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PROFESSIONNELLES DU SEXE ET LUTTE CONTRE LE SIDA EN CÔTE D’IVOIRE : ENTRE RECONNAISSANCE ET STIGMATISATIONpp. 63-79.

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PROFESSIONNELLES DU SEXE ET LUTTE CONTRE LE SIDA EN CÔTE D’IVOIRE : ENTRE RECONNAISSANCE ET

STIGMATISATION

SEX WORKERS AND THE FIGHT AGAINST AIDS IN COTE D’IVOIRE : BETWEEN RECOGNITION AND STIGMA

Auguste Didier BLIBOLO Université Felix Houphouet Boigny UFR Science de l’Homme et de la Société

Institut des Sciences Anthropologiques de Developpement (ISAD) E.mail : bliboloa@yahoo.fr

RESUME

Les hommes, les femmes, les jeunes, les moins jeunes, toutes les catégories de personnes sont affectées par l’infection à VIH en Côte d’Ivoire. Mais les femmes adultes et les jeunes femmes sont les plus touchées. Toutefois, depuis le début de l’épidémie, ce sont les prostituées aujourd’hui appelées Professionnelles du sexe (PS) qui ont été identifiés comme les personnes les plus touchées. Les professionnelles du sexe sont ainsi reconnues comme les principaux disséminateurs du VIH dans la population. Cette reconnaissance les place désormais sous les feux des projecteurs et fait d’elles des partenaires incontournables de la lutte contre le sida si elles ne sont plus discriminées et sitgmatisées dans la société. Cependant, la discrimination et la stigmatisation des prostituées persistent, même dans les milieux de la lutte contre le sida. Le présent article montre la situation paradoxale que vivent les professionnelles du sexe impliquées dans la lutte contre le sida : la reconnaissance de leur droit à un traitement non discriminant d’une part et la stigmatisation dans la société et dans le milieu de la lutte contre le sida.

Ce qui permet une reflexion sur les déterminants sociaux et culturels de ce pardoxe.

ABSTRACT

Men, women, young people, those who are not young, all categories of people are affected by HIV infection in Côte d’Ivoire. But adult women and young women are the most affected. However, since the beginning of the epidemic, prostitutes today known as

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the spotlight and makes them key partners in the fight against AIDS if they are no longer discriminated against and seated in society. However, discrimination and stigmatization of prostitutes persist, even in the AIDS community. This article shows the paradoxical situation experienced by sex workers involved in the fight against AIDS: the recognition of their right to non-discriminatory treatment and, on the one hand, and stigmatization in society and the fight against AIDS. AIDS. This allows a reflection on the social and cultural determinants of this pardox

INTRODUCTION

Les populations ivoiriennes, tout comme les populations des autres pays du monde, ont toutes été durement éprouvées par le VIH/SIDA. Les statistiques de l’ONUSIDA indiquent qu’actuellement en 2018, les adultes et les enfants vivant avec le VIH dans le pays sont au nombre de 500 000 personnes. Les femmes sont au nombre de 270 000 et les hommes âgés de 15 ans et plus sont 190 000. L’épidémie du sida n’épargne personne, car même les enfants de 0 à 14 ans infectés par le VIH sont au nombre de 38 000. Tout ceci représente une prévalence de 2.8% des adultes âgés de 15 à 49 ans avec 3.7% de femmes et 1.9% d’hommes. La prévalence chez les jeunes femmes est de 1.4% et de 0.6% chez les jeunes hommes.

Comme on le voit, les hommes, les femmes, les jeunes, les moins jeunes, toutes les catégories de personnes sont affectées par l’infection à VIH. Mais on remerque que le nombre de femmes infectées est plus grand que celui des hommes quelque soit l’âge. Il en est de même de la prévalence de l’infection à VIH selon l’âge et le sexe : les proportions de femmes vivant avec le VIH sont plus élevées chez les personnes de sexe feminin que les personnes de sexe masculin qu’on soit jeunes (0 à 14 ans) ou adulte (15 à 49 ans). En d’autres termes, même si tout le monde est touché par l’infection à VIH, les femmes adultes et les jeunes femmes sont les plus touchées.

En termes de décès, 24 000 adultes et enfants ont perdu la vie du fat du sida.

Les femmes âgées de 15 ans et plus ayant perdu la vie du fait du sida sont au nombre de 8700 contre 13 000 pour les hommes et 3100 pour les personnes âgées de 0 à 14 ans. En Côte d’Ivoire, l’épidémie du sida a fait 290 000 enfants orphelins en 2017. (ONUSIDA. Spectrum. 2017).

Mais, depuis le début de l’épidémie, il y a des catégories de personnes particulièment touchées par l’infection à VIH. En effet, dans certaines parties du monde, ce sont les homosexuels de sexe masculin qui ont été identifiés

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comme catégorie à haut risque du fait qu’ils étaient les plus touchés. En Côte d’Ivoire, ce sont les prostituées aujourdh’ui appelées Professionnelles du sexe (PS) qui constituent la catégorie de personnes la plus touchée. Car le principal mode de transmission du VIH dans le pays est le mode hétérosexuel.

