986
SYNTHÈSE
médecine/sciences 1 994 ; JO : 986-94Anne Stary
ADRESSE
---•A. Stary : chargée de recherche a u Cnrs. Laboratoire de génétique moléculaire, Institut de recherches sur le cancer, 7, rue Guy-Moquet, 94800 Villejuif, France.
La recombinaison illégitime
dans les cellules
de mammifère
La recombinaison illégitime (ou non homologue ) est
unpro
cessus cellulaire conduisant à la réunion de deux fragments
d'ADN ne présentant pas ou très peu d'homologie de sé
quence. Elle est à l'origine de diverses anomalies du gé
nome (délétion, insertion, translocation, amplification gé
nique, intégration virale) impliquées dans l'apparition de
maladies génétiques ou le développement tumoral. Elle per
met l'élimination des cassures double-brin accidentelles de
la chaîne nucléotidique, consécutives à des erreurs du méta
bolisme normal de l'ADN (réplication, transcription, répara
tion) ou à la présence de lésions sur l'ADN produites par les
agents génotoxiques. Certains motifs (séquences répétées
de type
A l u,palindromes, séquences alternées de purines
pyrimidines, site de clivage des topo-isomérases ... ) seraient
des points chauds de recombinaison illégitime, régions fra
giles ou séquences régulatrices plus accessibles aux nu
cléases capables d'introduire des cassures dans l'ADN.
L
a recombinaison génétiquedésigne n'importe quel pro cessus au c o u rs d u q u e l l'interaction d 'au moins deux éléments différents d ' acide nucléique a pour conséquence un changement dans la liaison physique de gènes ou de parties de gènes. La nature des séquences qui interagis sent permet de distinguer trois types de recombinaison : ( 1 ) la recombi naison générale (ou homologue) qui nécessite une identité importan te en tre les séquences qui in teragis sent ; (2) la recombinaison spéciali sée qui intéresse des séquences
RECOMBINAISON HOMOLOGUE : au moins 1 4 nucléotides consécutifs communs entre les deux séquences parentales {P1 et P2) impliquées au site de recombinaison isolé dans la séquence réarrangée (R).
A P l GCTCATTGCAGTGGTACCGGTAATATGGGACGTT . ... . . .. . .
R GCTCATTGCAGTGGTACCGGTAAACTCGGATCCG
. . . . . . .. .... . .. . . .
P2 TGTAAGTGTAGTGGTACCGGTAAACTCGGATCCG
RECOMBINAISON NON-HOMOLOGUE : pas ou peu de nucléotides consécutifs communs entre les deux séquences parentales {P1 et P2) impliquées au site de recombinaison isolé dans la séquence réarrangée (R).
8 P l TTAGCTCATTGCAGTGGTAATCGTAGCCAAGCGG
R TTAGCTCATTGCAGTGGTACCGGTAAACTTGGAT
P2 GACTGTAAGCGTAATGGTACCGGTAAACTTGGAT
c Pl TTAGCTCATTGCAGTGGTAATGCCAGCCATGCGG R TTAGCTCATTGCAGTGGCGCCGGTAAACTTGGAT P2 GAATGTCTATGTAACCTCGCCGGTAAACTTGGAT
D Pl TAGCTCATTGCAGTGG CACTCCTCGCCATGC R TAGCTCATTGCAGTGGATCTACCGGTAAACTTGG P2 ACTGTAAGCGTAGTTC TACCGGTAAACTTGG
des phénomènes de recombinaison nécessite donc la détermination du degré d'homologie entre les deux séquences d'ADN impliquées au site de recombinaison (figure 1). Trois types de jonctions de recombinaison illégitime sont possibles suivant qu'il existe, sur le site de recombinaison, quelques nucléotides communs aux deux séquences recombinées (figure lB), aucun n ucléotide com mun aux deux séquences réarran gées (figure l C) ou des nucléotides supplémentaires n'étant auparavant présents sur auc u n e d e s d e ux
séquences impliquées dans la jonc tion de recombinaison (figure lD). L ' e xpression « très peu d ' h o mologie ,, est i mprécise e t n ' est généralement définie que par rap port à l 'identité minimale nécessaire à l a recombin aison homologue. Dans les cellules de mammifère, par reconstitution d'un gène à partir de deux copies tronquées de ce gène c o n t e n a n t de m o i n s en m o i n s d ' identité en tre elles, le nombre minimal .de nucléotides consécutifs identiques nécessaire à la recombi naison homologue est estimé à qua torze pour la recombinaison
intra-Figure 1 . Exemples de jonctions de recombinaison homologue et non homologue. Les points indiquent les n ucléotides c o m m uns a ux deux s é q u e n ces impliq uées da n s la recom binais o n . L es bases c o m munes à la jonction d e recombinai son sont soulignées et les nucléo tides supplémentaires à cette jonc tion sont en gras. Les nucléotides en rouge correspondent a ux n ucléo tides communs aux deux séquences parentales.
moléculaire [ 4] et a VIngt-cinq pour la recombinaison intermoléculaire [5] (figure lA). La définition de la recombinaison i llégitime pou rrait donc s'appliquer à tout phénomène de réarrangem e n t e n tre des sé quences présentant moins de quator ze nucléotides consécutifs identiques au site de recombinaison ou dans les séquences proches de ce site (figures lB, l C, lD) . Cependan t, dans les cellules de mammifère, toutes les jonctions d e recombinaison non homologue, répertoriées en tant que telles dans la l ittérature, ne fon t intervenir a u plus que sept nucléo tides consécutifs d 'identité [ 1 ] .
