PROPRIÉTÉS PHYTOINHIBITRICES
DE LA COLONIE D’ABEILLES
(APIS MELLIFICA L.)
II. - ACTION DE LA PROPOLIS ET DE QUELQUES AUTRES PRODUITS DE LA RUCHE SUR LA CROISSANCE CHEZ « SOLANUM TUBEROSUM »
( 1 )
M. GONNET
Station
expé y imenlale d’Af!iculture,
Centre de Recherches
agronomiques
du Sud-Est, 84 -Montfavet
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Au cours de ce travail nous nous sommes efforcé de définir le mode d’action ainsi que la nature des substances
phytoinhibitrices
que l’ l6eilledépose
sur des tubercules de pommes de terre mis enruche.
Nous avons
principalement
mis en évidence une actionphytocide
due à ces substances : celle de lapropolis.
I. - INTRODUCTION
Les
espèces
bactériennes oufongiques suceptibles
de sedévelopper
dans la colo- nie d’abeilles sont fort peu nombreuses : les travaux de WIIITE( Igo6)
nous l’ontappris.
Dans une ruche
saine,
bienpeuplée
et d’undéveloppement
normal on netrouve jamais
de moisissures ou de corps en
décomposition.
L’Abeilleprocède
à desaseptisations particulières
dont nous ne citeronsqu’un exemple. Lorsqu’un
insecte ou unpetit
animal s’introduit dans une ruche bien
peuplée,
il estattaqué
etpiqué
à mort. Si lecadavre est
trop
volumineux pour êtreexpulsé
de la ruche les abeilles l’abandonnentsur
place
et le recouvrent depropolis.
Ce revêtement assure uneparfaite
conservationen évitant toute
putréfaction
et toute moisissure ultérieure. Cephénomène
de propo-(’) L’ensemble de ces travaux ne prétcnd pas résoudre des phénomènes de physiologie végétale. Nous
avons voulu seulement exhoser les résultats de certains phénomènes inattendus concernant les propriétés phyto-
inhibitrices des substances présentes dans la colonie d’abeilles. Nous pensons d’ailleurs qu’il n’est pas de notre
compétence de nous engager plus avant dans l’étttde détaillée de ces phénomènes et nous espérons que des
spécialistes voudront bien s’y intéresser et continuer ces recherches.
lisation est facilement contrôlable et l’on
peut
le vérifier endéposant
dans une ruchele cadavre d’une souris par
exemple.
Mais si le corpsétranger
introduit dans cette ruche estvégétal
et nonplus
animal et si cevégétal
est enphase
active de croissance que va-t-il seproduire ?
L’insecte utilisera-t-il pour le conserver les mêmes matériaux que ceuxqu’il
utilise pour des cadavres ?Quelle
sera l’influence de la colonie d’abeillessur la
germination
ou la croissancevégétale ?
Une
expérience
réalisée il y aquelques
années nous avaitdéjà permis
derépondre
en
partie
à cesquestions (GoVWT
et LAVIE,r 9 6o).
Nous allons résumerles principaux
résultats obtenus alors. Il nous était
impossible
d’introduire desgraines
dans uneruche : les abeilles les auraient immédiatement
expulsées.
Par contre, des tubercules de pommes de terre constituaient un matérielparfaitement acceptable
et nous l’avionsadopté.
Un lot de pommes de terre de semencedégermées
avec soin était introduit dans une ruchepeuplée,
les abeilles ayant libre accès aux tubercules.Après
2zjours
dans la
ruche,
pas un seul germe ne s’étaitdéveloppé
sur ces semences. Par contre, des tubercules témoinsplacés
dans des conditions d’ambianceanalogues
à celles de la ruche avaientparfaitement germé. I,’expérience
sepoursuivait
de la manièresuivante : les tubercules sortis de la ruche étaient
séparés
en deux lots. Lepremier
lotétait mis en terre dès son
prélèvement
sans autre traitement. Les tubercules du second lot étaient lavés par unmélange hydro-alcoolique
avant d’êtreplantés également.