Les énormes progrès réalisés dans la lutte contre le sida ces 15 dernières années ont suscité un engagement mondial pour en finir avec l’épidémie d’ici à 2030. Pour y parvenir, la stratégie mondiale de lutte contre l’épidémie a ciblé des catégories de populations plus exposées que les autres qui sont désignées par le vocable « populations clés ». Parmi ces populations clés, il y a les prostituées ou professionnelles du sexe. Les professionnelles du sexe sont reconnues comme les principaux disséminateurs du VIH dans la population à travers leurs clients. Cette reconnaissance les positionnent comme des personnes à traiter avec précaution si l’on veut atteindre les objectifs d’héradication de l’épidémie du sida d’ici 2030. Car, les professionnelles du sexe peuvent contibuer à lutter contre le sida dans leur milieux fermés. C’est pour cette raison qu’il est forte- ment recommandé de lutter contre la discrimination et la stigmatisation dont étaient l’objet les professionnelles du sexe avant l’avénement du sida. Ce qui permet de les utiliser comme des acteurs importants de la lutte contre le sida et de faciliter leur accès au dépistage volontaire, aux traitements.

En côte d’Ivoire, les professionnelles du sexe sont impliquées dans la lutte contre le sida, mais malgré la reconnaissance internationale de leur importance et les recommandations, ces professionnelles ne sont pas toujours acceptées dans la société et même parmi les acteurs de la lutte contre le sida. Dans quelles mesures les professionnelles du sexe sont-elles infectées par le VIH ? Comment s’est faite leur implication dans la lutte contre le sida ? Comment se manifeste et est vécue la stigmatisation chez les professionnelles du sexe impliquées dans la lutte contre le sida ? Pourquoi certains acteurs de la lutte contre le sida stigmatisent-ils les professionnelles du sexe alors qu’ils sont chargés de lutter contre cette discrimination ? Pour répondre à ces différentes questions, le présent article s’articule au tour des points suivants :

- La reconnaissance des professionnelles du sexe dans la lutte contre le sida ; - La Stigmatisation des PS dans la société et sur le terrain de lutte contre le sida.

- Déterminants sociaux et culturels de la stigmatisation des PS impliquées dans la lutte contre le sida en Côte d’Ivoire.

Dans cette perspective, un ensemble de matériel et de méthode a été mobilisé.

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MATÉRIEL ET MÉTHODES

Létude a été réalisée entre juillet 2010 et mars 2012 à Abidjan auprès de l’ONG Blety principalement. Il s’agit d’une étude qualitative exploratoire à visée descrptive. Elle a permis de s’entretenir avec la Directrice ou Présidente de Bléty, des membres de son bureau.

Des informateurs clés ont été rencontrés au sein de la Clinique Confiance en vue de recueillir des informations complémentaires sur l’association Blety.

Ces informateurs sont les membres de du bureau de l’ONG qui ont accepté de répondre aux questions du chercheur.

Les entreteiens approfondis qualitatifs individuels et de groupe ont été réalisés dans le cadre de l’étude. Ce sont au total dix entretients répétés qui ont été réalisés.

La triangulation retenue pour l’analyse des données a consisté à croiser les données recueillies auprès de diverse sources en vue de vérifier la cohé- rence de leur contenu. Car, les entretiens ont fait l’objet d’anlyse thématique de contenu.

RÉSULTATS

I- La reconnaissance des professionnelles du sexe dans la lutte contre le sida

La reconnaissance des professionnelles du sexe renvoie ici au fait que celles-ci sont identifiées, désignées et considérées comme catégorie à risque élevé pour l’exposition et la diffusion du VIH. C’est également le fait que les professionnelles du sexe sont considérées comme des acteurs importants dans la lutte contre le sida. Cette reconnaissance comporte à la fois des aspects négatifs (mauvaise réputation : plus exposées que les autres au risque d’infection par le VIH ; personnes extrement dangereuse pour la société ; etc.) et des aspects positifs (valorisation : place importante dans la lutte contre le sida ; promotion des droits des professionnelles du sexe, etc.), ce sont ces faits qui sont dits les élements de la reconnaissance des professionnelles du sexe. Dans quelles mesures les professionnelles du sexe sont-elles infectées par le VIH en Côte d’Ivoire ?

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I-1- Professionnelles du sexe : plus infectées par le VIH et plus à risque

En 2016, ce sont 10 893 professionnelles du sexe qui avaient été repertoriées à Abidjan, Bouaké, San-Pédro dont 9211 dans la seule ville d’Abidjan (GAM.

2016) et la prévalence du VIH était de 11% (Behavioural Surveillance Survey.

