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Etude des vestiges osseux humains des grottes préhistoriques de Farincourt (Haute-Marne, France)

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Etude des vestiges osseux humains des grottes préhistoriques de Farincourt (Haute-Marne, France)

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. Etude des vestiges osseux humains des grottes préhistoriques de Farincourt (Haute-Marne, France). Archives suisses d'anthropologie générale , 1957, vol.

22, no. 1, p. 6-37

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:96101

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Tome XXII, I, 1957.

Etude des vestiges osseux humains des grottes préhistoriques de Farincourt (Haute-Marne, France)

par

Marc-R. SAUTER

A. INTRODUCTION

Les ossements humains qui font l'objet de cette étude proviennent des fouilles effectuées par M. R. Joffroy, conservateur du Musée de Châtillon- sur-Seine (Côte-d'Or) et M. l'abbé P. Mouton, curé-doyen de Chaumont

(Haute-Marne), dans les grottes II et III de Farincourt, dans le canton de Fayl-Billot (Haute-Marne). Ces stations, qui avaient déjà fait l'objet de recherches de la part de A. Bouillerot, s'ouvrent dans une petite paroi rocheuse que longe la Rigotte. Des trois stations reconnues là, seules les grottes II et III ont livré des restes ostéologiques humains. Nous extrayons de la dernière publication de MM. J offroy et Mouton les quelques précisions qu'il nous a paru utile de donner sur la situation stratigraphique et cultu- relle de ces restes 1.

Grotte II. Sous une argile rouge superficielle (couche A) stérile, et une couché B de dalles calcaires tombées de la voûte, un seul niveau d'habitation se différenciait en un foyer (C) et en une couche (D) de pierraille - partielle- ment roulée - enrobée d'argile grise d'inondation; la répartition de ces deux couches C et D ferait penser que le niveau à foyer aurait été remanié par des.crues. Il n'y a donc qu'une seule période d'occupation humaine, corres- pondant à un milieu steppique froid avec forêts de Conifères, à faune riche en Herbivores (Renne, Cerf, Chamois, Bovidés, Cheval, Mammouth), en

· Carnivores (Loup, Renard, Renard bleu, Chat sauvage) et en Rongeurs (dont le Lemming à bandes et le Campagnol des neiges), avec des Oiseaux (petit Coq de bruyère, Lagopède, Chocard des Alpes, Pigeon biset, etc.).

La civilisation représentée là est le Magdalénien III (plus exactement IIIb selon le Dr Cheynier) à scalènes, tel qu'on le trouve à Lacam (Corrèze),

l JoFFROY, R. et MouTON, abbé P., 1957. Dans cette étude les auteurs donnent la bibliographie de leurs u publications antérieures désormais périmées>•. Une courte notice anthropologique sur les fragments osseux humains y est annexée, sou$ notre signature. Ajoutons que quelques lignes avaient été consacrées aux débris osseux de la grotte III dans: JoFFROY, R. et MOUTON, abbé P., 1949, p. 99.

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OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT 7.

Crabillat et la Souquette (Dordogne) et au Parpallo (Espagne SE); Farin- court « en marquerait même, dans l'état actuel de nos connaissances, l'extrême avancée vers le Nord-Est)).

Les restes osseux trouvés dans la grotte II sont au nombre de deux:

Il

r. Te,mporal droit d'h9mme adulte. Il a été découvert dans un mince litage de fond de caverne, qui continuait au fond de là rotonde le foyer et qui, plus loin, tout çontre la paroi, se teintait de rouge;

II 2. Demi-maxillaire supérieur gauche d'enfant, avec, comme seule dent conservée, la canine. Ces débris ont été trouvés à l'extérieur d'une fissure qui s'ouvre sur la paroi de la rotonde à droite, et qui avait servi de cachette (dont l'essentiel du contenu est un bâton percé phalliforme);

<c contre le bloc qui masquait [la cachette] se trouvait une canine humaine à rapprocher d'un fragment de maxillaire recueilli à une dizaine de centi- mètres de là n.

L'appartenance de ces pièces osseuses au Magdalénien III ne fait pas de doute, affirment les fouilleurs.

Grotte III. Elle s'ouvre à une trentaine de mètres en amont de la grotte II, et à une vingtaine de mètres en amont de la grotte I. Découverte en 1938, elle était entièrement remplie. Les fouilles ont dégagé un couloir de douze mètres de long sur deux mètres de large, l'entrée étant un peu plus large. Elle a été occupée à plusieurs reprises antérieurement au Néoli- thique. De l'analyse stratigraphique des fouilleurs nous donnons l'essentiel utile ici. De haut en bas on a les niveaux suivants:

A. Terre argileuse récente.

B. Terre argileuse à pierraille d'éboulis; elle contenait une industrie pauvre et peu typique, de petites dimensions, que les fouilleurs hésitent à situer encore au Magdalénien final, et qui pourrait être mésolithique, malgré la présence de Renne à côté du Cerf abondant et du Cheval.

C. Bloc de brèche détaché de la paroi.

D. Grandes dalles d'effondrement.

E. Mince sol d'occupàtion du Paléolithique supérieur (Magdalénien très ancien, antérieur au III).

F. Niveau d'inondation.

Les ossements humains sont là au nombre de deux:

III r. Mandibule d'adulte, probablement féminine;

III 2. Humérus droit d'adulte, féminin, pouvant avoir appartenu au même individu.

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Ils proviennent tous deux de la couche supérieure B dont nous avons dit qu'elle pourrait être immédiatement postérieure au Magdalénien.

S'agit-il des ultimes débris d'une sépulture, que les animaux fouisseurs auraient épargnés ? L'absence de couche néolithique semble bien attester l'âge au moins mésolithique de ces os.

Si fragmentaires que soient les vestiges des occupants préhistoriques des grottes de Farincourt, il nous a paru qu'ils méritaient une étude détaillée.

