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Association des Officiers de Réserve de l Ain

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Academic year: 2022

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AORA – Délégation Militaire Départementale

8a, Boulevard Maréchal Leclerc - BP 305 - 01011 Bourg en Bresse cedex officiersdereserve.ain@gmail.com - / - http://aora.overblog.com/

Association des Officiers de Réserve de l’Ain

bulletin d'information et de liaison janvier 2021 – N° 118

Assemblée Générale

Comme indiqué dans nos précédents bulletins de liaison et d'information, en raison de la crise sanitaire, notre assemblée générale prévue en mars 2021 se tiendra "par correspondance".

Un document regroupant, détaillant et explicitant les différents points mis aux votes vous a été adressé par la poste avec un bulletin de vote à renvoyer à l'AORA et une enveloppe pré-timbrée.

Vous devez poster le bulletin de vote au moyen de l'enveloppe pré-timbrée avant le 19 février, cachet de la poste faisant foi.

Il vous est rappelé que seuls les membres de l'AORA à jour de la cotisation 2020 sont concernés et pourront voter.

Mme Parly livre six priorités pour le ministère des Armées en 2021

http://www.opex360.com/2021/01/13/mme-parly-livre-six-priorites-pour-le-ministere-des-armees-en-2021/

En 2021, l’une des grandes affaires du ministère des Armées sera l’actualisation de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, laquelle précisera le montant de son budget pour les années 2024 et 2025. Pour rappel, ces mêmes crédits budgétaires devront avoir atteint les 44 milliards d’euros en 2023, après une hausse de 3 milliards.

La LPM 2019-25 précise que l’objectif est de « porter l’effort national de défense à 2 % du produit intérieur brut en 2025 ». Ce qui, avec les effets de la crise économique provoquée par la pandémie de covid-19 est presque déjà le cas, le PIB ayant chuté de -11% en 2020. D’ailleurs, il faudra composer avec plusieurs inconnues, comme la situation macroéconomique [et donc la marges de manœuvre financière] ou encore les décisions que prendra la majorité issue des urnes en 2022.

Quoi qu’il en soit, cette actualisation de la LPM 2019-25 dépendra de l’évolution de la situation internationale… D’où l’annonce faite par Florence Parly, la ministre des Armées, devant les députés, lors d’une audition organisée le 12 janvier.

« Nous avons fait ces derniers mois un travail important d’actualisation de notre analyse du contexte géostratégique. Et je vous annonce que nous publierons prochainement ces travaux, qui prendront la forme d’une nouvelle version de la Revue stratégique que nous avions conduite en 2017, revue à l’aune des événements et des évolutions qui ont marqué ces trois dernières années », a en effet indiqué Mme Parly.

Pour rappel, la Revue stratégique de 2017 avait été élaborée par un « comité de rédaction », composé de 16 membres, « représentants des institutions civiles et militaires, personnalités qualifiées ou issues de la société civile », et présidé par le député européen [LR] Arnaud Danjean. Quel dispositif a été mis en place pour en rédiger son actualisation? La ministre ne l’a pas précisé.

Cela étant, cette dernière a estimé que, « au regard des conclusions de cette revue stratégique actualisée », la LPM 2019-25 conserve toute sa « pertinence », tant au niveau de ses priorités que de ses ambitions. Ce qui devrait se traduire par un effort de défense accru. Du moins, logiquement.

En attendant, Mme Parly a énoncé six priorités de son ministère pour cette année 2021. « Nous continuerons de moderniser nos armées pour faire face aux menaces du futur dans les nouveaux champs de confrontation », comme le cyberespace, l’espace et la lutte informationnelle, a-t-elle dit.

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Mais cet effort de modernisation n’arrive pas en tête des priorités, la première étant la « relance économique

», pour laquelle le « ministère des Armées compte bien prendre toute sa part ».

« La loi de programmation militaire est une contribution essentielle à la relance économique de notre pays », avec, « sur 5 ans, 110 milliards d’euros injectés dans l’économie pour les équipements, les infrastructures, ainsi que le maintien en condition opérationnelle », a rappelé la ministre. « C’est donc, et je le dis avec force un plan de relance à soi tout seul, pour les seules questions de défense », a-t-elle insisté.

Si l’Allemagne et, plus encore, l’Italie [voire le Royaume-Uni], ont annoncé des investissements importants au profit de leurs forces armées et de leurs industriels de la défense dans le cadre de plans de relance, tel n’est pas été le calcul de la France. Ce qu’ont déplorés certains parlementaires ayant rendu des rapports sur la situation de la Base industrielle et technologique de défense [BITD].

En outre, a souligné Mme Parly, le ministère des Armées sera encore le premier recruteur de l’État en 2021, avec 26.000 recrutements prévus. « C’est plus encore que les années précédentes », a-t-elle fait valoir.

La seconde priorité avancée par la ministre est la « poursuite de la lutte contre le terrorisme, au Levant comme au Sahel » où il s’agira de « pérenniser » les partenariats.

S’agissant justement des partenariats, deux autres priorités avancées par la ministre concernent les alliances. « Nous devons poursuivre la construction de l’Europe de la défense et contribuer activement à la préparation de la présidence française de l’Union européenne », a-t-elle dit.

Sur ce point, « nous avons avancé sur tous les plans – opérationnel, réflexion, coopération industrielle et du financement », a estimé Mme Parly, citant la Facilité européenne de paix qui entrera en vigueur en 2021, le Fonds européen de défense, doté de 8 milliards d’euros [alors qu’il était initialement question de plus de 13 milliards, ndlr], les travaux de la « boussole stratégique » qui permettront « pour la première fois d’établir une analyse des menaces pesant sur l’Union européenne. »

Et la France entend profiter de sa présidence du Conseil de l’UE, à partir du 1er juillet prochain, pour « porter une nouvelle ambition pour l’Europe de la Défense », a indiqué la ministre.

Pour Mme Parly, il s’agira également de « donner un nouveau souffle » aux relations avec les États-Unis, « où l’installation prochaine de la nouvelle administration américaine est porteuse d’espoir car elle remet au centre le principe même du dialogue et de la coopération » alors que si les rapports avec Washington n’ont pas toujours été faciles au cours de ces quatre dernières années, le soutien américain à la force Barkhane ne s’est jamais démenti, que ce soit en matière de transport, de ravitaillement en vol et, surtout, de renseignement. Même chose avec le Royaume-Uni, qui reste « essentiel pour la sécurité de l’Europe au lendemain du Brexit » et « avec lequel nous voulons poursuivre notre coopération, tant dans le cadre de l’Union européenne que dans celui des accords bilatéraux de Lancaster House. »

Et, après les tensions avec la Turquie, la ministre n’a pas oublié de citer l’Otan, qui « reste la pierre angulaire de notre sécurité collective et qui a engagé une réflexion approfondie pour renforcer sa cohésion interne et s’adapter aux nouveaux défis de sécurité. »

Enfin, la sixième et dernière priorité de la ministre est de « communiquer » et d' »expliquer sans cesse le sens de notre action aux Français. » Si « nos armées jouissent d’un fort soutien de la population », il « ne doit jamais être considéré comme acquis », a-t-elle justifié.

La ministre des Armées accuse la Turquie et la Russie de chercher à discréditer les forces françaises au Sahel

http://www.opex360.com/2021/01/13/la-ministre-des-armees-accuse-la-turquie-et-la-russie-de-chercher-a- discrediter-les-forces-francaises-au-sahel/

Lors de la présentation des capacités des forces qu’il commande, en octobre dernier, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], avait expliqué que « la vraie rupture se trouve dans le champ informationnel » car « avec quelques tweets ou quelques images, un État ou un groupement peuvent créer du discrédit dans un monde où l’émotion devient prépondérante. »

Et le CEMAT d’ajouter : « Sachons répondre aux stratégies indirectes. Réinvestissons des champs que nous avons délaissés : la ruse, la déception ou la désinformation. »

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Peu avant de quitter ses fonctions pour le monde civil, son prédécesseur, le général Jean-Pierre Bosser, avait justement déploré le fait que les forces françaises avaient « un peu oublié les actions de déception », lesquelles consistent à tromper l’adversaire afin de le faire réagir dans le sens que l’on souhaite ou à le déconsidérer. En Russie, on appelle cela la « maskirovka », qui est toujours appliquée.

