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LES CHERCHEUR-ES FACE AUX INJUSTICES : L'ENQUÊTE DE TERRAIN COMME ÉPREUVE ÉTHIQUE

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LES CHERCHEUR-ES FACE AUX INJUSTICES : L'ENQUÊTE DE TERRAIN COMME ÉPREUVE ÉTHIQUE

Marie Morelle et Fabrice Ripoll

Armand Colin / Dunod | Annales de géographie

2009/1 - n° 665-666 pages 157 à 168

ISSN 0003-4010 ISBN 9782200925529

Article disponible en ligne à l'adresse:

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http://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2009-1-page-157.htm

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Pour citer cet article :

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Morelle Marie et Ripoll Fabrice,« Les chercheur-es face aux injustices : l'enquête de terrain comme épreuve éthique », Annales de géographie, 2009/1 n° 665-666, p. 157-168. DOI : 10.3917/ag.665.0157

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Les chercheur-es face aux injustices :

l’enquête de terrain comme épreuve éthique

Researchers’ attitudes towards injustice: fieldwork as an ethical test

Marie Morelle

Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Fabrice Ripoll

Université Paris 12 Val-de-Marne

1 Des chercheur-es nécessairement interrogé-es par le juste et l’injuste

Le couple justice/injustice constitue un objet de réflexion très particulier : non seulement il ne désigne pas une réalité objective, indépendante des représentations que chacun s’en fait, mais plus qu’un objet en tant que tel, c’est une grille de lecture qui s’applique à n’importe quelle réalité. Il qualifie avant tout une situation sociale en tant qu’elle est perçue (construite) par le prisme d’un système de valeurs.

C’est pourquoi il nous semble fondamental d’interroger le rapport du chercheur à son objet et de le considérer comme un rapport d’implication, non seulement intellectuelle mais aussi pratique, qui ne peut quemettre à l’épreuveson impératif de scientificité mais aussi son sens de la justice.

Un défenseur de l’approche wébérienne pourrait certes prétendre conserver une « neutralité axiologique » en décrivant la façon dont les situations sociales en viennent ou non à être considérées comme justes ou injustes par les personnes étudiées, et ceci sans prendre parti, c’est-à-dire en prenant les valeurs des autres comme objet de recherche sans engager les siennes. Mais ce serait oublier que décider ce que doit ou ne doit pas être « le métier et l’éthique du savant » est déjà une prise de parti, pour ne pas dire un choix moral. En outre, l’approche positiviste ignore les émotions ainsi que le contexte social dans lequel le chercheur évolue, éléments clefs dans le choix d’une question de recherche. L’image d’un chercheur extérieur, « étranger » à une société somme toute « exotique », qui n’aurait pas à prendre parti ni à être pris à partie au nom d’une relativité des valeurs est d’ailleurs remise en cause aujourd’hui. Depuis un siècle maintenant, les débats se succèdent autour du couple universalisme/relativisme et objectivité/réflexivité (Scheper-Hughes, 1995 ; Agier, 1997 ; Ghasarian, 2002). Sauf à penser que l’on peut extraire les chercheurs du reste de l’Humanité, et donc les déshumaniser, ils ne peuvent pas être de simples spectateurs, neutres, passifs, se dégageant de toute responsabilité quant aux actes qu’ils posent et leurs conséquences (qui ne se limitent pas aux usages sociaux de leur travail).

La géographie n’échappe évidemment pas à ces questions, particulièrement présentes dans le monde anglo-saxon dans les perspectives radicale, postmoderne

