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Controverses doctrinales post-lacaniennes sur les phénomènes psychosomatiques

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Controverses doctrinales post-lacaniens sur les phénomènes psychosomatiques

Yorgos Dimitriadis

Introduction

Pour les cliniciens qui s’inspirent de l’enseignement de Jacques Lacan il existe des controverses autour de l’attitude que l’analyste devrait avoir, quand des phénomènes psychosomatiques se présentent durant la cure, surtout en ce qui concerne les interventions possibles sur ladite holophrase. Nous pensons que le risque de l’éloignement du discours analytique se pose ici : car, les interventions qui portent sur des prétendus signifiants gelés - que d’aucuns parmi eux préconisent - ne relèveraient-elles pas plutôt d’une attitude de maîtrise de la part du clinicien, vis-à-vis des ces formations par rapport auxquelles les sujets concernés ne semblent pas être divisés ? D’autres auteurs - qui s’inspirent de Lacan - insistent sur la parenté de phénomènes psychosomatiques avec d’autres phénomènes cliniques comme « le passage à l’acte », et préconisent une attitude tempérante face à ces phénomènes durant la cure, l’interprétation n’ayant de portée que pour des formations qui relèvent de la division subjective. De plus, certains auteurs, se posent des questions sur le rapport des phénomènes psychosomatiques avec les affects, les émotions et les humeurs, ainsi que le type d’écriture (trace, indice, icône etc.) qu’ils présentent. Par la suite, nous allons discuter ces controverses dans la littérature lacanienne, en commençant par ce que Lacan lui-même a avancé sur ces questions difficiles de la clinique

Lacan sur les phénomènes psychosomatiques

C’est dans le deuxième séminaire de Jacques Lacan que nous trouvons une première référence aux phénomènes psychosomatiques, quand Lacan (1953-1954) intervient dans un

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débat entre F. Perrier et J.-P. Valabrega auteur d’un livre (Valabrega, 1957) sur les théories psychosomatiques. Rappelons seulement que Valabrega considérait le phénomène psychosomatique à travers une généralisation du concept de conversion, par le biais de son concept de « refoulement psychosomatique » et de celui de « phantasme ». Lacan (1953-1954) dit d’abord dans ce séminaire que sur la psychosomatique règne la plus grande confusion. Il situe ensuite les phénomènes psychosomatiques en dehors des constructions névrotiques, le narcissisme étant une ligne de partage. Derrière le narcissisme, il y a l’autoérotisme, et les investissements proprement intra-organiques - qu’on appelle en analyse auto-érotiques, dit-il - jouent un rôle certainement très important dans les phénomènes psychosomatiques. Ce n’est pas une relation à l’objet. Quand il y a des investissements appelés auto-érotiques, nous ne pouvons distinguer la source de l’objet. Dans les névroses, il y a évidemment toujours des mécanismes de défense, qui sont toujours liés à la relation narcissique en ce qu’elle est strictement structurée sur l’identification possible à l’autre.

Nous trouvons la deuxième référence importante de Lacan (1955-1956) sur la psychosomatique dans son troisième séminaire, quand il commente un travail d’Ida Macalpine, à propos d’une psychose dont elle évoque les symptômes hypocondriaques. On y trouve, dit Lacan,

«d’emblée quelque chose de particulier, qui est au fond de la relation psychotique comme des phénomènes psychosomatiques. C’est là que Macalpine a pu avoir l’appréhension directe de phénomènes structurés tout différemment de ce qui se passe dans les névroses, à savoir où il y a je ne sais quelle empreinte ou inscription directe d’une caractéristique, et même, dans certains cas, d’un conflit, sur ce que l’on peut appeler le tableau matériel que présente le sujet en tant qu’être corporel. »1

Nous y voyons les prémisses de l’idée -que Lacan va évoquer bien plus tard - d’un rapport du phénomène psychosomatique avec le symbole (empreinte ou inscription), voire le nombre :

1 Lacan, 1955-1956, p.352

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« une éruption, diversement qualifiée dermatologiquement, de la face, se mobilisera en fonction de tel anniversaire, par exemple de façon directe, sans intermédiaire sans dialectique aucune, sans qu’ aucune interprétation puisse marquer sa correspondance avec quelque chose qui soit du passé du sujet. »2

Donc, nous voyons ici Lacan, d’un côté, rapprocher le phénomène psychosomatique de l’hypocondrie psychotique et, de l’autre, le distinguer du symptôme névrotique qui, lui, est dialectisable par le sujet et qui est un intermédiaire, car il constitue un mode d’adresse à l’Autre.

