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Epidémiologie descriptive de la rétention placentaire en système intensif laitier en Bretagne

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Epidémiologie descriptive de la rétention placentaire en système intensif laitier en Bretagne

Michelle Chassagne, Jacques Barnouin, Bernard Faye

To cite this version:

Michelle Chassagne, Jacques Barnouin, Bernard Faye. Epidémiologie descriptive de la rétention pla-

centaire en système intensif laitier en Bretagne. Veterinary Research, BioMed Central, 1996, 27 (4-5),

pp.491-501. �hal-02699010�

(2)

Article original

Épidémiologie descriptive de la rétention placentaire

en système intensif laitier en Bretagne

M Chassagne J Barnouin B Faye

Laboratoire d’écopathologie, Centre de Clermont-Ferrand-Theix, Inra, 63122 Saint-Genès-Champanelle, France

(Reçu le 20 novembre 1995; accepté le 29 mars 1996)

Summary ― Descriptive epidemiology of placental retention in intensive dairy herds in Brittany.

The influences of several risk factors (temporal, mechanical, zootechnical and nutritional) on the inci-

dence of placental retention (PR) were tested. The study was conducted in Brittany on 5 240 calvings

of Black-Pied females belonging to 47 herds surveyed over a period of four consecutive years. For twin births, the PR-incidence levels were only decreased in the case of calves born alive. Single calvings

were associated with PR after more than three artificial inseminations, or when stillbirths, dystocia or

shortened gestational periods were observed, but the frequency varied in relation to calving rank.

Increased total amounts of concentrate and cake supplied at the end of the gestational period decreased

the incidence of PR in heifers. Shorter dry periods and high levels of milk production increased the risk of PR in multiparous cows. The frequency at which PR was observed in both cows and heifers was lower

in autumn. Milk production and fertility were decreased in animals having experienced PR. In addition, they were subject to more uterine disorders than other cows during the subsequent lactation, whatever number of calves had been carried. Milk fever in the third lactation and metabolic diseases in the fourth were more frequently observed following PR.

dairy cowlplacental retention / risk factorlhealth

Résumé ― Les effets de facteurs temporels, mécaniques, zootechniques et alimentaires sur l’incidence de la rétention placentaire (RP) ont été étudiés sur 5 240 vêlages. Les femelles de race Pie-Noire

appartenaient à 47 élevages bretons enquêtés pendant 4 années consécutives. Seule la naissance de

veaux en bonne santé est apparue conduire à des incidences de RP moindres lors de naissances gémel-

laires. Dans les cas de naissances simples, le nombre d’inséminations artificielles (plus de 3), les dystocies, la mortinatalité et un raccourcissement de la durée de gestation ont augmenté l’incidence

* Correspondance et tirés à part

(3)

à des degrés différents selon le rang de vêlage. Des quantités totales de concentré-tourteau supérieures

à 30 kg apportées en fin de gestation ont diminué la fréquence chez les génisses. Des durées de période sèche plus courtes et une production laitière élevée ont favorisé l’apparition de RP chez les mul- tipares. La fréquence en automne était moins élevée qu’aux autres saisons. La production laitière et

la fertilité dans la lactation suivante ont été diminuées tandis que les infections utérines ont été plus nom- breuses suite à RP quel que soit le nombre de veaux mis bas. Les fièvres vitulaires en troisième lac- tation et les troubles métaboliques en quatrième ont été les plus fréquentes conséquences de la RP.

vache laitière / rétention placentaire / facteur de risque / santé

INTRODUCTION

Décrite comme l’absence d’expulsion des enveloppes foetales dans les 24 heures sui- vant la mise bas, la rétention placentaire (RP) ou non délivrance est un trouble sani- taire à incidence élevée chez les vaches laitières en France. Différentes études réa- lisées en élevages de rente ont estimé la fréquence de cette pathologie aux alentours

de 11 % des vêlages (8 à 17 %) chez les

fortes productrices avec des variations

importantes entre troupeaux (Barnouin et al, 1983). La même situation subsiste dans les pays à mode d’élevage intensif (Ste-

venson et Call, 1988).