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(voir les travaux sur le féminisme et le postcolonialisme de Rose, 1997) et humaniste (Ley, 1978). En tant que science humaine/sociale, la géographie doit interroger la posture qu’adoptent les chercheurs, depuis le choix du sujet, la construction de l’objet, jusqu’à la manière de présenter et d’interpréter les résultats, en passant par les méthodologies et l’expérience du terrain1. Nous devons nous demander au nom de quoi les chercheurs vont effectuer leurs choix, et pour quelles conséquences. Ces questions ne sont pas réservées aux géographes qui se disent « engagés », qui défendent une géographie « militante » ou « appliquée ». S’il faut sans doute relativiser les conséquences sociales réelles des recherches menées, reconnaître qu’il peut y avoir un écart entre les discours volontaristes et les pratiques concrètes de celles et ceux qui les tiennent, une chose est sûre :pas d’activité de recherche sans implication objective (et subjective) des chercheurs, dans leur objet comme dans la société qui leur permet de faire leur travail, de toucher (parfois) un salaire. Mais cela ne veut pas dire que l’on doive sombrer dans le subjectivisme ou le relativisme radical et soumettre chaque décision de recherche à des critères parfaitement étrangers à l’exigence d’objectivité : ce serait sombrer dans l’aporie de tout discours récusant la notion de vérité mais ne pouvant que considérer cette récusation comme une vérité...

En définitive, il s’agit de nous demander en quoi nous produisons une recherche scientifique qui soit en même temps une bonne recherche, voire une recherche juste(Smith, 1998, 2000, 2001 ; Cloke, 2002 ; Clokeet alii, 2000).

Tout le problème est de décider des critères d’évaluation. Ceux-ci ne peuvent se limiter aux seules règles d’objectivité du monde scientifique, ni même à un ensemble de règles morales, dans ou hors de l’institution académique, qui règleraient nos conduites. La recherche scientifique en sciences humaines et sociales, si elle commence à se doter de comités d’éthique (sur le modèle des sciences de la nature), ne propose ni n’impose une quelconque déontologie professionnelle. Quand bien même le ferait-elle que cela ne règlerait pas tous les problèmes, loin de là ! Les conceptions du juste et de l’injuste, du bon et du mal, pouvant varier selon les cultures, les groupes sociaux, voire les individus, de même que selon les périodes historiques voire les expériences personnelles, ces critères ne sont ni univoques ni figés.

Pour tenter d’y voir plus clair, plutôt que de se lancer dans une discussion philosophique armée de force références bibliographiques, il nous a paru perti- nent de partir de nosexpériences personnelles de recherche, expériences vécues dans le cadre de deux thèses de doctorat en géographie : l’une porte sur les mouvements sociaux en France (Ripoll, 2005), la seconde sur les enfants de la rue à Yaoundé, au Cameroun (Morelle, 2007). Toutes les deux interrogent le couple justice/injustice et la posture des deux chercheurs à son égard, appréhen- dée ici dans une perspective que l’on dira «éthique» autant que « scientifique » (Proctor, 1998 ; Proctor, Smith, 1999 ; Valentine, 2005). Faute de place, nous

1 Voir les textes de l’atelier « éthique » de l’école d’été de géographie sociale (2006) ainsi que le compte rendu collectif (ESO, 2008).

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nous concentrerons sur le moment du « terrain » et n’évoquerons pas celui du fameux « choix du sujet » et de la construction de l’objet. Notons, cependant, que ce moment est d’autant plus important que l’institution a tendance à (faire) taire les critères subjectifs et normatifs, pourtant très intriqués avec les critères scientifiques que l’on voudrait purement rationnels, et à soupçonner certains objets « inconfortables » (Tricoire, 2003) de politisation, misérabilisme, ou autre.

Or, tout objet mérite une vigilance réflexive. Celle-ci a plus de chance d’être mise en œuvre par les chercheur-es « soupçonné-es » car devant défendre leur scienti- ficité, mais n’est-ce pas le soupçon lui-même qui doit avoir quelque fondement autre que strictement scientifique et rationnel ?

