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MYSTÈRES DE L’UNIL

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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MYSTÈRES DE L’UNIL

Les sportifs ont-ils atteint les limites du corps humain ? 16-22

GÉOLOGIE

Comment dérivent vraiment les continents 30-37

JUSTICE

Pourquoi nous sommes plus sévères avec les chauffards qu’avec les petits dealers 50-57

NUMÉRO

51

SAVOIR ALLEZ

Le magazine de l’UNIL | Mai 2012 | Gratuit

!

GÉNÉRATIONS

AUX PARENTS L’ÂGE D’OR, AUX ENFANTS

L’INCERTITUDE

Annonce_A4_logement_M.indd 1 25.04.12 13:03

ALLEZ SAVOIR !MAI 201251

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4 Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne

Les communautés du savoir vivant prennent leur envol

Vous êtes diplômé·e de l’UNIL

rejoignez-nous!

ALUMNIL : le réseau des diplômé·e·s

UNIL | Université de Lausanne – Bureau des alumni contact.alumnil@unil.ch – tél. : +41 21 692 20 88

www.unil.ch/alumnil

Schweizer Kongress der Wissenschaftskommunikation Congrès Suisse de la Communication Scientifique

Gesundheit und Medizin / Umwelt / Kinder und Jugendliche Santé et médicine / Environnement / Enfants et jeunes

Verleihung Remise de «Prix Média»

www.sciencecomm.ch

ScienceComm ’12 Rapperswil 27. / 28.09.2012

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A

llez savoir ! c’est désormais 51 numéros et 18 ans d’histoire et d'aventure. Au fil de ces années, l’Uni- versité de Lausanne a beaucoup changé. Un seul chiffre : en 1994, l’institution accueillait moins de 9000 étudiants, alors qu’elle en compte plus de 12000 aujourd’hui. Cette évolution, évidente au quotidien pour les habitués du campus, se reflète désormais dans le magazine de l’UNIL. La nouvelle maquette répond à l’idée émise dans l’éditorial du numéro 1 : une «formule origi- nale de collaboration entre chercheurs et journalistes». La recherche menée à l’Université de Lausanne, où règne la culture de la longue durée, constitue comme auparavant le cœur d’Allez savoir ! Son traitement par une équipe de rédacteurs professionnels indépendants, toujours ani- mée par Jocelyn Rochat, garantit un contenu pertinent, en phase avec l’actualité, et parfois à rebrousse-poil. La rencontre de ces deux mondes répond ainsi au motto de l’institution: «le savoir vivant», une connaissance en perpétuelle évolution qui circule et se partage hors des auditoires et des laboratoires.

Si l’ADN du titre demeure, il fallait repenser le gra- phisme d’Allez savoir !, demeuré presqu’inchangé depuis sa naissance. Réalisé par Edy Ceppi, directeur artistique à l’UNIL, le magazine que vous découvrez a été modifié en profondeur, grâce à une nouvelle typographie (lisible et élégante), des couleurs modernes et une mise en page revisitée, qui alterne parties calmes et dynamiques.

Ainsi, les six grands dossiers qui constituent la co- lonne vertébrale sont entrecoupés de cinq chroniques régulières, destinées à susciter le débat, à donner du sens à l’air du temps ou à faire connaissance avec une personnalité liée à l’université. Vous trouverez une page

«réflexion», dans laquelle un invité traite d’un sujet de son choix, en lien avec le monde de la formation. La définition de deux mots surgis dans les médias, concoctée par des experts de l’UNIL. Une rencontre avec un «alumnus», soit un ancien diplômé de l’université, qui retrace son par- cours d’étudiant. La republication d’extraits d’un article tiré des archives d’Allez savoir !, qui entre en résonance

de manière inattendue avec l’actualité d’aujourd’hui.

Et une dernière page gourmande, qui entremêle les tra- vaux et le parcours d'un chercheur.

Autre innovation : le magazine s’ouvre avec trois doubles pages photographiques, qui donnent à voir le quotidien du campus. Pour cette édition, la recherche, l’enseignement et un événement culturel. Ce portfolio est suivi par des «brèves», soit de courts textes qui rendent compte du rayonnement de l’institution et de sa commu- nauté scientifique.

La partie pratique de la publication, visible dans ses dernières pages, a été renforcée. Un mémento recense des événements, des conférences et des cours à venir, tous accessibles aux personnes intéressées. Plusieurs suggestions de lectures, ainsi qu'une offre de formation continue, sont proposées.

Parmi les concessions à la modernité, Allez savoir ! s’octroie le don d’ubiquité pour exister pleinement dans le monde numérique. La version complète du magazine est désormais disponible sur www.unil.ch/allezsavoir, que ce soit pour la lecture, le feuilletage à l’écran ou encore le téléchargement. Quelques articles complémentaires, qui n’existent que de manière électronique, sont aussi accessibles aux curieux. De plus, une déclinaison pour la tablette iPad, enrichie de reportages photographiques et de quelques vidéos, est proposée aux amateurs de ce support de lecture (davantage de détails en p. 62). Ce renforcement de la présence en ligne s’inscrit parmi les efforts que mène l’Université de Lausanne dans le domaine du développement durable. A ce sujet, la publi- cation est imprimé sur du papier dit «FSC», issu de forêts traitées de manière correcte.

Les nouvelles formules font généralement craindre aux lecteurs un appauvrissement du texte, au détriment du graphisme, des titres envahissants ou des tendances puisées dans la pratique de l’écriture sur les réseaux sociaux. Notre objectif est exactement l’inverse : Allez savoir ! veut offrir davantage de contenu qu’auparavant.

Vérifiez-le dès maintenant ! 

ÉDITO

Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne 3

ISSN 1422-5220

IMPRESSUM Magazine de l’Université de Lausanne

No 51, mai 2012 www.unil.ch/allezsavoir Editeur responsable Université de Lausanne Une publication d’UNICOM, service de communication Quartier UNIL-Sorge Bâtiment Amphimax 1015 Lausanne Tél. 021 692 22 80 allezsavoir@unil.ch Rédaction en chef David Spring (UNICOM), avec Jocelyn Rochat Direction artistique Edy Ceppi (UNICOM) Rédacteurs Sonia Arnal Laurent Bonnard Elisabeth Gordon Virginie Jobé UNICOM : Sophie Badoux Nadine Richon Renata Vujica Francine Zambano Correcteur Albert Grun Photographie Yann André Nicole Chuard Mario del Curto Catherine Gailloud Félix Imhof Francis Mobio Illustration Eric Pitteloud (p. 3, 23) Infographie

Pascal Coderay (pp. 34-35) Couverture

© Ryan Lane – Gettyimages Impression

Swissprinters Lausanne SA Tirage

20'000 exemplaires Abonnements allezsavoir@unil.ch 021 692 22 80

ALLEZ SAVOIR ! CHANGE DE PEAU

DAVID SPRING Rédacteur, UNIL

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SUR VOTRE ANNONCE RELÈGUE LES AUTRES

Scannez vite ce nouveau code pour comprendre ce qui dif- férencie son contenu multimédia et interactif de celui d’un simple site web. Et imaginez ensuite l’effi cacité d’un contenu dédié spécialement à votre annonce:

vidéos interactives partagées par e-mail et sms, slider, timer, quiz, off-line, random… et davantage encore.

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Swissprinters Lausanne SA Chemin du Closel 5

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Téléphone: +41 58 787 48 00 Fax: + 41 58 787 48 01 E-mail: info@swissprinters.ch

À L’ÉPOQUE

DES MAYAS...

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BRÈVES L’actualité du campus : plan d'intentions, prix, distinctions,

publications, bâtiments.

PORTFOLIO Formation, recherche

et culture à l’UNIL, en trois images.

MYSTÈRES DE L’UNIL Les sportifs ont-ils atteint leurs limites ? Suivi d’un entretien avec Anne Bielman Sánchez sur les Jeux olympiques antiques.