Même si l'on ne peut pas les classer dans l'une ou l'autre des races fossiles, les renseignements .d'ordre morphologique qu'ils fournissent pourront servir pour de futures comparaisons. Le Catalogue des Hommes fossiles montre qu'il existe, pour le Paléolithique supérieur de la seule Europe occidentale, une quantité de fragments encore inédits (sans compter des squelettes entiers!). Il serait très souhaitable qu'ils soient décrits avec soin. C'est pour montrer l'exemple - avec d'autres - que nous avons entrepris cette petite monographie.

B. GROTTE II r. Temporal (II I) (tableaux 1 et 2; fig. 1)

Il s'agit d'un os droit isolé, complet, à l'exception du sommet de la pyramide, de la plus grande partie de l'apophyse zygomatique et de quelqùes infimes parcelles de la matière osseuse. De couleur brune mouchetée de clair, il est lourd: en ajoutant quelques grammes pour tenir compte des lacunes, on aboutit à un poids approximatif de 58 grammes, alors que quatre os médiévaux. de Genève, choisis pour leur analogie de dimensions avec l'os de Farincourt, varient de 32 à 49 grammes. L'os happe à la langue.

Ce temporal a appartenu à un sujet masculin adulte. C'est ce que démontrent la massivité de l'apophyse mastoïde et le relief externe, qui indique une grande puissance musculaire.

Vue latérale. L'os est allongé antéropostérieurement. Cet allongement contraste avec le faible développement en hauteur de l'écaille. Nous avons cherché à traduire numériquement ces proportions, d'une part en utilisant la méthode de mensuration par projection préconisée par A. Schultz (1915), d'autre part en prenant des mesures directes. La méthode de Schultz ne peut être appliquée à un temporal isolé qu'avec réserve, puisqu'il s'agit de dimensions mesurées en projection sur. le plan de Francfort, d'une part, et sur le plan sagittal, d'autre part, et que ces deux plans nous sont inconnus;

aussi ne donnons-nous nos résultats qu'avec approximation, tout en esti-

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OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT 9

mant qu'ils ne doivent pas être loin de la réalité. Des mensurations pré- conisées par l'auteur nous retenons la longueur et la, hauteur de l'écaille, qui permettent de calculer un indice. La longueur est de 66.5 à 67 mm, la hauteur de 42 à 43.5, selon l'orientation qu'on choisit pour le plan de Francfort. L'indice varie alors de 62.5 à 64.9. Ces chiffres se rapprochent plus de ceux que Schultz a obtenus chez les dolichocéphales papous, austra- liens et groenlandais que de ceux des Noirs africains et des Blancs. Notons toutefois que Kleiweg de Zwaan (1935) a trouvé, pour une série de 153 crânes papous, une moyenne qui se rapproche de celle des Européens (tableau 1).

TABLEAU I.

Farincourt. Grotte II.

Temporal (II I) : Mensurations en profection siw le plan de Francfort et comparaisons.

Farin-

1 1

Austra- 1

Groen- 1 Rollan-

court Papous liens landais dais

Sauter

1 Schultz IKl.deZw.1 Schultz

1 Schultz IKJ.deZw.

N, sexe:

1 l d 1 20 d <j! .1 153 d <j! 1 9 d <j!

1 22 d <j! 1 153 d <j!

Longueur écaille . M -- 66 67 64 69 67

min. (66.5) 53 54

max. (67) 102 91

- - -- -- - - -

- - -

- - - - -- - - -

Hauteur écaille M - 41 45 39 45 45

min. (42) 36 34

max. (43,5) 56 57

- - - -

Indice écaille M - 63.5 66.9 60.7 65.9 68.l

min. (62.5) 49.4 47-4 53.5 55.7 46.1 max. (64,9) 78.3 87.5 65.1 77.3 85.9

Quant aux mensurations que nous avons imaginées, nous n'avons pas l'intention de les proposer à titre définitif. Elles ne sont données ici qu'à titre indicatif; leur utilisation systématique exigerait une étude préalable détail- lée. La première est la longueur antéropostérieure maximum de l'os tem- poral; la seconde est la hauteur maximum de l'os, au-dessus de la tangente

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TABLEAU 2.

Farincourt. Grotte II.

Temporal (II I) : Mensurations dfrectes et comparaisons.

Farin- Combe· Pred- Ober· Chance- Veyrier Barmaz Genève Méla- court _Capelle mosti cassel Jade Néo!. m. âge nésien.

c! c! IV 11 I 11 c! I c! I 18 c! c! c!

Longueur maximum

1 95 98 99

1 86 91 89 91 95 92 Hauteur maximum.

1

56 70 55

1

72 67 60 72 63 64

Indice 58.9 71.4 55.6 83.7 73.6 67.4 79.1 66.3 69.6

au sommet de l'apophyse mastoïde et au bord inférieur de l'écaille (au-des- sous de la base de l'apophyse zygomatique). Nous avons calculé l'indice correspondant (hauteur.100/longueur). Nous donnons dans le tableau 2 les dimensions de l'os de Fa:rincourt comparées à celles de quelques os de

FIG. r. Temporal (II 1). a. Vue basilaire. b. Vue latérale. c. Face endocranienne (en noir, l'empreinte de l'artère

méningée moyenne). Ech.: 3: 4. .

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OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT II

types paléolithiques (d'après l'original ou le moulage), néolithique (Barmaz, à Collombey, Valais) et modernes, tous masculins.

L'analogie avec Predmosti IV est à souligner. On voit qu'à part ce crâne aucun autre n'offre les proportions basses de celui de Farincourt. Le prin- cipal inconvénient de la mesure de la hauteur maximum est de dépendre trop directement du degré de développement de l'apophyse mastoïde.

Celle-ci étant forte à Farincourt, le chiffre de hauteur obtenu peut être considéré comme un maximum; l'indice n'en est alors que plus démonstratif.

On peut admettre, à partir des proportions ainsi mises en évidence, que le crâne dont le temporal de Farincourt faisait partie devait être allongé et plutôt bas.

L'écaille temporale, dont nous avons dit la relative petitesse, est orientée obliquement vers l'avant. Son bord supérieur est faiblement arqué. Elle présente une surface irrégulière, dont la princip.ale caractéristique est une crête qui occupe à peu près le centre de la surface squameuse, et qui court obliquement, à peu près parallèlement à la base de l'apophyse zygomatique, à environ 2 cm au-dessus de celle-ci.