Quelques mois plus tôt, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, avait indiqué qu’une nouvelle doctrine de « lutte informationnelle dans le cyberespace » était en cours d’élaboration, afin de mieux « lutter contre les tentatives de déstabilisation de l’information sur notre espace. »

Si les armées françaises avaient délaissé le champ informationnel, ce dernier s’est rappelé à elles, comme en Centrafrique et au Sahel, où, ces derniers mois, on a pu constater une inflation de fausses informations [infox] les concernant. Répété mille fois, un mensonge ne deviendra jamais une vérité mais il convaincra ceux qui ne demandent qu’à l’être ainsi que les plus crédules. D’où la difficulté à contrer les campagnes de désinformations, notamment via les réseaux sociaux [qui ne sont pas les seuls vecteurs, les médias pouvant également se faire manipuler ou être utilisés à dessein].

Devant les députés, le 12 janvier, la ministre des Armées, Florence Parly a évoqué le sujet. Et, comme le président Macron l’avait fait auparavant, elle a désigné les pays qui sont à la manoeuvre au Sahel.

« Il est clair que le Sahel est, comme beaucoup d’autres régions dans le monde et de zones de crise, un enjeu d’influence entre les grandes puissances. Alors certains de ces acteurs, dont il faut souligner qu’ils n’y sont pas engagés militairement, cherchent néanmoins à nous concurrencer », a d’abord relevé la ministre. « Et c’est dans le domaine informationnel que nous voyons se développer cette compétition », a-t-elle continué.

« Pour citer quelques pays, il y a évidemment la Turquie et il y a la Russie », a enchaîné Mme Parly. « L’une comme l’autre cherchent à s’imposer, s’infiltrer dans les interstices et toujours à nous discréditer », a-t-elle dénoncé.

Au Sahel, la Russie vise à regagner l’influence qu’elle avait au Mali du temps de l’Union soviétique. Même chose pour la Turquie, qui a récemment assuré qu’elle se tiendrait toujours « aux côtés du peuple malien pour rétablir l’ordre constitutionnel » tout apportant à Bamako son soutien « dans la lutte contre le terrorisme. »

Quoi qu’il en soit, « il faut vraiment avoir conscience que le champ informationnel est devenu un champ de confrontation […] à part entière. Il faut y être présent et nous nous y employons », a dit la ministre.

Certes, le ministère des Armées s’y emploie… Mais pas toujours avec succès, comme l’a montré la récente fermeture par Facebook de trois réseaux de faux profils utilisés pour des opérations d’influence. Deux étaient russes… et le troisième était français.

Sans doute que la suppression de ces faux profils utilisés à des fins de contre-propagande par les forces françaises a empêché de réagir immédiatement aux allégations concernant le bombardement présumé d’un mariage ayant eu lieu dans la localité de Bounti [centre du Mali] par un hélicoptère inconnu. Du moins, c’est ce qu’ont affirmé des témoins interrogés par la presse. Dès que cette affaire a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux, la force Barkhane n’a pas manqué d’être mise sur le banc des accusés, d’autant plus qu’elle a effectué des frappes dans le même secteur, contre un groupe armé terroriste [GAT] relevant de la katiba Serma, affilié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM/JNIM], lui-même lié à al-Qaïda.

Et la mise en accusation a été d’autant plus rapide qu’aucun élément, hormis les témoignages, n’est pourtant venu la corroborer.

Devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, Mme Parly a répété que la frappe en question « était dirigée contre un groupe armé terroriste […] affilié à al-Qaïda » et qu’il n’y pas eu de « de dommage collatéral observé. » Et d’insister : « On a entendu parler d’un mariage : il n’y a pas eu de rassemblement festif à l’endroit où la frappe est intervenue » et « je récuse absolument l’idée que les armées aient pu le 3 janvier occasionner ce dont elles ont été accusées. »

Aussi, la ministre a-t-elle dénoncé des « rumeurs », qui ont été « fort nombreuses sur les réseaux sociaux ».

Ont-elles été diffusées par les jihadistes afin de manipuler l’opinion publique? Mme Parly ne l’a pas dit explicitement.

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« Nous savons qu’il existe une sorte de guerre informationnelle » et « il n’est pas totalement innocent que cette sortie médiatique intervienne à un moment où » le GSIM « a communiqué pour expliquer qu’il était temps que les armées françaises quittent le Sahel. Il n’est pas tout à fait anodin que nous ayons pu lire qu’il pouvait s’agir d’une bavure », a affirmé la ministre.

Pour Mme Parly, on peut « parler d’une forme de résurgence de Daesh en Syrie et en Irak »

http://www.opex360.com/2021/01/11/pour-mme-parly-on-peut-parler-dune-forme-de-resurgence-de-daesh- en-syrie-et-en-irak/

Au cours de l’année 2020, dans le cadre de l’opération Chammal, les Rafale opérant depuis la base aérienne projetée [BAP] H5, en Jordanie, ont effectué plusieurs frappes aériennes contre des positions tenues par l’État islamique [EI ou Daesh], notamment dans le nord de l’Irak. La dernière a été effectuée le 5 décembre dernier, lors d’une mission d’appui aérien rapproché au profit des forces irakiennes.

Plus généralement, et depuis la fin de son « califat » autoproclamé avec sa défaite à Baghouz [Syrie], en mars 2019, Daesh a repris de la vigueur au cours de ces derniers mois, au point d’avoir été en mesure de lancer un assaut coordonné d’une ampleur qui n’avait plus été vue depuis longtemps contre des milices chiites du Hachd al-Chaabi [unités de la Mobilisation populaire], dans la région de Samarra [Irak], en mai.

Plus récemment, en Syrie, dans le triangle Alep – Hama – Raqqa [c’est à dire dans la « Badiya »], il a multiplié les attaques meurtrières contre les forces gouvernementales syriennes et les troupes russes, ces dernières ayant été également visées par le groupe Hurras al-Din, le 1er janvier.

Selon le groupe d’experts du comité de suivi des Nations unies sur les sanctions imposés aux organisation jihadistes, Daesh se livre actuellement à une « guerre d’usure » en s’en prenant aux forces locales, en détruisant les récoltes appartenant aux minorités et à ses opposants et en commettant des assassinats ciblés contre des personnalités politiques.

Le dernier rapport de l’inspection du Pentagone concernant l’opération Inherent Resolve [OIR – nom de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis] a observé que Daesh continuait « mener une insurrection de faible niveau » tant en Irak qu’en Syrie, en se concentrant sur les zones rurales. Et, citant le général Kenneth McKenzie, le chef de l’US Centcom, le commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, il a prévenu que l’organisation jihadiste « pourrait reprendre des territoires en peu de temps en cas de diminution de la pression antiterroriste. »

Qui plus est, s’appuyant sur des informations de la Defense Intelligence Agency [DIA – renseignement militaire américain, ndlr], ce rapport a également souligné que Daesh cherchait toujours à encourager ses sympathisants à commettre des attaques dans les pays occidentaux, sans probablement avoir la capacité de les planifier par lui-même. « L’État islamique cherche à inspirer des attaques locales à petite échelle pour démontrer sa portée en Occident », a avancé l’Inspection générale du Pentagone.

Quoi qu’il en soit, son rapport parle d’un risque de « résurgence » de Daesh. Résurgence pouvant être rendue plus compliquée par la difficulté qu’il éprouve à se financer, ses « flux de revenus » étant désormais

« précaires ».