Dans les cellules de mammifère, en utilisant des modèles d'étude per mettant de différencier les réarran gements de type homologue ou non h o m o l o g u e , il a p paraît q u e l a recombinaison illégitime se produit avec une fréquence plus élevée que la recombinaison homologue. Ainsi, le principal mode d'intégration dans le génome d'une séquence exogène et homologue à un gène cellulaire n'est pas le remplacement du gène endogène par recombinaison homo logue (recombinaison ciblée) mais l'intégration au hasard de la séquen ce par recombinaison illégitime et ce, avec une fréquence cent à mille fois supérieure [ 2 ] . La recombinai son illégitime est également la règle générale d a n s d e s sys t è m e s d e recombinaison extrachromosomique lorsque les conditions expérimen tales permettent de différencier les deux types de recombinaison [6] . La recombinaison i llégitime est donc un processus cellulaire i mportant dans les cellules de mammifère, qui peut être à l'origine de diverses ano
malies du génome entraînant l'appa rition de maladies génétiques ou le développement tumoral . De plus,
988
RÉFÉRENCES
1 . Meuth M. Illegitimate recombination in mammalian cells. In : Berg, Howe, eds. Mobile DNA. Washington OC : American Society of Microbiology, 1 989 : 833-60.
2. Roth D, Wilson J. Illegitimate recombi nation in mammalian cells. I n :
Kunation. cherlWashington DC : American Society apati R Smith, eds. Genetic recombi of Microbiology, 1 988 : 621-53.
3. Ehrlich SD, Bierne H, d'Alencon E, Vilette D, Petranovic M, oirot P, Michel B. Mechanisms of illegitimate recombina rion. Gene 1993 ; 1 35 : 1 61-6.
4. Rubnitz 1, Subramani S. The minimum amount of 'homology required for homolo gous recombination in mammalian cells. Mol Cell Biol 1 984 ; 4 : 2253-8.
5. Ayares D, Chekuri L, Kyu-Young S, Kucherlapati R. Sequence homology regui rements for intermolecular recombinauon in mammalian cells. Proc Natl Acad Sei USA 1986 ; 83 : 5199-203.
6 . B r o u i l l e t t e S , C h a r t r a n d P . l n termolecular recombination assay for mammaJian cells that produces recombi nants carrying both homologous and non
h�mologous JUnctions. Mol Cell Biol 1 987 ; 7 . 2248-=55.
7. Nicholls RD, Fischei-Ghodsian N, Higgs
DR. Recombination at the human a-:gloEnn gene cluster : sequence features and topo rogical constrain ts. Cell 1 987 ; 49 : 369-78. 8. Vanin EF, Henthorn PS, Kioussis D, Grosveld F, Smithies O. Unexpected rela tionships between four large deletions in the �um�n �-globin gene cluster. Cell 1983 , 35 . 701-9.
9. Henthorn PS, Mager DL, Huisman TJ-U, Smithies O. A gene deletion ending withm a complex arra
H
f repeated sequences 3' to the human lobin gene cluster. Proc Natl Acad Sei USA 986 ; 83 : 5 194-8. 1 0 . H u X, Ray P N , Worton RG. Mechanisms of tandem duplication in the Duchenne muscular dystrophy gene indu de both homologous and nonhomologous intrachromosomai recombination. EMBO J 1 991 ; 1 0 : 2471-7.1 1 . Lehrman MA, Goldstein JL, Russel DW,
Brown MS. Duplication of seven exons in
LDL receptor gene caused by Alu-Aiu
recombination in a subject with familial
hypercholesterolemia. Cèll 1 987 ; 48 :
827-35.
1 2. Michelin S, Daya-Grosjean L, Sureau F, Said S, Sarasin A, Suarez HG. Characte rization of a C-MET proto-oncogene activa ted in human xeroderma pigmentosum cells after treatment with -methyl-N'-
nitro--nitrosoguanidine (MN G) . Oncogene 1 993 ; 8 : 1983-91 .
1 3. Brown L, Cheng JT, Chen 0, Siciliano Ml, Crist W, Buchanan G, Baer R. Site-spe ciFie recombination of the tal-1 gene is a common occurrence in human T cell leu kemia. EMBO J 1990 ; 9 : 3343-51 .
e l l e représente u n c o m p é t i t e u r majeur vis-à-vis d e s processus d e recombinaison homologue néces saires dans certains types d'expé r i e n c e s , telles q u e l a t h é r a p i e génique.
1
Conséquences biologiques et mécanismes de la recombinaison illégitime U n e des hypo thèses q u a n t a u x conséquences biologiques d e l a recombinaison illégitime est qu'elle permettrait une meilleure survie des cellules endommagées grâce à l'éli mination des cassures double-brin accidentelles de la chaîne nucléoti dique, consécutives à des erreurs du m é tabolisme normal de l 'A D (réplication , transcription , répara tion ) . Elle peut ê tre considérée comme un mécanisme de sauvegar de cellulaire permettant de réparer les coupures double-brin acciden telles au prix de la production de chromosomes endommagés.La recombinaison i l légitime est impliquée dans différents types de réarrangements ( délétions, inser tions, translocations, amplifications géniques, intégrations virales) . Cela
implique que, sous le terme « recom
binaison illégitime >>, sont regroupés des p h é n o m è n e s ne fai s a n t pas nécessairement appel à des méca n ismes moléculaires identiques. Un modèle de recombinaison développé pour un type de remaniement ne peut pas être automatiquement éten du à l'ensemble des phénomènes de recombinaison non homologue. I l n'existe donc pas d e modèle général de la recombinaison illégitime. U n processus en d e ux é tapes a cependant été proposé [ 2 ] , dans lequel des extrémités d 'AD sont d'abord créées puis réunies dans un second temps. Il pourrait donc exis ter des points communs aux diffé re n ts types de réarrange m e n ts , comme des facteurs provoquant l a cassure d e l a chaîne nucléotidique ou ceux permettant la réunion de deux extrémités créant une nouvelle séquence d 'AD . Par ailleurs, en s'appuyant sur l'analyse précise des jonctions impliquées dans les délé
tions, Meuth [ 1 ] a constaté que
celles-ci présentaient, le plus sou vent, des nucléotides ·communs aux deux séquences parentales réarran gées ( 2-7 nucléotides) . Il a proposé quatre mécanismes de délétions simples (figure 2) basés sur l'apparie ment de petites séquences, répétées directes et éloignées, qui provoque rait la perte du matériel génétique localisé entre ces répétitions et la conservation, au site de recombinai son, de l'une de ces répétitions. On trouve ainsi l'échange intrachromo somique conduisant à la formation d'ADN circulaires extrachromoso miques (figure 2A), le crossing-over inégal entre courtes répétitions se trouvant sur deux brins d'ADN non liés (figure 2B), l 'erreur d'apparie ment de répétitions par glissement de l'un des brins de la double hélice lors de la réplication (figure 2C) et la dégradation exonucléasique de part et d'autre d'un point de rupture de la double hélice suivie d'une réasso ciation au niveau de petites répéti tions directes (figure 2D).