La crête sus-mastoïdienne est puissante, quoique assez mousse. Elle ne se rattache pas à la racine de l'apophyse zygomatique.

Le rocher est caractérisé par son bord supérieur peu découpé; l'incisure pariétale est en effet assez simple. L'apophyse mastoïde est, nous l'avons vu, volumineuse; elle cache, en vue latérale, le trou mastoïdien et la rainure·

digastrique. Elle est séparée de la région sus-mastoïdienne par un vaste enfoncement horizontal qui prolonge en arrière la zone criblée rétroméatique.

Il n'y a pas la moindre trace de scissure pétro-squameuse externe.

La région du conduit auditif externe. ne présente rien de particulier.

L'os tympanal est étroitement soudé à l'os temporal.

La fosse glénoïde est profonde, et limitée en arrière par un tubercule postglénoïdien (zygomatique postérieur) bien individualisé, mais qui correspond à ce qu'on peut trouver chez l'Homme actuel européen. L'apo- physe zygomatique n'est plus représentée que par sa .base. On y voit un tubercule antérieur plongeant.

Vue basilaire. On retrouve ici l'aspect volumineux de l'apophyse mas- toïde. La rainure digastrique est courte mais très vaste, tandis que la gout- tière de l'artère occipitale, contiguë à la suture pétro-occipitale, est peu marquée. Il n'y a pas d'apophyse styloïde. La pyramide est nettement orientée vers l'avant, ce qui tend à confirmer la dolichoïdie du crâne. Cette orientation se retrouve dans la disposition de l'orifice externe du canal carotidien.

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Ce qui subsiste de l'apophyse zygomatique fait penser que celle-ci s'écartait assez fortement de la paroi du crâne; on peut supposer que le crâne, en norma verticalis, devait être phénozyge.

Face endocranienne. L'écaille temporale, au relief tourmenté, offre une particularité à noter: l'empreinte de l'artère méningée moyenne, au lieu de traverser l'écaille de bas en haut à une certaine distance en arrière· de la suture sphéno-temporale, suit ici un trajet original: l'empreinte traverse d'abord sur I5 mm l'angle inférieur de l'écaille puis, après avoir fait une boucle sur l'aile du sphénoïde, reprend contact avec l'écaille temporale dans la région ptérique et longe le bord inférieur du biseau sutural temporo- pariétal sur une distance de 40 mm; une dérivation en part à l'horizontale à peu près au milieu de ce dernier trajet (fig. I, c). Cette conformation semble être plutôt rare; nous ne l'avons pas trouvée sur une série d'os médiévaux. Sur les crânes (ou leur moulage endocranien) d'Hommes fossiles nous ne trouvons quelque chose d'analogue qu'à Combe-Chapelle (Klaatsch et Hauser, rgrn). Relevons toutefois avec Boule et Anthony (Ign) que

« les ramifications endocraniennes de l'artère méningée moyenne présentent dans leur disposition des variations individuelles nombreuses et très étendues».

Conclusions. Le temporal de Farincourt n'offre en définitive pas de particularité déterminante qui puisse emporter la conviction en ce qui concerne son appartenance à tel type humain préhistorique· connu. Par son allongement et par le faible développement et l'orientation de son écaille il conviendrait, nous l'avons vu, à un crâne dolichoïde à voûte relativement basse. Son apophyse mastoïde puissante se retrouve à Cro- Magnon comme à Obercassel, à Chancelade comme à Veyrier III (Sauter, I954). Contentons-nous donc sagement de reconnaître que l'Homme magdalénien de Farincourt II représenté par son temporal droit s'encadre dans la marge des variations des types du Paléolithique supérieur européen.

2. Fragment de maxillaire supérieur (Il 2) (tableau 3 et fig. z).

Ce fragment, de couleur blanc-jaunâtre, et qui ne happe à la langue que très légèrement, consiste dans le corps du maxillaire gauche. La zone alvéolaire (partiellement endommagée) est représentée de la symphyse à l.'alvéole de la racine mésiale de M1 . Le palais osseux proprement dit est à peu près complet. De la partie faciale il subsiste la région sous-nasale, la plus grande partie du bord nasal latéral et la paroi alvéolaire vestibulaire correspondant à la canine et aux prémolaires; le bord vestibulaire des

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OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT 13

alvéoles est partiellement endommagé. Le plancher nasal est presque entier sur toute la profondeur maxillaire. Des dents ne subsiste, détachée, que la canine.

Le sujet représenté par ce fragment était" un enfant de 10 à 13 ans.

Nous donnons à dessein des chiffres peu précis pour tenir compte de l' éven- tuelle précocité relative du développement ontogénétique des hommes préhistoriques. Chez un enfant européen actuel il faudrait dire 12 à 13 ans.

Cet âge est indiqué d'une part par l'état des alvéoles, qui ·prouvent que toutes les dents, de I1 à M1, étaient des dents permanentes. La canine, seule présente, était en cours d'éruption; sa racine n'avait pas encore terminé sa calcification et sa couronne est dans un parfait état de fraîcheur. La P2 devait être, elle aussi, près de terminer son éruption.

Nous renonçons à déterminer le sexe.

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FrG. 2. Maxillaire supérieur gauche d'enfant (II 2). a. Vue latérale. b. Vue antérieure. c. Vue palatine. d. Vue symphysienne. e. Profil symphysien de Farincourt (F), d'un enfant néanderthaloïde d'Et Tabûn (T) et d'un enfant pygmée (P). La région sous-nasale est superposée. f. Profil symphysien de Farincourt (F), d'Et Tabûn (T) et d'un enfant médiéval de Genève (G). Ech.: I: r.

L'analyse anthropologique de cette pièce osseuse est délicate, tant à cause de son état fragmentaire que du fait du jeune âge du sujet. En effet la grande variabilité de la morphologie des maxillaires au cours de la for- mation et de l'éruption des dents permanentes rend les comparaisons difficiles; nous avons eu de la peine à trouver, dans les collections de crânes pourtant importantes de notre institut, quelques crânes ou fragments faciaux ayant l'âge dentaire de celui de Farincourt.