RÉFLEXION

«Viser la réussite … plutôt que l'excellence!»

Par Dominique Arlettaz, recteur.

FORUM DES 100 Les enfants des baby-boomers vivront-ils

moins bien que leurs parents ? Suivi d’un entretien avec Franciska Krings.

BRILLONS DANS LES SALONS Deux mots de l’actualité décryptés

par des experts de l’UNIL:

«VAE» et «CDI».

GÉOLOGIE Comment dérivent vraiment les continents. Une éruption en Indonésie peut faire des morts en Suisse.

JEU VIDÉO Immersion totale. Entretien avec Marc Atallah et José Luis de Vicente.

Lara Croft reprend du service.

ZOOLOGIE L’ornithorynque livre peu à peu ses secrets.

«Un cerveau humain est plus proche de celui d’un ornithorynque que d’un autre organe humain.»

IL Y A UNE VIE APRÈS L’UNIL Vivre (et laisser vivre) à San Francisco.

Rencontre avec Roland Meier, diplômé de l'Université de Lausanne.

JUSTICE

Pourquoi nous sommes plus sévères avec les chauffards qu’avec les petits dealers.

C’ÉTAIT DANS ALLEZ SAVOIR!

Contre la déréglementation, par Alexander Bergmann.

Texte paru en 2001.

MÉMENTO

Cours public, animations, conférences, visites

et expositions ouvertes au public.

FORMATION CONTINUE

«Comment augmenter sa compétitivité sur le marché de l’emploi.»

Entretien avec Nicole Galland et Pascal Paschoud.

FOLLOW US

Retrouvez l’UNIL sur internet.

Allez savoir ! en version iPad.

Abonnements.

BONNES FEUILLES

Pour sortir les Eglises de la crise.

Un ouvrage de Virgile Rochat, ancien aumônier de l'UNIL.

LIVRES

Nature, littérature, psychiatrie, récit de vie et universités.

Sept suggestions de lectures.

CAFÉ GOURMAND La psychologie au cœur de la société.

Rencontre avec Marie Santiago.

SOMMAIRE

SAVOIR ALLEZ

Le magazine de l’UNIL | Mai 2012 | Gratuit

Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne 5

6 12 16 23 24 29 30 38 42 49

50 57 58 60 62 63 64 66

!

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le 11 février 2012 à L’Eprouvette (le laboratoire public de l’Université de Lausanne). Ces trois scientifiques d’un jour participaient à l’une des journées «Comprendre la mucoviscidose», destinées aux familles concernées par cette maladie. Coachés par la biologiste Delphine Ducoulombier, ils ont pu acquérir des bases en génétique, et réaliser des expériences pratiques destinées à faciliter leur dialogue avec les médecins et les chercheurs.

Article complet et reportage photo sur www.unil.ch/allezsavoir ainsi que sur l’application iPad d’Allez savoir ! (détails en p. 62).

PHOTO NICOLE CHUARD

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L’AMOUR VERSION BOLLYWOOD

A Shimla, au nord de l’Inde, un couple en costume de mariés cachemiri prend la pose devant les montagnes, le 9 février 2012.

Dans le cadre d’un travail de recherche de terrain, Raphaël Rousseleau, professeur de l’Institut religions, culture et modernité, et Francis Mobio, chargé de cours, photographe et cinéaste, ont mené des entretiens sur la manière dont les touristes indiens s’approprient ce paysage enneigé pour célébrer leur lune de miel.

Article complet et reportage photo sur www.unil.ch/allezsavoir ainsi que sur l’application iPad d’Allez savoir ! (détails en p. 62).

PHOTO FRANCIS MOBIO

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texte de Konrad Lorenz consacré à l’agressivité des poissons.

«La guerre, notre poésie», un spectacle présenté lors du festival Objectif Mars, a été conçu et mis en scène par Jean-Michel Potiron, artiste en résidence. La pièce mêle citations d’auteurs et extraits d’entretiens menés auprès d’enseignants-chercheurs, sur le thème «Qu’est-ce que la guerre ?».

Reportage photo sur www.unil.ch/allezsavoir ainsi que sur l’application iPad d’Allez savoir ! (détails en p. 62).

PHOTO MARIO DEL CURTO

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RESPONSABILITÉ COHÉRENCE RÉUSSITE SAVOIR VIVANT «LONGUE DURÉE» CRÉATIVITÉ OUVERTURE

L'Université de Lausanne, avec le concours de la Fédération des associations d’étudiant·e·s (FAE), mène chaque année depuis 2006 l’enquête «Comment allez-vous ?». Elle consiste à téléphoner aux étudiants débutants, afin de les interro- ger sur la manière dont se déroulent leurs premiers pas à l’UNIL. Si la démarche produit des données statistiques intéressantes, «elle s’inscrit d’abord dans nos mesures d’accueil pour les nouveaux venus», souligne Guillaume Conne, chargé de l'information.

Ainsi, entre le 14 novembre et le 8 décembre 2011, ce sont 1227 personnes (sur 2462 inscrits en première année) qui ont été atteintes par les enquêteurs. Ces derniers, issus de toutes les facultés, sont le plus sou- vent en master. «De manière générale, les résultats sont rassurants», ajoute Guillaume Conne. Les appels ont de plus permis de toucher une quinzaine de personnes en grande difficulté, à qui un rendez-vous avec un psychologue du SOC a été proposé.

Parmi les données récoltées, on re- marque que seules 61,5 % des interro- gés étudiaient au niveau gymnasial l’année précédant leur arrivée à l’UNIL: 11,6% avaient pris une année sabbatique. Les deux tiers des débutants ont choisi leur faculté «par intérêt pour la branche». 8,4% ont changé d’orientation entre leur pré-inscription (avril 2011) et la rentrée de l’automne passé.

Enfin, la grande majorité (85,7%) imagine poursuivre son cursus jusqu’au master. DS

Tous les résultats sur www.unil.ch/soc/page79295.html

Pour son mémoire de maîtrise réalisé à l'Institut de Géographie (IGUL) de l’UNIL, Arnaud Rossier a reçu le 2e prix du concours 2011 de la Société Suisse de Géographie Appliquée (SSGA), le 26 janvier 2012 à Olten. Mariant climatologie et météorologie, fortement ancré dans la pratique, son travail porte sur l’intensité et la fréquence des précipitations extrêmes dans le val de Bagnes. Après avoir travaillé dans le bureau Meteorisk à Sion, il est aujourd’hui pilote, et professeur de ski. DS Connu pour ses travaux sur la drosophile (une mouche des fruits),

Richard Benton a obtenu le Prix Friedrich Miescher 2012 de la Société suisse de biochimie, le 7 février dernier à Lausanne.

Professeur assistant «tenure track» (soit prétitulaire) au Centre intégratif de génomique (CIG) de l’UNIL, ce jeune chef de groupe d’origine britannique explore les relations qui existent entre le cerveau et le système olfactif du minuscule insecte.

Doctorant, puis «post-doc» au Centre Ludwig de l’UNIL pour la recherche sur le cancer (LICR@UNIL) entre 2008 et 2011, Lukas Baitsch a reçu le Prix spécial de la Fondation Pfizer, le 2 février 2012 à Zurich. Son étude porte sur les différences fonctionnelles entre les cellules immunitaires (les lymphocytes T) du sang, et celles issues des tissus tumoraux. Ces dernières, «épuisées», ne sont en effet pas en mesure de combattre le cancer. Les résultats obtenus ouvrent des perspectives dans le domaine de l’immunothérapie. Aujourd’hui, ce jeune chercheur travaille au Dana-Farber Cancer Institute de Boston, un institut qui dépend de la Harvard Medical School.