2014). Les estimations récentes de l’ONUSIDA indiquent une séroprévalence du VIH de 12.2% en 2017 (Impact CI. 2017) alors que dans la population générale, la prévalence est de 2.8% la même année. Ces chiffres montrent que les professionnelles du sexe sont 5 fois plus touchées que l’ensemble de la population en 2017.

Cette situation ne date pas de maintenant, même si elle a évolué considé- rablement : la prévalence du VIH chez les prostituées était de 37% en 1986, de 69% en 1990 (BN SORO. 9991), 86% en 1993 à Abidjan (Glen W., Blibolo AD., Kérouédan D., 1995. 5), de 95% en 1997 parmi les filles de rue (Sangaré et al, 1997). Dans des enquêtes répétées menées dans une clinique spé- cialisée de la ville, ce taux a diminué de manière spectaculaire en quelques années, passant de 89% en 1992 à 32% en 1998 (Ghys et al. 2002). À partir d’enquêtes réalisées dans des cliniques spécialisées à Abidjan et San Pedro en 2007, puis à Yamoussoukro et Gagnoa en 2009, auprès de 1 110 « pro- fessionnelles du sexe » au total, il a été montré une prévalence du VIH de 26,6%, le taux étant plus faible chez celles qui se rendaient pour la première fois dans la clinique (17,5%) que chez celles qui y effectuaient une visite de routine (33,9%) (Vuylsteke et al. 2012). Enfin, une enquête réalisée en 2014 auprès de 466 « professionnelles du sexe » a montré une prévalence de 11,4%

(Bamba et al. 2014).

Ces données indiquent des niveaux de prévalence plus bas actuellement que dans les années 1990 (11.4 à 12.2% et 17.5% à 95%), même s’ils restent toujours plus élévés et donc préoccupants. C’est ce qui permet de comprendre pourquoi les professionnelles du sexe ont été identifiées comme catégorie de personnes à haut risque et choisies comme une cible prioritaire des programmes de lutte contre les IST VIH/SIDA dans le pays.

Il faut donc retenir que la reconnaissance des professionnelles du sexe comme population à haut risque ou encore population clé est justifiée par le fait que ces professionnelles detiennent toujours le record de la prévalence du VIH la plus élevée dans le pays. Par conséquent, elles font l’objet d’une

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considération particulière en tant que population cible prioritaire des actions de prévention. Mais elles sont également considérées comme les meilleurs acteurs de la lutte contre le sida dans le milieu des prostituées. C’est ce qui explique leur implication dans les actions de lutte contre le sida.

I-2- Implication et promotion des droits des PS dans la lutte contre le sida

En Côte d’Ivoire, l’implication dans la lutte contre le sida des professionnelles du sexe communément appellées prostituées a été suscitée de l’extérieur au départ: elles y ont été invitées par des non professionnelles du sexe. Cette implication se justifie par divers enjeux dont les contours idéologiques portent sur des préoccupations de Santé publique, de protection des droits humains et des minorités sexuelles et même sur des préoccupations financières. Du point de vue de la santé publique en effet, les professionnelles du sexe constituent une population très affectée par l’épidémie à VIH et à risque très élevé pour la propagation du VIH dans la population. L’importance que leur confère leur place stratégique dans le dispositif de lutte contre le sida implique des mesures précises : ne pas discriminer les professionnelles du sexe, les utiliser pour mieux lutter contre le sida dans leurs milieux, les organiser et renforcer leur capacité opérationnelle, lutter contre la stigmatisation dont elles sont l’objet dans la société et, défendre les droits des minorités sexuelles dont elles font partie.

I-2-1- Crétion de la première association de prostituées pour la lutte contre le sida

Jusqu’en 2001, il n’existait pas d’association de professionnelles du sexe (PS) dans le secteur de la lutte contre le SIDA en Côte d’Ivoire. L’histoire de la création de la première association de PS remonte aux temps où le projet RETROCI effectuait des recherches sur les IST et sur le rétrovirus VIH (VIH1 et VIH2) dans le milieu des professionnelles du sexe à Abidjan et sa banlieue.

Lorsque des PS étaient dépistées séropositives pour le VIH, le besoin d’assu- rer leur prise en charge médicale et psychosociale s’est fait sentir, même en l’absence de traitements spécifiques. C’est alors que la clinique confiance a été créée comme structure médicosociale de prise en charge des IST et de l’infection à VIH. Toutes les PS dépistées positives bénéficiaient donc gratui- tement de la prise en médicale des affections opportunistes et de la prise en charge psychosociale à la Clinique Confiance du projet retro ci.