La troisième référence - majeure cette fois - de Lacan se trouve dans le séminaire XI : « La psychosomatique, c’est quelque chose qui n’est pas un signifiant, mais qui tout de même n’est concevable que dans la mesure où l’induction signifiante du sujet s’est passée d’une façon qui ne met pas en cause l’aphanisis du sujet» (1964, p.206). Lacan avance ceci, dans un contexte où il venait de développer les opérations de la réalisation du sujet au lieu de l’Autre par deux opérations logiques : l’aliénation et de la séparation. Un peu plus loin dans le séminaire Lacan dit que : « C’est dans la mesure où un besoin viendra à être intéressé dans la fonction du désir que la psycho-somatique peut être conçue […]. C’est en tant que le chaînon désir est conservé, même si nous ne pouvons plus tenir compte de la fonction aphanisis du sujet » (1964, p.210). Et, par la suite, il tente d’expliquer ceci par le réflexe conditionné de Pavlov, car dans le réflexe est impliqué un besoin, celui du chien qui salive quand il entend le signal. C’est à dire, en produisant chez l’animal une stimulation non adéquate au besoin (la sonnette, par exemple, à la place du morceau de viande), mais qui intéresse un besoin, on introduit dans l’organisation de ce besoin un élément hétérogène, une coupure du désir de l’Autre, de l’expérimentateur en l’occurrence. L’expérience peut provoquer chez l’animal toutes sortes de désordres, mais n’étant pas jusqu’à présent un être parlant, il n’est pas appelé à mettre en question le désir de l’expérimentateur. Lacan dit encore dans le séminaire XI que : « J’irai jusqu’à formuler que, lorsqu’il n’y a pas d’intervalle entre S1 et S2, lorsque le premier

2 Lacan 1975.

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couple de signifiants se solidifie, s’holophrase, nous avons le modèle de toute une série de cas encore que, dans chacun, le sujet n’y occupe pas la même place » (1964, p.215). En dehors du phénomène psychosomatique, Lacan inclut, dans la même série (quoiqu’ il précise que le sujet n’y occupe pas la même place), l’enfant débile « dans la mesure où entre dans son éducation la dimension psychotique, c’est-à-dire dans la mesure où la mère le réduit à n’être plus que le support de son désir dans un terme obscur » (1964, p.215). Puis, dans la même série, il parle de la croyance dans la psychose : « [La psychose] est ce qui interdit l’ouverture dialectique qui se manifeste dans le phénomène de la croyance. Au fond de la paranoïa elle-même, qui nous paraît pourtant tout animée de croyance, règne le phénomène de l’Unglauben. Ce n’est pas le n’y pas croire, mais l’absence d’un des termes de la croyance, du terme où se désigne la division du sujet » (1964, p.215). Nous pourrions ajouter là dessus que « croire » implique une division fondamentale, un pari sur l’Autre, un investissement libidinal de l’altérité de l’autre. C’est ce qui fait, selon Lacan, la différence entre la névrose et la psychose. « Dans la psychose, les voix, non seulement le sujet y croit, mais il les croit » (1974-1975, séance du 21 janvier 1975).