2 Le terrain, ou la confrontation pratique entre Science et Justice

Passer de l’objet au terrain, c’est passer d’une construction avant tout intellectuelle à une situation concrète dans laquelle les chercheur-es sont nécessairement et pleinement impliqué-es. Sur le terrain, la question de la justice et de l’injustice, et plus largement de « l’engagement », n’est plus seulement un problème théorique et abstrait. Elle se pose et même s’impose pratiquement, dans des situations vécues directement par les chercheur-es, auxquelles ils sont personnellement confrontésici et maintenant, auxquelles ils doivent réagird’une manière ou d’une autre: que ce soit par la fuite, la participation active ou tout autre comportement qui leur semble souhaitable voire inévitable. À cet égard, il peut arriver que leurs actions ou réactions s’inscrivent dans un cadre plus ou moins normatif (chartes éthiques propres au monde anglo-saxon, accords préalables de comité d’éthique du pays d’accueil...), qui ne donnera pas, pour autant, une réponse à chaque situation. Car au fil des recherches, les chercheur-es entrent en interaction plus ou moins intenses et prolongées avec des personnes en chair et en os. Ils développent alors des rapports d’interconnaissance, de confiance ou d’inimitié mais en tout cas des rapportspersonnels. Cette interaction va être ressentie d’autant plus fortement que l’on choisit une méthode comme l’enquête de longue durée (dite « ethnographique ») et donc l’observation « participante ». Il y a là une présence corporelle et une relation physique qui requièrent toute l’attention des chercheur-es et les placent en situation d’imprévisibilité radicale. Et l’observation participante devient, à bien des égards, une participation observante (Dozon, 1997, p. 112).

Or, dans beaucoup de sociétés et aujourd’hui à l’échelle internationale, c’est la Justice comme institution qui est chargée de faire régner la justice comme expérience sociale partagée, et ceci en veillant à l’application de « la loi et de l’ordre public ». Quel que soit l’objet de recherche, les chercheur-es sur le terrain sont confrontés si ce n’est à cette institution, tout au moins aux rapports que les enquêté-es entretiennent avec elle, et notamment à des pratiques répréhensibles, tant semble généralisé l’illégalisme (par opportunisme ou ignorance) dans toutes les couches de la société, et jusqu’aux agents de l’État pourtant en charge du

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respect de la loi. Dans le cadre de nos objets de recherche, les enquêté-es étaient structurellement incité-es à transgresser la loi, pour des raisons certes différentes : les participants des mouvements contestataires pour imposer leurs revendications, les enfants de la rue pour survivre tout simplement2. Face à des pratiques considérées comme délictuelles ou criminelles, que doivent faire les chercheur-es ? Les dénoncer ? Chercher à les empêcher ? Fuir la scène ? Rester pour observer ? Voire y participer ? Et que faire des informations sur de telles pratiques, obtenues lors des observations et des entretiens ?

Une transposition pratique du principe de « neutralité axiologique » pourrait inciter à intervenir le moins possible : ne rien dire et ne rien faire d’autre que d’observer ces événements, sans y participer ni les dénoncer, pour ne pas modifier la situation observée. Mais ne pas intervenir est-il seulement légal ? Le chercheur peut se rendre coupable de complicité par sa simple présence. On peut aussi l’accuser de non-assistance à personne en danger. Se défendre de toute implication au nom d’une légitimité plus haute de la Science ne garantie donc pas une position légale, moins encore éthique ou même scientifique. Le choix de la non intervention peut certes se défendre au nom de la Science.

Mais peut-on toujours se retrancher derrière le statut de chercheur ? Ou plutôt, cette « neutralité axiologique » en acte ne peut-elle pas entrer en contradiction avec d’autres principes, méthodologiques ou éthiques, dans certaines situations où l’intervention devient nécessaire ? Faut-il bannir toute enquête de terrain puisque ces techniques sont des formes d’intervention ? Mais inversement, peut- on toujours suivre les enquêté-es quoi qu’il arrive ? Il suffit de prendre l’exemple du lynchage pour se dire qu’il n’est pas acceptable d’aller jusqu’au bout. Mais alors, jusqu’où aller, et surtout au nom de quoi ? Plusieurs références normatives sont en jeu :a minima, les normes (dominantes) de la société où l’on enquête, celles dont on est issu, les règles de la profession et son propre système de valeurs.

Et,in fine, c’est bien le système de valeurs du chercheur, son éthique ou même sonethosqui prime sur le reste, comme le montrent les deux exemples suivants.

