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Influence du locus de la caséine αs1 sur les performances laitières et les paramètres génétiques des chèvres de race
Alpine
M.E. Barbieri, Eduardo Manfredi, Jean Michel Elsen, G. Ricordeau, J.
Bouillon, F. Grosclaude, M Francois Mahe, Bernard Bibé
To cite this version:
M.E. Barbieri, Eduardo Manfredi, Jean Michel Elsen, G. Ricordeau, J. Bouillon, et al.. Influence du
locus de la caséine αs1 sur les performances laitières et les paramètres génétiques des chèvres de race
Alpine. Genetics Selection Evolution, BioMed Central, 1995, 27 (5), pp.437-450. �hal-02712198�
Article original
Influence du locus de la caséine α s1 sur les
performances laitières et les paramètres génétiques des chèvres de race Alpine
ME Barbieri E Manfredi JM Elsen G Ricordeau J Bouillon F Grosclaude MF Mahé B Bibé 1
Institut
national de la rechercheagronomique,
station d’améliorationgénétique
des animaux, BP
27,
31,i26 Castanet-Tolosancedex;
2
Station
caprine deMoissac, 48110 Sainte-Croix-Vallée-Française;
3
Institut
national de la rechercheagronomique,
laboratoire degénétique biochimique
et de
cytogénétique,
78352Jouy-en-Josas cedex,
France(Reçu
le 29 août1994; accepté
le 17 mai1995)
Résumé - L’influence du
polymorphisme
de la caséine <Xs1 sur lesperformances
laitièreset sur les
paramètres génétiques
a été étudiée sur 883 lactations de chèvresAlpine
à lastation
caprine
de Moissac. Les différences entregénotypes,
les héritabilités et corrélationsgénétiques
ont été estimées avec un modèleanimal,
en considérant les effets fixés de la date de misebas,
de la campagne, du numéro delactation,
dugénotype
caséine <Xs1(AA, AE, AF, EE, EF, FF),
et les effets aléatoires de l’environnement permanent et de la valeurgénétique
additive. L’allèle fort A a un effetsignificativement
favorable(P
<0,01)
sur le taux de
protéines
vraies(AA
>AE,
AF >EE,
EF >Ff)
et le tauxbutyreux (AA, AE,
AF > EF etFF).
Les chèvres AA ontsignificativement
moins de lait que les chèvresAE, AF,
EE et EF. Les chèvresAA, AE,
AF et EE ontplus
de matièreprotéique (P
<0,01)
que les chèvres FFqui
ont lesquantités
lesplus
faibles. Le taux deprotéines
aune héritabilité totale de
0,66
et une héritabilité résiduelle de0,34 après prise
en compte dugénotype
de la caséine <Xs1. La correction pour l’effet moyen dugénotype
de la caséine<Xs1 augmente la corrélation
génétique négative
entrequantité
de matièreprotéique
et tauxde
protéines (-0,22 vs 0,09),
alorsqu’elle
diminue la corrélation entre les 2 taux(0,35
vs0,45).
Cette étude confirme que l’allèle fort est bien un allèle favorable pour améliorer lesaptitudes fromagères
des laits dechèvres,
sachant par ailleurs que cet allèle augmente aussi le rapportcaséine/protéines
et lesqualités physico-chimiques
des laits. On peut donc maintenant recommander laprise
en compte des allèles de caséine <Xs1 en sélectioncaprine.
caprin
/
polymorphisme caséineagl ! / production laitière / paramètre
génétique/
taux de protéines
Summary - Effects of the O(sl-casein locus on dairy performances and genetic parameters of Alpine goats. The
influence of
the asl-caseinpolymorphism
ondairy
performance
was studied on 888 lactationsof Alpine
goats at the Station caprine deMoissac in France.
Genotype effects,
heritabilities and genetic correlations were estimatedusing
an animal model which included theeffects of kidding date,
year, lactationnumber,
Œ
Sl
-casein
genotype (AA, AE, AF, EE, EF, FF),
permanent environment and additive genetic value. The strong allele Aaffected significantly (P
<0.01)
the true protein content(AA
>AE,
AF >EE,
EF >FF)
and thefat
content(AA, AE,
AF > EF andFF).
AA goats
produced
less milkyield
thanAE, AF,
EE and EF goats(P
<0.01). Genotypes AA, AE,
AF and EEproduced
moreprotein yield
than FF(P
<0.01).
