ avoir eu à subir en Loge de rudes pénitences pour s’être moqué des surveillants qui, étant ivres à force de santés d’usage, faisaient des harangues ridicules ” (10). A la “ Discrète Impériale ” d’Alost (Belgique), en 1775, 31 Frères viennent à bout, lors d’un banquet, de 47 bouteilles de vin et de 28 bouteilles de bière ! (11).

C’est toute une “ Maçonnerie de société ” qui apparaît ainsi au travers des témoignages, parfois même “ Maçonnerie de cour ” réservée à un élite titrée. P.Y. Beaurepaire (ouvrage cité, p.

140) cite ainsi l’anglais Steven Bullock : “ Nous avons créé une petite loge de Maçons bien réglée...

Nous avons pris l’habitude d’organiser tous les mois une réunion de société pour danser avec le beau sexe et une réunion hebdomadaire pour discuter entre hommes de condition ”. Selon la tradition maçonnique, ces échanges devaient être exclusivement oraux et il ne subsiste malheureusement aucune trace du contenu de ces discussions !

Ce qui favorise cette Franc-maçonnerie conviviale et représente sûrement l’une des raisons du succès et du développement rapide de l’Ordre, c’est, en l’absence de temple fixe, la possibilité de se réunir en des lieux profanes, voire au domicile des Frères. L’espace maçonnique est ouvert et non clos, et peut être étroitement mêlé à l’espace social. Les exemples sont nombreux, en Europe, de “ tenues ” organisées dans des lieux privés, parfois simplement délimités par un rideau ou une porte fermée, avec la complicité des domestiques que l’on a reçus au grade de

“ Frères servants ” (12), voire celle des épouses ou des filles que l’on a initiées pour qu’elles soient contraintes de garder le secret ...ce qu’elle ne firent pas toujours !

Par contre, ce qui apparaît comme beaucoup plus intéressant, ce sont les échanges entre Loges suivant des réseaux de correspondance.

Les Loges entretiennent en effet des relations suivies avec un certain nombre de Loges qualifiées d’ “ affiliées ”, dont le choix réciproque a été déterminé “ par délibération de la Loge ”.

A titre d’exemple, “ La Parfaite Union ” de Douai va ainsi entretenir en 1813 des relations de correspondance avec un total record de 92 Loges dont 26 implantées à l’étranger (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique actuelle). Les Loges affiliées échangent régulièrement les tableaux des effectifs de leurs Ateliers, s’adressent toute la correspondance normalement envoyée à leurs membres ainsi que toutes leurs productions littéraires et essaient de maintenir des contacts directs par le biais de députations qui assistent de manière réciproque aux diverses manifestations

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organisées par les Loges.

Que pouvait bien représenter pour une Loge ce réseau de correspondance ? Pour Ran Halévi (13), il s’agit ici du témoignage d’un effort, extrêmement original à l’époque, pour échapper au cloisonnement régional que postulait alors la vie quotidienne. Cet effort était d’autant plus original qu’il avait pour assise une adhésion à un système commun de valeurs et que ces échanges étaient collectifs, menés entre Loges et non entre individus. Les échanges entre Loges affiliées permettaient donc aux Frères de se voir “ reconnus comme tels ” hors de leur monde quotidien mais aussi renvoyaient vers le monde extérieur parfois très éloigné, une image d’ensemble de la Loge, ce que les Francs-maçons appellent son “ Egrégore ”, son être et sa conscience collectifs.

Quelle a pu être l’influence de ces réseaux de correspondance dans la diffusion des idées ? Il est difficile de le dire, même si certains l’affirment comme dans cet exemple repris d’un article consacré à la République de Gênes (14) : “  Les Francs-maçons gênois sont en contact avec leurs homologues français... L’influence des milieux francs-maçons a favorisé les échanges avec la France et la société gênoise était “ préparée ” à entendre et peut-être écouter les discours démocratiques que les Français vont s’efforcer de répandre un peu partout en Europe à partir de 1792 ”.