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Mais il était difficile de convaincre certaines PS à accepter le test de dépis- tage du VIH et à prendre les résultats et même à bénéficier de la prise en charge médicosociale offerte dans le cadre de ce projet de recherche. Car, tout le monde avait peur du SIDA et donc de se savoir séropositif. De plus, l’infection à VIH était synonyme de mort et entrainait quelquefois l’exclusion du malade. Pour surmonter ces difficultés, certaines PS suivies à la Clinique Confiance étaient mises à contribution pour faciliter l’enrôlement de nouvelles PS dans la cohorte de l’étude du projet RETRO CI. . Ce sont autant de rai- sons qui ont motivé la constitution des PS positives en groupe de parole et d’auto soutien. En effet, la Clinique Confiance a eu l’idée d’organiser les PS séropositives sous forme d’un groupe de paroles dans une perspective de la paire éducation. C’est en 2002 que ce groupe de parole a pris corps sous le nom de BLETY (qui veut dire « espoir » en langue locale).

Cinq ans plus tard, en 2007, BLETY acquiert une personnalité juridique avec sa création officielle matérialisée par sa déclaration au Ministère de l’intérieur comme association légalement constituée. On voit donc que Blety, la première association de professionnelles du sexe de lutte contre le SIDA, a été créée par la Clinique confiance. Le motif officiel de sa création était l’auto soutient psychologique et social des PS séropositives médicalement suivies à la Clinique Confiance. Mais les PS membres de ce groupe servaient également à faciliter la réalisation des recherches auprès des prostituées qui étaient difficiles d’accès. Enfin, même si cela n’est écrit nulle part, vue que l’initiative d’accès aux ARV et les subventions de ces traitements au profit des membres des associations de PVVIH ont été mises en œuvre en 1998 et que Blety a été créée en 2002, on peut accepter l’argument de Mme T.M, assistante sociale à la Clinique confiance au moment de la création de Blety qui affirme :

« la Clinique Confiance de RETROCI ambitionnait de faire partie des centres accrédités pour la dispensation des ARV et Blety constituait un atout majeur

». Car, RETRO CI assurait déjà le leadership en matière d’examens de bilan initial et de suivi biologiques.

Il faut noter qu’aujourd’hui la Clinique Confiance est devenue l’ONG Espoir Confiance, mais elle continue d’assurer la prise en charge médicale des PS infectées par les IST et par le VIH ou malades de SIDA. Elle assure également la prise en charge médicale des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (MSM) infectés par les IST et/ou par le VIH ou malades de SIDA.

Ceux-ci sont également constitués en association, l’ONG ARC EN CIEL, qui est présentée par des membres de BLETY comme une association sœur.

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I.2.2. Implication des PS dans les activités de lutte contre le sida : exemple de l’ONG Bléty

Au départ, comme cela est indiqué plus haut, les PS dépistées séropositives pour le VIH à la Clinique Confiance avaient besoin de soutient psychologique dès qu’elles apprenaient la mauvaise nouvelle de leur infection par le VIH.

Car chacune d’entre elles était amenée à gérer seule la peur, le désespoir, et quelquefois l’exclusion/l’auto exclusion entrainés par l’annonce de la séro- positivité. Il y avait donc un grand besoin pour chacune de savoir que d’autres personnes, notamment des PS, sont également infectées par le VIH. Bléty était donc un cadre de rencontre des PS positives suivies à la Cliniques de Confiance pour se connaître, échanger et partager les craintes, les difficultés en vue de se soutenir mutuellement. Bléty leur permet ainsi de se donner de l’espoir, d’où le nom Blety qui veut dire espoir. L’activité principale était celles d’un groupe de parole : se retrouver le plus régulièrement possible, donner la parole à chaque membre qui a une ou des expériences de vie liées à l’infection à VIH à partager, tirer les leçons des expériences positives, celles qui donnent espoir d’un lendemain meilleur pour chaque PS infectée par le VIH. A cette activité de groupe de parole, s’est ajoutée celles d’une cellule d’écoute depuis 2007 : il s’agit ici d’assurer des permanences en un endroit précis de la Clinique de Confiance et de recevoir tour à tour des PS qui ont besoin de se confier à autrui face à certains problèmes psychologiques, économiques et sociaux.

Les membres de Blety qui sont de permanence se prêtent ainsi à l’écoute des PS en difficultés et essaient de les réconforter tant bien que mal. Au cours des permanences, les PS qui arrivaient à la Clinique de Confiance pour la première fois étaient sensibilisées par les membres de Blety et recevaient des conseils en faveur du test de dépistage du VIH. Les activités d’auto soutient menées par Bléty consistaient également, pour ses membres, à réaliser des visites à domicile ou VAD, à l’instar des assistants sociaux. Ces VAD sont justifiées par deux préoccupations principales : s’enquérir des conditions de vie des membres d’une part et leur apporter le soutien approprié d’autres parts.

Depuis l’avènement des traitements antirétroviraux (TARV ou ARV), les membres de Blety ont intégré les activités en rapport avec l’observance des traitements.

