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L art-thérapie contemporaine est ce qui rend la vie plus intéressante que l art-thérapie contemporaine!...?

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Academic year: 2022

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L’art-thérapie contemporaine est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art-thérapie contemporaine !...?

Funambulisme de Duchamp à Poincheval en passant par Filliou pour que je puisse bricoler (faire avec) l’art-thérapie contemporaine…et le partager avec vous ! et poétiser la coupure !

INTRODUCTION

Je souhaite tirer un fil, faire du funambulisme entre art et art thérapie contemporaine en tissant des liens à partir de trois artistes différentes. J’ai choisi ce plan car je viens d’une formation artistique entre recherche en arts plastiques à la fac et aux beaux arts et un présent de vendeuse de chaussures de running. Ce funambulisme me permettra de poétiser la psychanalyse et de faire avec tout ce que je peux cuisiner avec mes casseroles.

1-Je vous propose de commencer par questionner les relations entre l’art thérapie contemporaine et le parcours de l’art moderne par le concept d’infra-mince inventé par Marcel Duchamp dans les années 20 (ne vous inquiétez pas je ne parlerai pas de l’urinoir). Cela me permettra de questionner les espaces infimes et discrets, ces espèces d’espaces (comme dirait Perec) dont on oublie l’existence et qui nous permettraient de poétiser et respirer. Je parlerai aussi de vide…et du souffle du neutre.

2-Ensuite en passant par les années 60-80 avec Robert Filliou nous allons rencontrer un génie bricoleur sans talent qui est au départ d’une œuvre aussi humble que poétique et nous nous attarderons surtout sur le Poïpoïdrome. Il a remplacé le mot art dans son travail par le concept de « création permanente » et par le « principe d’équivalence » : bien fait, mal fait, pas fait, c’est pareil !

3-Nous allons arriver à l’art contemporain envahi par les mots dispositif et installation mais dans cet exposé je vais m’intéresser un autre facette de l’art contemporain et vous présenter Abraham Poincheval. Cet humble et accessible artiste de internationale et marseillais, que j’ai eu la chance de connaitre et dont le travail se prête aux questionnements de la création d’une espèce d’espace : poétique, autre et accueillant, de repos aussi, dans un espace « collectif », institutionnel et institutionalisé. Un point de capiton temporaire autre dans les tissus institutionnels ?

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2 1- DE L’INFRAMINCE ET DE L’OUVERTURE DU SUJET AU PROJET

Duchamp a introduit l’infra mince ou infra-mince ou inframince dans les années 30 et dans son recueil de notes posthumes fait par Paul Matisse il l’écrit de ces trois façons différentes. Il ouvre l’écriture d’un seul mot à trois écritures. Ces trois façons qu’il utilise indistinctement pour l’écrire questionnent le terme en soi. Il le définit comme le bruit des pantalons de velours lors qu’on marche, comme la fumée qui sort de notre bouche un matin d’hiver…cet espace entre l’infime et le mince qui est plein de poésie, éphémère, et qui laisse de la place à l’imagination, aux rêveries, et aux projections créatrices si nous nous y attardons. Ces micro vides, ou ces manques et espaces de respiration et souffle qui nous questionnent tant en art thérapie. Ces micro espaces de création entre le principe de plaisir et celui de réalité.

Si on manque de manque on angoisse si on est plein de plein on angoisse aussi. l’horror vacui questionne philosophes et artistes depuis toujours. Le vide donc, la respiration et le souffle est le pari de l’inframince de Duchamp (façon de poétiser ces micro vides quotidiens, entre autre) seront la première partie de mon exposé.