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Relevons tout d'abord deux caractères: l'aspect du bord nasal antérieur et le degré ·de prognathisme.

Le bord nasal est très mousse; il présente un peu l';ispect d'une gouttière.

Présent sur un maxillaire. d'enfant à dentition temporaire, ce caractère n'aurait aucune valeur indicatrice; chez un sujet à dentition permanente largement acquise le trait est plus significatif. Rappelons que les Néan- derthaliens et Néanderthaloïdes possèdent un bord nasal en arête, qu'il s'agisse d'adultes ou - comme à La Quina et à Tabûn - d'enfants.

L'étude du degré de prognathisme est rendue délicate par la destruction partielle du bord alvéolaire vestibulaire de l'incisive médiane. Il semble bien, toutefois, que ce bord ait été, comme toute la région sous-nasale, assez oblique. Ce prognathisme ne devait cependant pas être très accusé. Nous avons superposé le profil symphys~en du maxill~ire supérieur .de notre Magdalénien de Farincourt à celui d'un enfant de même statut dentaire provenant d'un cimetière médiéval de Genève, en les orientant l'un et l'autre (en l'absence de tout point de repère fixe) de manière à faire corres- pondre le mieux possible le point médian le plus bas du côté lingual, d'une part, et d'autre part le plafond buccal (fig. 2, /). On voit que le triangle . que forme la symphyse en avant du canal nasopalatin s'oriente plus obli- quement. La superposition du profil symphysien d'un maxillaire isolé d'enfant néanderthaloïde d'environ ro ans, trouvé dans la couche B de la station moustérienne d'Et Tabûn au Mont-Carmel (McCown et Keith, 1937, fig. 120, B) montre chez celui-ci une disposition bien différente. D'autre part nous avons comparé (fig. 2, e) le même profil avec celui que nous avons obtenu, grâce au dessin au diagraphe, sur un crâne de Pygmée de l'Ituri (garçon de 8 à ro ans) 1 , dont l'état dentaire est assez semblable; la super- position a dû être faite selon une autre orientation. Le profil de l'os du Tabûn sert de dénominateur commun aux deux dessins e et f. On a fait coïncider là aussi bien que possible le profil sous-nasal. On voit-qu'on est loin, à Farincourt, du prognathisme sous-nasal et alvéolaire très prononcé du Pygmée; on voit aussi que le maxillaire néanderthaloïde ne se laisse guère comparer au type sapiens.

Nous savons trop l'incertitude qui règne dans la mise en évidence du degré de prognathisme sur le crâne complet pour ne pas mesurer la témérité qu'il y a à vouloir, sur un petit fragment, tirer des èoncl1:1sions certaines.

Nous avons voulu cependant donner un élément d'appréciation.

1 L'âge a été noté d'après les observations faites sur le cadavre et les dires des parents; l'état de la dentition le confirme, à condition de tenir compte, là aussi, du développement précoce des Pygmées, vérifié par d'autres faits. Ce crâne (n° 6) fait partie de la petite mais précieuse série de huit squelettes, d'âge et de sexe connus, ramenés par le D' B. Adé et déposés pour étude à l'Institut d'Anthropologie de l'Université de Genève.

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TABLEAU 3.

Farincourt. Grotte II. l\lia.xillaire su.périewr ·(II z): l\liensiwations et comparaisons.

Européens Farincourt !(rapina Predmosti

1 Vaud

1 Vaud Genève F Il 2 max. B VII Tène ou

ht m. âge m. âge m. âge Age: 1 IO·IJ 1 9 1 12-14. 1 IO-ll 1 13 1 13

111 ax-illaire

Largeur nasale (* = 2 X

Yz

largeur) [30]* (29) 21.5 18]* [19]*

Distance du milieu du bord vestibulai�e des alvéoles

l1-2-p2-j\'fl 27_ (25) 26.5 28

Distance du bord nasal au bord alvéolaire lingual:

à P-2 . r6 (20) - 18

à !2-C 17 (20) 17.5 18

entre les P-1 15.5 19 - 18

Ca.uiue

Hau'teur totale (23) ? ? ? - -

Hauteur couronne II 10.7 10 - -

Hauteur couronne, côté lingual, obliquement 13 10 - -

Hauteur racine 12 12.5 - -

Largeur (mésiodistale) maximum 8 9 8.2 7.5 - -

Largeur au collet . 7 6 - -

Largeur alvéole 7.5 6.5 5.5 9

Epaisseur (vestibulo-linguale) maximum . 9.5 10.5 9 7.5 - -

Epaisseur alvéole 9.5 7.5 8 9

Indices: largeur/hauteur couronne 72.7 76.6 75.- - -

largeur/hauteur oblique couronne . 61.5 75.- - -

largeur/épaisseur 84.2 85.3 91.1 100,- - -

largeur/épaisseur alvéole . 78.9 86.7 68.7 100.-

1 mo:eme 1 14-15 1

2I 24 16 17. 16

? 9 9.5

7 6 7 7 7 77,8 77,8 100.-

87.1

Pygmée Série Adé 6

8-10

23 (28)

15 15.5 16

?

II

II 8.5 6 6.5 8.5 77.3 9.5 77,3 IOO.- 68.4

0 (fl (fl tY1 tY1 ts: z ....,

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Vl H

(12)

L'ouverture piriforme semble avoir été très large. En doublant la mesure en projection de la demi-ouverture, on obtient 30 mm et au mini- mun 28 mm. C'est plus que ce que nous avons trouvé chez les quelques faces d'enfants d'âge à peu près identique, tant Blancs que Pygmée (tableau 3). ·on peut donc penser que l'enfant magdalénien de la grotte II serait resté, à l'âge adulte, plutôt chamaerhinien.

La région sous-nasale est courte, l'épine nasale est faiblement marquée.

Le palais - ou plutôt sa partie antérieure, seule conservée - n'offre pas de particularité digne de remarque. Il est peu profond.