Les PS chargées de cette activité œuvrent à encourager, expliquer, sen- sibiliser les malades sous traitements ARV pour une bonne compliance. Car, le tout n’est pas d’avoir accès gratuitement au traitement, le plus dur est de

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le prendre correctement à vie, comme le reconnaît Cette PS sous traitement ARV depuis 3 ans :

« … au début de la maladie, mon principal problème était de savoir si je pou- vais avoir des médicaments pour me soigner. Actuellement, grâce à la clinque confiance, je suis en traitement. Mais je vous assure, c’est difficile de prendre des médicaments tout le temps. Il y a des moments où je craque et je refuse de prendre des médicaments, surtout quand je me sens mieux et quelquefois lorsque malgré ces médicaments, je ne me porte pas bien. Je me demande à quoi bon me fatiguer. Quelquefois même, lorsque je tombe malade sur une longue période, je pense à ma mort… ». [Mlle Béha AM]1

Enfin, après une série de formations sur divers thèmes dont la prévention des IST/VIH/sida, des membres de Bléty effectuent des activités autres que l’auto soutient. En effet, loin de la Clinique Confiance, les membres de Blety mènent des activités de sensibilisation et de communication pour le change- ment de comportement à risques en direction des PS en général sur des sites prostitutionnels d’Abidjan. Ces activités de prévention de l’infection à VIH visent toutes les professionnelles du sexe exerçant sur le territoire d’Abidjan. Elles portent sur la prévention primaire des comportements à risque pour l’infection à VIH. Mais les membres de Blety mènent surtout des activités de prévention positive. Ce sont des activités ciblant des PS infectées par le VIH. De façon générale, il faut préciser que la prévention positive a pour objet d’habituer les PVVIH à prendre leur santé sexuelle en main, de les amener à avoir des relations sexuelles saines, de promouvoir tous leurs droits malgré leur statut de PVVIH, de lutter contre la stigmatisation et la discrimination des PVVIH.

Autant d’activités que les membres de Blety disent mener dans la mesure du possible.

Leur nombre n’est pas connu du fait qu’elles opèrent de façon informelle.

Elles souhaiteraient toutes une reconnaissance des conseillères par la création du corps de conseillères à la fonction publique.

Ce qui ferait d’elle des agents de l’état payés sur le budget général de la fonction publique. Elles bénéficient du soutien de certains bailleurs et autres partenaires au développement, mais cette revendication n’a pas encore reçu une suite favorable de la part du gouvernement. Il leur faut donc des moyens matériels et financiers pour faire le travail qui leur est assigné

1 Les vrais noms des personnes ont été changés pour raison de confidentialité

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I.2.3. Accès aux financements et développement de Bléty

On le sait, la lutte contre le SIDA est un puissant facteur de dynamique associative dans le pays : la riposte contre l’infection à VIH était à l’origine de l’existence d’environ 26% des ONG impliquées dans la lutte contre le SIDA répertoriées en 1996 (Blibolo. 1998). Cette dynamique associative se carac- térise par la création de nouvelles associations.

Bléty est l’une des ONG qui n’a pas un accès facile aux financements.

Toutefois, quelques rares opportunités se sont offertes à l’ONG. Ainsi, en mai 2009, deux ans après sa déclaration au Ministère de l’intérieur, Blety a bénéficié d’un financement de la part du RIP+.

Le montant de ce financement n’a pas été rendu public par les Respon- sables, mais il été qualifié de « petit financement ».

En 2011, dans le cadre du projet Impact-CI financé par le PEPFAR, BLETY est impliquée dans les activités du projet Impact CI. Ici non plus, il n’a pas été possible de connaître le montant du financement. Malgré le faible accès aux financements, Bléty a connu un développement impulsé par ses financements.

Lorsque BLETY a bénéficié du financement à travers le RIP+, le nombre de membres de l’ONG est passé de 10 à 62 et une section de l’ONG a été créée à Yamoussoukro.

Ce financement a permis à l’association de réaliser des partenariats de formations des membres et de financement d’activités. Ici, on constate une dynamique associative caractérisée par une augmentation du nombre des membres, par un renforcement des capacités, par la création de nouvelles sections (non fonctionnelles).

L’accès aux financements a donc influé sur le développement de l’ONG. En effet, même si certaines pratiques actuelles telle que la gestion des fonds de l’ONG par des intermédiaires, sont encore abordées de façon quelque peu tabou.