Inframince est aussi une différence infime et singularisante1 , c’est un travail à partir de la singularité d’un évènement, d’une personne ou d’un objet. L’inframince c’est aussi dégager un espace à une ouverture de singularisation pour produire de l’unicité2. Davila (historien de l’art qui a écrit un livre sur l’histoire de l’art à partir de l’infra mince ) est intéressé par la capacité de Duchamp d’habiter l’écart et de produire de la différence, du hors champ artistique conventionnel. Transformant par : le bricolage, le regard, le ready made, la muséographie, les échecs (et échecs) et son état de poésie quotidienne, les ouvertures du monde conventionnel en singularité extraordinaire mais humble, éphémère et banalement poétique. Quelques exemples d’œuvres : l’air de paris, la feuille de vigne femelle, le mètre étalon…la boite en valise…

Mais l’inframince échappe à la conscience, du moment qu’on le saisit il n’est plus cette ouverture singulière. L’état inframince ressemble un peu à l’état de poète…on l’incarne, on le

1 Thierry Davila, de l’inframince, brève histoire de l’imperceptible ,de marcel duchamp à nos jours, édition du regard, Paris 2010, p 31

2 Ibid P47

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3 vit, on l’est et en même temps cela nous échappe et il nous est impossible de l’expliquer conceptuellement. Faut en faire l’expérience.

L’infra mince pose la question de la micro poésie quotidienne et de ces micro espaces de souffle et d’ouverture dont l’on pourrait se saisir mais l’infra mince nous parle aussi de vide. En sachant que Duchamp était un passionnée des philosophies orientales, du zazen, lecteur de Barthes, un grand flâneur et fainéant au point de génialement ne jamais terminer son ultime et importante (en therme de dimension) œuvre, le grand verre où(la mariée est mise à nu par ses maris mêmes) au point de la rendre œuvre en la prenant en photo avec Man Ray recouverte de poussière…

Mais c’est aussi ce qui apparait pour aussitôt disparaitre et laisser l’espace, le vide…entre…ouverture…

Le vide…et si nous parlions du vide…si nous disions pour ne rien dire…

Le vide, inquiétant étranger et proche, familier à l’être humain et à sa condition d’être. Vide singulier à chacun et que nous partageons tous. Le vide nous structure et autour de lui nous nous construisons. Espace entre d’autres espaces, espace médian, de circulation, de pont et de séparation. Trait d’union et lien psychique connu et inconnu, confortable et inconfortable, nécessaire, fondation et fondamentale.

Lacan en 1953 souligne le mouvement et l’espace qui s’anime entre le plein et le vide. Entre le plein d’une parole et son vide. Ensuite, en 1977, Lacan parle d’une parole ni pleine, ni vide qui se situe au point de rencontre du RSI. Une parole qui tiendrait compte du manque, du trou structurant du parlêtre et de son être sujet barré. Parlait-il d’une parole poétique dans laquelle le son et le sens se questionnent ?

Nous ne pourrons jamais le savoir mais nous pouvons nous questionner sur ces ouvertures infimes de création et de poésie que l’état de poète (ou l’état d’artiste) nous offre pour nous sortir, ou mieux, pour nous permettre de faire avec ce conflit de signifiant et signifié, de sens et de sons conventionnels.

Duchamp était très proche de la philosophie orientale et pour cette raison je me permets d’évoquer le vide médiant de François Cheng3. Sorte de trait d’union, espace et souffle vivifiant.

Le vide est entendu comme un espace de projet, de possibles qui se tend entre deux extrêmes de l’être. Le plein et le vide. Cheng nous parle d’un espace d’ouverture et de possibles, un espace dans lequel l’on s’autorise à tendre vers autre chose, à oser autre et l’autre. Ce serait le souffle du milieu, la troisième voie qui questionne et lie les deux voies extrêmes tout en n’oubliant pas que tout communique dans ce complexe physique et psychique qui est l’humain.

Le souffle, un va et vient sans fin. Un plein et vide de nos poumons, de notre corps, de nos cellules et de notre psychisme qui ne s’arrêtent pas de vivre, respirer, s’alimenter et se vider.

