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PRÉVENTION DES INFECTIONS NOSOCOMIALES

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Academic year: 2022

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Résumé : Les infections nosocomiales sont des infections acquises à l'hôpital ou tout autre établissement de soins. Les causes sont multiples : non respect des règles d’hygiène, vulnérabilité des malades (enfants, sujets âgés, immunodéprimés), micro-organismes de plus en plus résistants aux antibiotiques, investigations de plus en plus lourdes. Ces infections ont pour conséquence un allongement de la durée d’hospitalisation, une augmentation du coût de celle-ci et un taux de mortalité plus important.

Les infections urinaires, respiratoires et les infections du site opératoire sont les plus fréquentes des infections nosocomiales.

La prévention passe principalement par le respect des mesures d’hygiène : lavage des mains, port de gants, décontamination, nettoyage, stérilisation ou désinfection des instruments chirurgicaux, matériel et surfaces, respect des procédures aseptiques, antibioprophylaxie et surtout la formation du personnel médical et paramédical.

Mots-clés :Infection nosocomiale.

Prévention des infections nosocomiales Prevention of nosocomial infections

M. Seffar, M. Zouhdi

á««Ø°ûŸG êɪNC’G øe ájÉbƒdG

Tiré à part :M. Seffar : laboratoire de microbiologie, Hôpital des Spécialités, Rabat - Maroc.

Abstract : Nosocomial infections are infections acquired in hospitals or in any other nursing center. The causes are multiple: no respect of hygienic rules, delicated patients (children, old persons, immunodepression), microorganisms more and more resistant to antibiotics, investications more and more heavy. Theses infections have as consequences a longer and a more expensive hospitalisation and the increasing of mortality rate. Urinary, respiratory infections and surgery infections are the more frequent.

Prevention needs on priority the respect of hygienic rules: washing hands, weaning wolves, decontamination, cleaning, sterilisation or desinfection of surgical instruments, equipement and areas, respect of aseptic processing, antibioprophylaxy and especially medical and paramedical training.

Key-words : Nosocomial infection.

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Définitions

Une infection est définie comme étant la pénétration dans un organisme d'un agent étranger (bactérie, virus, champignon, parasite) capable de s'y multiplier et d'y induire des lésions pathologiques. L'infection peut s'accompagner de manifestations cliniques ou être asymptomatique. « Nosocomial » vient du grec "nosokomeone", qui signifie "hôpital". Ce terme qualifie ce qui se rapporte aux hôpitaux, ce qui se contracte à l'hôpital ou tout autre établissement de soins (clinique, maison de retraite…). Une infection est dite nosocomiale si elle était absente à l'admission à l'hôpital. Lorsque la situation précise à l'admission n'est pas connue, un délai d'au moins 48 à 72 heures après l'admission (ou un délai supérieur à la période d'incubation lorsque celle-ci est connue) est communément accepté pour séparer une infection d'acquisition communautaire d'une infection nosocomiale [1,2].

Pour les infections de plaie opératoire, on accepte comme nosocomiales les infections survenues dans les 30 jours suivant l'intervention, ou, s'il y a mise en place d'une prothèse ou d'un implant, dans l'année qui suit l'intervention [1,2].

Le risque de contracter une infection à l'hôpital est de 7%. Ce chiffre varie en fonction du service d’hospitalisation. Il peut en effet atteindre 30% dans les services de réanimation [1].

Ce travail est axé essentiellement sur les infections nosocomiales bactériennes et résume les principaux moyens de prévention de ces infections.

Les causes des infections nosocomiales sont multiples. Ces infections sont souvent liées à une transmission croisée des micro-organismes par les mains du personnel soignant au cours des soins, à la vulnérabilité des malades (enfants, personnes âgées, immunodéprimés), à des micro-organismes de plus en plus résistants aux antibiotiques (SARM, GISA, VISA, GRSA, VRSA [3,4], Entérobactéries résistantes aux b-lactamines, Pseudomonaset Acinetobacter multirésistants [5-7] (Tableau I). Elles sont également le résultat d’investigations de plus en plus lourdes et surtout le résultat du non respect des règles d’hygiène.