Heritabilitiesof
protein content with and withoutincluding
the Œsl-casein genotype in themodel,
were0.34
and0.66, respectively. Including
the asl-caseingenotype
in the model alsomodified
the
genetic
correlations betweenprotein yield
and protein content(-0.22
vs0.09)
andprotein
andfat
contents(0.35
vs0.45).
Thisstudy confirms
that the strong allele A isbeneficial for
improving goat milkquaLity. Moreover, previous
results indicate that A is associated withhigher casein/protein
ratio andbeneficial physico-chemical
characteristicsfor cheese-making.
We thus recommend useof
Œsl-caseinpolymorphism
ingoat
selection.goat
/
asl-casein polymorphism/
milk production/
genetic parameter/
proteincontent
INTRODUCTION
La filière
caprine
est confrontée à desproblèmes
dequalité fromagère
des laits et àla nécessité de trouver de nouveaux débouchés. La faible richesse en
protéines
deslaits,
notamment enprotéines coagulables (Ricordeau
etMocquot, 1967;
Ricordeauet
Bouillon, 1971)
et son mauvaiscomportement
vis-à-vis de laprésure (Remeuf
et
al, 1989)
constituent des défautsmajeurs. Or,
la découverte dupolymorphisme génétique
de la caséine CXs1(Boulanger
etal, 1984;
Grosclaude etal, 1987)
offredes
possibilités
d’amélioration de la richesse enprotéines
et del’aptitude
à lacoagulation,
cequi
suscite un vif intérêtauprès
deséleveurs,
desgénéticiens
et des transformateurs.
Cependant,
avant de recommander auxopérateurs
del’amélioration
génétique caprine
une sélection en faveur des allèles forts de la caséine oc,,, il étaitindispensable
d’évaluer l’ensemble des effets de ces allèles surles
performances laitières,
lescaractéristiques technologiques
des laits et les autrescaractères
d’importance économique,
pour vérifierqu’une
telle sélection n’entraîne pas, parailleurs,
des effets défavorables sur d’autres caractères.À
ceteffet,
nousavons utilisé 2
approches complémentaires.
Lapremière
consiste à comparer les allèles de caséine oc.,,(A, B, C, E
etF)
àpartir
del’analyse
intra-descendance de boucsAlpins hétérozygotes
utilisés en insémination artificielle(IA)
dans lesélevages
soumis au contrôle laitier
(Mahé
etal, 1994).
Laseconde (présente étude)
reposesur la
comparaison
de 6génotypes
de caséine CXs1,grâce
àl’expérimentation
miseen
place
dès1987,
à la stationcaprine
deMoissac-Vallée-Française (Lozère),
dontle
troupeau
avaitservi, depuis 1984,
aux recherchespréliminaires
sur letypage
des allèles des caséines CXs1 et OC.2.Dans cette
première partie,
nous avons estimé les effets des allèlesA,
E et Fsur les
performances
laitières par lactation et lesparamètres génétiques
de cesvariables. Dans une deuxième
partie,
nousanalyserons
les effets des allèles sur lesperformances
en cours de lactation: Les étudestechnologiques
réalisées sur les laitshomozygotes A,
E et F obtenus sur les mêmes chèvres etpendant
la mêmepériode
ont fait
l’objet
d’autrespublications (Mahaut
etKorolczuck, 1993; Remeuf, 1993;
Vassal et
al, 1994).
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Protocole
Le
protocole expérimental
a été établi pour obtenir à la fois des chèvres et des laitshomozygotes
aussi différents quepossible
et minimiser les réformes des chevrettes et desprimipares.
Les 3types d’accouplements
de baseprévus chaque
année pourgénérer
les chèvreshomozygotes
sont les suivants :père
AE x mèreAE ; père
AF x mèreAF; père
EF x mère EF. Cesaccouplements
sontrépétés
surplusieurs
années avec des
parents
différents. Vu lafréquence
élevée des allèlesA,
E et Fchez les boucs améliorateurs d’IA de race
Alpine, l’expérimentation
a été limitée à cette race. Les résultats obtenus concernent 6 années deproduction.