Le Frère Joseph de Maistre, dans un mémoire adressé à Willermoz en 1782, affirme que “ la correspondance étroite avec les Frères étrangers et nos devoirs envers eux, qui constitue essentiellement la République universelle, sont encore un objet de la plus haute importance ” (cité par R. Priouret).

Il serait d’ailleurs étonnant que cette ouverture au monde et à l’autre n’ait pas influencé les mentalités.

- La Franc-maçonnerie et l’identité européenne au XVIII° siècle :

Comment se définit l’Europe au XVIII° siècle ? D’abord en opposition par rapport au reste du monde.

“ Il y a un certain génie qui n’a point encore été hors de notre Europe, ou qui du moins ne s’en est pas beaucoup éloigné ” écrit Fontenelle (Entretiens sur la pluralité des mondes ; 1686).

Pour le Franc-maçon Montesquieu (Esprit des lois ; XIII, 15 ; 1748) : elle se distingue par la liberté opposée au despotisme, par l’activité opposée à la nonchalance et à la paresse, par le progrès des sciences et des techniques opposé au traditionalisme. C’est que l’Europe est chrétienne et, pour lui, le christianisme est la religion la mieux adaptée à un gouvernement tempéré tandis que la religion musulmane et les rites chinois s’accordent au despotisme (Esprit des lois ; XIX, 18 ; XXIV, 3 et 4), le catholicisme s’adaptant mieux à la monarchie, le protestantisme à la république.

Pour Voltaire (Le siècle de Louis XIV  ; 1751) : “ On peut regarder l’Europe chrétienne... comme une espèce de grande république partagée en plusieurs Etats... tous ayant un même fonds de religion, tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique, inconnus dans les autres parties du monde ” (c’est nous qui soulignons).

Ce point de vue se retrouve dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751) : “ Il

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importe peu que l’Europe soit la plus petite des quatre parties du monde puisqu’elle est la plus considérable de toutes par le christianisme dont la morale bienfaisante ne tend qu’au bonheur de la société ” (Article Europe) ainsi que dans le Grand Dictionnaire historique de Moreri (1759) :

“ Nous pouvons encore ajouter aux avantages de l’Europe, celui d’avoir le vicaire de Jésus Christ en terre dans la personne des papes ”.

Les frontières de l’Europe sont donc encore celles de la chrétienté, mais, au XVIII°

siècle, l’empire ottoman est de moins en moins perçu comme une menace, les frontières à l’Est sont redessinées par le renforcement de l’Empire des Habsbourg, la Russie de Pierre le Grand est entrée dans le contexte européen. Il importe donc de fonder une nouvelle idée d’Europe sur d’autres bases qu’une base religieuse mais l’identité européenne ne peut se justifier que dans la mesure où il existe une spécificité européenne, une citoyenneté européenne, tout au moins potentielles. Comme l’écrit Paul Hazard (ouvrage cité, p. 412) : “ Voici qu’aux portes de l’est se présentent des millions d’hommes qui demandent à s’intégrer à l’Europe... Ils coupent leur barbe et leurs cheveux, changent leurs habits... mais leur âme, la transformeront-ils si vite ? ”.

Un point positif : le XVIII° siècle européen est un siècle de paix relative. Comme l’écrit Voltaire (Le siècle de Louis XIV, chap. 2) : “ Les nations européennes s’accordent surtout dans la sage politique de tenir entre elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale de pouvoir, employant sans cesse les négociations et entretenant les unes chez les autres des ambassadeurs ”.

C’est une Europe de la légitimité et de l’équilibre qui est ici décrite, où prime la “ raison d’Etat ”, c’est à dire cet accord plus ou moins tacite consistant à empêcher tout monarque de s’élever à un degré de puissance qui risquerait de rompre l’équilibre général.