Ces infections nosocomiales ont pour conséquences un allongement de la durée de séjour à l’hôpital, l’augmentation du coût de l’hospitalisation et surtout une mortalité plus importante.

Les infections nosocomiales sont de deux types : - les infections endogènes c'est à dire que le malade se contamine par ses propres germes. Interviennent alors la situation médicale du patient c'est à dire son âge et sa pathologie, ses traitements, la qualité des soins, la présence de germes pathogènes pour certains patients fragilisés. Les infections endogènes représentent 50 % au moins des infections nosocomiales.

- les infections exogènes qui sont soit des infections croisées transmises d'un malade à l'autre, soit des infections

provoquées par les germes du personnel porteur, soit des infections liées à la contamination de l'environnement hospitalier [8].

On distingue :

- les infections urinaires qui sont les plus fréquentes (bactériurie symptomatique et asymptomatique) : 40% des infections nosocomiales

- les infections respiratoires (pneumonies) : deuxième cause d’infections nosocomiales : 20%, mais première cause de mortalité

- les infections de plaies opératoires superficielles ou profondes : 15%

- les infections sur cathéter : 15%

- les bactériémies / [1,2]

Les services les plus touchés sont par ordre décroissant : la réanimation, la chirurgie, et la médecine. Les services à moindre risque sont les services de pédiatrie et de psychiatrie.

Prévention des infections nosocomiales

Le but de cette prévention est de réduire au maximum le risque de transmission pour les patients et le personnel de santé y compris les personnes chargées du nettoyage et de l’entretien. Les moyens sont multiples et divers allant du

Type d’infection Infections urinaires nosocomiales

Pneumonies nosocomiales

Infection de plaie opératoire Infection sur cathéter

Germe - Escherichia coli - Entérocoque

- Pseudomonas aeruginosa - Klebsiella sp

- Enterobacter sp - Serratia sp - Candida sp

- Bacilles à Gram négatif : 60%

Pseudomonas sp : 30%, Acinetobacter sp: 10-12%, KES : 8%

- Staphylococcus (aureus : 30%, epidermidis : 10%)

- Candida sp : 10%

- plus rarement : S. pneumoniae, H.

influenzae (pneumonies

nosocomiales précoces), Legionella, virus, Aspergillus

et Pneumocystis (immunodéprimés).

souvent polymicrobiennes Cocci à Gram positif : 75%

- Staphylococcus (aureus et epidermidis) : 30-50%

- Bacilles à Gram négatif - Champignons

Tableau I.Principaux germes responsables d’infections nosocomiales

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lavage des mains à la formation du personnel en passant par le port de gants, la décontamination, nettoyage, stérilisation ou désinfection à haut niveau des instruments chirurgicaux, matériel et surfaces, l’utilisation de solutions antiseptiques pour nettoyer les plaies ou préparer la peau avant une intervention chirurgicale, le respect des procédures aseptiques et l’antibioprophylaxie.

I- Entretien des instruments chirurgicaux et objets de soins(figure 1)

Figure 1

Décontamination

Il s’agit d’une opération au résultat momentané permettant d’éliminer, de tuer ou d’inhiber les microorganismes indésirables.

Le résultat de cette opération est limité aux microorganismes présents au moment de l’opération.

Phase primordiale car on ne peut désinfecter ou stériliser que ce qui est propre. Elle concerne les instruments chirurgicaux, le matériel souillé par le sang ou des liquides biologiques et éventuellement les gants réutilisables.

Le matériel à usage unique, qu’il soit stérile ou non stérile, sera mis directement après usage dans un sac poubelle, pour suivre ensuite la filière des objets contaminés. La restérilisation de ce matériel à usage unique est interdite [9]. Il faut par ailleurs bien veiller à éliminer les objets tranchants ou coupants dans des conteneurs adaptés et correctement disposés afin d'éviter tout risque de blessures.