Au fur età mesure du déroulement de
l’expérimentation,
les filleshétérozygotes
nées de cesaccouplements
sont utilisées comme mères pour lesaccouplements
suivants et lesfilles
homozygotes AA,
EE et FF sontaccouplées
aux boucshétérozygotes AE,
AFet EF utilisés la même
année,
pourproduire
de nouvelles filleshétérozygotes.
Pouraméliorer les connexions entre
années,
certains boucs ont été utilisés 2 ou 3 années de suite. D’autresaccouplements
horsprotocole
ont été retenus(pères homozygotes
pour les allèles A et
E,
ouhétérozygotes porteurs
d’allèles rares :AD, CF, DF)
afinde
disposer
d’un maximum des données pour comparer lesgénotypes (tableau I).
L’utilisation de
pères hétérozygotes
dans lesaccouplements
estpréférable
à cellede
pères homozygotes qui
induisent une confusion entre les effetspolygéniques
liés au
père
et les effets dugénotype
de la caséine oc5l. Lespères hétérozygotes
transmettent à leur descendance 2
allèles,
cequi permet,
dans uneanalyse
intra-père,
l’estimation de l’effet d’un locus sans confusion avec les effetspolygéniques
(Neimann-Sorensen
etRobertson, 1961).
Dans notreétude,
la dissociation entre les effetspolygéniques
et l’effet dugène majeur
est renforcée parl’analyse statistique
utilisant le modèle animal. Celle-ci fournit des estimations non biaisées des effets de
ces
gènes permettant
de réaliser des testsadéquats,
même enprésence
de sélection(Kennedy
etal, 1992).
Typage
Le
polymorphisme
de la caséine oc,, des chèvres a ététypé
parélectrophorèse
deslaits avec les
techniques
décrites parBoulanger
et al(1984)
et Grosclaude et al(1987).
Legénotype
des boucs a été déduit de celui de leursfilles, puis
déterminédirectement par l’étude du
polymorphisme
de l’ADN àpartir
de1989, grâce
auxtechniques
RFLP(restriction fragment length polymorphism)
et PCR(polyrrterase
chain
reaction) (Leroux
etal, 1990, 1992; Leroux, 1992).
Reproduction
et conduited’élevage
Le
troupeau
est fermé par la voie femelle et ouvert par la voie mâle. Les chèvres adultes sont inséminées sur oestrusinduit,
avec la semencecongelée
de boucsaméliorateurs d’IA de
génotype
connu au locus de la caséine £Xs1.À partir
de1989,
de
jeunes
boucs de montenaturelle,
degénotypes AE,
AF etEF,
sont utiliséspour assurer le retour d’IA. Ces
jeunes boucs,
nés à lastation,
sont issus depères
améliorateurs d’IA et de mères bien indexées. La lutte commence début août pour les
adultes, après synchronisation
des oestrus. Les boucs de monte naturelle sont utilisés sur le retour de l’oestrusinduit, jusqu’au
15septembre.
Les chevrettes sont mises en lutte à 8mois,
1 mois environaprès
lesadultes,
à unpoids
minimum de33
kg.
Lespremières
nées sont inséminées avec les mêmes boucs que lesadultes,
maisla
majorité
est saillie par des boucs de monte naturelle degénotype
connu. Du faitdu
décalage
entre lapériode
de lutte des chevrettes et desadultes,
l’intervalle entre la Fe et la 2e mise bas est inférieur d’au moins 1 mois aux intervalles suivants.Pratiquement
toutes les chevrettes issues desaccouplements
duprotocole
sontconservées pour la
reproduction,
sauf les chevrettes vides ou saillies tardivement.Les réformes interviennent
uniquement après
lapremière lactation,
sauf pour leshomozygotes AA,
EE et FFqui
sont enprincipe
conservées si elles mettent bas normalement et sont en bon état.Tous les
produits
sontséparés
de leur mère à la naissance et allaités au lait artificiel. Les chevrettesd’élevage
sont sevrées à unâge compris
entre 2 et 3mois, puis
élevées en semiplein
air de mai à décembre. Les adultes sont conduites en4 lots de 70 chèvres en moyenne, constitués
chaque
année en fonction des dates de mises bas. Lesprimipares
sontséparées
des adultes. Leshomozygotes AA,
EE etFF sont
regroupées
pour faciliter lesprélèvements
de laits nécessaires aux étudestechnologiques qui
se déroulent sur toute la lactation. Les chèvres sont alimentéesen
lots,
avec une rationsupérieure
en moyenne à leurs besoins.Performances et données utilisées
Les chevrettes sont
pesées
mensuellementjusqu’à l’âge
de 7mois, puis après chaque
mise bas. Le contrôle laitier est effectué tous les
14 j jusqu’au
4e ou 5e moisde
lactation, puis
tous les 28j.
