• Aucun résultat trouvé

La médiatisation des groupes professionnels

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "La médiatisation des groupes professionnels"

Copied!
3
0
0

Texte intégral

(1)

1

- - - Appel à communication - - -

Journée d’étude « La médiatisation des groupes professionnels », CEREP / Université de Reims Champagne-Ardenne,

15 novembre 2013

- - - Appel à communication - - -

Les groupes professionnels font l’objet d’une médiatisation croissante. Celle-ci résulte de la prolifération des moyens de communication, mais aussi de la constitution du monde du travail comme préoccupation prioritaire dans l’information, et comme ressort narratif dans la fiction. Elle tient également à l’extension des « relations presse » dans les secteurs public et privé, et à la démocratisation de la parole publique à la faveur de l’internet 2.0. En effet, les interfaces numériques offrent aux professionnels un terrain propice à l’autopromotion, à la mise en débat ou encore à la circulation des savoirs1. Le monde privé des professions se trouve ainsi, de plus en plus, placé voire projeté sous le regard et le débat publics. C’est le cas, notamment, des métiers de la sécurité, de la justice, de la santé ou encore de l’enseignement2. Ce processus de publicisation et de sémiotisation fournit aux collectifs de travail une tribune providentielle pour faire voir et valoir leurs intérêts ; mais il bouscule leur capacité à produire une image cohérente et positive, en termes de contrôle des informations et de maîtrise des apparitions publiques.

Pourtant, ce phénomène reste un point aveugle ou un angle mort de la recherche en sciences sociales, malgré la centralité des professions dans la société contemporaine, mais aussi dans la tradition sociologique3. Ainsi, on sait que toute profession4 se ramène à une construction rhétorique, au sens où elle résulte d’une argumentation rationnelle (et au-delà de procédés dramaturgiques) pour revendiquer une compétence, conquérir, exercer et conserver un statut, et dans certains cas monopoliser une activité5. Mais on ignore largement le rôle et la place des médias dans ce mécanisme d’institutionnalisation : comment et dans quelle mesure sont-ils mobilisés dans le travail politique et symbolique destiné à « construire la compétence »6 auprès de l’Etat, de l’environnement sectoriel et du public ? De même, on sait que les médias interviennent de façon significative dans la construction des identités sociales : non seulement ils symbolisent l’existence et la valeur des groupes sociaux aux yeux du plus grand nombre, mais en outre ils fournissent des ressources interprétatives pour définir le rapport à soi, à autrui et au monde7. Mais les études consacrées au poids des représentations et des imaginaires médiatiques dans la construction des identités au travail restent relativement rares.

1 Convert B., Demailly L., 2007, Les groupes professionnels et l’internet, L’Harmattan.

2 Voir notamment, sur la représentation médiatique et en particulier fictionnelle : des policiers, Meyer M. (dir.), 2012, Médiatiser la police. Policer les médias, Editions Antipodes ; des juges et des avocats, Villez B., 2005, Séries télé : visions de la justice, Presses Universitaires de France ; des médecins, Chalvon-Demersay S., 1999,

« La confusion des conditions. Une enquête sur la série télévisée Urgences », Réseaux, n° 95, p. 235-283.

3 Dubar C., 2004, La socialisation. Construction des identités sociales et professionnelles, Armand Colin.

4 On entend ici la notion de profession au sens large, au-delà des professions établies, libérales ou savantes.

5 Freidson E., 1984, La Profession médicale, Payot.

6 Paradeise C., 1985, « Rhétorique professionnelle et expertise », Sociologie du travail, n° 1-85, p. 18.

7 Le Grignou B., 2003, Du côté du public. Usages et réceptions de la télévision, Ed. Economica.

(2)

Dès lors, cette journée d’étude se donne pour mandat d’interroger la médiatisation des groupes professionnels, à partir d’ancrages disciplinaires et de terrains d’enquête variés. Plus précisément, elle entend questionner le rôle et la place des médias dans la représentation des collectifs de travail, et dans la construction des statuts et des identités professionnels. Elle s’adresse à tous les chercheurs investis dans cette thématique, afin de discuter les approches, les hypothèses, les résultats, et de défricher un champ d’investigation original.

