« Actualités » des antiseptiques
au bloc opératoire
M Mounier & H Bachellerie
Journée ALIADE; 16 novembre 2013, Limoges Au sens strict, l'actualité est l'état de ce qui est actuel...
Antiseptique / antisepsie
John Pringle; 1707-1782; publie « Experiments on Septic and
Antiseptic Substances (1750)
Terme « antisepsie »
Depuis antiquité : Substance capable de prévenir la détérioration de la matière organique (anti : contre; septikos (dérivé de sepein) : corrompre)
Joseph Lister ; 1827 – 1912, montre que l'apparition de pus dans une plaie n'est pas un facteur de cicatrisation, comme on le croyait alors, mais une preuve de la mortification des tissus (gangrène).
En traitant ses instruments, les blessures et les blouses au phénol, Lister parvient en 1869 à réduire le taux de mortalité opératoire de quarante à quinze pour cent. Il qualifie sa méthode « d’ antiseptique »
Ignace-Philippe Semmelweis, 1818 – 1865, Chirurgien et obstétricien hongrois, démontre l’importance de l’hygiène des mains (1846)
Joseph Lister 1827 - 1912
Définitions
Pharmacopée française
Antiseptiques
« préparations ayant la
propriété d’éliminer ou de
tuer les microorganismes
ou d’inactiver les virus sur
des tissus vivants (peau
saine, muqueuses, plaies).
Ils sont présentés dans
leur forme d’utilisation et
sont utilisés tels quels
sauf exception justifiée
et autorisée ».
Comité technique européen de
normalisation CEN/TC 216
antisepsie
« Diminution du nombre de
micro-organismes vivants
jusqu’à l’obtention d’un
niveau suffisant pour
limiter leur libération
pouvant causer la
transmission d’une
infection, approprié à la
situation d’emploi mais
non nécessairement
stérile »
Comité européen de normalisation
CEN/TC 216 (2000’s)
Opérations
Désinfection
Antisepsie
Objectifs
Eliminer et/ou détruire les
micro-organismes et les virus
Durée de l’effet
obtenu après
application
Momentanée
Action au niveau
de l’infection
Prévention
pour la
peau saine
Traitement
de la
peau lésée
Les antiseptiques sont des médicaments à usage externe
soumis à l’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché)
L’autorisation de mise sur le marché
(AMM)
Précise
– Indications et contre-indications
– Posologie, mode d’emploi
– Effets indésirables, interactions,
incompatibilités
– Mise en garde et précautions d’emploi
– Modalités de conservation
famille ATS ATS (ex) BG + BG - champignons spores VE VNE et Pox V Biguanides chlorexidine +++ ++ + 0 + / - 0 dérivés iodés +++ +++ ++ ++ ++ ++ dérivés chlorés +++ +++ ++ ++ ++ ++ Alcools ethylique (70), isopropylique ++ ++ + 0 + + / -Tensioactifs ammoniums IV +++ + + 0 ? 0 Diamidine Hexomedine + 0 0 0 0 0 Carbanilides Triclocarban ++ + / - 0 ? ? 0 Dérivés
métalliques nitrate d'argent + / - + / - 0 0 0 0 Dérivés mercuriels mercryl + + + 0 0 0 Oxydants peroxyde d'hydrogène à 10 vol + ++ anaérobies + / - lentement levuricide + + / - lentement virucide 0 Colorants eosine + / - + / - 0 0 0 0 Halogénés
Spectre d’activité des ATS
VE : virus enveloppés Herpes, VRS, VIH, HBV, HCV … VNE : virus nus : enterovirus, coxsackies, HAV, rotavirus, ….
Spectre d’activité
• Microorganismes concernés
– Bactéries
– Spores
– Virus (nus ou enveloppés)
– Champignons (levures)
• Type d’action
– Létale (bactericide, virucidie, fongicide…)
– Inhibitrice (bactériostase, virustase…)
Mesure de l’activité in vitro
les normes
• méthodologie standardisée.
• pour comparer, in vitro, les performances des antiseptiques
Extrait guide CCLIN Sud ouest « Le bon usage des antiseptiques pour la prévention du risque infectieux chez l’adulte », 2013, 32 pages
Biguanides (chlorhexidine) Halogénés (Iode, PVPI) Halogénés (chlore, Dakin, Amukine) Alcools (éthylique, Isopropylique) (SHA : « cosmétiques ») G+ Ch VE G+ Ch VN VE G -G+ Ch VN VE G+ Ch VN VE G
La flore résidente
• Staphylococcus
– zones humides (103 à 106 UFC/cm²)
– zones sèches (10 à 103 UFC/cm²)
– S.haemolyticus (espaces inter digitaux), S. hominis,
S. simulans, S. epidemidis,
– S. aureus peut être détecté chez 19 à 40% de la population (narines, plis inguinaux, creux axillaires)
• Corynebacterium
– espaces interdigitaux (5 à 6 UFC/cm²)
– C. jeikeium peut coloniser jusqu’à 18% des mains du personnel hospitalier
• Propionibacterium
– P. acnes, P. granulosum, P. avidum
• les autres :
Microccocus,Streptococcus, Brevibacterium, BGN, malassezia furfurG+
Ch G
-La flore transitoire
Provient du tube digestif ou de l’environnement
– entérobactéries,
– Pseudomonas,
– Streptocoques,
– Enterocoques
– S. aureus
– C. albicans,
– Bacillus, Clostridium
– …...
