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AMBAN
DIAYEPoèmes
SAMBA NDIAYE
Les marrons glacés
Sénégal
R&
R R&&P
12 euros
ISBN : 978-2-296-99547-5
Rim e s & Pro s e
Les marrons glacés
Maquette : Serge Lauret
On peut enfi n faire le deuil d’Arthur Rimbaud.
L’auteur en est-il un héritier ? On a l’impression que la muse qui souffl e à l’oreille de ce poète est une muse d’un autre temps.
C’est une poésie de haute facture et de bon goût.
L’auteur est un charmeur, un ensorceleur de vers.
Il vous envoûte par le style de ses poèmes tout dégoulinants de saveur, de parfum et d’exquises sensations.
On sent partout cette bonne vie, cette ode nostalgique, ce chant doux, ces pieds de bohémien avides d’aventure.
En habile collectionneur de mots,
il ressuscite superbement les mythes de l’enfance, de l’amour, de la beauté et du rêve…
« Les marrons glacés » est un recueil d’élégance qui a de solides arguments pour passer à la postérité, car il peut se glorifi er de peindre
un univers pittoresque qui semble nous montrer les choses et les Hommes sous un autre jour.
Né en 1960 à Saint-Louis du Sénégal, Samba Ndiaye est titulaire d’un CAEM de l’École Normale Supérieure de Dakar. Après l’école Brière de Lisle, le lycée Charles de Gaule de Saint-Louis, puis le Département de Lettres Classiques, l’auteur se rend en Algérie comme coopérant, professeur de français de 1984 à 1988. En 1989, il est affecté au lycée Demba Diop de Mbour. De 1998 à 2010, il a animé à la radio une émission interactive « la voix du Pédagogue ». Aujourd’hui professeur principal de classe exceptionnelle, il sert à Dakar où il vit avec sa famille.
L
ES MARRONS GLACÉSPOÈMES
Collection « RIMES & PROSE » Recueil n°12
« R
IMES& P
ROSE»
Collection dirigée par
Mame Ngoné Faye et El Hadji Malick Guèye
CAMARA Famew, Si près, si loin, poèmes, collection « Rimes et prose », septembre 2012.
LY Penda, Ivres délices, poèmes, collection « Rimes et prose », septembre 2012.
SÈNE El Hadji Mbara, Trésors des songes, poèmes, collection
« Rimes et prose », juin 2012.
BA Waly, L’équilibre des rives, poèmes, collection « Rimes et prose », mai 2012.
ANNE Pape Sada, Aux confins des rivages de pénombre, poèmes, collection « Rimes et prose », Avril 2012.
DIOUF Malamine, Sinig, poèmes, collection « Rimes et prose », octobre 2011.
WONE Malick, La récitation du chapelet, poèmes, collection
« Rimes et prose », avril 2011.
DELLAU Alexandra Guénaèlle, Mélodies intérieures, poèmes, collection « Rimes et prose », mars 2011.
FAYE Mame Ngoné, Épaves oniriques, poèmes, collection
« Rimes et prose », mars 2011.
SAMBA NDIAYE
L
ES MARRONS GLACÉSPOÈMES
© L'HARMATTAN-SÉNÉGAL, 2013
« Villa rose », rue de Diourbel, Point E, DAKAR http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr senharmattan@gmail.com ISBN : 978-2-296-99547-5 EAN : 9782296995475
7 PRÉFACE
Pour devenir citoyen de la République des Lettres, Samba NDiaye a choisi de pratiquer le genre le plus noble, le plus difficile et le plus ingrat : la poésie. C’est que la noblesse constitue l’incommensurable don de Dieu aux âmes bien nées et la difficulté n’effraie point l’auteur, nourri de culture humaniste, virtuose des versions latines et des thèmes grecs.
Quant à l’ingratitude de la poésie qui donne, avec parcimonie, notoriété et patrimoine, il n’en a cure. Il assure admirablement son choix. Du reste, comme l’écrit J.-P.
Weber, « une œuvre d’art jaillit plutôt d’une causalité subjective que d’une finalité objective, comble un besoin de l’artiste, obscurément senti ».
Nous nous réjouissons donc du choix de Samba NDiaye car ce recueil témoigne d’un art consommé et d’une formidable maîtrise technique. Sans aucun doute, un coup d’essai qui vaut un coup de maître. Des critiques, qui ne manqueront pas de s’intéresser à cette œuvre, exerceront librement leur activité herméneutique. Ce faisant, ils analyseront l’architecture des poèmes, identifieront les thèmes qui y sont récurrents, et situeront le poète dans la tradition littéraire.
Cependant, sans vouloir préjuger de leurs conclusions, nous pourrons dire que cet ouvrage paraît très éclectique.