Pour autant, à Paris, l’évaluation de la menace que représente Daesh va au-delà de celle décrite par le rapport du Pentagone. Sur les ondes de France Inter, le 10 janvier, la ministre des Armées, Florence Parly, s’est inquiétée de la « résurgence » de l’État islamique au Levant et non du « risque de résurgence ».

« La France est toujours engagée » et « considère que Daesh est toujours présent. On peut même parler d’une forme de résurgence de Daesh en Syrie et en Irak », a en effet affirmé Mme Parly. « Depuis la chute de Baghouz, dans la moyenne vallée de l’Euphrate où était concentré le dernier bastion de l’EI, on peut constater que Daesh reprend des forces en Syrie », a-t-elle insisté, évoque l’attaque contre un bus des forces syriennes, commise dans le secteur de Deir ez-Zor, le 30 décembre.

« Donc Daesh n’est pas éradiqué au Levant. C’est la raison pour laquelle nous y sommes toujours, à travers des actions de formation et notre chasse puisque nous sommes hébergés par les Jordaniens », a ajouté la ministre.

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Il y a un peu plus d’un an, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, avait livré la même estimation. « Daesh n’est pas mort. Daesh a subi des défaites, mais cette menace est permanente. Un arc terroriste est en train de se constituer. Il y a les risques d’extension de ces groupes terroristes vers le Tchad, vers le Nigeria. […] Il y a aussi les groupes terroristes qui fonctionnent en Libye. Tout cela fait un arc des groupes terroristes qui peuvent remonter jusqu’au Levant », avait-il dit, également à l’antenne de France Inter, en décembre 2019.

Le budget 2020 des Armées exécuté « quasiment à l’euro près »

https://www.forcesoperations.com/le-budget-2020-des-armees-execute-quasiment-a-leuro-pres/

À l’euro près, ou presque. La totalité des crédits alloués à la mission défense en 2020 ont été consommés, a indiqué la ministre des Armées, Florence Parly, ce mercredi lors d’une audition au Sénat. L’occasion de revenir sur l’ « excellente exécution » menée en dépit de circonstances économiques défavorables.

« Malgré la crise sanitaire, malgré les perturbations très profondes que celle-ci a pu générer, nous avons réalisé, quasiment à l’euro près, en exécution les crédits dont nous disposions en loi de finances initiale ».

C’est à dire les 37,5 Md€ accordés par LPM 2019-2025.

Le ministère des Armées aura bénéficié d’un dégel de crédits à hauteur de 800 M€ « dans le courant du mois de novembre, c’est à dire à une date bien plus anticipée que d’habitude ». La gestion budgétaire 2019, par exemple, s’était avérée autrement plus complexe à clôturer avec près de 200 M€ de crédits encore gelés à la mi-décembre.

Ce coup de pouce aura « facilité les choses pour pouvoir assurer l’exécution ». Le surcoût des OPEX et MISSINT, par exemple, provisionnés à hauteur de 1,2 Md€. La facture aura finalement atteint 1,46 Md€, révélait récemment La Tribune. Soit une hausse d’environ 60 M€ par rapport à 2019 malgré le renforcement de Barkhane en février, le lancement de Résilience le mois d’après et le soutien apporté au Liban dans le cadre de l’opération Amitié.

La 4e loi de finances rectificative avait permis le redéploiement d’une partie des crédits nécessaires pour couvrir les surcoûts non provisionnés. Plus de 164 M€ (214 M€ en 2019) ont ainsi été redirigés vers le programme 178 Préparation et emploi des forces, compensés par des annulations sans conséquences au sein des autres programmes de la mission Défense.

« C’est une taxation interministérielle qui a été surtout ministérielle », a commenté Florence Parly. Les différents réajustements ont en effet évité une nouvelle tentative de recours à la solidarité interministérielle, mise au frigo depuis plusieurs années. Un mécanisme d’autant plus difficile à invoquer du fait du contexte économique et de la trajectoire budgétaire dont bénéficient les Armées depuis trois ans.

Pour la ministre, le mérite revient tout particulièrement aux armées, directions et services. « Si cette exécution a été aussi satisfaisante », c’est notamment parce que les entités du ministère « se sont mobilisées de façon tout à fait exceptionnelle ».

« C’est une excellente exécution dont nous avons bénéficié en 2020, parce qu’arriver à consommer la totalité de nos crédits, pouvoir venir en aide à nos entreprises et pouvoir couvrir sans autre conséquences que celles-ci les surcoûts liés aux OPEX est un excellent bilan », a-t-elle conclu.

Le CEMA rappelle les particularités de la défense française

https://www.air-cosmos.com/article/le-cema-rappelle-les-particularits-de-la-dfense-franaise-24055

Le chef d'Etat-major des armées, le général Lecointre, s'est exprimé auprès de la presse anglo-saxonne, afin de présenter la singularité militaire et son application aux forces françaises. L'occasion ainsi de s'exprimer auprès d'une cible plus large et ainsi expliquer à nos alliés le fonctionnement de la France. Et qui sait, peut-être renforcer certaines coopérations ?

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Un paysage menaçant.

Dès ses propos introductifs, le Général Lecointre le rappelle. « La France agit pour garantir sa survie face aux menaces existentielles », déclare-t-il auprès d'un média américain. Des menaces qui sont multiples, perçues par l'ensemble des armées. Depuis la revue stratégique, où la résurgence des tensions internationales a été mise en lumière, jusqu'à la vision stratégique du CEMAT, rappelant la nécessité de se préparer à des conflits symétriques, la nature des menaces pouvant venir mettre en péril la sécurité de la France a été largement analysée. C'est également dans ce sens que le CDE et l'Armée de l'Air et de l'Espace ont émergé. Consciente de l'enjeu représenté par le spatial, la Ministre des Armées a rapidement décidé de se saisir du sujet et d'étudier les options françaises, à la fois pour protéger nos actifs mais également répondre en cas d'attaque. Le lancement du satellite d'observation militaire CSO-2 s'inscrit notamment dans cette dynamique. « Il participe à la modernisation de nos capacités spatiales de défense » a ainsi déclaré le 29 décembre Florence Parly. « Le système d'observation militaire CSO apporte un niveau de résolution et une capacité d'acquisition inégalées en Europe, permettant aux armées d'accroître leur capacité de surveillance et de renseignement, et à la France de disposer d'une plus grande autonomie en matière d'appréciation de la situation et de décision », complète le Ministère des Armées. Un renouvellement des moyens français qui a ainsi été entériné par la LPM et qui passera également, en 2021, par le lancement de Syracuse 4, puis de CSO-3 en fin d'année.

Outre le spatial, le MinArm s'est également penché sur les menaces cybers. Le Comcyber, créé en 2017, vise à protéger les systèmes d'information, participe à la « conception, la planification et la conduite des opérations militaires de cyberdéfense », à l'élaboration de la stratégie RH du ministère dans ce domaine et à l'évaluation des besoins capacitaires des armées. Sur le volet cyber, si l'aspect défensif reste au cœur de la stratégie, le MinArm n'exclut pas de pouvoir conduire des actions offensives.

Un engagement encadré.