Le but de la décontamination est de réduire la population de micro-organismes c'est-à-dire limiter la charge bactérienne initiale afin de faciliter le nettoyage ultérieur et ainsi protéger le personnel lors de la manipulation des instruments. En effet ce procédé inactive les principaux virus à transmission parentérale dont le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), les virus des hépatites B, C et D (VHB, VHC et VHD), mais il n’agit pas sur les endospores bactériennes (notamment de Clostridium tetani). La décontamination est également une étape qui prépare le matériel pour la stérilisation.

Le principe est une immersion du matériel dans une solution ayant à la fois des propriétés détergentes (le détergent sert à décoller le sang et autres salissures)

et désinfectantes (le désinfectant neutralise les germes). Le matériel est constitué d’un bac muni d’un panier avec un couvercle hermétique et de capacité adaptée, des lunettes de protection et des gants de caoutchouc [9] (Tableau II).

Remarques :

- Il est déconseillé de mélanger le produit décontaminant avec d’autres produits.

- Les bains doivent être remplacés au moins une fois par jour, et plus si les instruments sont très souillés. Pour le bloc, le bain doit être remplacé après chaque intervention.

- Les bacs utilisés pour le trempage sont réservés uniquement à cette opération de décontamination. Ils doivent être munis d’un couvercle. Ils doivent être nettoyés avec un produit détergent /désinfectant après chaque élimination du bain, et séchés avant stockage. Ils sont stérilisés au moins une fois par semaine à l’autoclave.

Décontamination utilisant un bac à ultrasons

Ce mode de décontamination est plus efficace ; il évite le brossage mécanique des instruments et permet de décontaminer parfaitement toute surface inaccessible lors du brossage (exemple: pinces à biopsies). Le bac est rempli avec une solution détergente- désinfectante pour faire tremper les instruments [9].

Lavage Désinfection hygiénique hygiénique

Savon simple Savon AS Solution HA

Elimination des souillures + + -

Elimination flore transitoire 90% 99.9% 99.999%

Elimination flore résidente 0 50% 99%

Durée 30’’ minimum 30” 10-15”

Irritation des mains + ++ (+)

Tableau II.Comparaison entre le lavage simple et antiseptique des mains et la friction hydro-alcoolique [14]

AS : antiseptique, HA : hydro-alcoolique

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Nettoyage

Il s’agit d’une opération physico-chimique visant à éliminer les matières organiques (sang, secrétions) ou minérales des surfaces et des objets. Elle est obligatoire pour tout le matériel après la décontamination. Procédé utilisant un produit détergent ou le même produit détergent décontaminant utilisé pour la décontamination associé à de l’eau courante et à une brosse souple. En effet, l’eau seule n’enlève pas les protéines, l’huile et les graisses. Par ailleurs, le savon liquide est préféré au savon en poudre car il se mélange plus facilement à l’eau. Enfin, le nettoyage se fait de préférence sous un courant d’eau pour éviter la dispersion aérienne des produits infectés par éclaboussure [9].

Rinçage et séchage

Après le nettoyage, le matériel décontaminé puis nettoyé doit être rincé à l’eau courante (température < 30°C) pour éviter la corrosion des instruments puis essuyé à l’aide d’un champ propre non pelucheux. Ce matériel est ensuite déposé délicatement dans une boîte métallique destinée à être stérilisée avec son contenu. C’est le « conditionnement ».

Ce matériel, une fois lavé, doit être examiné soigneusement avant le conditionnement. Il serait effectivement inutile de stériliser des instruments non utilisables ultérieurement [9].

Stérilisation

La stérilisation détruit tous les microorganismes y compris les endospores bactériennes. Mais cette opération doit impérativement faire suite aux étapes précédentes car « on ne stérilise bien que ce qui est propre ». Il existe plusieurs procédés :

- Vapeur à haute pression utilisant l’autoclave, procédé le plus efficace

- Chaleur sèche ou four à air chaud

- Chimique ou stérilisation à froid utilisant soit le glutaraldéhyde pendant un cycle de 8 à 10 h, exemple, le Cidex® pour les endoscopes, soit le formaldéhyde 8% dans un cycle de plus de 24 h, produit moins cher mais plus toxique. Ces produits sont responsables de l’émission de vapeurs qui irritent la peau, les yeux et les voies respiratoires. Il faut par conséquent porter des gants, manipuler ces produits dans un endroit bien ventilé et limiter le temps d’exposition.