Les variables étudiées sont lesquantités
de lait(L250),
de matièreprotéique (MP250)
et de matière grasse(MG250)
en250 j
delactation
(Bouloc, 1991),
le tauxprotéique
vrai(TP),
le tauxbutyreux (TB)
et lepoids
à la mise bas(PMB).
Les variables MP250 et TP sont les 2 critères utilisés dans le schéma de sélection(Piacere, 1992).
Lesquantités ajustées
à250 j
sontmoins liées
génétiquement
à la durée de lactation etgardent
une héritabilité élevée.Par
ailleurs,
elles ont desdispersions comparables
d’un milieu àl’autre,
d’où unemeilleure
homogénéisation
des variances résiduelles.Les données étudiées concernent les lactations des chèvres de
génotype AA, AE, AF, EE,
EF etFF,
contrôlées sur 6 campagnes, de 1987 à 1992. Les familles depère
constituées de femelles toutes du mêmegénotype
ont été éliminées. Le fichiera ensuite été
épuré
enrespectant
les conditions suivantes : durée de lactationsupérieure
à90 j; âge
à lapremière
mise bas de 11 à 14mois; poids
à la misebas de 35 à 70
kg
pour lesprimipares, supérieur
à 45kg
pour les adultes. Ce fichiercomprend
883 lactations de 499chèvres,
filles de 44pères
différents. Le tableau 1récapitule
les boucs utilisés et le nombre de filles nées dechaque
groupe depère;
68%
sont filles de boucs améliorateurs d’IA(dont 81%
filles depères hétérozygotes),
et
32%
filles de boucs de monte naturelle(dont 76%
filles depères hétérozygotes).
Les effectifs moyens de filles sont de 14 pour les
pères
d’IA et de 9 pour lespères
demonte naturelle. La
généalogie
des 499 chèvres constitue un fichier de 908animaux,
dont 409
correspondent
auxparents
etgrands-parents
des chèvres. Les distributions des lactations par numéro delactation,
année etgénotype
sont données dans letableau II.
Méthodes
Deux modèles
d’analyse
multicaractère ont été utilisés sur les variablesL250,
MP250, MG250, TP,
TB et PMB. Lepremier
neprend
pas encompte
l’effet dugénotype
caséine (X,,1 et le deuxième leprend
encompte.
Les modèlesstatistiques
utilisés sont les suivants :
où :
lijklm (Y ’ i j lm) : performance; b :
coefficient derégression
linéaire sur lacovariable date de mise
bas; d ijklm (d ijlm ) :
date misebas; d i :
date moyenne de mise bas parannée; I ij :
effetdu j e
numéro de lactation et de la ie année(tableau I) ;
gk : effet dugénotype
caséine (X,;1; a, : valeurgénétique polygénique (effet aléatoire) ;
pl : effet d’environnementpermanent
de la chèvre(effet aléatoire) ;
eijlcl -
m
(eijlm) :
résiduelle aléatoire.Les vecteurs a, p et e des effets aléatoires sont
supposés
normalementdistribués, d’espérance
nulle et de varianceavec A = 2 x matrice de
parenté
et 1 = matrice identité.La variable date de mise bas
(DMB)
estexprimée
en écart à la date moyenne dechaque
campagne etremplace
les traditionnelles classes de saison de misebas, toujours
arbitraires. Eneffet, l’analyse préliminaire
des données n’a pas mis enévidence d’effets non linéaires de la saison de mise bas sur les
performances,
d’oùla
pertinence
d’unajustement
linéaire avec une covariablequi
est d’ailleurs trèséconomique
en termes dedegrés
de liberté du modèle. D’autrepart,
cette covariablea
l’avantage
deprendre
aussi encompte
l’effet del’âge
à lapremière
misebas,
dontla corrélation intra-année avec la date de mise bas est
comprise
entre0,38
et0,65.