Après
20jours
les tubercules furent déterrés et l’on constata que les semences du lot n° 2 avaientgermé
et étaient enpleine
croissance tandisqu’aucun bourgeon n’appa-
raissait sur les tubercules du lot n° i. Nous
pouvions
donc conclure que dans la ruche les abeillesdéposaient
sur les tubercules de pommes de terre une substance alcoolo- solublequi
inhibait leurgermination.
I )es essais réalisés au laboratoire ne nous avaient paspermis
alors dereproduire
cette inhibition artificiellement et hors de la ruche.Ces
premiers
résultats étaientencourageants
mais trèsincomplets.
Nousigno-
rions par
quel mécanisme,
et à l’aide dequel matériatt,
l’Abeille réussissait àbloquer
le
bourgeonnement.
L’utilisation par l’insecte de lapropolis
commeprécurseur
decette inhibition
apparaissant cependant
commel’hypothèse
laplus vraisemblable,
nous avons voulu la vérifier.
Dans un travail récent nous avons testé l’activité de certains
produits
de laruche,
dont lapropolis,
sur la croissance chez la Laitue(G ONNET , io68).
Lesrésultats
quenous avons obtenus mettent clairement en évidence une activité
phytoinhibitrice importante
due à ceproduit
de la colonie d’abeilles. Lapropolis exerçait-elle
une actionsimilaire sur des tubercules de pommes de terre enruchés ? Nous avons
essayé
de ledémontrer au moyen d’une nouvelle
expérience
d’introduction de tubercttles dans uneruche
peuplée
et parquelques épreuves complémentaires
réalisées au laboratoire.C’est en deux
régions
de France où les abeillespropolisent
différemment que nous avons choisi de faire nos essais. Tout d’abord dans le Sud-Est(région d’Avignon)
oùl’abeille locale très active est aussi une
grande propolisatrice.
I>ans les Landes ensuite(région
deSabres)
où l’abeille locale nepropolise apparemment
pas. Les essais quenous avons réalisés en Provence ont eu pour
objet :
premièrement,
de vérifier l’inhibition dubourgeonnement déjà
constaté surtubercules de pommes de terre enruchés et ceci en fonction du
développement
de lacolonie
d’abeilles ;
deuxièmement,
derécupérer
sur ces tubercules sortis de la ruche une certainequantité
de la substancedéposée
par l’Abeille et de tester son activité inhibitrice surla croissance de
jeunes plantules
de laitue.L’expérience
réalisée en forêt landaise seproposait
seulement de déterminer si les abeillespouvaient empêcher
lebourgeonne-
ment de tubercules de pommes de terre
déposés
dans leurruche,
alors que la coloniene récoltait pas de
propolis.
II. - PARTIE
EXPÉRIMENTALE
A. -
Épreuves
(!Jjecluées en ruchespeiil)lées
C’est en 1967que ces épreuves sur colonies d’abeilles de Provence et des Landes ont été réalisées.
Nous avons effectué pendant et
après
les essais une série d’observations.a)
Epreuves
réalisées en Proveuce.Quatre
ruchespeuplées
que nousappellerons
A, 13, C, D, ayant été choisies,l’expérience
com-mence le 30 mars. Deux colonies, A et I3 reçoivent un nourrissement stimulant au sucre un mois avant le début des essais. Elles sont fortes et bien
peuplées
pour le début del’expérience.
Deux autres colonies, C et 1) ne reçoivent aucun nourrissement ; elles sont choisies fin mars, faibles, en début dedéveloppement.
Sur la colonie A, nous posons une trappe il pollenqui
sera maintenuependant
toutela durée de
l’expérience.
Lepollen
ainsi recueillichaque
semaine nous servira àréaliser plusieurs
épreuvesbiologiques.