L’Europe des Etats serait ainsi en passe de former cette grande République que le discours de Ramsay et le Frère Montesquieu appelaient de leurs voeux. “ L’Europe n’est plus qu’une nation composée de plusieurs, la France et l’Angleterre ont besoin de l’opulence de la Pologne et de la Moscovie, comme une de leurs provinces a besoin des autres, et l’Etat qui croit augmenter sa puissance par la ruine de celui qui le touche s’affaiblit ordinairement avec lui ” (Montesquieu ; Réflexions sur la monarchie universelle en Europe;  1727 env.).

Jean-Jacques Rousseau va même plus loin en affirmant que “ Il n’y a plus aujourd’hui de Français, d’Allemands , d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Européens. Tous ont les mêmes goûts, les mêmes passions, les mêmes moeurs... ” (Considérations sur le gouvernement de la Pologne) et il regrette alors que l’on ait sacrifié l’originalité, la personnalité de chacune des composantes européennes.

On retrouve donc là le thème de la “ République européenne ” avec une “ internationale culturelle ” rassemblant les élites des diverses nations de l’Atlantique à la Volga et dont la Franc- maçonnerie est l’une des composantes, cette Franc-maçonnerie qui, créée dans l’Angleterre protestante et adaptée sur le continent, n’a guère débordé le domaine de l’homme blanc européen comme le souligne Daniel Ligou.

Cette conception d’une Europe des Etats va disparaître avec la Révolution française qui, en provoquant sur le continent une guerre généralisée, va mettre fin à ces espérances de par les réactions qu’elle va susciter. Ce sont surtout, ensuite, les guerres napoléoniennes qui vont faire émerger en réaction les “ nationalismes ” et le sentiment d’appartenance à une “ patrie ”... et on peut se demander ce qu’il serait advenu du cosmopolitisme originel de la Franc-maçonnerie si celle-ci

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n’avait pas accompagné les fourgons des armées napoléoniennes.

Or, si le principe des nationalités s’accorde très bien avec l’idée d’une communauté européenne, le nationalisme est une force de dissociation et, comme l’histoire nous l’a bien montré et le montre encore, un ferment de guerres.

La tentative napoléonienne d’unification de l’Europe par la conquête va donc détruire ce rêve de République européenne imaginé par les Francs-maçons de l’époque des Lumières et l’idée de nation vient contredire l’européanisme cher à Montesquieu et à Voltaire. Le siècle s’achève alors sur une crise de la conscience européenne : verra-t-on triompher un idéal commun, un seul mode de vie, ou bien un idéal pour chaque nation, ce qui va poser la question des rapports entre la patrie de chacun et une civilisation européenne, de l’opposition entre tendances pacifistes et doctrines nationalistes ?

Conclusion :

Peut-on alors affirmer, comme le font de manière caricaturale les adversaires de l’intégration européenne (et en particulier les partis d’extrême-droite), que la volonté de rassemblement des Européens n’est qu’une forme larvée de cosmopolitisme et donc un nouveau complot de la Franc-maçonnerie contre les positions nationalistes ?

Certes, quelques apports sont à porter au crédit de la Franc-maçonnerie :

- l’idée d’une identité européenne à la fois culturelle (la Bible, l’héritage gréco-latin) et politique (les Lumières).

la recherche d’une paix universelle au sein d’une grande “ république européenne ”, le désir d’ordre.  La guerre, l’effusion du sang et la confusion ont toujours fait tort à la Maçonnerie ” (Constitutions d’Anderson).

la recherche d’une “ religion universelle ” limitée à la tolérance entre chrétiens.

“ L’opinion générale est que les fondateurs de la Franc-maçonnerie ont voulu créer un lien d’union entre les cultes et surtout entre les deux branches du christianisme, ou, au moins, une sorte de terrain d’entente ” (Lantoine, tome 1, p. 34)

mais il faut relativiser l’action et l’influence des Francs-maçons : “ Il n’est pas concevable que 50 000 Francs-maçons, au surplus fort différents par le rang et l’état, aient pu avoir à eux seuls une vaste action de masse ”. (15).

Quelle doctrine et quelles idées originales l’Ordre maçonnique a-t-il apporté à l’Europe civilisée en cette fin de XVIII° siècle ?