Les variances et covariances ont été estimées par maximum de vraisemblance restreint avec un
algorithme
EM en utilisant lelogiciel
MTC(Misztal, 1993;
Misztalet
al, 1994).
Le critèred’arrêt,
soit la moyenne des carrés des différences entre 2 estimationssucessives,
a été fixé à10- 6 .
Lelogiciel
utilisé pour estimer les effets des allèles est le PEST(Groeneveld
etKovac, 1990).
RÉSULTATS
Effets des
génotypes
de la caséine oc,,Le tableau III
présente
lesperformances
laitières pargénotype
et numéro delactation. En
première
et deuxième lactation les durées moyennes de lactation(238
à
243 j
et 258 à 271j)
etl’âge
moyen à la mise bas(13
à 14 mois enpremière lactation;
24 mois endeuxième)
sont trèscomparables
pour tous lesgénotypes.
Les résultats des
analyses
par le modèle animal sont résumés dans lafigure
1 parcomparaison
augénotype
de référenceFF,
ainsi que dans le tableau IVqui
donnela
signification
des contrastes au seuil de1%.
Entre
parenthèses,
écart type; les valeurs suivies de la même lettre ne sont passignifica-
tivement différentes
(P
<0,01).
Taux de
protéines
Les
génotypes
se classent dans l’ordre AA > AE > AF > EE > EF >FF,
tous lescontrastes entre
génotypes
étant trèssignificatifs,
sauf entre AE etAF,
EE et EF.Les chèvres AA ont un TP
supérieur
de3,5 g/kg
à celui des EE et de4,8 g/kg
àcelui des FF : la différence entre
génotypes
extrêmesreprésente 16%
de la moyenneou
plus
de 3 écartstypes génétiques
du caractère(erg = 1, 4 g/kg,
Boichard etal, 1989).
Ces résultats sontproches
de ceux de Mahé et al(1994) qui
observent une différence de2,5 g/kg
entre les allèles A et F dans une étudeintrapère
utilisant des données en fermes.Les allèles ont un effet clairement additif sur le TP. L’allèle fort A a une nette
supériorité
sur les allèles E etF,
cequi
est cohérent avec les estimations des tauxde
synthèse
en caséinea s l- i3es
différents(3,6g a1Ièlew ’
pourA; 1,6 g pour F
et0,6
g pourF)
et de la corrélation élevée entre le taux de caséine CXs1 et la teneur encaséine totale
(Grosclaude
etal, 1987; fig 1).
Taux
butyreux
L’allèle A a
également
un effet favorable et lesgénotypes
se classent dans le même ordre que pour leTP,
les différences étantsignificatives
entre les 3génotypes
lesplus
forts d’unepart (AA,
AE etAF)
et les 2génotypes
lesplus
faibles d’autrepart
(EF
etFF!.
Les différences observées ici entre leshomozygotes
A et F(3,7 g/kg)
sont
plus
faibles que celles estimées par Mahé et al(1994) qui
avancent par ailleursl’hypothèse
de mécanismes cellulaires pourexpliquer
le fait que les allèles de caséine CXs1 semblent avoir un effet direct sur le TB.Finalement,
les effets dugénotype
sur les 2 taux sontdifférents, puisque,
pour leTP,
l’écart entre lesgénotypes
AA et AE est au moins le double de celuiqui
existeentre les autres
génotypes
successifs(1,9
vs0,7 g/kg),
alors que, avec leTB,
les écarts entregénotypes
successifs varient de0,5
à1,1 g/kg.
Les valeursénergétiques
des laits des différents
génotypes
estimées àpartir
de la formule de Sauvant(1981),
sont très
significativement
différentes entre elles : 707kg
cal pour les laitsAA,
685pour les
AE,
679 pour lesAF,
658 pour lesEE,
650 pour les EF et 641 pour les FF.Quantité
de laitLes chèvres
homozygotes
A ont unequantité
de laitsignificativement
inférieureà celle des
génotypes AE, AF,
EE et EF lesplus productifs.
Ces résultats nepermettent
donc pas de confirmer totalement l’absence d’effet des allèles de la caséine CXs1 sur laquantité
de lait constatée par Mahé et al(1994). Cependant
onne
peut
affirmer que les différences observées enquantité
de lait soient totalementgénétiques,
dans la mesure où l’alimentation en lots aurait pu limiter laproduction
des chèvres
homozygotes
AA dont le lait a une valeurénergétique
nettementsupérieure ( +
7 à8%
en kcal pour les laits AA parrapport
aux laits EE parexemple).