L'arc alvéolaire présente des alvéoles vastes, surtout ceux des incisives et de la canine.

t

10

F1G. 3. Canine supérieure gauche (II 2). a. Face linguale. b. Face distale. c. Vue occlusale. (t = tubercule).

Ech.: a et b: 2: r; c: 2.5: 1.

Canine. La canine (fig. 3), qui n'était pas enco~e sortie entièrement de son alvéole, se signale par son état de fraîcheur. Sa racine n'est pas encore entièrement calcifiée. Sa couronne, dont le relief est bien marqué, et qui ne porte pas la moindre trace d'usure, est allongée; les indices de largeur- hauteur de la couronne le montrent bien (tableau 3). La section de la dent est, elle aussi, allongée (indice de largeur-épaisseur).

Le relief de la couronne se signale essentiellement par sa vigueur. La face v.estibulaire présente une fossette plus marquée entre les lobes mésial et central que du côté distal. Sur la face linguale l'extrémité occlusale de la crête distale est doublée sur le côté mésial par un tubercule très prononcé (fig. 3, t). Nous n'avon.s trouvé ce tubercule - beaucoup moins net - que sur 3 des 31 canines supérieures contemporaines à relief visible (3 sur

20 dents masculines, o sui II féminines); elle n'apparaît pas sur une canine néanderthaloïde de Skhoûl (McCown et Keith, 1939, fig. 137, E), non plus

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OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT I7 que sur la canine de même type, de Krapina, publiée par Gorjanovic-

Kramberger (1906, fig. 36 a, p. r89).

Conclitsion. Par les quelques caractères que nous avons relevés le maxillaire supérieur du jeune Magdalénien de Farincourt ne se distingue pas de façon significative de ce qu'on peut observer chez les types actuels d'Homo sapiens. Sa probable chamaerhinie et son bord nasal arrondi peu- vent toutefois être·considérés comme des traits rares chez les hommes du Paléolithique supérieur, comme l'est son léger prognathisme. La canine, en dépit de son aplatissement mésiodistal et de sa couronne allongée et bosselée, ne diffère pas essentiellement de ce qu'on peut trouver -ailleurs chez Homo sapiens.

Etant donné l'état fragmentaire de ce qui reste de l'enfant de la grotte II, et la rareté des comparaisons qu'il nous a été possible de faire, nous renon- çons à classer ce maxillaire. Nous profitons de cette occasion pour insister sur l'intérêt qu'il y aurait _à disposer de plus de documents infantiles fossiles et subfossiles bien publiés. Ce n'est que par l'accumulation d'une telle documentation qu'on pourra, d'une part être mieux renseignés sur les variations ontogénétiques des Hominiens préhistoriques, d'autre part tirer parti des débris de squelettes d'enfants qu'on trouvera encore. C'est dans ce double but que nous avons un peu approfondi la description qui précède.

C. GROTTE III.

r. Mandibule (III r) (tableau 4 et 5; fig. 4 à 8).

Cet os est presque complet. Les lacunes intéressent essentiellement la face vestibulaire de la région symphysienne, où manque un fragment d'en- viron z cm2 entre le sommet du trigone mentonnier et le bord alvéolaire entre I1 d et Cg (lacune comblée au plâtre), mais surtout la branche mon- tante gauche, qui présente des traces de corrosion irrégulière dont ont souffert surtout le bord postérieur et le condyle, absent complètement.

Notons en outre une petite lacune sur la partie postérieure du condyle droit, et l'absence de M3 d, disparue post mortem, et dont l'alvéole est intact.

L'os est de couleur jaune brunâtre, la branche montante est teintée d'une couleur noirâtre irrégulièrement répartie. L'os ne happe pas à la langue.

La mandibule a très vraisemblablement appartenu à un sujet féminin adulte plutôt jeune (20 à 25 ans); c'est ce qu'indiquent l'absence presque

(14)

complète de relief musculaire sur la branche montante, d'une part, et d'autre part la dentition, où M3 g ne porte pratiquement .pas d'usure.

L'usure dentaire est du reste relativement faible dans l'ensemble.

Mandibule osseuse. Sa forme générale est plutôt trapue, malgré la robustesse moyenne de l'os.

FIG. 4. Mandibule (III r). En baut, vue occlusale (t = trou mentonnier). En bas, vue latérale droite (b = zones d'appui du bord basal). Ech. i : ,.

(15)

OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT I9 Les corps horizontaux sont assez élevés, mais peu épais, leur bord basal est très mousse, en bourrelet. Vu latéralement, ce bord basal est convexe vers le bas dans la région des prémolaires, cette convexité étant accentuée encore par une large échancrure sous-mentonnière. La face vestibulaire porte, au-dessous de P2, un trou mentonnier largement ouvert supéro- postérieurement. La ligne oblique (proéminence latérale) est très mousse.

cm

FIG. 5. Mandibule (III 1). En haut, vue basilaire de la région antérieure (t = trou mentonnier). En bas, vue l:itéralc gauche. Ech.: 1: r.

Sur la face linguale mentionnons une ligne mylohyoïdienne bien marquée, soulignée par une rugosité, et un léger torus en chapelet sous M1_2, surtout à gauche. En vue basilaire on retrouve le bourrelet basal, qui s'arrête assez brusquement à l'échancrure prégoniaque.

La région symphysienne se signale par une proéminence mentonnière nette, en proue; le trigone, bien marqué, domine une large échancrure en arc, encadrée de tubercules mentonniers très diffus. De part et d'autre du sommet du trigone on distingue des soupçons de fossettes. Le profil du menton est régulier, la concavité supérieure (partiellement restaurée) est peu prononcée. En vue basilaire la masse symphysienne est étroite;

les fosses digastriques sont nettes. Sur la face linguale le relief génien est mousse; il se présente sous l'aspect d'une plaque, sans trou central ni

(16)

inférieur; c'est là une conformation archaïque. Les fossettes sous-linguales sont bien individualisées.

Des branches montantes nous ne décrivons ici que la droite, seule normale. Plutôt étroite, elle est inclinée vers l'arrière. La région goniaque

F1G. 6. Mandibule (III 1). En haut, vue postérieure1 linguale. En bas, vue antérieure, vestibulaire. Ech.: 1 :1.

est très arrondie. L'apophyse condylienne est elle aussi inclinée vers l'arrière.