Cheffe de clinique au Centre pluridisciplinaire d'oncologie (CePO) du CHUV depuis janvier 2012, Anita Wolfer a obtenu le prix MEDIC 2011 en décembre dernier. Cette chercheuse clinicienne, qui a fondé son propre groupe de recherche, étudie le rôle d’un gène (oncogène MYC) dans l’agressivité des tumeurs mam- maires. Les résultats préliminaires obtenus, le plan de recherche équilibré et les «excel- lentes chances de réussite» de son projet ont convaincu le comité du prix MEDIC.

Ces sept valeurs constituent les fondations du nouveau plan d’inten- tions de l’UNIL, qui définit la politique de l’institution pour les cinq ans à venir. Si «le savoir vivant» est au cœur de la stratégie de commu- nication et de la communauté UNIL depuis quelques années déjà, le recteur Dominique Arlettaz souhaite insister sur la notion de liberté académique qu’elle comprend. L’étudiant, tout autant que le chercheur,

doit pouvoir choisir librement son cursus ou son thème de recherche, sans pression politique ni économique. Outre les valeurs, la stratégie de l’institution mise sur la relève académique, la réussite de ses étudiants, l’innovation pédagogique et la mise sur pied de partenariats avec le monde scientifique suisse et international. Sur ce dernier point, il est question notamment de définir l’intégration de l’IDHEAP au sein de

ALLO ? ICI L’UNIL ! QUATRE CHERCHEURS RÉCOMPENSÉS

ENQUÊTE À L'HONNEUR

54,5%

DES ÉTUDIANTS DE PREMIÈRE ANNÉE TRAVAILLENT À CÔTÉ DE LEURS ÉTUDES

STRATÉGIE UNIVERSITAIRE

Luis Ferreira © UNIL DRlix Imhof © UNIL

© Pfizer

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RESPONSABILITÉ COHÉRENCE RÉUSSITE SAVOIR VIVANT «LONGUE DURÉE» CRÉATIVITÉ OUVERTURE

Nouveau bâtiment de l’UNIL aménagé pour ac- cueillir laboratoires, bureaux, salles de cours, res- taurant et autres espaces de sociabilité, Géopolis sera officiellement inauguré en mars 2013. Il per- mettra de réunir sur un seul lieu respectivement 320 et 460 collaborateurs de la Faculté des géos- ciences et de l’environnement et de la Faculté des sciences sociales et politiques. Un déménagement de très grande ampleur, qui s’effectuera de manière graduelle, entre l’été 2012 et la rentrée de février 2013. Le rassemblement de toutes ces personnes favorisera les échanges et renforcera le dynamisme et la cohérence des deux facultés concernées. Les

espaces libérés dans les bâtiments Anthropole et Internef seront mis à la disposition des autres facultés de sciences humaines après des travaux qui se dérouleront en 2013.

Un blog vous tient au courant des avancées marquantes sur le chantier. NR www.unil.ch/mouline

La direction actuelle de l’UNIL est entrée en fonction en sep- tembre 2011. Benoît Frund, qui a été directeur du service UNIBAT (bâtiments), gère le dicastère «Durabilité & Campus», qui recouvre les infrastructures et la politique de développement durable. Philippe Moreillon, professeur ordinaire de micro- biologie fondamentale à la Faculté de biologie et de médecine, s'occupe du secteur «Recherche & Relations internationales».

Danielle Chaperon, professeure ordinaire de dramaturgie et de littérature française à la Faculté des lettres, mène le dicastère

«Enseignement & Affaires étudiantes». Elle a par exemple pour mission de développer la contribution de l'Université à la vie culturelle. Le recteur Dominique Arlettaz chapeaute les «Af- faires générales & Finances». Franciska Krings, professeure ordinaire au Département de comportement organisationnel de la Faculté des HEC, a pris en charge le secteur «Relève académique & Diversité». Ce qui intègre notamment l’égalité des chances. Jacques Lanarès, professeur titulaire en Faculté des SSP et neuropsychologue de formation, dirige le dicastère

«Qualité & Ressources humaines». Marc de Perrot dirige le Secrétariat général, qui comprend notamment les archives et la communication. (RÉD.)

e gauche à droite: Benoît Frund, Philippe Moreillon, Danielle Chaperon, Dominique Arlettaz, Franciska Krings, Jacques Lanarès, Marc de Perrot

L'Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) a le projet d’intégrer l’UNIL.

Les modalités et le calen- drier sont en discussion entre les directions des deux institutions. Ce projet, soutenu par les autorités cantonales, devrait voir le jour en 2013 ou 2014. Martial Pasquier, directeur de l’IDHEAP, a indiqué à l’ats que ce rapprochement était une

«suite logique» des colla- borations menées depuis près de dix ans. (RÉD.)

GÉOPOLIS, ÇA DÉMÉNAGE !

UNE NOUVELLE ÉQUIPE AUX COMMANDES

L’IDHEAP SE RAPPROCHE DE L’UNIVERSITÉ

COLLABORATION PLÂTRE ET CIMENT

NOUVELLE DIRECTION

Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne 13 l’UNIL et du transfert de l’Institut des sciences du mouvement et de la

médecine du sport de l’UNIGE à Lausanne. Une plateforme d’analyse des structures chimiques d’éléments minéraux unique en Europe verra également le jour dans le nouveau bâtiment Géopolis. En ce qui concerne les étudiants, il s’agit de garantir l’accès aux études pour tous, ainsi que de promouvoir l’idée de réussite. Pour cela, la direction

entend conserver des taxes universitaires égales pour tous et permettre à des étudiants ayant été exclus du système de le réintégrer après un certain délai et sous certaines conditions qui restent à définir. Le développement de formations courtes de haut niveau destinées aux entreprises et un système de validation des acquis de l’expérience (VAE, lire également en p. 29) sont aussi au programme. SOPHIE BADOUX

Luis Ferreira © UNIL

DRlix Imhof © UNIL

STRATÉGIE UNIVERSITAIRE

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211

C’est le nombre d’articles que les chercheurs de l’UNIL et du CHUV ont fait paraître en 2012 dans des revues scientifiques (d'après Serval, au 13 avril 2012). Le 16 mars dernier, la célèbre revue Science publiait les conclusions d’une étude d’Olivier Broenni- mann, Antoine Guisan, Blaise Petitpierre et Christophe Randin (UNIL), en collaboration avec l’ETH et l’Université d’Hawaï. Leurs travaux, réalisés dans le cadre du Pôle de recherche national (NCCR) Survie des plantes, montrent que la plupart des plantes envahissantes prolifèrent là où le climat correspond à celui de leur aire d'origine : leur niche climatique est conservée.

Autre exemple : au début de l’année, neuf chercheurs ont fait paraître un texte intitulé The genomic impact of 100 million years of social evolution in seven ant species, dans Trends in Genetics. Parmi les auteurs figure Yannick Wurm, qui était post-doctorant au sein du groupe de Laurent Keller au moment des recherches. «Jusqu’à récemment, obtenir des données génétiques sur les fourmis était impos- sible, car beaucoup trop coûteux, explique le scientifique, âgé de 31 ans. Les outils nécessaires étaient alors surtout employés dans la recherche contre le cancer.» Mais des bonds technologiques ont rendu le séquençage du génome abordable pour d’autres domaines. En conséquence, plu- sieurs groupes du monde

entier ont travaillé sur son insecte favori, cha- cun de leur côté. L’équipe lausannoise s’est consa- crée à la fourmi de feu, une espèce agressive et invasive qui provoque de grands dégâts au sud des Etats-Unis.

Si ces travaux avaient déjà débouché sur une parution dans PNAS

(Proceedings of the National Academy of Sciences), le récent article rassemble et compare pour la première fois les résultats obtenus pour sept espèces. «Mais il en existe 20'000 dans la nature !», rappelle Yannick Wurm.

