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Histoire moderne du Valais : de 1536 à 1815

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HISTOIRE MODERNE DU VALAIS

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Cet ouvrage contient 25 planches hors texte imprimées

la « Société Générale d'Imprimerie », à Genève, d'après des gravures tableaux authentiques, dont 18 reproductions photographiques

de T. Favrat, photographe à Sion.

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Ancien grand-doyen du V. Chapitre de Sion, à l'âge de 51 ans.

(Né le 29 Juillet 1824)

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HISTOIRE

MODERNE DU

DE 1536 A 1815 VALAIS

PAR LE

C h a n o i n e GRENAT

GENEVE

Victor PASCHE, Editeur

SUCCÈS, DE C H . EGGIMANN & Ci e

PUBLIÉE PAR LES SOINS DE

Joseph de LAVALLAZ

AVOCAT, A SION

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PRÉFACE

N 1873, le Vénérable Chapitre de Sion, dans lequel nous venions d'entrer, nous chargea de la révision et de la réorganisation de ses archives de Valére que le malheur des temps avaient bouleversées, et dont un assez grand nom- bre de documents, mentionnés dans de vieux manuscrits, avaient disparu par des causes analogues à celles qui ont causé la perte de nombreuses et importantes pièces, qui sont sorties des archives des diverses communes du pays et de celles des corporations et des principales familles du canton. Après avoir travaillé quelques mois à la tâche qui nous était imposée, il nous vint la pensée d'utiliser pour nos concitoyens les décou- vertes historiques que nous faisions chaque jour, au lieu de nous borner à une simple organisation et à un inventaire de ces vieilles archives. Nous recueillîmes d'abord des notes sur les points qui nous paraissaient plus intéressants et bientôt, notre shpére de connaissances s'élargissant, nous

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VI PRÉFACE

commençâmes à donner un corps au présent ouvrage. Ce n'est pas sans appréhension que nous nous décidons à le présenter au public. Peut-être aurions-nous mieux fait de ne pas nous rendre aux pressantes exhortations de personnages haut placés et trop bienveillants pour nous.

Les faits si peu connus, il faut même le dire, si mal connus de la période Valaisanne que nous décrivons, ont un très grand intérêt histo- rique ; mais leur nature même exposera le narrateur à être accusé d'exagé- ration, de parti-pris ou d'entraînement de préjugés. Nous déclarons cependant consciencieusement que nous ne relatons que ce que nous avons vu et lu dans des documents dignes de foi, dans les chroniqueurs graves, dans les écrits de personnages que leur position et leurs fonctions mettaient en état de connaître la vérité, d'apprécier les choses et d'en porter un jugement sain. Mais surtout, nous avons eu à notre disposition entière les protocoles officiels originaux des diètes — vulgairement appelés Abscheids — qui nous ont servi de fil conducteur et dont nous ne nous sommes jamais écarté, sauf en certains points concernant la question religieuse sous l'épiscopat du clairvoyant et ferme Hildebrand Jost, pour lesquels nous avions la preuve authentique de l'altération de divers passa- ges, opérée perfidement par des secrétaires de diète intéressés à mentir et protégés par la connivence de hauts magistrats accusés eux-mêmes par la conscience publique et par les protestations et les manifestes de

l'Evêque.

Il ne suffit pas de l'allégation d'un fait, quoique certain, pour l'appré- cier; il faut encore l'étudier dans ses phases diverses de temps, de mœurs, de qualité des personnes qui en changent souvent l'aspect et en font porter un jugement tout différent.

La crainte de déplaire expose parfois l'historien à atténuer, sinon à taire, certains faits, ou l'empêche de prononcer un verdict sévère sur des opinions ou des assertions contraires à la vérité, transmises par l'orgueil national et qui semblent d'autant plus indubitables qu'elles sont plus répandues et enracinées. Tout n'est pas vertu et digne d'admiration dans la vie d'un peuple, quelques louanges qu'il mérite ou quelles que soient ses qualités. L'humanité ne fut jamais la perfection. C'est se moquer d'une nation que de ne rien trouver en elle de condamnable. Agir ainsi ne serait plus écrire de l'histoire, mais rédiger un roman. Quel crédit mériterait un historien auquel on pourrait reprocher, documents en main, de cacher la

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PRÉFACE VII

vérité quand elle peut blesser, et de la publier hardiment quand elle peut flatter ?

Pourrait-on en ceci suivre une meilleure direction et adopter des régies plus sûres que celles tracées par l'illustre Léon XIII dans son bref du 18 août 1883 sur les études historiques, a II faut, dit le savant Pontife, énergiquement s'efforcer de réfuter les mensonges et les faussetés en recourant aux sources, ayant surtout présent à l'esprit que la première loi de l'histoire est de ne pas oser mentir ; la seconde, de ne pas craindre de dire la vérité, afin que l'historien ne prête à aucun soupçon de flatterie, ni d'animosité. '»

D'avance nous nous attendons à des critiques, violentes peut-être, provoquées chez quelques-uns par l'ignorance de causes qui parfois ont produit des effets regrettables et funestes ; chez d'autres, par un sentiment d'amour-propre blessé de voir s'effeuiller les lauriers de leurs héros plus légendaires que réels.

Quelques timides pourront même crier au scandale, en nous voyant pénétrer dans le sanctuaire par l'exposition bien mesurée, cependant, et rapide d'agissements répréhensibles de quelques-uns de ceux, que leurs fonctions ou leur haute position sociale mettaient d'autant plus en évidence et obligeaient à des exemples tout opposés ; prévarications que la religion a toujours condamnées et que la vérité, qui ne perd jamais ses droits, oblige à signaler pour servir de leçon salutaire et de préservatif à l'avenir.

Quoi qu'il en soit, marchant dans la voie indiquée par l'immortel Pontife, docteur de la vérité, nous nous préoccupons peu d'avoir des choses désagréables à entendre, car ce que nous disons nous le croyons conforme à la vérité et aux régies prescrites par notre Chef suprême le Vicaire de J.-C.

Pour plus amples détails sur les sources historiques dont il n'a été dit qu'un mot ci-dessus, voici les principales auxquelles nous avons puisé et que nous mentionnons ici pour éviter de trop nombreuses citations au bas des pages.

1 Enitendum levitati raagnopere, ut omnia ementita et falsa, adeundis rerum fontibus, refutetur; et imprimis scribentium observetur animo : primam esse historiae legem ne quid falsi dicere audeat; deinde, ne quid veri non audeat, ne qua suspicio gratiae sit in scribendo, neque simultatis. — Bref : Sape numéro considérantes etc.

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VIII PRÉFACE

Les Abscheids ou protocoles officiels des diètes du Valais.

Les archives de l'Etat du Valais.

Les archives de l'Evêché de Sion.

Les archives du Vénérable Chapitre de Sion.

Les archives du Grand St-Bernard.

Les archives de la ville de Sion.

Les archives si riches de la famille du comte et grand-bailli de Rivaz, contenant les nombreux volumes manuscrits de l'érudit Chanoine de Rivaz, les écrits historiques du grand-bailli son oncle, de ses frères Pierre, Isaac et autres membres de la parenté. C'est avec la plus vive reconnaissance que nous remercions cette famille de l'empressement gracieux avec lequel elle a daigné mettre toutes ses richesses littéraires'à^notre disposition.

Les archives des deux familles de Riedmatten.

Les archives des familles de Lavallaz, de Sion.

La chronique Bérodi.

Le volumineux manuscrit du docteur Carrupt, curé d'Ardon, qui fut témoin oculaire, on peut le dire, de la plus grande partie des événements de l'invasion française à la fin du XVIIIe siècle.

Boccard : Histoire du Valais.

Amtliche Sammlung der Acten aus der Zeit ber helvetischen Republik.

Documents tirés de diverses archives communales du canton.

Chanoine GRENAT.

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AVANT-PROPOS

Sion, Ier novembre 1904.