Le souffle est aussi rythme et intervalle, temps d’espace et de repos entre le plein et le vide de notre psychè et de notre corps. C’est dans l’entre qu’on entre et qu’il y a ouverture et on peut trouver de la place, respirer, souffler…projeter

3 Cours profac mois 12 deuxième année: Entre stase-extase, le rythme s’en souffle du vide mediant (Dossier de préparation du Séminaire d'été 2015, texte issu d’une intervention au Séminaire de l’ALI-Lyon « Écritures du Vide », sous la responsabilité de Luminitza Claudepierre en association avec Cyrille Noirjean et Jean-Emmanuel Denave, séance ouverte du 8 janvier 2015 au théâtre l’Élysée à Lyon consacrée à François Cheng.)

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4 Cette ouverture, nous l’avons vue dans l’œuvre Le souffle du neutre de Jean pierre Royol, peut être bouchée par un trop plein de conflits sociaux ou psychiques et ainsi boucher ce milieu vivifiant des possibles. Cet espace inframince et médiant de respiration qui permettrait de décompresser notre psychisme et pourquoi pas nos poumons aussi ! cet espace dont en art thérapie contemporaine nous prenons acte, comme pour le transfert, et que nous accueillons humblement et sans jugement ni savoir sur l’autre. Nous sommes là, prêts à accueillir et créer les conditions favorables pour un souffle, une respiration profonde possible et une expiration poétique possible pour le sujet accueilli lors de la séance art thérapeutique. Nous, apprentis art thérapeutes, mettons tout en œuvre pour laisser la place au sujet pour qu’il puisse faire avec soi et faire de soi le projet qu’il souhaite être et ouvrir ainsi des possibles dont lui seul est maitre (même si l’on n’est pas tout à fait maître chez soi comme disait si bien Freud). L’art-thérapie met en place les conditions nécessaires à rendre la vie, à peut-être arrêter une survie, la vie se passe dehors ! mais le choix ne nous appartient pas !

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5 2- « L’ART EST CE QUI REND LA VIE PLUS INTERESANTE QUE L’ART » POÏPOÏ !

Maintenant je souhaite vous parler de l’artiste Robert Filliou (1926) génie (génie de bistrot) bricoleur(je suis bon à rien donc je suis bon à tout) sans talent, méconnu dans l’art ! Tilman dans son livre sur Filliou le définit de « Nationalité poète » comme Fillou se définissait lui- même dans les papiers officiel…il a introduit le principe d’équivalence d’une réalisation : bien faite, mal faite, pas faite. Mais aussi accouché de la phrase : « l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ». L’inutile essentiel de la poésie et ces moments de repos, pour pouvoir vivre nos vies « à l’extérieur » (lien avec art-thérapie). Et du poipoidrome (lieu d’accueil, de créativité permanente et de respiration). Dispositif d’objets à bricoler à disposition du public dans une galerie ou autre lieu inventé par Filliou et un ami architecte.

Filliou avait une formation d’économiste et il travaillait pour les nations unies, pour coca cola et ensuite il voyage et fait du bénévolat en utilisant son expertise d’économiste. Il va vivre longtemps aux états unis où il rencontrera l’énergie Fluxus et puis il rentrera en France pour y terminer sa vie et son travail. Il passe d’une économie financière à une économie poétique.

Robert Filliou est un artiste chouchouté dans le milieu de l’art, un artiste qui se considérait lui- même un génie sans talent. Qui a travaillé sur le principe d’équivalence (dont j’ai parlé plus haut) et pour le certifier crée un tampon avec écrit : bien fait -mal fait-pas fait. Quelques exemples de ses œuvres :

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6 -Dessin d’un funambule au milieu entre jeu et travail et c’est ce qu’il a cherché à faire toute sa vie. Equilibriste entre le principe de plaisir et celui de réalité

-Tool box, Boite à outil, l’œuvre doit être encore faite

-Projet « Commémore », échange de monuments au morts européens. La France commémore les morts de l’Italie etc…l’Italie ceux d’Espagne…etc…

-Refus de réussir, rester artiste bricoleur

-il vit dans un état de filliousophie dans lequel donner des réponses qui ne répondent pas, parler de soi sans jamais y arriver. « L’art c’est la liberté de ne pas avoir raison » on invente des jeux et des boites à jeux

-« Autrouisme », si tu penses à quelque chose pense à quelque chose d’autre, - enregistrement du silence

-Il dépoussière des grandes œuvres de l’art. comme la joconde et il en fait des petites boites .