Les chercheurs sont-ils concurrents dans leur course à l’ADN ? «C’est un peu comme un club de karaté: nous nous connaissons tous, nous nous entendons bien et il y a un peu de rivalité !» Aujourd’hui, Yannick Wurm est lecturer, soit enseignant-chercheur, à la Queen Mary University de Londres. DS

1631

Le nombre de références faites à l’Université de Lausanne et au CHUV, dans les médias, depuis le début de l’année (selon la revue de presse Argus, au 13 avril 2012). En janvier, le rappro- chement de l’IDHEAP avec l’UNIL a été beaucoup relayé, notamment via Twitter. Le 25 du même mois, sur la chaîne américaine PBS, le documentaire Mystery of a Masterpiece faisait intervenir le professeur Christophe Champod (Ins-

titut de police scientifique). Il s’agissait d’analyser une em- preinte digitale repérée sur un tableau attribué à Léonard de Vinci. Les 20 et 21 février, le plan d’intentions 2012-2016 a été largement commenté. Les différents experts du campus ont ensuite été sollicités pour parler de la journée des maladies rares, qui s’est tenue à l’UNIL le 25 février. Le dimanche de votations et d’élections du 11 mars, ainsi que les polémiques sur la crois- sance dans le canton de Vaud, ont suscité questions et interviews de la part des médias. Enfin, entre le 19 et le 23 mars, l’émission Impatience de la RTS instal- lait ses micros à la Maison de la Rivière, à l’occasion des Rencontres de l’eau, orga- nisées par l’Interface Sciences-Société de l’UNIL. DS

UNE FOURMILIÈRE DE PUBLICATIONS

L’UNIL DANS LES MÉDIAS

UN COIN D’EUROPE À DORIGNY

NOMINATION

GRAND PUBLIC PASSAGE EN REVUE

La Fondation Jean Monnet pour l’Europe a choisi son nouveau directeur en la personne de Gilles Grin, ancien étudiant de l’UNIL, licencié en HEC, auteur d’un doctorat d’histoire économique sur le marché unique européen et actuel vice-directeur.

Il prendra ses nouvelles fonctions en juillet 2012.

Sa nomination s’inscrit dans la perspective d’un développement des activités universitaires et institutionnelles de la Fondation Jean Monnet, partenaire scientifique de l’UNIL et point de rencontre pour les grands acteurs de la politique eu- ropéenne, dont les débats sont publics. Enseignant à la Faculté des sciences sociales et politiques et à la Faculté de droit et des sciences criminelles, Gilles Grin souhaite don- ner à ses étudiants la pos- sibilité d’accéder d’une manière plus active aux archives de la Fondation, qui accueillent régulière- ment de nouveaux fonds et qui abritent une riche collection écrite, audio- visuelle et iconographique dans un superbe espace aménagé en sous-sol. NR Dans Le Temps

du 28 février, la professeure Nicole Déglon parlait d'une maladie rare, la chorée de Huntington.

© Karine Rebecchi

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QUATRE PERSONNALITÉS HONORÉES

«UN PAYS FRAGILE»

DIES ACADEMICUS DU 31 MAI 2012 ASSOCIATION

L'IMAGE

Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne 15 Une rétrospective sous forme d’exposition, une présentation de leur grou- pement dans les locaux de l’UNIL suivies d’une fête au Bleu Lézard: la FAE a joyeusement marqué le 30e anniversaire de sa fondation. L’occasion pour Camille Goy et Mélanie Glayre, les deux vice-pré- sidentes, très engagées, de la Fédération des étudiants·es·de l‘UNIL, d’évoquer les causes d’aujourd’hui. «Nous nous battons pour une forma- tion accessible à toutes et à tous et pour que l’égalité des chances soit respectée, affirment-elles. Notre but est d’obtenir les meilleures conditions d’études pos- sibles.» FZ – www.unil.ch/fae

LA FAE A 30 ANS

Philosophe et historien, Georges Vigarello reçoit le titre de Docteur ès sciences du sport et de l’éducation physique honoris causa de l’Université de Lausanne. Né en 1941 à Monaco, ce cher- cheur renommé, membre du Centre Edgar Morin à l’École des hautes études en sciences sociales, est un spécialiste du sport, du corps, de la santé, de l’hygiène et de l’éducation physique. Son travail pluridis- ciplinaire sur les imaginaires sociaux place dans une perspective historique les représentations de la virilité et de la féminité et interroge les pratiques, les valeurs et les normes sportives, scientifiques, techniques, juridiques liées au corps. NR

Dix ans après la publication du rapport Bergier, l’UNIL a organisé le 21 mars 2012 un cours public sur les retombées de cet immense travail dans la société et les écoles en particulier.

Ruth Dreifuss l’a rappelé: «Nous sommes un pays fragile», mais essayer de mieux comprendre notre histoire est «un acte citoyen». Elle a souligné «la lâcheté du Conseil fédéral» qui, pour préserver la paix intérieure, n’a pas repris à son compte les conclusions du rapport. Mais le travail a été fait: «L’image du hérisson suisse a été fortement nuancée et la tâche de faire connaître et de prolonger les résultats de cette entreprise historique incombe désormais aux historiens et aux pédagogues.» NR – www.unil.ch/autrementdit

Président de la Public Health Foundation of India, K. Srinath Reddy obtient le grade de Docteur en médecine honoris causa de l’Université de Lausanne.

Formé en cardiologie et en épidémiologie, cet ancien directeur du Département de cardiologie du All India Institute of Medical Sciences (AIIMS) se consacre notam- ment au développement et au renforcement des politiques de santé publique, ainsi qu’à la prévention des maladies cardio-vasculaires dans son pays. Auteur de nombreux articles scientifiques, actif au niveau international, il a également été primé pour ses talents littéraires et ses qualités oratoires. DS

L’avocate Christiane Brunner se voit conférer le grade de Docteure en droit honoris causa de l’Université de Lausanne. Ancienne pré- sidente du Parti socialiste suisse, cette syndicaliste genevoise a mené une belle carrière au Grand Conseil du canton de Genève (de 1981 à 1990), au Conseil national (1991 à 1995), puis au Conseil des Etats (de 1995 à 2007).

Bien qu’elle se soit depuis retirée de la scène publique, cette figure du socialisme intervient régulièrement et avec conviction dans les médias sur les sujets qui lui tiennent à cœur, comme l’engagement des femmes en politique, ou leur place dans la société. DS

Directeur du Chœur universitaire de Lausanne depuis plus de trente ans, Jean-Christophe Aubert reçoit le Prix de l’Université de Lausanne, au terme de sa dernière saison à la tête de l’ensemble. Cette année, sous la houlette de cet organiste de formation, une centaine de choristes ont préparé un monument de la musique occidentale : la Missa solemnis de Beetho- ven. Des extraits en seront joués lors du dies academi- cus. Modeste, pédagogue et pince-sans-rire, Jean-Chris- tophe Aubert a su entourer des choristes amateurs d’une structure solide : un comité, des formateurs vocaux et des pianistes professionnels. DS

Le 29 mars à Lausanne, la Fondation Leenaards a re- mis des prix scientifiques à trois équipes de spécialistes actifs à l’UNIL, à l’EPFL, à l’UNIGE et aux HUG, au- tour de projets innovants concernant le métabolisme, l’immunité intestinale et les circuits cérébraux. De plus, lors de la cérémonie, des bourses «bridge-relève» ont été attribuées à quatre jeunes chercheurs en médecine cli- nique de l’UNIL et du CHUV : Patric Hagmann et Silke Grabherr (au premier plan) ; Christian Wider et Jardena Puder (au second plan). Les récipiendaires pourront ainsi

«renforcer leur dossier académique en vue d’une prochaine mise au concours d’un poste professoral,» indique la Fon- dation. Cette dernière cherche ainsi à «protéger» le temps dédié à la recherche, avec un certain résultat, puisque

«neuf des douze boursiers financés sont aujourd’hui pro- fesseurs ordinaires, dont sept à l’UNIL-CHUV». Il s’agit également de préparer la relève dans les disciplines de la médecine clinique. (RÉD.)