Il y a bien une dizaine d'années que le présent ouvrage de M. le chanoine Grenat, L'Histoire moderne du Valais de i536 à I8I5, était terminé dans son ordonnance et sa forme actuelles1, et qu'il aurait donc pu et dû voir le jour. Son impression et sa publication se heurtaient à certains obstacles qu'il est préférable de passer sous silence, puisqu'ils ne se sont pas manifestés publiquement, que je sache; puisqu'ils ont pu être suggérés par des sentiments sincères et partant respectables, encore que fourvoyés et malencontreux à mon humble avis; puisqu'enfin ces obstacles, l'arche construite par M. Grenat les a esquivés ou franchis sans encombre ni avaries, et qu'oublieuse maintenant des vents contraires, de la houle et des récifs, elle vogue crânement dès aujour- d'hui dans les eaux de la publicité, battant pavillon : Fais ce que dois, advienne que pourra.

Dans sa succincte Préface, M. le chanoine Grenat semble avoir fait, à l'une ou l'autre de ces entraves, l'honneur d'une salve de franchise et de pro- bité historiques, tempérée par une réserve aussi digne que charitable. Je serais mal venu à y ajouter quoi que ce fût.

Ayant appris fortuitement, un jour de juin io,o3, les causes de la non- apparition de cette œuvre (dont je n'avais aucune idée) et les éventualités aux- quelles elle était exposée, je me présentai le lendemain chez M. le chanoine Grenat pour lui offrir d'en assurer la publication à brève échéance et dans son intégralité. Ce vénérable vieillard de 80 ans, avec la confiance la plus spon-

1 L'auteur l'ayant commencé après la cinquantaine et terminé sur le tard de la vie, l'ouvrage est resté tel quel, sauf mes légères retouches de l'orme en quelques passages.

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X AVANT-PROPOS

tanée et la plus absolue, m'en délivra sur l'heure tous les manuscrits et m'en transféra la propriété avec charges et honneurs, — charges et honneurs aux- quels je m'empressai de faire droit en mettant cette histoire moderne de ce cher « canton de Vallays en Suysse1 » à la disposition de tous ses enfants, qui s'intéressent à ses destinées. A eux de prononcer si M. le chanoine Grenat a bien mérité de la patrie valaisanne.

Aussi bien, est-ce essentiellement un sentiment patriotique qui a présidé à l'élaboration de cette revue triséculaire des faits et gestes de nos aïeux.

Témoin l'article ci-après reproduit, signé G., que la Galette du Valais publiait dans ses colonnes le Ier novembre 1884, par lequel M. le chanoine Grenat — apparemment — appelait à lui de divers côtés tous les documents et écrits pouvant lui servir à édifier son monument historique :

A r c h i v e s Nationales f-Corresp.) — Vous avez eu une heureuse pensée en invitant vos lecteurs et tout citoyen valaisan à envoyer à l'inspecteur des archives communales2, à Sion, les divers documents ou les pièces historiques qui peuvent être en leurs mains.

Il est bien reconnu que dans notre pays les écrits concernant notre histoire ne sont pas tous dans les archives des communes; un très grand nombre se trouvent dans les familles où on les conserve sans profit, si les propriétaires en connaissent l'importance ; mais, le plus souvent, on laisse aux enfants le soin de disperser ces parchemins ou de défaire feuille après feuille de précieux volumes du XIIIme, XIVmc ou XVme siècle. Les rats sont ensuite chargés de mettre en lambeaux ce qui a échappé aux enfants, des originaux ou des sources de notre histoire nationale. Il arrive encore que si un chef de famille est soigneux de ses archives grandes ou petites, ses premiers descendants les négligent complètement.

Eh bien, pourquoi ne prendrait-on pas le parti de se défaire avantageusement de ces manuscrits, inutiles aux intérêts de la famille, en les expédiant à la personne qui se charge de les recueillir au nom de l'Etat? Pour s'éviter même la peine de les expédier, on n'aurait qu'à prévenir le collecteur du don qu'on laisse à sa disposition. Si l'on ne peut se décider à faire cession de ces documents, on peut au moins en faire le dépôt contre récépissé en forme aux archives historiques, qui les conserveront soigneusement et les utiliseront.

Il faudrait enfin se persuader que beaucoup de ces parchemins et manuscrits sont histo- riquement précieux, et que d'autres, dont on croit communément le contenu inutile et que l'on traite et étiquette comme tels, même dans plus d'une archive communale, servent souvent à vérifier des faits ou à fixer des points historiques sur lesquels les auteurs ne sont pas d'accord.

L'expérience en est faite. On ne doit rien négliger, rien mépriser. Un bout de parchemin chiffonné, un morceau de papier froissé et souillé ont parfois une importance qu'on ne soup- çonne pas.

Combien de fois n'ai-je pas entendu dire que le Valais n'avait pas encore une histoire convenablement développée ? Je l'ai entendu de la bouche de plusieurs de ceux qui possèdent des archives privées. Je dirai en particulier à ceux-ci : prêchez d'exemple en commençant à fournir vos documents qui dorment chez vous et dont vous ignorez peut-être toute la valeur.

En agissant de la sorte, d'autres vous suivront. Vous serez ainsi les vrais fondateurs d'une œuvre toute patriotique et vous mériterez la reconnaissance du pays à la gloire duquel vous contri- buerez puissamment.

Il n'est pas rare d'entendre louer le patient labeur de ceux qui s'occupent de recherches historiques. Eh bien, pourquoi ne pas les seconder d'une manière vraiment efficace et qui ne coûte presque rien, en leur livrant, non pour eux, mais pour Vavantaqe de cette patrie que vous aimez vivement, tout ce que vous tenez dans l'obscurité et la poussière séculaire de vos archives?

» Lettre de Henri III. p. 88.

2 M. le chanoine Grenat.

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AVANT-PROPOS XI Etes-vous plus avancé ou plus riche pour avoir gardé des documents dont vous ne pouvez

tirer aucun parti pour vous? Préférez-vous vendre à l'étranger les documents et les sources de votre histoire nationale? Ou bien votre civisme va-t-il jusqu'à préférer la pourriture de vos parchemins ou la dent incisive des rats? Je pourrais citer telles archives particulières fermées depuis soixante-dix ans qui n'ont plus présenté que pourriture et travail des souris quand on les a ouvertes. Chez nous, je le reconnais volontiers, ce n'est généralement pas l'indifférence, encore moins l'égoïsme, qui arrête : c'est la négligence à mettre aussitôt à exécution une bonne pensée qu'on a eue, et qui par là même est vite oubliée. L'apathie est une triste maladie morale trop répandue dans la vallée du Rhône.

Nous sommes riches encore en documents éparpillés qui tendent chaque jour à se perdre. Il est temps qu'on se réveille, qu'on se secoue et qu'enfin on se mette à l'œuvre, au moins en favorisant de la manière que j'ai dit une œuvre toute -patriotique, mais qui ne peut aboutir qu'avec le concours de tous.

Toutes les communes rendent grâces au gouvernement qui les oblige à mettre en ordre leurs archives et à en dresser l'inventaire à bref délai. Elles reconnaissent le service inappré- ciable qu'il leur rend en les astreignant à un travail momentané. Mais quelle inconséquence n'y aurait-il pas d'admirer cette sage mesure de l'Etat, si chacun n'est décidé à contribuer autant qu'il est en lui à Fun des buts que se propose le pouvoir exécutif. » G.

Les lecteurs auront sans doute souligné avec moi certains passages de cet appel plus patriotique que bien d'autres, en faveur d'une histoire nationale valaisanne. L'œuvre en main, ils décideront si M. le chanoine Grenat a accom- pli dignement sa noble tâche et s'il a droit à la reconnaissance du pays.

Dans l'élaboration de son œuvre, l'auteur n'est pas resté narrateur froid, stoïque, indifférend envers les hommes, les choses et les événements qui pas- saient sous sa plume. Il les a souvent jugés dans leur portée et dans leur valeur morale, religieuse, sociale et politique, en ayant égard aux circonstances de temps, de lieux, de personnes et de toutes influences qui ont constitué leur ambiance originelle. On doit lui en savoir gré. Ayant sous les yeux tous les matériaux historiques assemblés par ses fouilles et ses perquisitions aussi sagaces qu'infatigables, étant à même de les compulser, scruter, comparer, M. le chanoine Grenat, mieux que personne, était habilité et avait qualification pour émettre sur les personnages et les faits passés des appréciations justes et adéquates. Dès lors, ses impressions et ses jugements quels qu'ils soient, qu'on y adhère ou non, ne sont-ils pas précieux? N'aurait-ce pas été regret- table si l'historien les eût gardés dans son for intérieur et se fût abstenu d'en faire part à ses lecteurs? N'aurait-ce pas été d'autant plus fâcheux qu'il a mis à les porter, comme on l'éprouve chaque fois, toute sa conscience, toute son âme, en un mot, autant qu'il était en lui, toute l'objectivité et l'impartialité possibles ?