3 La violence et l’urgence (MM)

Travailler sur les enfants de la rue m’a fait prendre progressivement conscience de situations d’injustice. J’en ai aussi, parfois, fait l’expérience brutalement, dans l’urgence. Aurait-il fallu, au nom d’un principe de précaution, que j’évite certains lieux espérant alors éviter certains événements ? Restreindre le champ de l’observation parce qu’elle était participante ? Mais pour mener des recherches, aller dans la rue était incontournable. Et être dans la rue n’a pu qu’entraîner une

« obligation d’engagement » (Agier, 1997, p. 9).

2 Dans ce dernier cas, précisons que, à Yaoundé, vivre en permanence la rue, c’est déjà répondre du délit de vagabondage.

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À Yaoundé, dans la rue, l’imprévisible est la règle d’autant que divers groupes et individus peuvent interférer : des éducateurs aux habitants en passant par les forces de l’ordre. Or le manque de sécurité matérielle et physique ainsi que le sentiment d’insécurité tendent à se développer. La lutte contre le banditisme a largement servi à contrôler des dissidences politiques et des désordres sociaux plus diffus (Malaquais, 2002 ; FIDH, 2001). Sans être une cible directe, les enfants n’ont pas été épargnés par le bouclage ponctuel de certains quartiers.

Au quotidien, leurs relations avec les forces de l’ordre demeurent difficiles (avec certains habitants également). Bien des enfants sont les auteurs de délits.

La justice, entendue comme un principe moral de conformité au droit positif en référence à la légalité affecte bel et bien la société et l’espace. Des forces de l’ordre aux juges, en passant par les procureurs et les avocats, la Justice et son administration agissent. Elles sont constitutives de rapports sociaux, tendant à fixer et à naturaliser ces derniers a posteriori. Ceux qui rendent la justice, l’interprètent, ont un rôle clef dans la production de l’espace et donc de la société.

La question est alors de savoir s’il est permis d’aller à l’encontre de ceux qui sont, au moins nommément, les garants de la Justice et de l’ordre public. Cela ne va pas sans entraîner le risque d’une ingérence dans une société qui n’est pas celle des chercheur-es. Est-il envisageable d’évoquer un droit supranational, tels les droits de l’homme parfois taxés d’être une invention occidentale (Delmas-Marty, 1997) ? Si le débat entre relativisme et universalisme continue d’exister, si bien des chercheur-es travaillent dans le cadre d’accords de coopération bilatéraux avec l’assentiment de comités d’éthique, ces discussions ne paraissent plus aussi fortes qu’à l’époque des recherches développementalistes (Olivier de Sardan, 1995).

À moins d’avoir écarté, sous couvert de l’éthique, certaines thématiques jugées trop politiques.A posteriori, il semble néanmoins possible, individuellement, de dépasser les conventions d’une société d’une époque donnée pour trouver un accord sur un minimum commun, en deçà des textes de lois et des peurs de bien des habitants (Héritier, 1997 ; Vidal, 2003).

Sur le terrain, à Yaoundé, en 2002 puis en 2004, mon questionnement revêtait un caractère pragmatique. En février 2004, j’étais partie en promenade dans la ville avec deux éducateurs de la principale ONG intervenant auprès des enfants.

Nous avons été appelés par le directeur : un enfant de la rue était, paraît-il, à l’hôpital. Nous allions découvrir que des gendarmes lui avait tiré dessus, par deux fois, pensant attraper un voleur à la tire. S’il était bel et bien un voleur expérimenté, cette fois-là il n’était pas impliqué dans le vol. Conscients de leur erreur, les gendarmes avaient alors décidé de le laisser à l’hôpital. Sans argent ni famille, il ne pouvait espérer être soigné. Nous l’avons trouvé un samedi, baignant dans son sang. Nous avons aussi rencontré une nouvelle brigade, celle des gendarmes de l’hôpital. Nous avons donc passé des jours à essayer de faire opérer l’enfant, endurant diverses menaces de la gendarmerie dans un hôpital sous-équipé où le personnel était lui-même mal et peu motivé. Ponctuellement nous avons pris partie contre les gendarmes de l’hôpital et appelé le chirurgien en chef à agir en vertu d’une certaine déontologie : le soigner vite, l’opérer au

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moindre coût. Nous avons estimé que la situation relevait d’une double injustice : la faute professionnelle de membres des forces de l’ordre et une situation sociale qui ne donnait pas accès à des soins et à une réparation. Dans ces situations d’urgence, la prise de conscience que les objets de recherche sont eux-mêmes des êtres humains est forte. En écho à ma propre humanité, j’ai réagi à la détresse d’un « objet » qui n’a cessé lui-même d’être « sujet ». C’est là qu’interfère une

« révolte intime » (Héritier, 1997, p. 110). Le devoir de non-ingérence s’arrête là où émerge le risque de non-assistance, entendue au sens juridique ou non (Gosselin, 1992).