Afin de pouvoir conduire l'ensemble des missions qui leur incombe, les forces se doivent ainsi de respecter certains principes qualifiés de « fondamentaux » par le CEMA. Le général Lecointre rappelle ainsi, à travers la notion de discipline, que les forces restent soumises au pouvoir politique et aux décisions prises au plus niveau de l'Etat. A travers une force dite réactive et disponible, l'ambition est ainsi de pouvoir réagir à n'importe quel événement en un temps très court. Les forces ont démontré ces qualités à de nombreuses reprises. On pensera ainsi à la récente opération Résilience, qui a vu le jour le 25 mars et dont les premières activités ont débuté quelques jours plus tard, dès le 28. Il est également possible de rapprocher ces caractéristiques des capacités de projection des forces françaises, qui s'entraînent régulièrement pour des déploiements longue distance. L'opération Minotaure, menée en décembre dernier, s'inscrit notamment dans ce cadre, avec la mise en œuvre d'un dispositif FAS, soutenu par l'A330 pour la partie ravitaillement. « La dissuasion nucléaire est donc l'expression la plus réussie de la singularité militaire, notamment parce qu'elle repose sur une organisation et une culture opérationnelles qui garantissent sa réactivité absolue », complète le CEMA. Une position qui était déjà partagée par le Général Maigret, commandant des FAS, lorsqu'il déclarait dans nos pages, en octobre dernier : « En 2023, l'Armée de l'Air et de l'Espace sera capable de projeter vingt Rafale et dix MRTT, en 48H, de l'autre côté du globe, de manière autonome et avec une capacité à durer afin de mener une campagne aérienne. C'est une capacité unique, dont peu de nations disposent ».

Autonomie opérationnelle.

Pour le général Lecointre, la capacité d'action indépendante vient également renforcer la position d'une armée « Sur le champ de bataille, une armée doit avoir toutes les compétences à sa disposition pour pouvoir mener à bien sa mission, y compris dans un environnement totalement désorganisé ». Une autonomie à laquelle travaille la France. Si certaines lacunes persistent, compensées sur le plan opérationnel par la participation d'alliés français, la LPM cherche à combler les trous de la raquette au plus vite. Parmi les capacités cruciales on comptera notamment les drones (mais également la lutte anti-drones), le renseignement ainsi que les hélicoptères de transport lourds. « Si l'on rattache cette autonomie à la réactivité, alors se pose la question de conférer la première en temps de paix pour garantir la seconde lorsque l'armée doit s'engager », complète le CEMA. Et de conclure : « Nous devons consolider la singularité militaire en modernisant notre outil de défense en un outil capable de combattre dans tous les domaines, avec une masse, une organisation et une profondeur de capacités suffisantes pour lui permettre d'assumer toutes ses fonctions en temps de guerre et de crise. C'est le but des actions que nous menons actuellement avec le Ministre des Armées ».

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Revue stratégique : Les armées françaises devront retrouver une « masse critique suffisante »

http://www.opex360.com/2021/01/21/revue-strategique-les-armees-francaises-devront-retrouver-une-masse- critique-suffisante/

Comme annoncé, le ministère des Armées a publié, ce 21 janvier, une actualisation de la Revue stratégique qui, présentée en 2017, a servi de point d’appui à l’élaboration de la Loi de programmation militaire [LPM]

2019-25. Sans surprise, le document insiste sur le fait que les tendances et les menaces identifiées il y a un peu plus de trois ans se sont non seulement concrétisées mais aussi accentuées.

Ainsi, si la menace terroriste est persistante, malgré la défaite de l’État islamique [EI ou Daesh] au Levant, le texte explique que les organisations jihadistes poursuivent leur « stratégie d’enracinement local et de dissémination globale ». À cela vient s’ajouter la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Sur ce point, la Corée du Nord et l’Iran sont notamment cités.

Mais le plus inquiétant, sans doute, est le « durcissement de la compétition entre puissances », parfaitement assumé par la Russie et la Chine.

« La posture d’intimidation stratégique développée par la Russie repose à la fois sur une palette d’outils non militaires et sur le développement de capacités militaires sophistiquées. Pour sa part, la République populaire de Chine a doublé son budget de défense depuis 2012, se hissant au deuxième rang mondial, augmenté son arsenal nucléaire et démontré de nouvelles ambitions en matière de projection de puissance

», note ainsi la Revue stratégique actualisée.

Mais cette tendance concerne aussi des puissances régionales, comme l’Iran et la Turquie, qui « exploitent toutes les opportunités pour imposer leurs intérêts, au prix d’un aventurisme militaire grandissant. »

Ces politiques de puissance s’accompagnent de stratégies « hybrides et multiformes », qui se déploient dans les champs de conflictualité, en particulier dans ceux qui se « se prêtent aux agressions ambiguës. »

« En combinant modes d’action militaires et non militaires, directs et indirects, légaux ou illégaux, ces stratégies sont conçues pour rester sous le seuil estimé de riposte ou de conflit ouvert. L’utilisation de groupes armés, le cyber, le spatial, la manipulation de l’information ou l’instrumentalisation du droit [Lawfare], par l’emploi extensif de sanctions extraterritoriales ou la promotion unilatérale de normes, sont autant de leviers de puissance possibles pour appuyer des manœuvres militaires d’intimidation et atteindre des objectifs stratégiques », lit-on dans le document.

Les États-Unis ont déjà intégré cette tendance étant donné leur stratégie de défense et de sécurité accorde la priorité à la rivalité avec la Russie et la Chine, qualifiées de « puissances révisionnistes. » L’une des conséquences est le délitement de l’architecture de sécurité, avec la fin de traités de désarmement, comme celui sur les armes nucléaires de portée intermédiaires [FNI].

Dans ce contexte, la Revue stratégique actualisée identifie deux risques majeurs : le possible déclassement stratégique, voire l’effacement, de l’Europe [et donc de la France].

« En l’absence de réponse adaptée de leur part, les Européens risquent de subir un véritable déclassement stratégique », redoute le document. Les conséquences économiques de la pandémie de covid-19 pourraient conduire les pays européens à réduire de nouveau fortement leur effort de défense, ce qui porterait un « coup fatal aux appareils militaires les plus fragiles comme à leur capacité d’action collective », estime-t-il.

Cela étant, la plupart d’entre-eux ne va pas dans cette direction. Du moins, pour le moment.

Pour éloigner ce risque de déclassement, la Revue stratégique actualisée plaide pour davantage d’autonomie stratégique européenne, sans remettre en cause le rôle de l’Otan et, plus généralement, les liens avec les États-Unis.

« L’Europe est en effet à la croisée des chemins et doit impérativement s’organiser pour faire face à l’aggravation tous azimuts de son environnement de sécurité. [La France] réaffirme régulièrement sa communauté de destin avec les Européens, mais n’est pas en mesure d’affronter seul tous les périls qui pèsent sur le continent, en dépit de ses atouts stratégiques », avance le document.

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D’autant que le second risque identifié est celui d’un « conflit majeur » susceptible de concerner la France et ses partenaires européens. La LPM 2019-25 a permis de confirmer des orientations stratégiques anciennes [comme la dissuasion par exemple] comme nouvelles [cyber] et d’amorcer une remontée en puissance des forces armées françaises. Mais cette Revue stratégique actualisée estime que, à la lumière de la crise du covid-19, il faut accélérer dans certains domaines, comme dans celui de la « résilience-protection. »

À ce sujet, le document insiste sur les départements, régions et collectivités d’outre-Mer. « La crise sanitaire a montré la réalité de la continuité stratégique entre la métropole et nos territoires ultramarins et le besoin de réassurance face aux prédations et à la manipulation d’informations. Les forces de présence et de souveraineté, dimensionnées au plus juste au regard de nos intérêts, pourraient être reconfigurées, afin de pouvoir accueillir dans la durée et sous faible préavis, des détachements déployés en renfort depuis la métropole », est-il souligné dans le texte.

« Une posture globale crédible devrait également mobiliser, outre l’ensemble des services et moyens de l’État, la coopération de partenaires occidentaux ou régionaux, disposant eux-mêmes de moyens ou de points d’appui », précise encore ce dernier.

Mais s’agissant de l’hypothèse d’un affrontement direct entre grandes puissances, qui « ne peut plus être ignorée », la Revue stratégique actualisée estime que « d’ici 2030 et au-delà, les « tensions actuelles et les ruptures possibles nous imposent donc de nous préparer à des scenarii ‘d’engagement dans un conflit majeur’ et de poursuivre la remontée en puissance de nos capacités comme l’adaptation de notre posture générale. »

Dans ce contexte, la priorité doit aller vers un « objectif de souveraineté maîtrisée » dans les domaines critiques, comme la dissuasion, le renseignement, l’accès à l’espace, la projection de puissance ou encore la capacité d’entrée en premier.