Il va de soi que, s'agissant spécialement des questions religieuses, les appréciations de M. le chanoine Grenat sur les phénomènes du passé valaisan ont été conçues et exprimées sous l'influence d'une foi catholique profonde, qui se manifeste et s'épanouit à chaque occasion. Ses coreligionnaires s'en féli- citeront sans doute, et cela à bon droit. Quant à ceux qui ne professent pas les mêmes croyances religieuses, ils ne s'en formaliseront point. Tout le monde

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XII , AVANT-PROPOS

sait, en effet, que les jugements émanant d'une conviction réelle, positive ou négative, sont généralement préférables aux ânonnements, aux hésitations de l'indifférence et du scepticisme. Puis, à notre époque de liberté de cultes et de publicité intense, les esprits ont accoutumé de percevoir les idées, les opinions, les théories et systèmes, les prosélytismes et fanatismes même, les plus infini- ment variés, dissemblables, contradictoires, dont il se dégage au moins une résultante inéluctable : la tolérance pratique. Elle consiste, entre autres, à res- pecter toutes les convictions subjectives, vraies et sincères, et par conséquent à pouvoir donner audience, sans imprécations ni mépris, à leurs appréciations et assertions, sauf pour chacun à modifier ou à conserver au contraire son senti- ment propre et à pouvoir, en toute honnêteté et liberté, l'exprimer aussi à sa manière et à son tour. A ce point de vue, il suffit de lire la Préface de l'œuvre historique de M. le chanoine Grenat, ce ministre de paix si unanimement estimé de tous ceux qui l'ont connu, pour se convaincre à l'avance que, pour tous, cette œuvre s'impose au respect, parce qu'elle est sincérité.

Au surplus, en toute chose l'intention décide de l'estime ou de la méses- time. Elle confère à toute entreprise noblesse ou bassesse. Or, l'intention principale qui anime L'Histoire Moderne du Valais, est de faire remonter à la foi patriotique et religieuse du peuple valaisan une partie de son cours histo- rique, et de lui en raviver les souvenirs mémorables, sympathiques ou peu louables, les péripéties d'heur et malheur, les phases instructives et éducatives des générations futures, cela, dans le ferme espoir que ce Connais-toi toi- même » rétrospectif ne peut être pour ce petit peuple, fidèle à ses croyances comme à ses franchises et libertés, qu'un gage d'heureux avenir et de prospérité. Fiat.

Joseph DE LAVALLAZ.

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LE VALAIS SELON LES ABSCHEIDS

L'histoire est comme le jugement de Dieu en première instance ; il faut y pro- duire la vérité envers et contre tous.

ROHRBACHER : Hist. eccl.

CHAPITRE PREMIER

DE 1536 A 1542

OUR initier le lecteur au récit des événements qui eurent lieu en Valais dès l'année 1536, vrai point de départ de cet ouvrage, il n'est pas inutile de remonter quelque peu vers le passé; certaines notions historiques préliminaires faciliteront l'entrée en matière et l'intelligence des faits qui se dérou- leront devant ses yeux.

Jusqu'en 1475, le Bas-Valais, qui comprend cette partie du canton située entre le torrent de la Morge de Conthey, à 5o minutes de Sion, et le torrent du même nom à Saint-Gingolph, appartenait depuis plusieurs siècles aux princes de Savoie et faisait partie intégrante de leur province du Chablais; mais, comme diocèse, il relevait de la juridiction incontestée de l'évêque de Sion.

L'Etat ou république du Valais commençait à la Morge de Conthey et s'étendait, par la vallée de Conches, jusqu'à la source du Rhône. Il était composé de sept dizains : Sion, Sierre, Loèche, Rarogne, Viège, Brigue et Conches. C'est ce que l'on désigna plus tard par le nom de Haut-Valais.

L'évêque de Sion, élu par le Vénérable Chapitre de la cathédrale, portait le titre de comte et préfet du pays; il jouissait de tous les droits régaliens, c'est-

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2 NOTIONS PRÉLIMINAIRES

à-dire de prince souverain. Vrai chef du gouvernement, il présidait les diètes ou assemblées générales auxquelles il convoquait lui-même les représentants des communes des sept dizains.

Ces communes, dont il était le suzerain, avaient leurs franchises qu'il jurait, à son avènement au trône episcopal, de respecter. Son lieutenant au temporel s'appelait « le bailli ».

Peu à peu, les citoyens des sept dizains qui s'intitulaient « les Patriotes », secrètement animés et dirigés par des familles influentes, jalouses et avides de domination, cherchèrent à empiéter sur les prérogatives de l'évêque et, pour la première fois en 1446, lui arrachèrent violemment certains droits. Dès lors, pendant deux siècles surtout, ils profitèrent de toutes les occasions pour dimi- nuer son autorité en la réduisant insensiblement à celle d'un souverain consti- tutionnel, qui règne sans gouverner.

Le pouvoir temporel du prélat, quoique grand encore, avait cependant déjà subi quelques atteintes quand l'armée du duc de Savoie, forte de dix mille hommes, franchit la Morge et se présenta sous les murs de Sion qu'elle assiégea et qu'elle était au moment de prendre, lorsque l'arrivée d'un corps auxiliaire de trois mille Bernois et Soleurois vint rendre les Valaisans victorieux sur le champ de bataille de la Planta : c'était le i3 novembre 1475.

Profitant de leur victoire, les troupes des sept dizains franchirent la Morge à leur tour et s'emparèrent du Bas-Valais actuel jusqu'à Saint-Maurice. Ils n'occupèrent cependant cette petite ville que le 16 mars de l'année suivante, où Nicolas de Scharnachtal la leur remit au nom des Bernois et des Fribourgeois, qui la tenaient en hypothèque de la maison de Savoie. Cette partie du pays conquis reçut le nom de gouvernement de Saint-Maurice et fut administrée par un gouverneur, que ses nouveaux maîtres y envoyaient chaque deux ans.

Bientôt, de pénibles démêlés surgirent entre les patriotes et l'évêque Jodoc de Sillinen qui, exilé du pays, alla mourir à Rome.

Puis, après quelques courtes années d'un paisible épiscopat, on eut à gémir sur les interminables luttes entre le cardinal Schiner et son puissant rival Georges Supersaxo. D'un côté les amendes, les procès, les confiscations, les condamnations à mort, les excommunications; de l'autre les conspirations, les émeutes, les homicides, les proscriptions et les trahisons. On vit s'élever dizain contre dizain, frères contre frères. Un moment, Georges, traître à sa patrie et ne songeant qu'à augmenter sa grande fortune par la faveur surtout des princes étrangers, proposa au prince de Savoie de s'emparer du château de Martigny, appartenant à l'évêque, dont un parent commandait la petite garnison. Mais sur le refus du prince, les partisans du traître prennent le château après un siège de plusieurs mois et le livrent enfin aux flammes. Le cardinal, presque toujours absent de son diocèse, se trouvant en effet soit dans les cours des rois et empereurs pour s'occuper de leurs intérêts, soit à la tête des bataillons suisses sur les champs de bataille en Italie, répondait à ses adversaires par des excom-

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ALLIANCES AVEC LES CANTONS CATHOLIQUES 3

munications, des interdits généraux et des citations devant Rome1. Cet état de choses dura jusqu'à la mort de Schiner (i522) auquel les patriotes donnèrent pour successeur le seigneur Philippe de Platéa, l'un des cent cinquante person- nages que le pape avait excommuniés et qu'il ne voulut pas confirmer, parce que la nomination lui appartenait, le prédécesseur étant mort en cour de Rome.

Enfin Supersaxo, le cupide traître, étant devenu odieux à ses concitoyens, condamné par eux à une amende de 12,000 écus hypothéqués sur ses biens en Valais, prévoyant l'ostracisme qui l'attendait, s'enfuit de nuit avec sa famille (1529) et va se réfugier à Vevey où il meurt bientôt.