La dernière référence de Lacan à la psychosomatique se trouve dans une conférence sur le symptôme, donnée à Genève. Là, en réponse à une question posée par l’audience sur la nature des phénomènes psychosomatiques, il a répondu :

« Il est certain que c’est dans le domaine le plus encore inexploré. Enfin c’est tout de même de l’ordre de l’écrit. Dans beaucoup de cas nous ne savons pas le lire. Il faudrait dire ici quelque chose qui introduit la fonction de l’écrit. Tout se passe comme si quelque chose était écrit dans le corps, quelque chose qui est donné comme énigme. Il n’est pas du tout étonnant que nous ayons ce sentiment comme analystes. »3

Enfin il interroge la question de la jouissance, qui se trouve dans le psychosomatique. Il revient sur sa métaphore du « gelé » de jadis, en disant que, s’il l’a choisie, c’est parce qu’il y a certainement une sorte de fixation : « Ce n’est pas pour rien non plus que Freud emploie le

3 Lacan, 1975.

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terme de Fixierung – c’est parce que le corps se laisse écrire quelque chose de l’ordre du nombre ». Et plus loin, dans la même conférence, il propose une modalité d’approche dans la cure du phénomène psychosomatique :

« c’est par la révélation de la jouissance spécifique qu’il a dans sa fixation, qu’il faut toujours viser à aborder le psychosomatique […]. C’est dans la mesure où ce que nous espérons, c’est de lui donner le sens de ce dont il s’agit. Le psychosomatique est quelque chose qui est tout de même dans son fondement, profondément enraciné dans l’imaginaire. »4

Lacan rapproche aussi le phénomène psychosomatique d’une écriture énigmatique, écriture, drait-on, plutôt iconique, pour laquelle il emploie les termes de sceau, de signature et d’hiéroglyphe, écriture qui fixe une jouissance spécifique. Nous reviendrons, à la fin de l’article, à cette question d’écriture iconique, qui ne va pas sans évoquer le mimétisme qui caractérise certains phénomènes psychosomatiques.

Phénomènes psychosomatiques et holophrase

Jean Guir (1984) a écrit de nombreux articles sur les phénomènes psychosomatiques et un livre intitulé Psychosomatique et cancer. Dans ce livre, l’auteur rapporte un fragment de l’analyse d’un patient, migraineux, pour lequel l’interprétation « Où est ce mystère ? » dénoue, « dégèle » l’holophrase « Westminster -Winchester» apparue « près de l’ombilic d’un rêve », et fait disparaître les migraines. Guir différencie le phénomène psychosomatique du phénomène psychotique, par le fait que le chaînon du désir serait conservé chez les premiers tandis que cela ne serait pas le cas chez les seconds. Voire, parce que l’Autre jouit de l’organe chez le premier, tandis qu’il jouit du corps entier chez les psychotiques. Pour ce même auteur, chez ces patients, la métaphore paternelle fonctionne en certains endroits du discours, et pas en d’autres. Seuls certains moments spécifiques du discours provoquent un déchaînement du corps. On peut se

4 Lacan, 1975.

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demander, dit-il, si le trouble corporel, événement du corps, ne vient pas à jouer comme un des Noms-du-Père5.

Monique Liart, en référence à Jacques-Alain Miller (1986) et aussi aux travaux de Guir, soutient que l’attitude du psychanalyste - quant aux malades psychosomatiques - doit se régler en fonction de la structure de la personne. Dans la névrose :

« On a une atteinte localisée à la métaphore subjective. S’il y a, à propos d’un signifiant, immobilité et impossibilité de retour de S2 sur S1, il n’empêche que le chaînon du désir est conservé. A propos d’un signifiant, qui a trait à l’identification primordiale, il y a contournement de l’Autre. L’Autre devient le corps […]. L’interprétation de l’analyste doit donc viser à rétablir à propos de ce signifiant gelé la signification phallique. Cette interprétation ne peut être du registre de la métaphore, puisque S2 n’existe pas. Elle doit être du type d’injonction signifiante : il s’agit d’injecter le signifiant manquant pour transformer le PPS en symptôme […] lui donner sens de ce dont il s’agit.»6

Ainsi elle rapporte le cas d’une femme hystérique dont son père lui avait dit :

« 'Tu es la prunelle de mes yeux' , 'Tu ne te marieras pas, tu resteras avec moi ' […] Ces paroles, ces S1, auraient tracé le destin de cette femme comme célibataire et ensuite comme prunelle aveuglée de larmes. Son phénomène psychosomatique aurait inscrit sur son corps le glauque-homme, holophrase d'une scène: une petite fille qui voit pour la dernière fois son père avant son départ pour le camp de concentration, le regard brouillé de larmes. »7 Liart note, qu’il n'y a plus, à ce niveau, de différence entre sa prunelle et celle de son père car, tous les deux, ils se regardaient, mais ne se voyaient plus.