Le matériel est ensuite rincé à l’eau stérile et non à l’eau bouillie qui elle n’inactive pas systématiquement les endospores. La stérilisation chimique peut également se faire à l’oxyde d’éthylène à 56-60°C pendant 1 à 2 heures ou par le gaz plasma (diffusion de peroxyde d’hydrogène suivie d’une phase plasma), cycle à une température inférieure à 45° C pendant 1h 15. Cette stérilisation chimique a un intérêt

surtout pour le matériel thermosensible.

Désinfection à haut niveau

La désinfection à haut niveau est représentée par l’ébullition ou par la désinfection chimique par le glutaraldéhyde ou le formaldéhyde 8%. Cette méthode est utilisée lorsque le matériel de stérilisation n’est pas disponible ou lorsque la stérilisation n’est pas appropriée, dans le cas par exemple des laparoscopes ou des fibroscopes. C’est un procédé qui détruit les bactéries végétatives, le Bacille de Koch (BK), les levures, les virus (VIH, VHB, VHD, VHC), mais ne détruit pas certaines endospores.

En définitive, le matériel thermosensible peut être désinfecté alors que le matériel thermostable peut être stérilisé (Tableaux

III et IV).

II- Entretien des surfaces (bloc opératoire)

La règle de toujours nettoyer avant de désinfecter reste de mise.

Entre deux malades, cet entretien n’est pas nécessaire pour les interventions chirurgicales « propres ». Une intervention chirurgicale est dite propre en l’absence de traumatisme, d’inflammation, d’ouverture de viscères creux ou de rupture d’asepsie ; le risque infectieux y est de l’ordre de 1 à 2% [1].

En fin de programme opératoire, le nettoyage complet de la salle d’opération (toutes les surfaces de haut en bas) est recommandé. Certains auteurs préconisent cette opération également au début de chaque journée opératoire. Toutes les surfaces (tables, lampes …) devraient être essuyées avec un chiffon humide ou lavées pour enlever la poussière et les particules qui se sont amassées pendant la nuit.

Cet entretien concerne toutes les surfaces horizontales mais également les surfaces verticales si elles sont souillées - celui qui passe d'un malade à l'autre et n'a pas besoin d'être

stérile

- celui qui est au contact avec la peau saine - celui qui est à jeter et qui ne peut être incinéré

- celui qui ne peut subir de stérilisation à haute température (matériel thermosensible, endoscopes)

- celui qui pénètre dans l'organisme par effraction (ex. cathéters…)

- celui qui pénètre dans les cavités stériles (ex. sondes vésicales...)

- celui qui est en contact direct avec une porte d'entrée (ex. : plaie opératoire)

Tableau III. Matériel à désinfecter

Tableau IV. Matériel à stériliser

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de sang, ou de secrétions. La méthode des deux seaux est préconisée (Figure 5). Il est déconseillé, en effet, de nettoyer à sec afin de ne pas mettre en suspension dans l’air les poussières et les micro-organismes qui viennent contaminer les surfaces propres. Par ailleurs, il faut aller du plus propre au plus sale et toujours nettoyer de haut en bas pour que tout ce qui tombe par terre puisse être ramassé en dernier. Les murs et plafonds sont lavés avec un chiffon humide, du détergent et de l’eau. Les lampes, chaises, lavabos, dessus de table sont essuyés avec un chiffon humide trempé dans une solution désinfectante de nettoyage. Il est utile d’aérer les locaux dans la mesure du possible et le matériel utilisé (seaux, serpillière…) doit être parfaitement propre. Il est également nécessaire de nettoyer les petites surfaces qui ne paraissent pas sales mais sont un maillon important de la chaîne de contamination : poignées de portes, téléphones, sonnettes, interrupteurs…Et enfin, enlever la poubelle de déchets contaminés avec son couvercle quand elle est pleine

aux _ et la remplacer par une poubelle propre.