Les facteurs prédisposants sont mul- tiples, liés aux animaux eux-mêmes, au

mode de production dans l’exploitation, à

l’environnement des femelles. Ainsi, l’inci- dence augmente avec l’âge (Faye et al, 1986 ; Mee, 1991 est différente selon les

races (Badinand et Sensenbrenner, 1984 ; Bendixen et al, 1987) et dépend de l’état physiologique des mères autour du part (Chew et al, 1977 ; Peter et Bosu, 1987).

Les modes de conduite (saison de vêlage - Dyrendahl et al, 1977 ; DuBois et Williams;

1980 ; Faye et al, 1986 ; nutrition -Julien et

al, 1976 ; Morrow et al, 1979 ; Markusfeld, 1987 ; Barnouin et Chassagne, 1990) ont

un rôle déterminant tout comme l’environ- nement (Ekesbo, 1966) et la naissance de

jumeaux (Kay, 1978), via les situations de stress autour et au vêlage.

Les conséquences de la RP sur l’état général de la femelle sont peu spectacu-

laires. Elles sont néanmoins importantes au plan économique pour l’exploitation, entraî-

nant des pertes de qualité des productions (Eddy et al, 1991 ), la nécessité de traite- ments des animaux dans l’immédiat post- partum (Joosten et al, 1988) et des réformes

plus nombreuses (Beaudeau et al, 1994).

De plus, la fertilité des femelles est abaissée

(Holt et al, 1989).

Il n’a pas été décrit de mécanisme étio-

logique précis de ce problème pathologique.

Le processus de développement de la RP pourrait cependant impliquer des troubles

mécaniques - contractions utérines (Gru- nert, 1980) - et cellulaires (Williams et al, 1987) locaux liés à des déséquilibres méta- boliques (Lotthammer, 1983 ; Gross et al, 1987) et endocriniens (Leidl et al, 1980) sur-

venus dans la période qui entoure le vêlage.

L’influence de l’alimentation a été montrée

(Barnouin et Chassagne, 1990 ; Chassagne

et Barnouin, 1992).

Une étude épidémiologique longitudinale

conduite par le laboratoire d’ecopathologie (Inra, Theix) de 1986 à 1990 a eu pour but de

cerner les facteurs de risque de la pathologie

du peripartum en élevage bovin laitier inten- sif. La zone d’étude était circonscrite et repré-

sentative de l’évolution de l’élevage ; le sys- tème de production et l’environnement

géoclimatique étaient homogènes. L’enquête

a permis le recueil d’informations précises quant aux conditions des animaux autour du

part, période cruciale de leur vie productive,

et leur état sanitaire (Faye et al, 1989).

L’objectif du présent article est de décrire

les effets des facteurs de production et de

(4)

conduite des vêlages considérés comme

facteurs de risque sur l’incidence de cette

pathologie en Bretagne et ses consé-

quences sur l’état sanitaire et la reproduction

au cours de la lactation suivante.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Données

Les données sont issues de l’enquête écopa- thologique Bretagne. Cette enquête, dont les objectifs et la stratégie ont été présentés anté-

rieurement (Faye et al, 1989), a été conduite dans 47 exploitations de trois départements bretons (Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan) pendant 4 années (i er février 1986 au 30 juin 1990).

Les informations individuelles et de troupeau, stockées dans une base de données relation- nelle (Lescourret et al, 1993), ont été extraites à

l’aide de requêtes en langage SQL.

Chaque vêlage de vache Pie-Noire (FFPN, Holstein, FFPN x Holstein) survenu entre le 1 er

janvier 1987 et le 31 décembre 1989 a été carac- térisé d’une part par le délai et les difficultés

d’expulsion du placenta, d’autre part par divers indicateurs des conditions dans lesquelles il s’était

déroulé. Le rang maximum de vêlage a été 5. Au

total, 5 240 vêlages ont été inclus dans l’étude. Le

vêlage était considéré comme normal lorsque le placenta était expulsé spontanément dans les

