VALEUR ALIMENTAIRE DES PROTÉINES
DE LA LEVURE SULFITIQUE
ET DU LACTOSÉRUM LEVURÉ
CHEZ LE PORC EN CROISSANCE
F. COLOMER-ROCHER C. FÉVRIER
A. GAYE
Station de Recherches sur
l’Élevage
des Porcs,(.’entre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Au cours d’une
expérience
portant sur 3 lots de 3porcs entre 30et gokg
depoids
vif, on a com- paré la valeur nutritive desprotéines
de la levuresulfitique (cultivée
sur résidus de pâtes àpapier),
du lactosérum « levuré » et du tourteau de soja, en
supplémentation
d’unrégime
à based’orge.
Lesrégimes
utilisés étaientisoprotéiques, isoénergétiques
etisocellulosiques.
Le rationnement en fonc- tion del’âge
a étéidentique
pour tous les animaux etajusté
sur la consommation minimum observée.Les résultats obtenus montrent que les coefficients d’utilisation
digestive
de la matièreorganique
et de l’azote sont, en moyenne,
comparables
entre les troisrégimes.
Par contre, laquantité
d’azoteretenue par
jour
avec le régime orge-soja estsignificativement supérieure
à celle retenue avec lerégime orge-levure sulfitique
et orge lactosérum levuré. Corrélativement, le coefficient de rétention de l’azote durégime orge-soja ( 5 r, 4
p. 100) estsignificativement plus
élevé que celui obtenu avec lerégime orge-levure
sulfitique
(44,2p. 100) ou avec le régimeorge-lactosérum
levuré (44,5p. 100). Cesrésultats sont confirmés par ceux de la découpe. Les animaux recevant le régime orge-soja sont
plus maigres
due ceux des deux autresrégimes.
Ces résultats
suggèrent
que dans unrégime
à based’orge,
lesprotéines
dusoja
sont mieuxadap-
tées à couvrir les besoins des porcs en acides aminés entre 3o et go
kg
depoids
vif, que celles des pro- duits a levurés » employés. Ceci est en accord avec lacomposition
en acides aminés du régime orge- levuresulfitique ; cependant,
il y a une contradiction pour le régimeorge-lactosérum
levurequi,
selon les
analyses,
estplus
riche en acides aminés essentiels que lerégime orge-soja.
Dans ce derniercas, on peut émettre
l’hypothèse
d’uneindisponibilité
de lalysine
dans le lactosérum levuré due autraitement industriel.
INTRODUCTION
On s ait
depuis longtemps
que les levurespeuvent
être cultivées sur toutes sortes de milieux nutritifs riches englucides,
etqu’elles peuvent synthétiser
leursprotéines
à
partir
de l’azoteinorganique ajouté
aux milieux de culture.Cependant,
laproduction
de levures est encorefaible,
aussi bien enregard
desbesoins immenses en
protéines
sur leplan mondial,
que vis-à-vis descapacités
théo-riques
d’obtention àpartir
dessous-produits
des industriesagricoles,
alimentaires etpétrolières.
Le traitement de certains de ces résidus industriels par les levures
permet
uneaugmentation
de leur teneur enprotéines. Ainsi,
1 ooo 1 de lactosérum contiennenten moyenne 60
kg
de matière sèche avec une teneur de 12,5 p. 100 deprotéines,
soit 7,5
kg
deprotéines
brutes. Le traitement par la levurepermet
d’obtenir 40kg
dematière sèche
à 30 p.
100deprotéines,
soit 12kg
deprotéines
brutes(N AIDITCH , 10 6 1 ).
Le traitement par la levure de lessives
sulfitiques,
résiduaires de la fabrication de lapâte
àpapier, permet
un rendement industriel de 35 p. 100(exprimé
en levureensachée par
rapport
aux sucres totaux mis enoeuvre).
La teneur enprotéines
duproduit
fini est de 50p. ioo(I,!!Rn!çois
etR EVUZ , zg6 4 ).
Cependant,
sil’augmentation
de la teneur totale enprotéines
estévidente, il
est nécessaire de connaître la valeur nutritionnelle des
produits
obtenus. Or, la valeurd’une levure alimentaire
dépend,
d’unepart
de la soucheutilisée,
maisplus
encorede la nature du milieu sur
lequel
elle est cultivée et des conditionsd’humidité,
detempérature
et de durée duséchage (Jnc Q uoT, ig 4 6).
