L’ exception
Images en Dermatologie • Vol. X - n° 4 • juillet-août 2017 140
Légendes
Figure 1. Condylomatose anale.
Figure 2. Condylomatose génitale.
Figure 3. Épidermodysplasie verruciforme localisée à la face externe du genou.
Figure 4. Papulose bowénoïde.
Figure 5. Verrues mosaïques profuses.
Condylomatose • GATA2 • Myélodysplasie.
Condylomatosis • GATA2 • Myelodysplasia.
Manifestations vulvaires associées à une mutation du gène GATA2
Vulvar changes in association to a mutation of GATA2 gene
M. Méchineaud 1 , S. François 2 , O. Ingster 3 , P. Descamps 4 , C. Bellanné-Chantelot 5 , L. Martin 1 ( 1 Service de dermatologie, CHU d’Angers ; 2 Service d’hématologie, CHU d’Angers ;
3Service de génétique, CHU d’Angers ; 4Service de gynécologie-obstétrique, CHU d’Angers ;
5 Service de génétique, CHU de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris)
U
ne patiente, âgée de 55 ans, consulte pour une condylomatose ano-génitale chronique résistante au traitementet une épidermodysplasie verruciforme.
Deux de ses enfants sont décédés des suites d’une myélodysplasie.
Observation
Cette patiente est suivie pour une condylomatose ano-génitale (figures 1 et 2) chronique résistante au traitement par vaporisation laser. Elle présente également des lésions d’épidermodysplasie verruciforme (fi gure 3) depuis l’enfance, localisées sur les membres inférieurs et sur les mains.
Deux de ses enfants sont décédés à l’âge de 30 ans d’une myélodysplasie atypique, compli- quée d’un pyoderma gangrenosum chez la fi lle et d’une réaction du greffon contre l’hôte (GVH) corticorésistante post- allogreffe chez le fi ls. Une fi lle survivante présente une papu- lose bowénoïde à HPV 16 (fi gure 4) et des verrues plantaires mosaïques profuses (fi gure 5) , ainsi qu’une bicytopénie.
Le myélogramme de la patiente met en évidence un syndrome myélodysplasique débutant. L’étude du gène GATA2 retrouve une mutation complexe (grande insertion de 43 bp à la jonction exon 2-intron 2) chez la patiente et sa fi lle.
Discussion
Nous avons retenu la responsabilité d’une mutation inédite de GATA2 dans la survenue de plusieurs cas familiaux d’infections à HPV et de myélodysplasies graves. Des muta- tions hétérozygotes germinales du facteur de transcription GATA2 ont été identifi ées en 2011 (1) . Elles se transmettent de façon autosomique dominante et sont responsables d’un phénotype protéiforme associant principalement infections et hémopathies. La présence d’une mutation de GATA2 se caractérise, chez un adulte, par un tableau pouvant associer des manifestations cutanées (verrues récurrentes génitales ou des membres, érythème noueux, lymphœdème, etc.) et hématologiques (cytopénie avec risque majeur d’évolu- tion vers une myélodysplasie ou une leucémie aiguë myéloïde), un défi cit immunitaire de type MonoMAC (susceptibilité aux infections à HPV, à HSV ou aux mycobactéries), et des événements cardiovasculaires (dissections artérielles, thromboses) [2] . La survie globale des patients mutés GATA2 est principalement liée à la survenue d’événements oncogéné- tiques. Entre 30 et 50 % des patients sont diagnostiqués au stade d’hémopathie maligne.
GATA2 est exprimé dans les cellules souches hématopoïétiques, mais également dans les cellules endothéliales. La physiopathologie des différentes manifestations chez les patients porteurs d’une mutation n’est pas élucidée, mais est assimilée à une immunosénescence.
Conclusion
Devant un lymphœdème et/ou des infections à HPV et/ou HSV résistantes, le dermato- logue doit rechercher des antécédents hématologiques et évoquer le portage d’une
mutation de GATA2. II
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références bibliographiques
1. Pasquet M, Fieschi C, Bellanné-Chantelot C et al. Mutations GATA2 : une entité clinico-biologique pléomorphe. Recommandations de prise en charge du “club GATA2”. Revue d’oncologie hématologie pédiatrique 2016;4(1):13-24.
2. Collin M, Dickinson R, Bigley V. Haematopoietic
and immune defects associated with GATA2 muta- tion. Br J Haematol 2015;169(2):173-87.
Cas clinique
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