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Le lieu de contrôle, l'intolérance à l'ambiguité et le désir de contrôle chez un groupe de conjoints violents

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Academic year: 2021

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(1)

MKtI)IRK PRKSKNTK A

L'UNIVERSITE 00 QUKBKC A TROIS-RffiKRKS ŒHm KXIGKNCK PARTIKLLK

DE LA HAITRISK KM PSY<lIOIOOIK

PAR JRAN IOOIS LKGARK

LE LIEU DK OONTROLK, L' INTOLKRANCK AL' AMBIGUITK

KT LK DKSIR DE <DNTROLK CHKZ UN GROUPE DE OONJOINTS VIOLKNTS

(2)

Université du Québec à Trois-Rivières

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RéBUJDé

Des traits de personnalité et des caractéristiques comportemen-tales communes observés chez les conjoints violents permettent de croire que des facteurs associés au contrôle concourent à accroître le potentiel violent de la personne.

La présente recherche vise à vérifier les liens entre l'ampleur du comportement violent et des caractéristiques de la personnalité, soit l'orientation du lieu de contrôle, l'intolérance à l'ambiguïté et le désir de contrôle, en comparant deux groupes de conjoints. Un premier groupe de 35 conjoints provenant de la population générale est comparé à un groupe de 39 conjoints qui se reconnaissent violents et qui. recourent à des programmes d'intervention.

Les comparaisons effectuées indiquent que chez les conjoints violents, ceux dont la violence est mineure se révèlent les plus into-lérants à l'ambiguïté. Aucune différence significative n'est toutefois relevée concernant le lieu de contrôle et le désir de contrôle.

Ces résultats demeurent cohérents avec des recherches antérieures en ce qui a trait au lieu de contrôle. La nature et la variabilité des résultats obtenus jettent un doute sur l'importance accordée, dans les écrits scientifiques relatifs à la violence conjugale, à l'orientation du lieu de contrôle et au désir de contrôle. Parmi les variables secondaires considérées, l'âge semble un facteur prépondérant, ce qui soutient la primauté qui doit être accordée aux facteurs socio-économiques et relationnels que ce critère sous-tend.

(4)

finwnn1re

De

plus en plus présente danB le contexte Bocial actuel, la violence conjugale suscite depuis une vingtaine d'années un intérêt Bans cesse croissant danB les domaines de la recherche et de l'intervention. Plusieurs aBpects de la problématique qui en découle constituent des enjeux d'importance pour le domaine de la psychologie.

En effet, des traits de personnalité et des caractéristiques comportementales communes observés chez les conjoints violents permettent de croire que ceB facteurs concourent à accroître le potentiel violent de la personne. Parmi les principaux facteurs se retrouvent l'expérience précoce de la violence, le faible contrôle des impulBionB, la rigidité et enfin, mais non le moindre, le besoin de contrôle. La maîtrise qu'un individu croit pouvoir exercer sur un évènement-renforcateur, la propension à l'intolérance qu'il peut démontrer en percevant un tel évènement comme ambigu et la motivation qu'il manifeste à en contrôler l'issue sont des variables qui semblent liées à l'agir violent dans un contexte conjugal.

Dans cette même perspective, la présente recherche étudie les relations possibles entre l 'ampleur des comportements conjugaux violents et trois variables de la personnalité, soit le lieu de contrôle interne-externe (LC), la tolérance-intolérance à l'ambiguïté (TIA) et le désir de contrôle (OC). Cette comparaison s'effectue entre un groupe de conjoints

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recrutés dans la population générale (N

=

35) et un groupe de conjoints violents, provenant d'organismes reconnus en intervention (N

=

39).

Deux hypothèses prédisent des différences significatives entre les groupes relativement à ces variables. Les quatre niveaux de compor-tements manifestés en situations de conflits conjugaux (version française du crS) constituent la variable dépendante. Ils rendent possible la détermination de quatre sous-groupes et la comparaison des scores obtenus sur les échelles des variables mesurées de la personnalité.

Les résultats obtenus démontrent une différence significative relativement à la TIA entre les deux groupes, les conjoints dont la violence est mineure se révélant les plus intolérants à l 'ambiguïté. Par ailleurs, aucune différence significative ne s'observe quant à l'orien-tation du lieu de contrôle et au désir de contrôle. De plus, la nature et la variabilité des résultats obtenus auprès du groupe des conjoints en traitement jettent un doute sur l'importance accordée à ces deux variables par la littérature scientifique dans le domaine de la violence conjugale.

Parmi les variables socio-démographiques considérées, l'âge se révèle un facteur significativement relié à la gravité de violence observée. Plus les sujets sont jeunes, plus les comportements violents sont présents. Bien que les groupes ne soient pas appariés, ceci peut signifier que des facteurs liés à l'âge, soit socio~économiques, rela-tionnels et générateurs de stress, devront être examinés plus spécifi-quement au cours de recherches ultérieures.

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Table deB IDIltièreB

Liste des tableaux . Liste des figures

Introduction

Chapitre premier - Contexte théorique .

viii xi 1 5 La personnalité et les comportements . . . • . . . • • 6 La violence familiale et la personnalité du conjoint violent . . 9 Caractéristiques du conjoint violent . • • . • . . . . . 15 Internalité-externalité, tolérance à l'ambiguïté

et désir de contrôle . . . 23 Hypothèses . . . . . . . . . 46

Chapitre II - Méthodologie

Recrutement des sujets . gchantillon . . . . . Mesures

Procédure de passation . Stratégie d'analyse

Chapitre III - Présentation des résultats et discussion . Analyses descriptives Résultats . . . . Discussion . Conclusion Appendice A Appendice B . Appendice C . Appendice D . Références 47 48 513 52 63 63 66 67 813 82 89 93 . . 1131 . . . 1133 . 1138 112

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1. 2.

3. 4. 5.

Liste des tobleomr

Différences intergroupalea relativea à l'âge et au revenu Moyenne a , écarta-typea et test-t

pour l'échantillon et les groupea

des acores obtenus aux échellea Comparaiaon des deux groupea au teat U de Mann-Witney

Corrélation multiple «violence» . . . .

(ate:pwise) Répartition de l'échantillon en échellea du

crs

. . . .

pour la variable dépendante

fonction dea cotea aux

aous-69

11 12

14

14

6. Nombre, pourcentage et répartition des aujeta selon l'importance du recoura aux comportement a violenta . . . . . 16

7. Intercorrélationa observéea par niveaux de violence en contrôlant l'âge (25-41) . . . . . . . . . . 11

8. Nombre a , pourcentages et répartition dea aujeta extrêmea sur l'échelle du LC en fonction dea soua-échelles du

crs . . . .

