Regard d’universitaire Analyse de Dominique Bucheton

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Regard d’universitaire

Analyse de Dominique Bucheton

Dominique Bucheton (professeure honoraire des universités en sciences du langage et de l’éducation à l’Université de Montpellier) réagit à la suite des quatre expériences pratiquées au lycée professionnel.

- Pascaline Prekesztics a exposé un projet permettant de pratiquer la co animation avec le professeur d’enseignement professionnel (pour une classe de classe de CAP accompagnement éducatif petite enfance AEPE il s’agit une enseignante de sciences médico-sociales ) : écouter une histoire, la réécrire en pratiquant une écriture longue, la raconter puis fabriquer un livre ( approche du chef d’oeuvre) dans le cadre de la classe virtuelle avec un accompagnement individualisé ̶ travail en autonomie avec des retours personnalisés ̶ et envisagé des perspectives de tutorat entre élèves, d’écriture collaborative, de travail collaboratif plus large et d’hybridation de l’enseignement.

Travailler en distanciel pour ce projet a permis de repenser l’autonomie

- Franck Bellamy dans le cadre de la co-intervention avec Jean Pierre Gosselin en CAP de mécanique a développé un site internet. La pratique de ce site simple d’accès ̶̶ avec un compte pour chaque élève, une entrée pour les ressources une entrée pour les études de documents, les exercices ̶ révèle des aspects à la fois positifs du suivi des élèves ̶ liberté de connexion de leur part, continuité pédagogique assurée avec suivi quotidien des professeurs ̶ mais décevants car l’autonomie est compliquée. Les élèves manipulent mal l’outil informatique vont directement à l’exercice et ne consultent pas les ressources.

- Loïc Seillier-Ravenel présente un travail de lecture où les élèves utilisent essentiellement WatsApp. Il montre l’intérêt du forum et de la messagerie instantanée où les élèves discrets sont plus loquaces. La trace laissée sur la messagerie est riche de réflexions élèves, de conseils et corrections du professeur .Il s’agit d’aider les élèves à aborder des textes résistants en adaptant un AQT au numérique. La construction collective du savoir est plus facile, la correction collective aussi. Cette expérience est à reprendre dans l’hybridation des parcours pédagogiques.

- Enfin Aurore Lecomte a utilisé le contexte du confinement pour faire travailler les élèves sur la notion d’espace sensible en géographie en leur faisant cartographier l’espace dans lequel ils ont vécu pendant cette parenthèse exceptionnelle. La chambre se révélant le sanctuaire de l’adolescent. Leur espace sensible et vécu s’inscrit dans un monde en relations où il est intéressant de réfléchir sur les liens entre les centres et les périphéries. Avec ce croquis de leur espace sensible les élèves deviennent témoins de l’histoire.

- Dominique Bucheton souligne que l’on est dans un métier de professeur en situation de tensions et difficultés pour lesquelles il faut trouver des solutions, inventer dans l’imprévu.

On la sent réticente à ce qui tendrait à simplifier. Aborder la littérature qui met en jeu en même temps plusieurs compétences est une tâche complexe, la simplifier serait tromper les élèves.

On est dans un métier en train de se questionner. Avec l’hybridation le métier se transforme : l’enseignant parle moins et cela contribue à modifier la posture d’accompagnement. Il faut donc que ça passe par « un extérieur ».

Les expériences présentées par les professeurs montrent une variété des postures et des gestes d’accompagnement, une attention particulière apportée aux élèves.

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Faire classe à distance au lycée professionnel

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L’hybridation va exiger de travailler de nouveaux contrats pédagogiques : un contrat de confiance « je te connais/tu me connais » On est en train d’entrer dans un autre langage Il faut réfléchir et « penser le temps » de la mise en place de cet enseignement hybride

Par ailleurs comment faire pour que les élèves s’engagent dans le travail ? On retrouve là l’intérêt de la pédagogie de projet avec une place importante pour l’autonomie. Mais que veut dire l’autonomie des élèves ? Ça n’a jamais été de travailler tout seul

Quels critères donner pour l’engagement dans la tâche ? Comment va-t-on faire pour que les élèves soient plus responsables, plus acteurs. Avec tout ce questionnement on est dans une transformation plus démocratique de l’enseignement. Comment apprendre à penser, faire une auto-analyse, une autorégulation dans la diversité des approches. Ensuite comme le montre le deuxième exposé, aujourd’hui on surestime les compétences numériques des élèves, le numérique pour apprendre n’est pas la même chose que le numérique social. Entrer dans les apprentissages numériques des élèves pour apprendre est un vaste chantier Ces expériences pédagogiques sont un vrai laboratoire.

Dominique Bucheton voit dans ces diverses expériences la volonté de motiver les élèves de donner du sens à ce qu’ils apprennent. Ce qu’ils font à l’École nous concerne, concerne le monde et leur vie. Comment donner la parole aux élèves pour qu’ils soient les témoins de l’histoire, les témoins de leur temps ?

Il faut parvenir à comprendre les élèves dans leur autre vie à côté de l’École Il faut que les élèves aient des espaces pour apprendre à penser. « Ils pensent rudement nos adolescents. » Et comment impliquer les parents ?

Cette réflexion sur le tissage entre la vie et l’École est une question importante. Ce tissage est particulièrement présent dans la première et la dernière intervention.

Toutefois les quatre expériences sont un vrai laboratoire pour notre réflexion d’enseignant

Pour Dominique, on ne peut pas enseigner sans un engagement éthique profond, envers les élèves, envers la profession qu’il faut faire bouger et envers la société par le refus de l’acceptation.

Lire aussi l’article de Dominique Bucheton « Les enseignants se sont ajustés à la culture numérique » dans le numéro 51 d’

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https://lettres-histoire.acversailles.fr/IMG/pdf/interlignes_51.pdf

Compte-rendu d’

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