L'apophyse coronoïde est bien détachée, verticale, et devait être plutôt mousse (il manque un minuscule fragment de son sommet, mais celui-ci est intact à gauche). L'échancrure sigmoïde est peu profonde. En vue proximale le bord postérieur est mousse et sa partie inférieure est intraversée. Le

(17)

OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT 21

condyle est incliné vers l'intérieur. La face linguale présente un· relief accentué: les crêtes endocondylienne et sous-coronoïde sont prononcées, trapues. L'orifice du canal dentaire est très ouvert, l'épine de Spix est du type lamellaire, arrondi. Le relief massétérien est moyen à fort.

Denture 1. L'arc dentaire est de forme ellipsoïde avec l'extrémité incisive subrèctiligne. L'implantation des dents est verticale, sauf chez M3 . De la denture rappelons qu'il manque M3 d.

FIG. 7. Troisième molaire inférieure gauche de la mandibule (III r), avec tubercule de Bolk et fossette punctiforme. a. Vue occlusale. b. Vue vestibulaire. Ech.: 3: r.

Il y a une évidente microdontie. Nous avons réuni dans le tableau 5 les chiffres de dimensions et d'indices des dents de la mandibule de la grotte III de Farincourt et de celles de quelques mandibules féminines du Paléolithique supérieur européen. On y constate que c'est la femme de Vestonice (III) qui, par le volume de ses dents, se rapproche le plus de notre sujet.

Les dents sont de type évolué. Le relief ocèlusal est très atténué, la surface de l'émail est arrondie et lisse. Ce caractère rappelle ce qu'on observe sur les dentures de Néolithiques de la Suisse occidentale. Les molaires sont en série descendante. Sur M2 d il y a l'ébauche typique d'un tubercule de Bolk, très diffus, sous le protoconide. la même ébauche existe sur M3 g, mais là elle est surmontée d'une profonde fossette puncti- forme (fig. 7).

L'usure des dents est faible et symétrique; elle intéresse les P et M plus que les C et I, dont la série proémine par rapport au plan occlusal des premières. Sur ces dents frontales on observe le type d'occlusion psalido- donte, avec début d'usure ad palatum; ce mode est fréquent chez les Néolithiques.

I Nous remercions le Dr A.-L. Périer qui nous a, selon son habitude, aidé aimablement de ses conseils pour cet examen.

(18)

TABLEAU 4. Farincourt.

Mandibule (III I):

Farincourt Predmosti Vesto- Le Roc nice Mesures et indices • . F III 1 IV

1

X III l

!j?

G 1

D !j? !j? !j? !j?

Diam. bicondyl. ext. M 65 (uo) II5 124 (ro4) i 120

Diam. bigoniaque max. M 66 (92) (ro2) 93

Diam. bigoniaque inf . . Schu 4 (84) 82 105.6

Ligne mentonnière M 67 43 (45) 45

Larg. ext. arc dentaire (à M3). M8o(r) (67.5)

Long. tot. mandib./plan basal M68(r) (103) III 103

Long. mandib. aux gonions M68 (70) 84

Long. arc dentaire (à M3) M8oa (45)

Haut. symphys. M69 (27.5)

Haut. corps à naissance br. mont. 25 27 ·24 26.5 23

Haut. branche montante M70 - 54 52 58 58 52.5

Haut. min. br. mont. M70(2). -

-

38

Larg. br. mont. M7r - 33.5 33.5

Larg. min. br. mont. M7ra - 33 37 36 34

Long. échancr. sigmoïde . M7r(r) - (35) 37?

Prof. échancr. sigmoïde M70(3) - (14) 15

Angles:

mandibulaire/plan basal M79 - II6° 1170 106° II5° 5

mandibulaire/plan alvéolaire M79b - II0°

mandibulaire (Puccioni) Pu 9 - (700)

symphysien/plan basal M 79(ra) (68°) 73°

symphysien/plan alvéolaire. M 79(1b) 1070

-1-

- - - - Indices:

des largeurs M65/66 (83.6) 88.7 88.-

de long./larg. tot .. M 68(1)/65 (93.6) 95.- 99.-

de la branche montante M 71/70 - 62.- (62 ?) 2

de la br. mont. (min.) M 7ra/70(2) - 70.2 (7r.1) 94.7 de l'échancr. sigmoïde . M 70(3)/71(1) - 40.- (40?)2 de l'arc dentaire M 80(1)/8oa 150.-

(selon Puccioni): de hauteur Pu 1/2 (47.-) 50.-

de largeur . Pu5/6 - 54.9

de la branche montante Pu 5/2 - (71.4) des haut. condylo-coron. Pu3/4 - (94.6) de l'échancrure sigmoïde Pu 8/7 - (45.4)

du corps Pu r/6 (40.9) 38.4

M = Martin, Lehrbuch, 1928; Pu = Puccioni 1914; Schu = Schultz 1933.

1 Déformation pathologique. .

2 Chiffres approximatifs mesurés ou calculés à partir de photographies ou de dessins.

(19)

OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT

-Grotte III.

ivl ensiwations et comparaisons.

Ober- Bruni- San Teodoro Chance- Téviec Cuzoul

cassel quel Jade

I I

1

2

1 3

1

\? \? 6 6 6 6 M \? Mi 6

!22 II7 124 (131) I2I (122) 124.5 116.2 127.5

104 99? 103 {II2) (109) 100

93? 91.7 87.1 105

46 (68)

(97) 2 (u3) 110.3 100 II2

{46)

62 62 51 57 64 66

41?

37 37.5 33 37 37

33 12

118 ° Il3 ° 130 0 115 0 116 o IIS O 1300

650.5 62°1 70 0 88°

(IIoo) 2

- -- - - -

23

TABLEAU 4.

Cham- blandes

32

\?

