Toxines naturelles

(1)

1

Toxines naturelles

Chapitre 11

(2)

2

Amanites

Dans nos contrées, trois champignons sont mortels et doivent être impérativement connus de tout amateur de champignons:

. Amanite phalloïde (« amanita phalloides ») . Amanite printanière (« amanita verda ») . Amanite vireuse (« amanita virosa »)

L’amanite phalloïde est la plus commune de ces trois amanites. Elle est responsable de plus de 90% des cas d ’intoxication mortelle.

La toxicité de ces champignons est due à des oligopeptides (amatoxines et phallotoxines) très toxiques pour le foie et le rein.

Le genre amanite contient aussi des champignons moins dangereux mais pouvant provoquer de sérieux troubles neurologiques dus à la présence de muscarine (sueur, larmoiements, mydriase, salivation, bradycardie..) et de substances hallucinogènes (amanite tue-mouches et amanite panthère).

Enfin, certaines amanites sont d ’excellents comestibles (ex.: oronge des césars).

1. Champignons vénéneux

(3)

3

Les trois amanites mortelles

printanière

phalloïde

vireuse

(4)

4

Caractéristiques des amanites . Lamelles blanches

. Anneau . Volve

Symptômes cliniques de l’intoxication par les amanites (intoxication phalloïdienne)

. Période d ’incubation longue (8-48 heures) . Troubles digestifs (nausées, diarrhées, ..) . Sueurs

. Hépatolyse . Toxicité rénale . Coma et mort Traitement

. Palliatif: maintien des fonctions vitales.

(5)

5

Autres champignons dangereux

Lépiote brunâtre Lépiote à crêtes

Alors que les grandes lépiotes sont d’excellents comestibles

(ex. lépiote déguenillée et la grande coulemelle), plusieurs lépiotes de petite taille contiennent des substances toxiques proches de celles des amanites mortelles et qui peuvent donner lieu à des intoxications très graves (hépatolyse).

Par prudence, il est conseillé d’éviter de consommer les lépiotes de moins de 10 cm.

Les petites lépiotes (mortelles)

(6)

6

Autres champignons dangereux

Amanite tue-mouches

Champignon dangereux contenant des substances neurotoxiques (muscarine) et

hallucinogènes. Les signes d’intoxication consistent en des troubles gastro-intestinaux (nausées, diarrhée,..), des troubles neurologiques dus à la présence de muscarine (sueur, larmoiements, mydriase, salivation, bradycardie..), des signes d’ébriété, du délire, hallucinations, excitations aphrodisiaques...

Amanite tue-mouches

(7)

7

Champignons comestibles

Rosé des prés ou la psalliote champêtre

Contrairement à l’opinion répandue, les champignons comestibles ne sont pas tout à fait inoffensifs et il est sage de bien les préparer et de les consommer avec

modération.

Le rosé des prés doit être consommé de préférence cuit afin de détruire

l’agaritine, un dérivé de la phénylhydrazine mutagène et donc potentiellement cancérogène.

(8)

8

Champignons comestibles

Gyromitre ou fausse morille (cancérigène)

Le gyromitre appelé aussi fausse morille ou morille ronde est un champignon abondamment consommé dans le monde qui cependant contient de la

méthylformylhydrazone, une substance cancérigène.

Il est important de ne consommer que des giromitres ayant subi un traitement par dessiccation assurant l’élimination de l’hydrazine.

Giromitre ou fausse morille

(9)

9

Ergotamine

Alcaloïde dérivé d’un champignons contaminant les céréales (seigle). Neurotoxique.

Intoxication: ergotisme (très répandu au moyen âge, sorcière de Salem)

. Forme aigue: agitation, nausée, vomissement, délire, myosis, hallucinations, hypertension, infarctus du myocarde ou rénal,…

. Forme chronique; Feu de St Antoine ou Mal des Ardents: gangrène périphérique, sensation de brûlure,..

