LE SAVOIR-VIVRE
LE SAVOIR-FAIRE ET
Marie-Aline Janneau José-Manuel Barbero
LE SAVOIR-VIVRE LE SAVOIR-FAIRE ET
TREVISE
Ouvrages de Marie-Aline Janneau : La fête à tous prix, Éditions Jean-Claude Lattès Guide des bars à Paris, Éditions Robert Laffont Petit guide de Paris en poche, Éditions Tchou
© Éditions Jean-Claude Lattès, Paris, 1986
Introduction
Non, les bonnes manières ne sont pas démodées. Au début du siècle, les guides français du savoir-vivre, traduits dans toutes les langues, assuraient notre réputation dans le monde entier. Aujourd'hui, les conventions sociales les plus rigides sont oubliées et remplacées par un nouveau style de vie dans lequel indifférence et sans-gêne prennent souvent le pas sur la politesse.
Si la courtoisie demeure une qualité essentielle que
chacun manifeste à sa façon, les règles de la vie en
société sont sujettes à de constantes fluctuations,
selon les pays, les milieux, les générations.
Le savoir-vivre, puzzle bien compliqué, où il man- que toujours une pièce, est aussi un jeu d'équipe. À vous de jouer si la balle est dans votre camp et que vous voulez marquer l'avantage. Mais, ici, le hasard ne fait pas bien les choses et n'oubliez pas qu'en la matière ce n'est pas vous qui comptez les points : mieux vaut connaître les règles d'un sport qui demande peu d'entraînement et seulement quelques connaissances de base. Tel est l'esprit de ce livre où vous ne trouverez pas des préceptes désuets fleurant bon la naphtaline, mais un mode d'emploi, revu et corrigé, de la meilleure façon de se comporter en société !
A
accueil
Après avoir ouvert la porte à vos visiteurs, vous
n'oublierez pas de les débarrasser de leur manteau,
imperméable ou tout objet encombrant qu'ils pour-
raient avoir avec eux. Vous leur proposerez de
s'asseoir. Quelqu'un de bien élevé ne le fait jamais
avant d'en avoir été prié.
addition
Sauf si l'on vous a expressément invité, insistez pour régler ou tout au moins partager la note. Ne choisis- sez pas le moment où elle arrive pour partir traîtreu- sement aux toilettes ou bien prolonger indéfiniment la conversation dans l'attente d'un geste de votre vis- à-vis.
Si c'est vous qui invitez, n'épluchez pas l'addition pendant une demi-heure et, si par hasard vous la partagez, ne vous livrez pas à de savants calculs pour savoir quelle est la quote-part de chacun selon le prix et le nombre des plats commandés.
Si vous êtes l'invité, ne remerciez pas immédiate- ment après le règlement. Faites-le plutôt en sortant du restaurant, sans grandes effusions, la formule la plus simple étant la meilleure.
Par ailleurs, si votre entreprise est peu regardante sur vos notes de frais, n'en profitez pas pour empocher l'addition après l'avoir fait partager à vos amis.
adieux
En public gagnent à être discrets et abrégés au maxi- mum. Évitez, si possible, les embrassades qui n'en finissent plus, n'agitez pas de mouchoir sur le quai de la gare, ne vous répandez pas en recommanda- tions diverses.
âge
A une femme ne se demande jamais : c'est un prin-
cipe général et quasi universel.
Avec un homme autant l'éviter : c'est préférable, certains n'aiment pas l'avouer.
Il n'y a pratiquement qu'aux enfants que vous pou- vez poser cette question indiscrète.
agenda
Accessoire indispensable pour qui a des plannings chargés afin de ne pas oublier ou mélanger ses rendez-vous. Mais inutile de « frimer » en le com- pulsant à tout moment si vous savez d'avance que votre emploi du temps n'est pas surchargé.
Quant au répertoire d'adresses, l'avoir en double : mieux vaut recopier que passer une journée aux objets trouvés.
anglomanie
Périodiquement les partisans de la langue française partent en guerre contre l'invasion linguistique d'outre-Manche. Bien sûr, certains termes font partie du vocabulaire courant (ex. : job, interview, lunch, steak, sandwich, week-end...), mais inutile d'en rajouter pour vouloir paraître dans le coup. Et, si vous ne pouvez vous en empêcher (par déformation professionnelle entre autres), attention à l'accent.
La médiocrité ne pardonne pas.
animaux
Chien : vous êtes responsable de son éducation. Un chien bien élevé ne doit pas :
— gémir ou aboyer à tout rompre et à tout instant,
— quémander de la nourriture lorsque vous êtes à table,
— monter sur les sièges, les canapés ou les lits,
— utiliser les trottoirs pour ses besoins. Apprenez- lui le caniveau,
— se promener en toute liberté : dans certains endroits et dans les lieux publics, il doit rester en laisse ou attaché.
Si vous débarquez chez des amis, informez-vous d'abord pour savoir s'ils n'y sont pas allergiques.
Prévoyez sa nourriture s'il s'agit d'un séjour en week-end.
Dans les transports en commun :
— bus et métro : petits chiens seuls autorisés et encore à condition d'être portés dans un sac ;
— avion : moins de 6 kg, peuvent voyager en cabine, les autres sont condamnés à la soute ;
— train : tout est permis sauf de déranger son voi- sin.
Chat : veillez à changer fréquemment sa litière. Rien de plus désagréable que l'odeur d'un chat qui s'oublie.
Ne le laissez pas monter sur les genoux de vos visi- teurs, certains n'apprécient pas du tout.
Autres animaux :
— Chez vous : tous ceux que vous voudrez mais deux principes indispensables : silence et pro- preté.