II3 90 88 42 63.5 107

69.5 52 29 58.5 47 30.5 30 35 15

1320 120°

480 81°

101°

- - -

- - -· - - - - - - · - - -- - - -

85.2 84.6 83.1 85.5 90.1 82.- 82.4 79.6

(79.5) 2 92.6 87.5 94.7

62.2 60.- 52.1

63.8 42.9

147.8 !22.I

(50.-) 2 46.3 48.5 47.2 44.6

(53.8) 2 57.- 55.9 60.4 56.4

(77-8) 2 78.9 82.4 80.6 72.7

(103.-) 2 107.9 105.8 93.2 90.-

39.2 37.2 40.- 41.7

(34.6) 2 33.- 32.9 35.8 34.6

(20)

L'examen radiographique des molaires et l'aspect de l'alvéole vide de M3 d permettent de dire que les racines sont doubles et individualisées sur M1 gd et M3 g, tandis qu'elles sont concrescentes chez M2 gd et M3 d.

On constate aussi une.cavité pulpaire assez vaste chez M2 gd et M3 g, sans qu'on puisse parler de taurodontisme.

Il n'y a trace ni de carie ni de paradentose.

Anomalies et manifestations pathologiques. La branche montante gauche présente des anomalies de deux sortes (:fig. 6):

r. La surface corticale de l'os a subi une corrosion profonde, surtout sur la partie supérieure et postérieure de cette région (ce qui a rendu difficile la fixation du point goniaque et impossible celle des points condyliens, disparus). L'os présente un aspect chaotique, avec mise au jour de la structure trabéculaire de la couche profonde. Il est probable que cette attaque vigoureuse de l'os s'est produite dans le sol. Mais nous n'avons jamais vu jusqu'ici une telle sorte de modification de l'os.

2. Avant que commence cette dernière action, il s'est forrné sur la branche mon- tante des dépôts de matière osseuse ou ossifiée, se présentant sous l'aspect soit a) de minces revêtements de couleur plus grise que l'os de fond, et se desquamant facilerrient, soit b) d'une plaque plus localisée et plus épaisse, à structure verrnic)llée, qui s'est détachée d'un coup lorsque nous avons voulu l'enlever pour examen détaillé {après que son aspect en place ait été fixé par le dessin et la photographie).

Nous avons confié l'examen de ces dépôts curieux à plusieurs spécialistes 1 . Leur étude n'étant pas entièrement terminée, je ne puis donner ici qu'~n aperçu provisoire de _leurs premières conclusions. Il appert de celles-ci que ces « dépôts » sont en réalité des formations osseuses secondaires, d'origine externe, qui pourraient être dues à une calcification de tissu sanguin, par exemple. On aurait là, fixé sur l'os mandibulaire, le résultat d'un hématome, suite possible d'un traumatisme. Nous ne voulons pas en dire plus, laissant aux spécialistes qui ont bien voulu se pencher sur ce petit problème de paléopathologie le soin d'en f~ire connaître les détails 2

Dimensions et proportions. La mandibulométrie est entièrement à refaire, ou en tout cas à revoir..C'estla conclusion à laquelle nous avons été amené lorsque, ayant à mesurer les mandibules d'une forte série de Néo- lithiques suisses, nous avons voulu faire la critique serrée de chaque men- suration proposée par tel auteur. En effet nous avons constaté qu'il existe des divergences si nettes d'un auteur à l'autre (souvent sous une terminologie identique) en ce qui concerne les plans de référence,. les points singuliers (il y en a 4 qui portent le nom de point symphysien !) et les méthodes

1 Ce sont: le professeur E. Rütishauser, direéteur de l'Institut de Pathologie de l'Université de Genève et son assistant, le Dr R. Lagier; le professeur A.-J. Held, directeur du Service policlinique dentaire et de stomatologie à l'Institut de Médecine dentaire; le D' A.·L. Périer; le D' Ch.-A. Baud, privat-docent . chef des travaux à l'Institut d'Anatomie de l'Université de Genève et responsable du Laboratoire de morphologie ultrastructurale et fonctionnelle. Je les remercie dès maintenant très vivement de leur intérêt et de leur peine.

2 Nous pouvons toutefois signaler que l'examen microradiographique d'un échantillon du dépôt mince a) par le n, Ch.-A. Baud lui a donné l'occasion de mettre en évidence des différences intéressantes dans la structure fine entre.le tissu osseux primaire, fœtal, et le tissu secondaire, néoformé. BAUD, Ch.-A. et MORGENTHALER, P. W., 1957.

(21)

OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT 25 indiquées, qu'à vouloir en tenir compte strictement on arrive à une série interminable de mensurations: nous en avons collationné plus de r20, les angles n'étant pas compris dans ce chiffre; et nous n'avons pas inclus les méthodes préconisées par les orthodontistes! Comme nous n'avons pas encore eu le temps - ni le courage - de nous attaquer à ce problème délicat, comme d'autre part nous n'avons pas l'intention de donner ici le résultat de toutes les mensurations prises sur la mandibule de Farincourt, nous nous contenterons d'en relever les principales, pour les comparer (avec, pour certaines d'entre elles, une réticence que nous venons de justifier) aux chiffres provenant d'autres mandibules préhistoriques.

Nous avons comparé la mandibule féminine de la grotte III de Farincourt aux os suivants (tableau 4):

Paléolithique supérieur: Predmosti IV et X, féminins (Matiegka, r934);

Vestonice III, féminin (Jelinek, 1953); Le Roc r, féminin (Henri Martin, , r927); Obercassel 1, féminin (Bonnet, r919), Bruniquel, féminin (Guerret, r954); San Teodoro r, 2 et 3, masculins (Graziosi, 1947); Chancelade, masculin (chiffres tirés de Testut, 1890, de Morant, r925-26 ou de Vallois, r94r-46).

Mésolithiqite: Téviec, dont nous n'avons que les chiffres de série (Boule et. Vallois, 1937) et Cuzoul de Gramat, masculin (Vallois, r944).

Néolithique: Nous avons choisi dans la série de Chamblandes (Pully, Vaud, Suisse) une mandibule féminine dont la morphologie se rapprochait, à vue, de celle de notre présent sujet: c'est le n° 32 (Sauter, encore inédit).