24 heures après la mise bas, sinon il s’agissait

d’un vêlage avec rétention placentaire. Les cas de rétentions placentaires pris en compte n’ont pas concerné ceux liés aux avortements. Ils ont été différenciés selon quatre critères à partir de l’aspect des enveloppes et de la difficulté ren- contrée par le vétérinaire pour leur extraction :

enveloppes foetales liquéfiées ou non, extraction facile ou difficile. Les indicateurs des conditions de

vêlage (tableau 1) traduisaient des facteurs tem-

porels (numéro du vêlage, mois de vêlage, durée

de gestation, durée de période sèche), méca- niques (nombre de veaux, sexe, difficulté de mise

bas), zootechniques (production laitière anté- rieure, durée, complémentations énergétiques

en fin de gestation) susceptibles d’avoir un effet

sur l’occurence de la RP chez les vaches lai- tières. Par ailleurs, l’état de propreté et la saison

ont été considérés comme indicateur de l’envi-

ronnement (Faye et Barnouin, 1985) et témoin

d’éventuel effet de stress.

Enfin, les fréquences des événements patho- logiques et des réformes survenus dans le cou- rant des lactations induites par les vêlages ainsi

que les performances de production et repro- duction ont été étudiées.

Analyses statistiques

Chacun des descripteurs a été transformé en classes dont les modalités sont présentées dans

le tableau 1. Leur influence a été évaluée par le test d’indépendance du x 2 sur tableaux de contin- gence sous Sas (Sas/Stat 1993, Version 6,2, Sas Institute, Cary, NC). Compte tenu des facteurs de confusion entre rang de vêlage et gémellité,

l’étude a été conduite séparément sur les mises

bas de jumeaux et de veaux simples et par rang de vêlage. Le seuil de 5 % a été considéré

comme significatif.

RÉSULTATS

Incidence moyenne

L’incidence moyenne a été de 10,1 % (530 cas). La RP a représenté la 3 e pathologie parmi les plus fréquentes après les mam-

mites (26,6 % de lactations atteintes) et

les infections utérines (17,1 % des lacta- tions). Sa fréquence a augmenté entre le premier et le troisième vêlage (p < 0,004,

tableau 11).

Sur les 3 231 femelles qui constituaient

l’échantillon, 487 ont eu leurs trois premiers vêlages (27,9 % des lactations) pendant la période considérée. Parmi les 46 qui ont eu

une RP lors du premier vêlage, 26,1 % ont présenté à nouveau ce problème au moins

une fois : 15,2 % au deuxième vêlage et 10,9 % au troisième. Aucune n’a eu trois RP consécutives. Pour l’ensemble des

vêlages étudiés, 95 % ont concerné des naissances d’un veau unique avec une inci-

dence moyenne de RP de 8,5 %. Lors de

(5)

naissances gémellaires, l’incidence a été

supérieure (42,2 %, p < 0,001 ).

Aucune caractéristique particulière des

membranes foetales n’a été décrite dans 80% des vêlages. Les enveloppes expul-

sées naturellement plus de 24 heures

après mise bas (10 % des RP) avaient un aspect normal dans 9,5 % des cas et liqué-

fié dans moins de 1 %. Dans les cas

contraires, les membranes avaient un

aspect liquéfié dans 3 % des cas ou normal

dans 9 %.

Enfin, les fréquences de RP dans les trois départements ont été comparables : 9,8 % dans le Finistère ; 10,7 % en Ille-et- Vilaine et 11,3% dans le Morbihan.

Facteurs de risque

La fréquence des naissances gémellaires (n = 249, 5 %) a augmenté du premier au cinquième vêlage (1,6 à 5,8 %, p < 0,01 ) et

l’incidence de RP (n = 105) a été très

variable entre rangs de vêlage (tableau 11).

Aucun facteur n’en a diminué significative-

ment le taux, hormis les naissances de

veaux vivants (p < 0,001 Dans les cas des

naissances simples (n = 4991 ), le taux de

RP le plus bas a été observé au premier vêlage et le maximum au cinquième, cette augmentation n’étant pas significative (tableau 11). Les incidences mensuelles