L ' an alyse e x p é r i m e n tale de l a recombinaison illégitime dans les cellules de mammifère n écessite, d'une part, l'isolement et la caracté risation moléculaire des jonctions de recombinaison engendrées par diffé rents types de réarrangement, dans différents systèmes et, d'autre part, la comparaison des séquences impli quées directement au site de recom binaison et dans les régions proches de ce site afin de déterminer des fac teurs communs susceptibles d'être responsables de la recombinaison non homologue. Les séquences du site de recombinaison et celles des deux régions parentales avant le réarrangement doive n t donc être déterminées afin de décider si le réarrangement est issu d'une recom binaison i llégitime . Du fait de la complexité du génome des mammi fères, les modèles d'étude sont large ment dépendants du développement de techniques d'analyse moléculaire des gènes eucaryotes et des difficul tés à cloner les régions génomiques réarrangées. C'est pourquoi l'étude des réarrange m e n ts n o n h o mo logues est, à l 'heure actuelle, limitée à des gènes de séquence nucléoti dique connue dont l 'altération ou l ' activation provoque l 'apparition d'un phénotype identifiable et sélec tionnable.
a -+ • <l-b -+ c •
<l-�
Appariement des petites répétitions directes c Echange�
intrachromosomique et formation d'ADN extrachromosomique0
a c • <l-1 a -+ b4
c • • <l-<l-�
Réplication 1 2 a -+ b -+ c • ---A c1
A:
riement des petitesf
répétitions directes par�m
oo< do " �""'�
RéplicationJl
<l-1
Coupure de laf
boucle et réparation a!._.
c _ _ _ _ _ _ _ _ JI[ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ <l-b�
a a -+ b -+ c B • • <l- <l-a' -+ b' -+ c' • • <l-<l-�
Appariement des petites répétitions directes a -+ b -+ c • • <l- <l-a' -+ b' -+ c' • • <l-<l-�
Echange interchromosomique inégal -+ b -+ b' -+ c' • • • <l- <l- <l-a' -+ c • <l-D a -+ b -+ c • • <l-<l-�
Cassure double-brin a -+ -+ c • • <l-<l-�
Dégradation exonucléasique et alignement des petites répétitions directes__f_
-+..o.----=-c •a
�
Coupure des extrémités, remplissage des brêches et ligationc
•
<l-1
Les modèles d'étudedes jonctions de recombinaison illégitime
Des jonctions de recombinaison illé gitime o n t été m i se s en évide n c e , dans l e s cellules germinales, lors d e réarrangeme n ts génomiques ayant entraîné l 'apparition de maladies gé nétiques h é ré d i taires. C e l a a tout d'abord été étudié chez les patients atteints de thalassémie [ 7 , 8] ou de persistance héréditaire de l ' hémoglo bine fœtale [ 9 ] . Plus récemment, la disponibilité de sondes moléculaires pour un nombre plus importan t de maladies génétiques ( hypercholesté rolémie familiale, dystrophie muscu l a i re de D u c h e n n e . . . ) a p e r m i s d ' accroître l e n ombre de données concernant ces réarrangements qui sont pri n c i palement des délétions. Bien que deux cas de recombinaison homologue aient été décrits [ 1 0, 1 1 ] , ce sont essentiellement des réarran gemen ts par recombinaison illégi time qui seraient à l ' origine de l ' ap pari tion de m a l a d i e s g é n é t i q u e s , lorsque celles-ci n e s o n t pas dues à des mutations ponctuelles ou à des expansions de courtes séquences ré pétées.
Certaines tumeurs peuvent être liées à des translocations d'on cogènes dominants (gènes c-MYC et c-ABL) ou de gènes potentiellement onco g é n i q u e s ( g è n e s J'A L-I e t MET
[ 1 2] ) . Les gènes des immunoglobu lines et des récepteurs des lympho cytes T sont fréquemment impliqués dans ces réarrangements en tant que Fig u re 2. Modèles de formation des délétions chromosomiques simples. Ces m o dè les s o n t basés s u r la présence des petites séquences ré-pétées directes (
.
<!-) s u r les deuxpartenaires de la recombinaison. Le trait en pointillé indique le brin en cours de réplication. A : échange in tra c h ro m o s o m iq u e et fo rma tion d 'ADN circulaire extra c h ro m oso mique ; 8 : crossing-over inégal entre courtes répétitions sur deux brins d'ADN non liés ; C : erreur d'apparie ment de répétitions par glissement de l'un des brins lors de la réplica tion ; D : dégradation exonucléasique de part et d'autre d'un point de rup ture double-brin et réassociation au n iveau de p e tites répé titions
di-rectes.(D'après Meuth [ 1].)
990
RÉFÉRENCES
1 4. Hart! P, Lipp M . Generation of a variant t(2 ; 8) translocation of Burkitt's lymphoma by site-specifie recombination via the kappa light-chain joining signais. Mol Cell Biol 1 987 ; 7 : 2037-45.