Les tubercules de pommes de terre utilisés pour ces essais sont des semences de variétés
Bintje,
conservés
préalablement
en chambre froide à 2°C. Soigneusementdégermés
ils sontrangés
dansquatre
compartiments.
Ces compartiments en forme degouttière
sont superposés sur quatre étages àl’intérieur d’un cadre
portoir spécial.
La figure i représente ceportoir
retiré d’une ruche en fin d’expé-rience. Un de ces cadres est introduit dans chacune des quatre ruches (A, B, C,
D).
Chacun d’eux est mis à laplace
de deux cadres normaux vers l’un des côtés de la ruche mais il estquand
même séparéde la paroi par un cadre de
provisions,
ceci afin d’obliger les abeilles à circulerplus fréquemment
surles tubercules. Les abeilles ont libre accès aux tubercules, situés dans les trois
compartiments
infé-rieurs d’un cadre. Par contre, les tubercules contenus dans les
compartiments supérieurs
sontparfaite-
ment isolés des insectes : une toile
grillagée (maille
de 2 mm) couvre en effet les deux faces de cecompartiment. Un
cinquième
cadre où sont rangés des tubercules témoins estplacé
en étuve à33 0 C
et dans des conditions
d’hvgrométrie
voisines de celles de la ruche.Après quinze jours,
sur le cadre enexpérience déposé
dans la colonie A, onopère
la substitution suivante. Les tubercules contenus dans l’un des troiscompartiments
nongrillagés
sont enlevés etremplacés
par des tubercules témoins présentant des germes biendéveloppés.
L’épreuve est
poursuivie jusqu’au
3o avril.b) Épreuve
yéalisée dans les Landes.L’expérience
y est conduite sur une seule ruche forte et dans des conditionsexpérimentales
strictement
identiques
à celles décrites ci-dessus pour la colonie A. Toutefois, tenant compte dudécalage important
dans lecycle biologique
de l’Abeille entre les deuxrégions,
nous avons choisiune
période d’élevage
et d’activitécomparable.
Ainsi,l’expérience qui
a été effectuéependant
lemois d’avril en Provence n’est réalisée
qu’au
mois dejuin
dans les Landes.Les tubercules utilisés pour ces derniers essais
proviennent toujours
du même lot conservé enchambre froide.
c)
Observationseffectuées
sur les tuberculespendant el après
leur sortie de ruche.Chaque
semaine,pendant l’expérience,
les ruches sont visitées et les tubercules minutieusement observés. Tout départ ou arrêt de croissance végétative est noté.Dix tubercules ayant
séjourné
quatre semaines dans la ruche Aprovençale
et dix autres tuber-cules provenant de la ruche landaise sont
déposés
à 20°C et à l’obscurité. Des observations sur leur croissance sont effectuéeschaque
semainependant
un mois.B. -
Épreuves effectuées
au laboratoirea)
Extractions.I
. Extraction des substances enrobant les tubercules de pommes de terre.
Une
partie
des tubercules,auxquels
les abeilles ont eu accès au cours del’expérience
réalisée en Provence, sont rincés à froid et dans l’éthanol à 90p. 100. Le solvant est évaporé et le résidurepris
dans l’eau est
centrifugé
et filtré(extrait
P,).Un extrait
alcoolique
estégalement
obtenu dans les mêmes conditions sur des tubercules témoinsn’ayant
passéjourné
en ruche (extrait T).2
. Extraction de
quelques
substances de la colonie d’abeilles.Nous avons utilisé en
comparaison
avec l’extrait P, notamment, un extrait aqueux depropolis
(P,), un extraitalcoolique
depropolis (P Z ),
un extraitalcoolique
depollen
stocké en rayon(P. s.) (propolis
etpollen
récoltés en Provence par la ruche A), un extraitacétono-alcoolique
de cire(C),
unextrait
alcoolique
d’abeilles entières(A)
et enfin la fraction acidesaponifiable
d’un miel(C,).