« Notre liberté d’action nécessite ainsi d’assurer la crédibilité et le renouvellement des moyens de la dissuasion, et de garantir une autonomie d’appréciation et de décision s’appuyant sur des capacités de renseignement et de commandement nationales à la résilience garantie », insiste la Revue stratégique actualisée.

Et d’ajouter : « Partout où cela est possible, il nous faut conserver une capacité d’intervention nationale, couvrant le spectre d’intervention le plus large possible, du contre-terrorisme au conflit ouvert de haute intensité en passant par la réponse aux attaques hybrides. »

Ce qui suppose un modèle d’armée complet, qui « permettra également d’entraîner plus facilement nos partenaires européens. »

En termes capacitaires, l’actualisation de la LPM 2019-25 devrait a priori mettre l’accent sur le renforcement de la protection des forces [notamment dans les domaines NRBC, des défenses aériennes, anti-missiles et anti-drones], l’amélioration des systèmes de communication et d’information, la capacité à opérer dans des environnements technologiques « numérisés et dégradés ».

Mais ce modèle d’armée « complet » devra dans le même temps prendre du volume. « Les armées françaises devront également retrouver progressivement une masse critique suffisante, en effectifs et en équipements pour, à la fois, imposer des rapports de force favorables, durer en compensant une attrition potentiellement élevée et s’engager sur plusieurs théâtres », recommande la Revue stratégique actualisée.

Il leur faudra en effet « prendre de la masse » car poursuivre la diversification de leurs capacités offensives, en particulier pour percer les dispositifs de déni d’accès et d’interdiction de zone [A2/AD] suppose un « changement d’échelle » ainsi qu’une « capacité à conduire des opérations au niveau de la division voire du corps d’armée [et leurs équivalents aérien et naval]. »

Pour rappel, un corps d’armée réunit plusieurs divisions. Durant la Guerre Froide, l’armée de Terre en comptait trois. Ce niveau a disparu de son ordre de bataille à la fin des années 1990, comme d’ailleurs le niveau divisionnaire… qui est réapparu en 2016, à la faveur du modèle « Au contact » [avec les 1ere et 3e Divisions, ndlr].

Pour que les armées françaises soient en capacité de conduire ce « changement d’échelle » qu’elle préconise, la Revue stratégique actualisée évoque le recours à « interopérabilité avec nos partenaires et alliés » ainsi qu’à une « réserve renforcée. » Mais elle ne donne pas d’objectifs chiffrés.

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Revue stratégique : Il est « indispensable de disposer de stocks stratégiques » et d’en « accepter les coûts »

http://www.opex360.com/2021/01/21/revue-strategique-il-est-indispensable-de-disposer-de-stocks- strategiques-et-den-accepter-les-couts/

L’anecdote a récemment été racontée dans les colonnes du quotidien « The Times » par le général Sir Nick Carter, le chef d’état-major des forces armées britanniques depuis 2018. Ayant estimé qu’il ne serait pas idiot de [re]constituer des stocks stratégiques [munitions, pièces de rechange, etc], il s’était vu opposer une réponse assez surprenante de la part de Gavin Williamson, alors secrétaire à la Défense. « Je ne vais pas me faire photographier devant un entrepôt », lui rétorqua-t-il en effet [cela étant, l’intéressé affirmera plus tard ne plus se souvenir de ses propos…].

Cette réponse illustre l’état d’esprit dans lequel les réformes des armées ont été menées depuis maintenant une vingtaine d’années, que ce soit au Royaume-Uni comme en France [avec notamment la Révision générale des politiques publiques – RGPP – en 2008]. Par soucis d’économies et « d’efficience », l’idée était d’appliquer des concepts imaginés pour le monde de l’entreprise aux armées, foulant ainsi des principes qui, pourtant, avaient fait leurs preuves.

Pour les armées françaises, cela s’est traduit par une dégradation du soutien administratif des militaires, que le Haut-Comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM] a dénoncée à plusieurs reprises dans ses rapports et revues annuels.

Au nom de l’efficience, certaines fonctions ont été externalisées, des Partenariats « public-privé » ont été signés et « stock » est presque devenu un « gros mot », comme l’a illustré l’anecdote racontée par le général Carter. Et pour cause : stocker des munitions, des équipements et des pièces détachées est toujours onéreux car cela suppose des coûts d’achat et de possession [locaux, sécurité, entretien, etc.].

Évidemment, pour une entreprise, cela une telle pratique aura immanquablement un impact direct sur son besoin en fonds de roulement. Cependant, dans le même temps, si elle ne peut plus fournir ses clients car elle manque de matières premières, cela peut aussi lui coûter cher…

Quoi qu’il en soit, dans une tribune publiée récemment par Defense News, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] a critiqué l’esprit des réformes qui furent appliqués aux armées. « La singularité militaire est aujourd’hui affaiblie par un certain nombre de changements, avec une organisation et mode opérationnel privilégiant le management au commandement, l’externalisation et l’adoption d’une logique civile des flux, y compris pour les fonctions vitale », a-t-il écrit, y voyant autant d’obstacles à « notre pleine efficacité ».

D’autant plus que la pandémie de covid-19 a mis en lumière les faiblesses de cette approche « managériale

» critiquée par le CEMA. Et la Revue stratégique actualisée, publiée ce 21 janvier, lui donne raison. Du moins sur la nécessité de constituer des stocks.

« Le renforcement de la résilience implique de reconsidérer certaines dépendances en matière de soutien.

Face à une crise qui affecte les flux, l’approvisionnement des armées ne peut pas relever uniquement d’une logique d’efficience, inspirée d’un modèle d’entreprises privées. Il est indispensable de disposer de stocks stratégiques et d’accepter les surcoûts associés », est-il affirmé dans ce document de référence.

Et cela va dans le sens du général Thierry Burkhard, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT]. « Soyons certains que si nous venions un jour à rencontrer des difficultés en raison d’un stock de munitions insuffisant, nos compétiteurs qui pourraient devenir nos ennemis feraient tout pour que nous ne puissions pas nous réapprovisionner », avait-il prévenu, lors d’une récente audition parlementaire, soulignant que, dans son métier, il s’agissait d’éviter de se faire surprendre.

Quant aux « externalisations de prestations », souvent incontournables, notamment en matière de transport aérien, elles « doivent également prendre en compte les enjeux de résilience », estime cette Revue stratégique actualisée. Et cette dernière d’insister : « Ce qui est vrai à l’aune de la pandémie de Covid-19 le serait aussi dans le cadre d’une surprise de toute autre nature [numérique ou environnementale], et a fortiori dans le contexte d’un engagement de haute intensité menaçant éventuellement le territoire national. » Mais le document évoque un autre sujet, tout aussi prépondérant : celui de l’approvisionnement stratégique de la Base industrielle et technologique de défense [BITD].

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« À l’image des économies européennes en général, le secteur de la défense est parfois dépendant, pour ses fournitures courantes, de fabricants monopolistiques installés à l’étranger et notamment en Chine. C’est vrai du soutien et du fonctionnement courant des armées [matériel informatique, médicaments, masques]

comme des approvisionnements des industriels de l’armement », constate la Revue stratégique actualisée.

Aussi, poursuit-elle, les « besoins nationaux comme l’ambition de souveraineté européenne doivent donc pleinement intégrer l’accès indépendant, en temps maîtrisé et en qualité, à certaines technologies transverses indispensables à la réalisation de nos systèmes majeurs. »

« À titre d’exemple, la maîtrise des aciers à haute performance, de leur élaboration jusqu’à la réalisation des pièces mécaniques associées, est indispensable à la réalisation des plateformes les plus sensibles, tandis que la maîtrise de la conception des circuits imprimés et composants électroniques est nécessaire pour maintenir dans la durée nos systèmes électroniques », relève le document, qui cite également le besoin croissant en métaux rares.

