Mbouombouo N. I. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo. Volume 9. P. 75-76, Octobre 2017
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Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo Volume 9. P. 75-76, Octobre (2017)
Impact de la décharge de Banefo à Bafoussam sur l’environnement et la santé des populations riveraines
Mbouombouo N. I.1, Foudjet A. E.2 et Gounou K. Y.3
(1) Etablissement : CRESA Forêt-Bois, Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang, Cameroun/
e-mail : imbouombouonjifon@yahoo.fr
(2) Encadreur académique : Professeur Titulaire des Universités, CRESA Forêt-Bois, Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang, Cameroun
(3) Encadreur Professionnel : Ingénieur en génie civil, responsable des Opérations de l’agence Hysacam Bafoussam, Cameroun
1. Objectif général
Participer à la maîtrise des impacts de la décharge de Banefo à Bafoussam sur l’environnement et la santé des populations riveraines.
2. Objectifs spécifiques (OS)
OS1 : Etablir un état de lieu de la gestion des déchets ménagers dans la ville de Bafoussam;
OS2 : Identifier et évaluer les impacts de la décharge de Banefo sur l’environnement et leurs conséquences sur la santé des populations riveraines;
OS3 : Proposer un Plan de Gestion Environnementale et Sociale qui permettra de maitriser de manière efficiente les impacts environnementaux et sanitaires sur les populations riveraines.
3. Hypothèses
La gestion des déchets ménagers par enfouissement dans la décharge de Banefo à Bafoussam présente des risques sanitaires et environnementaux significatifs.
4. Méthodologie
Nous avons établi un système de travail basé sur la recherche documentaire, la collecte des données sur le terrain et leur analyse. La collecte d’informations primaires répondant à l’impératif de la démarche participative a été effectuée essentiellement sur la base d’entretiens, d’observations directes et d’enquêtes. Pour les données secondaires, nous avons compilé les arrêtés, les lois et les décisions relatifs au mode de traitement des déchets et leurs impacts sur l’environnement et la santé, des articles de journaux, des publications scientifiques (livres, résultats d’études) et des revues spécialisées. Les centres de documentation et les bibliothèques de certaines structures ont été également visités.
5. Résultats
R1.1 : La société Hysacam est responsable de la collecte et du traitement des ordures ménagères dans la ville de Bafoussam. Elle collecte 200 tonnes de déchets par jour sur 300 tonnes produits, ce qui donne 66,7% de déchets collecté par jour.
R1.2 : Le tri des déchets à la source n’est pas systématique. Le système de collecte des ordures ménagères dans la ville de Bafoussam est organisé pareillement à celui des villes de Yaoundé et Douala.
Aucun tri n’est effectué à la source, les populations déversent leurs ordures ménagères dans les bacs à ordures de 200 litres, 30 m3 et 50 m3 déposés par l’entreprise sur les axes importants de la ville.
R1.3 : Les déchets collectés sont stockés à la seule décharge de Banefo où on ne trouve aucune clôture.
R1.4 : L’élimination finale des déchets se fait en les poussant dans le ravin à l’aide du Bulldozer pendant la saison pluvieuse ou par brûlage à ciel ouvert en saison sèche.
R2.1 : La contamination des eaux de surfaces et souterraines par les lixiviats est démontrée à travers des analyses physico-chimiques. Pendant tout l’échantillonnage, les valeurs du pH fluctuent entre 6,55 et 7,64 UC. Les valeurs restent presque constantes, malgré les faibles variations observées entre les stations. Globalement, ces valeurs se rapprochent de la neutralité (pH=7 UC) et indiquent que les eaux du cours d’eau sont très faiblement acides.
R2.2 : Les valeurs d’O2 dissous observées fluctuent entre 81 et 51%. Durant la période d’étude, les valeurs obtenues restent supérieures à 50% et diminuent de l’amont vers l’aval du cours d’eau.
R2.3 : Les teneurs en azote ammoniacale sont relativement faibles et fluctuent entre 1,18 et 2,17
Mbouombouo N. I. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo. Volume 9. P. 75-76, Octobre 2017
76 mg/L. Quant aux nitrites, sont comprises entre 0,07 et 1,73mg/L. Pour ce qui est des nitrates, le relevé des données nous présente des variations irrégulières avec des valeurs oscillantes entre 0,1 et 2,101 mg/L.
R2.4 : Sur le plan sanitaire, il ressort que 57,1% de la population souffraient du paludisme et de la fièvre typhoïde en 2014, contre 58,11% en 2015, ce qui donne une augmentation de 1,2% de cas en un an.
R3.1 : La réduction de façon acceptable de la production de poussière et de gaz toxiques afin de minimiser les risques de maladies respiratoires.
R3.2.: La protection du sol des produits toxiques et des catastrophes naturelles.
R3.3.: La réduction de la consommation de l’eau polluée et la prévention des pollutions des eaux de surface et souterraines.
R3.4.: l’atténuation de l’impact de la destruction des espèces fauniques et floristique.
R3.5 : Le traitement de façon approprié des déchets pour éviter la pollution, l’éboulement et l’érosion.
6. Discussion
La population de Banefo a des difficultés d’approvisionnement en eau potable, ce qui les expose aux risques des maladies hydriques transmis par les points d’eau non traités qui se trouvent dans la zone d’étude. Les nuisances les plus ressenties par la population sont entre autres la prolifération des mouches, des odeurs nauséabondes, l’éboulement, les moustiques, la destruction des champs et des maisons.
Les investigations de terrain montrent que la décharge de Banefo est très proche des lieux d’habitations et de la RN6. Une telle disposition favorise l’insalubrité, l’attraction des animaux vecteurs de maladies contagieuses (mouches, rongeurs, moustiques, etc.).
Le système de traitement des ordures ménagères dans la ville de Bafoussam se fait dans la seule décharge de Banefo que compte cette ville. Cette décharge ouverte en 2006 a une superficie de 15 ha 23 a et reçoit
environ 200 tonnes d’ordures par jour sur 300 tonnes produits et la seule technique d’élimination de ces déchets reste l’enfouissement qui est peu efficace, ce qui est à l’origine de nombreux impacts sanitaires et environnementaux. Pendant la période de notre étude, nous avons constaté que la population vivant autour de la décharge de Banefo souffrait plus du paludisme et de la fièvre typhoïde (57,72%) et des maladies diarrhéiques (11,93%) sur dix ans d’existence de cette décharge. Ces mêmes observations ont été faites par Mongo Noël (2007) lors de son étude sur la décharge de PK10 à Douala, et qu’en plus des maladies diarrhéiques et du paludisme, les cas de choléra ont été signalés et nous sommes sans ignorer les dégâts causés par cette épidémie entre 2004 et 2005 dans cette ville.
7. Recommandations
- La Communauté Uurbaine de Bafoussam devrait voir dans quelle mesure répondre aux différentes plaintes des populations vivant à proximité de la décharge, soit en les relocalisant dans un site moins dangereux, soit en trouvant un autre site de la décharge, afin de limiter ou de compenser la vulnérabilité de ces populations liée à la pollution de cette décharge.
- Les études précédentes montrent que 80% des déchets dans la ville de Bafoussam sont des ordures ménagères qui sont pour la plupart biodégradables.
Pour cela, nous suggérons à HYSACAM de se lancer dans le tri de ces déchets en vu de faire du compost qui pourra servir à l’agriculture périurbaine.
Mots clés : Cameroun, Bafoussam, Impact, déchets, décharge, pollution
Mémoire de Master Professionnel en Etude d’Impacts Environnementaux soutenu le 26 Juillet 2016 au CRESA Forêt-Bois en République du Cameroun.
