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Les compagnies universitaires dans l armée belge.

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1 jeudi 26 février 2015

Les compagnies universitaires dans l’armée belge.

Adrien ANTONIOL – ULB-DBIS

Entre 1882 et 1919, au sein de l’armée belge, des compagnies particulières puisque formées uniquement d’universitaires ont existé. Quelques explications.

Les compagnies universitaires sont nées en 1882 sur décision du ministre de la Guerre qui souhaite que des jeunes gens puissent effectuer leur service militaire dans des compagnies non-actives tout en poursuivant leurs études supérieures.

La législation encadrant cette disposition va connaître plusieurs modifications pour aboutir à la Loi de 1910 qui détermine précisément la liste des établissements reconnus : les universités bien entendu, mais aussi les conservatoires et les académies. Vous pouvez prendre connaissance du texte intégral en suivant ce lien.

Étudiants militaires. Extrait du Moniteur belge du 2 février 1910.

Collection Archives & Bibliothèques de l’ULB.

En 1910, 555 étudiants sont concernés par ces dispositions. Ils seront 1129 l’année suivante. Le contingent comprend alors 33000 hommes. Les débats de la Chambre opposent les points de vue des catholiques, des libéraux et des socialistes. C’est que la question divise, y compris parmi la hiérarchie militaire qui considère que l’on accorde des privilèges à ces soldats pas tout à fait comme les autres.

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Groupe d’étudiants universitaires à Beverloo, s.d. Collection Archives & Bibliothèques de l’ULB.

En effet, si l’on considère leur statut particulier, ils forment une classe à part. Ils sont soumis aux obligations militaires mais avec quelques aménagements : des heures d’exercices militaires et de gardes adaptés, des exemptions de corvées, des congés spéciaux accordés en période d’examens.

Groupe d’étudiants universitaires à l’exercice à Beverloo, s.d.

Collection Archives & Bibliothèques de l’ULB

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3 Cependant, ils cumulent les inconvénients de leur double statut. Ils sont à la fois miliciens et étudiants. Les dossiers académiques et militaires sont liés. Il n’est pas question de mal se comporter en dehors de la caserne et c’est en uniforme que ces miliciens sont tenus de se rendre aux cours.

Affiche de 1913. Collections Archives & Bibliothèques de l’ULB

Si l’armée met à leur disposition des salles d’étude qui leur sont spécifiquement réservées, la journée n’en commence pas moins par deux à trois heures d’exercices militaires dès 5h du matin en été et dès 6h30’ en hiver. Ensuite, les soldats sont tenus de partager « l’ordinaire », c’est-à-dire de dormir et de prendre leurs repas à la caserne, sauf exceptions.

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Cuisine de Campagne à Averboode, Compagnie Universitaire 10/09/1913.

Collection Archives & Bibliothèques de l’ULB.

Compagnie Universitaire, un repas dans la chambrée à Beverloo, s.d.

Collection Archives & Bibliothèques de l’ULB.

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5 Le Recteur est tenu au courant du dossier militaire, de même que le chef de corps surveille la progression du dossier académique. Enfin, la période des congés scolaires (d’août à septembre) est dédiée aux manœuvres et aux exercices de tir. Ces activités ont lieu au camp de Beverloo-Bourg Léopold pour toutes les compagnies universitaires du royaume.

Étudiants universitaires, repos à l’exercice de Beverloo, été 1913.

Collection Archives & Bibliothèques de l’ULB.

Par ailleurs, ce statut si particulier n’accorde pas d’autres privilèges au terme d’un service d’une durée de 22 mois en 1909 - réduit à 15 mois en 1910 - sinon la possibilité de poursuivre son parcours académique sans interruption : pas de grades, ni de promotion possible au sein de l’armée. Dès lors, on comprend que les plus fortunés tentent de se faire remplacer moyennant finance, ce que la loi prévoit. Pour qui dispose de moyens suffisants, il est relativement aisé de trouver, parmi les ouvriers et les paysans, un volontaire que la perspective de la solde, du couvert et du logement attire.

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Groupe d’étudiants universitaires à l’exercice à Beverloo, été 1913.

Collection Archives & Bibliothèques de l’ULB.

Comme le souligne Sophie de Schaepdrijver dans son ouvrage (réf. Sophie de Schaepdrijver, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Bruxelles, Peter Lang, 2004.), cela a notamment pour conséquence que l’armée belge, comparée aux armées des pays voisins, compte le plus grand nombre d’analphabètes.

