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LA VIE QUOTIDIENNE AVENISE AU XV I SIÈCLE

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LA VIE QUOTIDIENNE

A VENISE

AU XVIII SIÈCLE

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NORBERT JONARD

LA VIE QUOTIDIENNE

A VENISE

AU XVIII SIECLE

HACHETTE

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© Librairie Hachette, 1965 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

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A MA FEMME

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AVANT-PROPOS

IL Y A PLUS de cinquante ans qu'aucun livre n'a paru en

France sur Venise au XVIII siècle. C'est après avoir fait

cette constatation que nous avons entrepris, encouragé

par les travaux récents des historiens italiens, d'essayer de modifier sensiblement le tableau haut en couleur que Philippe Monnier avait brossé pour nous en 1908. Il vient un temps où il faut épousseter les vieux livres. Ce n'est pas leur faire offense que de vouloir les rajeunir. L'histoire se fait et se refait tous les jours. Celle de Venise n'a pas échappé à cette loi. Pour beau- coup la cité des doges est restée une ville de légende, la patrie d'élection du carnaval et la reine de l'Adriatique. C'est voir Venise par les yeux des voyageurs étrangers ou des satiriques que de la tenir seulement pour la Sybaris de l'Europe ; c'est s'interdire toute compréhension que de la considérer comme une presqu'île de la Vénétie. Si l'on ampute la Sérénissime de ses provinces de terre ferme on se condamne à passer sous silence le problème de la décadence posé par cette république qui, à Cambrai, tint tête à l'Europe coalisée. Aujourd'hui, on ne peut plus ignorer les splendeurs et les misères de Venise au XVIII siècle. En montrant l'envers du décor, nous avons sans doute souvent sacrifié le pittoresque, mais la vérité exigeait ce sacrifice.

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Mais n'est-ce pas, à la réflexion, une tentative bien vaine ou bien téméraire que de vouloir fixer les traits d'une société aussi vivante et mouvante que celle de Venise ? Quel piège saisira jamais la vérité, toute la vérité ? Nous ne prétendons pas avoir travaillé pour l'éternité. D'autres études viendront qui corri- geront la nôtre. Nous avons borné notre ambition à faire mieux connaître une république qui ne laisse pas d'intriguer, aujour- d'hui encore, de nombreux historiens. Ceux-ci reconnaîtront aisément ce que nous devons à leurs patientes recherches.

Sans les travaux remarquables de MM. Daniele Beltrami, Marino Berengo, Roberto Cessi, Massimo Petrocchi et de quelques autres cet ouvrage ne serait pas. Nous aurions voulu pouvoir les citer plus souvent. Nous avons pensé les servir en écrivant pour le public français cette étude qui est une mise à jour et une mise au point. Notre amour des lettres et de l'Italie a fait le reste.

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CHAPITRE PREMIER MYTHE ET RÉALITÉ

s

SI VENISE n'existait pas, il faudrait l'inventer. Mais Venise existe-t-elle ? A-t-elle jamais existé ailleurs que dans l'imagination délirante de quelque romancier ou sur la toile fantasmagorique de quelque peintre ? Le président de Brosses, sur le chemin de l'Italie, a-t-il cru s'y arrêter? Et Montesquieu? Et Rousseau? Et Goethe? Et tant d'autres encore qui sont allés dans cette république des mirages?

N'ont-ils pas rêvé, sur un air de carnaval, à Venise la rouge où pas un bateau ne bouge? « Tout s'y passe doucement dans l'eau... », dit notre Bourguignon de président. Quand Musset lui demande le décor d'une nuit, quand Verlaine fait revivre ses fêtes galantes, quand Aloysius Bertrand nous invite à danser et à chanter, « nous qui n'avons rien à perdre ; et que, derrière le rideau où se dessine l'ennui de leurs fronts penchés, nos patriciens jouent d'un coup de cartes palais et maîtresses », est-ce à la Venise du XVIII siècle qu'ils pensent ou n'est-ce pas plutôt à une ville qu'en une autre existence peut-être ils ont déjà vue et dont ils se souviennent? Car Venise est enfouie au fond de notre mémoire comme un mythe au fond des âges.

Et notre mémoire est fidèle à la Venise des masques et des bergamasques, des arlequins et des colombines, de l'amour et de la volupté.

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Si Venise vit aujourd'hui encore dans notre souvenir, c'est sans doute plus à la littérature qu'à l'histoire qu'elle le doit.

L'historien informe, l'homme de lettres déforme, car si le premier découvre la réalité avec les yeux de la raison, le second la regarde avec les yeux du cœur. Quand Montesquieu écrit que ses « yeux sont satisfaits à Venise », mais que son cœur et son esprit ne le sont point, nous pouvons lui faire confiance : il parle en historien Quand l'abbé Richard cite le gouverne- ment de Saint-Marc comme le chef-d'œuvre de l'esprit répu- blicain il ne fait que répéter ce que d'autres voyageurs ont dit avant lui depuis le siècle d'or de la Renaissance. Son témoi- gnage est suspect, soit parce qu'il est superficiel, fondé sur les apparences, soit parce qu'il est orienté, bâti sur des préjugés.