1 5. Tsujimoto Y, Gorham J, Cossman J, Jaffe E, Croce CM. The t(14 ; 1 8) chromo
some translocations involved in B-cell neo plasms result from mistakes in VDJ joining. Science 1985 ; 229 : 1 390-3.
16. Gellert M. Molecular analysis of V(D)J recombination. Adv Rev Genet 1 992 ; 22 : 425-46.
1 7. Lutzker SG, Alt FW. Immunoglobulin heavy-chain class switching. l n : Berg,
Howe, eds. Mobile DNA. Wasnington DC: American Society of Microbiology, 1989 : 693-71 4.
1 8. Aurias A, Duu·illaux B. Probable invol vement of immunoglobulin superfamily genes in most recurrent chromosomal rear rangement from ataxia-telangiectasia. Hum Genet 1 986 ; 72 : 21 0-4.
19. Russo G, lsobe M, Pegoraro L, Finan j,
owell PC, Croce CM. Molecular analys•s of a t ( 7 ; 1 4 ) (q45 ; q32) chromosome translocation in a T cell leukemia of a patient with a taxi a telangiectasia. Cell 1988 ; 53 : 1 37-44.
20. Fuscoe JC, Zimmerman LJ, Lippert MJ,
Nicklas JA, 0' eill JP, Albertini RJ. V(DIJ
recombmase-like activity mediates HPR1' gene deletion in human fetal T-lympho
cytes. Cancer Res 1 991 ; 51 : 6001-5.
2 1 . Hyrien 0, Debatisse M, Buttin G, Robert de Saint-Vincent B. A hotspot for novel amplification joints in a mosaic of Alu-like repeats and palindromic A+T-rich DNA. EMHO j 1987 ; 6 : 2401-8.
22. Morris T, Thacker J. Formation of large deJetions by illegitimate recombination 111 the HPRT gene of primary human fibro blasts. Proc Natl Acad Sei USA 1993 ; 90 :
1 392-6.
23. Stary A, James MR, Sarasin A. High recombmation rate of an Epstein-Barr virus/simian virus 40 hybrid shuttle vector in hu man ce Ils. J Virol 1 989 ; 63 : 3837-43.
24. Matsuo T, Helier M, Petti L, O'Shiro E,
Kieff E. Persistence of the entire Epstein
Barr virus genome integrated into human
lymphocyte TI A. Science 1 984 ; 226 : 1 322-5.
25. Buendia MA. Hepatitis B viruses and
hepa�ocel
_Iular carcinoma. Adv Cancer Res
1992 ' 59 . 167-224.
26. Skalka AM. Integrative recombination
of retroviral DNA. ln : Kucherlapati R, Smith, eds. Genetic recombination. Washington DC : American Society of MicrobiOlogy, 1988 : 701-24.
27. Samulski RI, Zhu X, Xiao X, Brook ID,
Housman DE:', Epstein N , Hunter (A.
Targeted integratiOn of adeno-associated
virus (MY) into human chromosome 19.
EMBO J 199 1 ; 1 0 : 3941-50.
28. Derby Shire M K, Epstein LH, Young CSH, Munz PL, Fishel R. Nonhomologous recombination in human cells. Mol CeiiBiol 1994 ; 14 : 1 5&-69.
séquences réceptrices ou activatrices de l ' oncogène. L'analyse nucléoti dique des séquences impliquées a permis de suggérer [ 1 3-15] que ces recombinaisons non homologues seraient dues à des erreurs du méca nisme normal de recombinaison spé cialisée des immunoglobulines lors de la différenciation lymphoïde : la recombinaison somatique spécifique du site V-(D):J [ 1 6] et celle interve nant dans les réarrangemen ts des chaînes lourdes des immunoglobu lines [ 1 7] . Bien qu'il y ait interféren ce entre recombinaison spécialisée et recombinaison illégitime, il faut signaler que les sites de recombinai son mis en évidence dans les cellules néoplasiques sont différents des sites normaux de recombinaison spéciali
sée. De plus, les séquences << signal '' complètes de la recombinaison spé cialisée ne sont pas nécessairement retrouvées sur les deux séquences parentales impliquées dans la recom binaison illégitime. Des erreurs lors du processus normal de recombinai son des immunoglobulines semblent également être la cause de transloca t i o n s c h ro m osom i q u e s c h e z les malades atteints d'ataxie télangiecta sie (AT) [ 1 8, 1 9 ] . L'analyse molécu laire d ' une translocation chez un malade AT atteint d'une leucémie des cellules T a permis d'identifier des séquences << signal " de la recom binaison spécialisée V-(D):J dans les deux régions impliquées dans l a translocation [ 19] . Les erreurs d e ce système de recombinaison ne sont pas limitées aux gènes des immuno globulines. En effet, en étudiant les d é l é t i o n s dans l e g è n e HPRT h u m a i n ( hypoxan t h i n e-gu a n i n e phosphoribosyltransférase) dans des lymphocytes T fœtaux, Fuscoe et al. [20 ] ont montré que les réarrange m e n ts non h omologues dans ce gène << de ménage " seraient égale ment provoqués par les recombi nases impliquées dans le système de recombinaison V-(D):J .
Dans les cellules de mammifère en culture, la sélection de phénotypes particuliers (résistance à des médica ments, transformatio n ) a permis d ' identifier, dans des gènes cellu laires [ 1 , 2 1 , 22] , des réarrange ments génomiques dans lesquels des jonctions de recombinaison illégiti
me ont été décrites.