(nombre de RP/nombre de vêlages dans le

(6)

mois) ont varié significativement (fig 1) : plus faibles d’octobre à décembre et en mars, les fréquences ont atteint un maxi-

mum en mai et juillet (plus de 11 %, p <

0.001 De telles variations ont été obser- vées chez les vaches au deuxième vêlage (p < 0,01 L’incidence saisonnière moyenne pour l’ensemble des vêlages simples a été

ainsi minimum (7,1 %) en automne et maxi-

mum (10,6 %) en été (p < 0,02). Une pro-

portion significative de vaches qui avaient

nécessité plus de 31A (37,7 % en première

lactation et 47,2 % en deuxième lactation)

ont développé une RP au vêlage suivant comparée aux vaches qui ont eu un vêlage

normal (22,5 et 25,5 % respectivement) (tableau III). Les difficultés de vêlage ont

augmenté l’incidence de RP chez les pri- mipares: 15,8 % des vêlages difficiles ont été suivis d’une rétention alors que 6,2 % des vêlages faciles ont conduit à cette pathologie (p < 0,001 Deux fois plus de

RP ont été observées lorsque le veau était

mort-né (3% des vêlages) que lors de la naissance d’un veau en bonne santé

(15,7 % vs 8,2%, p < 0,01 ) surtout chez les jeunes vaches (tableau III). Des durées de gestation inférieures à 270 jours ont été

associées à des fréquences élevées sur

l’ensemble des animaux étudiés (11,7 % vs 7,8% en moyenne, p < 0,001) essentielle- ment aux premier et deuxième vêlages (tableau III). Les femelles à haut niveau de

production laitière précédente (plus de

(7)

7 500 kg) ont eu plus de RP (10,7 % vs 8,1 %, p < 0,03), et c’est au troisième vêlage

que l’effet a été le plus significatif (13,6 %).

Les vaches dont la période sèche avait duré moins de 30 jours en fin de première lacta-

tion ont présenté des incidences plus fortes

à leur deuxième vêlage (29,4 % vs 7,3 %).

La durée de période sèche en fin de troi- sième lactation a elle aussi influencé l’occu-

rence de RP au vêlage suivant (tableau III).

Plus de rétentions (10,6 % vs 8,2 %,

p < 0,05) ont été observées sur les femelles dont la note d’état d’engraissement avant

la mise en oeuvre de la préparation au vêlage était supérieure à 4. Chez les génisses, l’incidence a augmenté de 5,7 % à 10,1 % (ns) parallèlement à la note d’état

et le même phénomène a été observé au

cinquième vêlage (8,7 % - 8,8 % -13,2 %, ns). Enfin, l’apport de plus de 30 kg de

concentré et tourteau pendant la période

de préparation au vêlage a abaissé signifi-

cativement la fréquence moyenne de RP

(7,7 % vs 10,1 %, p < 0,05) notamment aux premier et deuxième vêlages (tableau III).

Conséquences de la rétention placentaire

Dans les cas de naissances gémellaires, la

RP n’a pas été associée à une augmenta- tion de l’occurence des autres pathologies.

Suite aux mises bas d’un veau simple

avec RP, les taux de réforme (pourcentage

de vaches éliminées en cours de lactation / nombre de vêlages) n’ont pas été différents de ceux observés suite à un vêlage normal (11,5 % vs 13,3 %). La production laitière

en quatrième lactation et la fertilité en

deuxième, troisième et cinquième ont été diminuées (tableau IV). Ainsi, au cours de la

lactation suivante, 26,5 % des vaches avec RP vs 48,3 % suite à vêlage normal ont pro- duit plus de 7 500 kg et 32,9 % des vaches

avec RP vs 21,6 % de celles à vêlage nor-

(8)

mal ont nécessité plus de 3 lA (p < 0,001 ).

Des intervalles vêlage-insémination fécon-

dante de plus de 150 jours ont été obser-

vés chez 26,7 % des vaches à RP et 17%

des vaches à vêlage normal (p < 0,01 ).

Parmi les conséquences directes de la RP

sur l’état sanitaire qui apparaissent dans le

tableau IV, il a été noté que l’incidence des mammites était élevée indépendamment

de la RP et du rang de lactation. En revanche, l’incidence moyenne des infec- tions utérines a été de 14,5 % suite à vêlage

normal et de 38,3 % suite à RP (p < 0,001 ).

Cet effet a été constaté à tous les rangs de lactation. L’incidence des fièvres vitulaires a

augmenté avec le rang de vêlage et a été

deux fois plus importante suite à RP que suite à vêlage normal en troisième lacta- tion. Il en a été de même des acétonémies

cliniques et subcliniques après les premier

et quatrième vêlages.