18 9. Comparaiaon du LC, de la TIA et du OC entre lea unitéa

«Non-Violence», «Violence mineure, T et C» et «Violence Majeure» 19

10. Comparaison du LC, de la TIA et du OC entre lea unité a <<Non-Violence», «Violence mineure, T et C» et «Violence Majeure» en contrôlant l'âge (25-41) . . . 19

Appendices

11. Donnéea d'informationa généralea . 102

12. Conversion en cotea dea acores aur l'échelle du

crs

. . . 104

13. Matrice corrélationnelle de l'gchelle du

crs

-

globale . . 105

14. Répartition des aujeta en fonction des cotea au

crs

106

15. Moyennea, écarts-typea et teat-t dea acores obtenua aux échellea LC, TIA et OC avec contrôle de l'âge (25-41) . . . 109

(8)

16. Comparaiaona (Mann-Witney) dea aoua-groupea «violenta mineure» T et C en fonction de l'âge et dea variablea meauréea . . . 109 17. Influence de l'âge par corré lat iona partiellea en contrôlant

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Liste des figures

1. Deux typea de peraonnalités violentea d'aprèa Megargee (1971).

Lea pourcentage a indiquent la proportion de chacun dea typea dans lea groupea étudiéa. . . • • . . . . • . . 19 2. Caractéristiques des typea de peraonnea auaceptiblea de

compor-tementa violents d'aprèa le modèle interactif propoaé par

Mayaeleas (1991). . . . . . . . . 21 3. Répartition dea sujets d'aprèa les indicea de violence obtenue au

crS. . . . . . . . . . . . 107

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(11)

dement devenue l'un des sujets dominants de l'intérêt public. Le travail acharné des milieux féministes et communautaires a favorisé l'adoption par les institutions des premières dispositions qui s'imposaient afin de faire face â cette problématique. En effet. le Gouvernement du Québec vient de publier récemment ses Orientations en matière d'intervention auprès des conjoints violents (1992).

L'étude des variables de la personnalité constitue un aspect majeur dans l'identification des facteurs qui concourent à accroître le potentiel violent de l'individu et en favoriser les manifestations. Dans la relation de couple, où l'intimité et les influences culturelles protègent et facilitent l'abus. le conjoint demeure le partenaire le plus susceptible d'accéder à des comportements violents excessifs (Levinson, 1989; Straus et Gelles. 1990).

Or, en ce qui concerne les conjoints violents, les auteurs

semblent s'intéresser davantage â l'évaluation des programmes, à la

modélisation théorique, aux études cliniques isolées, plutôt qu'à favoriser une recherche plus empirique (Bersani et Chen, 1988; Pépin et al., 1985). Ainsi, l'évaluation du rôle de la personnalité demeure â faire. Bien que plusieurs publications la décrivent, ses caractéristiques différentielles, a'il en existe, restent à clarifier (Lindsay, Ouellet et St-Jacques, 1991; O'Leary, 1988; Pépin et al., 1985; Straus et Gellea, 1990).

(12)

C'est dans cette perspective que l'objectif principal de la présente recherche vise à vérifier les relations possibles entre le compor-tement violent et trois variables de la personnalité, soit l'orientation du lieu de contrôle, l'intolérance à l'ambiguïté et le désir de contrôle. Cette étude se fait auprès d'un échantillon de deux groupes de conjoints. Le groupe-cible est formé de conjoints qui se reconnaissent violents, tous inscrits à un programme d'intervention dans ce domaine, tandis que l'autre provient de la population générale et constitue le groupe-témoin.

Dans le cadre de la théorie de l'apprentissage social, quelques auteurs ont étudiés l'influence de certaines variables de la personnalité sur l'émergence de violence. S'intéressant spécifiquement à la violence conjugale, Bern (1985) soutient des hypothèses relatives à l'orientation du lieu de contrôle. Quant à l'intolérance à l'ambiguïté et au désir de contrôle, bien qu'elles ne semblent pas avoir été explorées dans ce champ

spécifique, leurs cadres conceptuels et expérimentaux permettent de présumer des liens significatifs avec la présence ou l 'absence de compor-tements violents chez le conjoint.

La présente étude se subdivise en trois chapitres. Un recueil de la doclwentation concernant la personnalité du conjoint violent, l'examen des variables à l'étude ainsi que les hypothèses qui en découlent, constituent les éléments du premier chapitre. La deuxième partie présente la composition de l'échantillon, la description des instruments et la

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procédure de l'expérimentation. Finalement, le troisième chapitre fait état des résultats obtenus et de leur discussion.

Il importe de préciser au lecteur que cette recherche ne vise pas l'atténuation de la responsabilité de l'individu face à ses compor-tements violents mais tente plutôt d'en améliorer la compréhension. L'objectif ultime demeurant celui de favoriser l'adéquation des moyens mis en oeuvre pour aider toutes les personnes touchées par la problématique de la violence conjugale et familiale.

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quatre variables, soit, d'une part, le lieu de contrôle interne-externe, l'intolérance à l'ambiguïté et le désir de contrôle, et, d'autre part, les comportements conflictuels du conjoint violent. Le premier chapitre se subdivise en quatres sections. Un premier volet rappelle l'importance du rôle de la personnalité dans la compréhension des comportements. La deuxième partie a pour objectif de présenter la personnalité du conjoint violent dans le contexte de la violence conjugale. Des caractéristiques propres à expliquer l'apparition et le maintien de la violence comme mode privilégié de résolution de conflits sont alors mises en évidence. La troisième section de ce chapitre consiste en une courte présentation conceptuelle de chacune des variables. Finalement, une synthèse des relations entre ces dernières, dégagées des études précédentes, conduit à l'élaboration des hypothèses de la recherche.

La

personnalité et les comportements

Selon Hilgard et al. (1919), la personnalité consiste en un ensemble de schèmes caractéristiques du comportement et de la pensée qui déterminent l'adaptation de la personne à son environnement. Elle se forme à partir du potentiel individuel inné, continuellement modifié par les influences expérientielles et culturelles.

(16)

Les tenants de la théorie de l'apprentissage social (T.A.S.) postulent que les différences individuelles dépendent de la variabilité des

expériences d'apprentissage, influencées par l'action du renforcement.

Celui-ci réfère au stimulus-réponse, rétroaction (feed-back) conséquente

d'un comportement. Comme le déclare Bandura (1973), la forme spécifique

que prend l'action, sa fréquence, les situations où elle s'inscrit et les objectifs spécifiques choisis sont largement déterminés par l'expérience de socialisation de l'individu. L'auteur explicite qu'au-delà du contrôle du stimulus lui-même, intervient un deuxième système de contrôle qui concerne

l'influence de la rétroaction du comportement. Il s'agit du contrôle du

renforçateur, un concept important dont il sera souvent question au cours de cette recherche.

L'un des postulats propres à la T.A.S. (Rotter, 1982) précise que l'unité centrale pour l'étude de la personnalité est formée par l'interac-tion de la personne avec un environnement significatif. Sa stabilité et sa

capacité de faire face au changement sont assurées par l'apprentissage

qu'elle a fait de réponses modifiables. Deux autres de ses axiomes

stipulent que les comportements sociaux sont appris et que l'élaboration de la personnalité tend vers l'unité et la congruence. Finalement un dernier postulat souligne l'importance, non seulement des renforcements en tant que buts aux comportements, mais de l'influence des expectatives1 sur ceux-ci.

1 Traduction libre de "expectancies" : IExpectancies' et «beliefs. semblent être utilisés indiffére.ment par l'auteur. Par convention, la plupart des auteurs français recourent aux terles «expectationl et (expectative. selon qu'il s'agit de l'acte ou de l'objet. Dans une

(17)

Bandura (1973) souligne que la T.A.S. fournit une explication de la causalité des actions différente des théories centrées sur la notion d'instinct ou de force interne et inspirées de l'éthologie ou de la psycha-nalyse. Cette explication intervient également dans la compréhension de la conduite et du contrôle des comportements ainsi que de leur modification. Cette théorie permet donc de mieux appréhender l'évaluation et la prédic-tion de l'agir humain.