En fin de nettoyage, tout le matériel utilisé doit être lavé, rincé, désinfecté et séché. Il faut :

- décontaminer le matériel de nettoyage qui a été contaminé par du sang ou des liquides organiques en le trempant dans

une solution chlorée ou autre désinfectant.

- laver les chiffons, brosses, serpillières dans de l’eau et un détergent, tous les jours ou plus souvent s’ils sont visiblement sales.

- rincer avec de l’eau propre

- faire sécher complètement avant de réutiliser. Faire sécher les serpillières et chiffons au soleil car les rayons UV du soleil aident à la destruction des microorganismes.

Le nettoyage des tâches de sang et autres matières organiques est indispensable :

- Petites tâches : porter des gants, essuyer les tâches visibles avec un chiffon trempé dans une solution chlorée.

- Tâches plus importantes : porter des gants, inonder la zone avec une solution chlorée, éponger puis nettoyer avec du détergent et de l’eau.

L’eau de Javel ou hypochlorite de sodium est un désinfectant

; il ne doit pas être mélangé avec des solutions de nettoyage contenant de l’acide (acide phosphorique), de l’ammonium ou du chlorure d’ammonium ; le mélange est à l’origine de la formation de gaz chloré ou autres sous produits chimiques responsables de nausées, irritation des yeux, larmoiement et céphalées. En cas d’exposition, il est préférable de quitter la pièce immédiatement jusqu’à ce que le cycle de ventilation soit complété.

III- Prévention de l’infection du site opératoire

Dans toutes les statistiques qui relèvent la fréquence des infections nosocomiales, les infections du site opératoire se situent avec les infections urinaires et respiratoires parmi les plus fréquentes [1].

La prévention des infections du site opératoire se situe d’abord au niveau de l’acte chirurgical. En effet, la connaissance par les chirurgiens du taux d’infection de leur service a un impact sur la réduction de ce taux. Cette prévention passe également et surtout par le respect des conditions d’hygiène et d’asepsie : port d’une tenue spécifique (pantalon, veste, bonnet recouvrant le cuir chevelu), port du masque lors de l’entrée dans une salle où une opération est en cours, hygiène des mains…

Excepté les interventions réalisées dans un contexte d’urgence, le patient, avant une intervention chirurgicale, doit être mis dans des conditions physiologiques optimales, nutritionnelles, respiratoires etc…Une infection détectée avant l’intervention doit être traitée et maîtrisée. L’hospitalisation préopératoire doit être aussi courte que possible. Le patient avant l’intervention doit présenter une hygiène corporelle correcte : toilettes complètes au lit du patient, bain, ou douche préopératoire, effectués la veille et le jour de l’intervention. L’utilisation d’un savon désinfectant à effet rémanent peut s’avérer utile en particulier chez les patients hospitalisés depuis plusieurs jours. La dépilation est une Figure 2. Méthode des deux seaux

Objectif : Maintenir la solution utilisée pour l'entretien, propre le plus longtemps possible

Matériel : 1 seau bleu = contenant la solution (détergent ou détergent- désinfectant.)

1 seau rouge = contenant l'eau de rinçage.

Technique : 1. Immerger la lavette dans le seau bleu. Essorer 2. Nettoyer la surface

3. Rincer dans le seau rouge pour la débarrasser des salissures récupérées. Essorer.

4. Reprendre à l'étape n°1.

Renouveler l'eau de rinçage lorsqu'elle est saturée.

Renouveler l'eau contenant la solution dès que nécessaire

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étape fondamentale de l’hygiène préopératoire. Elle se fait sous contrôle de l’infirmier à l’aide d’une tondeuse électrique à tête à usage unique ou par le patient lui-même, à la maison avec une crème dépilatoire. Le rasage mécanique est une technique à proscrire. Si ce rasage doit être pratiqué, il sera le moins étendu possible et réalisé juste avant l’intervention.

Enfin, l’antisepsie du champ opératoire se fait également sous contrôle de l’infirmier par application d’un désinfectant stérile qui doit sécher avant de poser les champs.