Durant cette lamentable et funeste période, combien la situation religieuse du pays ne dut-elle pas devenir triste. L'instruction et l'éducation du clergé avaient été nécessairement négligées et la discipline relâchée d'une manière déplorable; dans beaucoup de paroisses, on avait confié le saint ministère à des ecclésisatiques étrangers n'offrant pas toujours les garanties nécessaires, et plus soucieux de lucre que du salut de leurs ouailles. Les fidèles, pactisant pour l'un ou l'autre des deux antagonistes politiques, ne recevaient ni l'enseignement ni les exemples religieux convenables; ils étaient par là même fort relâchés et encore plus ignorants de la doctrine catholique. Ajoutons à cela que les prédi- cations de l'hérésiarque Luther avaient commencé en Allemagne dès 1 517 ; elles avaient été promptement suivies en Suisse de celles de Zwingli et autres réfor- mateurs, qui pullulaient; Zurich avait renié l'ancienne foi en 1 523, Berne en

i528, Bâle en 1529, Genève et d'autres cantons allaient les suivre. La Suisse était diversement travaillée par les idées religieuses; elle sentait ses enfants s'agiter dans son sein; sous peu ils se déchireront.

Le Valais n'était point exempt des erreurs nouvelles. En i52Ô, le pape Clément VII ordonnait au Vénérable Chapitre de Sion « de procéder sommai- rement contre les gens adonnés aux pratiques superstitieuses, les luthériens, les hérétiques, les fauteurs et les sectateurs de l'hérésie et de les punir. » Il l'investit, à cet effet, de tous les pouvoirs dont les inquisiteurs de la foi étaient revêtus, sans avoir à observer d'autre forme juridique que celle de s'assurer de la culpabilité de l'accusé pour prononcer contre lui2.

Malgré ces symptômes alarmants et quelques défections, le pays était encore sincèrement catholique, et c'est pour conserver leur foi que, le 25 novembre IÖ28, les dizains de Sion, Sierre, Viège, Brigue et Conches avaient renouvelé le pacte de combourgeoisie du i5 août 1417 avec les cantons de Lucerne, Uri et Unterwald, pacte auquel les dizains de Loèche et Rarogne, ainsi que Fri- bourg, Zoug et Schwytz accédèrent le 12 mai i52g. Ce fut le premier traité que les six cantons catholiques firent avec le Valais pour sauvegarder leurs croyances religieuses; il se renouvela déjà en 1 533 à l'occasion de l'admission

1 Archives de la ville de Sion.

1 Archives de l'Etat du Valais.

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4 ALLIANCES AVEC LES CANTONS CATHOLIQUES

de Soleure, puis plusieurs fois dans la suite. « Des dissensions, y est-il dit, s'étant élevées sur notre foi chrétienne par l'effet d'une nouvelle secte propagée par certains predicants, sous couleur de parole de Dieu, et quelques villes et seigneuries ayant défailli de l'ancienne croyance chrétienne et embrassé la prétendue doctrine nouvelle, qui est cependant contraire à la loi chrétienne, nous, parties contractantes, s'il arrivait que quelqu'un veuille détacher nos villes, pays, domaines et ressortissants de la vraie loi de Dieu et de notre antique religion, nous avons juré de nous soutenir et protéger mutuellement, en y consacrant nos corps et nos biens. Et à l'ancien traité il a été fait cette modification spéciale en faveur du Valais, que toutes les fois et pour quoi que ce soit que l'une des parties devra se porter au secours de l'autre, elle devra le faire sans délai, loyalement et à ses frais. » On y réserve soigneusement de part et d'autre les anciennes libertés, coutumes, usages et traditions spirituelles et temporelles sur ses propres terres, de même que tous les traités plus anciens

« par lesquels nous sommes liés avant la date actuelle, sauf l'article concernant la protection à la foi chrétienne, pour laquelle aucun traité antérieur ne doit nous lier. »

Ce traité devait se renouveler tous les dix ans, sous la foi du serment, sans que, cependant, il put être annulé par défaut de cette formalité1.

Les troubles confessionnels qui s'étaient élevés entre cinq cantons alliés du Valais et les deux villes de Berne et Zurich et leurs adhérents, faisaient craindre une effusion de sang et une nouvelle prise d'armes entre Soleure et Bàle. Soleure avait déjà déployé sa bannière et s'était mis en campagne. Afin de prévenir des attaques dont il pouvait être menacé, le Valais décida (4 juillet

I 5 3 I J d'envoyer à la diète qui devait se réunir à Bremgarten ou à Herzogen- Baden, deux députés qui le tiendraient soigneusement au courant de tout ce qui se passerait et qui travailleraient en faveur des cantons catholiques, confor- mément à leurs instructions. Déjà précédemment, la mise de piquet des troupes avait été ordonnée; mais, en ce jour, il fut enjoint à ceux qui n'avaient pas encore exécuté cet ordre d'y satisfaire aussitôt. Si l'entrée en campagne ne pouvait être évitée, les dizains orientaux devaient partir ensemble; les autres, avec chacun cent hommes commandés par le capitaine Imahorn, les suivraient.

En outre, une levée de quatre cents hommes par dizain devait être prête à partir au premier signal.

Les choses restèrent en cet état jusqu'au mois d'octobre. Alors les cinq cantons catholiques, voyant qu'ils ne pouvaient obtenir justice de Berne et Zurich qui, pour les forcer à apostasier, leur coupaient les vivres, réclamèrent de nouveau l'assistance du Valais. Avant de se mettre en marche, celui-ci crut prudent d'envoyer à ses confédérés l'ancien bailli Metzelten, afin d'amener un accommodement s'il en était encore temps. Arrivé sur les lieux, celui-ci écrivit

1 Archives de l'Etat du Valais.

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ALLIANCES AVEC LES CANTONS CATHOLIQUES 5

que la guerre était allumée. Aussitôt la troupe reçut deux drapeaux et partit sous le commandement d'Imahorn. Le gouvernement de Saint-Maurice eut aussi à fournir quelques compagnies pour cette expédition. i5oo Valaisans volèrent au secours de leurs alliés, mais à cause de la difficulté de la traversée des montagnes, ils ne purent arriver sur le champ de bataille, à Cappel, que le lendemain de la victoire de leurs alliés, qui avait eu lieu le 12 octobre. Pour reconnaître leur loyauté à remplir leurs engagements et les dédommager de leurs frais, les vainqueurs leur firent don de quelques-uns des canons pris à l'ennemi. Ces pièces, déposées à Lucerne, furent amenées au pays le printemps suivant, par la voie d'Uri et de Réalp. Déjà en 1529, 1400 Valaisans avaient pris part à la première guerre de Cappel pour y défendre la cause religieuse.

Outre son alliance avec les cantons catholiques, le Valais en avait contracté une (ie r mai 1528) avec Charles III, duc de Savoie, toujours en difficultés avec les Genevois. Pour parer à des éventualités fâcheuses qu'il prévoyait avec ceux-ci surtout, ce bon prince avait voulu s'assurer l'amitié des Valaisans avec lesquels il avait été stipulé, entre autres articles, de ne point secourir les adversaires de l'une des deux parties; de n'accorder la bourgeoisie ou la natu- ralisation à aucun des sujets respectifs; de ne point se mêler des querelles de l'autre avec des étrangers et de ne pas favoriser les rebelles à l'autorité spiri- tuelle ou civile. Ce dernier article visait déjà en partie les mouvements de la réforme protestante. D'autres événements vinrent encore confirmer les appré- hensions du duc.

François Ier, roi de France, en guerre depuis dix mois avec l'empereur Charles-Quint, cherchait à susciter des embarras au duc de Savoie, qu'il soupçonnait de vouloir prendre parti pour l'empereur. A cette fin, il favorisait les Genevois dans leurs démêlés avec Charles III. Effectivement, dès que celui-ci se fut déclaré pour l'empereur, il envahit la Bresse, le Bugey, une partie de la Savoie et du Piémont1.

D'un autre côté, les Bernois, qui avaient embrassé la réforme et cherchaient à l'implanter autour d'eux, alléguèrent faussement que le duc avait violé le traité de Saint-Julien, du 19 octobre 1629, et la sentence de Payerne. C'était un prétexte pour prendre la défense de Genève contre les prétentions du duc.