DISCUSSION

La fréquence de RP de 10,1 % a été com- parable à celle rapportée par Faye et al (1986) dans l’Enquête écopathologique

continue (10,4 %) et plus élevée que celle décrite plus récemment par Philipot (1993)

en région Rhône-Alpes (8,4 %). Badinand et

Sensenbrenner (1984) avaient observé un taux moyen de 17,4 % dans l’est de la France sur des troupeaux de races Pie-

Noire et Pie-Rouge. Dans l’Ouest, la fré-

quence était de 16,7 % (EDE Bretagne- Pays-de-Loire,1985). Cette variabilité peut

être reliée à l’influence de facteurs de risque

différents en fonction des pratiques d’éle-

vage telles que l’homogénéité de race et le degré d’intensification par rapport aux per- formances attendues dans les troupeaux.

En domaines expérimentaux, l’incidence avait été estimée à 9,6 % (Faye et al, 1994).

Il est ainsi apparu qu’en Bretagne les fré-

quences de RP restaient encore plus éle-

vées que celles des pays nordiques euro- péens (6,7 % en Suède, Bendixen et al,

1987 et 4,4 % en Finlande, Grôhn et al, 1989). En revanche les incidences que nous

avons observées ont été plus faibles que celles enregistrées dans des pays soumis à des conditions ambiantes plus agressives

et visant à atteindre de très fortes produc-

tions laitières (17,8 % en Israël, Markusfeld, 1987).

Les naissances gémellaires ont aug- menté le risque de RP induite dans plus

d’un cas sur trois en moyenne. Un tel effet

a été étudié par Nielen et al (1989) dont les

observations estimaient leur taux à 3,2 %,

voisin de celui de 5 % de notre étude. Les

(9)

naissances multiples augmentent avec la parité (Bosc, 1978). Chez les génisses, l’inci-

dence des naissances de jumeaux a été plus faible, et attribuée à une mortalité embryonnaire plus importante du fait de l’immaturité utérine et une croissance inachevée de ces animaux. Les antécé- dents de parts multiples et l’utilisation de traitements pour infertilité conduiraient à

l’augmentation de fréquence avec le rang de vêlage (Nielen et al, 1989). Le fait de prendre le risque de naissances gémellaires qui induisent une mortinatalité plus élevée et

la RP ne compenserait pas les bénéfices de production laitière qui l’accompagnent (Eddy et al, 1991 ).

Les risques de récurrence mesurés sur

les trois premières lactations sont apparus relativement élevés (une femelle sur quatre

a eu au moins deux RP entre le premier et

le troisième vêlage) et suivi la tendance rap-

portée dans l’étude de Bendixen et al

(1987). En revanche, Dohoo et al (1984)

n’avaient trouvé qu’une faible répétabilité.

Un effet significatif du rang du vêlage a

été constaté pour l’ensemble des vêlages

dans notre étude mais on ne l’a plus

observé pour les naissances à veau unique.

L’augmentation du risque de RP avec l’âge

serait plutôt liée à l’augmentation de la fré-

quence des naissances de jumeaux comme

il a été mentionné par Larson et al (1985).

Les naissances simples soumises à un

facteur de risque lié à un vêlage défavo-

rable (vêlage difficile, veau mort) ont aug- menté l’incidence de RP. L’effet des vêlages dystociques, notamment chez les primi-

pares, mettrait en jeu le rapport de tailles

entre produit et mère (Isogai et al, 1994) et

une immaturité utérine de cette dernière (Gaines et al, 1993), entraînant des diffi- cultés de mise bas. Chez la vache, cette cause est moins fréquente alors qu’un

déroulement lent du vêlage, des torsions utérines, une dilatation insuffisante du col seraient plus importants (Mejeiring, 1986).

D’autre part, la non viabilité du veau au

vêlage, attribuable à des foetus de grande

taille (Markusfeld, 1987) a suivi l’augmen-

tation des incidences de RP lors de dysto-

cies.