« La schize de l'oeil et du regard produit ici cet objet a où le corps se fait rature, c'est-à-dire déchet. Le père avait été élevé, par la petite fille, au rang d'un grand idéal. Ses paroles ont fonctionné comme traits unaires, décidant implacablement de son destin ». Nous avons vu que l’auteur propose à cette patiente névrosée, l’injonction signifiante « glauque-homme. »8

Dans le même article, elle soutient que l’interprétation de l’analyste doit viser une déperdition de la jouissance spécifique du phénomène psychosomatique, qui est le plus souvent liée à une

5 Guir, 1984.

6 Liart, 1989, p.66. 7 Liart, 2000, p.18-19. 8 Ibid., p.19

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identification à un être aimé. Par contre dans la cure du psychotique, dit-elle, [Liart, 1989] contrairement au traitement du PPS dans la névrose, il ne s’agit pas de faire de l’injonction signifiante. Le PPS, dans ces cas, pour l’auteur, serait à maintenir comme insigne du sujet ; il sert de suppléance et lui permet de faire passer la jouissance à la comptabilité : il n’est pas donc à interpréter mais à préserver.

Néanmoins, plusieurs auteurs, comme nous le verrons - proposent une attitude moins directe que l’injonction signifiante, vis-à-vis des phénomènes psychosomatiques. Par exemple, dans le mot introductif d’un numéro de la revue Le Trimestre psychanalytique sur la psychosomatique, nous lisons :

« A la différence des constructions névrotiques dont le sens est de masquer cette vérité que ce qui fait parler ne s’oriente que d’une perte, contrairement aux phénomènes psychotiques qui la démasquent sans égard pour le sujet, ici quelque Un inscrit, montre, mais ne s’articule pas : la disparition du phénomène dans la cure signale plutôt un changement de jouissance qu’un effet d’interprétation (en dépit d’une littérature). »9

Selon ce même éditorial, dans les phénomènes psychosomatiques, nous avons « un imaginaire en prise directe sur le réel et dénoué du symbolique phallique qui lui donnerait la dimension de sens » et dont la révélation serait à être visée par l’acte analytique. Ce même éditorial fait une distinction nette entre conversion hystérique et phénomènes psychosomatiques qui :

« atteint des patients pris dans une conjecture symbolique singulière qui se distingue d’une position hystérique. Le symptôme hystérique se présente en effet comme trait d’identification du sujet, retour du refoulé par lequel se signifie le désir inconscient. L’interprétation peut en restituer le message du sujet, pourvu qu’il soit au point d’en assumer la charge. […] c’est pourquoi on parlera de phénomène plutôt que de symptôme, les manifestations psychosomatiques se présentent au patient comme ne le concernant pas au titre d’un désir […]. Non certes que le patient n’ait pas remarqué les coïncidences du déclenchement mais ceci n’ouvre pas pour autant l’espace d’un appel à la délivrance d’un sens, appel qui mettrait en place les conditions d’un transfert ici toujours problématique. »10

Charles Melman (1988), dans ce même numéro de la revue, signale qu’une affection

9 éditorial 1988, p.9. 10 Ibid.

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psychosomatique comme le torticolis spasmodique est survenu chez trois de ses patients au moment où il s’agissait d’un outre-passement, soit dans leur activité professionnelle soit de caractère incestueux, voire les deux à la fois. Ici, il existe des facteurs de « seuil », donc une symbolisation, dirait-on, très proche de l’imaginaire.