Il y a donc lieu de
distinguer
les résultats obtenus en fonction del’origine
de lalevure,
du milieu de culture et du mode de fabrication.Les études concernant l’utilisation des levures dans l’alimentation du Porc ont
porté
sur lacomparaison
de leur valeur nutritive parrapport
auxprotéines d’origine
animale : farine de viande
(I,!xov
etFÉVRIER,
rg47 ; FÉVRIER et BOCCARD, 1957 ; 1 PALAMARU et
al., 19 66 ;
RUSZCZYC etG!,.!PS, 1959 ) ;
farine depoisson (G!,!PS
etRuszcz Y
C,
1955 ) ;
lait écrémé(BoK OROV
etal., ig6 3 )
ou bien sur les niveaux d’incor-poration
de levure à desrégimes d’engraissement (C SOKA , 19 6 5 )
ou encore surl’appé-
tibilité des différentes sortes de levures chez le
porcelet (5.!!,MOx-I,!G:!GWUR, 19 6 0 ).
Cependant,
à notreconnaissance,
il n’existe pasd’expérience portant
sur la compa- raison de la valeur des levures à celles desprotéines d’origine végétale. Or,
dans lesrégimes
pour Porc actuellementemployés,
le tourteau desoja prend
uneplace
deplus
enplus importante,
aussiest-il logique
de le comparer à lalevure ;
d’autant que dans les deux cas, les teneurs enprotéines
brutes sontcomparables
et que les acides aminés soufrés constituent leur facteurlimitant,
avec, pour leslevures,
une teneuren
lysine
totaleplus
élevée.L’expérience
que nous avons réaliséeporte
sur lacomparaison
de lasupplémen-
tation d’un
régime
à based’orge
par trois sources deprotéines différentes,
soit letourteau de
soja,
soit la levuresulfitique,
soit le lactosérum levuré.La levure
sulfitique
utilisée est obtenue àpartir
de la culture de Tovnla utiLissur résidus de
pâtes
àpapier,
milieux dont on isole les levures que l’on sèche ensuite.Le lactosérum levuré est obtenu par la culture de Torula
cremoris,
sur lacto- sérumacide ;
dans ce cas, les levures sont séchées en mêmetemps
que leur milieu de culture.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
L’expérience porte sur la détermination de la
digestibilité
desprotéines
et sur la rétention azotée chez le Porc en croissance recevant l’un desrégimes
suivants :1 -
Orge-tourteau
desoja.
II -
Orge-levure sulfitique.
III -
Orge-lactosérum
levuré.Dans tous les
régimes,
lesprotéines
del’orge
représentent 52p. 100 desprotéines
totales,qui
constituent 13 p. 100de la ration.
Ce taux de 13 p. 100de
protéines
a été choisi de manière à fournirjournellement
unequantité sub-optimale
deprotéines
par rapport aux besoins, afin de mettre en évidence les différences dequalité
entre lesprotéines.
Les
régimes
sontisoprotéiques, isocellulosiques
etisoénergétiques.
Enfin, compte tenu de la trèsgrande
richesse en minéraux du lactosérum levuré, les taux de calcium, dephosphore
et de sodiumont été
égalisés
entre les troisrégimes.
La
composition
des aliments utilisés est rapportée dans le tableau i et leur teneur en acides aminés(PION
et FAUCONNEAU, 1066 : PION, 1967) est donnée dans le tableau 2. La nature des régimesest définie dans le tableau 3et les résultats d’analyse sont donnés dans le tableau 4.
Dans cette
expérience,
nous n’avons pas voulu tenir compte de la teneur en vitamines des levures et unmélange vitaminique
a été apporté dans tous lesrégimes,
de manière à couvrirlarge-
ment les besoins des animaux.
Animaux
L’expérience
a porté sur trois lots de trois porcs mâles castrés de raceLarge
White.Chaque
série, comprenant unerépétition
du traitementexpérimental,
était constituéepar trois
animaux de mêmeportée et d’âge
comparable.
Les porcs ont été maintenus en cage de
digestibilité pendant
toute la durée del’expérience
etla pesée des animaux a été effectuée
chaque
semaine.Rationnement
Le rationnement, en fonction du temps, a été le même pour tous les animaux dans tous les lots.
