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Les imaginaires migratoires au cinéma : temporalités, territoires et identités Journée d’études

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Les imaginaires migratoires au cinéma : temporalités, territoires et identités Journée d’études

URMIS/INALCO Date : 15 juin 2015

Organisateurs : Yvan Gastaut (URMIS), Thomas Lacroix (Migrinter) Delphine Pagès-El Karoui (INALCO/URMIS) et Stéphane Sawas (INALCO).

Contact : d.pageselkaroui@gmail.com

Cette journée d’études souhaite rassembler des chercheurs d’horizons différents (sciences sociales et études filmiques) pour interroger la production des imaginaires migratoires par le cinéma. Elle s’inscrit dans une double filiation. Celle d’un recours de plus en plus fréquent des sciences sociales au cinéma comme source et outil d’analyse des sociétés contemporaines, dans le sillage des postcolonial studies. Même si les migrations sont peu abordées par ces approches qui ont pourtant produit des analyses passionnantes sur l’espace, la ville ou le genre, des travaux qui traitent de ces liens entre cinéma et migration, dans une perspective transnationale, diasporique ou exilaire ont émergé récemment (Naficy 2001, Ezra & Rowden 2006, Shaw 2013). L’autre filiation est celle liée à l’omniprésence de l’imaginaire dans les sciences sociales, depuis les travaux de Benedict Anderson (2006) et d’Arjun Appaduraï (1996) qui tous deux accordent un rôle majeur aux migrations, comme aux médias d’ailleurs, dans le façonnement des imaginaires sociaux. Dans ce contexte, le concept d’imaginaire migratoire a vu récemment ses occurrences se multiplier (Wihtol de Wenden 2002 ; Halfacree 2004 ; de Gourcy 2005 ; Fouquet 2007 ; Lacroix 2010, Bredeloup 2014) mais nécessite encore d’être approfondi et théorisé.

Afin d’établir des typologies de ces imaginaires migratoires et d’en dresser des généalogies, nous aimerions confronter, lors de cette journée, des films très différents, certes centrés sur la migration, mais relevant de genres variés, de cinématographies nationales diversifiées ou appartenant justement à la catégorie du cinéma transnational. Pour décrypter les configurations symboliques à l’œuvre dans ces films, on mobilisera la triade analytique proposée par Barrère et Martuccelli (2005) pour les imaginaires de la mobilité : temporalités, territoires et identités. Ces trois axes guideront notre questionnement.

• Dans quelles temporalités se déploient ces imaginaires migratoires ?

A quels moments ces films sur la migration apparaissent-ils par rapport à la chronologie des grandes vagues migratoires ? L’imaginaire de la migration est-il présenté, comme c’est le cas dans de nombreux films sénégalais ou égyptiens (Pagès-El Karoui 2013, Timera 2014), comme une aventure provisoire, comme un rite initiatique de passage, qui se termine inéluctablement par un retour chez soi, auprès des siens, d’un migrant resté fidèle à l’éthos de sa communauté ? Et gare à celui qui s’en écarte, car il court de grands risques, l’émigration étant souvent dépeinte négativement, avec un migrant stigmatisé, nostalgique, traître à la patrie, menacé par la perte de soi. Ces systèmes de représentation des imaginaires migratoires évoluent-ils vers des visions plus positives ?

• Quelles sont les déclinaisons territoriales des imaginaires migratoires ?

Dans quels espaces sont produits ces imaginaires migratoires ? Ceux de départ ? D’accueil ou de transit ? Il serait intéressant de confronter, si c’est possible, des filmographies de deux bouts d’une même chaîne migratoire, c’est-à-dire voir ce qui se produit sur un même flux migratoire, côté pays de départ et côté pays d’accueil. Quels lieux de la migration donnent à voir ces films ? Par exemple, pour le cinéma égyptien, les films sur la migration sont centrés sur les départs vers l’Europe et les Etats-Unis alors que la majorité des Egyptiens à l’étranger vivent dans le Golfe. Plus largement, quelles visions de l’ailleurs et donc de l’altérité véhiculent ces films ?

• Comment ces fictions de la migration remodèlent les grands récits nationaux ou participent à la construction d’identités transnationales ou cosmopolites ? Au cinéma comme

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ailleurs, les figures de l’immigré, l’émigré, dessinent toujours en creux celles du national ou du citoyen comme le montrent certains travaux réalisés par l’ANR Ecrin au sein de l’URMIS.