Jean-Pierre Lebrun (2006) pense qu’il y a des sujets qui usent de leur potentialité psychosomatique, afin d’obturer au plus vite l’ouverture entraperçue entre S1 et S2 et d’empêcher, de ce fait, la possible inscription de la perte. Une telle formulation, dit-il :

« pourrait évidemment faire croire qu’il s’agit d’une décision raisonnée du sujet. Ce n’est évidemment pas le cas. […]. Cela se déroule à un moment où le rapport à l’Autre n’est pas encore institué, où la séparation d’avec l’Autre n’est pas encore actée. Il s’agit donc d’une manière de ne pas payer le prix de l’impossible puisque ce dernier est bel et bien inscrit […]. Donc, à travers ce mécanisme de l’holophrase, tout se passe comme si le sujet restait dans un indécidable, dans un refus à consentir à entrer dans le registre de la perte. Et en bloquant ainsi le processus impliqué par l’induction signifiante, tout se passe comme si le sujet laisse à son organisme le soin de régler cette question. »11

Pour Valas (2009), le mouvement de subjectivation d’une lésion psychosomatique, dans une cure, s’amorce à partir du moment où, le plus souvent d’ailleurs à son insu, l’analysant parle de sa lésion dans les mêmes termes que de son angoisse, et souvent en alternance avec elle.

« N’étant pas un symptôme, il ne s’agit pas ici de manier l’équivoque signifiante en jouant sur sa part de non-sens pour la réduire. […]. A suivre les indications de Lacan, comme la lésion n’est « pas-à-lire », parce qu’elle est un écrit indéchiffrable, il convient de temporiser et de porter l’intervention ailleurs, afin de pouvoir donner sens à sa jouissance » 12.

Il propose:

« […] de laisser dire le sujet, laisser aller de façon raisonnée le libre jeu de son angoisse, de sorte que puisse se produire un écart, un flottement, par où le sujet a chance de sortir de ce point de pétrification, de gélification, fixé qu’il est à la jouissance spécifique de sa lésion. Peu à peu, elle va prendre sens pour lui. Il n’est pas sûr que, quand

11 Lebrun, 2006, p.161

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une rémission survient, elle soit obtenue par une intervention précise portant sur un signifiant causal, à supposer même qu’on puisse le repérer. […]. En cas de rémission de la lésion, la question se pose toujours de savoir si elle a été obtenue à partir d’une symbolisation réussie dans une relance du procès de la subjectivation, ou bien si, au contraire, elle est seulement le fait d’une prothèse imaginaire, bien venue ou de hasard dans une approximation de bon sens »13.

Phénomènes psychosomatiques et autres phénomènes cliniques

Marcel Czermak [2007] a parlé des phénomènes psychosomatiques en rapport avec les réponses que nous observons dans le réel, quand un sujet est interpellé là où il ne peut répondre. Nous nous limitons, dans notre article, à citer le catalogue de telles conjonctures de Czermak qui -en dehors des phénomènes psychosomatiques - répertorie aussi les conjonctures suivantes :

« La première : la plus grosse, la plus massive, la plus connue, la plus fréquente, c’est l’angoisse qui répond dans le réel. […] nous savons bien que l’angoisse comme telle, en tant que manifestation psychosomatique, n’est pas analysable. On peut analyser ses concomitants, mais l’angoisse comme telle, ça ne se prête pas à l’analyse. La deuxième : l’hallucination. Egalement une réponse dans le réel qui ne se prête pas à l’analyse […]. Trois : les phénomènes de structure extrêmement proches de la psychose et parfois identiques à la psychose qui sont le passage à l’acte et plus latéralement, l’acting out, enfin le passage à l’acte essentiellement »14.

Et il rappelle qu’avant de fabriquer son concept du Nom du père, Lacan avait parlé de forclusion (nous pensons qu’il se réfère à la fameuse hallucination de l’homme aux loups), ce qui est bien distinct de la forclusion du Nom du père. Du moment où on est pris dans le langage, dit Marcel Czermak :

« qu’on le veuille ou pas, il y a des trucs qui ont été forclos pour les uns et les autres et qui seront irrattrapables et, qu’à être sollicités sur ce point, à tout jamais disparus, il y a des représentants sans représentation

13 Ibid.

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et qui peuvent aussi bien apparaître. Alors, effectivement, pourquoi pas des phénomènes de psychoses et des manifestations psychosomatiques, l’angoisse, etc. »15.