L’utilisation judicieuse des antibiotiques en prophylaxie entraîne une diminution du nombre d’infections post- opératoires. Mais leur utilisation de façon irrationnelle et excessive provoque l’apparition de résistances à ces antibiotiques.

L’utilisation d’un matériel propre et stérile est obligatoire.

Après chaque intervention, le sol et les surfaces souillées par les liquides biologiques et le sang seront nettoyés et désinfectés. Une fois par jour, toutes les surfaces horizontales et les équipements seront nettoyés.

La ventilation doit fonctionner correctement et doit être régulièrement vérifiée. Le système de conditionnement d’air doit assurer entre 15 et 25 renouvellements d’air par heure, dont 20% d’air frais au minimum. Une filtration adéquate de l’air doit être prévue par l’utilisation de filtres qui permettent d’améliorer la qualité microbiologique de l’air.

Enfin, les prélèvements bactériologiques de l’environnement (air, surfaces…) permettent d’évaluer l’efficacité de la ventilation et des méthodes d’entretien.

IV- Elimination des déchets

« Bien gérer les déchets c’est d’abord trier puis collecter et enfin éliminer ». Il est utile de distinguer les déchets à risques infectieux des déchets ménagers ou assimilables aux déchets ménagers.

Déchets "à risques infectieux" :

Un conditionnement spécifique doit être utilisé. Il doit être différencié, identifié

et répondant aux normes (à l’hôpital ce sont les sachets rouges). La technique du double emballage est recommandée.

Le remplissage doit être limité. Si un conteneur rigide, répondant aux normes est utilisé, un seul emballage souple est suffisant. Ce type de déchets est représenté par tous les déchets biologiques et matériels ayant été exposés à des sécrétions ou liquides biologiques. Tous les autres déchets rejoignent la filière des déchets ménagers. Les objets piquants ou tranchants doivent être placé dans un conteneur sécurisé. Enfin, la fréquence des collectes est définie par planification au niveau de l’établissement. L’acheminement se fait vers le local de stockage final et l’élimination se fait vers l’incinérateur (Tableau V).

Déchets "d'activités de soins assimilables aux déchets

ménagers"

Leur conditionnement est également spécifique et différencié (sachets noirs à l’hôpital). Un emballage simple est suffisant. Il s’agit de tous les déchets administratifs et papiers, déchets hôteliers, déchets de jardins. La fréquence des collectes est là aussi définie par planification. Ces déchets sont déposés dans un local de stockage dans de gros conteneurs avant d’être orientés vers la décharge municipale

(Tableau VI).

V-Lavage des mains (ordinaire/ antiseptique/chirurgical)

Le lavage des mains, geste banal de la vie courante, revêt cependant un caractère primordial à l’hôpital et reste la mesure essentielle et la plus efficace de lutte contre les infections nosocomiales [10,11]. Il faut tout d’abord distinguer au niveau de la peau deux types de flore : la flore résidente et la flore transitoire.

La flore résidente, de séjour ou flore commensale est faite de bactéries qui habitent, survivent et se multiplient sur la peau. Ce sont généralement des bactéries à Gram positif (Staphylococcus epidermidis, Corynébactéries, Micrococcus, Propionibacteriumacnes…). Cette flore permet le renouvellement de la flore de surface et constitue une flore de barrière s’opposant à

- Champs à usage unique utilisés - Compresses souillées

- Gants à usage unique - Matériel à usage unique - Pansements

- Plâtres souillés

- Poches de drainage et d’irrigation - Poches de sang et d’urines - Prélèvements biologiques - Seringues, sondes, tubes divers - Tubulures de perfusion

Tableau V. Déchets biologiques et matériel exposé à des secrétions biologiques [13]

- Déchets administratifs, papiers

- Emballages de matériel stérile et emballages divers

- Couches

- Coiffes à usage unique - Fleurs

- Journaux - Masques

- Plâtres non souillés - Restes de nourriture

- Sacs et bouteilles de plastic vides - Sacs de chariots de ménage - Sacs de poubelles

Tableau VI. Matériel à stériliser

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la colonisation par des espèces opportunistes et/ou pathogènes.