Matière
protéique
et matière grasseLes
génotypes AA, AE,
AF et EE ont desquantités
de matièreprotéique signifi-
cativement
supérieures
augénotype
FFqui
est le moinsperformant,
mais pas augénotype
EF. Lesgénotypes
AE et AFprésentent
uneproduction
de matière grassesignificativement supérieure
augénotype FF,
le moinsperformant,
tandis que les contrastes entre AA et les autresgénotypes
ne sont passignificatifs.
Ces résultatssont cohérents avec ceux de Mahé et al
(1994) qui
trouvent un effetsignificative-
ment favorable de l’allèle A par
rapport
à l’allèle F pour laquantité
de matièreprotéique et, partiellement,
pour laquantité
de matière grasse.Poids à la mise bas
Les chèvres AA ont un
poids significativement
inférieur(P
<0,01)
aux chèvres AFet EF les
plus
lourdes. Précisonsqu’à
lapremière
mise bas les chèvres AA et AE étaientsignificativement plus légères (P
<0,01)
que les chèvres EF.Paramètres
génétiques
Ils sont estimés selon 2 modèles : le modèle
1, purement polygénique,
neprend
pasen
compte
legénotype
de la caséine CXs1, le modèle2,
à héréditémixte, prend
encompte
à la fois legène majeur
et lespolygènes (tableau V).
Avec le modèle
[1],
les héritabilités sont de l’ordre de0,40
pour les 3 variablesquantités (L250,
MP250 etMG250),
de0,66
et0,58
pour le TP et le TB. Cesvaleurs sont
comparables
à celles estimées en fermes avec le modèleclassique père,
sur chèvres
primipares,
par Boichard et al(1989)
et Bouloc(1991)
pour les racesAlpine
et Saanen. Les corrélationsgénétiques
sont trèsproches
des valeursclassiques rapportées
par ces auteurs : corrélationspositives
entrequantités (0,78
à0,87)
etentre les 2 taux
(0,45), négative
entre TP etquantité
de lait etproche
de zéro entreTP et
MP250,
cequi
démontre encore une fois que la sélection sur la seule variable MP250 nepeut
améliorer indirectement la richesse du lait enprotéines.
Lepoids
à la mise bas
présente
une héritabilité de0,55,
des corrélationspositives
avec lesquantités (0,40
à0,55),
et des corrélationsproches
de 0 avec les taux.Avec le modèle
[2],
lesparamètres
relatifs au TP sont modifiés. D’unepart,
l’héritabilité est réduite de0,66
à0,34 (-48%),
avec des écartstypes génétiques respectifs
de1,8
et1,0 g/kg.
L’héritabilité résiduelle de0,34
resteélevée,
cequi
démontre l’existence d’une variabilité
polygénique importante qu’il
conviendrad’exploiter conjointement
avec lepolymorphisme
de la caséine (X,,1. D’autrepart,
ce modèle met en évidence une moindre association
polygénique
entre les 2 taux(0,35
contre0,45)
et desantagonismes plus
forts entre le TP et lesquantités
dematières
(-0,22
avec la MP250 contre0,09; -0,19
avec la MG250 contre-0,09),
qui apparaissent
atténués avec les modèlespolygéniques (modèle [1] ;
Boichard etal, 1989; Bouloc, 1991).
Enrevanche,
l’héritabilité résiduelle de TB n’est pas différente de l’héritabilité totale et les estimations derépétabilité sont,
dansl’ensemble, comparables
avec les 2 modèles(tableau V).
DISCUSSION
Les résultats du
protocole
de la stationcaprine
de Moissacpermettent
de disso- cier les effets d’ungène majeur
et despolygènes
sur lesperformances
des chèvres laitières. La connaissance des allèles de caséine (X,,1représente
donc une informa-tion nouvelle et
précieuse
pour mieuxcomprendre
le déterminismegénétique
descaractères et leurs
associations,
et pourexplorer
les différences entre races. Cette informationpeut
être obtenue dès lanaissance,
dans les 2 sexes,grâce
à des tech-niques
detypage
deplus
enplus performantes (Leroux
etal, 1990, 1992; Leroux,
1992).