En réalité, ils ne voulaient qu'y soutenir la religion nouvelle dont les syndics de Genève avaient décrété l'introduction le 27 août 1 535. En conséquence, ils déclarèrent la guerre à Charles III, le i3 janvier 1536. Leur armée, forte de 6000 hommes, se met en marche le 22. Aucun obstacle ne se présente sur leur route. Ils sont bientôt les maîtres du pays de Vaud qui jusqu'alors appartenait au prince de Savoie. Cependant, ils y possédaient déjà le gouvernement d'Aigle acheté en 1470; plus les seigneuries de Morat, Grandson et Echallens, que les Suisses avaient conquises en 1476 sur le duc de Bourgogne par la victoire de

1 De Haller. Histoire de la Réforme en Suisse.

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6 ALLIANCES AVEC LES CANTONS CATHOLIQUES

Morat et qu'ils avaient cédées à Berne et à Fribourg, moyennant une indemnité pécuniaire1. Ils entrent à Genève le 2 février; la veille Thonon leur avait ouvert ses portes. Partout ils imposent la réforme. Ils se disposent à passer la Drance à Thonon pour envahir et soumettre à leur domination le mandement d'Evian et ensuite celui de Monthey, qui faisait aussi partie du Chablais.

Or, les sept dizains, soit les Valaisans, qui avaient conquis en 1475 le Bas-Valais jusqu'à Saint-Maurice, se trouvaient déjà voisins des Bernois par le mandement d'Aigle, et ils étaient menacés de le devenir sur la gauche du Rhône par celui de Monthey qui, au spirituel, avait toujours relevé de la.juridiction de l'évêque de Sion, lequel, du reste, y possédait des fiefs jusqu'à Saint-Gingolph.

Ils s'émurent à bon droit des envahissements de Leurs Excellences de Berne.

Les motifs d'appréhension ne leur manquaient pas. Déjà le vendredi avant le dimanche des Rameaux de l'année précédente, les députés de Fribourg s'étaient présentés devant la diète réunie au château de la Majorie, à Sion, pour lui exposer que les sectateurs de l'hérésie nouvelle s'étaient violemment emparés de l'église paroissiale à Payerne, et y avaient installé un de leurs ministres.

Comme cette ville était sous la haute seigneurie des Fribourgeois, ceux-ci, en vertu de l'alliance de 1529, invoquaient l'appui du Valais, pour le cas où ils ne pourraient pas s'arranger à l'amiable et seraient attaqués à main armée.

La diète leur accorda aussitôt ce qu'ils demandaient, en les exhortant néan- moins à faire le possible pour éviter une effusion de sang. Elle ordonna aux sept dizains de tenir prêts chacun 200 hommes. Le gouvernement de Saint- Maurice devait en fournir 3oo. On fit provision de poudre et de tout le matériel nécessaire. Comme pour la guerre de Cappel, chaque dizain devait aussi choisir « un homme d'intelligence et d'expérience » pour former le conseil du chef de la troupe. Mais le départ n'eut pas lieu, parce que les affaires s'arrangèrent.

Plus récemment, c'est-à-dire en octobre 1535, le sérénissime duc de Savoie avait entretenu les Valaisans des hostilités auxquelles il était en butte de la part des gens de guerre de Neuchàtel, Morat et Payerne qui, pour aller prêter main-forte à ses adversaires, à Genève, avaient fait un détour par la Bourgogne, mais que de fidèles sujets avaient battus. Néanmoins, au mépris de la convention faite avec eux, et abusant par ce moyen même de leur bonne foi, au lieu de se retirer, « ces soldats étrangers, soudoyés par les mécréants, avaient marché sur Genève, incendié des églises et causé des dommages à ses sujets».

En conséquence, il demande conseil pour pouvoir mettre un terme à ces hostilités; il sollicite l'assistance du Valais pour le cas de mouvements ulté- rieurs et l'autorisation, en vertu des traités, de faire passer de la troupe par le pays pour se porter sur les points menacés de ses états. On lui répondit qu'on devait en référer aux communes; mais, en attendant, on avisa le châtelain de

1 De Haller. Histoire de la Réforme eu Suisse.

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PRÉPARATIFS D'OCCUPATION DU CHABLAIS 7

Sembrancher que si le passage avait lieu, il veillât à ce qu'aucun Valaisan ne se joignît aux soldats ducaux.

Tel était l'état des choses quand les troupes de Berne partirent pour leur conquête sur le duc de Savoie. Il paraît que les préparatifs de Berne avaient été assez mystérieux pour que Fribourg n'en connût pas bien le vrai but, au commencement, puisque, vers la mi-janvier, il avait écrit à l'évêque de Sion, comme chef de l'Etat, et à son bailli, pour les informer que les Bernois avaient fait une levée de troupes dont on ne pouvait pas bien connaître le but, mais qu'une guerre était à craindre. Il invitait instamment à une fidèle surveillance.

Sa demande fut bien accueillie, on le pria seulement de donner exactement avis de tout ce qui pourrait arriver.

Les Bernois eux-mêmes avaient demandé au Valais de ne pas autoriser un passage par ses terres aux troupes du duc et de rappeler les hommes de guerre du pays qui seraient au service de ce prince. On leur répondit qu'en vertu des traités avec Charles III, on ne pouvait refuser le passage à celles de ses troupes qui se rendaient d'un point de ses domaines à un autre, qu'on observerait loyalement cet article, et que, du reste, ne connaissant aucun Valaisan au service du duc, on n'avait à rappeler personne. Digne réponse dans sa fierté !

En présence de ces événements, l'évêque de Sion avait convoqué la diète de Sion, où elle se réunit le 26 janvier 1 536, sous sa présidence. Le lendemain, il écrivait officiellement à Gilles Imahorn, gouverneur à Saint-Maurice :

« Adrien, évêque de Sion.

« Mon respectable et honoré ami, la diète tenue hier par nous, le bailli et les députés des dizains, a décidé que dans les dangers actuels on ne devait épargner aucune dépense, mais tenir des commissaires et des espions à l'extrémité du Bas-Valais, pour suivre les progrès des événements, et cela aux frais des patriotes.

« En confirmation des décisions précédentes, il a été ordonné que tous les hommes fussent prêts. La première mobilisation se composera de deux cents hommes de chaque dizain et de 600 hommes des diverses bannières de la Morge de Conthey à Saint-Maurice.

« Tout soldat reconnu apte au service par son capitaine recevra mensuellement, outre la solde ordinaire, un demi-florin du Rhin (Va gulden) pour frais de poudre et plomb.

« Il est encore défendu à tout patriote de prendre du service à l'étranger, sous les peines statutaires.

« Veuillez donc pourvoir à la prompte exécution de ces ordres et nous tenir au courant des événements. Portez-vous bien. »

Le dernier janvier, il écrivait encore au même :

« ...Des correspondances nous apprennent que les Bernois avancent toujours sans éprouver aucune résistance de la part des ducaux. Il est ainsi à présumer qu'ils iront plus loin. Faites donc bonne garde. Tout en vous servant d'explorateurs, il serait bon, si les Bernois remontaient la côte méridionale du lac, de vous entendre avec ceux de Monthey, si ceux-ci voulaient vous donner la main. Vous pourriez, par des personnes dignes de toute confiance, établir à cet effet de secrètes intelligences ; vous en entretenir avec le frère de l'abbé ou avec l'abbé lui- même. Mais soyez discret et ne communiquez rien que sous la foi du serment. »

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8 OCCUPATION DES MANDEMENTS DE MONTHEY ET D ' É V I A N

La milice ne tarda pas à se mettre en route. Le mardi ier février la troupe du dizain de Loëche vint coucher à Sion et arriva le lendemain à Saint-Maurice.