Hormis les deux opportunités de financement évoquées, l’ONG n’a pas toujours les ressources nécessaires pour mener certaines activités et assurer son autonomie. Toutefois, on constate qu’il y a la volonté d’autonomie chez Bléty. En effet, depuis le 25 janvier 2012, Blety a aménagé dans son propre siège à Yopougon, très loin de l’ONG Espoir Confiance. Il est vrai que l’acqui- sition d’un siège est en soit, sinon la preuve de la recherche d’autonomie, tout au moins la manifestation d’un début d’autonomie. La revendication de

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l’autonomie n’est pas encore perceptible dans les discours des Responsables de l’ONG. On le sait, « dans la première décennie de l’épidémie, la création d’associations procédait plus rarement d’initiatives proprement locales que de réponses à des incitations financières des institutions internationales, conquises au nouveau dogme de la « société civile contre l’Etat » et de réplications de modèles souvent importés par les activistes occidentaux…

Il s’agit le plus souvent, de partenariats ou de réseaux qui impliquent le mimétisme et n’excluent pas le conflit. ». (Didier Fassin. 1959).

Cela est certainement dû au fait que BLETY n’entretien pas de relations avec les associations sœurs locales ou étrangères à part le RIP+ et le RIJES dont elle est membre.

La création et le financement d’une association de prostituées pour la lutte contre le sida apparait comme une promotion de cette pratique, notamment lorsqu’il est question de lutter contre la stigmatisation dont ces professionnelles sont l’objet dans la société. Un problème qui se pose aussi bien dans la société générale que les milieux spécialisés de lutte contre le sida.

Mais une fois engagées dans les activités de lutte contre le sida, ces profes- sionnelles du sexe traditionnellement victimes d’exclusion sociale, s’aperçoivent qu’il faut lutter contre l’exclusion liée au statut de prostituées séropositives pour le VIH, contre l’exclusion « sociale et culturelle » et contre l’exclusion sur le terrain de la lutte contre le sida. Une situation ambiguë où la promotion de la reconnaissance du droit à l’existence des prostituées dans la société côtoie le rejet et la stigmatisation de celles- ci par ceux-là même qui sont chargés de lutter contre l’exclusion et la violation des droits des professionnelles du sexe.

Le vécu de cette situation a été étudié à travers l’exemple d’une association de professionnelles du sexe de Côte d’Ivoire, Bléty.

II- La Stigmatisation des PS dans la société et sur le terrain de lutte contre le sida

A Abidjan, les professionnelles du sexe disent être l’objet de stigmatisation, de discrimination négative et de rejet par les familles et la société. Selon elles, le fait d’être infectées par le VIH les expose à la stigmatisation et, elles sont également stigmatisées du fait qu’elles sont des professionnelles du sexe.

Elles sont donc l’objet d’une double stigmatisation et elles s’en plaignent, le regrettent, le vivent avec beaucoup de peine.

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II-1- Double stigmatisation des Professionnelles du sexe en famille

Il y a stigmatisation dans des familles du fait de la pratique de la prostitution.

Mais être une prostituée infectée par le VIH expose à une double stigmatisation, car la stigmation liée à la séroposité pour le VIH s’ajoute à celle entrainée par le statut de prostituée.

En effet, aux dires des membres de Blety, des prostituées sont rejetées par toute la société. Ainsi, même si certaines familles tolèrent la prostitution de leurs filles du fait qu’elles vivent du fruit du travail de celles-ci, il y a des prostituées membres de Blety qui se disent mal vues dans leurs familles. Elles comprennent difficilement le mauvais traitement qui leur est fait et souhaite- raient qu’il en soit autrement. Chacune le vit et l’exprime à sa manière. C’est le cas de B. Joséphine.

« Au début, je vivais chez mon oncle et chaque après-midi, vers 18 heures, ma camarade Aline et moi, on partait en zone 4 pour travailler et rentrer à la maison les matins. Mais les enfants de mon oncle n’acceptaient pas de me voir dans la maison. Ils n’avaient aucun respect pour moi et si je mange dans une assiette, personne ne veut manger dedans. Donc cela fait que j’avais mes assiettes à moi seule dans la maison, j’avais mon verre à boire, ma cuillère.

J’étais très mal vue dans la maison on ne voulait pas me voir.

Personne ne causait avec moi et on demandait aux enfants de ne pas m’approcher. C’était trop dur pour moi et j’ai fini par quitter la maison pour aller vivre dans un studio à Yopougon.2 [B. Joséphine]

Joséphine montre que la profession du sexe est une cause réelle de stigma- tisation et d’exclusion sociale. Cette professionnelle du sexe raconte comment elle est stigmatisée en famille et comment elle s’est auto exclue de la maison à cause de sa profession. La pratique de la profession du sexe l’a mise en conflit ouvert avec les membres de sa famille. Elle avait le choix entre arrêter de pratiquer cette profession pour éviter le conflit et continuer de pratiquer la prostitution. Elle a choisi son métier au détriment de ses relations avec ses parents. La pratique de la profession du sexe est donc en soi porteuse d’exclu- sion/auto exclusion à Abidjan.

2 B Joséphine n’est pas le vrai nom de notre interlocutrice qui a requis l’anonymat comme toutes les autres membres de Blety rencontrées : elles ont souhaité qu’on taise leurs noms.