Pendant
chaque période
de collecte, lesquantités
distribuées ont été maintenues constantes et ont été augmentées entrechaque
période.A la fin de la dernière
période
de collecte, soit vers 83kg
depoids
vif, l’aliment a été fourniad libitum
jusqu’à l’abattage
à gokg.
Période de collecte
Les collectes ont été effectuées au cours de 7
périodes
de 6jours.
Lapremière
de cespériodes
a eu lieu deux semaines
après
la mise en cage des animaux etaprès
leuradaptation
auxrégimes
expé- rimentaux, soit à unpoids
moyen de 31kg.
Les deuxpremières
collectes ont eu lieu à yjours
d’in-tervalle et les collectes suivantes à 21
jours
d’intervalle.La
technique
utilisée pourl’échantillonnage
de l’aliment consommé et des excrétats ainsi que les méthodesd’analyse
utilisées au laboratoire ont été décritesprécédemment (HENRY
et RÉanT, r9 66).
Analyse statistique
des résultatsL’analyse statistique
des résultats a été faite suivant un schéma en « blocs randomisés »(CûCHRAN
et Cox,1957 ).
Il a été tenu compte en outre, de l’effet «période
» et des interaction;&dquo;
périodes
X traitement ». Ces effets dont ladécomposition
est détailléeci-après
sont testés par rapport à une résiduelle entre-animaux ou intra-animaLRÉSULTATS
Consommation d’aliment et vitesse de croissance
La consommation d’aliment
imposée
est restée faible tout aulong
del’expé-
rience
puisqu’elle
nedépassait
pas 2kg
par tête et parjour ;
les vitesses de croissanceobtenues sont, par
conséquent, également
faibles(tabl. 5 ).
Durant les
périodes
decollecte,
la vitesse de croissance a été la même avec les troisrégimes. Cependant,
au cours de lacinquième période,
legain
moyenquotidien
a diminué pour tous les
animaux,
sans causeapparente,
et defaçon
variable suivant lesrégimes ;
cette diminution étantparticulièrement importante
pour celui conte- nant le lactosérum levuré. Ceciexplique
que l’interaction entre l’effet desrégimes
etcelui des
périodes
estsignificative
alors que les résultats sont semblables au coursdes autres
périodes.
Digestibilité
de la matièreorganique et
de l’azoteLes valeurs moyennes du coefficient d’utilisation
digestive apparent
de la matièreorganique (CUDMO)
obtenues pour chacun desrégimes
au cours de 7périodes
de récolte sont peu différentes : la
digestibilité
durégime soja (8 2 , 2
p.100 )
estlégè-
rement
supérieure
à celle durégime
lactosérum levuré(8 0 , 9
p.100 )
et inférieure à celle durégime
levuresulfitique (8 3 , 0
p.ioo) ;
mais ces différences ne sont passigni-
ficatives
(tabl. 6).
On observe une
augmentation
de ladigestibilité
de la matièreorganique
en fonc-tion de
l’âge (fig. i) ; puis
elle se stabilise pour lesrégimes soja
et lactosérum levuré àpartir
de la troisièmepériode
de récoltequand
les animauxatteignent
environ5
o
kg
depoids
vif. Par contre, ce critère continue àaugmenter
avec lerégime
levuresulfitique.
Les valeurs moyennes du coefficient d’utilisation
digestive apparent
de l’azote(CUDN),
pour l’ensemble des 7périodes
dans les troisrégimes
étudiés sont compa- rables :8 1 , Q
p. 100pour lerégime soja ; 8 3 , 0
p. IOOpour lerégime
levuresulfitique
et
8 3 , 1
p. 100pour lerégime
lactosérum levuré(tabl. 7 ).
Demême,
l’évolution de cecritère avec
l’âge
est semblable pour les trois lots(fig. 2 ) :
ilaugmente jusqu’à
latroisième
période
derécolte,
pour se stabiliser ensuite. Deplus,
ladigestibilité
del’azote du lactosérum levuré est
légèrement supérieure
à celle dusoja jusqu’à
5q.kg
de
poids vif,
alors que l’inverse a été observé dans le cas de la matièreorganique.
Contrairement à ce
qui
a été constaté pour ladigestibilité
de la matière orga-nique,
iln’y
a pas d’interaction entre l’effet durégime
et celui despériodes.