Il en est de même de beaucoup de voyageurs qui ne font que passer à Venise où ils arrivent avec tout un bagage d'idées reçues dont ils ne se séparent pas aisément. Bien souvent, ils n'ont ni le temps de se familiariser avec le dialecte du peuple ni le loisir d'être reçus par les familles patriciennes. Ils ne renoncent pas pour autant à juger d'une ville qu'ils ont par- courue à grands pas, leur Misson sous le bras. Car le Nouveau Voyage d'Italie, Avec mémoire contenant des avis utiles à ceux qui voudront faire le même voyage est le Baedeker le plus utilisé des touristes. Charles de Brosses a puisé largement dans l'édition de 1722 comme il a puisé dans Les Délices de l' Italie dus à la plume alerte de Rogissard. Ne s'est-il pas comparé au héros d'un conte oriental, le secrétaire Jasmin des Quatre Facardins de Hamilton, « qui s'amusait tout le long du chemin à recueillir des chiffons de mémoire et à faire sur toutes les billevesées qu' il rencontrait des fatras de remarques que le vent emporta un beau matin» ? De là cette impression de déjà connu que donnent les livres de voyage, écrits de bric et de broc, choses vues entre- mêlées de choses lues.

Car avant de faire fond sur ces documents, il ne faut pas

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oublier qu'au XVIII siècle les lettres de voyages sont devenues un genre littéraire. Sources d'information précieuses, elles ne valent que ce que vaut l'homme. Chacune a sa saveur, qui lui vient non seulement du caractère de son auteur, mais aussi de sa condition, voire de sa nationalité. Un Montesquieu n'aura pas la même réaction qu'une Lady Wortley Montagu ou qu'un Giuseppe Gorani. Les Anglais, tout particulièrement, ont une manière bien personnelle de se comporter en face des us et coutumes du pays qu'ils visitent. Intraitables sur le chapitre de l'amour et de la religion, on les prendrait pour les Catons de ce « siècle de fer ». La plupart ne sont pas loin de penser ce qu'écrivait Samuel Sharp en conclusion de ses Lettres d'Italie :

« Je pense que j'aimerai mieux l'Angleterre pour l'avoir quittée ;

je suis sûr que je garderai une plus haute opinion de notre

peuple après ce voyage... en vérité et impartialement, il y a en

Angleterre plus de bonheur, plus de douceur de vivre et plus

de vertus, à mon avis, que l'on ne peut généralement en ren-

contrer dans tous les pays Comment peut-on être Vénitien ?

se demande l'Anglais avec la candeur naïve d'un Persan égaré

en Europe. Loin d'être le meilleur des mondes possibles, la

cité des doges apparaît aux yeux du puritain comme un vaste

décor d'opéra devant lequel s'agitent des fantoches, une maison

de jeux où les patriciens, oublieux de leurs devoirs, se ruinent

allégrement, une ville carnavalesque où Casanova mène le bal

de l' amour. Le Français, plus indulgent, qui aime l'aventure

et les aventures, chante les louanges de la métropole du plaisir

et de la joie de vivre. Il faut toute la perspicacité d'un Montes-

quieu, celle de l'Anglais Moore ou de l'Allemand Archenbolz,

pour apercevoir sur le visage rayonnant qu'offre Venise au

visiteur ébloui, la lèpre de la décadence. Car si Venise se

meurt, bien peu sont ceux qui s'en aperçoivent. Mais Venise

n 'est-elle pas immortelle puisque son mythe a survécu à son

histoire ?

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Venise a sa légende comme elle a son histoire, et cette légende est un enchantement de l'imagination. Sa naissance même a déjà quelque chose de fabuleux. Elle se perd dans cette nuit de brouillard qui est tombée sur la lagune au V siècle quand les hordes barbares d'Attila chassèrent les Vénètes vers ces îlots saumâtres et ces marécages inhospitaliers qu'ils durent disputer à la mer. La terre appartint au premier occupant, une terre ingrate, à fleur d'eau, piquetée çà et là de quelques arbres, semée d'espaces verts, battus par le vent. Il fallut alors maîtriser la violence des flots en confectionnant des remparts d'osier, creuser des canaux, aménager des abris pour les barques, drainer le sol. Pour affermir ce terrain mouvant où le pied s'enfonçait à chaque pas, on déboisa les pinèdes alentour qui fournirent des pilotis sur lesquels on put commencer à bâtir. Tour à tour Grado, Héraclée, Murano, Torcello, Rivoalto, Malamocco, Chioggia, Mazzorbo, Pellestrina émergèrent à la vie. Peu à peu Rivoalto s'unit avec Olivolo, puis avec Luprio et enfin avec Gemine et Dorsoduro. Et ainsi des autres îles. Des ponts furent jetés qui unirent les pêcheurs et les sauniers de l'archipel qui mirent en commun et leur misère et leur industrie.