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La stigmatisation dans les familles est également liée à la séropositivité pour le VIH des PS comme l’atteste Rose G :

« J’habitais chez un tuteur et puis quand je suis tombée gravement malade, on m’a dit que je suis séropositive. Quand j’étais guérie, j’ai informée mon tuteur que j’ai le SIDA. Un jour après, il m’a dit de quitter dans sa maison parce que si je suis dans la maison, il ne faut pas que je vais les contaminer. Je lui ai demandé pardon mais il a refusé. Il dit que c’est ce que j’ai cherché que j’ai trouvé. C’est ça je suis allée expliquer ça a une amie qui m’a dit de venir dormir Chez elle. » [Rose. G]

On le voit bien, les personnes vivant avec le VIH ne sont pas toujours regar- dées comme les autres malades. Le terme de « sidéen » comporte même des connotations péjoratives à Abidjan à tel point qu’il est quelquefois synonyme d’injures3. Mais avec l’avènement des ARV, il y a lieu d’espérer des change- ments de comportements dans le futur.

II-2- Stigmatisation des PS dans la rue et dans le milieu de la lutte anti sida

La stigmatisation des PS dépasse le cadre de la sphère familiale.

Des membres de Blety telle que Françoise A. évoquent des railleries et des agressions dont elles sont l’objet dans les rues du fait qu’elles sont des professionnelles du sexe.

« …il y a des fois où les jeunes du quartier disent, regardez moi cette bordelle qui n’a même pas honte. Ils t’insultent et si tu veux parler, ils sont prêts à te frapper pour rien. Tu n’as rien fait et ils t’agressent quand tu passe simplement. Si c’est comme ça, j’ai peur de sortir seule la journée et je reste à la maison jusqu’à 18 heures 30 avant de sortir pour aller me chercher. Je ne comprends pas pourquoi les gens sont méchants avec nous comme ça.

Je peux faire ce que je veux avec mon corps, je ne dérange pas quelqu’un. Ils t’interdisent des fois de passer sur certaines rues du quartier et te lance des injures. » [Françoise. A]

Ici, la liberté de disposer de son corps tient cette PS à cœur et elle se demande pour quelles raisons les autres sont mécontents d’elle du fait qu’elle pratique la prostitution.

3 Pour repousser les avances d’un garçon trop maigre à son goût, une jeune fille a dit : « …toi un sidéen comme çà, tu m’as bien regardé avant de me draguer ?»

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Il y a également des PS qui affirment qu’elles vivent des situations de dis- crimination négative de la part des autres acteurs de la lutte contre le SIDA.

En effet, dans le milieu de la lutte contre le SIDA, les professionnelles du sexe se disent stigmatisées. Cela se manifeste quelquefois au cours des ateliers ou réunions des ONG et autres organisations de lutte contre le SIDA. A ces occasions, chaque organisation est appelée à intervenir dans les débats et à défendre ses points de vue, ses intérêts. Mais selon les membres de Blety, lorsque leurs représentantes prennent la parole, elles sont victimes de railleries, de plaisanteries de mauvais gôut, de moqueries.

« … Il est risqué de se prévaloir publiquement du statut de professionnelle du sexe à Abidjan actuellement. Même lorsque nous sommes dans des ateliers ou des réunions de lutte contre le sida ». [Adéba. You]

La stigmatisation empêche les PS de se présenter comme telles en publique.

Elles disent avoir remarqué que dans les ateliers et autres rencontres sur le SIDA où elles sont invitées, certaines personnes considèrent les appuis (matériels et financiers) apportés à leurs ONG comme une promotion de la prostitution, donc de l’immoralité sexuelle, sous le couvert du SIDA. Il devient alors difficile de défendre certains projets de lutte contre la stigmatisation dans ces contextes. Toutes choses qui favorisent la clandestinité des PS plutôt que l’efficacité d’action.

Dans l’exercice de la prostitution, la stigmatisation est présente chez les professionnelles du sexe à Abidjan : sur le lieu du travail, même entre les PS.

« C’est difficile de mener les activités de prévention chez les PS. Il y a des filles qui n’ont pas le temps de t’écouter parler de la prévention du sida. Quel- quefois même, elles sont agressives et elles te disent : toi une prostituée, c’est toi qui connait le sida plus que moi ? Tu m’emmerde avec tes bêtises. Vas te faire foutre. Je n’ai pas ton temps moi. Comme tu as fini de gagner ton argent, tu viens distraire les gens. » [Agathe. N]

Tous les récits de vie qui précèdent indiquent que la stigmatisation est omni présente dans la vie des PS à Abidjan. Même dans l’application policière du code pénal ivoirien de 1981, les PS voient également de la stigmation.