Rétention azotée
Il
n’y
a aucune différence en cequi
concerne ladigestibilité
de l’azote entre les troisrégimes.
Enrevanche,
l’associationorge-soja
apermis
une rétentionquotidienne
moyenne d’azote de
z 3 ,6
g pour l’ensemble despériodes, significativement plus
élevéeque celles obtenues avec les deux autres
régimes : m,6
g pour la levuresulfitique
et11 , 7
g pour le lactosérum levuré
(tabl. 8). L’ingestion
de ces deux derniers a entraînéune
perte
d’azote urinaireplus importante.
Au cours de lacroissance,
ledépôt
d’azotepasse par un maximum dans la
cinquième période
derécolte, lorsque
les animauxatteignent
environ 60kg
depoids vif ;
ceci est valable pour les troisrégimes (fig. 3 ).
Au-delà de ce
poids,
laquantité
d’azote retenue diminue relativement moinsrapide-
ment pour le
régime
levuresulfitique
que pour les deux autresrégimes.
Corrélativement à un
dépôt
d’azoteélevé,
le coefficient de rétention de l’azote(CRN)
obtenu avec lerégime orge-soja
estsupérieur
de 7 p. 100 à celui constaté avecles deux autres
régimes
pourlesquels
les résultats ne sont passignificativement
différents
(tabl. 9 ).
Au cours de la
croissance,
le coefficient de rétention de l’azote diminue àpartir
de la deuxième récolte
(fig. 4 )
et vers 40kg de poids
vif pour les troisrégimes.
Cettediminution
peut
être attribuée au fait que le niveau d’alimentation est demeuréfaible,
et que lesprotéines
ont étélutilisées
comme sourceénergétique,
bien que lerapport lÉnergiejAzote des régimes employés
soit relativement élevé en compa-
raison des’ besoins
des animaux en croissance.
Le coefficient d’utilisation
pratique
de l’azote(CUPN) (fig. 5 ),
évolue de la mêmemanière que le coefficient de rétention
puisqu’il
estégal
auproduit
CUDN X CRNet que les CUDN ne sont pas différents entre eux.
Bien que la
quantité
d’azote retenue parjour
soitsupérieure
avec lesoja,
et que legain
moyenquotidien pendant
lespériodes
de collecte soit similaire entre les troisrégimes,
les différences observées en cequi
concerne laproportion
d’azote retenuedans le
gain
depoids
ne sont passignificatives (tabl. io).
La
proportion
d’azote retenue dans la carcasse diminue avecl’âge,
et de la mêmemanière avec les trois
régimes.
Résultats
généraux de
30 à 90kg
L’étude des résultats
d’engraissement
entre 30et 90kg comprenant
despériodes
durant
lesquelles
iln’y
a pas eu decollecte,
nousapporte quelques
données com-plémentaires (tabl. 11 ).
Sur l’ensemble de
l’expérience,
la vitesse de croissance des animaux du lotsoja
a été
légèrement supérieure
à celle des autreslots,
mais la différence n’est passigni- ficative,
à cause du trèspetit
nombre d’animaux mis enexpérience.
La consommation d’aliment est peq
différente
entre les troisrégimes puisque
la
plus grande partie
del’expérience
a été réalisée en alimentationégalisée ;
cepen-dant,
la consommation totale estlégèrement
inférieure avec le lotsoja,
la duréed’engraissement
ayant étéplus
courte. L’indice de consommationcorrespondant
est donc
également
inférieur à celui obtenu avec les autresrégimes,
mais les diffé-rences ne sont pas
significatives.
Composition corporelle
Les carcasses obtenues avec le
régime orge-soja
sont nettement moins grassesque celles fournies par les deux autres
régimes
et notamment par la levuresulfitique
(tabl.
r2).
Lesdifférences,
bien que n’étant passignificatives, compte
tenu dupetit
nombre
d’animaux,
vont dans le même sens que celles concernant la rétention azotéedéterminée par la méthode des bilans. La levure
sulfitique
a entraîné une rétentionde
protéines plus faible,
etdonc,
àpoids égal,
la formation de carcassesplus
richesen
lipides.
DISCUSSION
Vitesse de croissance des animaux et indice de consommatio!2
On remarquera que si la vitesse de croissance est
identique
durant lespériodes
de
collecte,
elle est, pour l’ensemble del’expérience, légèrement supérieure
avec lerégime soja.