Il n'y avait pas cent ans que le« fléau de Dieu » s'était abattu sur ces populations terriennes que déjà elles se faisaient remarquer par leur habileté à construire les embarcations de toutes sortes.

Cassiodore, qui en avait besoin, s'adressa aux Vénètes dans une lettre datée de 520 environ, un des documents les plus remarquables que nous ayons sur les habitants de la lagune.

Chez vous, leur écrivait-il, le mouvement des marées tour à tour révèle et dissimule la surface des champs. Vos maisons rappellent les nids des oiseaux marins qui parfois semblent attachés à la terre et parfois flottants sur les eaux. On voit de loin vos habitations : elles sont éparses sur l'immensité des flots, et ce n'est pas là un jeu de la nature, mais un effet de l'industrie humaine. Il vous suffit de joncs entrelacés pour raffermir la terre... Les habitants ne possèdent en abondance que des poissons. Riches et pauvres y vivent dans

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l'égalité. La nourriture est commune : l'habitation est pour tous à peu près la même : ils ne savent pas envier les pénates d'autrui, et, vivant ainsi, ils échappent au vice, auquel est soumis le monde entier. Toute leur émulation se réduit au travail des salines.

Une longue période de paix avait permis ce résultat, une paix précaire en vérité, car ces descendants des Scythes ou des Paphlagons, des Gaulois ou des Sarmates, durent pendant deux siècles encore trembler en entendant le bruit de galop des chevaux des Hérules, des Ostrogoths et des Longobards. Le patriarche d'Aquilée était venu mettre le trésor de son église à l'abri des murailles de Grado qui devint ainsi le siège du pouvoir religieux tandis que sa voisine, la puissante Héraclée, accueillait le pouvoir civil et militaire. C'est là qu'un premier duca fut élu en 697 par l'assemblée du peuple. Il s'appelait, dit -on, Pauluccio Anafesto.

L'Empereur d'Orient, de qui dépendait la région vénéto- istrienne depuis l'écroulement de l'empire romain d'Occident, ne s'était pas opposé à cette élection. Le duc n'était que le chef d'une province byzantine qui demeurait sous sa tutelle, une tutelle peu gênante, mais dont le peuple des lagunes entendait se défaire à la première occasion. En 727, l'opposition de Grégoire à l'extension à toute la Péninsule de l'édit icono- claste fut le prétexte tant attendu. La révolte gronda. On parla d'indépendance et de liberté. Rome, qui avait déclenché le mouvement, fut effrayée par ses conséquences et fit machine arrière. L'insurrection fut matée et l'autorité de Byzance rétablie. Les rebelles, qui avaient mis bas les armes, relevèrent la tête en choisissant pour doge l'un d'entre eux, Orso.

En 754, les Francs dévalèrent en Italie. Héraclée, travaillée par des mouvements populaires, fut abandonnée par le gouver- nement qui se transporta à Malamocco, sur l'Adriatique, puis, en 810, dans une des îles du Rialto, plus facile à défendre. C'est là que, une fois le péril franc conjuré et l'attaque de Pépin le

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Bref repoussée, le doge Partecipazio résolut de s'établir définitivement. Il logea au Castello ducale auprès duquel va bientôt s 'élever la basilique Saint-Marc pour recueillir les restes de l' évangéliste ramenés d'Alexandrie en 828 par deux marins, Tribuno de Torcello et Rustico de Malamocco.

Pendant ce temps, la paix d'Aix-la-Chapelle (812) avait rétabli la concorde entre l'empire des Francs et l'empire de Byzance, et la bourgade de Rialto aurait pu vivre dans le calme et la tranquillité si l'esprit de faction n'avait pas semé la discorde parmi les habitants. Aussi les conjurations se succédèrent-elles au sein du gouvernement jusqu'à l'arrivée du duc Pierre II Orseolo en 991. Son accession à la dignité ducale était l'expres- sion de la volonté populaire d'accroître le prestige d'une cité qui ne voulait plus être une simple excroissance de l'Empire byzantin. Car l'importance du duché n'avait cessé de grandir.

Très tôt ses habitants avaient compris que la fortune était à portée de leurs bateaux. Dès le VI siècle ils s'étaient taillé une solide réputation de constructeurs de navires. Naturellement, ce peuple de navigateurs fut le premier bénéficiaire de cette industrie nationale qui permit aux marchands d'aller trafiquer le long des côtes africaines et jusqu'en Orient. Au XVII siècle ils avaient pris rang parmi les commerçants européens les plus importants. Leurs vaisseaux sillonnaient la Méditerranée, les flancs chargés d'huile, de céréales, d'étoffes et de viandes salées. En revenant de Constantinople, ils ramenaient des épices, des aromates et du sucre. Déjà la Hongrie, la Croatie et l'Allemagne orientale venaient s'approvisionner en sel à Rialto qui, grâce à ce trafic, devint une cité opulente qu'il fallut mettre à l'abri des convoitises. Cette nécessité hâta l'unification des îles de la lagune et leur transformation en un Etat organisé.