L'utilisation de sondes exogènes,
comme des virus ou des plasmides, a permis de déterm i n e r u n grand nombre de jonctions de recombinai son illégitime, soit de façon expéri mentale dans les cellules en culture [ 23] , soit au sein d'un organisme comme c'est le cas de l'intégration de certains virus dans les cellules humaines (virus d'Epstein-Barr [24] , virus de l 'hépatite B [25] ) . Ainsi , l'insertion de séquences virales dans le génome des mammifères s'effec tue généralement de manière non homologue au hasard dans le géno me [ 26] . Il faut, cependant, noter le cas de l'intégration des AAV (adeno associated virus) dans une région spé c ifi q u e d u g é n o m e h u main au niveau du chromosome 19 dans la bande 1 9q 1 3. 4-ter. L'analyse molécu laire des séquences impliquées a révélé que cette intégration ciblée s'effectuait néanmoins par recombi naison non homologue [27] . Enfi n , l ' u ti l isation d ' e xtraits nu cléaires de cellules humaines a per mis de caractériser précisément les proprié tés de refe r m e ture par recombinaison illégitime de molé c u l e s c o n t e n a n t d e s coup ures double-brin à des sites connus et d ' isoler certaines protéines impli quées dans ce processus [28, 29] .
1
Factf!urs �ommunsaux JOnctions de recombinaison illégitime
Au point exact des sites de recombi naison, il n 'existe pas de séquence nucléotidique impliquée de manière préfé re n t i e l l e a u x j o n ctions de recombinaison non homologue [28-3 1 ] . Les cellules de mammifère ont en effet une capacité remarquable à joindre n'importe quel type d'extré
mités. I l n ' est donc pas éton nant q u ' a u c u n e s é q u e n c e p r i m a i r e consensus n 'ait été rapportée, quel que soit le type de réarrangement ou le modèle d'étude.
pour créer un site de recombinaison illégitime puisque leur présence est loin d'être évidente dans tous les cas. Ainsi, comme l ' illustre le Tableau 1, le me mb re de la fam i l l e de é quence répétées de type A lu son t fréquemment retrouvés aux sites de recom binaiso n , so i t sur 1 ' u n e des deux équences impliquées, soit sur les deux et dans les différe n ts m o dèles d'étude des réarrangements par
recombinaison illégitime. La famille des séquences courtes répétées de typ e A lu [ 3 2 ] fai t partie des sé quences dispersées moyennement ré pétées dans l e génome de certains m a m m i fè r e s . Ces r é p é t i t i o n s de 300 pb son t retrouvées en moyenne toutes les 5 000 paires de bases dans le génome humain. Elles sont essen tiel lement distribuées au h asard le long du génome, bien qu' il existe des
Tableau 1
concen tration de répétitions A lu dans certaines régions. Les répéti tions de type A lu son t notamment caractérisées par la présence d ' une u n i t é p r o m o tr i c e r e c o n n ue par l 'ARN polymérase I II et d'une queue poly (A) à l e u r termin aison ; e lles sont, de plus, bordées par de courtes séquences répétées directes. Ces ca ractéristiques ont permis de suggérer que ces répétitions seraient des
élé-MOTIFS COM M U N S A CERTAIN E S SÉQUENCES RÉARRANGÉES
PAR RECOMBINAISON ILLÉGITIME
Motifs Types de Gène ou sonde Maladie
réarrangement
Délétion a-globine a-thalassémie
�-globine �-thalassémie
Récepteur des LDL Hypercholestérolémie familiale
Inhibiteur du composé C1 Angioedema héréditaire
du complément
Séquences HPRT
répétées
de type Alu Insertion E BV
Plasmide SV40/EBV Plasmide SV40 Plasmide Ad-5/SV40 Excision Plasmide SV40
Amplification am pd
Délétion a-globine a-thalassémie
�-globine �-thalassémie aprt
Séquences
palindromiques Insertion Polyome
Excision Plasmide SV40
Amplification am pd
Séquences Délétion SV40
alternées Insertion aprt
de purines- Excision Translocation Plasmide SV40 BCL-2 Lymphome folliculaire
pyrimidines Leucémie aiguë des cellules T
Délétion SV40
Site de clivage Insertion Gène de la DMD Dystrophie musculaire de Duchenne
des Polyome
topo-isomérases SV40
1 et Il Translocation ALL-1/AF-9 Leucémie myéloïde aiguë
Amplification am pd
Séquences Insertion Plasmide SV40
riches en
nucléotides AT Amplification am pd
LDL : lipoprotéines de faible densité ; H PRT : gène de l'hypoxanthine phosphoribosyl transférase. EBV : virus d'Epstein-Barr ; SV40 : virus simien 40 ; Ad-5 : adénovirus-5.
am pd : gène de l'adénylate désaminase ; a p rt : gène de l'adénine phosphoribosyl transférase.
992
RÉFÉRENCES
29. Thacker 1. Chalkj, Ganesh A, orth P. A mechanism tor deletion formation in D A by human cell extracts : the involvemenL of
short sequence repeats. Nucleic Acids Res 1992 ; 20 : 6183-8.
30. Roth DB, Wilson JH. Nonhomologous recombination in mammalian cells : role for short sequence homologies in the joining reaction. Mol Cell Biol l 986 ; 6 : 4295-�04.
3 1 . Stary A, Sarasin A. Molecula1· analysis of DNAjunctions produced by illegitimate re combmation in human cells. Nucleic Acids Res 1992 ; 20 : 4269-74.
32. Deininger PL. Sines : short interspersed
repeated D A elements in higher euca
ryotes. In : Berg, Howe, eds. Mobile DNA.
Washi ngton DC : American Society of
Microbiology, 1989 : 61 9-36.
33. Lehrman MA, Russell DW, Goldstein JL, Brown MS. Exon-Alu recombination deJetes 5 kilobases from the low density lipoprotein receptor gene, producing a nul! phenotype in familial hypercholesterolemia. Proc Natl Acad Sei USA f986 ; 83 : 3679-83.