Ceci est dû enpartie,
au fait que la consommation a été laissée ad Libitumaprès
la dernièrepériode
de collecte et que cerégime
a fourni d’unepart
une réten- tion azotéeplus élevée,
et d’autrepart,
unléger avantage
en consommationquoti- dienne,
donc en vitesse de croissance.En valeur
absolue,
lesgains
moyensquotidiens
sont inférieurs à ceux obtenus par G!,!F!s et RUSZCZVC(r 955 ) ;
mais il faut tenircompte
du fait que dans notreexpé- rience,
les animaux étaient rationnésjusqu’à 8 3 kg
depoids
vif et maintenus encage de
digestibilité pendant
toute la durée del’engraissement.
Etant
donné que la vitesse de croissance estfaible,
et parconséquent,
la duréede
l’engraissement plus longue,
ladépense
d’entretien totale des animaux estplus élevée,
cequi
provoque uneélévation
de l’indice de consommation. Pour ces mêmesraisons,
les indices que nous avons constatés sontsupérieurs
à ceux que les auteurs cités ci-dessus ont obtenus.Digestibilité de
la matièreorganique et
de l’azoteCompte
tenu duprotocole expérimental choisi,
consistant à utiliser desrégimes isoazotés, isocellulosiques, isoénergétiques,
lapartie
durégime complémentaire
del’aliment à étudier n’a pas la même
composition
en cequi
concerne les teneurs encellulose et en
énergie ;
il n’est donc paspossible
de calculer la valeur exacte de ladigestibilité
de la matièreorganique
de la levuresulfitique
ou du lactosérumlevuré ;
on ne
peut
donc considérer que la rétention azotée.Un résultat est
cependant surprenant ;
il concernel’augmentation
de ladiges-
tibilité de la matière
organique
de la levuresulfitique
au cours de lacroissance, phé-
nomène
qui
ne s’observe pas avec les deux autresrégimes.
Il fautpeut-être
voir làune
adaptation progressive
de la flore intestinale du Porc à utiliser cette levure. Cepoint
serait à confirmer et àexpliquer
car il ne semble pas avoir encore étésignalé
chez cette
espèce.
La
digestibilité
moyenne desprotéines
au cours de la croissance estéquivalente
pour les trois
régimes. Étant
donné que laproportion
desprotéines d’orge
et desprotéines
à étudier est la même pour tous lesrégimes,
onpeut
en conclure que lesprotéines
de là levuresulfitique,
du lactosérum levuré et dusoja
ont unedigestibilité
moyenne
équivalente.
Cependant,
au cours des troispremières périodes,
le CUD de l’azote durégime orge-lactosérum
levuré estsupérieur
à celui durégime orge-soja,
ensuite l’ordre est inversé. Cecipeut
êtreinterprété
par laprésence,
dans lelactosérum,
de la lactalbu- mine et de lalactoglobuline, protéines
de hautedigestibilité, qui
sont absentes des deux autresrégimes,
et par laprésence
de lactosequi
est moins bien utilisé enpériode
de finition
qu’en période
de croissance.Rétention de l’azote
La rétention de l’azote diminue avec
l’âge :
cette observation est en accord avecles travaux concernant l’étude du besoin azoté chez le Porc
(RÉ RA T
et HENRY,zg64),
mais ce
qui
est très intéressant à noter, c’est la différence dans les coefficients de rétention de l’azote entre lerégime orge-soja (5IAP. ioo)
et ceux desrégimes orge-levure
et orge- lactosérum levuré( 44 , 2
p. 100 et 44,5 p. IOOrespectivement).
Ceci est confirmé parles différences
significatives
degain
d’azote en g parjour
et par les résultats concer- nant lacomposition corporelle. Quand
on compare l’évolution du CRN avecl’âge,
on constate une chute brutale à
partir
de la 2epériode
derécolte,
vers 40kg
depoids vif,
que l’onpeut expliquer
parl’apport
insuffisantd’énergie
dîi à une consommationjournalière
d’aliment très faible. Cette faibleingestion
entraînerait une utilisation de la source azotée durégime
à des finsénergétiques,
et parconséquent
une crois-sance très réduite.