Eclectique il est par la technique poétique qui opère une sorte de noria entre le vers régulier et le verset, entre le poème classique et une disposition typographique qui rappelle le calligramme. Eclectique il demeure par la conception sous-jacente qui fait du poète tantôt un travailleur
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opiniâtre marqué par l’ascèse, tantôt un aède, c’est-à-dire un artiste inspiré, suivant la conception platonicienne :
« Le poète est chose légère, ailée et sainte, et il est incapable de créer avant que Dieu le pénètre et le mette hors de lui ».
(Ion, 534b).
Et Samba NDiaye de proférer :
« Réveille-toi Volcan de l’Est Debout
Que se bombe ta poitrine de feu Et crache
Sur ma Plume de disciple La lave âcre du miel de Zeus. »
(Inspirateur) L’auteur qui utilise fort judicieusement les fleurs de la rhétorique et les subtilités de la versification est, de manière irrécusable, un chantre au sens étymologique du terme. Par conséquent, il sait que la parole poétique a partie liée avec la musique :
« De la musique avant toute chose, (…)
De la musique encore et toujours ! »
(Verlaine) Dès lors, il adopte la formule de Senghor dont l’œuvre magistrale apparaît comme l’intertexte de plusieurs pièces du présent recueil :
« Je persiste à penser que le poème n’est accompli que s’il se fait chant, parole et musique en même temps. »
(Postface aux Éthiopiques)
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Il a aussi retenu la leçon Mallarméenne : « On fait de la poésie avec des mots et non avec des idées. ». C’est pourquoi, à bien des égards, notre collègue rejoint ceux que Daniel Leuwers nomme « les poètes du signifiant » parce ce qu’ils perçoivent la poésie comme « un jeu de mots, un jeu avec les mots » :
Jouer
Avec des mots à moi
de mon père appris des mots multiples moelleux mots cuisses de poulet
(Des mots)
Mais si l’auteur a contracté une dette vis-à-vis de ses illustres devanciers, cela ne l’empêche pas d’affirmer son irréductible idiosyncrasie. En effet, il chante d’une façon particulière en donnant à sa voix des inflexions nuancées, en utilisant des comparaisons inédites et des métaphores audacieuses. Ainsi décrivant les « délires » et les « transes » de la possession amoureuse, il susurre :
« elles s’écartent
quand s’écroule rocailleuse la lave blanche de lait de coco qu’éjecte une tête nue de nénuphar puis s’ouvrent leurs bras
de feu
sur la chair tendre et suave du fruit feulant
comme un tigre en cage
10 dix ans durant
soudain libéré un dimanche de marché »
(En transes) Et il fredonne :
« Succulents
mes goulots de salive à midi
à la table de tes seins »
(Délires) C’est donc dans cette alchimie verbale que se trouve la véritable originalité. Par conséquent, un adage latin constate :
« non nova sed nove » et J.-P. Sartre déclare :
« On n’est pas écrivain pour avoir choisi de dire certaines choses, mais pour avoir choisi de les dire d’une certaine façon ».
D’autre part, le rythme, ample ou haletant et syncopé, ne résulte jamais de la ponctuation sciemment abolie. Cette absence participe de la subversion de la syntaxe qui est le sceau de toute poésie authentique. De la sorte, les relations entre les mots et les fonctions grammaticales sont sujettes à controverse. D’où la multiplication des possibilités d’interprétation et l’engendrement d’une plus grande polysémie du texte :
« Tes yeux sont un puits Où s’épuise
Chaud
Mon souffle d’ébène »
(Tes yeux) Ou encore :
« Les enfants nés bien après regardent pleurer les yeux
11 bleus
du pèlerin au gilet blanc souillé de poussière de souvenirs froissé et de regrets tacheté sa voix chancelante récite des comptines de résurrection des chants de fée »
(Repentir) Par ailleurs, on a dit à propos de la poésie moderne :
« Le rythme et la coupe du vers, voilà la véritable ponctuation, et il n’y en a point d’autre ».
(Apollinaire) Samba NDiaye est un chantre, avons-nous dit. Il chante des femmes de rêve et des rêves de femmes, des femmes couleur d’ébène et des femmes blanches comme neige au soleil. En effet, la sensualité, l’amour puis l’érotisme affleurent au fur et à mesure qu’il évoque ces visages féminins. Derrière chaque grand poète, il doit y avoir une égérie, une sylphide.
N’allons donc pas chercher loin. Gageons que l’inspiratrice de Samba Ndiaye, celle qui le met en transe au milieu des volutes d’encens et des parfums enivrants de gongo, celle qui le berce du tintement feutré de ses perles paisibles et phosphorescentes, c’est Khadidiatou, la rivale de Polymnie, la Muse de la poésie lyrique. Khadidiatou, splendide comme l’aurore aux doigts de rose, pour employer une image homérique :
« Tords-toi tords ton corps comme une liane sur mon corps