La grande muraille que l'on éleva à cette époque est le symbole

architectural de cette unité. Désormais Rialto n'était plus une

île mais une ville fortifiée, « la civitas Rivoalti, que l'on

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pouvait plus légitimement appeler la civitas Venetiarum.

Venise était née, qui avait derrière elle un passé de légende et devant elle un avenir fabuleux.

Cet avenir était sur les flots d'où elle avait surgi. Chaque victoire remportée sur la mer devait contribuer à étendre sa puissance en auréolant son nom d'une gloire surnaturelle.

Pierre Orseolo II, par la conquête de Zara et des côtes dalmates, fit de Venise la reine de l'Adriatique. En conférant au doge en 1002 le titre de Dux Dalmatinorum l'empereur consacrait officiellement cette souveraineté que les Normands vinrent mettre en péril par deux fois, en 1081 et en 1083, mais Vitale Faliero rétablit par sa victoire la liberté de la navigation.

La politique de Venise ne laisse désormais place à aucune équivoque. En pleine expansion économique, il lui faut pour vivre assurer la libération des voies maritimes nécessaires à son commerce. Cela ne se fit pas sans heurts ni malheurs. Le doge Vitale Michiel pourrait en témoigner qui vit revenir dix-sept navires seulement sur les cent qu'il avait lancés à l'assaut de l'empire d'Orient. En mourant sous le coup de poignard que lui porta un homme du peuple surgi de la foule ameutée, il paya pour une défaite dont il n'était pas responsable. Pour se prémunir contre de semblables agissements en même temps que pour limiter l'arbitraire des doges fut créé le Grand Conseil qui devait assurer la liberté de la république et mener la patrie sur le chemin de la gloire.

Ce chemin passait par Byzance. La IV croisade lancée par Innocent III y passait aussi. Le doge Enrico Dandolo vit aussitôt quels avantages économiques il pouvait retirer de ce mouvement religieux et négocia le transport des hommes de Thibaud de Champagne. Le jour du départ, les croisés ne furent pas en mesure de payer les quatre-vingt-cinq mille marcs d 'argent convenus. Le comte de Champagne était mort ; d autres chefs avaient renoncé ; plusieurs manquaient au

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rendez-vous. C'eût été la faillite de l'expédition si le doge n'avait proposé aux barons français d'acquitter leur dette en l'aidant à prendre Zara qui venait de se révolter contre l'autorité de Venise. Marché conclu, les galères de la république partirent pour la croisade au bruit fracassant des trompettes, accom- pagnées par les acclamations de la foule et le chant des prêtres qui avaient entonné le Veni Creator. Enrico Dandolo, un vieil- lard de quatre-vingt-quatorze ans, drapé dans un manteau de brocart d'or, conduisait lui-même la flotte qui arriva devant Zara à l'automne de 1202. La ville vaincue fut livrée au pillage, mais comme la saison était trop avancée pour entrer en cam- pagne, les croisés prirent leurs quartiers d'hiver. Pendant le repos des guerriers arriva le fils de l'empereur de Constan- tinople, Isaac, qui avait été détrôné par son frère Alexis III.

Si les croisés voulaient bien rétablir son père, il promettait en échange l'aide de l'armée byzantine et l'union des Églises grecque et romaine. Montferrat fut réticent. Dandolo, appuyé par Baudoin de Flandre, fut convaincant, et le 7 avril 1203 l'armée de la foi faisait voile vers les Dardanelles pour la plus grande gloire de Dieu et du commerce vénitien. Constan- tinople démantelée, l'empereur ne put tenir ses engage- ments. Une émeute populaire éclata qui le chassa au mois de février 1204. Les croisés intervinrent pour rétablir l'ordre et en profitèrent pour mettre la ville à sac. C'est à peine si Dandolo put soustraire à la fureur des soldats du Christ les quatre chevaux de bronze qui ornent aujourd'hui la façade de Saint-Marc, mais il se rattrapa au moment du partage.

Toute la Méditerranée orientale et centrale passait sous le contrôle de la république. La couronne ducale s'ornait de quelques nouveaux fleurons aussi précieux que les îles Ioniennes, des îles de la mer Egée et de Crète et quelques places fortes dans le Péloponnèse, la Thrace et le Bosphore.

Ainsi naquit l'empire colonial d'Orient qui, en faisant du doge

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le Dominator quartae et dimidiae parte totius imperii Romaniae, portait Venise à l'apogée de sa puissance.