Dérivés synthétique: LSD, Lysergic acid Diethylamide)

Ergot du seigle

(10)

10

Aspergillus ochraceus: ochratoxine A

Mycotoxine contaminant les denrées conservées dans des conditions humides.

. Toxique pour les reins (toxicité tubulo-interstitielle

Comparable à celle induite par la Cd). Risques d’affections rénale chronique et d’insuffisance rénale à fortes expositions (ex. mort mystérieuse d’archéologues, fermiers enfermés dans un silo,..)

. Mutagène et potentiellement cancérigène pour l’homme

(11)

11

Compostage

Attention au mythe de la nature Attention au mythe de la nature

bénéfique

(12)

12

Compostage

• Des déchets verts dans le jardin:

risques pratiquement nuls (toutefois les poubelles vertes sont déconseillées aux allergiques/asthmatiques).

• Centres de compostage:

risques professionnels et environnementaux liés aux agents pathogènes, allergènes et aux toxines microbiennes

(mycotoxines cancérigènes et toxines bactériennes).

• Attention: n’utilisez que des déchets verts bien triés pour

éviter les contaminations par les dioxines, métaux lourds,

résidus de plastiques,...

(13)

13

2. Plantes vénéneuses

L’if commun (« taxus baccata ») . Les baies

Les baies sont le plus souvent consommées par les jeunes enfants

attirés par la couleur rouge vif. Généralement, rien ne se passe si la baie

est avalée telle quelle. En revanche si l’enfant a broyé la baie, il peut présenter des signes d’intoxication souvent il s’agit de troubles neurologiques ou gastro-intestinaux sans gravité. L ’intoxication peut être plus grave s’il a avalé des parties vertes.

. Les feuilles

La consommation de feuilles d’if est souvent mortelle. Les signes d ’intoxication sont des nausées, douleurs intestinales, endormissement, coma et mort.

Le traitement consiste à vider l’estomac (vomissement ou lavage gastrique), en l ’administration de charbon actif et au maintien de la fonction cardiaque.

Les animaux sont aussi sensibles que l ’homme et les accidents sont fréquents parmi les herbivores, avec une mortalité très élevée.

La dose létale varie peu selon les espèces. La dose létale est d’environ 0,04-0,07 % du poids corporel chez le cheval, la vache et la chèvre (ex. 100 à 200 g de feuilles peut tuer un cheval!). Le diagnostic peut se faire en analysant le contenu du tube digestif ou en recherchant le taxol.

(14)

14

Ciguë

Poison d’état dans la Grèce antique et utilisé

autrefois comme plante médicinale (en application externe), la ciguë n’est qu’exceptionnellement la cause d’intoxications chez l’homme. Les rares cas d’intoxication rapportés concernent de jeunes

enfants. La symptomatologie consiste en une léthargie qui peut déboucher sur la mort en quelques heures.

Les principes toxiques sont la conicine et la conicéine. conicéine

Les intoxications chez l ’animal sont en revanche plus fréquentes et plus graves quelles que soient les espèces. Les animaux salivent abondamment et après une phase d ’excitation, ils deviennent apathiques avec la pupille dilatée et meurent de détresse respiratoire.

Lorsqu' ’elle est ingérée régulièrement par des femelles gestantes, la ciguë est tératogène.

(15)

15

Colchique d’automne

Les cas d ’intoxication sont heureusement très rares car l ’issue est souvent fatale.

La toxicité de cette plante est due à la

colchicine, un puissant anti-mitotique (fixation sur la tubuline).

La dose létale chez l ’homme est de l ’ordre de 1 (enfant) à 5 g (adulte) en cas d ’ingestion de graines. La dose létale chez les herbivores est de d’environ 10 g par kg (ingestion de

feuilles).

L ’intoxication se manifeste par une diarrhée profuse entraînant une hypovolémie qui peut être fatale. Une aplasie médullaire se

développe suite à l ’action anti-mitotique de la colchicine.