Lesdétails concernant le mode d’obtention de tous ces extraits ont été décrits par ailleurs
(GoNNET, 19 68).
Nous avons utilisé
également
l’extraitalcoolique
d’une «propolis
landaise(P 3 ),
récoltée dans la ruche enexpérience
dans cette région (même type d’extraction que pour P2)’b)
Testsbiologiques.
i. Test sur laitue.
Des
graines
de laitue sont semées sur un substratgélosé
contenant, enmélange, les
substances à tester. Soixante-douze heuresaprès
le semis, on mesure ledéveloppement végétatif
desjeunes plan-
tules. Cette
épreuve
a faitl’objet également
d’unedescription
détaillée dans notre travailprécé-
demment cité.
A la
figure
3, les résultats sontexprimés
en longueurs de radicule et suivant le rapport :où Inreprésente la dilution dans le substrat d’un extrait inhibiteur 1 et 1 le témoin.
2
. Test sur pommes de terre
(par
immersionpartielle
des tubercules germés dans les solutions aqueuses des substances à étudier).On prépare des solutions aqueuses très diluées des divers extraits à l’étude. Les solutions sont recueillies dans des
petits
béchers bas de 30millilitres. Sur depetits
tubercules de pommes de terre onchoisit, à
partir
d’un seul sitevégétatif
par tubercule, desbourgeons
en début de développement oun’ayant
pasdépassé
deux à trois centimètres delongueur.
La zone danslaquelle
sont situés tous cesbourgeons
ne doit pasdépasser
le diamètre du bécher. Les tubercules sont ensuitedisposés
surchaque
bécher de telle sorte que les
bourgeons
dirigés vers le bas soient entièrement immergés. Lesbourgeons
sur des tubercules témoins sont plongés dans de l’eau.
Après
3, 5, 7 et iz heures d’immersion pour différents essais, les tubercules sont retirés de leur bain. On contrôle alors immédiatement l’état sanitaire des bourgeons. D’autres observations sont ensuite effectuées sur ces tuberculesaprès
12, 24 et 48 heures deséjour
à l’obscurité et à 20°C.III.
- RÉSULTATS
ET OBSERVATIONSA. - Résultats obtenus en ruche
!eupLée a)
En Provence.Nous avons constaté une croissance normale sur tous les tubercules
déposés
dansles
compartiments grillagés
à l’abri des abeilles.Dans les deux colonies A et B les visites effectuées
chaque
semaine n’ontjamais
.srévélé traces de
bourgeonnement
sur les tuberculesexposés
au contact direct des insectes.L’activité dans les ruches était intense au niveau des
portoirs
surlesquels
les abeillesconstruisaient même
quelques
ébauches de rayon. Lesparties végétatives
sur des tu ber-cules
germés
introduits en coursd’expérience
dans la colonie A ontcomplètement disparu après
une semaine deséjour
en ruche. Nous avonsremarqué
deprofondes
nécroses sur certains
bourgeons
issus de tuberculesdéposés
dans lecompartiment grillagé supérieur
des ruches A et B. Ces nécrosesapparaissent toujours lorsque
cesbourgeons
effleurent accidentellement la toilemétallique
ducompartiment.
Notonsque ce
grillage
étaitpropolisé,
comme d’ailleurs toutes lesparties
boisées de la ruche et duportoir. Enfin, quand après quatre
semainesd’expériences
les tubercules sont enlevés de laruche,
ils n’ontplus
leur couleur terned’origine
mais sont recouverts d’un revêtement verni de teinte ocrée. Lesfigures
i et 2 illustrent unepartie
de cesrésultats.