L’utilisation du modèle à hérédité mixte modifie sensiblement certains des
paramètres
estimés avec le modèlepolygénique classique.
Une diminution de l’héritabilité pour le TP était attendue. La réduction de la corrélationgénétique
entre le TP et le
TB,
et surtoutl’opposition négative plus
forte entre le TP etles 2
quantités, peuvent s’expliquer
par un effet direct dugène
de la caséine o(,,sur le TP et un effet indirect sur le TB comme
suggéré
par Mahé et al(1994),
oupar un effet
pléiotropique
de cegène
sur lesquantités
de matières et les taux deprotéines.
Les besoins deprotéines
de la ration étantprioritaires
pour un bon niveau deproduction,
onpeut
aussi se demander si les recommandations alimentairesne devraient pas tenir
compte
dugénotype
caséine (X,,1 moyen deschèvres,
afind’éviter que les
apports
enquantité
etqualité
desprotéines
ne constituent un facteur limitant laquantité
de laitproduite
pour les chèvres avant un TPgénétiquement
élevé. D’où l’intérêt d’étudier les
caractéristiques
nutritionnelles des 3types
de chèvresAA,
EE etFF,
pour vérifier s’il existe des différences de métabolisme azoté eténergétique
entre ces 3types.
Compte
tenu de ces résultats et desprécédents (Mahé
etal, 1994),
onpeut
maintenant conclure que l’allèle fort A a un effet favorable sur la
quantité
de matièreprotéique
et surtout le taux deprotéines.
Parailleurs,
nous savons que cet allèle confère aux laits AA uneaptitude fromagère supérieure
à celle des autres laits EE etFF,
notamment unpourcentage plus
élevé deprotéines coagulables,
des micelles de caséinesplus
fines et un meilleur rendementfromager (Remeuf, 1993;
Grosclaudeet
al, 1994;
Vassal etal, 1994).
Cetavantage
estimportant,
dans la mesure où laplupart
des fabricationsfromagères
sont issues de latechnologie lactique qui
donnedes caillés de texture
fragile.
Les recherches en
génétique
moléculaire ont démontré que les allèles à taux desynthèse
réduit sont des mutants défectifs : insertion de 458 nucléotides dans le dernier exon dugène
dans le cas de l’allèleE;
délétion de 37 résidus d’acides aminés dans le cas de l’allèleF,
d’où des anomaliesd’épissage
entraînant laproduction
de3 formes de transcrits caractérisés
pouvant
être àl’origine
de la réduction de laquantité
d’ARNmspécifiant
la caséine <Xs1(Brignon
etal, 1990;
Leroux etal, 1992;
Martin
1993;
Grosclaude etal, 1994).
Le fait que legénotype
FF se classe dernieren
quantités
deprotéines
et de matière grasse et en richesse de lait confirme que cesanomalies
biochimiques
se traduisentégalement
pas des anomalies de lasécrétion,
de sorte que l’allèle F doit aussi être considéré comme un allèle défectif au niveau desperformances
laitières.L’influence favorable de l’allèle A sur les 2
principaux
critères de sélection(index
MP et indexTP),
paropposition
à l’influence défavorable de l’allèle F sur les mêmescritères, explique
finalement que le classement des boucs detestage
en raceAlpine
soit fonction de leurgénotype
caséine <Xs1(Manfredi
etal, 1995).
Nous pouvons donc maintenant recommander laprise
encompte
des allèles de caséine <Xs1 dans le schéma de sélectioncaprin.
Celui-ci devra être modifié pourgérer
defaçon optimale
legène majeur
caséine <Xs1 et lespolygènes,
dansla
programmation
desaccouplements,
le choix desjeunes
boucs detestage
et l’indexation desreproducteurs.
REMERCIEMENTS
Nous remercions A
Lajous qui
a contribué à la réalisation de cetteexpérimentation,
D
Lajous
qui a constitué les fichiers initiaux, VDupuy
et A Piacerequi
ontparticipé
aux
analyses génétiques préliminaires.
Ce travail a bénéficié d’un financement
régulier
du ministère del’Agriculture
dans lecadre des études financées par la Commission nationale d’amélioration
génétique
ovine etcaprine,
et des contrats annuels avec l’ONILAIT sur l’étude des effets dupolymorphisme
de la caséine !xsi .
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