Pour cela, elle revendique un double parti pris. D’une part, dans une visée intégrative, il s’agit de dépasser la frontière des « genres », au sens sémiotique du terme8, pour penser dans un même mouvement l’ensemble des récits médiatiques mettant en discours ou en image une profession donnée, qu’ils relèvent de l’information, de la communication, de la fiction, ou encore de l’auto-publication en ligne. En effet, si ces mises en récit sont configurées et spécifiées par des « contraintes de production9 », elles dialoguent les unes avec les autres pour constituer une image publique d’ensemble. De plus, à la faveur des effets d’intertextualité et de la porosité plus ou moins accusée entre les genres (publi-information, « fiction documentarisante10 », etc.) elles peuvent se répéter, se confirmer, et ainsi contribuer d’autant à la construction et à la stabilisation des imaginaires sociaux sur le travail et les professions. Par exemple, le thème du « malaise policier » se matérialise tant dans les productions journalistiques sur les difficultés du métier, que dans les polars de facture réaliste mettant en scène des héros faillibles voire tragiques, ou encore dans les doléances exprimées par les policiers auteurs d’un blog sur leur métier.

D’autre part, il s’agit de penser les récits médiatiques comme un matériau signifiant passible d’une analyse textuelle ou filmique, mais aussi, dans une approche pragmatique, comme une activité sociale.

Dans ce sens, tout récit médiatique constitue le produit fini d’un processus créatif inscrit dans une dynamique d’interactions et d’interlocutions, et impliquant des opérations de sélection et de cadrage, des stratégies énonciatives, des rapports sociaux entre des acteurs porteurs d’intérêts et de visions du monde plus ou moins concurrents. De même, tout récit médiatique, dans sa réception, appelle un travail d’interprétation (individuel ou collectif) au cours duquel sont élaborées et partagées des significations, et donne potentiellement matière à se définir tant subjectivement que socialement.

Par médiatisation, on entend ainsi « un processus complexe résultant de l’interaction entre divers acteurs collectifs et individuels et aboutissant à la présence d’un sujet dans les médias de masse et à des conflits pour l’interprétation et l’attribution de valeurs symboliques11 ». On inscrira également les médias sociaux dans ce processus, ne serait-ce qu’en vertu de leur logique collaborative et conversationnelle. Une telle définition suppose de rompre avec le média-centrisme et de dépasser le clivage traditionnel entre représentations et pratiques, pour s’intéresser à la fois à la mise en récit de tel ou tel collectif de travail dans les médias, à l’ensemble des moyens mobilisés par ses membres pour intervenir dans le processus de médiatisation et façonner leur image publique, et à la réception de ces mêmes récits dans la profession considérée et parmi ses clients ou ses usagers.

8 Jost F., 1997, « La promesse des genres », Réseaux, n° 81, p. 11-31.

9 Charaudeau P., 1997, Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social, Nathan.

10 Pontarolo S., 2004, « Documentarisation des séries policières ? L’exemple de la télévision française », Beylot P., Sellier G. (dir.), Les séries policières, L’Harmattan, p. 151-169.

11 Bonnafous S., 1999, « La médiatisation de la question immigrée : état des recherches », Etudes de communication, n° 22, p. 59-72 [mis en ligne le 27 novembre 2011. URL : http://edc.revues.org/2344].

(3)

3 Sur cette base, cette journée d’étude propose d’examiner la médiatisation des groupes professionnels sous trois angles distincts mais complémentaires, entre lesquels il existe une continuité théorique12 :

-la représentation : comment et dans quelle mesure les groupes professionnels sont-ils donnés à voir, qu’il s’agisse de leurs membres, de leurs activités et relations de travail, des moyens à leur disposition, de leur vie privée, de leurs préoccupations individuelles ou collectives ? Quelles sont les modalités de leur mise en récit ? Quelles régularités mais aussi variations apparaissent (thèmes récurrents, structures énonciatives, figements discursifs, stéréotypes et contre-stéréotypes, figures ordinaires, héroïques ou controversées, etc.) ? Cette représentation s’arrime-t-elle à des enjeux politiques ou normatifs (conquête ou défense d’un statut, intérêts catégoriels, reconnaissance sociale, etc.) ?