Certains films contribuent à établir des lignes de démarcation entre « Nous » et « eux », entre le dedans et le dehors, tandis que d’autres s’évertuent à davantage brouiller les frontières, à célébrer des appartenances cosmopolites. Ils sont parfois un réservoir à stéréotypes qui témoigne d’un

« air du temps » significatif de l’état des imaginaires.

D’un point de vue méthodologique, on tachera de relever les trois défis, définis par J.-F.

Staszak (2014) :

• considérer les films à la fois comme textes et comme marchandises (c’est-à-dire s’intéresser non seulement aux représentations et configurations symboliques de la migration mais aussi aux conditions matérielles de leur production et de leur circulation et de leur consommation) ;

• appréhender les films comme des œuvres ouvertes et donc accorder une grande importance à leurs diverses réceptions ;

• enfin, ne pas se limiter à l’étude des représentations, mais s’intéresser aussi au domaine des émotions auquel les films nous donnent accès.

Enfin, nous souhaiterions ajouter une dimension méthodologique à cette journée : quel statut accorder au film comme source pour les chercheurs, face aux entretiens et récits de vie avec des migrants ? Quels méthodes et outils mettre en œuvre pour les analyser ?

Cette première journée se veut avant tout exploratoire et pourra déboucher sur d’autres rencontres, le but principal étant de tisser des liens entre des chercheurs intéressés par cette thématique cinéma et migration. Elle se déroule dans le cadre du projet Imaginaires migratoires (INALCO) en partenariat avec l’URMIS et MIGRINTER.

ANDERSON B., 2006 [1983], Imagined communities: reflections on the origin and spread of nationalism, Londres.

APPADURAI A., 1996, Modernity at Large: Cultural Dimensions of Globalization, Minneapolis, University of Minnesota Press.

BARRERE A., MARTUCCELLI D., 2005, « La modernité et l’imaginaire de la mobilité : l’inflexion contemporaine », Cahiers internationaux de sociologie, vol CXVIII, pp.55-79.

BREDELOUP S., 2014, Migrations d’aventures  : Terrains africains, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques – CTHS.

DE GOURCY C., 2005, « Autonomie dans la migration et dimension mémorielle des lieux », Espaces et sociétés, vol. 122, n° 4, p. 187-204.

EZRA E., ROWDEN T. (ed.), 2006, Transnational Cinema: the Film Reader, London, Royaume-Uni, Etats-Unis.

FOUQUET T., 2007, « Imaginaires migratoires et expériences multiples de l’altérité : une dialectique actuelle du proche et du lointain », Autrepart, n° 41, pp. 83-97.

HALFACREE K., 2004, « A Utopian Imagination in Migration’s Terra Incognita?

Acknowledging the Non-Economic Worlds of Migration Decision-Making », Population, Space and Place, vol. 10, n° 3, p. 239-253.

LACROIX T., 2010, « L'imaginaire migratoire chez les jeunes Marocains de France », in Francoise LORCERIE (dir.), Pratiquer les frontières – Jeunes migrants et descendants de migrants dans l'espace franco-maghrébin, Paris, CNRS Editions, p. 121-138.

NAFICY H., 2001, An Accented Cinema: Exilic and Diasporic Filmmaking, Princeton, Princeton University Press.

PAGES-EL KAROUI D., 2013, « Les mirages de l’émigration, au miroir du cinéma égyptien », Cinémas arabes du XXIe siècle. Nouveaux territoires, nouveaux enjeux, numéro spécial de la REMMM, n°134, p. 99-116. URL : http://remmm.revues.org/8261.

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SHAW D., 2013, « Deconstructing and Reconstructing Transnational Cinema », in S.

DENNISON (ed.), Contemporary Hispanic Cinema: Interrogating Transnationalism in Spanish and Latin American Film, Tamesis, Woodbridge (GB).

STASZAK J.-F., 2014, « Géographie et cinéma  : modes d’emploi », Annales de géographie, vol. 695- 696, n° 1, p. 595-604.

TIMERA M., 2014, « Mots et maux de la migration. De l’anathème aux éloges », Cahiers d’études africaines, vol. 213-214, n° 1, p. 27-47.

WITHOL DE WENDEN C., 2002, « Motivations et attentes de migrants », Projet, vol. 272, n° 4, p. 46-54.

Références

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