En parallèle, il semble utile de rappeler que les théories phéno-ménologiques font valoir l'importance de la cohérence entre le soi, le soi

idéal et la réalité pour l'équilibre et le bien-être relatif de la

personne. Ainsi, Rogers et Kinget (1965) affirment que l'adéquation du

comportement dépend du lien entre l'expérience et la perception, en parti-culier celle du <qnOL». L'insistance de ces auteurs sur la capacité de développement de la personne, à partir de son expérience organismique et de la disponibilité de cette expérience à son adaptation continuelle avec son

environnement, contribue à clarifier le rôle prépondérant de la

person-nalité dans l'étude de l'agressivité humaine et des comportements violents. C'est dans cette perspective que Huard (1989) démontre que la violence résulte d'un déséquilibre dans l'organisation adaptative de l'individu. Il conclut d'ailleurs en soutenant que la prédictibilité de l'agir violent ne peut se faire qu'en considérant l'histoire et le développement psycholo-gique des personnes en présence.

Des cadres théoriques sensiblement différents mettent donc en relief des traits communs dans la conceptualisation de la personnalité et

(18)

des comportements qui en émergent. Ces quelques notions se rattachant à la personnalité permettent dès lors d'introduire l'objectif de la présente recherche, soit l'étude de la personnalité du conjoint violent dans les limites du contexte familial.

La violence familiale et la personnalité du co~joint violent

La problématique de la violence familiale est un domaine complexe du seul fait qu'elle s'inscrit dans le champ de l'agressivité humaine, un des lieux les plus prolifiques de la recherche en psychologie. Comme l'ont souligné O'Leary (1988) et Straus (1990), elle S'y distingue de façon particulière puisqu'elle affecte le cadre le plus important du dévelop-pement humain, la famille.

Des études sociologiques et anthropologiques (Levinson, 1989; Pépin et al., 1985; Roy, 1977; Sigler, 1989; Straus, 1977; Turner, Fenn et Cole, 1981) démontrent la généralisation du phénomène de la violence

au-delà des différences raciales, ethniques ou économiques. Leurs constats

révèlent l'importance des apprentissages, des influences culturelles sur la socialisation de l'individu ainsi que des rapports affectifs et émotionnels entre les personnes comme autant de facteurs étroitement liés au phénomène de la violence conjugale.

Actuellement, le consensus est loin d'être fait, tant sur le plan de la définition des termes, que sur les aspects non moins importants de

l'évaluation statistique ou du débat théorique qui l'englobe. Selon des

(19)

~, 1985; St~aus, 1990), ce phénomène peut dépendre autant de la valo~i­ sation théo~ique acco~dée au dét~iment d'une comp~éhension ~éelle du p~oblème, que de l'u~gence de solutions valables po~ y pallie~. Les p~éjugés et tabous qui entou~ent ce domaine intime (Walke~, 1981; Welze~­ Lang, 1991) ainsi que la nat~e cyclique et socialement acceptée de la violence familiale (Be~n, 1982; Flemons, 1989; Gelles, 1981; Gelles et

Co~nell, 1985; Walke~, 1981) conco~ent également à acc~oît~e les

dive~gences et confondre les pistes de ~eche~ches.

Malgré ce fait, il convient tout d'abo~d de p~ésente~ quelques définitions de la notion de violence au sein de la famille et des te~es s'y ~attachant.

Définitions

Selon Dutton et B~owning (1988), ce sont les t~avaux menés p~ Bandu~a qui ont pe~mis de cl~ifie~ la comp~éhension de l'agression comme un géné~ateu~ de ~enfo~cement et celle de son maintien pa~ la neut~ali­ sation de l'auto-punition et p~ la dé-~esponsabilisation qui peuvent êt~e conséquentes de l'acte violent. Ces mécanismes se manifestent souvent ~

la justification, l'atténuation ou l'usage d'alcool et de drogues.

Band~a (1913) définit l'ag~ession comme un compo~tement dont le ~ésultat est la bless~e de quelqu'un ou la dest~uction de sa p~op~iété. Cette blessu~e pouvant êt~e psychologique aussi bien que physique. Quant à Gelles (1990), il p~ésente la violence comme étant "un acte di~igé avec l'intention au moins pe~çue de blesse~ physiquement une aut~e pe~8onne"

(20)

(p. 21). Cette définition se distingue de la première par l'accent mis sur le pôle perceptif et par la limitation de la reconnaissance du comportement à sa seule dimension physique.

D'autre part, Gondolf (1985) reprend une définition empruntée à Ganley de la violence envers la conjointe qui correspond davantage à une perspective féministe: "l'assaut par le plus fort des deux conjoints dans un contexte conjugal" (p. 84). Flemons (1989) insiste davantage sur la violence sexuelle et psychologique alors que Browne (1989) met en évidence la privation de la liberté par l'usage de la force physique. Ce dernier fait également mention d'une définition de la violence psychologique proposée par Edleson en 1984 qui se caractérise par la menace verbale ou non-verbale de violence à l'égard d'une autre personne ou de ses biens.

Afin de clarifier au lecteur le choix des termes retenus, il semble intéressant de mentionner l'abus, bien que cette expression ne soit pas utilisée. La définition de l'abus pose de nombreuses difficultés sur le plan méthodologique du fait qu'elle englobe un éventail de comportements et d'attitudes allant de la négligence affective aux manifestations les plus extrêmes de violence. Cependant, plusieurs auteurs réservent ce terme pour désigner des formes de violence dont les principales victimes sont des enfants et des personnes âgées. Par ailleurs, l'abus recouvre également diverses formes d'agressions sexuelles (Pépin et al., 1985; Straus, 1990).

À l'instar de Pépin et al. (1985), une certaine confusion dans la terminologie associée à la violence familiale est attribuable au caractère

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multidimensionnel de termes tels que violence, abus ou agression. Dans les publications recensées, les auteures constatent un chevauchement conceptuel des notions d'abus et de violence, ce que confirme Gelles (1990). Elles préviennent du biais que risque de causer la primauté d'intérêt accordée aux manifestations extrêmes de violence par la recherche.

Si Bandura (1913) commence par mettre en évidence que l'agression n'a pas un effet unilatéral mais bien bilatéral, dans ce sens qu'elle veut satisfaire l'agresseur dans la poursuite d'un but ou dans la décharge d'une frustration, cette dimension n'est pas apparente dans la définition qu'il propose, tout comme d'ailleurs dans celles des auteurs précités. Pourtant, dans son analyse de l'action agressive, l'auteur explique bien qu'il s'agit avant tout d'un exercice de contrôle largement influencé par l'expérience socialisante. Par ailleurs, il insiste sur le fait que "des comportements élaborés ne proviennent pas d'un patron unique, mais plutôt de l'intégra-tion de plusieurs éléments d'activités d'origines différentes" (p. 11).

Même s'il n'accorde pas les mêmes motifs au contrôle que les adeptes de l'apprentissage social, Gondolf (1985) identifie le besoin de contrôle comme le principal incitatif aux comportements violents. L'auteur soutient que le conjoint violent est un individu désespéré qui contrôle sa conjointe afin de maintenir une certaine estime de soi, son autorité et ses privilèges et ne l'explique essentiellement que par l'influence du patri-arcat. Dans le même sens, Roy (1911, 1982), Stets (1988), Walker (1981) et Welzer-Lang (1991) élaborent sur les techniques utilisées, comme par exemple la dévalorisation ou les menaces, pour maintenir la conjointe sous

(22)

terreur et assurer ainsi la domination. Gondolf (1985) se reconnaît dans le prolongement de Ball-Rokeach, laquelle émettait l'hypothèse qu'une répartition asymétrique de ses ressources adaptatives force l'individu à réagir pour rétablir l'équilibre.

Pour leur part, Dutton et Browning (1988) précisent que les manifestations de pouvoir et de domination révèlent la fréquence du besoin de contrôle. Leurs travaux s'orientent sur les difficultés relationnelles du couple et sur la détermination d'une «zone optimale», c'est-à-dire une limite socio-émotionnelle acceptée de part et d'autre et dans laquelle chacun des conjoints cherche à se maintenir. Un retrait de cette «zone» peut alors occasionné des efforts de contrôle coercitifs.