Il a appartenu à la Mouvance Fluxus qui n’est pas comme les « ismes » de l’époque moderne.

On est dans les années 60(Boyce, Nan Jun Paik, Yoko Ono, John Cage, Counningam…)mouvement de remise en question des pratiques artistiques qui continue un peu les questionnements Dadaïstes (15-20) de « l’œuvre d’art total », de démonter les conventions techniques pour aller par une pratique de vie à une pratique artistique. Leur vie devient de l’art, il n’y a pas de limites. Ils font beaucoup d’œuvres collectives sans signature ni auteur officiel.

L’art n’est pas une pratique institutionalisée mais doit rendre la vie à la vie !

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« Tout le monde est artiste » (slogan Fluxus)

« l’artiste est tout le monde »(slogan Filliou) Partir de soi pour aller vers le tous.

Art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art !

De cet artiste il reste très peu, mais ce qui reste est un récit qui se chuchote de bouche à oreille.

Il applique ses préceptes à sa façon de vivre. La créativité pour mieux vivre avec ses paradoxes utopiques.

Les œuvres sont bricolées à partir de petites choses et sont souvent décevantes et frustratrices ! Pieces artisanales, humbles, souvent éphémères, et au service de la complexité de la simplicité.

Idée du jeu très présente : je, jeu et jeux (collectif).

Filliou veut bricoler des systèmes pour être heureux. Société de la solitude heureuse (la capacité d’être seul ?) En faisant peu je fais beaucoup ! C’est une économie poétique, la nationalité poète ! il est un bricoleur au sens de la définition que Levi Strauss en donne dans son livre Les pensées sauvages : le bricoleur invente à partir de ce qu’il trouve. Il n’a pas besoin de conceptualiser avant. C’est l’objet trouvé qui devient ce dont on a envie, j’assemble et j’envisage les choses différemment. Bricolage par Filliou est vu comme une innovation sociale aussi

Passons au Poïpoïdrome que Filliou invente avec l’ami et architecte Joachim Pfeufer pour la première version en 1963.

Pourquoi Poïpoïdrome ?

Drome=multitude d’objets du néerlandais ou poutre de l’allemand (cher à filliou)

Poïpoï = est un hommage au peuple Dogons qui vit dans le sud-est du Mali. Le Poïpoï dans leur façon de s’exprimer ponctue leur langage et est une sorte de consentement, d’échange et de réponse pacifique, rythmée et musicale, aux questions de rencontre et de routine des Dogons.

Comment va ta maison ? Poïpoï! Comment va ton bétail ? Poïpoï !

Comme écrit dans la biographie de Filliou par robert Tilman et dans les archives du centre Pompidou. Le Poïpoïdrome est constitué par une structure en bois de 24x24 qui évoluera en énorme lieu à penser et cadre à assembler. Les deux artistes interrogent les limites muséographiques et leur déontologie, il y a le Poïpoïdrome espace-temps n00…etc…pour créer des lieux de « création permanente » (définition que Filliou substitue au mot art). Mais il en pensa aussi à un modèle portatif et ils les numérotent. Je vous lis directement ce qu’ils y prévoient à dans un extrait de la biographie de Tilman Nationalité poète Robert Filliou.

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Inventer des systèmes au sein desquels on pourrait créer en permanence. Imaginer des espaces pour favoriser la création de tous. Des lieux de rencontres comme celle faite par Filliou en laissant une gallérie vide où il accueille le public et il s’organise dans le temps de la rencontre.