Celle de Sierre partit le lendemain. Les autres les suivirent. Georges Sumermatter et Jean Zentriegen avaient déjà été envoyés à Berne pour s'y entretenir avec les autres cantons suisses des moyens de rétablir la paix, car l'intention des Valaisans n'était point de prendre part à une guerre contre Berne, mais seule- ment de se tenir en garde et de protéger les populations des mandements de Monthey et Evian qui les en avaient priés '. C'est ce que l'évêque de Sion affirme dans une lettre du premier samedi de février et ce que nous voyons, confirmé par l'acte solennel de dédition au Valais des communes des deux mandements, rédigé à Saint-Maurice le 25 du même mois. Si donc les Valaisans écrivirent aux Bernois « qu'ils avaient aussi envie de prendre ce qui était à leur conve- nance », ce n'était qu'un prétexte pour ne pas blesser ceux-ci, et préserver ainsi de l'hérésie deux mandements catholiques qui, pour conserver leur ancienne foi, les priaient d'occuper leur territoire. Les Fribourgeois avaient peut-être le même motif en occupant quelques seigneuries possédées par le duc de Savoie

sur le pays de Vaud.

Comme il est facile d'en juger, cette expédition, qui avait coûté bien des préparatifs et des dépenses à un pays petit et pauvre, se fit sans résistance : ce fut l'occupation la plus pacifique possible. Toute cette partie du Chablais qui s'étendait de Monthey à la Drance de Thonon et remontait le long de cette rivière jusqu'à Saint-Jean d'Aulps, en y comprenant la vallée d'Abondance, devint sujette du Valais. La troupe d'occupation était déjà rentrée dans ses foyers avant le 25 février, jour auquel l'évêque avait fixé la réunion de la diète pour s'occuper de régler l'administration des nouveaux sujets, après avoir reçu leur serment de fidélité et rédigé l'acte de dédition conditionnelle* aux sept dizains.

Cette séance solennelle de la diète, devant laquelle comparurent les représen- tants des communes de la Savoie, eut lieu le dit jour sur le pré de l'abbaye de Saint-Maurice, au couchant de cet antique monastère. Toutes prêtèrent le serment de fidélité. Cependant, celles de Troistorrents et de Val d'Illiez avaient montré moins d'empressement que les autres à reconnaître leurs nouveaux seigneurs, et même «différé avec obstination» de prêter ce serment; elles furent punies, dans la diète du 26 avril suivant, d'une amende de cent écus chacune8.

1 Arch, de Riedmatten.

2 De Haller. Hist, de la Réf. protest, en Suisse.

3 Plus d'un lecteur désirera avoir sous les yeux cet important quoique long document, auquel il faudra se rapporter plus d'une fois, surtout quand il s'agira de la restitution de ces terres au duc de Savoie, du régime des gouverneurs et des événements de la fin du dix-huitième siècle. Nous traduisons fidèlement en français l'acte original rédigé en latin, en prévenant que nous avons redressé l'orthographe de l'un ou l'autre nom français que l'oreille et la prononciation allemandes du secrétaire de la diète avait quelque peu défigurés. La nomenclature des représentants des quarante-sept communes peut paraître fastidieuse a quelques-uns, mais elle sert d'un autre côté à faire connaître les familles qui représentaient les communes et en étaient les principaux personnages :

« Nous, Adrien, par la grâce de Dieu évêque de Sion, préfet et comte du Valais, ainsi que le bailli,

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ACTE SOLENNEL DE DÉDITION AU VALAIS 9

Après avoir entendu le rapport de tout ce qui s'était passé dans cette expédition, l'assemblée décida qu'un conseil composé de dix représentants par dizain et présidé par le bailli siégerait à Saint-Maurice pour fixer le mode

« les consuls et les communes du dit Valais, faisons savoir à tous les intéressés actuels- ou futurs que

<• depuis quelque temps la guerre ayant fortuitement éclaté entre le très illustre prince de Savoie et les

« magnifiques seigneurs de Berne, guerre dans laquelle ceux-ci ont occupé et soumis a leur pouvoir les

« domaines, terres, villes, châteaux et les diverses juridictions situés en deçà et en delà du Lac Léman et

« appartenant précédemment au susdit illustrissime duc de Savoie ; pour cette raison, les gens des com-

« munes de Monthey, Saint-Gingolph, Evian et de certaines autres communes en deçà du dit lac, situées

« de Saint-Maurice d'Agaune en bas, effrayés de ces hostilités, craignant pour leur propre sûreté,

« abandonnés de leur prince et ne sachant plus quel autre parti prendre au milieu de cette perturbation

« générale, ont, spontanément et sans sollicitation de notre part, demandé par plusieurs lettres et les

« délégués qu'ils nous ont envoyés, d'être admis sous notre domination, aux conditions et restrictions

« ci-après indiquées, savoir: que la conformité de notre croyance religieuse soit observée de part et d'autre

« et qu'elle soit maintenue. Item, qu'ils soient reçus en notre soumission et obéissance, sans lésion et

« offense de leurs personnes et de leurs biens. Item, que les franchises, immunités, usages et coutumes

« dont ils ont louablement joui jusqu'à ce jour du temps du susdit illustrissime duc, leur prince, soient

« conservés et qu'ils puissent en jouir dès qu'ils seront prouvés. Item, si, par la volonté de Dieu, il

« arrivait que le susdit illustrissime duc de Savoie récupérât les Etats dont les susdits magnifiques seigneurs

« bernois et autres se sont emparés, dans ce cas, nous aurions aussi à rendre et restituer au susdit seigneur

« duc le pays qui s'est soumis à nous, moyennant le remboursement des travaux et dépenses que nous

« aurions faits pour le pays soumis. C'est sous ces conditions qu'ils ont très humblement imploré d'être

« reçus sous notre protection tant pour leur foi que pour leurs immunités, franchises, choses et assurance

« de leurs personnes.

« Ayant mûrement réfléchi à toutes ces choses, nous n'avons pu abandonner des gens dans la déso-

« lation et qui, mus de bons sentiments, nous en requéraient en vertu du bon voisinage et de notre mutuelle

« ancienne alliance. Puisqu'il ne faut point rebuter ceux qui demandent des choses justes et permises,

« nous les avons reçus pour nos subordonnés et en cette sorte de sujétion et avec cette protestation énoncées

« ci-dessus p a r l e s réserves, accords et conditions solennellement jurées entre nous; sans déroger, toute-

« fois, à l'alliance réciproque signée et corroborée précédemment entre leur susdit illustrissime prince et

« nous, alliance à laquelle nous entendons garder fidèlement notre parole donnée, tout en acquiesçant à

« leurs demandes, sous la réserve que nous ne soyons point tenus à restituer le pays, qui volontairement

« s'offre à nous, avant que le susdit illustrissime duc de Savoie ait reconquis et possède en paix sous son

« obéissance et sa domination les pays, terres, domaines, cités et juridictions dont il a été dépouillé dans

« cette guerre par les susdits magnifiques seigneurs bernois et autres. Nous y consentons ainsi cependant,

« sous la condition expressément énoncée que satisfaction entière nous soit donnée pour tous les travaux

•< et dépenses que nous avons supportés à l'occasion du pays qui se donne aujourd'hui à nous. Sous ces

« conditions et réserves mentionnées par et entre chacune de nous deux parties, entre autres les commîmes

« depuis Saint-Maurice d'Agaune en deçà du lac Léman jusqu'à l'eau de la Drance, tant en plaine qu'en

« montagne, ont donné leur consentement, savoir :

« Le 6 du présent mois de février, les probes et honnêtes Antoine Votaz, comme syndic et représen-

« tant de la communauté des hommes de Monthey et Collombey; et Mermet Clerc, syndic et représentant

« des hommes de la paroisse de Muran, accompagné et du consentement des nobles, prudents et distingués

« Louis de Montheolo, Jean-Didier Paërnat, Guillaume Fay, Pierre Neveux et plusieurs autres des dites

« paroisses réunis à Saint-Maurice et spécialement délégués pour cette affaire.

« Item, le 7 du présent mois ont acquiescé semblablement honnêtes Jacques Pignat et Humbert

« Borjaud, syndics et représentants des hommes de toute la communauté de Vouvry, du consentement

« d'Amédée Moris, Pierre Noyer, Jacques Genevey, François Genevey et Hyppolite fils d'Hippolyte Melley et

« de plusieurs autres conseillers et hommes probes du dit lieu de Vouvry; ainsi que Michel Cornu et Jean

« Berru, syndics et agissant au nom des hommes de la communauté de Vionnaz, du consentement de Jean

« Garyn, André Sachet, Pierre Vouterii soit Artemant.