34. Stoppa-Lyonnet D, Carter PE, Meo T,
Tosi M. Clusters of intragenic Alu repeats
predispose the human Cl inhibitor locus to
âeleterious rearrangements. Proc Nat[ Acad
Sei USA 1 990 ; 87 : 155 1-5.
35. Benlian P, Loux N. Hétérogénéité des
mutations du récepteur LDL dans l'hyper cholestérolémie familiale. médeeine/sczences 1 991 ; 7 : 1052-60.
36. Calabretta B, Robberson DL, Barrera Saldana HA, Lambrou TP, Saunders CF.
Genome instability in a region of human D A enriched in Alu repeat sequences. Nature 1 982 ; 296 : 2 1 9-25.
3 7 . M urnane J P , Yezzi MJ , Young BR. Recombination events during integraoon of transfected DNA into normal human cells. Nucleic Aeids Res 1990 ; 1 8 : 2733-8.
38. Mézard C, Pompon D, icolas A.
Recombination between similar but not identical DNA sequences during yeast trans formation occurs within short stretches of identity. Cell l 992 ; 70 : 659-70.
39. Streuli CH, Krauzewicz S, Griffin BE.
Recombination resulting in unusual fea tures in the polyomavirus genome isolated from a murine tu mor cell lme. J Virol l 990 ; 64 : 3570-80.
40. Adachi M, Tsujimoto Y. Potential Z-D A elements surround the breakpoints of chromo some translocation within the 5' flanking region of bcl-2gene. Oncogrme 1990 ; 5 : 1 653-7.
4 1 . Boehm T, Mengle-Gaw L, Kees U R, Spurr N, Lavenir 1, Forster A, Rabbitts TH. Alternating purine-pyrimidine tracts may promote cfiromosomal translocations seen m a variety of human l
r
mphoid tumours. EMBOJ 1 989 ; 8 : 2621-3 .42. Holliday R. Untwisting B-Z D A. Trends Genet 1989 ; 5 : 355-6.
m e n t s mobiles fa isant i n terve n i r u n mécanisme de rétro transposi tion [32] .
E n raison du n o m bre é l evé d e copies d e ces répétitions l e long du génome humain, leur implication lors de la recombinaison est contro versée. Divers auteurs leur attribuent un rôle dans le processus de recom bin aison [ 7 , 3 3 , 34] , tandis que d'autres ne veulent pas généraliser leur importance [8] . Cependant, les cartes de distribution des délétions par rapport aux répétitions Alu dans le gène de l'a-globine [7] et dans le gène du récepteur des lipoprotéines de faible densité [35 ] , montrent que les points de cassure des remanie ments coïncident le plus souvent avec la position des séquences répé tées Alu.
U n e i n stab i l i té gén é t i q u e a é té observée dans des régions riches en séquences A lu [ 3 6] . Du fai t de l ' hypothèse de la mobilité de ces séquences, les régions aptes à inté grer des séquences Alu pourraient correspondre el les-mêmes à des zones préférentielles de recombinai son. Dans les régions réarrangées, les séquences A lu seraient révéla trices de l ' instabilité de la région plutôt qu'instigatrices de la recombi naison [ 37] . Il faut ajouter que la recombinaison n 'implique pas néces sairement un alignement entre les répétitions A lu puisque les deux séquences parentales impliquées ont rarement, toutes les deux, ces répéti tions au point de recombinaison ou dans les régions proches de ce site. Cependant, on ne peut pas exclure que, dans certains cas, on soit en présence de recombinaison homo logue entre séquences homologues, comme dans la levure [38] .
Les séquences répétées inversées adjacen tes ( séquences p a l i n d ro miques) qui pe uve n t former des structures secondaires cruciformes (ou en épingle à cheveux) ont été iden tifiées (Tableau I) dans d e s séquences parentales i m pliq uées dans le réarrangement mais aussi dans certaines séquences réarran gées. Bien qu'il n 'y ait pas de preuve directe pour la formation de ces structures cruciformes in vivo, leur participation lors de réarrangements par recombinaison illégitime est for t e m e n t suggérée [ 1 , 2 1 , 3 9 ] . Différentes hypothèses sur le rôle de
ces structures o n t e te avancées, comme celle de sites d'arrêt pour la progression de la fourche de réplica tion conduisant à des erreurs au cours de la réplication [ 2 1 , 39] et celle de sites de reconnaissance pré férentielle de n ucléases qui pour raient in troduire des cassures ini tiant ainsi la recombinaison [ 1 ] .
De longues alternances de purines pyrimidines ont également été mises en évidence aux points de cassure de translocations chromosomiques [ 40 , 4 1 ] ainsi que dans d ' autres modèles d 'étude de la recombinai son i l l é g i t i m e (Ta blea u !) . Les séquences alternées purines-pyrimi dines ont ceci de particulier qu'elles peuven t potentiellement adopter une structure en hélice tournant à gauche, ou ADN de forme Z. L'im plication de la structure potentielle en AD -Z dans la recombinaison illégitime résulterait d'un change ment de la structure de la chromati ne provoquant l'accès de l 'ADN aux enzymes impliquées dans la recombi n aison [ 40-4 2 ] . La fragi l i té des
séquences aux jonctions ADN-B 1
ADN-Z pourrait aussi provoquer une augmentation des cassures de l'ADN dans ces régions [ 43] .