François Ansermet (1999) - dans le contexte d’une hypothèse langagière de phénomènes psychosomatiques et de manière assez concordante avec l’hypothèse de Joyce Mc Dougal (1982) à propos de « l’acte symptôme » - rapproche les phénomènes psychosomatiques du passage à l’acte :

« Dans la clinique de l’acte on voudrait distinguer ici l’acting out et le passage à l’acte. L’acting-out s’adresse à l’autre. C’est une histoire sans paroles. Son surgissement peut avoir une valeur démonstrative : l’acting out démontre ce qui ne peut se dire. Le déclenchement d’une conversion pourrait être considéré dans l’ordre de l’acting-out. A l’opposé de l’acting-out, dans le passage à l’acte la scène a disparu. Il n’y a plus d’appel. Le passage à l’acte ne s’adresse à personne. Il est plutôt l’aboutissement d’une aliénation, tentative extrême d’instauration subjective. Si le raptus suicidaire peut être vu comme le modèle même du passage à l’acte, le surgissement d’un phénomène psychosomatique pourrait être compris comme une décharge par l’acte dans le corps. On pourrait d’ailleurs aussi appliquer ce modèle à la crise boulimique et, d’une façon plus large, aux conduites addictives, mettant en série, comme le font certains auteurs, suicide, crise boulimique, conduites addictives et phénomènes psychosomatiques. »16

Dans un autre passage, Ansermet (2012) dit aussi qu’un acte peut en lui-même, - ne serait-ce que par les conditions de son surgissement - avoir une dimension signifiante et que, plus particulièrement, la cure analytique, clinique sous transfert, donne valeur signifiante aux actes, de par leur prise dans une relation. C’est ainsi, selon l’auteur, qu’on peut donner à la manifestation somatique la valeur d’une association parmi d’autres, ou même d’un rêve manqué17, dès lors qu’il est reçu par quelqu’un, à un moment donné, significatif de la rencontre particulière qui se joue dans l’espace analytique. Il préfère le terme (de la sémiotique de Peirce) « indice » aux termes « signe, signifiant, trace ou image » pour penser le rapport particulier du langage au corps qu’implique le phénomène psychosomatique, car l’indice pointe le mystère,

15 Ibid.

16 Ansermet, 1999, p.165.

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qui - bien qu’incarné - reste entier. L’indice (par exemple la fumée pour le feu), selon la définition de Peirce, renvoie effectivement à l’objet qu’il dénote, parce qu’il est réellement affecté par cet objet. L’indice n’est donc pas seulement, dit Ansermet, le reste matériel d’un élément passé, une trace, mais il est, au contraire, la marque directe d’un contact, d’une atteinte, une véritable empreinte matérielle. L’indice permettrait ainsi de concevoir le phénomène psychosomatique à la fois comme phénomène analytique et comme phénomène du corps, qu’on pourrait aussi espérer remettre en mouvement, par la voie de la parole et de l’équivoque signifiante : à partir de quoi, dit-il, tout est possible.

Bernard Vandermersch (2012) parle aussi de « situation de forçage », soit par rapport à une menace vitale, soit par rapport à la jouissance de l’Autre : dans les deux cas, le sujet ne peut « se barrer ». Ainsi, une situation hautement symbolique18 pourrait ne produire ni sujet, ni symptôme, mais laisser - à sa place - une trace. Elle se sera comportée comme peut le faire un danger vital vécu et suppose une dégradation du signifiant qui, au lieu de représenter le sujet, ne fait qu’indiquer le lieu et le temps où il aurait pu surgir. Le signe déclencheur « adressé au corps » n’aura pas représenté le sujet, mais à défaut de le représenter, il laissera trace de son passage.