« Item, le 8 du même mois de février, ont acquiescé Jean, fils de Jaquemet Fornéry, syndic, au nom

« des hommes de la communauté de Saint-Gingolph; du consentement de Guychard Ros, François Albi

« et Pierre Mermodi et de plusieurs autres conseillers du dit lieu; puis, Jean Pousini et Jean Curdi, au

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10 ACTE SOLENNEL DE DÉDITION AU VALAIS

d'administration du nouveau pays. Une commission composée d'un homme par dizain et dont Jodoc Kalbermatter, assisté de deux autres adjoints, fut élu chef, dut se rendre dans le nouveau pays pour visiter chaque commune, tout

« nom et comme syndics de la paroisse de Novel; et Bernard Jaquaz, alias Juliard, et Claude fils de feu

« Henri Vutez, syndics et au nom des hommes de Tollon et Meillerie, du consentement de Michel Vitez.

« André Donnet et Berthod Duvoisin, conseillers.

« Item, le 9 du dit mois de février, ont pareillement consenti noble André de Varax et honnête

« Jacques Pupon, syndics et au nom des hommes de la ville et communauté d'Evian, munis de leurs lettres

« de créance instrumentées par prudent Guillaume Davidis, notaire, en présente année et le jour susdit

« neuf février courant, rédigées du consentement des nobles et honnêtes hommes en. majeure partie de

« ladite ville et y résidant.

« Item, le 12 du même mois de février, ont de même acquiescé honnête Claude Massot et Bernard

« Rebeti, syndics, au nom des hommes de l'universalité de la paroisse de Saint-Paul, de l'avis et du con

« sentement de Jean-François de Torculari, André Bochet et Biaise Bandât, présents au dit lieu et consen-

« tant; puis Antoine Rosseri et André Curdi, syndics, au nom de la communauté et paroisse de Bernes, de

« l'avis et consentement de Bernard Chivalleri, François Langini, Pierre du Carre et Paul Pinget, leurs

« conseillers ici présents. Les dits syndics des paroisses de Saint-Paul et de Bernex étant munis de leur

« lettre de procuration pour traiter expressément de cette affaire; l'une écrite par discret Claude de Torcu-

« lari, l'autre de la main de discret Michel Arandella, notaires, du douze de ce mois. Item, le même jour

« ont adhéré honnête Pierre Baly et Jacques Porterii, syndics, au nom des hommes de Féterne, délégués

« ad hoc, comme il conste par leur lettre de procuration reçue et signée de la main de discret Maurice

« Magnyn, de Larringe, notaire, datée du onze de ce mois, du consentement d'Aymon Grunelli et Mermet

« Costantini leurs conseillers présents.

« Item, ont pareillement adhéré, le 14 de ce mois, François Floret et Jean Floret, syndics, au nom

<-. de la communauté de Marin, et Humbert Chivallarii au nom des hommes de la chapelle de Unez-Yon,

« du consentement et de la volonté des honnêtes Antoine Floret, Etienne Girard, François Morat, Collet

« Maschère, Jean Michaux, Antoine de Lanyat et Jean de Labez, présents.

« Item, ont semblablement acquiescé, le 20 de ce dit mois, honnêtes Claude des Portes, Pierre

« Trot, Nicod Tochet, Pierre Garini, Jean Vanissod, Guillaume Crespi, Jordan Grilliet, Mermet Massoz,

« Rolet Crespi, Guillaume Brélaz, Pierre Brocard, Pierre Joron, Pierre Comand, Maurice fils d'Antoine

« Touliz, André Touliz, Collet Curtaz et Maurice fils de Jean Tochet, alias Brélaz, agissant en cette part au

« nom des hommes de Lachapelle, des frètes de la communauté d'Abondance, faisant foi de leur plein

« pouvoir de traiter, par acte de procuration écrit de la main d'Egrège Michel de Prato, notaire, du dix-huit

« février de cette année. Item, Jean Charnavelli, Mermet Molaz, Nicolas Perrodi, Pierre Albi, Pierre

« Bürdet, Pierre Fabri, alias Martini, Aymon Curdi, André Plat, Claude Regisdei, fils de Bertrand, Jean

« Grenat, Mermet Regis, Michel Grilliet, François Grenat au nom des hommes de la paroisse inférieure de

« l'Abbaye d'Abondance, spécialement et expressément délégués à ce sujet, à teneur de l'acte qui leur a été

« remis et rédigé de la main du notaire Hudrici, le seize de ce mois. Item, Guillaume L'houille, François

« Vulliez, Pierre Andurex, Pierre Bovéri, Jacques Morat, Claude fils de Jacques du Nant, Collet Brun,

« Pierre L'houille, François Tagant, Rolin Vulliez, Pierre Faulcoz, Pierre Grenat, Hugonin du Nant,

« Pierre Junon, Maurice Perrechiz, Louis Citurm et Etienne Perrechiz en leur nom et celui des autres

« hommes de la paroisse de Vacheresse et Bonnevaux, spécialement pour ce délégués, comme il appert

« de l'acte rédigé par le susdit Hudrici, le seize du présent mois.

« Item, le 20 février encore, ont pareillement acquiescé les vénérables seigneurs Claude de Blonay

« et Jacques Perrodeti, chanoines de l'insigne monastère de la bienheureuse Vierge Marie, à Abondance,

« agissant pour eux et les autres chanoines et au nom de tout le Chapitre du dit monastère, à ce spécia-

« lement et expressément délégués, selon acte du dix-huit février de la présente année, reçu par discret

« Pierre des Portes, notaire.

ce Item, le 22 de ce mois de février, ont acquiescé honnêtes Maurice Tolliard, Maurice Baud, Humbert

« Millet, Maurice Tissot, Claude Tissot, Guillaume Baly, Etienne Baly, Rodolphe Douard, Pierre du Four,

« Jacques du Four, André Olygnier, Jean Grandis, Maurice Bossou, Huldric Magnin, Jean Cholex, André

« Colliard. Louis Brésoz,. François Navion, Claude Navion et Maurice Navion en leur nom et celui de tous

« ceux de la paroisse de Laringe, hommes du seigneur de Coudrée. Item, Pierre de la Grange, Jacques de

« la Grange, André de la Grange, Humbert de Mayo, Aymard Chivallerii, Humbert Beney, en leur nom

« et celui des hommes de la paroisse de Publi, hommes du seigneur de Coudrée. Item, François Charlex,

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ACTE SOLENNEL DE DÉDITION AU VALAIS I I

examiner avec soin, pourvoir aux emplois et établir des juges assermentés.

L'occupation définitive de ce territoire ne devait avoir lieu qu'après informa- tions complètes. L'un des adjoints était de Sion, l'autre fut Pierre Quartéry, de Saint-Maurice.

« Pierre Mercier, fils d'Ollion Mercier dit Buffet, Guillaume du Mont, pour eux et tous les autres hommes

« de la paroisse de Chevénoz, hommes du dit seigneur de Coudrée. Item, le même jour ont adhéré Pierre

« Jaquier et Pierre Bérodi, au nom des hommes de Lugrin, a ce spécialement délégués, du consentement

« cependant et de l'avis d'Anserme Lavron, de Jean fils d'André Pertuiset, de François Chatellion, Claude

« fils d'Aymon Pertuiset, Aymon Pelloz, Claude Pelloz, Claude Pactoc, Claude Lugrin et François Jaquex

« leurs conseillers ici présents. Item, le même jour ont adhéré honnêtes Pierre Brun, Rolet Dabère, Pierre

« Dabère, Pierre Escruy le jeune, Jean Gindre, Jean Brun, Pierre Quicto, Humbert Dugnier, Antoine

« Plantan, Jean Gindre de la paroisse de Saint-Jean d'Aulps, agissant en leur nom et en celui de tous les

« hommes de la dite paroisse de Saint-Jean. Puis François Luet, alias Daberet, Jean Comte, Louis Gret,

« Claude Ninflaz, Humbert de la Grange, Mermet Amoudri, alias Dentaux, Antoine de Juny, Rodolphe

<• Dentaux, Jean Revenéri, Jacques Gret, Mermet Leseruy, Humbert de Hauteville, Amédée Revenéri,

« Thomas Vallitaz, Jacques Savaroz, alias Mestrallet, Jacques Girodi, Nicod Polliant, Antoine Pagoz,

« Pierre Guédon du Moulin, Pierre Guédon de Rochizbert et égrège Jean Vernier, tant syndics que procu-

« reurs, en leur nom et celui des hommes de la paroisse du Biot, vallée d'Aulps.