-la production : dans une profession donnée, quels sont les acteurs prenant part (officiellement ou non) à la mise en récit de leur activité ? Que s’efforcent-ils de faire voir et valoir ? Quelles ressources et stratégies mobilisent-ils à cette fin ? Quels sont leurs intérêts et leurs motivations ? Il peut s’agir aussi bien de la communication officielle (réactive ou proactive) à destination des journalistes, que des professionnels investis dans la création fictionnelle, ou de ceux qui interviennent dans le débat public en ligne pour raconter ou défendre leur métier.

-la réception : comment les professionnels perçoivent et évaluent-ils les récits médiatiques relatifs à leur activité ? Ces récits font-ils écho à leurs expériences ou leurs préoccupations au travail ? Leur appropriation génère-t-elle des effets de connaissance, des apprentissages informels ? Influence-t-elle la perception du public, jusqu’à cristalliser des représentations voire des attentes sociales ? Concoure- t-elle à l’élaboration et à la validation des identités professionnelles, dans le rapport à soi, au groupe et à l’extérieur ?

Calendrier

La journée d’étude, organisée par le CEREP (Centre d’Etudes et de Recherches sur les Emplois et la Professionnalisation, EA 4692) se déroulera à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, le vendredi 15 novembre 2013.

Les propositions de communication sont à transmettre, par retour de courriel, jusqu’au 04 octobre 2013, sous la forme d’un résumé de 800 mots maximum. L’évaluation et l’acceptation des propositions seront notifiées aux candidats le 18 octobre 2013.

Contacts

Guillaume Le Saulnier, CEREP / Université de Reims Champagne-Ardenne Courriel : guillaume.le-saulnier@univ-reims.fr

Pierre-Yves Connan, CEREP / Université de Reims Champagne-Ardenne Courriel : pierre-yves.connan@univ-reims.fr

Benoît Verdier, CEREP / Université de Reims Champagne-Ardenne Courriel : benoit.verdier@univ-reims.fr

12 Macé E., 2000, « Qu’est-ce qu’une sociologie de la télévision ? Esquisse d’une théorie des rapports sociaux médiatisés (1). La configuration médiatique de la réalité », Réseaux, n° 104, p. 251.

Références

Documents relatifs

Cette large sélection de longs métrages a toutefois pour objectif de permettre à l’auteur de rendre compte, à travers le prisme de l’étude de genre (gender),

communication et la perspective praxéologique offrent des approches pertinentes : Considérer en premier lieu l'aspect matériel des « espaces de frontière » permet d'appréhender

• Si la bibliographie comporte plusieurs titres d’un même auteur, seul le premier est précédé de son nom ; pour les références suivantes, la date est précédée d’un tiret

Les notes de bas de page doivent être intégrées de manière automatique en utilisant la fonction « Insérer une note » dans un logiciel de traitement de texte, au format 1, 2, 3,

Dans la continuité de plusieurs rencontres consacrées aux recherches sur le cirque, le collectif de chercheurs sur le cirque et le Centre national des arts du cirque

Mais, même au sein d’une unique culture, sa fixité et sa permanence sont loin d’être assurées, car selon l’histoire et selon les groupes (voire les individus) les points

Ainsi l’enregistrement, dans le Vocabulaire d’Internet de bavardage-clavier, clavardage, cyberbavardage et bavardage pour traduire l’anglais chat permet de conclure que,

Cette structure est composée d’une couche de surface en matériaux bitumineux d’environ 15 cm d'épaisseur; d’une couche de base en matériaux bitumineux (10 à