Nous rappelons ici, à propos de la situation de forçage de Vandermersch et de passage à l’acte évoqué par Ansermet, que - selon Lacan - le moment du passage à l’acte est « celui du plus grand embarras du sujet, avec l’addition comportementale de l’émotion comme désordre du mouvement » (1962-1963, p.136-137). Il s’agit des moments où le sujet est pris au piège de l’autre. Dora, rappelle Lacan, « passe à l’acte au moment de l’embarras19 où la met la phrase

18 Il donne l’exemple d’un mariage qui a été annulé par une patiente quelques mois avant la date prévue, car elle ne supportait pas d’être vue au bras de son père lors de cette cérémonie ; elle a manifesté une pelade décalvante, le jour qui avait été programmé pour le mariage.

19 Pommier parle aussi de l’analogie entre l’affect de la honte et les phénomènes psychosomatiques : « Dans un champ connexe, celui des affects, le même processus est à l’oeuvre pour la honte, qui est, d’un côté, purement pulsionnelle sur son envers, mais,

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piège, le piège maladroit de M.K, Ma femme n’est rien pour moi ». Pourrait-on parler des phénomènes psychosomatiques, comme de passages à l’acte dans le corps, qui surviennent à des moments où l’individu se trouve « obligé de répondre », là où une réponse ne lui est pas possible ? La question reste pourtant du : pourquoi il manifeste une affection somatique et pas un passage à l’acte d’un autre type, une hallucination ou, tout simplement, de l’angoisse ?

Discussion

Voici quelques points qui méritent - à notre avis discussion - à propos des divergences entre les théories exposées plus haut :

- La plupart des auteurs lacaniens ne sont pas favorables à une émancipation structurale des cas qui présentent des phénomènes psychosomatiques. Pourtant, nous avons vu que quelques auteurs lacaniens parlent d’un rapport spécifique de ces sujets à l’Autre, qui va dans le sens d’un « indécidable ». Nous nous demandons si cet « indécidable » pourrait favoriser la survenu des états d’émotions vives et d’embarras chez ces sujets. Ces derniers états sont - selon Lacan (1962-1963, p.93) - des avant-coureurs et les « coordonnées » (à recourir au tableau de son séminaire « L’angoisse ») du « passage à l’acte ».

- Pour Lacan et la plupart des auteurs inspirés par Lacan, il y a une différence nette entre phénomènes psychosomatiques et conversion hystérique, voire symptômes névrotiques au sens général. Cette différenciation est moins nette, voire nulle, chez d’autres auteurs comme Valabrega (1966). Néanmoins, les cas mixtes de phénomènes somatiques, compliqués par des conversions sont bien connus à travers le concept freudien de complaisance somatique, et ceci de l’autre côté, raccordée aux causalités signifiantes qui pourraient la refouler sur son endroit. Cette analogie du psychosomatique et de la honte n’est pas fortuite, car elle souligne la convergence des pulsions vers le visage qui rougit sous le coup de sa visibilité au moment où la parole est bloquée. Les pulsions (scopiques et orales) se télescopent et portent alors le visage à érubescence. Si le sujet pouvait parler, il verserait sa honte au compte de la culpabilité » (2012, p.161).

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n’échappe pas à la clinique lacanienne. Ces cas ne sont pas représentatifs des phénomènes psychosomatiques : si une hystérique manifeste un refus de son corps (Lacan, 1971, p.107) à suivre l’effet du signifiant-maître elle ne produit pas pour autant un phénomène psychosomatique à ce moment précis. Pourtant, la phrase de Lacan «le corps se laisse écrire quelque chose de l’ordre du nombre » et celle de Lebrun « le sujet laisse à son organisme le soin de régler cette question » laissent aussi entendre une complaisance somatique spécifique pour les phénomènes psychosomatiques.