DISTINCTIONS

PRIX ET BOURSES LEENARDS

lix Imhof © UNIL © Nicole Chuard

© Sébastien Agnietti DR © Edouard Rieben lix Imhof © UNIL

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ONT-ILS ATTEINT

LEURS LIMITES?

LES SPORTIFS

Aux Jeux de Pékin, seuls cinq records du monde ont été battus, dont trois par le seul sprinteur Usain Bolt. Faut-il

s’attendre à passer l’été olympique de 2012, à Londres, sans atteindre de nouveaux sommets ? Le point sur la question

à l’occasion des Mystères de l’UNIL (portes ouvertes) qui seront consacrés à l’avenir de sport.

TEXTE LAURENT BONNARD

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USAIN BOLT

L'athlète jamaïcain célèbre sa victoire aux 4x100m, lors des jeux olympiques de Pékin, en 2008. Il détient depuis août 2009 le record du monde du 100m, en 9'58.

© Fabrice Coffrini – AFP

M

oins haut, moins vite, moins loin, et surtout moins fort. Depuis quelques années, les ath- lètes qui participent aux Jeux olympiques ont toutes les peines du monde à justifier la devise du CIO. Ils n’arrivent plus à battre les records établis durant les décennies précédentes. Aucune femme n’approche désormais le chrono extraterrestre de 10’49 secondes sur 100 mètres sprint claqué par l’Américaine Florence Griffith-Joyner en 1988. Plus personne ne s’élève largement au-dessus d’une barre placée à 6 mètres en saut à la perche, comme le faisait Sergueï Bubka (6,14 m) à la grande époque. Et personne ne soulève 472 kilos en deux épreuves, comme l’haltérophile iranien Hossein Reza Zadeh il y a douze ans à Sydney. Æ

Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne 17

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Æ Est-ce à dire que le corps humain a atteint ses limites ? Que nous devrons nous habituer à des Jeux olympiques sans records ? En prévision des Mystères à l’UNIL, qui auront lieu les 2 et 3 juin à Dorigny, et qui seront consacrés au sport et à son avenir, Allez savoir ! a tenté de vérifier cette hypothèse avec Grégoire Millet, professeur associé à la Faculté de biologie et de médecine et directeur adjoint à l’Institut des sciences du sport de la Faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL.

Usain Bolt fait mentir les pronostics

Plutôt que de prendre des paris sur le nombre de records qui seront battus cet été lors des JO de Londres, le spécia- liste reste prudent. Il est vrai que, par le passé, un institut renommé d’épidémiologie du sport s’était hasardé à fixer une limite en-dessous de laquelle le record du 100 mètres ne pourrait jamais descendre, jusqu’à ce que le phénomène Usain Bolt atomise cette démonstration académique lors des jeux de Pékin, en 2008.

Il est tout aussi vrai aussi que des scientifiques de «très haut calibre» ont prédit dans les meilleures publications spécialisées que les femmes seraient bientôt plus rapides que les hommes sur le marathon… On en est encore loin !

Le dopage peut jouer un rôle

Grégoire Millet s’intéresse beaucoup, en revanche, aux ruptures qui marquent la progression des records. Le chercheur de l’UNIL avance quatre grands groupes de facteurs qui expliquent des stagnations ou des avancées spectaculaires des athlètes dans différents sports.

D’abord, «malheureusement», inutile de nier la présence du dopage et son perfectionnement irrépressible. Grégoire Millet n’en oublie pas l’importance, lui qui a obtenu un diplôme à l’Université de Montpellier sur le thème «Dopage : de l’analyse à la prévention».

On n’arrête pas le progrès

Ensuite, il y a tout le chapitre multiforme des avancées technologiques. Et en la matière, «rien ne dit qu’on ne va pas continuer à progresser», par exemple dans les textiles mis à la disposition des athlètes ou, très concrètement encore, dans la qualité du tartan utilisé pour les pistes dans les stades.

Les illustrations pertinentes ne manquent pas: on connaît les progrès faits dans la fabrication des raquettes de tennis, dont l’importance est soulignée par tous les champions sollicités d’établir des comparaisons entre les époques pour désigner le «meilleur des meilleurs»; ou les combinaisons, en natation, qui ont permis de battre des records en rafales, avant qu’elles ne provoquent une sévère remise en ordre. Et un retour à la situation précédente.

A cela s’ajoutent les inventions plus spécifiquement techniques dans tel ou tel sport, comme le Fosbury flop (rouleau dorsal) qui a permis aux sauteurs en hauteur de progresser. Dans d’autres cas, il a fallu intervenir avant que ces révolutions ne provoquent un drame, ou ne faussent les compétitions.

Grégoire Millet insiste : «Ce sont les fédérations sportives internationales qui doivent prendre leurs responsabilités et régir leur sport», au besoin en modifiant la courbe des records (les limites imposées aux javelots des lanceurs ou aux perches des sauteurs).

Les nouveaux athlètes

Troisième dimension dont l’importance est moins souvent soulignée, mais qui reste d’actualité, c’est l’apparition des

«nouveaux athlètes»! Le débarquement impressionnant des grands gabarits dans certains sports peut y faire penser, mais nous sommes loin d’avoir tout vu, tant les réservoirs sont considérables, si on considère que seule une minorité des populations mondiales est concernée par le sport de haut niveau.

Théoriquement, note Grégoire Millet, «il est tout à fait concevable que des dizaines d’Usain Bolt existent et ne seront jamais découverts, ni surtout encadrés jusqu’à la réussite, faute d’un minimum d’organisation sportive dans leur environnement direct».

Dans le sport féminin en particulier, on peut encore penser que la disparition progressive d’interdits culturels ou religieux pourrait favoriser l’émergence de nouvelles athlètes aussi dominantes que leurs homologues masculins dans des spécialités comme les courses de fond; le bassin de «recrutement» est immense et on pense aux émules du Printemps arabe dans le monde musulman.

On n’est pas égaux devant le football ou le ski Socialement parlant, il y a «énormément d’acteurs potentiels qui ne sont pas sur le terrain et qui n’y seront probable- ment jamais», poursuit le chercheur de l’UNIL. Pour toutes sortes de raisons, comme la pauvreté, entre autres. Æ

«IL EST TOUT À FAIT

CONCEVABLE QUE DES DIZAINES D’USAIN BOLT EXISTENT ET NE SERONT JAMAIS DÉCOUVERTS»

GRÉGOIRE MILLET

GRÉGOIRE MILLET Directeur adjoint à l'Institut des sciences du sport de l'UNIL.

© Nicole Chuard

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POLÉMIQUE

L'utilisation de combinaisons en polyuréthane a permis aux nageurs de battre des records en série.

© Wolfang Rattay – Reuters

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Æ Car tous les sports ne sont pas aussi universels tels que le football, auxquels «une majorité de mômes peuvent avoir un accès direct».

Il existe d’autres spécialités dont l’aire de recrutement est nettement plus limitée, question de contingences sai- sonnières ou de ressources technologiques (le bob ou le saut à ski, entre bien d’autres !). «Concrètement, quels que soient les dons de ces champions hors normes, il y a davantage de chances qu’émerge un jour un petit Drogba qu’un petit Cuche !»

Enfin on ne sous-estimera pas, évidemment, le rôle des techniques d’entraînement. Un des chevaux de bataille de Grégoire Millet, passion qu’il partage avec bien d’autres spécialistes. «La préparation physique d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’il y a seulement dix ans !» A l’entendre, un bouleversement d’envergure est en cours : jusqu’ici,

pratiquement tout ce qui se faisait dans ce domaine venait du «terrain» (ce n’est par exemple pas un biomécanicien qui a inventé le style en V pour le saut à ski).

Actuellement, les suggestions des scientifiques et des chercheurs sont acceptées et mises en œuvre par les entraî- neurs. Et cette collaboration modifie de fond en comble des secteurs aussi cruciaux que la musculation ou la récupéra- tion, pour ne citer que ceux-là. Sans insister sur les apports de l’entraînement en altitude ou les enseignements extraor- dinaires que peuvent fournir les systèmes de mesures de plus en plus performants embarqués sur les sportifs.