Ma recherche était-elle condamnable en amont, d’un point de vue éthique, parce qu’elle entraînait l’obligation de choisir, voire d’interférer sans pouvoir en mesurer toutes les conséquences ? Mais l’absence de telles situations d’urgence physique pour d’autres recherches ne doit pas donner l’illusion que les travaux scientifiques seraient sans effet. Qu’il s’agisse de l’enquête elle-même comme de sa diffusion, les chercheur-es sont acteurs du monde social et responsables de leurs actes. Ceux-ci ne deviennent acte de recherche qu’a posteriorigrâce à un effort de distanciation. Il est donc urgent de rendre compte des enquêtes de manière plus scientifique : de situer et de déconstruire le travail.

4 Une violence symbolique ordinaire (FR)

La violence physique peut être considérée comme un cas extrême d’interpellation éthique des chercheur-es, exigeant leur intervention en tant qu’êtres humains face à d’autres êtres humains. Pour autant, il est d’autres formes de violence, symboliques et morales, peut-être plus ordinaires ou moins visibles dans nos sociétés que les violences physiques, mais entraînant elles aussi des souffrances et pouvant donc faire réagir le témoin de ce genre de scène, l’émouvoir ou le révolter. À cet égard, les chercheur-es en sciences sociales présentent peut-être une aptitude d’autant plus forte à réagir qu’ils sont en mesure de les repérer et de résister aux représentations qui en sont à l’origine (racismes, sexismes et autres formes de mépris social). Ces violences peuvent donc faire obstacle à la volonté quelque peu illusoire des chercheur-es de rester de purs êtres de raison, devant mettre leurs émotions et jugements de valeur de côté. On peut en donner un exemple éclairant à travers une expérience de terrain ayant débouché sur des interventions personnelles impossibles à refréner.

Cette expérience eut lieu lors d’une action collective organisée par trois

« associations de chômeurs ». Commencée avec l’occupation rapide et bon enfant d’une ASSEDIC, elle se poursuivit avec celle d’un siège régional de la CGPME3, tout de suite plus tendue. Du côté militants, habitués de ces actions à en croire leur habileté et leur décontraction, se manifesta clairement la volonté de s’approprier physiquement les lieux, d’en être les maîtres, le temps de l’occupation tout au

3 CGPME : Confédération générale des petites et moyennes entreprises.

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moins, avec sans doute le sentiment de renverser les rapports de force ordinaires avec le patronat. Avec un mélange de joie et de colère, leur comportement démontrait qu’ils se considéraient « en terrain conquis »4. Du côté des deux responsables régionaux de la CGPME et leurs assistantes, ce fut la surprise qui domina dans un premier temps, avec peut-être un peu de crainte chez certains d’entre eux.Si l’un des responsables réussit à garder son calme, l’autre se laissa rapidement emporter par la colère : visiblement scandalisé, il manifesta de mille façons sa volonté de voir ces gens quitter ses locaux et son bureau en particulier, et n’accepta d’échanger avec les chômeurs que de très mauvaise grâce. C’est précisément la tournure de cet échange qui entraîna ma première intervention.