Cependant Gênes n'avait pas vu sans inquiétude Venise affirmer sa maîtrise sur l'Adriatique et s'emparer des marchés d'Orient. Aussi tout le XIV siècle fut-il plein du bruit de la lutte entre les deux grandes cités maritimes. La Sérénissime ne sortit pas sans dommage de cette épreuve puisque la paix de Turin (1381), qui ramena le calme et l'équilibre méditerra- néen, lui enleva la Dalmatie. Son empire d'Orient, il est vrai, se fortifiait des bases de Corfou, de Scutari et de Nauplie, mais déjà les Turcs se faisaient menaçants à un moment où, sur les confins de la république, les princes italiens coalisés menaçaient de l'encercler. Pour se dégager, elle dut guerroyer en terre ferme en achetant les services de condottieri de la trempe d'un Gattamelata, d'un Colleoni ou d'un Carmagnola. Cette nouvelle politique était d'autant plus nécessaire qu'il devenait urgent de trouver des débouchés commerciaux sur le continent. Ce furent les ducs de Milan qui firent les frais de l'opération. En 1454 la paix de Lodi assurait à Venise ses frontières définitives entre les Alpes et le Pô d'une part, l'Adda et la mer d'autre part, mais elle n'était pas sauve pour autant. Car l'année précédente les Turcs s'étaient emparés de Constantinople sans qu'elle ait pu intervenir. Prise entre deux feux, il lui fallait vivre en paix avec l'Orient et l'Occident pour ne pas compro- mettre l'avenir de son économie, mais son impérialisme avait élevé autour d'elle un rempart de haine et de convoitise. Que la Sérénissime République eût l'intention ou non de créer, comme le prétend Machiavel, une sorte de « monarchie semblable à la romaine », le fait est que c'est pour prévenir une telle éventua- lité que Jules II rameuta derrière lui une coalition européenne.

Fort heureusement un renversement d'alliances la sauva du péril où l' avait mise la ligue de Cambrai et le désastre d'Agnadel. Le pape se rapprocha d'elle pour chasser les barbares d'Italie.

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L'effondrement de la domination française reposa le pro- blème de l'équilibre européen. On en discuta à Mantoue et à Rome en l'absence de Venise dont il fut question de démembrer le territoire. Le résultat fut un rapprochement franco-vénitien qui ramena au gouvernement de Saint-Marc ses territoires de terre ferme. La victoire de Marignan permettait de trouver une solution au conflit qui opposait Venise à la maison des Habsbourg, mais la défaite de Pavie remit tout en question.

En entrant dans la ligue de Cognac (22 mai 1526) qui groupait la France, le pape, Florence et Milan, la république fit un marché de dupes. Au traité de Cambrai (3 août 1529) François I laissait les Vénitiens « à la discrétion de l'em- pereur» qui en profita au congrès de Bologne pour les priver de la maîtrise de l'Adriatique méridionale. En vérité, c'était plus son prestige qui était entamé que son territoire, qui eût été encore intact si les Turcs n'avaient pas saisi l'occasion offerte par ces guerres continentales pour s'emparer de ses plus importantes colonies. Tour à tour Nègrepont, Lemnos, Argos, Scutari, Modon et Coron étaient tombées. L'année 1540 voyait de nouvelles amputations : Nauplie, Malvoisie et plusieurs îles de la mer Egée. Même Chypre, qu'elle avait reçue en 1489 des mains de Catherine Cornaro, lui fut ravie définiti- vement en 1573 malgré l'éclatante victoire de Lépante. Cette paix humiliante signée avec les Ottomans ne touchait pas à ses privilèges commerciaux, mais achevait de la discréditer aux yeux de l'Europe qui ne cessera désormais de faire des gorges chaudes des fameuses épousailles de la mer dont Du Bellay s'était déjà cruellement moqué dans ses Regrets :

Il fait bon voir, Magny, ces coïons magnifiques, Leur superbe arsenal, leurs vaisseaux, leur abord, Leur Saint-Marc, leur palais, leur Réalte, leur port, Leurs changes, leurs profits, leur banque et leurs trafiques.

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Mais ce que l'on en doit le meilleur estimer, C'est quand ces vieux cocus vont épouser la mer, Dont ils sont les maris et le Turc l'adultère.

Les Turcs, à vrai dire, n'étaient pas les seuls responsables de cet affaiblissement et de cette perte de vitesse de l'économie vénitienne. La concurrence étrangère, celle des draps anglais notamment, l'accroissement de la dette publique à partir de la ligue de Cambrai qui amena la création d'un Monte Novissimo, les disettes frumentaires dues à la difficulté d'importer du blé à cause de l'hégémonie ottomane, furent autant de symptômes inquiétants qui ne laissaient présager rien de bon pour l'écono- mie vénitienne. La faillite de la banque Soranzo en 1491 et celle de la banque Carzoni en 1499 n'étaient pas faites pour rassurer.