A l’exception du dopage, ces multiples ouvertures laissent bien sûr entrevoir de nouveaux gisements de performances sportives. A court et à plus long terme. Une culture multidis- ciplinaire est en train de prendre corps et de faire exploser les anciennes frontières du sport. A l’ombre des records. 

MARITA KOCH

Sous les couleurs de la DDR, cette athlète décroche le record du monde du 400m le 6 octobre 1985 à Canberra. Son temps de 47''60 tient toujours.

© Keystone/DPA

«LA PRÉPARATION PHYSIQUE

D’AUJOURD’HUI N’A RIEN À VOIR AVEC CELLE D’IL Y A SEULEMENT DIX ANS!»

GRÉGOIRE MILLET

(21)

A

u secours, Zeus revient ! Tous les quatre ans, c’est inévitable. Lorsque les Jeux olympiques réapparais–

sent au calendrier sportif international, la mythologie et l’histoire grecques sont convoquées pour donner un soupçon de lustre antique à des compétitions qui se dérouleront à Londres cet été.

L’origine des Jeux de l’Antiquité remonte très précisément à 776 av. J.-C., l’année des premières compétitions à Olympie, attestées par des listes de vainqueurs établies par Hippias d’Elis, environ trois cents ans plus tard. Les concours se perpétueront pendant des siècles, jusqu’en 393, l’année où ils sont supprimés par la volonté de l’empereur romain chrétien Théodose. Et après une longue inter- ruption, c’est seulement en 1896 qu’ils sont en quelque sorte réinventés par le baron français Pierre de Coubertin, pour être célébrés régulièrement tous les quatre ans depuis lors.

C’est donc sur la base de cette chronologie difficilement contestable qu’est célébré l’héritage des Jeux an- tiques qui imprégnerait, via de Cou- bertin, les Jeux modernes. A y regarder de plus près, la parenté tient davantage du mythe que de la réalité des temps anciens. Vérification (partielle) avec Anne Bielman Sánchez qui, à l’Uni- versité de Lausanne, est professeure d’histoire ancienne et qui, en 1984, puis en 1987, organisa avec Laurent Flutsch les premiers «Jeux olympiques antiques» de l’UNIL.

DOGME N° 1

Dans l’Antiquité, «l’important n’était pas de gagner, mais de participer».

Ce slogan favori du baron de Cou- bertin serait directement inspiré des Jeux antiques…

FAUX. A Olympie, l’un des quatre grands jeux panhelléniques avec Né- mée, Isthme de Corinthe et Delphes, seul le vainqueur est célébré, les autres ne laissent aucune trace dans les an- nales et les inscriptions. «Le podium est une invention moderne, souligne Anne Bielman Sánchez. Dans l’Anti- quité, il n’y avait pas de deuxième, ni de troisième place.»

Les athlètes venaient à Olympie uniquement pour la gloire qui devait retomber sur eux-mêmes, leur cité

d’origine et leurs dieux en cas de victoire.

Ce qui n’empêchait pas, semble-t-il, que les organisateurs de jeux de moyenne importance mettent de l’argent sur la table pour attirer des vedettes.

DOGME N° 2

A cause de la trêve sacrée, les conflits et les guerres s’interrom- paient pendant les Jeux antiques.

Ce qui devrait être un exemple pour les temps actuels.

FAUX. La célèbre trêve qui était dé- crétée à l’occasion des Jeux antiques n’a jamais empêché deux cités de se faire la guerre. «La trêve n’était Æ

«DANS L'ANTIQUITÉ, L’IMPORTANT N’ÉTAIT PAS DE PARTICIPER»

Lors des Mystères de l’UNIL le 3 juin prochain, des Jeux olympiques à l’ancienne seront de nouveau organisés à Dorigny. C’est l’occasion de tester vos connaissances sur les vrais Jeux antiques. Et là, surprise, nous avons la tête remplie d’idées fausses.

RÉGIME

LES GRECS DE L'ANTIQUITÉ AVAIENT ÉTABLI LE LIEN ENTRE L'ALIMENTATION ET LES

PERFORMANCES

Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne 21 ANNE BIELMAN SÁNCHEZ Professeure ordinaire en section d'archéologie et des sciences de l'antiquité.

© Nicole Chuard

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LE SPORT AUX RAYONS X

Les 2 et 3 juin 2012, près de 400 chercheurs, enseignants et étudiants vous accueilleront à Dorigny, à l’occasion des Mystères de l’UNIL (jour- née portes ouvertes).

Une énigme, une dizaine de laboratoires et une vingtaine d’ateliers vous donneront l’occasion d’exercer votre curiosité scientifique et vos apti- tudes sportives. Toutes les animations sont gratuites et destinées à tous les publics.

Le dimanche 3 juin de 13 h à 19 h, les visiteurs pourront assister à la reconstitution d’une céré- monie complète de Jeux olympiques antiques.

Au programme, les disciplines classiques du pentathlon, la course, le saut en longueur, le jave- lot, le disque et la lutte.

Sans oublier la culture:

chant, flûte et poésie.

www.unil.ch/mysteres Æ qu’une façon de garantir la sécurité

des athlètes sur le chemin des compéti- tions et pendant celles-ci, considérées comme des fêtes religieuses. Rien de plus», précise l’historienne de l’UNIL.

DOGME N° 3

Les athlètes antiques étaient des amateurs, ce qui explique que le CIO a longtemps interdit aux pro- fessionnels de participer aux JO de l’ère moderne.

FAUX. Cette exigence d’amateurisme est une invention du baron de Couber- tin. «Il faut se souvenir que dans le monde grec ancien, il était mal vu de travailler, statut réservé aux esclaves et aux artisans, rapporte Anne Bielman Sánchez. Pour s’entraîner, il fallait donc en avoir les moyens; la pratique du sport s’en trouvait, de fait, réservée aux membres de familles aisées, voire aristocratiques pour certains sports comme les courses hippiques.»

Cela dit, l’entraînement était chose sérieuse. On sait par exemple que les enfants repérés pour leurs dons dans telle ou telle discipline étaient confiés, dès leur plus jeune âge, à des spécia- listes. «On les appelait les pédotribes, littéralement, note l’historienne, ceux qui usent les enfants par l’exercice»…

Les ancêtres des coaches, peut-être!

DOGME N° 4

La sportivité était la marque de fabrique des Jeux antiques.

FAUX. «C’est une image idyllique des Jeux antiques. L’Antiquité elle- même, dans son ensemble, souffre souvent d’images toutes faites, assez peu fidèles à la réalité», constate Anne Bielmann Sánchez.

Les sources dont nous disposons ne fourmillent pas d’exemples de triche- ries, mais l’existence de juges chargés de repérer les coups bas – et munis de bâtons pour frapper les récalcitrants – dit assez que les gestes antisportifs n’épargnaient pas les Jeux antiques, même s’ils étaient célébrés en l’hon- neur des dieux.

DOGME N° 5

La participation des femmes aux JO, en constante augmentation depuis 1900 (42% en 2008 à Pékin), rejoint la pratique des Anciens.

FAUX. «Il n’y avait pas de femmes aux Jeux panhelléniques, ni dans les gradins, ni dans les stades !, assure Anne Bielman Sánchez. A une excep- tion près, à Delphes, la présence d’une seule femme spectatrice, habillée tout en blanc, parmi la foule exclusivement masculine, la prêtresse de la déesse Déméter.»

Cela dit, on signale aussi, entre les courses, l’arrivée de femmes lé- gèrement vêtues, pour faire prendre patience au public… les pom-pom girls ne sont pas loin !

Il existait pourtant des jeux mi- neurs, organisés pour les «femmes»

(en réalité, des adolescentes de 12-16 ans non mariées) sous la protection d’Héra. Au programme, uniquement des courses. Au Ier siècle av. J.-C., des épreuves hippiques (courses de chars) mixtes sont attestées.