Aux chômeurs lui exprimant leur détresse et leur colère face à leur misère matérielle et à leur difficulté à trouver un emploi, le responsable ne répondait que par de l’incrédulité, pour ne pas dire du scepticisme, soulignant qu’il y avait des offres d’emploi en abondance dans la région, donnant l’exemple d’une ville située à trente kilomètres où des patrons cherchaient des soudeurs sans en trouver, insinuant que lorsque l’on n’a pas d’emploi il faut prendre ce qu’il y a, donc se former en conséquence, etc. Ces réponses ne pouvaient que rendre les chômeurs responsables de leur chômage : au pire ils étaient des menteurs qui ne cherchaient pas vraiment, au mieux ils étaient mal informés ou incompétents (« inemployables » selon le jargon en usage), et sans doute faisaient-ils les difficiles, refusant les emplois offerts au prétexte qu’ils ne leur convenaient pas. Dans tous les cas c’était de leur faute... et non de celle des employeurs ou des politiques économiques par exemple. Vivant cela comme une forme de violence symbolique particulièrement injuste, car inacceptable tant sur le fond que sur la forme, et voyant que les chômeurs présents avaient bien du mal à répondre, je n’ai pas pu rester un simple observateur silencieux :

FR : J’ai une question à vous poser. Pourquoi n’y allez vous pas, vous, faire de la soudure ?

Le responsable (un peu estomaqué et énervé) : Quoi ? ! Si c’est cela que vous appelez une question...

FR : Non non, c’est une vraie question que je vous pose très sérieusement : pourquoi n’allez-vous pas travailler là-bas ?

Le responsable : C’est absurde...

FR : Parce que vous avez déjà un emploi ? Le responsable : Oui bien entendu !

FR : Un emploi qui vous convient, bien payé, intéressant...

Le responsable : Oui ! Je ne vois pas pourquoi je le quitterais...

FR : Donc vous revendiquez la liberté de choisir votre emploi.

Le responsable...

4 Intrusion rapide, « en force » mais en douceur, dans les locaux du syndicat ; visite approfondie pour ne pas dire « fouillée » de chaque salle ou bureau dans ses moindres recoins, non sans commenter avec ironie le mobilier ou le style de décoration, effectuer quelques modifications d’aménagement, chercher des documents intéressants ; marquage symbolique systématique de l’espace conquis, à coup d’affiches et d’autocollants, etc.

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FR : Et vous refusez ce droit aux chômeurs.

Le responsable (visiblement troublé)...5

Quelques temps plus tard, dans une grande salle de conseil, le second responsable répondait très officiellement aux questions de responsables associatifs nettement mieux armés en arguments théoriques. Évitant le conflit frontal, il adoptait une attitude tout à fait différente, emprunte de compassion, de compréhension envers la détresse sociale, soulignant que tout le monde était malheureusement touché par ce fléau, que sa propre fille avait du mal à trouver un emploi alors qu’elle avait une maîtrise de droit. Cette naturalisation fataliste du chômage, assimilé à une catastrophe contre laquelle personne ne peut rien, et surtout la mise sur le même plan de la situation de sa fille et des personnes particulièrement démunies qu’il avait en face de lui, me furent difficilement acceptables. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui répondre que, selon son propre collaborateur, sa fille ne devrait pas avoir trop de mal à trouver un emploi car il y avait des offres dans la région, à commencer par des emplois de soudeur. Il sembla ne pas comprendre.

Si le chercheur ne peut que prendre acte de ses propres interventions en tant que citoyen ou être humain, celles-ci ont provoqué des réactions qu’il est possible d’analyser a posteriori. D’abord la surprise et l’agacement du premier responsable : faire de la soudure étant pour lui impensable (au sens strict), lui demander pourquoi il n’en ferait pas devenait une insulte, ce qui montre l’importance des écarts sociaux, des distances symboliques entre les professions et les positions sociales qu’elles recouvrent. Ensuite, son ultime silence troublé montre la force en même temps que la faiblesse de son raisonnement, qui ne tenait sans doute que parce qu’il ne s’était pas mis à la place des autres. Enfin la référence quelque peu indécente faite par le second responsable à sa fille, mais aussi son incompréhension face à l’évocation des propos de son collaborateur, montrent toute l’ignorance qu’il pouvait avoir de la situation sociale de ses interlocuteurs, et donc du caractère déplacé de ses propos, en contradiction avec sa posture qu’il voulait sans doute la plus « compréhensive » possible. Ces interventions présentent aussi une dimension scientifique à un second niveau, plus inattendu : la capacité et propension à considérer tel ou tel rapport social ou interaction comme relevant de la violence symbolique, entraînant des souffrances morales potentiellement destructrices, est fortement dépendante des connaissances scientifiques personnelles des chercheur-es. Ce sont notamment les théories (psycho-)sociologiques adoptées qui permettent de définir et donc de reconnaître ce qui est (ou n’est pas) violence et souffrance, ce qui montre que si l’éthique peut conditionner les pratiques scientifiques, les recherches peuvent à leur tour conditionner les postures éthiques adoptées (ESO, 2008, p. 59-60).