La découverte des routes océanes ajouta encore à la confusion.

Montesquieu exagère à peine quand il écrit dans son Esprit des Lois :

Les Vénitiens avaient fait jusque-là le commerce des Indes par les pays des Turcs, et l'avaient poursuivi au milieu des avanies et des outrages. Par la découverte du cap de Bonne-Espérance, et celles qu'on fit quelque temps après, l'Italie ne fut plus au centre du monde commerçant ; elle fut, pour ainsi dire, dans un coin de l'univers, et elle y est encore.

L'émoi fut grand à Venise quand Vasco de Gama rapporta de son second voyage aux Indes cinq mille corbeilles de poivre qui provoquèrent l'effondrement des cours à Lisbonne où les clients habituels de la république allèrent désormais s'appro- visionner. Les patriciens, conscients de la menace, créèrent la Giunta delle spezerie, sorte de commission extraordinaire chargée d'étudier les moyens de remédier à la crise. On alla même jusqu'à envisager de percer l'isthme de Suez, et, si le projet n 'eut pas de suite, ce fut sans doute pour ne pas enve- nimer les rapports de Venise avec les Ottomans qui étaient en train de lui ravir les marchés d'Orient. Pour conjurer le

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danger, on institua en 1506 une magistrature nouvelle, les V Savi alla mercanzia, chargés du commerce et de la navigation, puis, en 1524, les Provveditori sopra i banchi, qui contrôlaient les trafics banquaires, et enfin, en 1587, la banque d'Etat de la piazza di Rialto. Le programme de constructions navales fut accéléré et l'industrie de terre ferme, celle de la laine, de la soie et de la dentelle en particulier, encouragée. C'est de cette époque que date le dilemme dans lequel Venise restera enfermée jusqu'au XVIII siècle : développer résolument l'économie de terre ferme ou bien continuer à favoriser ostensiblement son commerce maritime. Rien n'était perdu à ce moment-là, car si la république de Saint-Marc n'était plus le carrefour du monde des affaires, elle avait néanmoins une économie encore saine à laquelle les dernières mesures prises avaient insufflé une nouvelle vie. Ce qui est plus gravement compromis, c'est sa situation politique par rapport aux autres grandes puissances.

On le vit bien, en ce début du XVII siècle, dans le conflit qui l'opposa à la curie romaine. Paul V alla, en 1605, jusqu'à lancer l'interdit sur la cité de Fra Paolo Sarpi, car il se sentait soutenu par les Habsbourg d'Autriche et d'Espagne jaloux de l'autorité de Venise sur l'Adriatique et en Orient. Ne proté- geaient-ils pas, plus ou moins ouvertement, les incursions incessantes des pirates barbaresques qui, en 1638, s'avancèrent jusqu'à Valona? En détruisant l'escadre tuniso-algérienne, le provéditeur général Marino Cappello déchaîna la colère du sultan qui prit des mesures de représailles économiques.

L'incident était à peine réglé qu'un autre éclata en 1644 à propos de l'arraisonnement par les chevaliers de Malte d 'un convoi turc transportant trois millions d'or et des femmes pour le sérail. Comme les Vénitiens avaient autorisé les vaisseaux chrétiens à mouiller dans une île crétoise, le sultan en demanda raison et, au mois d'août 1645, fit débarquer ses troupes dans le port de La Canée. Bientôt maîtres de la Crète, les Ottomans

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mirent le siège devant Candie. Malgré une résistance héroïque qui dura plus de vingt ans, Francesco Morosini finit par capituler le 6 septembre 1669. Avec la Crète disparaissait le dernier lambeau de l'empire des mers du Levant. Cent vingt- six millions de ducats avaient été engloutis dans la mer. L'année suivante, il est vrai, des impôts extraordinaires levés sur les propriétés de terre ferme couvrirent la moitié du déficit. Le trafic commercial d'Orient n'en était pas moins dangereusement compromis par la concurrence des Espagnols et des Français et l'influence croissante de l'Angleterre et de la Hollande. En outre, les ports de Marseille, de Gênes et de Livourne atti- raient, par des tarifs avantageux, le trafic du Levant et de l'Occident. Dès lors le gouvernement vénitien, pour enrayer la débâcle, n'eut plus qu'une idée : vivre en bonne intelligence avec les Turcs.

Pourtant la victoire que Sobieski remporta devant Vienne sur les infidèles encouragea la république de Saint-Marc à entrer dans la Sainte-Ligue. Ce fut pour Morosini l'occasion de prendre sa revanche en reconquérant l'île de Sainte-Maure, Coron, Modon, Argos, Nauplie, Patras, Lépante et Corinthe.