DOGME N° 6

Le nationalisme est une invention des Jeux modernes.

FAUX. «Les cités se livraient une concurrence féroce. Même si elles ne finançaient pas directement les ath- lètes, elles mettaient au moins des gymnases à leur disposition pour leur entraînement», rappelle l’historienne de l’UNIL. Au bout du compte, compter un vainqueur parmi ses ressortissants était un honneur suprême, ce qui ex- plique leur rivalité.

Indice significatif: dans les listes des vainqueurs qui ont traversé les âges, le nom des cités d’origine est dûment mentionné.

DOGME N° 7

Les athlètes antiques ne se dopaient pas. Voilà pourquoi, entre autres, il faut combattre cette pratique aujourd’hui.

À MOITIÉ FAUX. Les Grecs n’avaient pas trouvé la formule de l’EPO. Mais rien ne dit qu’ils auraient renoncé à uti- liser des produits permettant d’amé- liorer leurs performances. Ainsi, le lien entre l’alimentation et les perfor- mances sportives a été établi très tôt.

Le premier régime strict date du VIIe siècle av. J.-C., il était dit «sec» : l’athlète se nourrissait uniquement de figues sèches, additionnées éventuellement de fromage frais.

Puis, dès le Ve siècle est apparu un nouveau régime (peut-être préconisé par le philosophe Pythagore), à base de viande grillée, surtout du bœuf grillé… l’un de ses principaux adeptes était le fameux Milon de Crotone qui remporta rien moins que six victoires à Olympie, neuf aux Jeux Néméens, six à Delphes et dix aux Jeux Isthmiques.

Autant de recettes que les visiteurs des prochains Mystères de l’UNIL pourront déguster.  LB

1987

Les athlètes avant le sacrifice, lors des Jeux olympiques antiques de l'UNIL. DR

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RÉFLEXION

COMMENT PEUT-ON VÉRIFIER QUE TELLE UNIVERSITÉ PRODIGUE,

GLOBALEMENT, UN EXCELLENT ENSEIGNEMENT ?

D

e tout temps, chaque institu- tion de formation s'est effor- cée d'offrir les meilleures prestations d'enseignement.

Mais pour ce qui concerne la formation supérieure, la situation s'est récemment exacerbée en raison de la concurrence qui a été instaurée entre les hautes écoles aux niveaux national et international.

De nos jours, pour convaincre étudiants, autorités et médias, le maître mot est l'excellence. On a entendu à l'envi des responsables de hautes écoles déclarer que l'excel- lence était le seul critère de leurs choix et de leur stratégie. Mais en fait, que signifie ce terme ? Est-il magique au point qu'il suffirait de le prononcer haut et fort pour que la formation que l'on offre soit meil- leure que celle des concurrents ? Je n'en suis pas si sûr. Ce que je sais, c'est que je n'ai jamais entendu qui- conque annoncer vouloir atteindre la médiocrité ou la piètre qualité. Et d'ailleurs, comment peut-on vérifier que telle université prodigue, globa- lement, un excellent enseignement ? La réponse la plus fréquente est que pour qu'une haute école soit excel- lente, il lui suffit de n'admettre que les meilleurs élèves. Une sélection stricte à l'entrée, des ressources généreuses pour un nombre limité d'étudiants, voilà ce qui semble être la solution pour atteindre l'excellence et la reconnaissance de tous.

VISER LA RÉUSSITE …

PLUTÔT QUE L'EXCELLENCE !

En y réfléchissant à deux fois, j'ai pourtant quelques doutes. D'une part, je ne crois pas que l'on puisse classer les futurs étudiants de ma- nière bien ordonnée, du plus mau- vais au meilleur: c'est même une évidence car si le succès en ma- tière d'études dépend en partie des connaissances et des compétences acquises antérieurement, il est aussi et peut-être surtout la conséquence de la motivation qui anime l'étu- diant, car c'est elle qui lui procure la soif d'apprendre et la passion pour la discipline de son choix. D'autre part, si la sélection privilégie l'ins- titution qui l'applique, elle ne rend pas service au système de formation dans son ensemble: que deviennent tous les candidats non admis ? Une autre école – médiocre – doit-elle les accepter ou doivent-ils abandonner leur projet de formation ?

Enfin, s'il était vraiment possible de sélectionner à l'admission les ex- cellents étudiants, l'école qui le ferait n'aurait pas grand mérite à ce que ceux qui la quittent soient excellents, puisqu'ils l'étaient déjà avant d'entrer : ce serait la moindre des choses que l'on pourrait attendre d'elle !

Au contraire, la haute école la plus performante à mes yeux, c'est celle qui accueille ses étudiantes et ses étudiants comme ils sont, qui ac- cepte de faire confiance à celles et ceux qui les ont formés auparavant et qui est capable de faire parcourir

à ses étudiants le plus de chemin dans la découverte du savoir. C'est celle qui sait faire éclore la curiosité, qui offre des conditions d'études qui font envie, qui varie et innove ses méthodes d'enseignement, celle qui arrive à instaurer une véritable culture de l'apprentissage où chacun se sent motivé et mis en valeur. Y parvenir, c'est un défi extrêmement difficile, mais magnifique. Et que l'on ne s'y méprenne pas, il est par- faitement compatible avec un haut degré d'exigence.

Ce pour quoi j'ai le plus grand respect, c'est de viser la réussite de chaque étudiante et de chaque étudiant qui entre dans une haute école, que ce soit en l'accompagnant vers son objectif de formation ou en lui donnant les moyens de trouver une autre voie qui lui permettra de se développer. C'est aussi dans cet esprit que chaque pièce de la grande chaîne de la formation – de l'école enfantine à l'université – apporte sa meilleure contribution au système global, afin de donner à chacune et à chacun la possibilité de faire le che- min qui correspond à ses attentes et à ses capacités, et d'éviter que quiconque ne reste en marge.

Viser la réussite est un objectif probablement plus ambitieux que proclamer l'excellence ! 

DOMINIQUE ARLETTAZ Recteur de l’UNIL

Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne 23

(24)

VIVRONT-ILS MOINS BIEN

QUE LEURS PARENTS ?

LES ENFANTS DES

BABY-BOOMERS

Lors du Forum des 100, qui sera organisé par L’Hebdo à l’UNIL le 24 mai 2012, les invités évoqueront les «Points de bascule» qui caractérisent notre société. Ils chercheront notamment à répondre aux craintes des jeunes, confrontés à la volatilité et à l’incertitude croissantes, qui ont parfois le sentiment de grandir moins bien que leurs parents.

Au fait, c’est vrai ?

TEXTE SONIA ARNAL

I

ls sont nés entre 1945 et 1975, dans l’euphorie de l’après-guerre et d’une croissance économique ra- dieuse qui aura duré trente ans. Leur première par- ticularité est d’être une cohorte démographique très bien garnie. Mais les baby-boomers ont aussi grandi dans des conditions très privilégiées : démocratisation des études supérieures, plein emploi, ascenseur social, ils auront même eu droit à une révolution des mœurs. L’ave- nir de leurs enfants s’annonce cependant moins radieux.

Quelqu’un va bien devoir payer les retraites ou les frais médicaux de cette génération dorée, qui en plus bénéficie d’un allongement de la durée de vie sans précédent. Et ceci alors que le marché du travail s’est durci. Faut-il s’attendre à une lutte parricide entre ces deux générations ?

Les nombreux baby-boomers ont fait peu d’enfants L’AVS a été créée en 1948 (cette année-là, on comptait en Suisse 100 travailleurs pour 13 retraités). Les baby-boo- mers sont très nombreux, et en plus ils n’ont pas fait beau- coup d’enfants: aujourd’hui, le même nombre d’employés doit soutenir deux fois plus de pensionnés.