« Item, ont adhéré le 24 du dit mois, honnête Collet Carraud, Henri Berrut, Michel Falcoz, Termodus

« Jacquier, Henri Jacquier, Antoine Dubosson, Claude Falcoz, Jean de Vantéri, alias Fontannaz, Michel

« Nicollerat, Collet Laufaz, Antoine Raboud, Jean Rolier, Termodus Berthollet le vieux, Maurice Fay,

« Claude de Vantéri, alias Michaux, Aymon Morisod, Jordan Fornajoz, Jean Fornajoz, François Fornajoz,

« Jean Oudram, Jean du Bulluyt, Antoine Berrut, Guillaume Fabri et Pierre Fabri, agissant en leur nom

« et en celui des autres hommes de la paroisse de Troistorrents. Item, le même jour ont adhéré honnêtes

« Louis du Roschey, Claude Mariétan le jeune, Jean Borrat, Pierre Exhenry, Pierre Mariétan, Amédée

« Escuyer, André Gillabert, Aymon Avantier, Claude Bovard, Nicod Jordan, Pierre Nicod, Jean du Roschey,

« Claude Rey, Hugonet du Bulluyt, Jean Bérod, Nicod Geneyvroz, Claude Magnin, Simon Ryon, Jaquemet

« Ryon, Nicod Rey, Louis Silvestri, Jean Rey, Jean Rey de Pley, Pierre Exhenry, Jean Jordan, Pierre

« Carraud, Claude Luysod, Pierre Avantier, Pierre des Crételles, Hugonet Marclet, Pierre fils de Jacquier

« du Bulluyt, en leur nom et en celui de la généralité des hommes de la paroisse et communauté d'illiez.

« Item, le 14 de ce dit mois de février, a acquiescé noble François de Blonay, près la rive du lac,

« pour lui et ses hommes. Item, le même jour, noble Hugues de Neuvecelle, pour lui, les siens et ses

« vassaux.

« Item, semblablement, le 16 du même mois, noble Michel de Blonay, de Saint-Paul sur Evian. pour

« lui, les siens et ses vassaux.

« Item, le 17 de février, a acquiescé noble Louis d'Arsyno, seigneur d'Allamant et de Hons, pour

« lui, les siens et ses vassaux.

« Item, le 24 de ce mois, a adhéré noble Maurice d'Arbignon, de Collombey, pour lui, les siens et

« ses vassaux.

« Item, le 17 du mois, noble André de Neuvecelle, seigneur de Valrégis, et François de Chàtillon,

« pour lui, les siens et ses vassaux. Item, noble et puissant Amblard, Vidame, agissant en son nom et

« par procuration de noble Gasparde, fille de sa femme et héritière universelle de noble Louis Ravassy,

« seigneur de Charmisiaci, pour lui et ses vassaux.

« Les prénommés, hommes et nobles, sous les susdites conventions, pactes, réserves et articles, se

« sont donnés à nous en leur propre nom et en ceux des dites susnommées communautés, pour être nos

« perpétuels et fidèles subordonnés, et ils ont prêté serment de fidélité et d'obéissance entre les mains de

« magnifique Jodoc Kalbermatter, notre capitaine général, désigné par nous a cet effet et en présence de

« nos notaires soussignés.

« Nous promettons, en outre, nous Adrien évêque, pour nous et nos successeurs, par le serment que

« nous prêtons en mettant la main sur notre poitrine, selon l'usage pour nous; et nous le bailli, les consuls,

« les députés et les communautés du Valais notre patrie; puis, nous les susdits nobles, hommes et procu-

« reurs susdits des communautés pour nous et nos mandants, par le serment que nous faisons en posant la

« main sur le saint Evangile, d'observer cette solennelle convention, en y engageant expressément tous

« nos biens quelconques, d'avoir pour ratifiées et agréables toutes et chacune des choses sus exprimées, de

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I 2 ACTE SOLENNEL DE DÉDITION AU VALAIS

Si les motifs qui avaient engagé les Valaisans à faire cette expédition étaient honorables, ceux qui avaient poussé les Bernois à s'emparer du pays de Vaud et d'une partie de la Savoie ne l'étaient guère. Afin de s'assurer la paisible possession de leur conquête et d'y implanter plus librement la réforme, ceux-ci proposèrent verbalement aux Valaisans, sous offre de réciprocité, de les appuyer pour la conservation de ce qu'ils avaient acquis. Mais on éluda leur offre en répondant qu'on ne pouvait rien décider sans avoir l'assentiment des com- munes. Tout en conservant avec eux les rapports de bon voisinage, on ne voulut s'obliger au delà. < .

Vers le commencement de mars, les cantons de Zurich, Glaris, Bàle, Schaffhouse et Appenzel écrivirent qu'ils avaient l'intention de tenir une conférence à Lausanne pour s'occuper des moyens d'arrangement entre le duc et les Bernois. Ils invitaient le Valais à y prendre part; mais il refusa parce que les sept cantons catholiques paraissaient ne pas vouloir y envoyer des représentants.

Enfin, les commissaires nommés le 25 février pour visiter la Savoie étant de retour, ils se présentèrent devant la diète, réunie à Sion du 10 au 12 mars, et lui rendirent compte de leur mission. Leur rapport fait connaître, entre autres, l'état général des redevances et jouissances que les patriotes acquerraient sur ces terres. Pour Evian, après déduction des charges du château, l'entrée .annuelle était d'environ 355 gulden de Savoie, 14 livres en argent, 10 muids de froment, 20 d'avoine, 2 fichelins de haricots, 2 d'orge et 10 chapons. Tholon devait 3 muids de froment ou seigle, 20 fichelins de haricots, orge et avoine, et 14 gulden en argent. Pour le quart de sa seigneurie, le seigneur de Saint- Paul, vassal du duc, devait 100 gulden de Savoie. Vouvry payait 12 gulden et le péage.Vionnaz2 gulden, 1 2 poules, un fromage et un séret. Port-Valais iopoules.

* les tenir, accomplir et observer inviolablement comme elles ont été écrites, et de ne jamais rien faire

« qui y soit contraire, ni même d'y consentir. Bien plus, les susdits hommes et nobles qui viennent d'être

« reçus seront bons, tidèles et loyaux envers nous l'évêque et les communautés des VU dizains du pays du

« Valais; ils nous procureront honneur, avantage et utilité, et ils éviteront de tout leur pouvoir ce qui

« pourraifcauser perte et désavantage à nous et aux dites communes du pays valaisan; ils feront toutes

« et chaque chose que de bons, fidèles et loyaux hommes doivent a leur maître; avec toute renonciation de

« fait et de droit nécessaire a ce qui s'y opposerait dans l'ancienne et la récente alliances. De tout ce qu'on

« vient de traiter, on a demandé et ordonné de dresser des actes publics en nombre nécessaire pour les

« parties intéressées, selon la teneur et substance, sans y rien changer d'essentiel, avec l'apposition de

« notre sceau d'usage, en foi, force et témoignage de la vérité de toutes et chacune des choses énoncées.

« Fait à Saint-Maurice d'Agaune en notre conseil général tenu sur le pré de l'abbaye de Saint-Mau-

« rice, derrière la dite abbaye, le vingt-cinq du mois de février, indiction neuvième, l'année courante de la

« Nativité du Seigneur mil cinq cent trente-six, en présence d'honnêtes Hans Zentrieguen, Antoine de

« Bertherinis et Antoine Majoris, familiers du susdit seigneur bailli, témoins a ce requis.

« Moi Pierre Quartéry, de Saint-Maurice d'Agaune, notaire public, ai reçu les susdites avec égrège

« de Ponte. (Signé) P . QUARTÉRY.

« Et moi Antoine Kalbermatter, notaire, citoyen et secrétaire des commissaires de Sion, délégué en

« remplacement de feu égrège Antoine de Ponte, a l'effet des précédentes j'ai signé en vertu de mon dit

« mandat. A. KALBERMATTER, notaire1. »

1 Archives du Gouvernement du ValaiB.

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