- Quant à la tendance à concrétiser l’holophrase (c’est à dire, à la considérer isolable dans un agglomérat de mots particulier), nous avons vu qu’il n’y a pas d’accord général entre les auteurs lacaniens. Si l’on considère une holophrase comme une formation susceptible d’être défragmentée, touchée par une injonction signifiante, voire interprétée, nous rapprochons sensiblement le phénomène psychosomatique d’une forme de condensation. Alors, il y a très peu de cas dans la littérature psychanalytique qui prennent en considération de telles formations holophrastiques et cette rareté nous interroge sur un possible forçage de la clinique au nom de la théorie. Se précipiter à déduire l’existence de telles formations, à partir des cas de disparition de phénomènes psychosomatiques par des « injonctions signifiantes », est quelque peu hasardeux. Car, il pourrait tout aussi bien s’agir des effets de « suggestion » par le transfert. D’ailleurs, nous trouvons dans la littérature des cas de guérison de phénomènes psychosomatiques, par l’effet de la suggestion du magicien, du guérisseur, de l’homéopathe etc. Nous sommes d’accord avec Valas (2009) quand il avance que ces pratiques permettent à divers titres une certaine ouverture à l’autre, rompant l’autarcie que représente la lésion comme manifestation d’auto-érotisme et qu’elles fonctionnent comme un déconditionnement. C'est-à-dire, qu’il se pourrait que ce soit le style de l’intervention de l’analyste qui compte, dans ces cas, plus que le contenu de son « interprétation ». La révélation de la jouissance spécifique - que Lacan évoque dans sa conférence de Genève - n’est probablement pas une

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telle « injonction », car la phrase de Lacan « révéler le sens » ne se réfère pas à l’holophrase, mais à la jouissance spécifique. Des interventions à type d’injonction signifiante, risquent de fonctionner, donc, selon le discours du maître et non pas le discours analytique. Néanmoins, nous prenons note de ces cas que nous pourrions qualifier d’anecdotiques.

- « Préserver » un phénomène psychosomatique, comme une suppléance dans de cas des psychoses, est une piste que nous avons essayé aussi d’explorer dans un autre travail [2009], à propos de l’athymhormie et de l’humeur délirante, considérées comme des phénomènes psychosomatiques qui toucheraient le cerveau20 des patients psychotiques, « saisis » par les signes énigmatiques de l’Autre. Néanmoins, le terme « préserver » ne pourrait correspondre qu’à une attitude non « entreprenante », du point de vue analytique, et non pas un « laisser aller » du phénomène à la dérive.

-La mise en parallèle des phénomènes psychosomatiques classiques avec d’autres types de phénomènes cliniques, comme l’hallucination, certains affects (angoisse, émotion, embarras), le passage à l’acte et autres - a beaucoup d’intérêt car elle nous invite à penser à un type d’inscription en court-circuit de l’Autre, pour des cas très différents du point de vue des manifestations cliniques. Et, ce rapprochement pourrait être instructif du point de vue structural, mais aussi, utile quant à la direction de la cure. Car, il nous permettrait de mieux situer les points sur lesquels surviennent plusieurs phénomènes (dont les-dits psychosomatiques), moments, peut-être, d’émotion et/ou d’embarras, suite à une obligation de réponse là où aucune réponse (dans le sens d’une assomption par des « représentations ») n’est possible au sujet, en dehors de ces phénomènes de « présentation dans le réel ». Si les patients psychosomatiques notent souvent que le phénomène psychosomatique est arrivé sans angoisse et, au delà des termes de pensée opératoire et d’alexithymie, il y aurait à développer un mode d’approche de cette clinique à partir de l’affect. Il serait également intéressant d’étudier

20 Nous avons fait, ailleurs, la justification historique (2012) et psycho-pathologique (2013a, 2013b) du concept heuristique d’affections psycho- somatiques du cerveau.

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comment la symbolisation régresse, du signifiant à d’autres modalités sémiotiques, comme la trace, l’indice et l’icône, processus que nous avons qualifié - dans un autre travail (2013a, 2013b, 2014) - de « réduction sémiotique »21.

Références bibliographiques

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21 C’est, dans ce même travail, que nous avons tenté de faire le lien entre les

concepts de l’affect, de l’émotion et de l’humeur, en rapport avec cette « réduction sémiotique ».

(16)

8. Dimitriadis, Y., (2014), L’évolution des positions de Jacques Lacan sur la psychogénèse et la question du déficit des fonctions organiques, Cliniques Méditerranéennes, no 89, 2014, p.281-294

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