Stets (1988) en vient pour sa part à constater que la satisfac-tion provenant du contrôle devient elle-même un objectif suffisant pour motiver des attitudes contrôlantes. Dans une recension récente portant sur les programmes d'intervention, Lindsay et al. (1991) rapportent plusieurs études appuyant cette observation. Même si les conjoints en traitement diminuent ou cessent l'accès à la violence physique, leurs attitudes excessives de contrôle persistent.

Finalement dans un document présenté au Comité canadien sur la violence faite aux femmes (1992), l'Association des ressources intervenant auprès des hommes violents (ARIHV) abonde dans le même sens et explique la violence conjugale ou familiale comme une réponse à ce besoin de contrôle.

(23)

C'est donc à ce concept d'exercice de contrôle exacerbé, mobi-lisant la violence comme un mode appris de résolution de conflits, que la présente recherche se rallie pour définir la violence conjugale. En effet, ce concept a le mérite de ne pas être limité à l'agression physique, englobant à la fois les dimensions psychologiques et sexuelles de la violence et de l 'abus. Pour éviter la confusion avec la présence saine du contrôle, le terme «coercition» s'avère préférable.

Enfin, l'épithète «familiale» pourrait sembler plus appropriée que «conjugale» car la plupart des auteurs admettent la notion d'escalade ou de spirale de la violence (Bern, 1982; Bersani et Chen, 1988; Steinmetz, 1977), ce qui sous-tend qu'elle se généralise. De plus, le phénomène largement reconnu de la transmission intergénésique (Gelles, 1987; Pépin

et

~, 1985; Straus et Smith, 1990; Varma, 1977; Wolfe, 1989) contribue à accorder une importance de premier plan à la violence dont les enfants subissent les conséquences directes et indirectes, qu'ils en soient témoins ou victimes. Néanmoins, le cadre de la présente recherche se limite à la seule dimension conjugale en ne traitant que du comportement du conjoint envers sa conjointe.

Dans leur recension, Pépin et al. (1985) notent que la violence conjugale s'applique à la relation de couple sans considération du statut marital. Le terme «conjoint» convient donc à désigner le partenaire dans une perspective de couple, indépendamment des conditions légales auxquelles ce dernier souscrit. De plus, cette dénomination permet d'éviter la

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géné-ralisation que sous-tend celui d'«homme» ou les restrictions associées au terme de «batteur».

Caractéristiques du co~1oint violent

Plusieurs études et recensions (Gondolf, 1988; Nosko et Wallace, 1988; Pépin et al.,1985; Steinmetz, 1977) ont permis de regrouper une importante somme de caractéristiques et de traits de personnalité observés chez des conjoints violents. Par contre, bien peu nombreuses sont celles qui ont le mérite de leur reconnaître des facteurs discriminants. Il est également plausible qu'il puisse exister des distinctions significatives au sein même des conjoints violents. Pour la présente étude, deux modèles descriptifs qui semblent dominer la littérature sont retenus, soit celui de O'Leary (1988) et celui de Megargee (1971). Il est également fait mention d'un troisième, plus récent, soit celui de Mayseless (1991). Il se réclame d'une certaine parenté au modèle de Megargee bien qu'il se rattache à un courant théorique différent.

Dans une importante étude étiologique menée auprès de 393 couples sur une période de 36 mois, O'Leary (1988) dégage cinq facteurs prédictifs importants :

a. Violence dans la famille d'origine; b. Un style de personnalité agressif; c. Un stress ou irritant circonstanciel;

d. L'abus de substances telles qu'alcool, drogues; e. L'insatisfaction conjugale.

(25)

Il est à noter que si les deux premiers éléments qualifient la personne, les trois derniers représentent des précipitants environnementaux et qu'aucun des cinq facteurs pris isolément n'est suffisant pour générer un assaut1 • Les travaux de Berk et al. (1983) ainsi que les postulats

formulés par Gelles (1987) soutiennent partiellement ces préalables.

En tant que facteur, la violence dans la famille d'origine explique 4% de la variance (O'Leary, 1988). L'auteur rapporte un résultat de 8% qui fut précédemment obtenu par Kalmuss en 1984. Malgré ce fait, Roy (1982), à l'instar de plusieurs, évalue la présence de ce facteur à près de 80% chez les conjoints violents. Bien que l'apprentissage par imitation ait reçu l'attention de plusieurs chercheurs (Gordon, Jones et Nowicki, 1979; Reid, Taplin et Lorber, 1981) mettant en évidence son effet plus direct sur les garçons, O'Leary soutient que la punition physique et la discipline rude s'avèrent des facteurs prédisposants tout aussi importants.

Quant au style de personnalité agressif, le même auteur obtient des corrélations de Pearson, variant entre 0,49 et 0,78, qui témoignent de la stabilité de l'agression physique en tant que caractéristique du compor-tement. Ses résultats sont d'ailleurs similaires à ceux déjà obtenus au cours d'études longitudinales par Olweus en 1977 et Cronbach en 1979 en ce qui a trait à l'agressivité. Le style de personnalité agressif fait réfé-rence à une personne impulsive qui a développé des patrons de comportements agressifs relativement stables, généralement à la suite de difficultés

Selon Straus (1990. p. 80) le terle (assaut. est caractérisé par l'illégalité de l'acte violent envers autrui, de sa tentative DU de sa tenace.

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durant l'enfance et l'adolescence (O'Leary, 1988). Cette personne a habi-tuellement une pauvre estime d'elle-même et, comme Bandura (1973) en reprend le constat, tend à attribuer des intentions hostiles aux autres, à percevoir les actions de ceux-ci comme agressives, donc menacantes.

Lorsqu'il est question d'irritant circonstanciel, O'Leary (1988) rapporte les résultats publiés en 1980 par Straus, lesquels témoignent d'une probabilité d'assaut de 5% si l'individu, qui fut témoin de violence interparentale, a un bas niveau de stress.

élevé, la probabilité passe à 17%.

Lorsque ce niveau devient

Les taux varient beaucoup chez les auteurs lorsqu'il est question d'abus de substances telles qu'alcool, drogues. Les plus fréquents situent le pourcentage d'abus d'alcool, chez les conjoints violents, entre 40% et 60%. O'Leary (1988) rapporte des résultats de Stuart et Leonard à l'effet qu'un usage modéré d'alcool suffit à augmenter

agressifs. A l'appui de ce qui précède, Kantor et

la probabilité d'actes Straus (1990) indiquent que le pourcentage de violence est trois fois plus élevé chez les conjoints

«fêtards», c'est-à-dire des buveurs irréguliers. La récente étude menée

par Hamberger et Hastings (1991) atteste la sévérité de la violence chez des conjoints violents alcooliques.

Pour Rosenbaum et O'Leary (1981), l'insatisfaction conjugale

apparaît le facteur le plus prédictif de violence avec une prévalence de 10% entre trois périodes d'évaluation. Pourtant des recherches ultérieures conduisent O'Leary à mettre en doute ce résultat et à partager le point de

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vue de Deschner (1984 voir 0' Leary, 1988) quant à l'effet des étapes du cycle de la violence.