Lorsque
l’on compare les résultats concernant laquantité
d’azote retenue enp. IOO du
gain
depoids,
donnés au tableau io, ons’aperçoit
que les différences obte-nues avec les trois
régimes
ne sont passignificatives,
cequi
n’est pas en accord avecles résultats concernant le Coefficient de Rétention de l’Azote et le
gain
azoté parjour.
D’autrepart,
l’azote retenu en p. 100dugain
depoids
pour les deuxpremières
collectes semble être
trop
élevé.D’après
nosrésultats,
l’azotedéposé
dans legain
depoids
necorrespond
pas à lacomposition corporelle
des animauxqui
contient enmoyenne 3 p. 100
d’azote,
soit 10 p. 100 de matières azotées totales avec des varia- tions de 15 à 20p. IOO. Cette erreurexpérimentale peut
être attribuée au fait que legain
depoids
a été relativement faible durant chacune despériodes,
et àl’impréci-
sion de la
pesée
effectuée avec unpèse-bétail
sur des porcsprenant
en moyenne 2 à 3kg
par semaine. Parailleurs,
enrègle générale,
les bilans donnent des valeurs surestimées parrapport
àl’analyse
de la carcasse du fait despertes
dans les urineset les fèces.
I,es résultats concernant le CRN et l’azote retenu par
jour
et ceux de lacomposition corporelle,
dans leurensemble,
nous démontrent que lesprotéines
dusoja,
dans le cas de lasupplémentation
del’orge,
et sansapport
d’acidesaminés,
sont mieux utilisés que celles de la levure
sulfitique
ou du lactosérum levuré. Cette différence d’utilisation doit êtreexpliquée
par les différences de teneurs en acides aminésindispensables
ou de leurdisponibilité.
Quand
on compare lepourcentage
de déficit en aminoacides desrégimes orge-soja
aet
orge-levure sulfitique
parrapport
aux besoins calculés par RÉRAT et LOUGNON(r 9
66,) (tabl. i 3 ),
onpeut logiquement expliquer
les différences de rétention azotée.En
effet,
l’acide aminé limitantprimaire
estreprésenté,
pour les deuxrégimes,
par la somme des acides aminés soufrés(Méthionine plus Cystine),
et ce déficit estplus important
pour la levuresulfitique
que pour lesoja.
Pendant lapériode
definition,
seul lerégime
contenant la levuresulfitique présente
encore ce déficit. Il est doncnormal que l’on trouve, avec le
mélange
desprotéines d’orge
et de levuresulfitique,
un coefficient de rétention de l’azote inférieur à celui obtenu avec l’association des
protéines
du tourteau desoja
etd’orge.
Au
contraire, lorsque
l’on compare les résultatsexpérimentaux
avec lescomposi-
tions en acides aminés des
régimes orge-soja
etorge-lactosérum levuré,
ce raisonne-ment n’est
plus
valable. Eneffet,
lepourcentage
de déficit en acides aminés soufrésest
plus
faible avec le lactosérum levuréqu’avec
lesoja
etpourtant
le coefficient de rétention de l’azote estsupérieur
avec ce dernier. Il faut donc admettre un déficitplus important
de certains acides aminésqui
concerne, soit lessoufrés,
soit d’autres aminoacides. Onpeut
penser, enparticulier,
à uneindisponibilité
de lalysine
due à unphénomène chimique
tel que la réaction de Maillard entre lalysine
et le lactose lors de la dessiccation du lactosérum levuré. Si cettehypothèse
est exacte, il faut admettreun déficit en
lysine supérieur
à r8 p. 100 parrapport
auxbesoins,
valeur obtenue pour lerégime orge-soja.
Or, cepourcentage
de déficit entraîne unblocage
de 82 g delysine
dans le lactosérum levuré(tabl. i 4 ),
cequi représente
uneindisponibilité
de 15 p. ioo de celle-ci. Ceci est confirmé par la
comparaison
des résultats obtenusavec le lactosérum levuré et la levure
sulfitique,
résultatsqui
sontidentiques.
Commele déficit en
lysine
et en acides aminés soufrés dans le dernier estplus important,
cela montre
qu’il
y a uneindisponibilité
de lalysine
encoreplus importante
dans lelactosérum levuré.