Aussi, la Revue stratégique actualisée recommande de « mieux identifier les risques sur les chaînes d’approvisionnement, quitte à en développer en propre si nécessaire. »

Par ailleurs, elle exprime la crainte de la dépendance dans les domaines technologiques émergents, comme l’intelligence artificielle, la furtivité, les nanotechnologies ou encore l’hypervélocité.

« Certaines filières industrielles stratégiques doivent également faire l’objet d’une attention particulière, susceptible d’aller jusqu’à une démarche de soutien capitalistique », recommande-t-elle. Faute de quoi, prévient-elle, « en l’absence de fournisseurs nationaux ou européens et d’investissements suffisants, de nouvelles dépendances très critiques se développeront jusqu’à devenir irréversibles. »

Le ministère des Armées commande 300 micro-drones ANAFI USA auprès de Parrot

http://www.opex360.com/2021/01/12/le-ministere-des-armees-commande-300-micro-drones-anafi-usa- aupres-de-parrot/

En février 2020, la Direction générale de l’armement [DGA] avait émis un avis de marché portant sur l’acquisition de 2.000 systèmes de micro-drones pour les besoins des trois armées, via un contrat- cadre d’une durée de cinq ans.

Ces systèmes de micro-drones permettront « à la fois l’observation de jour et de points chauds à courte portée, en particulier lors des missions ‘au contact’ de la menace » et devront « être facilement et rapidement mis en œuvre par des opérateurs non spécialistes » tout en « conservant des performances élevées en terme de discrétion sonore et visuelle et en capacité de détection », était-il précisé dans cet avis.

Près d’un an plus tard, la DGA a indiqué avoir commandé 300 micro-drones ANAFI USA après du groupe français Parrot. « Ce marché permettra de réaliser d’autres commandes similaires de matériels pendant une période de cinq ans », a précisé le ministère des Armées. Les premiers exemplaires seront normalement livrés à partir de juin prochain.

Le modèle retenu par la DGA a été développé par Parrot dans le cadre du programme SRR [Short Range Reconnaissance] de l’US Army, pour lequel Parrot avait été retenu en mai 2019, avant d’être récemment écarté.

Doté d’une caméra thermique FLIR Boson et de deux caméras 4K d’une résolution de 21 mégapixels, le micro-drone ANAFI IAS peut détecter des cibles de taille humaine jusqu’à 2 km de distance. D’une masse de 500 grammes, et disposant de capacités d’observation de jour comme de nuit, cet appareil affiche une autonomie de 32 minutes. Déployable en 55 secondes, il est décrit comme étant discret, avec une « signature acoustique de 79 db à une distance d’un mètre ». Selon Parrot, il est « inaudible dès 130 mètres. »

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Quant à la sécurité de la liaison, Parrot assure que son micro-drone répond aux normes cyber les « plus strictes ». Il est muni d’un logiciel sécurisé, censé empêcher le piratage des données durant un vol. Ces dernières sont par ailleurs stockées dans la station de contrôle, et non dans l’appareil.

« ANAFI USA est entièrement développé en France et produit aux Etats-Unis. Aucun composant essentiel n’est produit en Chine », précise encore Parrot.

« À la différence des autres drones déjà en dotation dans les forces, ce micro-drone pourra être utilisé par des opérateurs non-spécialistes après une courte formation », souligne le ministère des Armées. Il « répond aux exigences de la DGA en termes de cybersécurité et de sécurisation de la liaison de données », résume- t-il, avant de préciser que chaque système comprenant deux vecteurs, 150 systèmes ont donc été commandés pour le moment. D’autres devraient suivre dans les cinq ans à venir.

L’armée de Terre, qui met déjà en œuvre des micro-drones Novadem NX70, sera la mieux lotie puisqu’elle recevra 60% de systèmes ANAFI USA commandés. Viennent ensuite la Marine nationale [28%] et l’armée de l’Air & de l’Espace [12%].

« L’équipement en systèmes de micro-drones collectifs répond à un besoin opérationnel des trois armées, aussi bien pour les forces conventionnelles que pour les forces spéciales. Ces systèmes seront en dotation dans de nombreuses unités, et constitueront des outils supplémentaires dans le paquetage des troupes déployées en opérations, à bord des bâtiments de la Marine nationale, ou pour la protection des sites militaires », explique le ministère des Armées.

L’accumulation des normes de droit risque de réduire l’aptitude à l’engagement des forces françaises

http://www.opex360.com/2021/01/23/laccumulation-des-normes-de-droit-risque-de-reduire-laptitude-a- lengagement-des-forces-francaises/

Le métier des armes étant singulier, les militaires sont soumis à des règles ainsi qu’à des obligations particulières, ce qui fait leurs droits sont différents de ceux dont bénéficient les civils. En clair, la loi ne s’applique en théorie pas de la même façon pour un soldat dans l’exercice de ses fonctions que pour le reste des citoyens français. D’où, d’ailleurs, l’existence d’un « statut général des militaires ».

Pour autant, il est arrivé, par le passé, que ce statut soit remis en cause par de nouvelles dispositions législatives ou réglementaires, comme, par exemple, la directive européenne 2003/88/CE relative au temps de travail.

Si la France fit valoir que ce texte ne pouvait pas s’appliquer aux militaires, la Cour de justice de l’Union européenne en décida autrement, estimant que les « dérogations ne sont pas applicables à des corps ou à des secteurs dans leur globalité, comme les forces armées ou la police, mais seulement à certaines des missions qu’ils assument. » Pour le moment, cette affaire est toujours en cours.

En outre, d’autres domaines font l’objet de nouvelles normes qui s’appliquent directement ou indirectement aux armées. Telle est le cas de la norme européenne REACH [Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals], laquelle réglemente la composition chimique de certaines poudres et prohibe certains composants. Ce qui contraint la Marine nationale à lancer un programme de remotorisation de certains de ses missiles, pour un coût évalué à 480 millions d’euros, selon un rapport parlementaire publié en novembre 2019.

D’autres normes et réglementations concernent l’environnement, le numérique, le social, etc… En 2013, l’ancien ministre Benoist Apparu avait confié dans les colonnes de L’Express que la norme la plus improbable dont il avait entendu parler consistait à « construire des quais pour que les handicapés puissent accéder au char Leclerc ».

La Revue stratégique actualisée, publiée cette semaine [.pdf], a mis en garde contre l’application de ce « droit positif » [ensemble des règles de droit effectivement en vigueur dans un État ou un ensemble d’États, ndlr] sans prendre en compte la singularité militaire.

« Les armées […] sont de façon croissante assujetties à des normes de droit qui ignorent parfois la singularité du métier militaire », lit-on dans ce document. Or, cette « contrainte normative appliquée sans distinction aux activités ordinaires comme aux activités opérationnelles ou d’entraînement au combat risque à terme de réduire notre aptitude à l’engagement », prévient-il.

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Aussi, les rédacteurs de cette Revue stratégie actualisée estiment nécessaire que le « droit positif appliqué aux armées soit adapté de façon nécessaire et proportionnée, afin de leur permettre de remplir leurs missions en toutes circonstances. »

Et d’insister : « Le respect des enjeux de défense doit donc être bien pris en compte dans l’ensemble des instances nationales ou européennes qui définissent le cadre normatif dans une multitude de domaines [droit du travail, code de l’environnement, droit social, droit du numérique et des données…]. »

Au vu des difficultés relative à la directive européenne sur le temps de travail, pour ne prendre que ce seul exemple, il n’est pas acquis que cette préoccupation soit partagée par tout le monde…

"Rengagez-vous": les taux de fidélisation s'améliorent grâce au coronavirus

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/01/22/le-recrutement-des-armees-a-t-il-ete- impacte-par-le-covid-19-21820.html

On a beaucoup écrit (et moi aussi) l'an dernier sur les effets négatifs de la pandémie sur le recrutement des Armées, recrutement plus difficile du fait des confinements mais qui s'est avéré satisfaisant au final.