Malgré ce doute, la récente thèse de Gagnier (1991) souligne l'importance de la qualité de la relation du couple dans le processus adaptatif de l'individu au stress chez des couples fonctionnels. Bien que plusieurs pistes demeurent à explorer quant à l'impact de l'insatisfaction conjugale (Flemons, 1989; Mayseless, 1991; Rosenbaum et O'Leary, 1981), il ne faut pas négliger pour autant que plusieurs auteurs (Berk et al., 1983; Gelles et Cornell, 1985; Straus et Gelles, 1990; Welzer-Lang, 1991) soutiennent que, culturellement, le mariage accorde un droit à la violence. Cette légitimité tacite, liée au patriarcat, influence la perception de la satisfaction conjugale.

Depuis 1966, Megargee (1971) élabore une typologie des personnes violentes à partir des travaux de Berkowitz et de Blackurn. De nombreux résultats, mentionnés par Hollin et Howells (1989), sont venus l'appuyer par la suite. Le modèle de Megargee, dont le lecteur peut consulter les particularités à la figure 1, distingue deux types de violence : l'une provient d'une faiblesse des inhibitions de la personne qui est alors dite «sous-contrôlée»; l'autre, que Megargee nomme «sur-contrôlée», résulte d'un surcroît d'inhibitions qui provoque l'éclatement. C'est à ce dernier style de personne que l'auteur confère des actes d'une extrême violence. Il est à souligner que le mérite de la différenciation en sous-groupes revient à

Blackburn (1971 voir Hollin et Howells, 1989) et met en évidence

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Sur-contrôlé Sous-contrôlé

III II IV

Répressif Dépressif Paranoïde-agressif Psychopathique

38Z 14Z 23~ 13~

Conforliste Fort contrôle pulsionnel Tr~s déringeant Absence de détresse intrapsychique Tr~s contrôlé Introverti, asocial IIpulsif ,acting-out Difficaltés relationnelles

Hon-agressif Dépressif, anxiété Parfois anIieul et Elternalisation de l'hostilité

Utilise évitelent, Hostilité intropunitive introverti

déni, répression DysthYlique

Fig_ 1 - Deux types de personnalités violentes d'après Megargee (1971). Les pourcentages indiquent la proportion de chacun des types dans les groupes étudiés_

Ce modèle conduit à une prédiction paradoxale : au sein d'un groupe, des personnes extrêmement violentes sont mesurées comme étant plus contrôlées et moins violentes qu'un groupe de sujets modérément agressifs ou «sous-contrôlés». La présence de «sur-contrôlées» dans un tel groupe affecte donc la moyenne de ce groupe lors de comparaisons (Megargee, 1971)_ Des travaux ultérieurs (Hollin et Howells, 1989) permettent de reconnaître le profil «inhibé-dépressif» comme celui qui correspond le mieux à celui d'un individu violent. Sans être contradictoires, les résultats de Subotnik (1988) mettent en doute la valeur dichotomique de cette catégorisation et invitent plutôt à les considérer sur un continuum.

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Dans la perspective de la théorie de l'attachement de Bowlby, Mayseless (1991) interprète le phénomène de la violence conjugale. Elle débute en rappelant que la personne adopte dans l'intimité relationnelle un mode différent de comportements adaptatifs selon qu'elle est de type «sécure», <~ieux-ambivalent» ou «évitant». Ces comportements ayant toujours comme but de préserver la relation, la violence surgit lorsque l'un des deux conjoints perçoit l'autre comme menaçant pour la relation. La figure 2 illustre les caractéristiques des deux types intéressant plus spécifiquement la présente recherche.

Les observations cliniques auxquelles se réfèrent Guèvremont, Lajeunesse et Rondeau (1986), Nosko et Wallace (1988), ainsi que Pépin

et

~ (1985) soutiennent la typologie suggérée par Mayseless (1991). Selon eux, une variété de défenses telles que le déni et la minimisation,

l'iso-lation et la projection caractérisent le conjoint violent. Ces attitudes, qui émanent d'une dépendance égodystonique et d'une identification projec-tive aux émotions de la conjointe, ont pour but de préserver une image de soi basée sur le contrôle d'autrui (Gondolf, 1985); cette image de mascu-linité qui s'élabore en opposition au modèle féminin ou «en négatif»1.

Au plan dynamique, cette exercice de domination constitue une réponse à la perception d'une menace. Pour appuyer ce point de vue, Mayseless (1991) emprunte les résultats de Pistole, publiés en 1989, qui démontrent que l'<<anxieux-ambivalent» adopte, en relation de couple, une

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tvitant

Contrôle bi~n ses iapulsions Respecte les norles

Vuln~rable en couple Rigide, hostile, critique

CDI~re retenue peut lenarer.

Anlieul-aabivaient

Ouvert en relation, cherche le contact Blâlant, agressif et lanipulateur

Hostilit~ augaente avec la pa5sivit~

Inconsistant et iapr~visible.

Fig. 2 - Caractéristiques des types de personnes

susceptibles de comportements violents d#après le modèle interactif proposé par Mayseless (1991).

attitude dominante dans la résolution de conflits. Quant à l#«évitant», il obtient le score le plus élevé dans l#échelle de conflit et le plus bas score dans celle de l#intimité. Une particularité de l#interprétation de Mayseless est qu#elle considère les comportements violents comme découlant des interactions du couple. Pollak et Gilligan (1982) abondent dans le même sens lors d#une application du T.A.T.

Il demeure que des doutes persistent quant à 1 # importance accordée aux facteurs de la personnalité. Crest la position qu#adoptent Neidig, Friedman et Collins (1986) dans une étude comparative conduite auprès d'une population militaire en considérant des variables attitudi-nales et de la personnalité. En effet, aucune différence significative n#est observée entre un groupe d'abusifs et un groupe de non-abusifs.

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En résumé, il existerait au moins deux types de conjoints violents soumis tous deux à l'évitement de situations perçues comme

irri-tantes ou menaçantes, particulièrement dans l'intimité du couple. Ce besoin trouve sa réponse dans un exercice important de coercition et de domination. Chez l'tm, s'observe une forte inhibition caractérisée par un contrôle coercitif de lui-même. Tandis que chez l'autre, une faible inhibition favorise un manque de maîtrise qu'il recherche alors en exerçant abusivement la domination sur son entourage. Ces attitudes prennent souvent racines dans une origine familiale marquée par la violence où la personne a développé une faible estime d'elle-même. Elle y a appris la violence comme un moyen de résolution des conflits et d'expression affec-tive. Outre les facteurs environnementaux, tels que le stress, l'insatis-faction conjugale ou l'abus de psychotropes, la notion de dysfonctionnement des attitudes de contrôle y apparaît majeure. Qui plus est, la perception ou la non-perception du contrôle qu'elle peut exercer modifie sensiblement les attitudes de cette personne.

Deux dimensions propres au concept de contrôle, soit celle de la perception de contrôle et celle du contrôle cognitif et comportemental semblent associées à l'émergence éventuelle de comportements violents. Par ailleurs, l'influence d'un climat de violence dans la famille d'origine et l'inadéquation des attitudes de contrôle permettent d'appréhender une atti-tude d'aversion face à des situations provoquant de l'ambiguïté. C'est dans cette perspective que les trois variables liées au contrôle sont examinées dans la présente étude.

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Interoalité-externalité. tolérance à l'ambiguïté et désir de contrôle

Interoalité-externalité

La perception du contrôle du renforçateur désigne la valeur subjective qu'accorde l'individu à un évènement quelconque perçu comme source de renforcement. Elle représente l'une des variables dont la fréquence d'apparition en recherche est la plus grande depuis la présen-tation de l'instrument par Rotter. Seeman et Liverant en 1962 (Lefcourt et Davidson-Katz. 1991). Le lieu de contrôle interne-externe (LC) indique jusqu'à quel point un individu perçoit que

de ses propres comportements ou attributs, perçoit que des forces externes à lui-même

le renforcement est conséquent par opposition au point où il contrôlent l'éventualité de ce renforcement et ce, indépendamment de ses actions (Rotter, 1966, 1982). Bien sûr, cette définition ne reçoit pas l'accord inconditionnel de tous les auteurs (Pettersen et Bordeleau, 1982).