5 Notes de terrain. Ce dialogue n’a pas été enregistré mais écrit après coup, avec toutes les approximations que cela peut entraîner.

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5 Agir, assumer, analyser

Par une approche réflexive centrée sur l’expérience de terrain, ce texte veut donc défendre l’idée qu’une recherche scientifique se doit de poser la question éthique

— du bien et du mal, du normal ou de l’inacceptable, du juste et de l’injuste — mais aussi que, ce faisant, elle ne cesse pas d’être scientifique pour autant. Bien au contraire !

Certes, en abordant le couple justice/injustice, en décidant même de le prendre comme critère de choix des thèmes de recherche, les chercheur-es sont tout particulièrement renvoyé-es à leur système de valeurs, leur subjectivité, ainsi qu’à leur engagement et ses conséquences supposées. Ils doivent ainsi répondre de divers soupçons de partialité : politisation, misérabilisme, ou autres. Comme si c’était l’objet qui détenait en lui-même, ou non, les clés de la scientificité. Soupçon plus grand encore quand ces chercheur-es explorent leur objet de recherche avec des méthodes qualitatives, au plus près des personnes enquêtées : enquête de terrain, entretiens, observation in situ, plus ou moins participante. Tout se passe comme si l’importance des problèmes éthiques posés au chercheur était proportionnelle à son degré d’implication personnelle dans son objet ou terrain — ou plutôt, à son degré d’implication corporelle dans les situations et interactions sociales qu’il étudie. Nous pensons au contraire que cette implication personnelle et concrète permet une analyse approfondie des pratiques et représentations, sans cela impossibles à étudier. Surtout, elle favorise une prise de conscience plus rapide et radicale du fait que tout chercheur a nécessairement un point de vuesur le monde social qu’il étudie, mais aussi une posturedans ce monde qu’il participe à construire tel qu’il est, l’une et l’autre inséparables de sa trajectoire et de sa position sociales. Mais la prise de conscience ne suffit pas : un réeltravail réflexif (Bourdieu, 2001) est le seul moyen de saisir pleinement à la fois les conditions et la portée sociales de son discours comme du moindre de ses actes, et par conséquent de garantir, dans la mesure du possible tout au moins, la dimension éthique d’une recherche en même temps que sa scientificité.

Car l’implication ou « l’engagement » du chercheur n’est pas un choix.

Certains engagements sont visibles et hautement symboliques, d’autres sont invisibles, tacites et semblent être des « non engagements ». Quoi qu’il en soit, tout chercheur est engagé ou impliqué dans le monde et ne peut s’en extraire.

Qu’il le veuille, qu’il le sache ou non, il adopte une posture (et en exclu d’autres).

Il ne peut pas ne pas choisir.Le problème principal, en matière d’éthique comme de scientificité, c’est que la croyance en l’absence possible d’engagement semble fortement répandue voire dominante: il y aurait d’un côté des chercheurs engagés (militants) et de l’autre des chercheurs neutres (impartiaux). Aux conséquences théoriques et pratiques qu’une telle croyance peut avoir dans ses formes radicales — discours relativiste et anti-scientifique pour ceux qui ne croient qu’aux valeurs, refus de toute discussion éthique pour ceux qui se croient neutres —, il faut ajouter les conséquences de son emprise sur les jeunes chercheur-es, même conscient-es de leur implication. D’une part, elle peut empêcher ou dissuader des chercheur-es