G+ Ch VN VE G-Facteurs influençant l’activité des
antiseptiques
• La concentration du produit actif
• Les facteurs physicochimiques
• Le matières organiques
• Le mode d’application
• Le temps de contact
L’activité antiseptique est nettement plus importante en peau
saine que sur une plaie
La concentration en substance active
Exemples : la chlohexidine
• Concentrations de 0,05 à 0,5% (2%) •La concentration minimale
bactéricide est de 1 mg/ml de
digluconate de chlorhexidine, ce qui correspond à une dilution de 0,1 % •Publications rapportent supériorité de la chlorhexidine (préparation pose CVC) mais produit utilisé à 2 %
Exemple : les halogénés
• les dérivés chlorés
– Dakin est dosé à 0,5 % de chlore
actif,
– Amukine®, titre seulement 0,06 % de chlore actif,
(Utilisation possible antisepsie de l’œil)
•
Les dérivés iodés
– Betadine® dermique : 10 % – Bétadine® alcoolique : 5 %
Les solutions aqueuses prêtes à l’emploi contenant 0,05% de chlorhexidine ne doivent plus être utilisées pour l’antisepsie
Réa chirurgicale: - 399 patients - 481 KT : 95 jugulaires; 386 sous clavières Colonisation: - KT sous clavière RR 0.47 (0.28-0.79) - KT jugulaire RR 0.69 (0.34-1.43)
Les facteurs physicochimiques
• Température
• Lumière
• pH
• substances chimiques
associées
• conservation des produits
(température ambiante, à
l’abri de la lumière)
• PVPI instable en milieu
alcalin
• Ex : chlorhexidine est
inactivée par les savons,
par les matières
organiques, par l'eau
dure, le coton, la laine, le
caoutchouc…
Extrait guide CCLIN Sud ouest « le bon usage des antiseptiques pour la prévention du risque infectieux chez l’adulte », 2013, 32 pages
Les matières organiques
• Les exsudats, le pus et les électrolytes interfèrent avec
les antiseptiques et en diminuent habituellement
l’activité.
• L’activité in vivo d’un antiseptique est ainsi souvent
décevante par rapport à son activité in vitro.
• « Les matières organiques (protéines, sérum, sang)
diminuent l’activité antiseptique » (RCP antiseptiques,
Procédures en fonction du niveau de
risque
Important : Les badigeons d’antiseptique doivent être réalisés en respectant les données des RCP et notamment les temps
Extrait guide CCLIN Sud ouest « LE BON USAGE DES
ANTISEPTIQUES POUR LA PREVENTION DU RISQUE INFECTIEUX
CHEZ L’ADULTE », 2013
Extrait guide CCLIN Sud ouest « LE BON USAGE DES
ANTISEPTIQUES POUR LA PREVENTION DU RISQUE INFECTIEUX
CHEZ L’ADULTE », 2013
1 - Détersion
2 - Rinçage
3 - Séchage
4 – Application(s) de
l’antiseptique
5 - Séchage
spontané
Exemple RCP : Bétadine® alcoolique
• Composition
– PVPI (5g/100ml) , Ethanol à 96% (72 ml/100ml), Eau purifiée
• Mode d’emploi : antisepsie chirurgicale
– Détersion cutanée Bétadine® scrub – Rinçage 10 ml sérum physiologique – Séchage par compresse stérile
– Antisepsie cutanée en 2 applications successives d’1 minute de Bétadine alcoolique à 5%
séparées par un temps de séchage spontané d’1 minute à l’air
• Interactions
– Matières organiques l’activité – Instable à pH alcalin
• Contre indications
– Absolues :
• Allergie à l’un des constituants (povidone) • Enfant < 1 mois
• Ne pas utiliser chez les grands brûlés ou sur les muqueuses
– relatives
• Ne pas utiliser en même temps qu’un dérivé mercuriel • Attention surfaces étendues ou pansement occlusif… • Grossesse (pendant le 3èmetrimestre), Allaitement
• Produit instable à la lumière, en pH alcalin, à la chaleur (inflammable),
Procédures : exemple préparation
cutané pose de CVC
• mains : désinfection chirurgicale
• tenue : masque, coiffe,
gants et blouse stériles
• Large champ stérile
Procédure : exemple muqueuses
• Préparation de la muqueuse pour tout acte invasif à haut risque
infectieux y compris la préparation du champ opératoire
• Technique :
1. Détersion avec la solution moussante de la gamme choisie*
2.