Cette variable de la personnalité, jugée majeure dans la compré-hension des processus d'apprentissage, a une prévisibilité reconnue par l'interaction des expectatives et des renforcements qui résultent des expé-riences antérieures de l 'individu avec son environnement. Le renforcement accentue l'expectative ou croyance qu'un même contrôle spécifique entraîne, par voie de causalité, le même renforcement. De la même façon, quand le

renforcement n'est pas perçu entièrement conséquent du comportement de la personne, une expectative différente intervient dans le processus, comme celle de la chance, de la fatalité ou du pouvoir d'autrui (Rotter, 1966,

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1982). Ainsi, comme le souligne Rotter (1982), les expectatives dépendent de la façon dont la situation est caractérisée. Enfin, elles tendent à s'organiser de façon cohérente en un ensemble qui constitue l'expectation généralisée de contrôle d'un individu. C'est de ces observations qu'émanent les concepts d'internalité et d'externalité. La variable du LC est aujourd'hui reconnue comme modulatrice de stress (Lefcourt et Davidson-Katz, 1991) et obéit à un processus développemental non-linéaire de l'externalité vers l'internalité (Dubois, 1987; Rotter, 1975, 1982).

En fait, chaque personne se situe quelque part sur un continuum allant de l'un à l'autre de ces pôles. Cependant, il importe de retenir que plus le sujet obtient un résultat fortement polarisé, interne ou externe, plus son ajustement se révèle inadéquat (Dubois, 1987; Rotter, 1975, 1982).

Par exemple, le conjoint qui se retrouve dans une situation conflictuelle complexe, inhabituelle ou ambigu~ avec sa conjointe, est influencé par l'orientation de son expectation généralisée dans l'attitude qu'il adoptera. La réaction de ce conjoint, s'il ne se reconnaît

habituel-lement pas un pouvoir d'influence adéquat sur les situations-renforcements, peut tout aussi bien le conduire à des affects passifs ou dépressifs que défensifs ou agressifs. Ces attitudes correspondent à ce qui est connu de

l'action de l'externalité sur un individu.

À l'inverse, dans une circonstance semblable, le partenaire qui se reconnaît un pouvoir sur les évènements-renforcements""--en général

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recourra plutôt aux attitudes et comportements de résolution de conflits qui se sont révélés efficaces pour lui dans le passé. Ce mode de fonction-nement reflète l'influence de l'internalité du Le.

Il existe toutefois une particularité de l'internalité observée par des auteurs comme Lefcourt (1972) et Rotter (1966, 1975, 1982). Il s'agit de l'externalité défensive qui consiste en une persistance de la part de la personne à maintenir de l'internalité alors que ses percepts l'ont conduite à reconnaître un contrôle externe au renforçateur. Dubois (1987) considère cette personne alors dominée par la peur de l'échec. Ce phénomène peut générer des attitudes de contrôle excessif, de méfiance, de projections externes, de déni, et susciter un état d'anxiété, à la limite, dépressif. Ces traits s'apparentent à la description du type «inhibé-dépressif» de la figure 1. D'ailleurs, les comparaisons de Walker (1981) la conduisent à émettre l'hypothèse d'un état de résignation acquise, concept dérivant des études relatives au Le, lequel se manifeste chez les deux partenaires du couple aux prises avec une dynamique de violence.

La présente recherche se base particulièrement sur une étude publiée par Bern (1985) et effectuée auprès d'une population criminelle en mesurant le Le de Rotter (1966) en fonction de l'intensité de la violence, établie à l'aide du Conflict Tactics Scale (CTS) de Straus. Bern s'appuie en partie sur le modèle dichotomique de Megargee en comparant un groupe criminalisé à un groupe de non-criminels. Les résultats obtenus suggèrent l'existence de deux types d'intensité de violence selon que l'individu a un

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différents selon que le sujet perçoit ou ne perçoit pas avoir un contrôle sur le renforçateur.

Malgré la petitesse des groupes utilisés, soit

a

=

30, Nz

=

12, Bern constate que les criminels violents font preuve d'une violence plus sévère dans l'intimité lorsqu'ils y recourent. Alors que chez les non-criminels le LC interne s'associe à une relation non-violente, chez les criminels violents, c'est le contraire qui se produit; l'internalité du LC apparaît correspondre à une violence plus intense.

Ces résultats permettent de croire que le conjoint violent qui se distingue par l'internalité du LC, affiche un meilleur contrôle sur lui-même, mais une violence extrême lorsque celle-ci se manifeste. Tandis que celui dont le LC est externe présente une agressivité plus manifeste, mais une violence mitigée. Dans le premier cas, l'explication proposée par Bern est que la violence a été apprise comme un moyen tout à fait justifié de résolution de conflits sous l'influence du milieu socioculturel; alors que chez le second, il s'agit plutôt d'un manque de contrôle et de ressources.

Chez les sujets plus «externeâ», Bern identifie des traits tels que la passivité et le manque d'affirmation de soi, des sentiments de frustration et d'inadéquation. Ces observations s'avèrent conformes aux nombreux résultats répertoriés par Rotter (1966, 1975, 1982), Lefcourt et Davidson-Katz (1991), lesquels concluent que l'externalité incline à une reconnaissance accrue d'affects dépressifs, une plus grande susceptibilité

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aux situations irritantes et à l'anxiété. Par contre, l'inquiétude face à l'opinion d'autrui devient un facteur inhibant si la violence se manifeste. Comparativement à la personne qui se différencie par l ' externa-lité, celle dont l'internalité prédomine se laisse moins affectée par des évènements anxiogènes (Lefcourt, 1976), est plus résistante aux influences externes (Rotter, 1966) et se trouve en meilleure position pour modifier l'impact d'un irritant, s'il paraît contrôlable (Lefcourt et Davidson-Katz, 1991). Dans les limites observées par Bern (1985), si cette personne est violente, elle se montre moins affectée par la culpabilité puisqu'il s'agit d'un comportement qu'elle juge adéquat.

Toutefois, des recherches menées auprès d'échantillons appar-tenant plutôt à la population générale apportent des résultats moins consistants (Sapiente, 1988; Theodore, 1987). Il est à noter que pour la réalisation de leurs recherches, ces auteurs ont utilisé des instruments de mesure du LC différents de celui de Rotter, soit respectivement ceux de Levenson et Nowicki-Strickland. Dans les deux cas, les comportements violents sont évalués à l 'aide du crS.

Sapiente s'intéresse à l'attribution de causalité et au LC auprès de 80 conjoints divisés en fonction du niveau de satisfaction maritale et du recours ou du non-recours à la violence. Les résultats qu'elle obtient indiquent que les conjoints violents et insatisfaits maritalement sont ceux qui se perçoivent le moins d'internalité face à leurs abus. Ils se

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recon-naissent aussi moins d'internalité en général que ceux qui se déclarent violents et maritalement satisfaits.

Quant à Theodore, il s'adresse à 6e couples mariés pour étudier la relation entre le LC et les niveaux de violence. L'ensemble de ses résultats assure d'un lien entre les niveaux de violence et le LC, en comparant les couples abuseurs/victimes aux couples non-abuseurs/non-victimes. Néanmoins, l'auteur ne reconnaît aucune distinction sisnifi-cative sur le LC lorsqu'il compare les conjoints violents aux conjoints non-violents. L'indifférenciation observée des sous-groupes supporte la proposition que les deux pôles se retrouvent chez les conjoints violents.