Il organise un espace autre dans un lieu d’exposition, espace de « république géniale » dans laquelle chacun peut tenter de développer sa créativité. Tout le monde est artiste et tout le monde peut être artiste. On ne peut pas être écrasé par le génie technique du bon homme. Il est monsieur tout le monde, il ne fait que bricoler. Filliou par son bricolage il nous dit, tu peux le faire !!!!!!

devenir artiste n’est pas pratiquer l’art. Pourquoi le « tu peux le faire ! » gène-t-il tant le public de l’art contemporain ? ça , c’est une autre question à sur laquelle je vous laisse cogiter ! Le poipoidrome et l’exposition vide dans laquelle on est accueilli avec ce que l’on est dans ce que l’on peut, me rappelle un cours que j’ai eu avec Franck Minacori lors d’un regroupement sur Arles dans lequel il parle d’une Psychanalyste sud américaine qui considère que son cadre

4 Tilman P. (2015) Robert Filliou nationalité poète, Les presses du réel, p. 103

5 Tilman P. (2015) Robert Filliou nationalité poète, Les presses du réel, p. 104

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9 tient sans sa présence. Là où elle travaille il y a un lieu où les jeunes peuvent aller être ce qu’ils peuvent êtres s’ils en ont besoin et quand ils le souhaitent. Lieu ouvert 24h sur 24 mais sans la présence de la psychanalyste. Le soin est de surcroit et le cadre thérapeutique continue voir vives hors séance.

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10 3- ABRAHAM POINCHEVAL, POETISEUR D’ESPECES D’ESPACES ?

Pour finir mon exposé je souhaite vous parler de l’artiste contemporain et professeur aux beaux art d’Aix en Provence Abraham Poincheval. Artiste contemporain qui s’est enterré sous un rocher dans une ville, qui à remonté le Rhône dans une bouteille, qui a été stylite à Paris en créant des lieux de poésie dans les lieux institutionnels de l’art et de la vie. Il a créé des lieux

« autres » car les gens « non initiés à l’art » venaient le voir pour lui parler, se confier à lui et il devenait ainsi pour un temps un point « autre » et d’ouverture et respiration, qui perturbe et tient le tissage du lieu dans lequel il intervient avec poésie et décalage. Lui était le repos, le cadre accueillant et poétique de ce lieux affolées, institutionalisés et de passage. Il est un poétiseur d’espaces !

-2012/2013 Tour « 5,0465t »

Abraham me dit que ce qu’on porte sur nos épaules comme poids de l’atmosphère ce sont 5,0465t. Il décide de le matérialiser par une pierre sous laquelle il s’enterre dans le boulevard principal de Tours en créant une sorte de « monument à l’inverse »(si je reprends ses mots). Sa présence a tellement perturbé et interrogé la structure et tissu urbain que les gens ont commencé à venir de plus en plus le voir pour lui parler. Se confier, déposer des choses à la pierre et la façonner par leurs paroles et leurs récits. Au point que la nuit il a fallu mettre un garde du corps(rocher) d’une société privée pour lui permettre de se reposer un peu.

Il était installé dans un endroit de passage pour déambuler d’une autre façon dans la ville et créer un espace vacant qui est devenu un lieu d’aspiration et d’inspiration pour les gens. La pierre est une roche calcaire avec laquelle la ville est faite (une sorte de pre-architecture).Les monuments plein d’histoires commémoratifs souvent structurent une ville, ils en définissent les centres. Le monument inversé de Poincheval inversement se remplissait de l’histoire des personnes vivantes qui venaient façonner la roche. Elles venaient poser des questions, lâcher leur haine, déposer leurs cailloux et leur casseroles. L’idée vient d’un conte persan dont il n’a pas su me révéler la source qui conte d’une personne qui parle à son caillou tous les matins et le caillou finit par se façonner à sa parole. Ça me fait penser à la lalangue de Lacan…la, les, nos, vos, paroles nous façonnent…et nous ont façonné

Il s’est mis à leur disposition, il leur laisse une ouverture de rencontre et de trouble et ça laisse un espace des possibles, un espace de projet autour de cette pierre où n’importe qui peut venir.