Je me suis intéressé la semaine dernière au facteur "rétention", c'est-à-dire la capacité des armées à éviter que leurs soldats les quittent prématurément, voire à réussir à leur faire prolonger leur période dans l'active.

C'est un phénomène qui a été constaté dans les armées américaines et britanniques où le taux de réengagement a été meilleur et les départs, soit prématurés soit à terme, ont été moins nombreux. C'est ce que j'écrivais la semaine dernière.

La Légion étrangère, comme je l'écrivais aussi la semaine dernière, a bénéficié de ce phénomène lié à la dégradation du marché de l'emploi civil. D'autres forces armées (américaines et britanniques en particulier) ont fait l'expérience de ce même phénomène qui leur a permis de maintenir leurs effectifs et même de parvenir à un sureffectif pénalisant.

En France, quelle est la situation pour l'armée de Terre, pour la Marine et pour l'armée de l'Air et de l'Espace?

L'armée de Terre a enregistré de bons résultats mais il est difficile de les attribuer à un phénomène de fidélisation/rétention lié au Covid.

En effet, pour augmenter les taux de fidélisation, l'armée de Terre a mis en place en 2019 une prime de lien eau service (PLS) pour convaincre les militaires du rang en fin de contrat de signer de nouveau. Le système a si bien fonctionné que l'enveloppe budgétaire s'est avérée insuffisante. "On n'a pas pu accorder toutes les PLS qu'on aurait souhaité", précise la DRHAT qui va étendre ce système, en 2021, aux officiers. Donc, le taux de départs est en baisse mais la prime a certainement eu un effet stabilisateur qui empêche de mesurer l'impact du Covid et de ses répercussions sur l'emploi civil.

La Marine nationale, dont la nouvelle campagne de recrutement est lancée ce jeudi 28 janvier, n'a pas été négativement impactée par un effet Covid. Avec 3 967 engagements, "on a fait largement les chiffres. Et c'est même la première augmentation depuis longtemps", précise le Sirpa Marine qui met en avant le succès du recrutement en ligne.

La DRH confirme un recrutement "dynamique" et "un effet Covid certain du fait de la situation compliquée à l'extérieur mais cet effet reste modéré". La Marine met plutôt en avant "une politique de fidélisation qui paie"

lancée après une année 2018 difficile en termes de RH. Ce plan de fidélisation vise à valoriser l'exercice du métier en améliorant l'environnement de vie, en offrant des primes, en valorisant l'embarquement tout en conciliant vie personnelle et vie professionnelle, en promouvant la reconversion interne. Résultat: en 2020, une centaine de personnels ont décidé de prolonger leur contrat.

A ces prolongations de contrats s'ajoutent quelques retours dans le cadre du programme "Back to Navy".

En dépit de ces efforts et de ces succès, la DRH constate toujours des tensions sur certaines spécialités:

"les techniciens aéro, les électriciens, les personnels de restauration, les spécialistes de l'IT, et les sous- mariniers".

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L'armée de l'Air et de l'Espace a constaté une amélioration des taux de rétention et une meilleure fidélisation mais c'est encore "difficilement quantifiables".

En 2020, l’AAE a recruté 2895 aviateurs. Dans le détail il s’agit de : 210 officiers (125 personnels non navigants et 85 personnels navigants) 1033 sous-officiers

1312 militaires du rang 88 volontaires

252 places à l'école de Saintes

C’est un peu moins que la cible initialement prévue (avant crise sanitaire) mais ce léger déficit de recrutement n’empêche pas l’AAE de réaliser son schéma d’emploi. En effet, les sorties définitives constatées en 2020 sont plus faibles qu’en 2019 : moins 20% pour les sous-officiers et moins 17% pour les militaires du rang.

Trois raisons peuvent expliquer cette baisse des départs :

- le nombre prévisionnel de départs était moins important qu’en 2019

- la politique de fidélisation (fondée sur 5 piliers) commence à porter ses fruits.

- le contexte économique et social moins favorable lié à la crise sanitaire (notamment dans l’aviation commerciale) a également permis une légère baisse des flux de sortie.

Par ailleurs, l'armée de l'Air et de l'Espace se félicite du nombre de "rejoiners" qui réintègrent les rangs.

L'AAE a pu réengager d’anciens aviateurs l'ayant quittée moins de 3 ans avant la déclaration de l’état d’urgence sanitaire. En volume, plus de 150 anciens sous-officiers de carrière ont répondu favorablement, dans l’immédiat ou à terme, à une proposition de réengagement de la DRHAA. Environ 320 anciens contractuels seront contactés en 2021 pour une deuxième vague.

Mali : Pourquoi l’État-major des armées ne veut pas diffuser les images de la frappe réalisée près de Bounti

http://www.opex360.com/2021/01/26/mali-pourquoi-letat-major-des-armees-ne-veut-pas-diffuser-les-images- de-la-frappe-realisee-pres-de-bounti/

Le 3 janvier, l’association culturelle peule Tabital Pulakuu a affirmé qu’une frappe aérienne avait coûté la vie à une vingtaine de civils qui assistaient à un mariage organisé dans le village de Bounti, situé dans la région de Mopti [centre du Mali]. Ce qui a donné lieu à bon nombre de commentaires et autres spéculations sur les réseaux sociaux [relayées complaisamment par certains médias officiels…], avec une force Barkhane d’autant plus mise sur le banc des accusés qu’elle venait alors d’effectuer un raid contre un rassemblement jihadiste dans le même secteur.

Et sur ces mêmes réseaux sociaux, il a été diffusé une photographie présentée comme étant celle des victimes. Il s’avérera par la suite que le cliché en question avait été pris au Nigéria en 2014… En outre, les premiers témoignages recueillis par les agences de presse ont fait état de la présence d’un « hélicoptère » ayant « volé très bas ».

Puis, via un communiqué publié le 6 janvier, l’ONG Médecins sans Frontières [MSF] a laissé entendre qu’il y avait eu deux bombardements : l’un à Bounti, l’autre à Kikara. Et d’indiquer qu’elle avait pris en charge huit blessés présentant des « blessures par balles et des lésions dues à des explosions. »

Dans un entretien publié par le quotidien Le Monde une semaine plus tard, Isabelle Defourny, directrice des opérations de MSF, précisera que les blessés étaient « tous des hommes » dont cinq âgés de « plus de 60 ans. » Et d’ajouter : « Sept ont des lésions résultant d’une explosion. Un autre a une plaie au thorax avec point d’entrée et de sortie, évoquant une blessure par balle. » Quant aux « tirs », elle a dit ne pas être en mesure d’en « déterminer » l’origine. « Certains ont parlé d’hélicoptères, d’autres d’avions. Nous ne sommes pas en mesure de le déterminer pour l’instant », a-t-elle répondu.

Entretemps, l’État-major des armées [EMA] a publié des détails sur le raid du 3 janvier, effectué par une patrouille de Mirage 2000. De même que son homologue malien. Ainsi, il a confirmé qu’un rassemblement de combattants jihadistes [appartenant à la katiba Serma] avait bien été visé à l’issue d’une manoeuvre de renseignement ayant duré plusieurs jours et qu’aucun « élément constitutif d’un mariage » n’avait été observé. « La frappe [trois bombes] est localisée en 30 PWB 4436 83140, à plus d’un kilomètre au nord des premières habitations de Bounti. Il s’agit d’un espace ouvert et semi-boisé », a-t-il précisé.