En guise de résumé, l'intensité des comportements violents apparaît influencée par l'internalité-externalité dans la relation conjugale. Les particularités propres à cette variable rejoignent plusieurs attitudes caractéristiques de conjoints violents. L'orientation du Le porte sur la façon dont l'individu perçoit le contrôle qu'il peut exercer ou pas sur le renforçateur que constitue une situation ou un évènement. Bien que le comportement violent puisse se retrouver aux deux pôles de cette variable, il diffère par ses motifs et son intensité. Ainsi, chez de tels conjoints, les conclusions de Bern (1985) permettent de croire que l'internalité serait liée à une violence sévère alors que l'externalité conduirait à une violence moins intense.

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La tolérance à l'ambiguïté

La tolérance à l 'ambiguïté (TIA) est une variable proposée par

Frenkel-Brunswik en 1948 et 1949 (Prosen, 1980). Ce concept a été déve-loppé dans le cadre d'importants travaux sur l'autoritarisme (Adorno ~ ~,1950). Selon la définition suggérée par Prosen,

la tolérance à l'ambiguïté réfère à un processus interne qui influence la façon dont une personne structure l'information perçue d'une situation ambiguê alors qu'elle est confrontée à un ensemble d'indices non-familiers, complexes ou incongrus (1980, p. 463)1.

Une personne faiblement tolérante à l'ambiguïté vit un stress psychologique élevé et peut se sentir menacée face à un évènement ambigu.

À

l'opposé, une plus grande tolérance permet à la personne de s'adapter, entre autre, à l'ambivalence émotionnelle. Prosen rapporte également les dimensions de l'intolérance à l'ambiguïté distinguées par Kreitler, Maguen et Kreitler en 1975 :

1. une inhabileté à accepter plusieurs interprétations d'une même situation;

2. une inhabileté à accepter des situations obscures ou complexes; 3. une inhabileté à répondre aux oppositions ou aux polarités.

Les observations de Frenkel-Brunswik (Adorno et al.,1950; voir aussi Norton, 1975) l'ont amenée à soutenir que les personnes caractérisées par une faible tolérance se montrent enclines à "imposer, de façon rigide,

des idées préconçues" (p.464) et tendent à recourir à des solutions

catégo-1 T.l.: · ... an internaI process that influences the l'lay in which a person structures inforaation about ambiguous situations where he is confronted by an array of unfaailiar, cOlplex, or incongruent eues."

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riques de type "tout ou rien" (p.4813). D'autre part, Prosen (19813) souligne la nature développementale du concept, à savoir que la personne en croissance tend à devenir plus tolérante. Selon l'auteure, la crainte d'une attitude agressive de la part du parent accentue chez l'enfant l'évitement de l'ambiguïté, celle-ci apparaissant alors plus intolérable.

Alors que Frenkel-8runswik opte pour une approche perceptuelle de cette variable (Norton, 1975; Prosen, 19813), Budner (1962) développe un instrument de mesure attitudinale de la TIA selon une orientation plus cognitive. D'après cet auteur, deux réactions sont possibles face à la menace: la soumission ou le déni, lesquels s'apparentent à l'inhibition ou à l'accroissement de stress. La première renvoyant à l'inéluctabilité de l'évènement, le déni se traduit par une action qui vise la modification du percept en fonction des attentes de l'individu vis-à-vis cette réalité.

Averill (1973) soutient cette argumentation lorsqu'il élabore sur le rôle de l'information perçue et sur la prévisibilité de l'évènement comme éléments favorables à l'adaptation. Ses travaux sur le contrôle cognitif l'amènent à affirmer que la complexité ou l'ambiguïté d'une situation sollicite la personne, non seulement à s'informer, mais à s'activer pour imposer un sens à l'évènement. La signification accordée, qui découle du jugement évaluatif de l'individu, subit l'influence de ses mécanismes de défense. L'auteur définit le contrôle cognitif comme

le processus d'appréhension d'un évènement potentiellement menaçant ayant pour but d'en réduire à long terme le stress ou le coût

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psychique adaptatif. Ce processus peut générer, à court terme, un accroissement passager de ce stress (Averill, 1973, p. 293)1.

Averill rappelle que la variation de la réponse d'un individu à un évènement dépend plus de son contrôle cognitif, qui réfère à sa compré-hension du phénomène, que de son contrôle comportemental, qui implique sa capacité d'agir. Ses observations attestent que la personne qui détient un contrôle effectif sur une menace potentielle, même si celle-ci persiste, a une plus grande tolérance que si ce contrôle ne lui appartient pas. L'auteur fait état des conclusions de Pervin selon lesquelles l'incertitude génère une anxiété dont la réduction prévaut sur le contrôle comporte-mental. Ainsi, il se dégage que face à une situation ambiguë, l'interpré-tation et l'intensité de l'anxiété diffèrent selon le niveau de tolérance de la personne.

Le concept de la TIA trouve sa résonnance dans l'approche concep-tuelle de Mayseless (1991). En effet, l'individu qui développe un atta-chement insécure perçoit le contact à l'ambiguïté comme irritant.

À

l'inverse, la tolérance caractérise l'ouverture et la confiance du type «sécure» qui peut se trouver stimulé par un même évènement. Goldstein et Blackman (1978) mettent en évidence que dans les stades précoces de l'enfance, des forces extérieures contrôlantes trop grandes, parentales ou autres, réduisent chez l'individu le besoin de développer sa propre

1 T.1.: 'Cogni ti ve control lay be der ined as the processing of potentiall y threatening inforlation in such a lanner as to reduce the net long-terl stress and/or the psychic cost

of adaptation, This definition allows for the possibility that cognitive control~ just as

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conscience et ses moyens de contrôle. L'anxiété générée par cette présence trop insistante le conduit à rechercher la rigidité, la clarté et le connu. La privation du "stable et du familier" peut alors faire de l'intolérance une réponse apprise à l'anxiété (Smock, 1955 : voir Prosen, 1980).

Ces résultats relatifs à l'attitude parentale abusive, ainsi que ceux plus récents de Gordon et al. (1979) et de Reid et al. (1981), cautionnent ceux déjà obtenus par Frenkel-Brunswik (Adorno et al., 1950). Ces deux groupes de chercheurs observent que, de facon plus particulière chez le garçon victime de punitions abusives, l'ambiguïté est menacante et favorise une réaction agressive. Ils précisent le rôle de la transmission intergénésique, tant par l'apprentissage que par ses conséquences psycho-logiques sur l'individu.

Enfin, Goldstein et Blackman (1978) font état de corrélations significatives obtenues entre les échelles de TIA, de rigidité, c' est-à-dire la tendance au maintien d'un comportement, et de dogmatisme, soit l'adhésion rigide à des stéréotypes. Frenkell-Brunswik (Adorno et al., 1950), Budner (1962) et Macdonald (1970) avaient déjà élaboré sur la proxi-mité de ces concepts, apparentés à l'autoritarisme. Les résultats de Goldstein et Blackman permettent d'affirmer que plus un sujet obtient un score élevé à l'une de ces échelles, plus ses scores s'avèrent élevés sur les deux autres.

Il paraît intéressant de noter que O'Leary (1988) mentionne, lorsqu'il traite généralement de processus de changement de comportement,

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que plus une expectative est enracinée, plus les efforts sont grands à sa réalisation. Burger (1984) dans ses travaux sur la dépression reprend la même assertion. Relativement à la forme particulière de dépendance constatée chez les couples marqués par la violence, Q'Leary (1988) affirme également que l'espoir de réponses à tous leurs besoins repose sur l'autre partenaire. Il semble donc que la rigidité, apparentée à l'intolérance à l'ambiguïté, et les expectatives d'un individu interagissent dans le type de réponse à un évènement perçu comme ambigu.