L’idée de fraternité, de solidarité mais fortement limitée par l’égoïsme des individus et souvent réservée aux membres de la Loge et à leur famille, une bienfaisance toujours circonscrite localement.

L’idée de tolérance mais qui a elle aussi ses limites comme on l’a vu et qui rejette le plus souvent les juifs, les mahométans, les noirs, les sang-mêlés et les athées, voire les comédiens et les domestiques.

Le principe d’égalité mais dans le respect de la hiérarchie sociale : si, entre Francs- maçons, il existe une certaine égalité à l’intérieur du temple, son entrée n’est pas accordée au premier venu et si les Frères “ laissent leurs métaux à la porte ”, ils les retrouvent à la sortie !

Peu de choses donc, en apparence, tant il est difficile, en Franc-maçonnerie comme

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ailleurs, de concilier la théorie et la pratique. Cependant, si on reprend le préambule du traité du 25 mars 1957 instituant la Communauté économique européenne, on y trouve :

une détermination à établir  les fondements d’une Union sans cesse plus étroite entre les peuples européens ;

une décision d’assurer le progrès économique et social ;

le souci d’améliorer les conditions de vie, de sauvegarder la paix et la liberté.

Union, progrès, paix et liberté, ce texte, et d’autres encore qui suivront, indiquent bien le désir de construire une société solidaire, en progrès constant, fondant durablement une paix interne et externe, tout un programme auquel la Franc-maçonnerie ne peut qu’adhérer.

Quelle fut la part qu’elle a pu prendre dans son établissement ? C’est, je pense, l’objet de ce qui va suivre lors de ce colloque...  

Cités par P.Y. Beaurepaire ; Fraternité universelle des Francs-maçons et pratiques discriminatoires ; Université de Rouen ; 1999.

Cité par Chevallier, tome 1 ; page 121.

M. Agulhon ; Pénitents et Francs-maçons de l’ancienne Provence ; Paris ; 1968.

G. Gayot ; La Franc-maçonnerie française ; Paris ; 1981.

4- Encyclopaedia Universalis ; article Lumières.

5- Raymond Rifflet ; Le rôle de la Franc-maçonnerie et des Francs-maçons dans le développement de l’idée européenne ; dans La Franc-maçonnerie et l’Europe ; p. 20

6- Voir, sur ce sujet, dans “ La revue de l’Iderm-Septentrion ” les articles de :

Pierre-Yves Beaurepaire ; Les métamorphoses de la philanthropie maçonnique des Lumières au SAMU social ; n° 1.

Roland Allender ; La philanthropie maçonnique à Douai au XIX° siècle : de l’acte charitable à l’action mutualiste ; n° 2.

“ Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui serait utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je la regarderais comme un crime   Montesquieu.

P.Y. Beaurepaire ; L’autre et le frère. L’étranger et la Franc-maçonnerie en France au XVIII° siècle.

cf. René Le Forestier ; La Franc-maçonnerie templière et occultiste ; La Table d’Emeraude ; rééd.

1987.

Prince de Ligne ; Fragments ; tome II, page 29.

J. Bartier ; Regards sur la Franc-maçonnerie belge du XVIII° siècle ; page 474.

La Loge La Parfaite Union de Douai employa ainsi comme Frères servants un concierge, des traiteurs, des musiciens, et même un agent de police ancien tenancier de maison close ! (Roland Allender ; Michel Rousseau ; Les Francs-maçons dans la Loge et la cité ; auto-édité ; 1996).

Ran Halévi ; Les Loges maçonniques dans la France d’Ancien Régime aux origines de la sociabilité démocratique.

Mathilde Garcin ; La république de Gênes face à la France en Révolution ; Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes ; tome 138 ; 2003 ; pages 189-207.

J. Brengues ; Les écrivains francs-maçons au XVIII° siècle ; Colloque IDERM 1984.

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Sources bibliographiques :

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- tome 3 : La Franc-maçonnerie dans l’Etat.

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