Dans les deux colonies C et D nous avons
noté,
au cours des deuxpremières
semaines
d’expérience,
unléger bourgeonnement
surquelques
tuberculesexposés
aucontact des abeilles. L’activité dans ces ruches et en
Particulier
au nivea-zc des tubercules est alors très réduite. Pendant les deux dernières semainesd’expérience,
l’activitéet ces colonies s’étant accrue, le
développement végétatif
est arrêté et les bour-geons
disparaissent
lentement.Quelques-uns
subsistent sur des tubercules situés dans uncompartiment
très peu visité à la base desportoirs.
En find’expérience,
lestubercules ont sensiblement conservé leur couleur terne
d’origine.
Les tubercules
a ’vant séjourné pendant quatre
semaines dans la ruche Ane gevnaent pas,
n2êmeaprès
un mois de conservation hors ruche à 200C et à l’obscurité. Ces tuber- cules sedéshydratent
lentement sanspourrir.
Par contre, les tubercules témoins conservés en étuve ont tousparfaitement germé.
b)
Dans les Lavzdes.La croissance est normale sur les tubercules
déposés
dans lecompartintent grillagé.
Par contre arccun
départ végétatif
ne s’obscri!e sur les tubercules abandonnés aucontact des abeilles
pendant
lesquatre
semainesd’expérience ;
l’activité de la colonie est intense au niveau de ces tubercules. Sur les tubercules témoins introduitsaprès
deux
semaines,
lesbourgeons disparaissent après
une semaine deséjour
en ruche.Sur la
grille métallique
ducompartiment supérieur
du cadre enruché ainsi que surcertains tubercules nous observons les traces d’une substance
noirâtre, déposée
par l’abeille.Cependant,
aucun cadre dans la ruche n’estpropolisé,
tous demeurentparfai-
tement nets. Les tubercules retirés
après quatre
semaines ont conservés une couleurterne.
Placés à 20°C et à
l’obscurité,
les tubercules depommes de
terreayant séjourné quatre
semaines dans azne colonie landaise révèlent un début debourgeonnement
dès lapremière
semaine suivant leur sortie de ruche.Après
un mois la croissance sur ces tuber- culesapparaît
normale. Par ailleurs nous avonsdéjà
vu que des tubercules témoinsplacés
à l’étuvegerment
normalement.B. - Résultats obtenus in vitro
a)
Sur Laitue.Les substances extraites sur le
tégument
despommes
de terre enruchées(extrait P 4 )
exercent une activité
phylo-inhibilrice intportante
et trèscomparable
à l’activité révéléepar l’extrait
alcoolique P 2
depropolis (fig. 3 ).
Par contre lesjeunes plantules
delaitue,
cultivées sur des substrats contenant une solution d’un extraitalcoolique T,
obtenusur le
tégument
de pomme de terre nonenruchée,
sedéveloppent plus rapidement
que des
plantules
témoins cultivées sur des substrats non traités. Il y a donc uneactivité stimulante de cet extrait sur la croissance
végétale.
Notons enfin
qu’une épreuve
devérification,
réalisée à l’aide du « résidu noi-râtrev>i
-P 3 prélevé
sur le matérielexpérimenté
dans lesLandes,
a révélé une activitéphytoinhibitrice parfaitement
semblable à celleproduite
par des extraits depropolis
récoltés en Provence
(fig. 3 ).
b)
Sur Pomme de terre.Les résultats de cette
épreuve figurent
au tableau r.L’extrait
aqueux de pro-polis P,
et surtout l’extraitalcolique
depropolis P 2 provoquent
une inhibition carac-térisée des
bourgeons
chez la Pomme de terre. L’activité de la solutionP 3 est‘tout
àfait
comparable
à celle deP 2 . L’extrait P 4
utilisé en solution très diluée pour le trem- page debourgeons
estégalement
actif. Les extraits depollen,
demiel,
de cire et d’abeilles entières sont sans action.DISCUSSION ET CONCLUSION
Des tubercules de
pornmes
de terredéposés
dans une ruche rzormalenzentpeuplée
ne,aerinent jamais.