Lors de la mobilisation générale de juillet 1914, les classes de 1906 à 1913 sont appelées et dispersées pour une affectation dans différents régiments. En effet, il n’est pas question de constituer des unités combattantes composées uniquement d’universitaires. Cependant, le conflit imposera à l’état-major une attitude plus pragmatique à l’égard des étudiants-soldats : de par leur niveau d’instruction et leur formation universitaire, ils constitueront un vivier de recrutement pour la formation des cadres, comme nous l’avions évoqué dans un billet précédent. C’est ainsi que plus de 3000 officiers seront formés durant la guerre dans les différents CISLA (centre d’instruction pour sous-lieutenants auxiliaires).

A cet égard, il convient de rappeler que si les compagnies sont dissoutes avec l’entrée en guerre, les liens d’amitié qui se sont constitués se renforceront durant le conflit. On est fier d’appartenir à une même promotion, à une même faculté. L’on s’enquiert de ceux qui sont blessés, on ne manque pas de leur envoyer du courrier... A certaines occasions, ce sont même des fêtes qui réunissent les soldats en permission : l’esprit de la guindaille survit malgré les rigueurs du conflit.

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Lettre de soutien à un étudiant blessé. Collection Archives & Bibliothèques de l’ULB.

Certains soldats connaîtront la captivité aux Pays-Bas (restés neutres) ou en Allemagne. D’après les mémoires de Jean Desflandres, étudiant de l’ULB, prisonnier au camp de Rennbahn, des cours seront organisés durant la captivité, officiellement d’abord, clandestinement ensuite. (réf. Jean DESFLANDRES, Rennbahn, trente-deux mois de captivité en Allemagne (1914-19187). Souvenirs d’un soldat belge, étudiant à l’Université Libre de Bruxelles. Paris, Plon, 1920)

Les blessés qui ne sont pas jugés aptes à reprendre le service actif au combat, seront reclassés dans des services administratifs, ou auront la possibilité de continuer leurs études à Paris grâce à « l’Institut Universitaire des Mutilés ».

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C’est ce qu’atteste l’ouvrage que Marcel Bolle de Bal (professeur à l’ULB) a consacré à la correspondance entre son père Jean Bolle (1896-1970) et son meilleur ami Paul Heuson (1893-1995), étudiants polytechniciens de l’ULB (réf. Marcel BOLLE DE BAL, les survivants du boyau de la mort.

Lettres de deux jeunes Wallons en 14-18. Bruxelles, éditions Safran, 2003.).

Ce dernier, gravement blessé au combat, poursuivra avec fruit des études d’ingénieur à « l’Ecole nationale supérieure des mines » à Paris. Leur amitié restera intacte et leurs familles seront liées pour la vie.

L’Armistice du 11 novembre 1918 permettra aux soldats qui ont survécu à la guerre de rejoindre leur famille. Ils souhaitent tous reprendre une vie normale et poursuivre au plus vite leurs études. Or ils sont toujours mobilisés. Aussi le ministre de la Guerre décide-t-il de permettre aux soldats et aux sous-officiers de reprendre les cours dès l’ouverture des établissements d’enseignement, en janvier 1919. Pour ceux qui ont été promus officiers au front, la circulaire militaire du 10 janvier 1919 crée des « groupements temporaires d’étudiants militaires » à Anvers, Bruxelles, Louvain, Liège, Gand, Namur, Malines, Mons, Verviers, et Tournai.

Il faut noter que leur régime sera assoupli : désormais exemptés d’exercices et de corvées, ils ne sont plus tenus de loger à la caserne ni de porter l’uniforme, sauf le jour du mois où ils viennent percevoir leur solde. Il s’agit là d’une situation de transition qui durera jusqu’à la date officielle de dissolution de ces « groupements temporaires », fixée par circulaire au 15 août 1919.

Le pays est à reconstruire, l’industrie a besoin de cadres et de techniciens compétents, c’est désormais la priorité essentielle. Tous ceux qui en ont la possibilité reprendront donc leurs études, n’hésitant pas, le cas échéant pour les plus avancés dans leur cursus et les plus brillants, à présenter plusieurs sessions d'examen en une pour obtenir au plus vite leur diplôme.

Nous remercions François Belot et David Vincent, étudiants en histoire pour leurs travaux respectifs sur les compagnies universitaires dans le cadre du séminaire HIST-B-325 dirigé par Valérie PIETTE et Laura Di SPURIO durant l’année 2013-2014.

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