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de travailler sur de nombreux thèmes plus ou moins tabous : soit par censure, soit par autocensure, par anticipation de ces risques encourus (Viry, 2006)6. D’autre part, les chercheur-es qui, malgré cela, veulent et croient « choisir l’engagement » peuvent tomber dans le même piège du scientisme que leurs « adversaires » : pour se protéger du soupçon de partialité, de non objectivité, ils risquent de chercher à tout prix une scientificité ostentatoire, à travers les seules méthodes quantitatives sophistiquées, un haut degré de formalisation, ou bien un discours de la neutralité, dépersonnalisé, bref une rhétorique dont ils risquent de ne pas voir les nombreux « biais » anti-scientifiques, et peu éthiques.

Adopter clairement une posture éthique revêt une dimension personnelle, subjective, et c’est là son apparente fragilité. Dans l’urgence de l’ici et maintenant, la décision va être singulière et souvent peu réfléchie (pour ne pas dire théorisée).

Elle en réfère aux seul-es chercheur-es pris-es par leur terrain d’enquête. Elle demande de gérerpratiquement les tensions ou contradictions entre l’universel et le contextuel, les règles méthodologiques ou académiques et les exigences de la situation. Il faut autant prendre conscience de son propre système de valeurs et de son histoire personnelle que gérer le caractère imprévisible des situations d’enquêtes. Il ne s’agit pas de défendre une position relativiste mais d’accepter le flou, le contextuel et la négociation, de considérer la recherche comme expérience et processus (Clokeet alii, 2000, p. 136). D’assumer aussi l’absence de neutralité.

En deçà de la production scientifique académique et pour cette production, il y a soi. En deçà de l’éventuel statut de fonctionnaire et du devoir de réserve qu’il comporte7, il y a le sens que l’on donne non seulement à son travail, mais à sa vie. En cela, par la prise de conscience des choix opérés, et surtout par les enseignements méthodologiques, théoriques voire épistémologiques que le chercheur peut en tirer, sa démarche, donc sa recherche, devient plus solide.

Inversement, il n’est pas de posture éthique qui n’engage de théorie(s) sociale(s), plus ou moins spontanée(s) ou scientifiquement fondée(s). Les chercheurs n’ont donc pas à abandonner le projet descriptif et interprétatif du monde tel qu’il est («what is ») pour s’abandonner à leurs jugements moraux («what ought to be»).

Cette construction-déconstruction de la recherche permet ainsi d’éviter un autre écueil : celui d’une normativité voulant subordonner les jugements de faits aux jugements de valeurs. En ce qui nous concerne, notre posture est conditionnée par la théorie à la fois « structurale » et « compréhensive » que nous partageons : la responsabilité individuelle existe bien mais elle reste « limitée » en ceci qu’un acte est le fait d’un être contraint par les structures du système social et toujours socialisé de part en part. La conséquence éthique de cette théorie sociale est d’être capable dese mettre à la place dechacun, pour comprendre ses actes. De

6 Sujet de thèse refusé, absence de financement, de vacations ou de poste d’ATER, impossibilité de soutenir, mauvais rapport de soutenance, absence de qualification, de poste de chercheur ou d’enseignant- chercheur, mais aussi refus d’entendre dans les colloques ou de publier dans des revues, et plus

« subtilement » encore, refus d’échanger directement, de citer les textes posant problème voire l’auteur lui-même, etc.

7 Notons que ce n’est pas le cas pour les nombreux doctorants et docteurs sans poste de titulaire.

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ne pas héroïser ni condamner qui que ce soit, alors qu’il est souvent plus facile de juger une personne, en effaçant tout ce qui vient contredire ce jugement, pour ne retenir qu’un seul de ses actes, censé présumer du reste de sa vie et de sa conduite. Un être ne présenterait qu’une identité, celle de délinquant ou criminel, ou à l’inverse de militant justicier, bref de bon ou de méchant. Voilà qui serait un peu trop facile.

Il nous semble finalement crucial de « réhumaniser » la recherche, du côté des « objets de recherche » comme du côté des chercheur-es. Cette exigence nous semble possible sans cesser d’être pleinement chercheur-e, elle nous semble même être une conditionsine qua nonde la scientificité.

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