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11 Un élément poétique hors sens(commun) qui vient détisser la ville et elle doit se retisser autour de ça. Il a ressenti ce détissage et se renouvèlement du tissu et intérêt urbain. Les gens venaient vers ce monument inversé se raconter et témoigner de leur histoire.

Pour se délasser de ce que le gens lui déposaient il avait le rocher pour le protéger mais aussi une activité de bricolage, d’écriture, et de création qu’il fait à l’intérieur de son tombeau et qu’il expose (ou pas) une fois la performance terminée. Ça lui permettait de laisser passer les choses Des fois le poids a pu être encombrant mais le caillou de 5 tonnes qui a sa propre structure fonctionne comme un filtre. Puis il y a aussi des histoires « super jolies »(ses mots) donc les choses s’équilibrent. Il accueille et laisse passer les choses et on apprend, il était le réceptacle où les récits sont réglées et il faut faire avec ça. Il ne répondait pas beaucoup car il y avait les 5 tonnes sur lui. Ses réponses, ses parole, n’étaient pas importantes, la poésie de son acte suffisait à laisser les gens se vider et ensuite repartir allégés(ou pas) sur leur chemin de vie qui pour lui et pour nous(en tant que apprenti/art-thérapeutes) doit rester inconnu. Et il se rendait bien compte que les personnes avaient surtout besoin de venir déposer et façonner ce nouvel espace pour ensuite reprendre leur vie après cette parenthèse poétique.

Ce travail d’Abraham Poincheval me fait penser forcement aux Hétérotopies théorisées en 66 par Foucault et dont il parle lors d’un entretien radio d’une demi-heure. Il s’est questionné tout au long de son œuvre sur la relation entre le « mot et la chose » , la relation entre le « signifiant et le signifié ».

Au 18eme siècle il y avait par exemple les églises et les cimetières qui étaient au centre de la ville, maintenant on met ces espaces autres où le temps et les lieux se coulent « autrement » en dehors de la ville. Ce sont des espaces au négatif comme lorsqu’on pense aux asiles (nous on est dehors donc on est sains !). C’est cela les hétérotopies, ces espaces autres qui structurent une ville au négatif par ce qui est de passage ou tout simplement mis de côté, comme un cimetière ou alors des accumulation de temps qui nous font perdre le sens du temps comme les musées et les bibliothèques ou le temps deviendrait dépositaire de tous les temps et il ne s’écoulerait pas…ou en tous cas, autrement.

Poincheval en s’installant comme monument poétique et hors sens (normatif) dans un lieu de passage crée une hétérotopie centrale autour de laquelle le temps, l’espace se déposent et se vivent de façon différente, avec une conscience autre ! de sujet se transforme pour un temps en projet !

Les hétérotopies sont des espaces de compensation aux autres, pour déposer, oublier mais aussi pour rêver comme par exemple le lit des parents qui se transforme en mer ou en jardin secret.

Les enfants comme les adultes ont besoin de ces contre espaces pour équilibrer leur structure, et leur tissu de la ville et le faire tenir.

Poincheval à crée un interstice, un débarras dans le tissu urbain dans lequel le gens ne pouvaient pas entrer mais qui leur permettait de déposer, d’offrir et haïr une pierre au milieu d’un boulevard passant. Ça me fait penser à ces chambres des maisons du 18eme siècle dont Foucault parle où il y avait à l’entrée de la demeure une chambre qui ne donnait pas accès à la maison mais dans laquelle les gens pouvaient venir, se reposer, se déposer er repartir. Ils étaient invités à la maison tout en étant laissés dehors.