Rinçage à l’eau stérile ou sérum physiologique stérile
3. Séchage par tamponnement avec des compresses stériles
4. Antisepsie : 2 badigeons successifs
5. Séchage spontané
• Produits :
vérifier l’absence de contre indications pour les
muqueuses
– Gamme PVP-I : solution moussante et
solution aqueuse
• ne doit pas être mise en contact avec le cerveau, les méninges, et ne doit pas pénétrer dans le conduit auditif en cas de perforation
tympanique.
• irritante pour les muqueuses (dès 0,02% pour la muqueuse oculaire). L’utilisation de la chlorhexidine est proscrite sur l’oeil et la muqueuse génitale.
• en bain de bouche, la chlorhexidine ne possède pas l’AMM pour la
préparation endobuccale. Il existe un risque de coloration transitoire des dents dans cet usage.
• ne doit pas être utilisée dans les cavités internes (lavage, irrigation).
Attention aux contre-indications
exemple : la chlorhexidine
®
S’applique pour tous les produits contenant de
la chlorhexidine (y compris Biseptine®)
Pour mémoire
• les antiseptiques à base de chlorhexidine :
gamme disponible en
solution aqueuse
ou en
solution alcoolique (concentration ≥ 0,5%), ainsi
qu’en scrub pour la détersion,
• les antiseptiques à base de PVP-I : gamme
disponible en
solution aqueuse
et en solution
alcoolique, ainsi qu’en scrub pour la détersion,
• les antiseptiques à base de dérivés chlorés :
disponibles en
solution aqueuse,
Règles de bon usage
•
Utiliser dans de bonnes conditions des ATS
à spectre large dont l’efficacité a été validée
.
• Une antisepsie de bonne qualité n’est atteinte
que sur une peau propre et sèche
• Respecter les délai d’action de l’antiseptique
• Vérifier si besoin les RCP du produit
Extrait guide CCLIN Sud ouest « LE BON USAGE DES ANTISEPTIQUES POUR LA PREVENTION DU RISQUE INFECTIEUX CHEZ L’ADULTE », 2013, 32 pages
Les règles d’utilisation (1)
• Vérifier systématiquement la
date de péremption du produit;
• Respecter la
durée d’utilisation du produit après son ouverture
• Adapter les conditionnements à l’usage
• Manipuler avec précaution le flacon et ne pas toucher son
ouverture afin
d’éviter toute contamination
;
• Fermer soigneusement le flacon
après chaque manipulation ;
• Conserver le produit à l’abri de la lumière et de la chaleur
(consignes particulières pour les produits inflammables) ;
• Conserver les solutions dans le flacon d’origine
afin d’éviter
les contaminations, la perte des informations notées sur le
flacon et pour respecter les compatibilités contenu/contenant ;
Règles d’utilisation (2)
• Respecter la
prescription et les indications
• Appliquer l’antiseptique
sur une peau propre,rincée
et séchée
(potentielle inhibition par les salissures
protéiques)
• Utiliser le produit
sur la peau, les muqueuses ou
dans les cavités (sauf exceptions)
en fonction de
l’AMM ;
• Respecter la concentration et le temps de contact ;
• Respecter des précautions d’emploi
chez le
Antisepsie chez l’enfant
• Le nouveau‐né est stérile à la naissance,
une flore va très vite coloniser sa peau.
• L’absorption percutanée est dépendante
d’un facteur essentiel : le rapport
surface/poids
• Le rapport surface/poids est trois fois plus
important chez le nouveau-né que chez
l’adulte…
Antiseptiques chez l’enfant
Guide des bonnes pratiques de l’antisepsie chez l’enfant, SF2H, 2007 Le choix d’un antiseptique en néonatologie dépend de son activité, de sa présentation et de sa tolérance
Mésusages des antiseptiques
Il ne faut pas utiliser d’antiseptique sur le méat et la sonde lors de la toilette quotidienne du patient sondé à demeure (toilette au savon doux liquide)
Il ne faut pas utiliser d’antiseptique pour la désinfection du matériel.
Il est toutefois recommandé dans certaines situations d’utiliser un antiseptique alcoolique pour la manipulation aseptique de dispositifs : désinfection des sites de prélèvement des sondes vésicales, des sites d’injection des cathéters, des dispositifs d’accès vasculaire à valve, des bouchons de perfusions…
Dans ces indications limitées, l’usage d’un antiseptique sur la surface d’un
dispositif médical peut exposer à un risque de dégradation de celui-ci : il convient de suivre les recommandations du fabricant du DM en matière de compatibilité.
Extrait guide CCLIN Sud ouest « Le bon usage des antiseptiques pour la prévention du risque infectieux chez l’adulte », 2013, 32 pages
Évolutions ?
• Mise à jour de la conférence de consensus : Gestion
préopératoire du risque infectieux
Octobre 2013
– Douche :
• Au moins une
• Pas de recommandations quant au savon • Pas de recommandations sur le shampoing
– Pilosités
• Ne pas pratiquer une dépilation en routine • Si dépilation utile : privilégier la tonte
• Pas de recommandation sur la période (veille ou jour de l’intervention)
– Détersion
• Pas de recommandation sur la peau sans souillures, mais recommandé sur peau souillée….