En débutd’expérience
et dans laruche,
l’inhibition des sitesvégé-
tatifs est
provoquée
par unphénomène chimique,
ils’agit
d’utze actionPkvtocide
d2ieaux substances qate l’abeille
dépose
szir les tubercules. Nous avons observédéjà,
et àdifférentes
reprises,
deprofondes
nécroses affectant desbourgeons
de tuberculesséjournant
enruche,
à l’intérieur ducompartiment grillagé
parexemple.
Ces nécrosesapparaissent quand
lesParties 7,égélali 1 ,cs
de lapomme
de lerre enlrenl en contact acci- dentel avec unesuvface
enduite dcpropolis
par l’abeille. Certainesexpériences
réaliséesau laboratoire nous ont
permis
de confirmer ce résultat. Eneffet, parmi
tous les ex-traits des
produits
de la ruche que nous avons utilisés en contact sur lesbourgeons
de tubercules de pommes de terre
(tabl. r) ;
seuls les extraits depropolis
ou des sub-stances recouvrant les tubercules et le matériel
d’expérience placé
dans la ruchese sont révélés
actifs, provoquant
la mort desjeunes
tissus cellulaires envégétation.
Cependant,
nous avons observé sur les tubercules de pommes de terre introduits dans les ruches faibles unbourgeonnement plus
ou moinsimportant.
Ces tuberculesn’étaient pas ou peu visités par les
abeilles ; celles-ci,
peunombreuses,
segroupant près
du nid à couvain. Maisaprès
deuxsemaines,
les colonies se sontrenforcées,
les abeilles ontoccupé
toute la ruche et lesbourgeons déjà
biendéveloppés
sur certainstubercules ont
disparu.
Parailleurs, compte
tenu de l’absence totale depropolis
dans la ruche
landaise,
le résultat del’expérience
réalisée dans le Sud-Ouest aurait pu être différent des résultats obtenus en Provence. Il n’en fut rien. Maisaprès l’expé- rience, quelques
tubercules ainsiqu’une partie
du matériel furent retrouvéslégèrement
maculés d’une substance noirâtre
qui possède,
nous l’avonsmontré,
despropriétés phytotoxiques analogues
à celles de lapropolis. Rappelons
toutefois que les cadresnormaux dans la ruche n’étaient pas
propolisés.
Parconséquent,
onpeut
supposer due l’abeille landaise utilise enpetite quantité
sa «propolis
&dquo;, rare etprécieuse.
Ellene s’en sert
qu’en
certaines circonstancesparticulières ; lors<lu’un
corpsétranger est
introduit dans la ruche comme ce fut le cas lors de nos essais.
Hors de la ruche l’action semble un peu différente. Ainsi dans les
Landes, quelques jours
seulementaprès
leur sortie deruche,
nous avons observé un début de croissancesur des tubercules en
expérience. Après
un mois ces tuberculespoursuivaient
undéveloppement apparemment
normal. Par contre, en cequi
concerne les tuberculesenruchés en Provence aucune croissance ne s’est manifestée ensuite hors de la ruche
(même après
imois).
L’inhibilion erz ff cas semble étroitement liée à l’aborrdance des matériaux utilisés par l’abeillebeaucoup plus qu’à
leurqualité.
Contrairement à l’abeille landaise nous avons vu que l’abeilleprovençale dispose
dans la ruche dequantités
depropolis importantes,
elle l’utilise aussi demanière plus
abondante. Il est alorspossible
que la seuleépaisseur
du revêtement depropolis déposé
sur ces tuber-cules
bloque
toutdépart végétatif.
Il est nécessaire d’ailleurs derappeler
àce sujet
un
phénomène particulier
que nous avons observé sur les tubercules sortis des ruches fortes en Provence ; cephénomène
nous l’avionsdéjà rapporté
lors de nospremiers
essais
(G ONNET ,
LAvŒ,19 6 0 ).