Par ses dimensions la mandibule de Farincourt ne se rattache guère à celles des Paléolithiques et des Mésolithiques, sauf à celle de Vestonice III (on se rappellera à ce propos ce que nous avons dit au sujet des dimensions dentaires). Notons cependant une certaine ressemblance avec la mandibule masculine de S. Teodoro r, si l'on ;xcepte les diamètres dépendant de l'écartement mandibulaire.

C'est dans le domaine des proportions que les incertitudes de technique auxquelles nous avons fait allusion gênent les comparaisons. C'est surtout le cas des indices où intervient le diamètre bigoniaque.

L'indice de largeur-longueur totales (93.6) permet de classer la mandibule de la grotte III dans la dolichognathie (Albuquerque, 1952), comme celles de Predmosti IV, de Chancelade _et de Chamblandes 32; il diffère de celles de Vestonice III, plus dolichognathe encore, et de Cuzoul, mésognathe.

L'indice des largeurs (bigoniaque/bicondyl.) est de 83.6 environ, enprenant le diamètre bigoniaque maximum (il est de 76.6 environ

(22)

avec le diamètre pris au vrai gonion). On a des chiffres proches du nôtre à Obercassel r, à Bruniquel, à Chancelade, à S. Teodore r et 2, ainsi qu'à Cuzoul.

La branche montante a des proportions moyennes (62), proches de celles de Vestonice III (calculées très approximativement d'après la photographie, env. 62), de Chancelade et de Cuzoul. Nous n'avons pas de chiffres pour Predmosti, mais l'examen des photographies pourve que les mandibules de ce groupe ont des branches montantes plus trapues. Par contre Matiegka a calculé l'indice qui met en jeu les dimensions minimums; cet indice, qui est de 70.2 à Farincourt, est très semblable à Predmosti, tandis que la branche de Chamblandes 32 est plus étroite et haute.

L'échancrure sigmoïde (indice, 40) est très semblable à celles de Ves- tonice III (d'après la photo, env. 40), de Chancelade (idem, env. 42-43) et de Chamblandes 32 (42.9). La mandibule d'Obercassel r en diffère, soit qu'on accepte sans autre le chiffre de 46.2 que fournit Bonnet, soit que, examinant l'excellent dessin qu'il en donne, on corrige la longueur de l'échancrure (32 à 33 mm au lieu de 26), ce qui donne un indice d'environ 36-4 à 37.5. En utilisant la méthode de Puccioni (mensurations sur le dessin en projection sur le plan sagittal), l'indice monte à 45.4 à Farincourt,· ce qui dépasse le maximum féminin de Téviec (43.8, moy. 39.2), et les indices de Cuzoul et de Chamblandes.

Continuant à employer la technique de Puccioni (r9r4), que Vallois a appliquée aux mandibules mésolithiques, et que nous avons utilisée pour Obercassel r (grâce au dessin très précis de Bonnet), nous pouvons établir quelques comparaisons utiles.

L'indice de hauteur (corps-branche), qui est de 50.- à Farincourt, est identique à celui d'Obercassel r, et figure parmi les chiffres les plus élevés des Mésolithiques de Téviec (max. féminin, 52-4) ;_ Cuzoul a un chiffre plus bas, Chamblandes 32 est plus bas encore.

L'indice de largeur (branche/long. tot.) de 54.9, est assez semblable à Obercassel r. La moyenne féminine de Téviec et l'indice de Cuzoul sont plus élevés. Chamblandes 32, avec 56-4, est assez proche.

L'indice de la branche montante (7r.4) est bas. S'il est très voisin de celui de Chamblandes 32, il est inférieur au minimum féminin de Téviec (72.7) et au chiffre de Cuzoul.

L'indice des hauteurs condylo-coronoïdiennes rapproche Farincourt (94.6) de Cuzoul et de Çhamblandes 32, mais il est, lui aussi, inférieur au minimum féminin de Téviec (98.5; il est vrai que le minimum masculin est de 77.7). Obercassel r a un indice élevé.

(23)

OSSEMENTS HUMAINS PRÉHISTORIQUES DE FARINCOURT 27

Quant à l'indice de hauteur du corps par rapport à la longueur totale, . il est de 38.4, ce qui est un peu plus élevé que tous les autres chiffres de notre série de comparaison.

Angles: L'angle mandibulaire (rr6°) montre une inclinaison de la branche montante identique à celle qu'on· trouve en général sur les mandi- bules du Paléolithique supérieur (entre rr3° et rr8°, sauf Vestonice III, 106° et S. Teodoro r, r30°). Cuzoul et Chamblandes 32 ont une allure un

·peu différente.

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FIG. 8. Mandibule (III ,). Coupe sagittaie de la symphyse, avec indicatjon des points singuliers et des plans alvéolaires. Ech. I: I. gn, gnathion.- go, gonion.-ü; infradentale,- M, point molaire latéral (lat.) et postérieur (post.).- pg, pogonion selon Martin (Ma), Mollison (Ml) et Morant (Mo).-cercles avec croix, points du côté droit.- cercles pointés, points du côté gauche. ·

Mesuré selon la technique de Puccioni, c'est-à-dire en projection et à partir du plan alvéolaire, cet angle (dit postérieur) est de 70° ·à Farincourt, ce qui équivaut au maximum féminin de Téviec (70°) et au chiffre de Cuzoul.

Cela indique une branche montante moins oblique qu'à Chamblandes 32.

Pour mettre en évidence le degré de proéminence ·mentonnière, on a·

proposé plusieurs angles. Tous indiquent que cette proéminence est forte.

Malheureusement la comparaison souffre du défaut inhérent à l'utilisation habituelle du plan basal, trop incertain d'une manière générale et plus particulièrement dans notre cas. Il est regrettable que si peu d'auteurs emploient le plan alvéolaire pour les mesures d'angle (fig. 8). L'angle sym- physien selon ce plan est à Farincourt de 107°, ce qui est proche d'Obercassel r et de Chamblandes 32_.

Conclusion. La variabilité individuelle extrême de la mandibule humaine, jointe aux difficultés inhérentes aux incertitudes d'ordre technique que nous avons déplorées, nous incite à la plus grande prudence au moment de

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