L'intervention possible des topo-iso mérases (enzymes capables de modi fier l'état de superhélicité de l'AD et qui catalysen t des réactions de << coupure-fermeture , des liaisons phosphodiesters dans l 'AD ) dans les processus de recombinaison illé gitime fut suggérée par les travaux de Bullock et al. [ 44] . Ces auteurs ont observé une colocalisation entre les sites de recombinaison produits in vivo lors de l'excision de SV40 du chromosome cellulaire de cellules transformées par ce virus et les sites de clivage in vitro d'une topo-isomé rase eucaryote de type I sur l'ADN de SV40. Fondée sur les séquences consensus des sites de reconnaissan ce des topo-isomérases déterminés in vitro, la présence de sites de cliva ge de topo-isomérases de type I et II dans les séquences réarrangées par recombinaison illégitime est évoquée dans différentes études (Tableau !). Cependant, la comparaion de sites de recombinaison définis in vivo avec des sites de topo-isomérisation in vitro sur de l 'ADN nu n ' a pas grand sens.
A B c D E F
Figure 3. Exemple d'association entre sites de recombinaison illégitime et motifs particuliers d'ADN. Lors de l'exci
sion d'un plasmide SV40 (A, partie hachurée) intégré dans l'ADN génomique humain (A, partie grise), de nom breuses jonctions de recombinaison illégitime ont été mises en évidence. La localisation des séquences impliquées dans ces jonctions est schématisée par les barres rouges en (A). Plusieurs régions présentent un grand nombre de ces séquences recombinées. Ce sont donc des régions de points chauds de recombinaison (bandes rouges verti cales). Les motifs retrouvés fréquemment dans des régions de recombinaison illégitime dans les cellules de mammifère ont été recherchés le long des séquences plasmidique et cellulaire. La position des sites de recombinai son est comparée à celle de ces motifs : (8) séquences répétées Alu ; (C) séquences palindromiques ; (D) séquences
d'homopurine-homopyrimidine ; (E) séquences alternées purine-pyrimidine ; (F) sites de reconnaissance de la topo isomérase 1.
naison non homologue. Ils ont pro posé un modèle dans lequel l'enzy
me lierait l 'AD sous forme d 'un
complexe dimérique, couperait les deux brins d'AD , en formant une structure intermédiaire qui pourrait s'associer à un autre complexe dimé r i q u e l i é à u n e a u tre m o l é c u l e d'AD . L a dissociation de c e com plexe tétramérique provoquerait l ' éc h ange d ' u n e sous-u n i té pro téique, entraînant un échange entre les deux doubles brins d'AD .
Des segments riches en nucléotides A et T (Tableau I) ont été identifiés également dans des régions impli quées dans la recombinaison illégiti me. En particulier, il a été constaté que les répétitions A lu, élémen ts potentiellement mobiles, sont situées généralement dans des régions de ce type [32] et que l ' in tégration des rétrovirus dans le génome cellulaire montre également une préférence pour des régions riches en A/T dans la séquence réceptrice [26, 48] .
l'ouverture de la matrice double-brin et par conséquent l'en trée des enzy mes de recombinaison , est l 'hypo thèse la plus souvent invoquée sur le rôle de ces régions comme substrat préférentiel de la recombinaison illé gitime [ 2 1 ] .
Enfin, certaines structures particu lières de l 'ADN (comme des élé ments d'ADN courbé, conformation de l 'AD se produisant dans des s é q u e n c e s c o n te n a n t des s u i tes d'oligo (dA)-oligo (dT) et provoquant des courbures de l 'ADN en défor mant l'axe de la double hélice) ont été mises en évidence à proximité de régions génomiques réarrangées par recombinaison illégitime [ 49] .
1
ConclusionLa caractérisation des sites de recom-binaison non homologue et des
ré-gions proches de ces sites a permis de m ettre en évidence le fait q u e des
séquences particulières, comme les
dans la recombinaison illégitime est très attrayante puisque ces enzymes pourraient catalyser les deux étapes nécessaires à la recombinaison illégi time (cassure puis réunion) [45 ] . En comparant 496 jonctions de recom binaison illégitime, Konopka [ 46] a observé que, dans les 1 0 paires de bases adjacentes au site de réarran gemen t, 92 % des j o n c t i o n s de recombinaison i l l ég i t i m e c o n te naient les sites préfé r e n t i e l s de reconnaissance in vitro pour la topo
isoméra e 1 de thymus de veau
(CAT, CTY, GTY, RAT où Y est une pyrimidine et R une purine) . Il faut, cependant, souligner que la probabi lité de trouver des sites de clivage de la topo-isomérase I dans une séquen ce d'ADN est très élevée (un site par sept paires de bases) [ 1 ] . La corréla
tion << recombinaison illégitime-topo
isomérase 1 ,, reste donc discutable.
En analysant la recombinaison in vitro entre deux molécules de phage Lambda, Bae et al. [47] ont montré que la topo-isomérase II de thymus
de veau intervenait dans la recombi- La faible énergie de fusion de l'AD riche en A/T qui pourrait faciliter séquences A lu, les séquences palindromiques, des alternances purine-
994
RÉFÉRENCES
43. N albantogl u J , Miles C_, Meuth M . Insertion of umque and repeuuve D A frag ments into the aprt locus of hamster ce lis. j Mol Biol 1 988 ; 200 : 449-59.
44. Bullock P, Cham pou� JJ, B_otchan M . Association of crossover pomts With topolso merase 1 cleavage sites : � mode! for nonho mologous recombmauon. Sczence 1 985 ; 230 : 954-8.
45. Duguet M, Riou JF. De Ia topologie de l'ADN aux médicaments anubwuques et an ticancéreux. médecine/sciences 1 994 ; 1 0 : 963-72.
46. Kono pka AK. Compilation of DNA strand exchange sites for non homologous
recombination in somauc ce lis. Nuclezc Aczds
Res 1 988 ; 1 6 : 1 739-58.
47. Bae YS, Kawasaki I , Ikeda H , Liu LF. Illegitimate recombination mediated by calf thymus DNA top01somerase II zn vztro. Proc Natl Acad Sei USA 1 988 ; 85 : 2076-80.
48. Marin M, Etienne-Julan M,
�
iechaczyk M Noël D. L'intégration des retrov1rus : faits et croyances. médecine/sciences 1 994 ; 1 0 :318-24.