Enquelques mois,
les pommes de terre « traitées »par les abeilles
perdent
toute leur eau sansjamais
germer nipourrir.
Cette conserva-tion est assurée par la couche
protectrice déposée
par l’insecte sur les tubercules. Eneffet,
avant unedéshydratation trop avancée,
il suffit d’unsimple lavage hydro- alcoolique
pour rompre l’inhibition.Le
pouvoir
de ralentir ou destopper
la croissancevégétale (sans
destructioncellulaire), provoqué
notamment par différents extraits depropolis
ets’exerçant
surde
jeunes plantules
delaitue,
n’a pu être mis en évidence sur lesbourgeons
de lapomme de terre. Une telle action demeure
possible
dans laruche,
toutefois il est peu vraisemblablequ’elle
yjoue
un rôleimportant.
Très vite en effet lapropolis déposée
sur les tubercules par l’insecte détermine une altération irréversible entraînant la mort des
jeunes
tissus envégétation.
I,a dernière remarque enfin n’aqu’un rapport
assez lointain avec le
sujet
de ce travail. L’action stimulatrice de la croissance desjeunes plantes
de laituequi
est due auproduit
dulavage
par l’alcool detéguments
de pommes de terre
témoins,
nonenruchées,
ne constitue pas unphénomène
nouveau.Cette action est
provoquée
par des hormonesvégétales.
HA v ASHI et RAl’l’Al’ORT(
19 6 2
, 19 66)
ont même identifié unepartie
de ces substancesqu’ils
assimilent auxtypes gibbéréllines.
En conclusion nous pouvons dire que l’abeillc
dépose,
sur les lubercules depommes de
lerre illlroduils dans sa colonie aarac srsbstazacc douée! de
propriétés phyloloxiques
et!/t)’<o!M/MM!C6’.s.
Lapropolis
est, parailleurs,
le seulproduit
de la ruchepossédant
toutes ces
propriétés.
Nous pensons avoir démontré ainsi l’actionphytocide
desc!
propolis » d’origines
diverses. Nous connaissionsdéjà l’importance
des activitésbiologiques
des «propolis
» en tant que substance antibactérienne etantifongique (L
AVIE
, ig6o).
Ces résines constituent pour la ruche un matériau de défense et deprotection remarquable ;
les nouvellespropriétés
que nous venons de mettre en évi- dence le confirment.Reçu pour
publication
ell décembre] ]Q68.REMERCIEMENTS
Les travaux effectués dans les Landes furent conduits par mon
collègue
chargé de la direction du I,aboratoire de Pathologie apicole de Sabres (1.;B. R.:1.), M. Jean i!LBISE’I’TI, que je tiens à remer-cier ici.
Je remercie également M. RENARD, chargé de recherches il la Station nationale d’Essais de
Semence, La Minière
(Yveunes). qui
m’a aidé u laprésentation
dc ce travail.SUMMARY
PHY T
OI:B[HIBITOR TROPE12TIES OF THE BEE COLONY (tt APIS MELLII·ICA » L.).
II. -- EFFECT OF 1’ROPOLIS AMD CERTAIN OTHER BEE-HIVE PRODUCTS OX THE GROWTH O1! « SOLANU’,L TUBERQSUM »
Potato tubers have been introduced into several inhabited hives, the object of these expe- riments being to determine the mode of action and the nature of the phyto-inhibitor substances, deposited by the bee on these vegtab)es
In the hive we detected a phytocytic effect, due to substances deposited by the bee on the
tubers and in particular on the sites of growth. After a period spent in the bee colony, certain tubers, which were better endowed with substance, exhibited a permanent inhibition. This
growth block must be due, in part, to the thickness of the coating, deposited by the insects.
The substances, deposited by the bee on the potato and materials, introduced into the bee
colony, have all the phytotoxic and phytoinhibitor properties, which are found in the propolis, gathered from the frames of the hive.
It would appear that we have established for the first time the phytotoxicity of propolis.
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