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Ce n’est qu’après la sortie du communiqué de l’EMA [le 7 janvier, ndlr] que des précisions ont été apportés par d’autres témoins. Comme ceux interrogés par le quotidien Libération, pour un article publié sur Internet le lendemain, en début de soirée. Des villageois, dont les propos ont été recueillis et traduit par un membre de Tabital Pulakuu, ont ainsi parlé pour la première fois de l’explosion de trois bombes. Jusqu’alors, l’association peule avait évoqué « deux frappes [conduites] simultanément d’après les témoins. »

La semaine passée, l’ONG Human Right Watch [HRW] a rapporté d’autres témoignages… Cette fois, il y est question d’un avion de chasse. « Soudain, nous avons entendu le bruit du jet, et tout s’est passé rapidement. […] J’ai entendu une puissante détonation, boum, puis une autre détonation. J’ai perdu conscience pendant quelques minutes et quand je me suis réveillé, mon pied saignait à cause des éclats d’obus, et tout autour de moi, il y avait des blessés et des cadavres », a confié un villageois de 68 ans. Un autre, âgé d’une quarantaine d’années a parlé de l’explosion de deux bombes.

Le problème est que les seuls éléments disponibles relèvent du déclaratif et qu’aucune constatation n’a pu être faite de manière indépendante sur place. Pour autant, HRW estime que les « autorités françaises devraient enquêter sur la frappe, y compris sur le rôle joué par la chaîne de commandement. » Et d’ajouter :

« Si l’enquête détermine que la frappe est illégale, la France devrait indemniser les victimes civiles et leurs proches et envisager de réparer les dommages causés aux civils, indépendamment de toute constatation d’action illégale. »

Le plus simple serait sans doute que l’État-major des armées diffuse les images du raid, ce qui mettrait fin à toute polémique. La suggestion en a d’ailleurs été faite à la ministre des Armées, Florence Parly, lors de sa dernière audition au Sénat, le 20 janvier.

Si des photographies, floutées pour la plupart, ont été diffusées après l’opération menée en juin 2020 contre Abdelmalek Droukdel, le chef d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], le ministère des Armées ne publie que très rarement des vidéos des actions « cinétiques » venant d’être menées.

« Il faut avoir en tête que montrer des images, c’est montrer à notre ennemi ce que nous voyons de lui. Il ne sait pas précisément ce que nous savons et voyons de lui. C’est tout le problème », a commencé par justifier la ministre devant les sénateurs.

« Donc il y a, et je le comprends, un besoin de la part de l’opinion publique de […] savoir et se sentir rassurée sur le fait que la France conduit des opérations conformément au droit humanitaire international et au droit de la guerre. [Ce qui] est extrêmement important [car] c’est la raison même d’être de nos forces […].

Et puis il y a aussi la nécessité de protéger nos soldats en ne livrant pas à nos adversaires des éléments qui pourraient modifier leurs modes opératoires », a ensuite développé Mme Parly.

Étant donné que, dans un contexte de guerre « informationnelle » conduite le plus souvent par des acteurs extérieurs au Sahel [la Turquie et la Russie sont régulièrement citées, ndlr], les « faits ne pèsent pas plus lourd que la rumeur », cette limitation dans la communication opérationnelle « nous place nous-mêmes dans une situation » inconfortable, a déploré la ministre.

Quoi qu’il en soit, a-t-elle fait valoir, au ministère des Armées, « nous assurons la traçabilité de tout ce que nous faisons », ce qui complique évidemment la « riposte » sur les réseaux sociaux puisque cette dernière ne peut être immédiate. « C’est un sujet que nous prenons très au sérieux » et « pour ce qui nous concerne, nous tenons absolument à communiquer sur des faits qui sont vérifiés » car « rien ne serait pire que d’engager la parole de l’État sur des données partielles et pas totalement certaine », a conclu Mme Parly.

Pour 2021, le chef d’état-major de l’armée de Terre demande à ses troupes de faire preuve de détermination

http://www.opex360.com/2021/01/04/pour-2021-le-chef-detat-major-de-larmee-de-terre-demande-a-ses- troupes-de-faire-preuve-de-determination/

L’an passé, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Thierry Burkhard, avait placé ses vœux sous le sceau de la « combativité », demandant à ses troupes de conserver « cet enthousiasme et cette énergie qui permettent de se dépasser ». Et il a visiblement été exaucé.

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« Tout ce qui a été réalisé [en 2020], à l’instruction, à l’entraînement comme en mission, n’a rien d’évident : c’est le résultat de la combativité de chacun », a en effet lancé le général Burkhard, à l’occasion de ses vœux pour 2021. Et de la combativité à la détermination, il n’y a qu’un pas qu’il n’a pas hésité à franchir.

« Il nous faudra autant de détermination pour 2021

», a affirmé le CEMAT. Et cela, pour au moins quatre raisons.

« Détermination pour être chacun à la hauteur de nos responsabilités comme chef, subordonné ou comme camarade. Consolidons sans cesse des relations humaines de confiance » car « elles sont le socle de notre cohésion et de notre efficacité opérationnelle », a fait valoir le général Burkhard.

Ce dernier a aussi demandé de la détermination pour « la transformation de l’armée de Terre autour [du programme] Scorpion », estimant qu’il « n’y a pas de temps à perdre pour nous approprier les [véhicules blindés] Griffon et les nouveaux équipements qui arrivent en régiment. »

Pour rappel, un premier groupement tactique interarmes doté de Griffon doit être projeté au Sahel d’ici la fin de cette année.

De la détermination, le CEMAT en veut aussi pour « élever le niveau de la préparation opérationnelle » car « nous devons nous entraîner lus et nous entraîner mieux pour répondre aux nouvelles menaces ».

Enfin, le général Burkhard est revenu sur sujet qu’il a déjà abordé à plusieurs reprises lors de ses interventions passées : la simplification. « L’état d’esprit qui consiste à trouver la solution plutôt que d’expliquer pourquoi les choses ne devraient pas être faites devrait être un peu plus répandu. Beaucoup réglementent mais les armées à qui l’on demande de remplir ses missions en tout temps, en tous lieux, sont enfermées dans un excès de normes. Il faut être vigilant à ce que celles-ci ne nous étouffent pas », avait-il ainsi déclaré lors d’une audition parlementaire.

Aussi, cette simplification figure-t-elle en bonne place dans la vision stratégique que le CEMAT a dévoilée en juin dernier. Depuis, une « task force » dédiée, intégrée à l’inspection générale de l’armée de Terre, a été mise en place sous l’autorité du général Marc Ollier.

Pour le général Burkhard, il faudra donc la détermination de chacun pour « simplifier notre de mode de fonctionnement qu contraint notre quotidien » car il est « essentiel de retrouver du temps en allégeant certaines de procédures », a-t-il dit. « Cette simplification nécessitera un effort de tous, à tous les niveaux », a-t-il ajouté.

En 2021, et pour la cinquième année consécutive, le nombre d’adjudants et d’adjudants-chefs va baisser

http://www.opex360.com/2020/12/31/en-2021-et-pour-la-cinquieme-annee-consecutive-le-nombre- dadjudants-et-dadjudants-chefs-va-baisser/

Il est souvent affirmé que les forces françaises manquent de sous-officiers « expérimentés ». C’est d’ailleurs ce qu’avait souligné un rapport parlementaire publié en novembre 2019, parlant même, pour l’armée de Terre, d’un « besoin impérieux » de sous-officiers « qualifiés ». Un an plus tôt, le général Jean-Pierre Bosser, qui était alors son chef d’état-major, avait estimé qu’il lui manquait « environ 3.000 sous-officiers supérieurs » et « 1.000 officiers ».

Et cette situation va encore durer, si l’on en juge par les arrêtés relatifs aux plafonds des effectifs militaires pour 2021, publiés au Journal Officiel du 23 décembre. En effet, pour la cinquième année consécutive, le nombre d’adjudants-chefs et d’adjudants [*] va encore baisser assez significativement.

Ainsi par rapport à 2020, et selon l’arrêté fixant les plafonds des effectifs des militaires non officiers, il y aura 289 adjudants-chefs en moins, leur nombre passant de 15.662 à 15.373. Et on comptera 17.146 adjudants, contre 17.290.

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