Dans leur recension, Pépin et al. (1985) relatent les travaux de Gayford en 1915 et de Hilbermann en 1911 qui signalent des traits communs aux conjoints violents tels que la recherche d'un environnement stable, l'insécurité, la jalousie, la possessivité et la colère. Ces observations, qui trouvent pratiquement l'unanimité des auteurs, sont reconnus comme des conséquences de l'intolérance à l'ambiguïté (Adorno et al., 1950).

En guise de résumé, il appert que de nombreuses caractéristiques propres aux conjoints violents, souvent liés aux apprentissages dans la famille d'origine, à l'adhésion rigide aux

rapport relationnel inadéquat, trouvent un habituelles à l'intolérance à l'ambiguïté.

stéréotypes masculins et à un lieu commun dans les réactions Cette variable bipolaire de la personnalité désigne l'attitude d'une personne face à un évènement complexe, nouveau ou ambigu. Elle influe sur le niveau d'anxiété généré par le besoin de contrôle et par la perception que la personne a de ce contrôle. La réaction à l'ambiguïté d'un évènement, conclut Budner (1962),

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constitue la toile de fond de plusieurs possibilités d'interprétations et de réponses aux situations.

Le désir

de

contrôle

C'est à partir des travaux de Kelley en 1971, Seligman en 1975 et White en 1959 que Burger et Cooper (1979) élaborent une échelle permettant de mesurer le désir de contrôle (OC). Ils soutiennent que si ce désir représente une importante dimension psychologique, son intensité peut varier selon les individus et doit donc influer sur le comportement. Dans des circonstances contrôlables, Burger et Cooper observent que le sujet caractérisé par un OC élevé affiche un meilleur ajustement, se montre plus décidé, actif et tend à influencer les autres à son avantage. Alors que l'inverse se produit en présence d'un plus faible OC.

Bien que les hypothèses soutenues ne se vérifient que partiel-lement, les expériences de Burger (1986) révèlent que les personnes ayant un grand OC manifestent également une illusion de contrôle. Il réfère aux travaux de Burger et Arkin (1980) selon lesquels des personnes caracté-risées par un OC important démontrent une plus grande sensibilité à la dépression lorsque le contrôle leur échappe, ainsi qu'à la dépendance du jeu et à l'influence des autres. Les résultats que Burger obtient en 1986 permettent le constat que plus la motivation à contrôler s'avère élevée, plus la probabilité s'accroît que l 'illusion de contrôle cause une distorsion systématique des causalités perçues, c'est-à-dire que l'individu distorsionne la perception de son contrôle dans le sens de sa motivation.

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À ce sujet, Dubois (1987) distingue le sentiment de contrôle effectif de la croyance de contrôle. Alors que le premier génère des conséquences positives chez la personne, comme la confiance en soi, la persévérance et la santé, le second suscite l'apparition de rapports de causalité abusifs, un refus du hasard. gtonnamment, les attitudes dérivant de la croyance de contrôle s'apparentent à celles qui caractérisent éga-lement la personne intolérante à l'ambiguïté (Budner, 1962; Prosen, 1980).

Relativement à la violence conjugale ou familiale, des auteurs (Dutton et Browning, 1988; Gondolf, 1985; Mayseless, 1991; O'Leary, 1988) élaborent sur le besoin ou le désir de contrôle du conjoint en le reliant, soit aux prédispositions psychologiques liées aux apprentissages, soit aux stéréotypes de domination ou encore, aux conditions relationnelles qui régissent le couple.

Lorsque O'Leary (1988) analyse la personnalité agressive, il

rappelle que l'effet du stress suscite des comportements inappropriés qui,

à leur tour, génèrent un sentiment de perte de contrôle. Il observe que si l'individu est prédisposé à agir agressivement, un environnement perçu comme étant anxiogène favorise alors le passage à l"acte. Il importe ici d"insister sur l'importance que revêt la perception d'une contrôlabilité à

l "évènement, particulièrement chez les sujets ayant un OC élevé.

Les résultats de Burger et Arkin (1980) démontrent la force d'influence du OC sur la perception d"un évènement irritant et inévitable. Seuls les sujets qui se trouvent en face de telles situations, que les

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auteurs nomment «incontrôlables-imprévisibles», accusent une perte de performance et des affects dépressifs significativement plus élevés que les autres. Plus le OC est fort, plus cette tendance se vérifie. Par contre, la contrôlabilité ou la prévisibilité de l'évènement suffisent, de façon circonstanciée, à prévenir le développement de ces affects. Qui plus est, Burger et Arkin notent que lorsque les sujets sont interrogés, les plus élevés sur l'échelle rapportent être le moins dérangés par le stimulus répulsif, à l'encontre des résultats fournis par une épreuve de perfor-mance. Cette attitude dévoilée peut être comprise comme une manifestation de déni ou de minimisation.

D'après Gondolf (1985), la conception masculine du contrôle de soi est comprise chez le conjoint violent comme un exercice coercitif. Le sens des responsabilités se manifeste alors de facon rigide par la coer-cition de l'environnement. Cet effort procure un sentiment illusoire de fierté devenant le privilège de l'autorité. De là découle la difficulté à se culpabiliser et à se responsabiliser de sa violence. En se référant à un modèle dérivé du concept cognitif de désindividuation de Zimbardo, Gondolf explique que la plupart de ces hommes ont en commun une faible estime de soi, un OC important et de la colère à l'égard de leur conjointe. Dans une perspective différente, Dutton et Browning (1988) poursuivent l'investigation du comportement coercitif chez le conjoint violent. Au cours de leurs travaux sur la limite interrelationnelle dans le couple, la «zone optimale» déjà abordée précédemment, ils observent que ce contrôle exacerbé se manifeste de facon plus spécifique sur la distance

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émotionnelle dans la relation. La perception d'une inhabilité à se maintenir dans cette «zone» provoque une réaction d'anxiété. Celle-ci, associée à la pauvreté d'expression d'affects désagréables, favorise alors chez l'individu l'émergence de sa violence. Les mêmes auteurs, s'appuyant sur des résultats cliniques, expliquent que la crainte de l'abandon sous-tend l'exercice d'une telle domination. Les résultats de Mayseless (1991), tout comme ceux de Finkelhor (1989), de Huard (1989), de Luckenbill (1977 : voir Hollin et Howells, 1989) ou ceux rapportés par Philippe (1985) abondent dans le même sens.

Ces observations faites dans le domaine de la violence conjugale, que ce soit l'effort à maintenir un contrôle coercitif ou la crainte de l'abandon, placent le conjoint dans un climat où l'incontrôlabilité et â la limite, l'imprévisibilité, deviennent perceptibles et menaçantes. La vulnérabilité provenant de la pauvreté d'expression des affects, surtout désagréables, est un facteur souligné par plusieurs auteurs. Elle accentue encore le risque de recours â des comportements violents si le percept devient menaçant et que le conjoint a un OC élevé.

Finalement, bien que son étude se réalise auprès de couples fonctionnels, Gagnier (1991) en démontrant que la qualité relationnelle dans la couple constitue un facteur de première importance dans le processus d'adaptation de l'individu au stress, s'inscrit dans la même perspective que Dutton et Browning (1988) et Mayseless (1991). Il se dégage des considérations précédentes que l'augmentation de l'état de stress accentue les attitudes défensives du conjoint et stimule l'

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