Ces résultats concordent avec ceux obtenus par CAI,ETet
rzl., r 9 62, qui
montrentque la
supplémentation
de la levure de bière par la méthionine dans unrégime
à basede céréales n’a aucun effet chez le Rat, la
lysine
étant le facteur limitant. Le mêmetype
de résultats a été obtenu par Rous et al.( 19 6 5 )
chez le Poulet et par NavR.!’rW et al.( I g66)
chez le Porc entre 30-50kg
avec desrégimes
à base decéréales ;
une addition de méthionine n’a d’effet que dans le cas où il y aégalement supplémenta-
tion de
lysine.
Composition corporelle
Corrélativement à une rétention azotée
plus élevée,
les carcasses obtenues avec lerégime orge-soja
sontplus maigres
que celles obtenues avec les deux autresrégimes.
Le
petit
nombre d’animaux considérés nepermet
pas de donner unesignification statistique
à cette différence :néanmoins,
elle va dans le même sens que laplupart
des observations faites sur l’influence des levures sur
l’augmentation
del’adiposité
des carcasses
lorsqu’on
les substitue à desprotéines
de hautequalité, (Ruszcz y e
etet
G LAPS ,
n955 ; 1 NAVRATILetal., 19 66).
Par contre, ces résultats sont contraires à ceux obtenus par BoKORO!’ et
al., (
19 6 3
), qui
obtiennent des carcassesplus
grasses, avec du lait écrémé et de la farine depoisson qu’avec
de la levure.Cependant,
comme laproportion
de levure étaitde 5 p. 100en
période
de croissance et de i,9 p. 100enpériode
definition,
onpeut
se demander si la levure a eu réellement unegrande
influence par elle-même. Ces résul- tats sont toutefois àrapprocher
de ceux obtenus par FÉVRIER et BOCCARD( 1957 ) qui
notent une amélioration avec 4 p. 100 de levures dans lerégime,
mais aucunavantage
pour des tauxplus
élevéspuisqu’avec 3 6
p. 100 de laration,
la vitesse de croissance est réduite. Demême,
les taux de levures que nous avonsemployés
sesituent au-dessus de la
proportion optimum
définie par CSOKA(i 9 65)
à 20 p. 100 desprotéines
durégime.
I,3
question
est donc de savoir si ces résultats sont dus seulement à une indis-ponibilité
de lalysine
ou,éventuellement,
à d’autres facteurs.CONCLUSION
La
comparaison
de la valeur desupplém!ntation
desprotéines
dusoja,
de levuresulfitiqu-!
et du lactosérum levuré vis-à-vis desprotéines d’orge,
nous a montré que ladigestibilité
de cesprotéines
n’était pasdifférente,
mais que, enrevanche,
le coefficient de rétention de l’azote et l’azote retenu en g parjour
étaient nettementplus
élevés avec lesoja qu’avec
les levures. Ceci est confirmé par le fait que les car-casses obtenues sont
plus
grasses, bien que les croissances aient été sensiblementcomparables
avec lesrégimes
levurés dans les trois lots. Cette différence nepeut
pass’expliquer uniquement
sur la base des teneurs en acides aminés totaux des diffé- rentsrégimes,
enparticulier
pour le lactosérum levuré.L’hypothèse
laplus plausible
est que, outre une déficience en acides aminés
soufrés,
il existe uneindisponibilité
de
1 1 lysine
due à un traitementthermique inapproprié
ou à une autre cause actuelle-ment indéterminée.
Reçu pour
publication
enseptembre
1968.SUMMARY
FEEDING VALUE OF PROTEINS OF SULPIIITE YEAST AND YEAST-TREATED WIIEY FOR GKOWING PIGS
Digestibility
and retention of nitrogen ofsulphite
yeast grown on residues of paper pulp, ofwhey
treated with yeast and of
soyabean
meal as supplements tobarley
were studied in anexperiment
with three groups of three
pigs
between 30and 90kgliveweight.
Diets were similar in
protein
content, in energy value and in fibre content, and Ca and P content also wereequalized (tables 3 and 4 ).
Rationing was in relation to age ; it was the same for all the animals and wasadjusted according
to the smallest intake observed.Results obtained show that the mean values for apparent
digestibility
oforganic
matter didnot differ
significantly :
82.2 per cent for the diet ofbarley
and soya, 83.0per cent for that ofbarley
and
sulphite
yeast and 80.9per cent for that ofbarley
andyeast-treated whey (table 3 )-
One resultwas nevertheless
surprising ;
it concerns the increase indigestibility
oforganic
matter ofsulphite
yeast