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12 -2016/2017 « la vigie urbaine (stylite) » Esquibien 6m, rennes 12m, paris 20m (gare de Lyon pour la nuit des musées)

Le sylite qui veille sur la ville, « celui qui voit au loin et qui voit plus loin »(ses mots)et qui fait intersection. Et crée un espace de croisement et poésie. Cela vient perturber le tissu urbain mais cette fois-ci les gens ne peuvent pas lui parler sauf sur la première performance(6metres hauteur). Je lui pose la question du voyeurisme ? il me répond que quand il y a trop, il n’y a plus rien… les gens font attention à un paysage qui avaient oublié par sa présence, il est un lieu de croisements mais aussi d’encadrement de l’espace. Les gens prêtent attention à l’espace. Il y avait même un monsieur que lui ramenait aussi des croissants les matin !

La performance d’Abraham Poincheval fonctionne temporellement comme un point de capiton (Lacan, liant entre signifiant et signifié) ou plutôt comme un point de dé-capitonnage ! Il change le point de capiton conventionnel de la ville et il en crée un autre hors sens conventionnel. La structure du lieu dans lequel il fait la performance ne fonctionne plus. Il vient perturber le signifiant et le signifié de la ville par un acte poétique et une petite intrusion du réel y trouve place. Les gens se prenaient le poteau dans la figure au sens propre et figuré, une bonne irruption du réel de Lacan pour le coup !

Normalement le point de capiton fait tenir la structure et il est le nom du père pour la structure psychique. Si nous l’appliquons à la structure urbaine la performance de Poincheval vient changer le point de capiton usuel en introduisant un nouveau point de capiton ; il déstructure pour un temps donné un tissu social…le poetisant pour un temps précis… et le déstructurant à nouveau une fois finie la performance. A la fin de la performance les points de capiton initiaux retrouvent leur rôle de teneur de structure urbaine.

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13 -questionner la muséographie

2017 « œuf »

Pour la dernière performance dont je veux parler aujourd’hui il m’a confessé s’être senti poule et avoir surtout attiré un public féminin ; les gens restaient assis des heures à le regarder pour voir si les poussins arrivent. Il a choisi l’esthétique de l’Aquarium, vivarium car c’est l’endroit d’expérience du vivant dans les musées. Le choix est classique et il reste simple et accessible et ça se fond dans le décors du musée. « 21jours, ils ont été parfaits, il y a le téméraire qui sort et qui donne le la pour que les autres sortent »(Poincheval me dit).

Il a perturbé la muséographie du palais de Tokyo et il a changé la façon dont les gens regardent les œuvres. Comme c’était une œuvre officielle (aura benjamin) donc tu n’es plus tellement accessible. Finalement le public s’est comporté comme dans un musée mais cela change le temps d’observation de l’œuvre, le public restait au lieu de 2 minutes(selfie inclus), 1 h voir si l’heureux évènement allait se produite !. Autre point de capiton et autre hétérotopie dans l’hétérotopie du musée!

Les gens s’en allaient après une injection de poésie vers leur chemin…

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14 CONCLUSION

L’art-thérapie contemporaine est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art-thérapie contemporaine !... ?...On en sait rien ! on doit travailler notre curiosité de connaitre les suites !

Les choses se passent en dehors quand la coupure arrive, quand on reste sur notre faim et on continue à travailler en dehors…cet exposé m’a permis de poétiser la coupure et le hors séance, l’acceptation d’un après qui ne m’appartient pas…

Cela m’a aussi rappelé que l’art thérapie (contemporaine) est un tissage, funambulisme, entre art, psychologie et psychanalyse6

On ne sait pas…on n’a pas à savoir et on a à travailler notre désir de savoir car le soin, si soin y a-t-il, serait de surcroit. Nous sommes là pour tout mettre en place pour que le souffle du neutre puisse circuler, pour qu’il puisse y avoir une ouverture poétique et créatrice qui pourrait être féconde face à la stérile é de la répétition du symptôme(si le sujet le souhaite). Nous sommes des déboucheurs, des accoucheurs de silence7 aussi qui travaillent en poésie et finesse ! pour aider le sujet (s’il y a demande) à se transformer en projet comme le dit François Cheng.