La paix de Carlowitz (1699) consacra la domination de Venise sur la Morée et les îles d'Egine et de Sainte-Maure. C'était un lourd héritage à défendre. La colonisation de la Morée souleva une vague de mécontentement dont profitèrent les Turcs qui n'attendaient que l'occasion favorable pour reprendre la presqu'île. Elle se présenta en 1714 et la guerre reprit qui conduisit la flotte ottomane dans les eaux de l'Adriatique.

C'était l'effondrement de l'œuvre de Morosini et la perte

irrémédiable de l'empire d'Orient que sanctionnait la paix de

Passarovitz (1718) où l'Autriche déjà laissait percer ses inten-

tions à l'égard de Venise qu'elle cherchait à isoler dans l'Adria-

tique. On le vit bien quand, en 1722, Charles VI accorda à la

compagnie d'Ostende le privilège de faire route vers les Indes

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en faisant escale à Trieste ou dans un port des Pouilles. Montes- quieu avait aussitôt compris que l'empereur rêvait de devenir le souverain d'un Etat maritime et commercial :

L 'empereur veut un port, écrivait-il ; Trieste ne vaut rien ; Fiume non plus. Il n'a pas un seul port dans le royaume de Naples, que pour des tartanes : car les ports qui étaient bons pour les vaisseaux anciens ne sont pas bons pour les nôtres, tout autrement construits.

Il n' a donc que Boucharitz ; de façon qu'il n'a point de choix à faire.

Il est vrai qu'il a deux ports merveilleux en Sicile : Syracuse et Messine. Mais ils lui sont totalement inutiles, parce qu'il n'aurait pas sa flotte à sa disposition ; elle pourrait lui être coupée, en tout ou partie, en temps de guerre : car il faut considérer qu'il ne peut pas ambitionner d'avoir une marine qui puisse combattre celle des Anglais et des Hollandais. Il n'a besoin que d'avoir une flotte telle qu'il puisse communiquer de ses Etats d'Allemagne avec le royaume de Naples. Il faut donc que sa flotte soit en quelque port de l'Adria- tique et non pas en Sicile.

C'était parfaitement raisonné, à ceci près cependant que l'empereur se contentait fort bien de Trieste comme débouché maritime à son commerce intérieur, désireux qu'il était d'établir une ligne de communication qui drainât les marchandises de Vienne à l'Adriatique en passant par le Tyrol et Milan. Dès 1717 il avait autorisé la libre circulation sur l'Adriatique et permis que tous les navires vinssent s'armer dans ses domaines.

En outre, en faisant de Trieste et de Fiume des ports francs, il attirait les marchands auxquels il garantissait la liberté du commerce. Venise avait donc tout à redouter de l'Autriche qui, peu à peu, l'enserrait comme dans un étau.

Venise, note Montesquieu, entourée, à droite et à gauche, par la puissance de l'empereur, comme la Lorraine l'est par celle de la France, pour peu de marine qu'il ait en Italie ou à Boucharitz, il pourra quelque jour lui boucher, pour ainsi dire, la mer et la bloquer ; ses armateurs pourront quelque jour désoler son commerce, comme les Uscoques faisaient autrefois.

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C'est effectivement ce à quoi l'Autriche s'employait active- ment. N'avait-elle pas, dans les Balkans, enlevé aux Turcs ce qui avait été jusqu'ici l'arrière-pays commercial de la Dalmatie vénitienne? D'autre part, installée sur la ligne du Pô grâce à ses provinces milanaises, ne rêvait-elle pas d'unir la Lom- bardie au Trentin? L'offre faite par la cour de Vienne en 1748 d'échanger quelques bandes de territoires istriens contre les plaines fertiles de la région de Brescia et de Vérone n'avait pas d'autre but.

La situation de l'Europe est telle, écrivait encore Montesquieu, qu'on ne peut avoir de vraie puissance que par ses alliés. Mais les Vénitiens n'ont aucun allié. Ils ont seulement une alliance avec l'empereur contre le Turc, qui, ignorant ses intérêts, veut toujours opprimer cette république qu'il devrait protéger.

Isolée politiquement, sans alliés véritables, Venise n'est plus désormais qu'une petite puissance continentale qui donne l'impression de reculer sans cesse devant la poussée autri- chienne. En 1752 l'empereur ne revendiquait-il pas des terri- toires du Haut-Adige sans qu'elle élevât une ferme protes- tation? C'est une continuelle dérobade. Consciente de sa faiblesse, son unique souci, pendant le XVIII siècle, sera de rester en dehors de tout conflit.