Il ya néanmoins une espèce de pardoxe lorsque la stigmatisation des PS se fait dans le milieu de la lutte contre le sida, là où il est formellement recom- mandé de lutter contre cette stigmatisation. Cette situation est d’autant plus paradoxale que les PS constituent des acteurs de la lutte contre le sida et que

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par conséquent elles devraient être traitées sans discriminition par leurs collè- gues de lutte non professionnelles du sexe. Et pourtant, les données d’enquêtes nous révèlent que même les prostituées stigmatisent leurs homologues qui veulent les sensibiliser.

Finalement, les professionnelles du sexe qui s’engagent dans la lutte contre le sida doivent faire face au sida, mais également à la stigmatisation en famille, dans la rue, parmi les acteurs de la lutte contre le sida et sur le lieu d’exercice de sa profession. Ce paradoxe de la stigmation des PS impliquées dans la lutte contre le sida est la manifestation d’un choc des cultures.

III- Discussion : stigmatisation des PS dans la lutte contre le sida et choc des cultures

Selon GRAWITZ, Madeleine (2004), « Le choc culturel est la somme des effets produits sur un individu pris au dépourvu lorsqu’il est plongé dans une culture étrangère »4.

Ici, le choc culturel vient du fait la prostitution est socialement et culturelle proscrite. Mais pour des raisons d’odre sanitaire, il est recommandé de ne pas discrimer les prostiuées. De plus, non seulement qu’il faut les accepter comme telles, mais il faut lutter contre la stigmatisation dont elles sont l’objet. Comme le dit GRAWITZ, Madeleine, les acteurs de la lutte contre le sida sont pris au dépourvu lorsqu’ils doivent faire équipe avec des professionnelles du sexe et et plaidoyer en faveur de respect des droits des prostituées à la différente.

Car les experts de la lutte contre le sida soutiennent l’idée selon laquelle il faut considérer les prostituées comme ayant le droit de partiquer leur profession avis que ne partagent pas certains experts et acteurs de la luttecontre le sida.

Voulant montrer que la culture peut agir au niveau de la prévention sexuelle du VIH en tant que facteur très important le Sociologue Mohammed BELEKBIR (2011) affirme : « On peut évoquer parmi ses contributions les actes suivants : adopter le principe de la santé au sens large (santé morale, santé sexuelle et santé physique) et consolider ce principe par les arguments culturels (versets coraniques et Hadith...) ; introduire l’éducation sexuelle dans le processus de l’éducation et la socialisation. On peut profiter de l’éducation islamique pour développer davantage l’éducation sexuelle ; lutter contre la prostitution ; lutter

4 GRAWITZ, Madeleine, Lexique des Sciences Sociale, Paris, Dalloz. 8è édition. 2004).

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contre la toxicomanie ; lutter contre tout rituel à risque qui se manifeste au nom de la religion (hospitalisation dans les mausolées et les bâtiments des mara- bouts, qui nous fait penser à la prostitution religieuse ou sacrée qui existait jadis).

Comme on le voit, même un expert dans le domaine de la recherche sur le sida affirme qu’il faut « lutter contre la prostitution » lorsqu’on veut lutter contre le sida avec les moyens culturels. Ce qui confirme que la prostitution est toujours proscrite dans les cultures africaines. Par conséquent, ce qui parait paradoxal à nos yeux concernant la stigmatisation des PS à tous les niveaux de la société n’est que la manifestation de la lutte de deux cultures, l’une de santé publique privilégiant la lutte contre une maladie et l’autre privilégiant la morale, les valeurs traditionnelles.

Les professionnelles du sexe dans la lutte contre le sida en Côte d’Ivoire sont prises entre la promotion de valeurs de santé publique forgées par la lutte contre le sida et la stigmatisation justifiée par les valeurs sociales et cutrelles locales. Le fait de considérer la protection des droits des prostituées comme une manière de promouvoir la pratique de la prostitution reste discutable.

Car, l’implication des PS dans la lutte contre le sida peut contribuer à les amener à abander cette profession au profit d’autres activités. Ici, se pose la question de savoir dans quelles proportions la lutte contre le sida contribue à faire abandonner la prostitution. Des études ultérieurs pouraient permettre de répondre à cette question et nourrir le débat sur la promotion de la prostitution par l’implication des PS dans la lutte contre le sida.

CONCLUSION

En côte d’Ivoire, les professionnelles du sexe sont impliquées dans la lutte contre le sida. Pour les encourager à faire leur tests de dépistage et éviter de propager le VIH dans la population, les PS sont ménagées : il faut les accepter comme telles sans les condamner, les stigmatiser. Elles sont organisées en ONG, bénéficient de financements et leurs droits sont protégés. En retour, elles contribuent à la lutte contre le sida dans leurs milieux où cette lutte est difficile.

Mais en même temps, elles sont toujours stigmatisées dans la société, dans les familles et même sur le terrain de la lutte contre le sida. Elles se trouvent prises entre une relative promotion et une triple stigmatisation : stigmatisation des prostituées, stigmatisation des personnes vivant avec le VIH et stigmation parmi les « lutteurs contre le sida ».

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