Elle vit sur la peau et les follicules pileux. Elle ne peut être complètement supprimée même en frottant vigoureusement et en rinçant. C’est donc une flore difficile à éliminer. Elle se reconstitue rapidement (4-6h) et le port de gants chirurgicaux en accélère le processus [9].

La flore transitoire ou flore de passage est une flore acquise par le personnel lors des soins effectués aux personnes soignées donc transmissible d’un individu à un autre. Cette flore superficielle est le reflet des microorganismes de l’environnement, de l’écologie microbienne des hôpitaux.

Elle ne se multiplie pas sur la peau mais est le plus souvent pathogène à l’origine d’infections nosocomiales. Elle est de composition variée: Entérobactéries, Pseudomonas, Klebsiella, Streptocoque du groupe A, Staphylococcus aureus, Candida albicans, spores de Clostridium. Sur une peau saine, cette flore est souvent très réduite. Elle est facilement enlevée par frottement mécanique ou par lavage avec du savon ou un détergent pur.

Sont à proscrire (Tableau VII), le savon en pain qui constitue un réservoir de germes, les essuie-mains collectifs

en tissu ainsi que les sèche-mains électriques.

La mauvaise observance du lavage des mains par le personnel soignant peut s’expliquer par le manque de motivation, le manque de connaissance concernant l’importance de cette mesure, le nombre faible de lavabos ou leur mauvaise localisation, un savon inacceptable responsable d’une sécheresse cutanée, de l’irritation des mains voire de dermatite irritative aiguë, ou encore le manque de personnel avec une surcharge du travail d’où l’intérêt des solutions hydroalcooliques en flacon de poche surtout si les indications de lavage des mains sont fréquentes (services de réanimation) [8] et que les mains ne sont pas visiblement souillés par les liquides biologiques (Tableau VIII). Cette friction hydro-alcoolique a l’avantage de pouvoir être pratiquée rapidement au lit du malade ou au lieu de soin ou de sa préparation sans qu’il soit nécessaire de disposer d’un lavabo et de son équipement complémentaire (distributeur de savon, serviettes, sèche-mains…). Mais certaines études ont remis en question l’efficacité de ce geste [11].

Conclusion

L’organisation d’un comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) reste l’élément clé de la prévention des infections nosocomiales. Ce comité a en effet pour objectif de prévenir la survenue d’infections nosocomiales chez les patients hospitalisés. Il doit être constitué d’une équipe opérationnelle faite notamment d’un médecin hygiéniste, un infirmier hygiéniste et un pharmacien hygiéniste. Le CLIN élabore un programme annuel d’activités de prévention qui comprend [2,12-14]:

• la rédaction des procédures

• la mise en application de ces procédures

• l’information et la formation des soignants

• l’évaluation des pratiques

• la surveillance épidémiologique du type d’infection nosocomiale Par ailleurs, l’isolement du malade est également préconisé, particulièrement en cas de maladies infectieuses transmissibles par contact ou par voie aérienne, ou en cas de bactéries multirésistantes aux antibiotiques. Cet isolement ne préjuge en aucun cas de la gravité de l'état du patient.

- Bijoux retirés.

- Ongles courts.

- Vernis interdits (y compris l’incolore) : réservoir de germes.

- Tenue à manches courtes.

- Le port des gants n’exclut pas le lavage des mains.

- Eviction des facteurs favorisant l’irritation, le dessèchement, les problèmes allergiques: mouillage insuffisant des mains, excès de savon, mauvais rinçage ou rinçage trop rapide, essuyage trop énergique.

- Lavabos en nombre suffisant.

- Commande non manuelle des robinets dans les blocs opératoires et les services à haut risque.

- Distributeurs de savon de préférence muraux, pouvant facilement être nettoyés et désinfectés, et pouvant être actionnés par le coude ou le pied. Savon liquide non antiseptique, bactériologiquement stable et non irritant ou savon liquide antiseptique pour les postes de soins.

- Essuie-mains à usage unique, en papier.

- Poubelle équipée d’une commande à pied et entretenue régulièrement.

Tableau VII. Recommandations du lavage des mains [9]

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Références

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