Les facteurs de risque entraînés par de courtes durées de gestation ont augmenté significativement la RP chez la génisse et au

deuxième vêlage, phénomène largement

observé (Muller and Owens, 1974 ; Dyren-

dahl et al, 1977). De telles conditions ont été associées à un moindre développement placentaire et son immaturité au moment de la mise bas (Joosten et al, 1988).

Les plus fortes incidences de RP en

période estivale ont été expliquées par un raccourcissement de la gestation lié entre

autre à un stress thermique induisant des modifications neuroendocriniennes (DuBois

et Williams, 1980). Elles ont été observées par Joosten et al (1988) aux Pays-Bas, dans

des conditions climatiques proches de celles

rencontrées en Bretagne. Elles peuvent être

aussi conséquence d’une moindre fertilité et un décalage des vêlages et des condi-

tions d’alimentation reliées à la conduite des animaux pendant la période de pâturage.

La lactation précédente semble avoir une

influence non négligeable sur le déroule- ment du vêlage : une forte production lai-

tière et une durée courte de période sèche

ont favorisé l’occurence de RP. Cette même tendance a été relevée par Curtis et al

(1985) alors que Coppock et al (1974) ne

l’ont pas notée. L’effet que nous avons trouvé a été significatif au troisième vêlage seulement, et peut être dû à l’inadéquation

entre le potentiel de production maximum

à cette période de la vie productive et la

nutrition. Badinand (1984) mentionne que cet effet s’exerce à travers l’alimentation.

Un état d’engraissement trop important

en fin de gestation a été rapporté précé-

demment lors de RP. Il serait responsable

d’atonie utérine (Morrow et al, 1979; Mar- kusfeld, 1987). Cependant, l’effet préventif d’apport de concentré-tourteau en quantité

suffisante avant vêlage est en accord avec

(10)

nos observations antérieures (Barnouin et Chassagne, 1990).

Les principales conséquences de la RP

que nous avons notées ont concerné des troubles de la reproduction et une réduc-

tion de la production laitière à des degrés

différents selon le rang de lactation, bien que celle-ci n’ait pas modifié la politique des

réformes pratiquée par les éleveurs. Ces résultats confirment une étude précédente

sur vêlages simples (Chassagne et Cha-

cornac, 1994). La RP a été associée à une

diminution de la durée de lactation, des pertes de production de l’ordre de 360 kg (Bigras-Poulin et al, 1990) et des troubles de

physiologie ovarienne exprimés par une

augmentation du nombre d’IA. Erb et al

(1985) ont signalé l’existence d’une asso-

ciation positive entre RP et performances

ultérieures de reproduction par le biais des infections utérines. Les conséquences (écart vêlage - insémination fécondante) corres- pondent aux observations généralement rapportées (Risco et al, 1994). Le risque

d’infections génitales suite à RP est 4 à 6

fois plus élevé que suite à un vêlage nor-

mal (Curtis et al, 1985 ; Faye et al, 1986)

et leur association est une constante de la

pathologie de la vache laitière. Les fièvres vitulaires, deux fois plus nombreuses chez les vaches à RP au 3 e vêlage laissent pen-

ser à une origine nutritionnelle probable

induisant des déséquilibres en énergie et

minéraux chez ces femelles (Barnouin et Chassagne, 1991 ). En revanche, nous

n’avons pas noté d’association RP - mam- mites observée par Schukken et al (1988).

Celle-ci ne concernait que les mammites

post-partum.

En conclusion, les facteurs de risque étu-

diés agissent différemment au cours de la vie productive des animaux. L’occurence de RP est favorisée par les facteurs sui- vants : naissances gémellaires, mise bas

difficile chez les primipares, naissance de

veau mort, préparation au vêlage non appro-

priée. Les conséquences de la RP sur

l’occurence d’autres pathologies, sur la pro-

duction de lait et la reproduction indiquent

que l’ensemble vêlage difficile - mortinata- lité

-

rétention placentaire constitue un com- plexe pathologique dans des élevages lai-

tiers intensifs en Bretagne. Des pratiques

alimentaires et une gestion de la reproduc-

tion efficaces visant à améliorer le dérou- lement des vêlages devraient inclure entre autre une supplémentation suffisante des animaux par des concentrés et tourteaux en fin de gestation et l’utilisation d’un fond

génétique adapté aux mères, particulière-

ment chez les génisses.

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