Cette politique de neutralité n'était pas sans danger, car elle soumettait Venise à la pression des Etats voisins et l'exposait aux pires humiliations. Le problème s'était posé pour elle dès 1701 au moment de la guerre de Succession d'Espagne dans laquelle elle aurait pu jouer un rôle important. Sa position était en effet une position-clef, puisqu'il lui était loisible d'interdire à l'empereur l'accès de l'Italie septentrionale. C'est pourquoi l'Autriche sollicita un concours, qui lui fut refusé, comme il fut refusé à la France, qui lui avait fait valoir que :

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S. M. n'avoit nulle veuë sur l'Italie, qu'elle vouloit seulement conserver le repos, maintenir le roy d'Espagne dans la possession des Estats dépendans de sa couronne, sans les agrandir au préjudice des princes voisins ; que la république y trouvoit son propre avantage ; qu'elle avoit toujours désiré que la destinée des Estats soumis à l'Espagne en Italie ne receust aucun changement, que lorsqu'il avoit esté question du traité de partage avant la mort du feu roy catholique, elle avoit appris avec peine que le duché de Milan dust estre gouverné par un prince particulier, que l'inquiétude qu'elle avoit témoignée à cette occasion devoit estre bien vive lorsqu'elle voyoit les préparatifs que l'empereur faisoit pour envoyer une nombreuse armée en Italie ; qu'il estoit aisé de juger de ces malheurs dont elle estoit menacée si ce prince réussissoit dans ses desseins, s'il pouvoit s'establir au milieu de l'Italie, y conquérir un Estat puissant et faire valoir ses prétentions sur les autres, qu'indépendemment de ces tristes réflexions pour l'avenir, si l'entreprise de l'empereur n'avoit pas le succez qu'il en espéroit, la république demeurant dans l'inaction auroit le déplaisir de voir ses sujets et son pays ruinés par le passage et par le séjour des armées, que l'exemple de la dernière guerre instruisoit assez de la désolation que l'Italie doit attendre de la part des Allemands toutes les fois qu'ils y pourront pénétrer.

Or malgré ses craintes de voir l'empereur s'établir en Italie et en dépit de sa répugnance à voir passer sous la domination d'un prince les pays unis à la couronne d'Espagne, la république de Venise ne prit pas parti. Aussi les instructions données à notre ambassadeur ajoutaient-elles en guise de commentaire : Ces raisons souvent employées par le cardinal d'Estrées et par les ministres de S. M. à Venise auroient peut-estre persuadé la république de la nécessité de songer à sa propre seureté, si l'on estoit encore dans les temps où la sagesse de son gouvernement estoit admirée de toute l'Europe et que les forces qu'elle avoit, soutenoient les décisions de son sénat ; mais les dernières guerres contre les Turcs ont ruiné ses meilleures troupes et tellement épuisé ses finances que non seulement elle ne peut payer la moindre partie des dettes considérables qu'elle a contractées, mais il luy est encore très difficile de fournir aux dépenses courantes qu 'elle est indispensablement obligée de faire.

Rien n'était plus vrai, puisque entre 1700 et 1714 la dette publique augmentera de cinq millions de ducats et qu' en 1711

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le déficit atteindra neuf cent mille ducats, si bien que trois ans plus tard le gouvernement sera obligé de ramener de 4 à 2 % les intérêts des titres publics. Cette situation critique explique que Venise n'avait pas d'autre ambition que de tenir la balance égale entre l'Autriche et la France. Louis XIV le comprenait fort bien qui n'attendait d'elle pas autre chose que la stricte observance de sa neutralité, en échange de quoi il s'offrait de la garantir contre une revanche des Turcs désireux « de reconquérir un pays autant à leur bienséance que la Morée

Cependant, si Venise tint ses engagements en restant en marge du conflit, ce ne fut pas sans remords de conscience. Les partisans d'une politique d'intervention ne manquaient pas au sein du Grand Conseil. Ils faisaient d'ailleurs valoir les mêmes arguments que ceux avancés par nos ambassadeurs. En s'abstenant, la république s'exposait à souffrir tous les inconvé- nients de la guerre sans pouvoir espérer en retirer quelque avantage. Bien des Vénitiens appréhendaient de voir leur pays transformé en champ de bataille comme en témoigne cette lettre d'un jurisconsulte :

La vue d'un pays entièrement fertile est une amorce facile pour enflammer le désir... Certains militaires farouches, quand ils jugent leurs forces favorisées par la conjoncture, n'admettent pas d'être tenus dans de justes limites. La nécessité sert de justification et d'excuse aux commandants supérieurs et aux subalternes. A mon sens, c'est peut-être là le début de quelque désastre fatal... Si le destin voulait régler le litige par une bataille rangée, qui peut juger de notre sort ?... La condition du faible est malheureuse, quand il perd l'idée de pouvoir résister. La passion de la Dominante aveugle les esprits, elle n'a cure des normes de la raison, elle tient pour licite ce qui est utile ; en somme un bel Etat est un mets qui excite l'appétit

Les partisans de la neutralité, il est vrai, avaient obtenu des puissances belligérantes qu'elles respectassent le territoire de la république, mais il n'en fut rien. Cinq mille cavaliers autri-

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IMPRIMERIE NATIONALE S.A. - MONACO Dépôt légal n° 3080 - 1 trimestre 1965, I - 1512

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