Certains sont à garder bien enfermés dans une pièce (singes, serpents, etc.). Pour les perroquets
et autres oiseaux parleurs : évitez les gros mots, ils ne retiendront que ça.
Ailleurs : peu de cas, car ils voyagent rarement.
Simple rappel : les fauves, même tenus en laisse, sont interdits sur la voie publique.
anniversaire
Le « je donne une soirée pour mon anniversaire » n'est pas du meilleur goût. Vos intimes doivent déjà le savoir, quant aux autres ne les forcez pas à arriver avec le petit cadeau obligatoire (voir Cadeaux).
Pour celui des autres, un coup de téléphone, quel- ques mots gentils ou un geste symbolique font tou- jours plaisir.
Attention : certains préfèrent que l'on oublie leur date de naissance. A partir d'un certain âge, on ne met plus sur le gâteau le nombre de bougies corres- pondant.
apéritif
On n'invite pas à venir prendre l'apéritif (ni l' « apéro », bien sûr). On ne boit pas un canon, ni un pot ou un drink. Avant le déjeuner ou le dîner, on prend simplement un verre.
Chez vous, à côté des boissons alcoolisées, prévoyez aussi des jus de fruits pour ceux qui ne sont pas por- tés sur la dive bouteille. Si vous êtes invité, surtout ne prolongez pas les festivités en espérant passer à table.
[Voir « Incruster » (s').]
argot
Familier, mais tout le monde l'utilise. Les grands classiques, passe encore : fric, bouquin, boulot, bouffe, clope, fringue, etc. Le tout est de savoir les utiliser à bon escient.
On parle fric ou pognon avec un copain, mais argent avec son employeur. On se fait une petite bouffe entre amis mais on invite ses relations à dîner.
L'argot comme le reste vieillit, et « rouler des méca- niques » à la Jean Gabin est un peu démodé.
armée
Pitié pour les autres. Les histoires de corps de garde ou les souvenirs de votre « service » gagnent à être écourtés. Les coups de gueule de votre adjudant ris- quent de faire rire jaune. Le récit de vos corvées sous les drapeaux peut en devenir une pour vos audi- teurs.
articuler
Vous ne parlez pas la bouche pleine, alors pourquoi marmonner ? Rien de plus fatigant, voire exaspé- rant, que de faire répéter ou de jouer, de guerre lasse, à celui qui comprend tout et opine du bonnet.
astrologie
Sujet de conversation facile. Thème universel, cha-
cun y trouve son compte. On échange encore les
adresses de voyantes extra-lucides toujours meilleu- res les unes que les autres et Madame Irma garde un bon créneau. Mais l'astrologie a acquis ses lettres de noblesse. Le thème astral et les signes du zodiaque font l'unanimité. Dis-moi quel est ton ascendant et je te dirai qui tu es. Il y a toujours deux personnes nées sous la même étoile et de là naissent beaucoup d'amitiés.
attaché-case
Très pratique : du plus futile (cravate, brosse à dents) au plus sérieux, tout y entre. En tout cas il doit rester classique et les fantaisies sont à proscrire.
Mais une serviette ou un porte-documents en cuir donnent un genre plus cossu.
attente (salles d')
Chez le médecin ou le chirurgien-dentiste : on n'engage pas la conversation pour raconter ses infir- mités ni s'enquérir de celles des autres.
Partout :
— On salue d'un signe de tête en entrant.
— Dans la mesure du possible, si les pièces sont réduites, on évite de fumer.
— On lit les journaux ou les magazines, mais on n'en arrache pas les pages même si l'article est très intéressant.
— On mémorise les visages des autres pour ne pas
passer avant son tour.
— S'il s'agit de visites régulières et que vous avez souvent dérangé l'assistance ou l'hôtese (rendez- vous déplacés, annulés, etc.), vous pouvez lui offrir un petit présent mais vous ne donnerez jamais de pourboire en espèces.
Aéroports :
— Cédez poliment votre place assise aux personnes âgées, ou aux femmes enceintes ou accompagnées d'enfants.
— Quand l'heure de départ a sonné, ne bousculez pas les autres pour être plus près de la porte d'accès. Les places sont comptées et vous avez votre billet.
audace
Peut rapporter gros. Quand il y a récidive, s'appa- rente au culot ou au toupet, voire au sans-gêne ou à l'insolence, peu appréciés de ceux qui en font les frais.
En user avec modération selon les gens et les circons- tances et ne pas en faire une règle de vie.
autonomie
Rien de pire que ceux qui ne savent jamais se débrouiller tout seuls. Problèmes de boulot, d'appartement, de voiture, de baby-sitting, de vacances, de week-end ou de réveillon, ne comptez pas toujours sur les autres pour vous sortir de la panade.
La charité chrétienne a ses limites. Les éternels assis- tés deviennent vite des poids lourds.
Non, les bonnes manières ne sont pas démodées. Au contraire.
Et si certaines conventions, trop rigides, ont été oubliées, ce n'est pas une raison pour que le sans-gêne et l'indifférence prennent le pas sur la politesse.
Le savoir-vivre s'apprend et se pratique tous les jours. Savez- vous, par exemple, comment placer vos invités à table ? Ou répondre correctement aux faire-part? Précédez-vous votre femme avant d'entrer au restaurant ? Faut-il arriver les mains vides chez ceux qui vous invitent pour la première fois ? Et les pourboires, en connaissez-vous le bon usage ?
Ce livre répond à ces questions et à des centaines d'autres.
Avec son aide, vous éviterez les fautes de goût, les gaffes que les autres ne vous pardonneraient pas. Vous saurez bien vous comportez et être à l'aise, quelles que soient les circonstances.
Marie-Aline janneau est rédactrice en chef-adjointe de BIBA.
José Barbero est directeur financier.
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