Ce parcours le long de ce fil fait prendre conscience que la poésie, la créativité, l’art sont inutilement essentielles à la vie. Ce n’est pas le fait d’être en séance d’art thérapie ou d’être artiste qui fait qu’on produit un effet sur ! Cela peut nous ouvrir dans la vie un espace de respiration, de souffle, la possibilité , d’être un projet vivant et mouvant. Nous ne saurons pas ce qui se passe hors séance et c’est tant mieux comme ça, on doit faire confiance, l’accompagner, (être à coté) du sujet et travailler notre désir de bienveillance, de vouloir faire du bien pour laisser le sujet faire le choix qu’il peut et veut faire à chaque instant, chaque fois il aura des choix et chaque fois il fera avec…nous sommes là à coté…et nous allons devoir faire avec ses choix aussi! nous sommes là pour mettre tout en place en conscience et tout en étant au travail. Cet exposé de funambule veut humblement rapprocher le mot art-thérapie contemporaine à des pratiques de l’art contemporain qui poétisent l’espace. Par de pratiques artistiques qui proposent au public des moyens de s’exprimer tout en leur laissant la liberté de faire, pas faire, mal faire et détruire et des pratiques qui pourraient nourrir notre regard et notre pratique et poétique d’apprentis art thérapeutes.

Je vous remercie de votre écoute !

6 Royol JP Art-thérapie quand l’inaccessible est toile, éditions profacom p. 9

7 Royol JP le souffle du neutre , éditions profacom p

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15 Bibliographie :

1)DE L’INFRAMINCE ET DE L’OUVERTURE DU SUJET AU PROJET -Matisse P. (2008) Notes, Marcel Duchamp, Flammarion

-Royol JP. (2013) Art-thérapie le souffle du neutre, PROFACOM éditions, collection l’impasse -Zehenne C. article dans le CAIRN sur Davila T.(2010) De l’inframince, breve histoire de l’imperceptible, de Marcel Duchamp à nos jours, Edition du regard, consulté le 14/04/2020

https://www.cairn.info/revue-communication-et-langages1-2011-4-page-124.htm

-Cours profac mois 12 deuxième année: Entre stase-extase, le rythme s’en souffle du vide mediant (Dossier de préparation du Séminaire d'été 2015, texte issu d’une intervention au Séminaire de l’ALI- Lyon « Écritures du Vide », sous la responsabilité de Luminitza Claudepierre en association avec Cyrille Noirjean et Jean-Emmanuel Denave, séance ouverte du 8 janvier 2015 au théâtre l’Élysée à Lyon consacrée à François Cheng.)

https://www.wmaker.net/actupsy/Entre-stase-extase-le-rythme-s-en-souffle-du-vide- median_a2433.html

2)« L’ART EST CE QUI REND LA VIE PLUS INTERESANTE QUE L’ART » POÏPOÏ ! -Tilman P. (2015) Robert Filliou nationalité poète, Les presses du réel

-Quentin Jouret conférence Art de livre : Robert filliou à la librairie Ombres blanches en mars 2016 à Toulouse consulté le 16/04/2020

https://www.youtube.com/watch?time_continue=7&v=5uqJZTlfDlU&feature=emb_title

-archives du musée d’art contemporain de Lyon sur R.Filliou et J.Pfeufer consultés le 16/04/2020 http://www.mac-lyon.com/static/mac/contenu/fichiers/artistes/notices_collec/filliouetpfeufer.pdf -Winnicott D.W.(2006) Jeu et réalité, collection folio/essais

3)ABRAHAM POINCHEVAL, ALLEZ ON CHANGE POETIQUEMENT DE POINT DE CAPITON ? -Foucault M. Les hétérotopies, radio feature 1966 ecouté le 15/04/2020

https://www.youtube.com/watch?v=lxOruDUO4p8

-Sur le point de capiton articles consultés le 14/04/2020:

http://www.lacan-universite.fr/wp-content/uploads/2016/02/2_CAROZ.pdf https://www.cairn.info/revue-champ-lacanien-2004-1-page-53.htm

Et notes personnelles prises lors du regroupement à Arles du 9/11/2019

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