Le diagnostic peut se faire en analysant le contenu du tube digestif ou en dosant la colchicine (1 mg colchicine par kg).

(16)

16

La fougère mâle

La toxicité de la fougère mâle est due à un dérivé terpénique, le ptaquiloside.

C ’est une plante toxique bien connue des éleveurs et vétérinaires. Habituellement, les animaux ne

consomment que les jeunes plants, ignorant les plants plus âgés.

Chez les bovidés, la fougère mâle provoque un

syndrome hémorragique avec une hématurie tandis que les équidés développent des troubles

neurologiques (ataxie, tremblements, ).

Chez les moutons, l’hématurie peut s’accompagner d’une dégénérescence de la rétine.

Le traitement chez le cheval consiste à administrer de la thiamine (la déficience en thiamine est due à une

thiaminase dans la fougère). Le ptaquiloside est

cancérogène. La consommation régulière de fougères mâles ou de lait contaminé augmente les risques de cancer de l ’œsophage et de l ’estomac.

(17)

17

Le datura (solanacées)

Les intoxications accidentelles sont rares.

Il s ’agit le plus souvent d ’intoxications délibérées

suite à l ’ingestion abusive de préparations médicinales (poudre pour cigarettes sédatives dans l ’asthme).

Les symptômes sont neurologiques et consistent en mydriase, sécheresse de la bouche, hallucinations

visuelles, auditives ou tactiles et une perte de mémoire pendant la phase d ’intoxication qui peut persister

pendant plusieurs jours. La plupart des décès

ne sont pas dus à la plante elle-même mais à l ’état d ’inconscience qu’elle génère (ex. noyade).

Ces symptômes sont provoqués par l’atropine et la scopolamine, deux alcaloïdes présents dans toutes les parties de la plante. Quelques fleurs de la plante et moins d’un gramme de graines peuvent suffire à

produire ces effets. Utilisée à des fins rituels par les indiens du nouveau monde, la scopolamine extraite de

certaines variétés de datura sert aujourd’hui à des

fins criminelles pour l’hypnose des victimes à détrousser.

(18)

18

La belladone (solanacée)

Le principe toxique de la belladone est l’atropine, un alcaloïde anti-cholinergique utilisé notamment comme antidote des pesticides organophosphorés.

Plante dangereuse pour les jeunes enfants qui sont attirés par les fruits dont la taille et la couleur rappellent celles de la cerise.

Quelques fruits suffisent pour provoquer les manifestations neurologiques caractéristiques de l ’intoxication par l’atropine (mydriase, tachycardie, ..).

Des injections de physostigmine peuvent déboucher sur une issue favorable.

(19)

19

L ’absinthe

L ’absinthe contient de la thuyone, un dérivé terpénique neurotoxique.

Très en vogue au 19ème siècle et surtout très appréciée des artistes, la boisson alcoolisée à base

d ’absinthe (la « Fée Verte ») a été interdite en France en raison des ravages qu' ’elle a provoqués dans la population. La boisson

actuellement commercialisée est beaucoup moins toxique.

(20)

20

RBP B2-m

CC16

1. Néphropathie aux herbes chinoises, CHN

Phytotoxines: acide aristolochique

Kabanda, Bernard et al., 1995

(21)

21

2. Néphropathie endémique des Balkans: contamination alimentaire par l’acide aristolochique

Acide aristolochique

. Substance toxique pour les reins (néphrite tubulo-interstitielle pouvant déboucher sur une insuffisance rénale)

. Substance mutagène et cancérogène pour l’homme (cancer de la vessie)

(22)

22

Film « Soleil vert », 1974

Voyage dans le

meilleur des mondes où les déchets

deviennent

des matières premières

(23)

23

Maladie de la vache folle et la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (vMCJ)

. . Contamination des farines animales Contamination des farines animales par le prion, protéine infectieuse très par le prion, protéine infectieuse très

Toxines naturelles