On en est donc déjà à un ratio de 100 pour 26, et à en croire les projections démographiques, on ne va pas vers le mieux, puisque, troisième élément dans cette équation, les baby- boomers gagnent trois mois d’espérance de vie chaque année. Vers 2050, on en sera sans doute à un taux de 100 travailleurs pour 50 retraités. Leurs enfants devront financer ces retraites – clairement, ils sont bien moins lotis que les générations précédentes de ce point de vue.

Le premier point de friction entre ces deux cohortes est financier, et il découle de l’évolution de la population. Outre l’AVS, d’autres terrains de bataille répondent à ces mêmes caractéristiques. Le deuxième pilier, bien sûr – le 7 mars 2010, les Suisses ont refusé de baisser le taux de conver- sion, ce qui garantit aux travailleurs bientôt à la retraite une meilleure pension, mais risque de poser problème à leurs enfants, exactement comme avec l’AVS.

Le cliché du «pauvre retraité» a vécu…

Autre exemple encore, l’assurance-maladie. L’Office fédéral de la santé publique comme les commissions de la santé des deux chambres planchent actuellement sur diverses Æ

2050 LA SUISSE

COMPTERA 100

TRAVAILLEURS

POUR 50

RETRAITÉS

(25)

EMPLOI

DÉMARRER DANS LA VIE EST

PLUS DIFFICILE AUJOURD’HUI QUE DANS LES ANNÉES 1970

© Linda Steward – iStockphoto.com

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«LES JEUNE S ENTRENT DE PLUS EN PLUS TARD SUR L E MARCHÉ DU TRAVAIL»

Des difficultés à trouver un premier emploi, plusieurs changements d’employeurs, et moins de places de cadres à disposition : tels sont les clichés qui circulent dès qu’on parle jeunes diplômés et travail. Spé cialiste des ressources humaines à l’UNIL, Franciska Krings explique que la réalité n’est pas si simple.

DES POINTS DE BASCULE, UN FORUM

Pour la huitième année consécutive, L’Hebdo organise son Forum des 100. Cette année encore, l’UNIL accueil- lera la manifestation, qui se déroulera le jeudi 24 mai. Selon le principe désormais bien établi, des intervenants d’horizon divers aborde- ront un même thème, en l’occurrence les «Points de bascule», notamment entre les générations.

Pour les organisateurs,

«le monde semble avoir atteint une série de points de bascule simultanés. La crise économique se super- pose à une crise de confiance politique. Les tensions géopolitiques s'accompagnent d'une faiblesse du système de gouvernance globale. Les défis de long terme dans la formation, le climat, les investissements vont de pair avec une focalisation croissante sur le court terme et l'urgence. La retraite des

«baby-boomers» coïncide avec l'émergence d'une multitude de probléma- tiques générationnelles.

Quelles réponses peut-on apporter au sentiment des jeunes qu'ils vivront moins bien que leurs parents, à la volatilité et à l’incertitude croissantes ?».

Æ propositions qui visent à alléger les primes des 19-25, voire des 35-45 ans, pour faire passer à la caisse la géné- ration précédente. C’est que pour l’heure, les enfants des baby-boomers rapportent beaucoup plus qu’ils ne coûtent:

près de 200 francs par mois par jeune de 19-25 ans, alors que la collectivité paie 269 francs pour chaque personne de 70-75 ans.

Toucher au principe de solidarité

Ces réflexions, évidemment, touchent au principe de la solidarité. Mais comment résister à la tentation quand on sait que les retraités sont statistiquement plus à l’aise que les familles ? Une étude menée à Zurich montre par exemple que les couples de pensionnés représentent 21%

des contribuables, mais détiennent 52% de la fortune décla- rée dans le canton. Le cliché du «pauvre retraité» a vécu…

«Aujourd’hui, même si on peine socialement à l’admettre et que l’on a peu adapté les mesures de solidarité, le pauvre, c’est la mère de 35 ans qui élève seule ses enfants de 7 et 4 ans», décrit Jean-Pierre Fragnière, docteur en sociologie de l’Université de Lausanne et spécialiste notamment des rapports entre les générations.

Un point de vue que nuance Alain Clémence, professeur à l’Institut des sciences sociales de l’UNIL : «C’est vrai que les familles avec de jeunes enfants courent davantage le risque de sombrer dans la pauvreté, mais les statistiques ne disent pas tout : il y a encore des personnes âgées dans les difficultés financières. Plutôt que de se demander quel groupe d’âge profite de l’autre ou le subventionne, il faudrait réfléchir à une façon d’aider ceux qui en ont besoin, quelle que soit la génération à laquelle ils appartiennent, et de faire payer davantage ceux qui peuvent se le permettre.»

C’est un peu comme la reine Elisabeth et son fils…

Plus délicates encore à aborder, il y a les questions d’héri- tages. On l’a vu, une partie importante des retraités suisses vit plutôt confortablement. Les baby-boomers ont hérité de leurs parents quand ils étaient jeunes, et ils ont globalement bien gagné leur vie. Mais ils sont un peu comme la reine Elisabeth avec son fils le prince Charles, qui a dû faire une croix sur le trône : il a bientôt 64 ans. Le pauvre homme est arrivé à l’âge de la retraite avant même d’avoir pu accomplir un seul jour du travail auquel il était destiné…

Les baby-boomers affichent une longévité unique et nouvelle dans l’histoire de l’humanité, et leurs enfants tou- cheront leur héritage à passé 60 ans, une période de la vie où on en a moins l’usage qu’à 30 ans. Encore un désavantage ?

«Il est vrai que les enfants de baby-boomers ne toucheront pas un héritage "traditionnel", et que, de ce point de vue, on peut peut-être considérer qu’ils sont moins "chanceux"

que leurs parents», analyse Jean-Pierre Fragnière.

Mais diverses études montrent que des transferts d’argent importants ont lieu entre les générations : «Les grands-parents soutiennent beaucoup leurs enfants, en È

Est-ce qu’il est plus difficile pour un diplômé 2012 d’entrer sur le marché du travail que ça ne l’était pour ses parents ?

FRANCISKA KRINGS Ça n’est pas forcément plus dif- ficile, mais il est clair que les jeunes entrent sur le marché du travail de plus en plus tard. Ils passent souvent par une période où se succèdent des stages, rémunérés ou non, et des postes à durée déterminée. Ce que leurs parents n’ont pas connu. Mais c’est un changement lié à l’allongement de la durée des études, et qu’on ne peut pas attribuer seu- lement à un changement de la structure du marché du travail : il est sociétal. La génération précédente s’estimait hors de l’adolescence à 20 ans, maintenant les étudiants eux-mêmes ne se considèrent pas comme adultes avant 25-30 ans – on a d’ailleurs donné un nom à cette nouvelle période transitoire, «emerging adulthood», qui marque bien cette évolution. Aujourd’hui, on se marie plus tard, on a des enfants plus tard, et en toute logique, on a un «vrai»

travail plus tard aussi.

Les chiffres montrent pourtant que les jeunes sont davantage touchés par le chômage que la génération des baby-boomers…

Oui, jusqu’à deux fois plus, mais ce n’est pas du tout le même chômage. Les quinquagénaires à la recherche d’emploi sont peu nombreux, mais ils restent longtemps dans cette situation. Se retrouver au chômage à cet âge-là est une catastrophe, parce que les chances d’en sortir sont faibles. Les jeunes sont plus nombreux et plus souvent au chômage, mais pour des périodes très courtes: ils passent très facilement d’un job à l’autre, et ils n’ont le plus souvent pas beaucoup de difficulté à se trouver une place. Mais il reste vrai que leurs parents n’ont pas connu cette situation.

Voyez-vous apparaître d’autres différences dans le rapport au travail ?

La carrière des baby-boomers montait en flèche bien droite jusqu’à ce qu’ils aient 40-45 ans, puis redescendait lente- ment. Leurs enfants ont et auront des CV beaucoup moins linéaires, avec des ascensions rapides, des pauses pour

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