49. Mi lot E, Belmaaza A, Wallenburg JC, Gusew N , Bradley WEC, Ch artra�1 d P. Chromosomal illegitimate recombmauo!1 1�1 mammalian cells 1s assoCiated w1th mtnnsl cally bent DNA elements. EMBO J 1 992 ; l l : 5063-70.
50. Yijaya S, Steffen DL, Robin son _H L. Acceptor sites for retrov1ral 1_ntegrauo�s map near DNase I-hypersensll1ve snes 1n chromatm. j Vzrol l986 ; 60 : 683-92. 5 1 . Yunis lJ, Soreng AL, Bowe AE. Fragile sites are targets of d1verse mutagens and car
cinogens. Oncogene 1 987 ; 1 : 59-69.
52. Sperry AO, Blasquez VC, Garrard WT. Dysfunction of chromosomal l<;>Op _atta�h
ment sites : illegitit?ate reco_mbmauon lm ked to matrix assoCiatton reg1ons and topol
somerase I I . Proc Natl Acad Set USA 1 989 ; 86 : 5497-501 .
5 3 . Stary A, Sarasi n A. Simian virus 4 0 (SV40) large T antigen-dependent amplifi cation of an Epstem-Barr Vlrus-SV40 hybnd shuttle vector integrated into the human HeLa ce li genome. J Gen Vzrol 1 992 ; 73 :
1 679-85.
54. Rom<>.ni M Casciano I, Querzola F, De Ambrosis A Si�iscalco M. Analysis of a viral integration 'event in a CG-rie
�
region at the l p36 human chromosomal Site. Gene 1 993 ; 135 : 1 53-60.55. Bodley AL, Huang_ HC, Y':l C, Liu LF.
Integration of s1m1an VIrus 40 mto cellular DNA occurs at or near topoisomerase I I cleavage hot spots induced by YM-26 (teni poside) . Mol Cell Biol l993 ; 1 3 : 6190-200. 56. Negrini M, Felix CA, Martin C, Lange Bi, N akamura T Canaani E, C roce CM. Potential top�isomerase II DNA-binding sites at the breakpoints of a t(9 ; 1 1 ) chro mosome translocation in acute myeloid leu kemia. Cancer Res 1 993 ; 53 : 4489-92.
pyrimidine, les site� de reconnai� sance des topo-isomerases ou les re gions riches en n ucléo�ides .A e� T, é taien t fréquemment I m p l iq u ees. L'hypothèse selon laquelle il e�iste rait des séquences plus susceptl.ble.s d 'être réarrangées par recombm al son illégitime s'est donc dévelo�pée
[ 1 ] . Ces << points chauds '' sera1en t
des régions fragiles et potentielle ment accessibles aux n ucléases ca pables d'introduire des cassures de la chaîne nucléotidique, points poten tiels d'initiation d'événements de re combinaison non homologue.
L'hypothèse de la << config�ration o�
verte de l'ADN , comme CJble des re arrangeme n ts est le pl us so�ve � t avancée. Cette hypothese est etayee par plusieurs observations, bien. qu� son implication dans la recombmal son i llégitime ne soit pas certaine
puisque toutes les séque��es
�
e réa�rangement n ' o n t pas e te determl nées. Ainsi, les rétrovirus s'intègrent préférentiellement dans des régions sensibles à l ' ac tion de la D N ase 1 [50] . De même, il existe une corréla tion directe entre les sites chromoso miques fragiles [ 5 1 ] et l'in tégration de virus à AD dans des tumeurs hu maines ou dans des cellules transfor
mées en culture. La stru c ture de la
chromatine peut également jouer un rôle comme cela a été proposé pour la formation des grandes délétions intra chromosomiques [ 7, 8] . Les régions permettant l'attachement des boucles de c h romosomes à la matrice n u cléaire, régions MAR (matrix associa tion region) riches en nucléotides A/T et contenant des sites de fixation et de
clivage de la topo-isomérase I I ainsi
que, probablement, les sites d'attache ment des enzymes de réplication, de transcription et de réparation, pou� raient constituer une des classes de se quences cibles de la rec?mbinaison illégitime comme le suggerent Sperry et al. [52] .
En conclusion , on peut envisager que des connaissances plus appro fondies sur les mécanismes impli qués dans la recombinaison illégiti me permettro n t de m i e u x com prendre pourquoi ce type de reco� binaison prédomine sur la recombi naison homologue dans les cellules de mammifères et ainsi de mieux orienter les techniques pour l 'inté gration de gènes dans le cas de la thérapie génique •
Summary
Illegitimate recombination in mammalian cells
I llegitimate recombination, defi ned operationally as the cellular process leading to the joining of DNA sequences with little or no homology, is often used in mam malian cells. This recombination process is involved in a variety of DNA rearrangements including deletion, insertion, chromosomal translocation, gene amplification and viral integration. These DNA modifications can produce several cellular abnormalities eventually Ieading to specifie genetic di.sease.s or to carcinogenesis. The bwlogl cal role and the molecular events that underlie this process are still unclear but illegitimate recombi nation may arise primarily from errors of DNA metabolism, that is, as mistakes in replication, repair or transcription. Severa! illegitima te recombination junctions from a variety of sources have been analy sed at the DNA sequence leve!. In sorne cases, this revealed the pre sence of sorne features, such as me rn bers of interspersed repetitive DNA families, i nverted repeats, alternating p u r i n e / pyri m idine runs, topoisomerase cleavage sites. This suggests that specifie geno mic regions could be prone to be i m p l i cated i n t h e i l l e g i t i mate recombination process.
Remerciements
L'auteur remercie Alain Gentil, Michel Lacasa et Alain Sarasin pour leurs cri
tiques et leurs conseils pendant
�
a préparation du manuscrit de cet article.